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Introduction

Aujourd’hui de façon globale, l’ensemble de la population a admis que le réchauffement climatique, l’étalement urbain, la réduction progressive des énergies fossiles sont des menaces. Face à cela, depuis une quinzaine d’années les politiques publiques tentent de mettre en place de « nouvelles pratiques » de la ville intégrant ces faits.

C’est le concept de la ville durable, héritage des réflexions lancées dès 1986 par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) sur les relations entre la ville et l’environnement. Puis dans un second temps celui du rapport de Brundtland de 1987 où pour la première fois est utilisée l’expression « Développement durable » : « Le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »¹. C’est à partir de cette démarche qu’apparaissent les nouveaux modes de gouvernance : l’initiative du développement durable descend au niveau des collectivités locales qui se trouvent désormais sensibilisées au respect de l’environnement et au développement de nouvelles pratiques. Dans cette logique, sont mis en place des outils tel que l’Agenda 21 qui a pour finalité de mettre en application la notion de développement durable dans tous ses aspects au sein d’un territoire proche et lointain et d’instaurer un dialogue entre les organisations locales, les institutions et les habitants autour des ces enjeux.

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La thématique du développement durable renvoie donc à un large ensemble de changements profonds à réaliser dans toutes les sphères de la société. Elle s’inscrit dans une volonté de mobilisation générale puisque les acteurs doivent prendre en compte les dimensions économiques, sociales et environnementales². L’idée de la ville durable repose sur «une justice intergénérationnelle, prenant en compte les besoins des générations présentes à la condition que leurs mises en pratique n’entravent pas la liberté de choix et les possibilités des générations futures » ³. Ce concept débouche sur l’identification de différentes figures constitutives de la ville durable : la ville polycentrique, la ville dense, la ville nature, inclusive, la ville de la mixité sociale et fonctionnelle, les écoquartiers. 4

«La ville durable se dessine, se construit donc sur un temps long, l’idée étant que l’avenir construit nos sociétés ». 5 Toutefois, alors que le concept de la ville durable semble être une expérimentation sur le long terme en développement constant, nous sommes immédiatement saisis par le sentiment que cette situation est à régler de manière urgente comme le souligne l’introduction du rapport de Brundtland. 6

En effet, face à cette transition urgente, les figures de la ville durable se déclinent en normes et en procédures techniques qui se diffusent à l’échelle de la planète : les « bonnes pratiques » en charge de produire la ville durable sans qu’elles soient véritablement interrogées, questionnées. De manière explicite, ces schémas se traduisent par la mise en place de mobilité durable qui semblent faire consensus :

pénalisation du trafic automobile intra-urbain, encouragement du deuxroues motorisé, du vélo, de la marche à pied, du tramway, des autres transports en commun et du co-voiturage. Avec l’idée que ces schémas s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Cependant, ces initiatives établies de manière impérative semblent oublier un thème à la fois concret et en même temps très sensible : celui de la notion de genre qui distingue les individus en fonction de leurs sexes. En effet, les femmes et les hommes sont-ils égaux face à ces actions volontaristes ? A qui profite réellement le dessein de la ville durable ? Comment se dessinent ses initiatives ? Prennent-elles en compte la notion du genre dans leurs transcriptions véritables ?

Face à ces questionnements, je souhaite réfléchir sur la conception de nos espaces urbains aujourd’hui et plus précisément sur le dessin de la ville dite « durable et intelligente » où l’égalité entre les femmes et les hommes doit être sa condition principale : « On ne peut traiter les causes fondamentales du changement climatique sans comprendre la dynamique de genre en profondeur ». 7 Ainsi, j’entreprends ici de réaliser, un état des lieux des recherches constituées par de nombreuses lectures dans différents domaines : géographie, urbanisme, psychologie, féminisme, architecture, anthropologie. Ces deux parties nous permettront de comprendre dans comment se fabrique les fondements du genre dans notre société puis, la relation que le genre entretient avec l’espace urbain. La troisième partie s’articule autour d’analyses d’actions menées par les politiques publiques : développement des mobilités douces, mise en place de participation citoyenne et si celles-ci répondent aux enjeux de la ville durable.

Mon mémoire est le fruit d’une interrogation personnelle. A travers les yeux d’un étudiant en architecture qui, débarrassé des règles et normes imposées par la connaissance du monde professionnel, tente d’apporter un regard neuf sur des phénomènes et des problématiques contemporaines. En effet, tout au long de notre cursus nous sommes sensibilisés aux bonnes pratiques de l’architecture, à concevoir en prenant en compte les enjeux sociétaux, économiques, politiques et écologiques qui se trouvent définitivement en (r)évolution, la notion de durabilité y est donc largement introduite et questionnée. Pour autant, les architectes projeteurs de la ville future, semblent hermétiques à la question du genre dans l’espace public, phénomène générateur de conflits et d’inégalités. Cette donnée devrait être introduite au sein des écoles d’architecture afin que les étudiants, futurs bâtisseurs de la cité de demain prennent conscience de ces enjeux et ne reproduisent pas assidûment des schémas archaïques, aujourd’hui dépassés. Ainsi, cette notion sera donc largement traitée au sein de ce mémoire.

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