DIMANCHE 12 OCTOBRE 2014
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Labelle et les bêtes !
’est le docteur en géopolitique, Shafick Osman, qui en premier a cru bon de s’interroger sur le fait que Françoise Labelle allait être nommée Speaker en cas de victoire de l’alliance Ptr/MMM. Etalant sa totale méconnaissance des faits, Shafick Osman estimait qu’il fallait être diplômé en Droit pour accéder à de telles fonctions. Or, Iswardeo Seetaram, pour ne citer que lui, a été Speaker, et il n’a jamais été avocat, magistrat ou Juge !
Je ne suis jamais sollicité par les médias, surtout par des « journalistes » qui n’ont même pas mes vingt ans d’expérience dans la presse écrite et parlée(11 ans à l’Express, 3 ans au Matinal,3 ans comme attaché de presse,1 an à Le Dimanche,et 4 ans à la Mauritius Broadcasting Corporation),et je n’ai jamais reçu de prix de CNN. Et je m’en fous royalement ! Mais est-ce que ces « journalistes » et autres « observateurs politiques », qui se sollicitent entre eux, peuvent continuer à duper les gens ? Je pense que non et c’est pour cela que je m’étonne que les dames de Women in Networking soient restées silencieuses devant ce choix du MMM ? En présupposant que toutes les dames de WIN aient une opinion politique et qu’elles voteront contre l’alliance Ptr/MMM, qu’est-ce qui les empêchaient pour autant de se féliciter qu’une femme ait été choisie pour être au perchoir de l’Assemblée Nationale ? De même, responsables des organisations « créoles » n’ont pas ouvert leurs bouches pour applaudir cette décision. Allons dire qu’eux aussi n’aiment pas le MMM, mais une femme également ? Et Françoise Labelle ne serait pas assez ou trop créole à leur goût ? Mais il n’y a pas que WIN et les organisations créoles. Les éditorialistes, si prompts à dégainer contre tout ce qui n’épouse pas leur ligne de pensée, n’ont pas écrit une seule ligne sur cette proposition du MMM de permettre à une femme de devenir Speaker. Les éditocrates avaient fait grand cas quand il fallait démontrer que le secteur privé, dont ils font partie !,n’admettait pas de femmes dans son conseil d’administration. Et quand la Mauritius Commercial Bank permit à une femme d’entrer dans le board de cette banque, beaucoup de lignes furent écrites à ce sujet. Mais pour Françoise Labelle, ni et ! On me rétorquera que « la presse ne prend pas position
en faveur de X ou Y ».Mais ce n’est pas de cela que je parle ! Je ne demande pas à WIN, les associations Créoles ou les éditorialistes de dire de voter pour Labelle.J e dis juste que si la presse avait été autant dythirambique envers Rezistans ek Alternativ, qui pourtant n’a rien changé dans le paysage politique mauricien, pourquoi ne pas avoir salué la possible entrée d’une femme comme Speaker ? N’est-ce pas une rupture avec le passé, comme le sera le fait de pouvoir s’inscrire comme « Mauricien » aux élections ? Alors, pourquoi ce silence et cette indifférence envers une femme ? Je précise que si un autre parti avait présenté une femme à ce poste, je l’aurais également applaudi. Cela n’a rien à voir avec le MMM ou Françoise Labelle. Alors, n’estce pas de la grosse hypocrisie que de demander une femme par circonscription, et de rester muet quand une femme aura la possibilité de siéger comme Speaker ? Est-ce parce que WIN a « oublié » cette option que ses membres n’ont rien dit de la démarche du MMM ? Idem pour les associations créoles. Est-ce parce que chez eux également, les voix ne sont que mâles ? Et qu’ainsi,i ls ne peuvent admettre qu’une femme devienne Speaker ? Quid de la presse, où les conseils d’administration est toujours au masculin,et qu’il n’y pas un seul journal où il y ait une rédactrice-en-chef ou une directrice, nonobstant le cas de Ruqqayah Khoyratee, ancienne journaliste de radio, qui avait fondé son propre journal, mais à faible tirage et lectorat. Pourquoi donc la presse n’aime les femmes que pour être des subalternes, tout juste bonnes à n’être que des gratte-papier ? La presse, si souvent donneuse de leçons, montrez moi une seule rédaction où une femme occupe un haut poste de responsabilité ? Je me souviens d’une sortie du Dr. Vasant Bunwaree con-
tre L’Express. Le cardiologue reprochait au quotidien de ne pas donner la parole à ses « petits » journalistes. Pour contrecarrer cette vérité du médecin, alors ministre, l’Express publia une opinion de Shyama Soondur .De mémoire d’ancien de L’Express, ce fut la seule et dernière opinion de Shyama, qui devait quelque temps après quitter ce journal, pour d’autres fonctions ailleurs ! En fait, dans quelque secteur que ce soit à Maurice, la femme n’est jamais la bienvenue, sauf si elle est « keen » pour manier une machine Overlock. Mais là encore, quand il s’agira de parler de la Zone Franche et de sa contribution dans notre économie et de l’avancement du pays, les « observateurs politiques » et autres éditocrates citeront toujours Sir Gaëtan Duval, José Poncini et le professeur Edouard Lim Fat, mais jamais les nombreuses femmes qui se sont échinées matin, midi et soir sur les machines et autres tricoteuses ! On n’a qu’à aller vérifier tous les livres pondus sur la seule Zone Franche pour
comprendre comment l’apport de la femme est escamoté dans notre île. Ah, vous me direz « et Anjalay,n’est-ce pas notre passionaria » de l’industrie sucrière ».Fut-elle la seule au fait ? Et toutes ces autres femmeslaboureurs qui ont trimé et qui triment encore dans les champs ? Sir Seewoosagur Ramgoolam fut le premier à croire dans les compétences d’une femme, en nommant Rada Poonoosamy à un poste ministériel et en faisant accéder Mme Lachicorée à un poste de responsabilité. Après lui, le Mouvement Militant Mauricien ouvrit la voie à la parole et l’action féminine, avec Shirin Aumeerudy-Cziffra,Joceline Minerve, Arianne NavarreMarie,première Chagossienne députée et ministre, tandis que Lalit donna elle aussi la parole et l’action à Lindsey Collen, Veena Dholah, Dany Marie, MarieAnne Sophie, Mimose Thérèse et Rajni Lallah. Hors le Ptr, le MMM et Lalit, peu de partis peuvent se targuer d’avoir laissé les femmes
A ACTUALITÉS
s’épanouir en leur sein. Je l’avais rappelé :Sheila Bappoo était la « leadeuse » naturelle au MSM, après le départ de Sir Anerood Jugnauth, mais SAJ, pourtant homme d’action et visionnaire, ne crut pas en elle, avec les résultats désastreux pour son parti à ce jour ! Je pense donc que si Françoise Labelle devient la première femme-Speaker,ce sera une jolie première pour le pays et le paysage politique mauricien. Et juste pour faire la nique aux hypocrites, je souhaite ardemment qu’elle accède à ces fonctions. Vous verrez alors que beaucoup se rueront sur leurs laptops pour « saluer » cela et qualifier cette décision « d’historique ». Mais pour l’heure, femme n’est pas l’avenir de l’homme, ou plutôt de certains hommes, à Maurice. La femme, certains la préfèrent toujours « sois belle et tais toi ».Et si elle n’est pas belle, ils la préfèreront bête de préférence. Mais Françoise Labelle vient de prouver que la gent masculine compte de nombreuses bêtes en son sein. Il va sans dire que j’ai honte de faire partie d’une telle meute à l’ego surdimensionné ! Ah j’oubliais, à ce jour aucun parti n’a présenté une femme au poste suprême : Premier ministre ou président de notre république. Qui entre Roshnee Mooneeram ou Sheila Bunwaree pourra un jour accéder au Réduit ou à l’Hôtel du gouvernement ? Peuple mâle de Maurice, quand accorderas-tu ton vote pour l’avènement d’un tel rêve ? Paula Atchia, pourquoi aviez-vous dissous votre parti de femmes ? Pionnière que vous étiez, vous auriez dû continuer la lutte, pour que la femme soit ! Ainsi, on aurait parlé de l’Amazone Franche et de Elle et non plus d’île. Françoise Labelle, je vous souhaite de devenir Speaker au plus vite. Pour que s’ouvrent, un jour aussi, les portes de l’Hôtel du gouvernement et du Réduit, pour tous vos pairs. A déesse vat ! Sedley Assonne Le Vicomte des gueux