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DIMANCHE 12 OCTOBRE 2014

EOPLE

LE JOURNAL DU DIMANCHE

UNE RÉGENCE DU PRINCE CHARLES ?

L

es experts constitutionnels de la Couronne étudient de près la loi sur la régence. Au cas où la reine, âgée de 88 ans, ne serait plus en mesure d'assurer ses responsabilités.

Et si Elizabeth ne pouvait plus régner ? La reine l’a dit et répété. Elle respectera le serment qu’elle a fait à son peuple il y a plus de 60 ans. Celui d’assumer son rôle jusqu’à la fin de sa vie. Elizabeth n’abdiquera pas. Avec la santé de fer qu’on lui prête, Sa Majesté semble pouvoir tenir sa promesse encore longtemps. La souveraine assure près de 400 rendez-vous publics chaque année. Sa Majesté est alerte à 88 ans, mais toute reine qu’elle soit, Elizabeth ne rajeunit pas. Alors la cour se prépare à toute éventualité, notamment une maladie grave de la Reine qui l'empêcherait de gouverner, entraînant une régence du prince Charles. Paris Match avait expliqué dans sa série d’été sur les secrets de la monarchie britannique, le souverain du Royaume-Uni est le chef de l’Etat. A ce titre, Sa Majesté exerce donc des fonctions indispensables au bon fonctionnement des institu-

tions. Aussi, les experts constitutionnels de la couronne ont étudié précisément le Regency Act, qui définit légalement les termes d’une régence. Le but est évidemment d’être prêt en cas d’incapacité de la reine à exercer ses responsabilités. «Oui, nous avons dépoussiéré le Regency Act pour y jeter un coup d'œil», a confirmé une source royale au «Daily Telegraph». L’information n’est évidemment pas officielle. Dernière loi en date sur le sujet, le texte a été établie en 1937, au lendemain de l’abdication d’Edward VIII et la montée sur le trône de George VI. Sa fille Elizabeth était alors âgée de onze ans. La tension avec l’Allemagne était forte en Europe, et au sommet de l’État la famille royale était fébrile après l’abdication d’Edward. Le Regency Act était alors non seulement nécessaire mais capital. Le texte précise que les fonc-

tions du monarque seront assurées par un régent si le souverain est déclaré, par écrit, incapable d'exécuter ses responsabilités royales par trois ou plus des personnes suivantes : son époux ou épouse, le Lord Chancelier (le ministre de la Justice), le Président de la Chambre des communes, le Lord Chief Justice et le Master of the Rolls (les deux juges les plus importants du pays). Le régent serait la première personne majeure dans l’ordre de succession au trône - aujourd'hui, le prince Charles. Ce souverain par intérim serait assisté d’un conseil d‘Etat, composé du conjoint du monarque, ainsi que les quatre personnes majeures suivantes dans l’ordre de succession soit son époux le prince Philip, et le prince William, le prince Harry, le prince Andrew et la princesse Beatrice. La loi stipule que la régence ne doit durer

que le temps de l’incapacité du monarque.

LA VOIE EST TOUTE TRACÉE POUR LE PRINCE CHARLES

La dernière régence du royaume a eu lieu de 1811 à 1820 lorsque George III, souffrant d’aliénation mentale, s'est avéré incapable d’assurer son rôle. En vertu du Regency Bill de 1789, son fils, le futur George IV, a reçu les pleins pouvoirs. Pour l’anecdote, la période a donné son nom à Regent Street et Regent Park, à Londres. Plus ancienne est la «régence» de Richard III qui, plutôt que de gouverner en «Lord Protector» pour son neveu Edward V (âgé de 13 ans à la mort de son père), a fait assassiner le jeune garçon et son petit frère Richard à la Tour de Londres. Difficile d’imaginer, aujourd’hui, que le prince Andrew puisse faire en-

fermer et assassiner son frère Charles ainsi que ses neveux William, Harry, et George… La voie est toute tracée pour le prince de Galles. Elizabeth a diminué sa charge et son rythme de travail, et son fils la supplée dans certaines de ses prérogatives les plus importantes. Fin 2013, c’est le prince de Galles qui ouvrait le sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth. A l’avenir, c’est l’héritier du trône qui devrait assurer la représentation de la Couronne à l’étranger. L’importance croissante de Charles dans les fonctions officielles de la couronne a beaucoup été évoquée ces derniers mois. A tel point que Buckingham a dû publier un démenti formel quant à un éventuel renoncement, même partiel, d'Elizabeth II à ses prérogatives royales. Pas sûr que la préparation d’une régence soit de nature à définitivement faire taire la rumeur.


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