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Centre Méditerranéen de la Photographie CENTRE MÉDITERRANÉEN DE LA PHOTOGRAPHIE

Association loi 1901, conventionnée avec la Collec tivité Territoriale de Corse

DOSSIER DE PRESSE

L’humain dans la ville Nadia Benchallal L in Delpierre Christel Ooms

Collection du Centre Méditerranéen de la Photographie

Olivier Laban-Mattei /agence neus Stéphanie Lacombe / agence myop Collection de la Ville de Bastia

Laurent Van der Stockt Collection Fonds National d’Art Contemporain

Espace Diamant Ouvert du mardi

Bd Pascal Rossini 20000

Ajaccio / 4 avril - 7 mai 2013

au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 19h et le samedi de 9h à 12h - Entrée libre

Vernissage le jeudi 4 avril 2013 à 18h30


EDITO

C

ette exposition regroupe les regards de six photographes qui ont interrogé la place de l’humain dans la ville en s’inscrivant dans le cadre précis de commandes photographiques et de résidences d’artistes programmées par le Centre Méditerranéen de la Photographie, réalisées à Bastia et sa région, de 1997 à 2010.

Nadia Benchallal s’est penchée sur le quotidien des femmes en s’intéressant aux relations possibles entre différentes communautés. Laurent Van der Stockt dresse le portrait de jeunes, croisés dans la rue, en les inscrivant dans un environnement souvent anonyme, sans autre architecture que celle intimée par la société de consommation du moment. Ici, pas d’extraordinaire ni d’exception, juste une standardisation des apparences pour saisir la jeunesse dans ce qu’elle a de plus éphémère, sans mise en scène. La série de Lin Delpierre interroge la silhouette de la passante dans les rues commerçantes mais aussi historiques de la ville, comme pour mieux en définir et mesurer la perception. Christel Ooms est allée à la rencontre de Rose–Marie, une femme sans domicile fixe, en insistant sur les objets qu’elle fabrique - des poupées en tissus -, et sur les lieux où elle vit. Olivier Laban–Mattei a retracé, dans l’espace public, la vie d’habitants de Lupino qui restent l’été au quartier ; il nous invite à partager leur quotidien peuplé de veillées au pied d’immeuble où les conversations vont bon train, de fêtes, de jeux, de scènes simples de la vie. Stéphanie Lacombe se situe sur le même thème mais rend compte de la vie des habitants chez eux, dans leur espace privé ; ils partagent avec la photographe et avec nous, spectateur, leur intimité autour d’un petit-déjeuner, d’un repas de famille, de moments de détente, fragments de la vie, sincères et sans artifices. Ainsi, que ce soit sur le plan documentaire, photo–journalistique ou plastique, les photographies présentées à l’espace Diamant nous convient à une réflexion sur l’espace urbain comme lieu à la fois structurant et déstabilisant pour l’espèce humaine et sur les relations qu’elle y entretient.

Marcel Fortini Directeur 2


Nadia BENCHALLAL

des femmes, 1998

Commande photographique 1998

Collection du Centre Méditerranéen de la Photographie 12 photographies extraites d’un ensemble comprenant 20 photographies argentiques noir et blanc. N° inv. CMP / 266, 267, 269, 271, 274, 275, 276, 278, 279, 280, 281, 284

« Découvrir, puis fréquenter l’œuvre de Nadia Benchallal, c’est s’initier à l’apprentissage de la mesure du temps des gestes. Entrer dans son univers photographique, c’est vouloir prendre le temps de faire connaissance avec sa vérité de la discrétion. Re-sentir ses photos nécessite une liberté d’esprit, car Nadia ne traque pas le sensationnel, son travail est à l’opposé des images dévitalisées, souvent manipulatoires jetées en pâture par des industriels à l’unique souci, celui de déclencher l’instantané émotionnel du public. Nadia, elle, n’est pas pressée. (...) » © Nadia Benchallal, « Des femmes », 1998 Collection du Centre Méditerranéen de la Photographie N° inv. CMP /267

Danièle Maoudj

Nadia Benchallal a réalisé un reportage sur les femmes au quotidien à Bastia et s’est intéressée aux rencontres possibles entre différentes communautés. Ses photographies s’attachent aux gestes, aux visages, de l’adolescente à la mère, en quête d’une identité sur un territoire méditerranéen. Un texte de Danièle Maoudj, « Eclat des limites », accompagne son travail.

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Nadia BENCHALLAL

des femmes, 1998

Biographie Nadia Benchallal est née le 24 juin 1963 à Orthez. Elle vit et travaille à Paris. En 1990, elle fait ses études à l’International Center of Photography (I.C.P.) à New-York. Elle acquiert par la suite une solide base professionnelle en assistant des photographes tels que Joshua Greene, Antoine Verglas, Martine Barat, ainsi que le photographe de mode Arthur Elgort et la portraitiste Annie Leibovitz. Elle complète sa formation en participant au sixième atelier de photojournalisme «Barnstorm» organisé par le photographe Eddie Adams, lauréat du Prix Pulitzer. Photographe indépendante, elle fait ses débuts dans la presse à New-York en publiant des portraits noir et blanc. En 1992, elle décide de mettre en œuvre un projet essentiellement en noir et blanc sur la vie des femmes algériennes, ce qui lui donne l’idée d’un travail beaucoup plus vaste sur les femmes musulmanes dans le monde. Depuis, elle a parcouru l’Algérie, la Bosnie, la Palestine, la Jordanie, le Liban, la Turquie, la Birmanie, l’Iran, le Japon, la Malaisie et L’ Arabie Saoudite. Elle a rejoint Contact Press Images en 1994. Elle a travaillé à l’étranger pour des magazines tels que Le Monde, GEO, La Republica, El Pais, L’Orient Express, The New York Times. Son travail a été récompensé par un Visa d’Or de Perpignan en 1994. Elle a reçu la subvention de « Mother Jones et W. Eugene Smith Fellowship » en 1997 et « European Eyes on Japan» en 2001. Son travail a été exposé à plusieurs reprises. Après Abu Dhabi en 2011, « Sisters » est présenté actuellement à New-York. Dernièrement, elle a enseigné la photographie durant 3 ans à la « Buc Ressources », campus du métier social, près de Versailles. www.nadiabenchallal.com


Lin DELPIERRE Les passantes, 2002

2 photographies couleur 80 x 80 cm extraites de la série « Les passantes » Contrat de ville de l’agglomération bastiaise – 2002 Collection Centre Méditerranéen de la Photographie / N° inv. : 189-190

« Cette série de photographies émanant d’une commande du Contrat de Ville de l’agglomération bastiaise s’inscrit dans un ensemble plus vaste dont le thème générique est la passante. La silhouette de la passante est définie comme une mesure mythique de la perception de la ville. Chaque série de passantes entretient un rapport dialectique avec les séries antérieures tandis que les villes elles-mêmes sont cadastrées, remaillées par ces états de passages : B. Aires succède à Bombay ; Bastia s’intercale entre Calcutta et Toulon. Itinéraire de hasard, les errances tissent un cheminement, un cheminement qui aurait la perte pour mémoire. La passante est une figure de passage et d’absence, je suis stupéfait si elle m’apparaît. Sa disparition précède son apparition. Une fois définis les paramètres de frontalité, de distance, d’éclairement, d’axe, je circule dans ma propre immobilité. ... L’image ne naît qu’après l’épuisement de la sensation. ... Le sujet situé à environ deux à trois mètres de l’opérateur, est saisi avec une focale normale, dans le moment de son apparition-disparition, sous un éclairement passant la luminosité ambiante et marquant ce moment de scintillation extatique qui est battement temporal entre l’image et le réel. ... Boulevard Paoli. Passant, commercial, historique. Je ressasse l’espace, comme il ressasse en moi la stupeur et le temps. Rue divagante d’yeux. ... Le matin, dans des émanations de désirs, flottent les effigies ; une passante erre près de son image, y adhère, et en meurt. Pris deux fois la même passante sans que le réel ne me révèle cette faute. ... Déjà la perception s’effrange de points d’usure : rue relâchée par l’interminable quête d’aller et retour. L’ombre barre l’espace. Mes yeux n’ont plus de courant. » ... Lin Delpierre, septembre 2003.


Lin DELPIERRE Les passantes, 2002

Biographie Lin Delpierre est né en 1962 à Bayonne. Il vit et travaille à Besançon. Il est représenté par plusieurs galeries : Galerie Cour Carrée, Paris, Galerie Kandler, Toulouse, Galerie LIGNE treize, Genève. Lin Delpierre travaille essentiellement sur la ville et le corps dans la ville. Kyoto, Bénarès, Bombay, Saint-Pétersbourg, Montevideo… Ses photographies nous touchent par leur modestie et leur concentration où cohabitent en effet, lenteur et vitesse, absence et convulsion. Ses « urbaines » sont des paysages de villes, mais surtout des femmes. Mieux des passantes. A Moscou, ses emmitouflées, longent des avenues démesurées, dont la perspective fuit vers un horizon sans promesse. A Kyoto, elles sont semblables à des écolières, des mannequins néophytes. A Pékin, elles sont inattendues… Dans chaque ville que l’artiste parcourt, ses passantes s’inscrivent dans un patrimoine architectural et dans un quotidien presque familier. Cependant Lin Delpierre les extrait, il décentre une vision et nous restitue une image autre, qui pourtant nous entoure quotidiennement et nous interroge. Il a reçu diverses bourses en particulier la Villa Médicis hors les murs, Moscou (1993), il a été pensionnaire Villa Médicis, Rome (1994-1995), Villa Kujoyama, Kyoto (1997). En 2000, il est lauréat Sanskriti Kendra, New Delhi. En 2004, il reçoit l’aide de la Ville de Paris, Lille-Ville Européenne, résidence théâtre, Aide à la création du Ministère de la Culture pour un projet sur Shanghai. En 2006, la Caza d’Oro. Ses photographies font partie de nombreuses collections publiques. www.lindelpierre.net


Olivier LABAN-MATTEI/Agence Neus

Un été au quartier, 2010

19 photographies extraites d‘un ensemble comprenant 29 photographies noir et blanc Tirages lambda 27 x 40 cm Collection de la Ville de Bastia

Ce reportage photographique en noir et blanc retrace la vie des habitants dans l’espace public pendant l’été. Ces photographies nous invitent à partager le quotidien de citoyens bastiais dans leurs activités diverses et variées : mariage, jeux d’enfants, scènes de vie au pied des immeubles le soir “à la fraîche”, parties de cartes, boulistes, feux de la Saint-Jean, ballades nocturnes, bal populaire, fête de la musique, souvenirs, détente à la plage, etc. Des moments simples de la vie que le regard d’Olivier Laban-Mattei met en lumière avec finesse et dynamisme.

« Au moment de l’exode urbain estival, les lupinesi restent là, chez eux, entre béton et poussière. « Pourquoi partir ? N’a-t-on pas déjà tout ici ? » En effet, à bien observer, on joue aux boules sur la place de l’église Notre-Dame ou à la belote au bar U Macchio, caressés par le doux soleil de la fin de journée. On se marie sous « l’arca » habilement tressée au 17A de la rue Pasteur. On célèbre Jean en juin, et Marie en août, autour d’une merendella improvisée aux pieds des tours. Une occasion parmi tant d’autres de se retrouver autour d’un verre et d’une guitare et de refaire le monde, à grands éclats de voix. Et puis, on va à la plage entre amis, à l’Arinella, à deux ou trois encablures à peine à vol d’oiseau. Le col de Teghime quant à lui, à l’exact opposé géographique, offre généreusement ses sangliers aux fusils des chasseurs surexcités par une longue abstinence hivernale. Entre les tours, les enfants se cachent dans les herbes hautes tandis que les adolescents, roue arrière en scooter, narguent les voitures de police le soir venu, au grand dam des vieilles sans âge qui les insultent du fond de leur banc. Bref, un été comme dans n’importe quel village de Corse. Coincé entre mer et montagne, Lupinu n’est déjà plus Bastia. Mais même si on le nomme « village », le quartier, en pleine rénovation, est encore en de nombreux lieux une cité vétuste, vibrant au rythme des tensions intercommunautaires et des querelles de voisinage. Lupinu en été, chaudron dantesque où l’on suffoque, écrasé par la chaleur, aveuglé par la violente lumière réfléchie par les murs blanchâtres et décrépis des vieux immeubles. Pas âme qui rôde dans ses ruelles sans ombre quand le soleil charme le zénith. Chacun reste chez soi, sur soi, en attendant des heures meilleures. Dans ma jeunesse, j’aimais prendre la route des vacances et retrouver ce quartier. Les étés, chez mes grands-parents au 6 Ponte Prado, j’étais chez moi. Lupinu, c’était aussi mon village... Parce qu’il faut bien appartenir à un ailleurs.. » Olivier Laban-Mattei


Olivier LABAN-MATTEI/Agence Neus

Un été au quartier, 2010

Biographie Né en 1977, Olivier Laban-Mattei vit actuellement entre Paris et la Mongolie. Après des études de géographie et sociologie à Paris, il s‘installe en Corse en 1999 où il devient pigiste permanent pour l‘Agence France-Presse pendant 5 ans. En 2005, il intègre le Staff de l‘AFP à Paris et couvre alors l‘actualité nationale et internationale. Que ce soit sur les zones de conflits (comme en Irak, en Géorgie, à Gaza et plus récemment en Tunisie et en Libye) ou sur les lieux de catastrophes naturelles (Birmanie, Haïti, Java...), il tente de comprendre cette même notion de survie qui anime les victimes. Le tremblement de terre de janvier 2010 à Haïti marque pour lui, désormais, l‘année zéro de son travail, une sorte de seconde naissance professionnelle. Désireux d‘avoir plus de temps pour des sujets aux longs cours, il quitte l‘AFP peu de temps après. Il devient ainsi reporter-photographe indépendant et collabore notamment pour Le Monde, le New York Times, le Wall Street Journal. En 2010, le festival de photo-journalisme Visa pour l‘Image consacre une rétrospective de son travail sur les victimes de guerres et de catastrophes naturelles. Son travail est également régulièrement exposé par le Centre Méditerranéen de la Photographie. En 2011, le World Press Photo le récompense pour la troisième année consécutive (1er prix Story - catégorie « General News »). Olivier Laban-Mattei s‘oriente désormais vers des projets beaucoup plus documentaires. Il a entamé en 2012 un projet à long terme en Mongolie. themongolianproject.com www.neusphotos.com


Stéphanie LACOMBE/Agence Myop

Un été au quartier, 2010

19 photographies extraites d‘un ensemble comprenant 23 photographies de format 37,5 x 50 cm Collection de la Ville de Bastia

Cette série photographique en couleur retrace la vie d’habitants, chez eux, en été. Les scènes de la vie privée au quotidien que Stéphanie Lacombe nous propose ont été réalisées selon le principe suivant : la photographe a installé son appareil photographique chez des habitants qui ont accepté de partager leur intimité : petits-déjeuners et repas en famille, moments de détente au salon, parents et enfants jouant à la Wii, jeunes ménages, etc. Les personnes finissent par s’habituer, voire à oublier la présence de la photographe l’espace d’un instant : ici pas de mise en scène, mais la trace de moments intimes, simples et sincères que les photographies de Stéphanie Lacombe nous restituent avec fraîcheur.

« L‘île de Beauté, Bastia, le soleil, la mer et Lupino. Lupino est une cité HLM, dans les quartiers Sud de la Ville de Bastia. Du ferry, nous la voyons de loin quand nous arrivons du large. Elle est là, juste de l‘autre côté du port, après le tunnel, au dessus de la nationale 193, à côté du cimetière et face à la mer. Le quartier Lupino a cette particularité d‘être flanqué sur une belle colline mais sa construction hâtive dans les années 60, lui donne un cachet atypique. Là où des architectes s‘évertuent à construire de longues barres parallèles et symétriques pour le logement de masse, ici, un vent du sud a fait rouler les blocs d‘habitations. C‘est un labyrinthe ardu et grimpant. Me voilà avec mes flashes, mon appareil photo et mon enthousiasme. Je viens rendre compte de la vie des habitants de la cité. Il fait très chaud cet été-là. Que font les habitants de Lupino quand ceux-ci ne partent pas en vacances et restent chez eux ? Je vais aller les rencontrer et leur demander de bien vouloir ôter l‘habit social et me laisser photographier la vie simple à la maison. J‘ai juste oublié une chose : nous sommes chez les Corses et à l‘image de la cité, entrer dans les appartements est ardu ! Ce ne sont pas les longues discussion­s aux pieds des immeubles et les heures de porte-à-porte que je retiendrais de mon passage à Lupino, mais les instants de photographies rares qui ont rendus les rencontres uniques. » Stéphanie Lacombe


Stéphanie LACOMBE/Agence Myop

Un été au quartier, 2010

Biographie La photographie de Stéphanie Lacombe repose sur l’intimité familiale dans son espace de vie privée. Ses images donnent à voir la matière unique des êtres derrière l‘humour ou la gravité. Elle réalise ses documentaires photographiques essentiellement en France. Elle a réalisé « La table de l’ordi­naire » récompensé entreautres par le Prix de la Fondation Lagardère et le « Prix Nièpce » en 2009. Elle collabore avec la presse française et réalise différents travaux en résidence d’artiste et en commande institutionnelle (France info, CNAM, Sciences Po, Caisse des dépôts). Elle est maître de stage aux Rencontres d’Arles et anime des ateliers photographiques dans les écoles.

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Christel OOMS

Rose-marie, 2006

Dyptique couleur 80 x 99 cm Collection Centre Méditerranéen de la Photographie / N° inv. : HC - 203 - 204

Christel Boertjes, lauréate 2005 des Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes, est venue des Pays-Bas poser un regard sur Bastia et son agglomération, plus spécifiquement sur des personnes ou des zones en situation d’exclusion. Ayant déjà réalisé un travail sur les personnes « en marge » en Hollande (prostitués, toxicomanes,…), elle a choisi de porter son attention sur les SDF et plus particulièrement d’aller à la rencontre de Rose-Marie, SDF très connue sur la région bastiaise. Elle voulait tout d’abord réaliser un portrait, puis après plusieurs rencontres et discussions, a axé son travail sur tout ce qui constitue le personnage de Rose-Marie : les objets et les endroits où elle vit. Il en ressort un travail très sensible et qui rentre à l’intérieur des traces qu’elle peut laisser derrière elle. Jamais visible et pourtant toujours présente dans les photographies. Rose-Marie Depuis des semaines je la vois se promener avec son caddie rempli de détritus, de poupées et de livres. Rose-Marie vivait sur les trottoirs de Bastia ces dix dernières années. Après une première rencontre organisée, je désire aller dans sa rue, particulièrement la nuit. Une nuit Rose-Marie me voit et m’interpelle en criant : « Christel ! » Je n’ai pas eu assez de courage pour lui dire que je voulais lui faire son portrait. Cette nuit-là elle porte mon trépied pendant que je photographie ses environs. Je parle difficilement le français et elle ne parle pas l’allemand, nous restons silencieuses. Elle me demanda des objets personnels et des vieux vêtements, pour qu’elle puisse me faire une poupée. Je lui donnai une paire de collants, un vieux t-shirt, un coquillage, un marqueur doré et quelques boutons. Le jour suivant, elle accrocha à ma porte un sac contenant la poupée. Je ne réussis pas à la trouver ce jour-là alors j’ai déposé dans son caddie un de mes livres comme cadeau. Mardi elle m’a dit qu’elle désapprouvait mon livre. Elle est en colère contre moi, parce que les images de mon livre sont trop personnelles. Elle n’aime pas la photographie en couleur aussi elle s’est débarassée de mon livre. Elle lit seulement Umberto Eco. Elle dit qu’elle est égoïste à cause des malheurs qu’elle a vécu. Elle me dit qu’elle veut tuer les gens. Elle dit que je suis laide, d’une paleur mortelle. “Peut-être”, répond-t-elle lorsque je lui demande de la photographier, elle saisit du fond de teint orange et l’étale sur mon visage. Elle dit qu’elle me maquillera pour le vernissage.

ChristelOoms Bastia, Janvier 2006 11


Christel OOMS

Rose-marie, 2006

Biographie Christel Ooms, née en 1975. Vit et travaille aux Pays-bas. Elle a reçu de nombreux prix et bourses, dont le FBKVB basic Stiped en 2012. Elle a réalisé plusieurs résidences et a été lauréate des Pépinières Européennes Pour jeunes Artistes en 2005 au Centre Méditerranéne de la Photographie. Elle expose régulièrement aux Pays-bas (Fotofestival Noorderlicht, entre-autres) et à l’étranger : en Islande, Danemark, en France (en 2006, au Centre Culturel Una Volta, Bastia ; en 2008, Mois de la Photo, Paris). www.christelooms.com


Laurent VAN DER STOCKT

les jeunes des quartiers sud de Bastia, 1997

Commande photographique 1997 Collection Fonds National d’Art Contemporain, mise en dépôt au Centre Méditerranéen de la Photographie 3 photographies extraites d’un ensemble comprenant 27 photographies couleur : N° inv. 980933, Inv. : 980937; Inv. : 980939

Loin du reportage « classique » de type photojournalistique, Laurent Van der Stockt a orienté son regard sur cet environnement anonyme, sans architecture autre que celle régie par la société de consommation d’aujourd’hui. Il a questionné cette absence de particularisme et d’extraordinaire, cette standardisation des lieux et des apparences et propose à travers cette série de portraits une évocation de la jeunesse, sans mise en scène.

© Laurent van der Stockt/ de la série : Les jeunes des quartiers sud de Bastia Œuvre réalisée dans le cadre de la commande publique sur la jeunesse en France « Le plus bel âge ». Collection Fonds National d’Art Contemporain. Mise en dépôt au Centre Méditerranéen de la Photographie Format 80 x 99 cm N° inv. 980937

« (...) J’ai choisi, lorsqu’il m’a été demandé de réfléchir à la question, en 1998, et après avoir longuement côtoyé les jeunes des quartiers, de montrer des portraits, très simples, très lisibles, très spontanés, de ceux que j’avais croisés, comme dans une fraction de seconde, dans la rue, en conservant dans l’image leur environnement. Pour m’effacer, pour ne pas faire semblant de répondre et pour donner un accès le plus direct possible au futur lecteur de l’image, pour qu’il prenne le temps de regarder.(...) » Extrait du texte de Laurent Van der Stockt, accompagnant l’exposition.


Laurent VAN DER STOCKT

les jeunes des quartiers sud de Bastia, 1997

Biographie Laurent Van der Stockt est né le 29 juillet 1964 en Belgique. A 16 ans, il réalise un premier reportage dans un centre d’aide aux toxicomanes installé dans une ferme de son village. Il s’en suivra une collaboration de photographe pigiste avec différents magazines d’information. A la fin de ses études secondaires, il fait son service civil en tant qu’objecteur de conscience et réalise un reportage sur les handicapés mentaux dont il s’occupe pendant un an et demi. En 1989, il voyage clandestinement en Roumanie et revient avec un reportage sur les conditions de vie sous le régime de Ceaucescu. Il devient membre de l’agence Gamma dès 1991 et est en contrat avec le magazine américain Newsweek depuis 2001. Depuis lors, il a principalement axé son travail sur la vie des habitants en ex-Yougoslavie, où son travail sera interrompu pendant deux ans à cause d’une grave blessure, en Afghanistan, en Tchétchénie, en Irak et en Afrique. Ses reportages ont paru dans tous les magazines d’information importants, tels que New York Times Magazine, Le Monde, Time Magazine, NewsWeek, The Independent Magazine, Stern, GEO, Paris-Match, L’EXPRESS, TELERAMA et EL PAIS. Ils ont été primés à plusieurs reprises et ont donné lieu à différentes expositions. Il témoigne également des conséquences du cyclone « Katrina », portraiture les jeunes des banlieues de Bastia pour le Fonds National d’Art Contemporain, rend compte du flou politique suite au départ d’Aristide à Haïti. Son travail sera récompensé par le Award d’Excellence — Prix de Journalisme de l’Université de Columbia en 1991, par le Prix Paris Match en 1996, par le Prix Bayeux des correspondants de guerre en 1995 et par le Prix du Festival du Scoop d’Angers durant quatre années consécutives. En 2010, son exposition Our Fellow Man articulait vingt années d’images à la Maison Européenne de la Photographie à Paris.


VISUELS D ISP ONIBLES P OUR L A P R ESSE

© Nadia Benchallal, « Des femmes », 1998 Collection du Centre Méditerranéen de la Photographie N° inv. CMP /267

© Lin Delpierre « Les passantes », 2002 Collection du Centre Méditerranéen de la Photographie N° inv. CMP /189

© Christel Ooms « Rose-Marie », 2006 Collection du Centre Méditerranéen de la Photographie N° inv. CMP /203

© Olivier Laban-Mattei /CMP/collection de la Ville de Bastia « Un été au quartier », 2010

© Stéphanie Lacombe /CMP/collection de la Ville de Bastia « Un été au quartier », 2010

© Laurent van der Stockt/ de la série : Les jeunes des quartiers sud de Bastia Œuvre réalisée dans le cadre de la commande publique sur la jeunesse en France « Le plus bel âge ». Collection Fonds National d’Art Contemporain. Mise en dépôt au Centre Méditerranéen de la Photographie Format 80 x 99 cm N° inv. 980937

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CON TAC T / INFORMATION S P R ATI QU ES

Commissaire d’exposition Centre Méditerranéen de la Photographie Association régie par la loi de 1901, conventionnée avec la Collectivité Territoriale de Corse. - Marcel Fortini, Directeur - Valérie Rouyer, responsable pédagogique et des expositions Adresse : Cité Comte - Résidence Pietramarina 20200 Ville Di Pietrabugno B.P. 323 - 20297 Bastia Cedex Tél : +33(0)4.95.31.56.08 - Fax : +33(0)4.95.31.52.75 info@cmp-corsica.com - http://www.cmp-corsica.com

Partenaires

Lieu d’exposition Espace Diamant

Bd Pascal Rossini 20000 Ajaccio Tél : 04.95.50.40.80 Fax : 04.95.50.40.81 E-mail : dac@ville-ajaccio.fr

Dates d’exposition Du 4 avril au 7 mai 2013, du mardi au vendredi de 10h à12h et 14h à19h, samedi de 9h à 12h.

Vernissage Le jeudi 4 avril 2013 à 18h30.

Visites guidées de l’exposition par le centre méditerranéen de la photographie Pour les scolaires et les enseignants sur réservation auprès du Centre Méditerranéen de la Photographie. Contact : Valérie Rouyer et Marcel Fortini Tél : +33(0)4.95.31.56.08 - info@cmp-corsica.com

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