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Formes de la quotidienneté virtuelle contemporaine : une cause du sentiment de peur ? Julien Garnier 2. Virtualité et quotidienneté. Mars 2011

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Le traitement de l'insécurité est présenté comme une nécessité politique et est devenu un thème dominant dans la crédibilité accordée par les électeurs aux gouvernants. Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer les récentes campagnes présidentielles et de se rappeler à quel point ce thème était présent. Certes, le phénomène est indéniable et a été étudié dans sa généalogie socio-historique. Résultat du cloisonnement économique de certaines zones du territoire, l'insécurité est présentée comme une conséquence du démantèlement et des transformations socio économiques de la forme instituée de l'Etat née au sortir de la deuxième guerre mondiale1. Mais qu'en est-il du sentiment d'insécurité ? Plus précisément de quelles manières peut-on aborder l'émergence de ce sentiment qui a pour corollaire l'émergence d'une peur ? Le sentiment d’insécurité pourrait ainsi se penser dans un lien avec la notion de peur. Toutefois, cela suppose de la considérer à partir de catégories par lesquelles on pourrait l’intelligibiliser. Le sentiment d'insécurité ne peut-il pas se penser au travers d'une réflexion sur la catégorisation normative d'une société bipolarisant les sentiments de sécurité et d'insécurité dans une dialogie mutuelle ? Or, appréhender cette question sous l'angle d'une réflexion sur le lien entre le « virtuel » et la quotidienneté peut s'avérer fructueux. Car on peut se demander s’il ne faut pas accorder à ce couple conceptuel la spécificité d'être l'ancrage normatif duquel il est prioritairement possible d'envisager toute action humaine. D'où la question : doit-on faire des innovations socio-techniques propres à une partie du champ du « virtuel » une cause inédite du sentiment d'insécurité ? En effet, le « virtuel », lié au réel, n'est pas un produit exclusif des innovations socio-techniques. D'où la nécessité de parler de « virtuel » socio-technique car la capacité imaginative est le propre de l'homme et cela quel qu’en soit son ressort constitutif (symbolique, psychanalytique, institutionnelle...). L. Bonelli, La France a peur : Une histoire sociale de l'insécurité, Paris, La Découverte, 2008. Voir également L. Wacquant, Punir les pauvres, Marseille, Agone, 2004.

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