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Dimanche 22 fevrier 2015

i nterview

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Pradeep Roopun

Ministre de l’Intégration sociale et de l’Economic empowerment

« L’emploi est en général le meilleur remède pour combattre la pauvreté » L e ministre de l’Intégration sociale et de l’Economic empowerment rappelle que l’actuel gouvernement va favoriser un meilleur cadre de vie à ceux qui sont au bas de l’échelle. Dans l’entretien qu’il accorde au Journal du Dimanche, Pradeep Roopun évoque ce combat mais aussi sa victoire contre Anil Bachoo au No 9. Modeste et humble, il est l’homme de la situation.

Quelle est l’importance du ministère de l’Intégration sociale dans la politique gouvernementale ? Notre gouvernement sous la direction du Premier ministre, sir Aneerood Jugnauth, s’est engagé à faire un effort spécial en faveur des personnes vulnérables. Vous vous souvenez que l’Alliance Lepep a pris l’engagement auprès du peuple de combattre la pauvreté, l’exclusion sociale et de réduire l’écart entre les riches et les pauvres. Et nous avons été mandatés pour relever ce défi aux dernières élections le 10 décembre 2014. Il faut noter que l’intégration sociale offre des services et des activités destinés aux plus démunis, d’où l’importance d’un ministère dédié uniquement à cette tâche. Le ministère de l’Intégration sociale et de l’Autonomisation economique représente la voix des sans voix. Les plus démunis ne savent quelle porte frapper, d’où l’institution de ce ministère entièrement dédié à ce groupe de personnes. Ce ministère a toute son importance pour que la justice sociale prime. Quelles sont vos priorités à ce ministère ? En tant que ministre chargé de combattre la pauvreté et l’exclusion sociale, et d’assurer l’autonomisation des personnes vulnérables, je ne serai pas complètement coupé de la réalité du terrain. En effet, je pense que pour concevoir des politiques pour lutter contre la pauvreté, il faut être sur le terrain. Raison pour laquelle mon équipe et moi, sommes

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L’alliance Lepep a pris l’engagement auprès de la nation de combattre la pauvreté, l’exclusion sociale et de réduire l’écart entre les riches et les plus démunis »

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J’espère tout simplement que le montant caché dans les coffres de Navin Ramgoolam ne dépasse pas le budget qui sera alloué à mon ministère» déjà engagés dans une série de ‘site visits’ et de rencontres. Ainsi, rencontrer les différentes parties prenantes engagées dans ce combat contre la pauvreté demeure l’une de mes priorités. Ceci, afin de dégager une vision partagée, un langage commun et de réunir nos efforts pour relever ce défi. En effet, c’est avec une approche intégrée qu’on pourra mieux cerner les besoins de ces personnes et trouver la solution pour les sortir de la pauvreté. Il est également impératif de constater de visu les problèmes auxquels font face ces personnes vulnérables, d’être à leur écoute afin de mieux comprendre leurs peines et souffrances pour pouvoir déterminer les besoins prioritaires et par la suite, trouver une solution durable. J’ai, de ce fait, décidé de visiter les quelques 150 poches de pauvreté à travers l’ile. Cela, en compagnie des 10 Parliamentary Private Secretaries (PPS). Les mesures mises en place par la National Empowerment Programme seront revues afin qu’elles soient plus efficaces. J’ai constaté un manque de Family Social Workers sur le terrain. Pour pallier ce manque, nous augmenterons le nombre de personnes sur le terrain. En bref, la NEF sera restructurée.

Je me concentrerai plus particulièrement à la cause des enfants. Souvent quand nous évoquons la pauvreté, nous pensons directement aux parents célibataires, aux personnes âgées, aux chômeurs mais rarement aux enfants. Les enfants, selon moi, sont les plus vulnérables. Qu’ils soient issus de familles riches ou pauvres, ils sont les plus à risque. Ainsi, avec la collaboration des différents ministères, on essaiera de dégager des stratégies afin d’éviter que ces enfants traînent avec eux le fardeau de la misère. Mais il faut aussi noter, que mon ministère s’attèle déjà à l’élaboration du Plan Marshall annoncé par le PM dans son discours au Morne, le 1er février. Ce plan comprendra trois phases principales, soit l’élaboration des stratégies pour venir en aide aux personnes vulnérables, les aider à s’intégrer dans la société et s’assurer qu’elles deviennent autonomes. Que faut-il comprendre par l’éradication de la pauvreté ? Je ne pense pas que l’on ne devrait que se concentrer sur l’éradication de la pauvreté. Ce qui est le plus important c’est aider ces personnes vulnérables à sortir de la pauvreté et éviter à ce que d’autres personnes se fassent piéger par le cercle vicieux.

Il faut savoir que la maladie appauvrit, le surendettement peut également rendre pauvre. La pauvreté n’est pas le sort uniquement des sans-abris ou encore moins des chômeurs. Elle touche aujourd’hui toutes les catégories de personnes. Il faut aujourd’hui le plus souvent avoir deux salaires pour que la famille puisse garder la tête hors de l’eau. Et tout le monde peut être touché par le chômage ou la maladie. Lutter contre la pauvreté est absolument nécessaire. Avant même son entrée en fonction, le gouvernement, sous la férule de SAJ, a annoncé que la lutte contre la pauvreté constituerait sa priorité. Et d’expliquer que l’emploi est en général le meilleur remède pour combattre la pauvreté. Comment peut-on aider quelqu’un à s’en sortir sans tomber dans l’assistanat ? Je peux vous dire que contrairement à ce que l’on croyait, cela est possible. Il suffit de rendre les personnes vulnérables autonomes. C’est en les aidant à avoir un toit décent, à avoir accès à l’éducation et assurer leur formation professionnelle. Il faut les aider à grimper l’échelle sociale. C’est à ce moment là qu’elles pourront s’intégrer dans la société. Quand vous vous réveillez le matin sans savoir où aller, avec rien à donner à manger à vos enfants, quand tous les jours vous êtes obligés de trouver un coin pour vous refugier des intempéries, c’est à ce moment là que vous vous dites que vous devriez faire quelque chose pour sortir de cette situation. Mais comment ? Le ministère de l’Intégration sociale et de l’Autonomisation économique est ainsi là pour aider ces personnes vulnérables à sortir de la pauvreté et non pour encourager l’assistanat. Il faut construire une société durable. En quoi le salaire minimum vital va-t-il permettre de combattre la pauvreté ? Un revenu décent intervient efficacement contre tous les éléments qui mènent à la pauvreté. Le salaire minimal est donc aussi important que de garantir un toit décent à ceux qui sont au bas de l’échelle. Que compte faire le ministère de l’Intégration sociale vis-à-vis des problèmes auxquels font face les squatters ?

Mon ministère travaille en ce moment en étroite collaboration avec le ministère des Terres et du Logement en vue de régler le problème des squatters. La construction de 1500 maisons en 2015 et 10 000 sur une période de 5 ans, sont les objectifs fixés par le ministère des Terres et du Logement. Une liste de 1000 squatters a été dressée et des maisons seront construites pour ces personnes. La NEF effectue en ce moment un survey dans le but d’identifier des bénéficiaires potentiels, les encourager à s’enregistrer auprès du Social Register of Mauritius et ensuite les prendre en main en leur proposant les divers programmes d’intégration sociale. Beaucoup ont critiqué dans le passé, les maisons type « boites zalimète». Que comptez-vous faire à ce sujet ? Je suis conscient que les maisons en béton et en tôle de 25 m² construites par la National Empowerment Foundation étaient trop petites. En janvier 2012, la Commission Justice et Paix du diocèse dénonçait avec force ces maisons boîtes d’allumettes. Et aujourd’hui, les superficies ont été révisées à 31,5 m². Ce qui n’est certes pas la superficie adéquate prenant en compte les bénéficiaires ciblés qui sont composés de familles nombreuses. Personnellement, je souhaiterais que les maisons sociales allouées soient plus grandes et spacieuses. Mais il faut également prendre en compte la capacité de remboursement des bénéficiaires qui n’ont pas les moyens nécessaires. Ainsi, il est impératif que ces maisons soient décents mais également abordables. Beaucoup estiment que les structures de l’Etat doivent refléter la nation arc-en-ciel notamment en ce qui concerne le recrutement dans la fonction publique par exemple. Êtesvous d’accord? Je crois en la justice sociale et la méritocratie. Il est certes important que les structures de l’Etat, surtout en ce qui concerne le recrutement dans la fonction publique, reflète la nation arc-en-ciel. Si tel n’est pas le cas, je ne pense pas que l’on devrait se concentrer sur les effets. Il faudrait, selon moi, régler ce problème dans le fond.


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