onésha Afrika Magazine AVRIL 2012 - N°5
mensuel international politique, economique, social, sportif...
SENEGAL
L’exemple pour toute l’Afrique. Et Macky Sall le nouveau président
RDC
Kabila et Tshisekedi, crise de légitimité
LA FEMME AFRICAINE
Arlésienne dans la mondialisation
Zone Euro: 4€ Zone CFA: 1600F Maroc: 30DH RDC: 4 $US Tunisie: 4,30DT USA: $5 Reste du monde: 5€
OBAMA
Déception de l’Afrique ?
NOTE DE L’EDITEUR Victor OLEMBO
onésha Afrika
Magazine Numéro 5 Avril 2012 Plusieurs événements se sont disputés la vedette tout au long de ces trois premiers mois de l’année 2012 en Afrique… et ailleurs. Etre politicien en Afrique est devenu une profession au même titre qu’être avocat ou architecte. Et pour que le job perdure, la réélection doit être assurée. Dès lors, il faut ratisser large et s’accrocher mordicus en toutes circonstances. Une heureuse coïncidence aura voulu que, comme un détonnant cocktail (organisation simultanée Guinée Eq. – Gabon), la CAN 2012 (Coupe d’Afrique des Nations) vienne quant à elle plutôt couronner l’équipe la plus joyeuse du tournoi et qui a pratiqué sans contestation possible le football le plus chatoyant depuis l’ouverture de cette CAN. En finale contre la Côte d’Ivoire, on a vu une sélection zambienne jouer sans complexe devant un étonnant parterre de vedettes ivoiriennes. C’est la victoire du cœur. Qui ignore encore que le 27 avril 1993, dix-huit internationaux zambiens mourraient dans un crash aérien au large de Libreville. Ce 12 février 2012, les Chipolopolo (les boulets de cuivre) ont rendu hommage à leurs prédécesseurs en remportant la 28ème Coupe d’Afrique des nations dans la capitale gabonaise. Le groupe entrainé par le Français Hervé Renard s’est adjugé son premier titre continental face à la Côte d’Ivoire. Par ailleurs, on ne peut ouvrir ce numéro sans se rappeler de la Voix, tel était son surnom, qui s’est éteinte à tout jamais le 11 février dernier à, seulement, 48 ans. Whitney Elizabeth Houston.
Une ado du New Jersey, innocente et fraîche, grandit entre Dionne Warwick sa cousine, Aretha Franklin sa marraine et Cissy sa mère, qui en quelques années devint une figure du gospel. Whitney Houston avait tout pour réussir, une famille unie, une enfance protégée…
Editeur Responsable Victor OLEMBO LOMANI Directeur de publication Cyrille MOMOTE KAGANGE Rédacteur en chef Jean BOOLE EKUMBAKI
En vingt-cinq ans de carrière, la diva à la voix d’or, a vendu plus de 170 millions de disques. A ses débuts, sa fraîcheur et son naturel séduisent, elle chante l’amour qui rime avec toujours. Des balades imparables taillées pour le succès. La gloire est fulgurante, la chute sera vertigineuse. En se mariant avec le rappeur Boby Brown, elle épouse aussi ses addictions: alcool, cocaïne, marijuana.
Comité de rédaction Ismael MADJI Milancia KALLEY-BARAZANY Jean BOOLE EKUMBAKI Cyrille MOMOTE KAGANGE Noella KALANGA Idriss LINGE Momar MBAYE Makela LYDIE Héloise DE SMET Stéphanie SCHULLER
Le crépuscule de la star sera lent, émaillé de cures de désintoxication et de retours plus ou moins ratés. Est-ce sa passion pour Bobby Brown, l’alcool et autres drogues qui l’auraient tuée? à cet âge? Toutefois, avec tant de peine, nous allons certainement garder au fond de nos cœurs tous ces moments de joie qu’elle nous a fait vivre au travers de ces mélodies…
Ont collaboré à ce numéro Le journal du Cameroun et MFI Photo Bernar WANDJA SiteWeb www.oneashaafrika.net
Cette joie c’est certainement aussi l’un des attraits qui, à chaque apparition du magazine OnéshaAfrika attire nos lecteurs, avides de découvrir nos écrits. Chacun y découvre sa rubrique. Car Onésha est aussi en perpétuelle mutation. On ne le retrouve jamais comme l’édition précédente. Il ne cesse de se recréer, de se bouleverser, d’inventer le futur. Vous ne serez jamais déçus! Que Dieu vous bénisse. ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 3
onésha Afrika
Magazine Numéro 5 Avril 2012
ÉDITORIAL
Le développement durable et notre avenir immédiat Cyrille MONOTE KAGANGE
L’année 2011 a été classée «anno horibililis» et cela n’est pas un simple artifice de style. Plusieurs facteurs déstabilisants se sont conjugués pour alimenter une morosité presque générale en Europe et aux Etats-Unis: Une situation marquée sur le plan économico-social par le chômage en hausse constante dans le grand pays du continent Européen (France, Italie, Espagne). Au niveau des politiques économiques, une crise de la dette qui ne décroche pas excepté l’Allemagne et les Etats scandinaves. Ce volet de la crise a imposé dans le reste de l’Union des mesures drastiques affectant les budgets sociaux, certains cas sont dramatiques (la Grèce) La réduction du niveau des salaires s’y amène et porte l’estocade avec les voitures de société qui seront désormais lourdement taxées (Belgique). Les effectifs des fonctionnaires sont comprimés sans états d’âme excessifs et c’est devenu même le must auprès des tenants de l’orthodoxie budgétaire. Dans ce salmigondis, la reforme des retraites tient le haut du pavé. Tous les gouvernements Européens y ont recours font choux en ce qui concerne l’âge requis. L’hypothèse retenu et qui motive fondamentalement ce consensus est la dénatalité au sein du monde Occidental. Par hédonisme, une manière d’être assez rébarbative ou par nécessité, les populations se multiplient peu vu la logique de cet état d’esprit qui permet qu’a chaque génération suffit ses raisons de jouissance ou de déplaisir, la perspective des vieux jours n’encourage pas la solidarité entre individus et groupes, 4
l’impulsion première étant le sauve qui peut. Depuis quelques décennies en Europe, ce malthusianisme a fonctionné comme une soupape de sureté pour une économie qui tourné autour de la satisfaction des biens de consommation, par définition exclut la durée.
a plus d’humilité. Encore qu’il faille compter avec certaines régions du monde qui sont a la traine a quelque chose malheur et bon que le marketing boulimique n’a pas encore tout a fait formaté et restent quoique plus longtemps en retrait du consumérisme et de l’économisme financier.
La notion de développement durable rend compte du hiatus existant entre les désirs de l’homme et ce qu’il doit faire pour éviter de piéger l’espoir caressé par ailleurs d’un bonheur qui ne serait pas éphémère. En effet, toute réussite porte en elle l’exigence de la durée. En termes de projet embrassant une communauté, le développement durable recouvre la capacité de répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre celle des générations futures à satisfaire le leur.
L’Afrique en fait partie. Peut être dans ce continent dont les hommes armés d’une sagesse plusieurs fois millénaires se refusent à saisir «la lune avec les dents» et croient en la nécessité de la durée que se résorbera la contradiction qui mine l’intelligence de l’humanité surdéveloppée entre les progrès de la connaissance et le mythe de la caverne auquel s’accrochent les humains, comme s’ils étaient enfermés à double tour dans cet exemple de l’illusion parfaite de Platon.
Hélas! Le fait majeur actuel est que ce qui dure, ouvre des perspectives, semble sans intérêt. Tout ou presque quadrillé par le besoin du jour. En Europe Occidentale, cette tendance lourde est assujettie a un progrès technologique chaotique dans le fonctionnement duquel l’alsuadre s’est invitée et l’éthique en est expulsée.
C’est un espoir qu’il n’est pas niais de caresser même si des faux pas apparaissent à gauche et à droite dans le comportement de l’élite politique africaine convaincus d’être des «pollueurs» soucieux, souvent sans vision du lendemain et manquent cruellement de conscience historique. Les élections calamiteuses en République Démocratique du Congo et la crise constitutionnelle au Sénégal en sont deux exemples éloquents.
Une société qui avance sans repères ni garde-fous, ne peut rien produire de durable. En ce début du XXI siècle; l’homme est a la croisée des chemins mur n’est plus loin ou il devra payer la note qui lui sera fatale sauf si les sociétés mues par l’énergie du désespoir, orientent leur frénésie de croissance vers un horizon ou l’action collective d’une conscience morale élevée pourrait contraindre les prédateurs universelles que sont les multinationales et leurs lobby, les mafias diverses (publiques et privées)
Nonobstant, la célèbre formule de Hanna Arendt (philosophe juive allemande) compagne d’Heiddeger, un autre philosophe allemand dont les accointances idéologique avec les nazis continuent à défrayer la chronique, nous appelles à plus de patience: «Il ne faut jamais désespérer d’un homme.» Autant pour les continents, les cultures; les civilisations et tutti quanti...
SOMMAIRE Numéro 5 Avril 2012
Bréves / Télégramme
LUANDA: Le président Dos Santos au creux de la vague? TUNIS: Les islamistes montrent les dents MALI : Chute d’Amadou Toumani Touré ou la défaite d’une politique de consensus KINSHASA: De la mélancolie à la maladie du Président Joseph Kabila DOUALA: Africa Endeavor 2012
Actualités
RDC: Kabila et Tshisekedi survivront-ils à cette crise de légitimité SENEGAL: L’exemple pour toute l’Afrique. Et Macky Sall, le nouveau président SENEGAL: Abdoul Mbaye nommé Premier ministre EGYPTE: Le spectre d’un nouveau conflit civil L’UNION AFRICAINE: Une année sans président
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Politique
GUINEE EQUATORIALE: Bien mal acquis - Indignation de la Guinée équatoriale après des perquisitions à Paris CEDEAO - ALASSANE OUTTTARA: Vengeance ou réconciliation SOUDAN: Chine et Russie accusées d’alimenter le conflit
Monde
ETATS-UNIS: Présidentielle américaine 2012 ETATS-UNIS: Le département de la Défense se serre la ceinture ETATS-UNIS: Obama: Déception de l’Afrique? ISRAËL, SYRIE, LIBAN: Violences en Syrie: Israël scrute ses frontières nord
Culture/Livres
Crise Ivoirienne: Un livre sur le sujet, interdit à Yaoundé! Le Maghreb au creux de la vague
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Société
La femme africaine et la mondialisation: l’arlésienne? Journée internationale de la femme le rôle crucial de la femme rurale Mutilations génitales - Des avancées notables Le « Mbaraane » ou prostitution déguisée, une réalité bien sénégalaise
Tribune
Les trois maladies de l’économie africaine L’eau: Source de vie et, plus que jamais, de conflits dans le monde?
Santé & bien-être
Portions de Fruits & Légumes Par Jour
Halte spirituelle Le leadership !
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Ces célébrités nous envoûtent par leur beauté... Concept ou réalité ! Can 2012 - Pourquoi la Zambie a-t-elle gagnée!
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Environnement
Sport
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Chronique
Esthétique au masculin
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ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 5
LUANDA
Le président Dos Santos au creux de la vague? C. M. K.
Le 22 février 2012 dernier, il y’a jour pour jour que Jonas Savimbi leader de l’opposition angolaise fut tué en plein maquis, l’arme à la main, par les troupes du gouvernement de Luanda. Aujourd’hui, le pouvoir angolais a eu bon d’éliminer un opposant de sa trempe (personnage sans doute atteint par l’hubris-démesure-mais d’une richesse intérieur considérable). Peu de dirigeants angolais à l’exception probablement de feu le président Holden Roberto, un des pères de l’indépendance, auront prouvé une si vaste culture intellectuelle. En effet, l’ex président de l’Unita parlait plusieurs langues à coté du portugais et des langues africaines, le lingala et swahili, il alignait des phrases impeccable en français et en anglais. Diplômé des sciences politique de l’Université de Genève, il citait fréquemment les maîtres de classiques européens (Aristote, Platon, Montesquieu, Churchill etc…). Une autre grande qualité que très peu connaisse, qu’il était un excellent gestionnaire. Pendant la guerre civile des vastes zones sous son contrôle étaient quadrillées d’écoles et de centres de santé qui fonctionnaient bien entendu à minima. Ils ont permis néanmoins d’atténuer pour les populations, les affres de la guerre. 6
Un tel personnage ne pouvait facilement être remplacé. Des hommes d’exception ont leur face sombre, un peu mégalo, très dure et gagné par le culte de la personnalité, il était fait d’un bloc, ce qui faisait sa différence. Livrés à eux-mêmes dans la jungle politique angolais, ses successeurs ont subi la loi du vainqueur pendant longtemps n’ont pu qu’a peine faire miroiter les acquis de l’Unita, leur parti reconverti en formation politique légalisée puisqu’ayant cessé la lutte armée. Marginalisés aux élections générales de 1992 ou Savimbi s’est montré un redoutable challenger pour José Edouardo dos Santos, raisons entre autres que le premier a fait valoir pour rejeter les résultats de la présidentielle entre deux tours. Samakuva (président actuel de l’Unita) ainsi que ses amis ont failli perdre leur place de seconds sur l’échiquier politique au profit d’autres formations cliente du M.P.L.A Aujourd’hui, le parti de Jonas Savimbi retrouve les couleurs suite à une nouvelle dynamique impulsée par les masses angolaises en général qui
sont revenues des années noires et ont enlevé les œillères imposées par le régime M.P.L.A à l’époque. Elles s’aperçoivent aujourd’hui en faisant mémoire de la tragédie que les torts étaient partagés. Que par exemple, la guerre n’était pas la seule responsable de la misère populaire, que la gabegie et l’incompétence à partir de Luanda y étaient pour quelque chose. Sans le vouloir, le régime a donné raison à cette sagesse qui dit qu’à force de noircir le pédigrée de son adversaire, on l’immortalise dans le sens qu’on n’attendait pas. Effectivement, en face d’une gestion peu orthodoxe émaillée de scandales financiers à répétitions, un retour de manivelle s’opère désormais dans l’opinion même celle de la capitale en faveur de l’Unita... Avec 16 députés à l’assemblée nationale, ce score risque d’évoluer fortement aux élections législatives d’Octobre prochain en attendant 2016. Or en 2016, il est probable que le président angolais pour éviter que les luttes de pouvoir n’affaiblissent davantage le parti, pourra se retirer des affaires, au profit de qui? A cette question, seule la Pythie peut répondre.
la Tunisie «révolutionnaire» s’attend à une police différente
TUNIS Les islamistes montrent les dents Cyrille MOMOTE KABANGE
La révolution du printemps arabe qui vrai problème est de distinguer dans Cette déclaration de Moncef Ben Salem a démarré en Tunisie en 2011 a connu le concret, les salafistes des autres ministre de l’Enseignement supérieur, quelque péripéties plus au moins intégristes qui ne penchent pas moins membre historique d’Ennahdha d’égale importance. Du suicide de vers une lecture ou une interprétation faite lors d’une interview filmé en Bouazizi au départ précipité de Ben Ali assez littérale du Coran. Et voilà que 2012 «Bourguiba est d’origine juive et de sa famille, les événements ont pris lors des élections post Ben Ali tenues et tripolitaine. Il haïssait l’islam et le contour d’une espérance qui a déroulé il y a seulement quelque mois depuis l’arabisme […] Ennemi du peuple son tapis de promesses aguichantes: le début de la révolte tunisienne, les tunisien, il a occidentalisé le pays la fin prochaine de la dictature, des islamistes du parti Ennahdha ont raflé notamment en matières des droits de la inégalités sociales et des attentes aux la mise au sein de la constituante avec femme sur ordres de llendes France» libertés individuelles, la mise a l’écart 89 sièges sur 217. Cette formation pèse Une autre le 23 janvier 2012 par définitive de l’islamisme moyenâgeux de tout son poids dans cette instance Lader Chourrou, député Ennahdha à et sa cohorte des diktats obscurantistes ou il aura beaucoup à dire au sein du la constituante «Que les sit-inneurs contre les femmes et les homosexuels. gouvernement de coalition et fera valoir soient punis de mort par crucifions, L’organisation des élections libre ses orientations dans l’élaboration démembrement ou bannissement, et transparentes devait être le car ils sont ennemis de Dieu et de bouquet final à cette accession Une démocratie islamiste mais son prophète et des fouteurs de au bon esprit démocratique sans troubles sur terres» dirigé par un régime civil, déroger aux transports de joie que permet toujours la perspective Récemment «Reporteur sans est-ce possible en Tunisie? d’un changement social qualitatif, Frontières» a protesté vivement au la population dans une portion sujet de l’arrestation du directeur importante n’ont pas donné un chèque de la nouvelle constitution. Mais le du quotidien (Ghourisi) à arrêter le 15 en blanc aux instance provisoire dont double jeu de ses responsable au février à Tunis. la hiérarchie se constituait d’anciens seins du gouvernement a pu abuser Motif: publication d’une photo de l’armée et des hommes de la société bien d’observateur internes et externes d’une femme nue dans les bras civile. qui rêvaient d’un printemps tunisiens d’un footballeur allemand d’origine Mais dans une société traditionnel- aux prolongements démocratiques tunisienne (l’intéressé a commencé lement islamique depuis des siècles, dominés certes par les islamistes mais une grève de la faim mais risque une l’empreinte de l’islamisme de stricte capable de se muer en un régime civil peine allant de six mois a cinq ans obédience ne peut être mise sous à la turque..., un islamiste bon teint d’emprisonnements pour atteinte aux éteignoir. lequel en face de l’armée d’une frileuse bonnes mœurs) profession de foi laïque Atatürk, a du La dictature de Ben Ali, qui, pour des avaler ses convictions djiadistes. «La Libre Belgique du 23 février 2012.» bonnes raisons, semblait naviguer Qui connait la fable «Le petit Chaperon sur des courants contradictoires, Deux exemples pris dans Rouge» de Jean de la Fontaine, n’avait d’ailleurs pris pour cibles que l’hebdomadaire «Jeune Afrique» du comprendra bien pourquoi la force et les terroristes salafistes(les extrêmes 25 février 2012, pourront déjà les faire la prudence font partie des 7 vertus des conservateurs islamiques.) Le réfléchir: Théologales. ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 7
MALI
Chute d’Amadou Toumani Touré ou la défaite d’une politique de consensus MFI / RFI
Amadou Toumani Touré, le putschiste devenu démocrate, a dû quitter son palais présidentiel, le 22 mars dernier, après un coup d’Etat militaire. La chute d’ATT, c’est aussi la défaite du consensus politique dont il avait fait son modèle de gestion. Retour sur une carrière politique hors du commun. Rien ne prédisposait ce général à la retraite d’une soixantaine d’années à entrer en politique. Rigoureux, courtois et imbibé de valeurs africaines, cet homme de dialogue à l’élocution rapide a commencé sa carrière professionnelle comme instituteur en 1966, avant d’intégrer l’armée en 1969. Formé au Mali, en ex-Union soviétique et en France, Amadou Toumani Touré accède en 1978 au grade de capitaine puis commande la Garde présidentielle. Nommé commandant en 1984, il dirige les commandos parachutistes.
depuis vingt-deux ans – alors que ce dernier vient de réprimer dans le sang des manifestations estudiantines.
de l’armée pour entamer une carrière politique et réussit à revenir au pouvoir, cette fois par les urnes, en 2002. Il remporte la présidentielle alors qu’il n’a même pas de parti politique, avec pour seul programme la volonté de travailler avec tout le monde. La recette fonctionne. Sa réélection en 2007 n’est qu’une formalité. Et en 2012, fidèle à luimême, il refuse de modifier la constitution pour briguer un troisième mandat.
Le consensus avait fini par verrouiller toute la société malienne, à commencer par les médias
ATT, le militaire-démocrate En 1990, la vague démocratique qui déferle sur l’Afrique ne tarde pas à atteindre le Mali. Un an plus tard, en mars 1991, Amadou Toumani Touré chasse par un coup d’Etat militaire le dictateur Moussa Traoré – au pouvoir 8
Une fois chef de l’Etat, il accompagne l’avènement du multipartisme, dote le pays d’une nouvelle constitution et organise une élection présidentielle. A l’issue de ce scrutin, auquel il n’est pas candidat, il remet le pouvoir à un civil : Alpha Oumar Konaré. Un geste rare à l’époque dans cette région du monde. ATT devient une icône en Afrique, celle du militaire-démocrate. Il démissionne
Mais la belle image de « l’homme du consensus » a vécu. Au fil des ans, ce mode de gestion a fini par anéantir toute forme d’opposition politique. «Nous sommes rentrés dans l’ère des griots» reconnaît cet ancien ministre pro-ATT, aujourd’hui désabusé devant le bilan politique des dix dernières années. «Progressivement on a assisté à un alignement de tous les partis politiques autour du président», confie un autre homme politique, estimant
KINSHASA De la mélancolie à la maladie du Président Joseph Kabila Cyrille MOMOTE KABANGE
Amadou Toumani Touré
que le consensus a fait reculer l’idée même de la démocratie. Ces dernières heures, les langues se sont déliées. Le consensus a verrouillé toute la société malienne, à commencer par les médias qui sont aux ordres, reconnaît un journaliste malien. Toutes les voix discordantes sont systématiquement dénoncées. Information aux ordres et manque de communication à tous les étages: dans l’armée mais aussi au sein du gouvernement. La classe politique malienne le reconnaît : elle s’est laissé phagocyter. L’opposition a quasiment disparu. A l’époque de la transition, le président Amadou Toumani Touré se plaisait à dire que «les civils ne doivent pas s’étonner d’être renversé par des militaires s’ils gouvernent mal». Gouverner mal, c’est justement ce que reprochent les mutins au chef de l’Etat qui, à peine deux mois avant la fin de son second mandat, l’ont chassé du Palais de Koulouba.
Depuis l’accident d’avion de Bukavu dans lequel a péri l’homme fort de l’entourage présidentiel Monsieur Katumba Mwanka, deux pilotes et des responsables Kabiliste blessés, les SMS circulent dans les milieux de la diaspora à la vitesse de la lumière. Comme dit la sagesse populaire, un malheur ne vient jamais seul. Voici qu’après d’élections présidentielles et législatives calamiteuses, intervient ce crash dont le moins que l’on puisse dire est qu’il a révélé tout un climat autour de la période post électorale. Rumeurs diverses s’ajoutant a la torpeur inhabituelle après tant des manifestations de rue auxquelles les militants de l’opposition ont payé un lourd tribut. Entre la C.N.I fort discréditée qui attend encore de récolter les derniers documents du scrutin législatif au sujet duquel la cour suprême devra une fois de plus, s’exprimer (les réclamations étant légion) et la formation du gouvernement, des twiters font leur sarabande à la toile. Dans ce salmigondis, une situation émerge, celle de la lutte d’influence autour du chef dont le paradigme est sûrement le vieux clivage entre les provinces de l’Est rejointes par les Katanga et l’Ouest (Équateur, Haut -Congo, Bandundu, le Bas-Congo et les deux Kasaï)
Kabila ne se prête pas à des coups de tête géo-partisans. L’après-élection 2011 est grosse de sous entendu et de clair-obscur peu engageant à la fois au chapitre de la sécurité intérieure et des données macroéconomique dont un taux de croissance un peu plus faible que prévu ainsi que l’absence de tonus diplomatique illustrée par le peu de cas montré pour l’investiture du président que tous les responsables africains et internationaux s’embarrassaient de... Les déclarations du Département d’Etat et du gouvernement belge en faveur du Président élu de la République Démocratique du Congo ne redressera pas de sitôt ce que l’ont peut bien appeler «le flou artistique de la communauté internationale au sujet de la légitimité ou non du deuxième mandat du chef de l’Etat Congolais.» Dans cette atmosphère délétère, il est compréhensible que les yeux de chimère soient braqués sur un homme écrasé par le destin. Il n’aura pas été malade contrairement aux bruits que les opposants font circuler à ses dépens que déjà cet avis même ne serait pas la bonne augure pour la R.D.C
Le clan Katangais est à l’aise sur cet échiquier. Mais sait-ont jamais. La conjoncture pour Monsieur Joseph ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 9
DOUALA
Ouverture de la conférence principale de planification, Africa Endeavor 2012 Makeda LYDIE GNOTUOM
Plus de 200 participants en provenance des pays africains, des États-Unis, du Canada, des Pays-Bas, de l’UA, de la CEDEAO et de la CEEAC, participent à cette rencontre. Comme chaque année, les forces armées de plus de 35 pays d’Afrique, d’Europe et de l’ouest, se retrouvent pour évaluer les avancées relatives à la planification de l’Africa Endeavor. Il s’agit d’un exercice conjointement parrainé par le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), et soutenu par l’Union Africaine. Cette année, ce sont les forces armées de la République du Cameroun qui accueilleront au mois de juin prochain, le déroulement de l’exercice baptisé, Africa Endeavor 2012 (AE-12). D’où l’ouverture ce lundi à Douala, de la conférence de planification.
dans le développement des pratiques standard des communication militaires qui permettront de mieux soutenir les opérations à venir dans le théâtre africain, poursuit l’ambassade des États-Unis au Cameroun. Cette année, le but de l’exercice est de tester les liens de communication et les processus utilisés pour soutenir les Forces africaines en attente déployées pour fournir l’assistance humanitaire et répondre à d’autres crises sur le continent africain. En plus de tester l’interopérabilité technique, cet exercice pratique nous permet également d’établir et de développer l’interopérabilité humaine qui doit se produire entre les nations partenaires pour la réussite d’une opération, affirme le commandant de la marine américaine, Bryan McRoberts, planificateur principal de l’AE 2012. Souvent, ce sont les facteurs humains qui s’avèrent les plus critiques au cours d’une crise ou d’une urgence, et les exercices comme celui-ci nous permettent d’établir des relations clés entre les forces avant qu’une crise ne se produise effectivement, ajoute-til. L’événement qui débute ce lundi, s’cheve le 02 mars 2012.
Développer les pratiques standards des communications militaires
Plus de 200 participants représentant 35 pays africains, les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas, l’Union africaine, la CEDEAO et la CEEAC, prennent part à cette rencontre. Le programme de la conférence principale de planification de cette semaine prévoit, une cérémonie d’ouverture officielle le lundi, 27 Mars 2012. Suite au discours du colonel Andrew Kostic, Directeur adjoint de l’AFRICOM pour les exercices, et du Général de Division SALY MOHAMADOU. Commandant de la 10
deuxième Région Militaire Interarmées des forces armées camerounaises, les délégués des 35 nations africaines participantes seront également reconnus, indique l’ambassade des États-Unis au Cameroun.
Au cours des quatre jours suivants, les planificateurs de l’exercice vont s’employer respectivement à finaliser le concept de l’exercice de 2012, et à poursuivre la planification détaillée démarré lors de la Conférence initiale de planification qui a eu lieu à Maseru, au Lesotho en Novembre, 2011. L’AE est axé sur l’interopérabilité des communications entre les nations partenaires africaines. Depuis son lancement en 2006, Africa Endeavor vise à améliorer les capacités sécuritaires de nos partenaires africains en aidant
RDC Kabila et Tshisekedi survivront-ils à cette crise de légitimité ? Décryptage Jean BOOLE
Les appréhensions et les craintes eues au sujet des élections du mois de novembre 2011 dernier, n’ont pas été démenties. Comme on s’y attendait, elles ont abouti à une crise et pas la moindre. Il s’agit d’une crise de légitimité jamais observée dans l’histoire de ce pays. Les avertissements des organisations internationales spécialisées en matière électorale n’ont pas été pris en considération. Crisis Group et la Fondation Carter ont tiré l’alarme sur les inconvénients à organiser ces élections. La communauté internationale, contrairement en 2006, ne s’est pas impliquée financièrement à la hauteur de ce qu’elle avait fait lors des premières élections d’après guerre. De sa part, l’Etat congolais, exsangue, n’a pas mis à profit les cinq années passé, en terme financier par exemple afin de préparer des élections crédible. Alors dans ces conditions l’entêtement de la CEI à respecter le calendrier serré incompressible. Cette détermination de la CEI est suspecte. Cachait-elle un agenda? Desinnombrablesirrégularitésconstatées à toutes les étapes du processus électoral jusqu’à la proclamation des résultats, d’abord provisoire et leur confirmation par la cour suprême de justice ne sont pas seulement dues aux dysfonctionnements organisationnels. Aussi, les contestations soulevées par
l’opposition, notamment par l’UDPS de Monsieur Etienne Tshisekedi, de l’Eglise catholique et la société civile congolaise sont-elles jugées crédible. D’où le déni par la communauté internationale de la crédibilité de ces élections. Ajouté à cela de nombreux actes de violation de droits de l’homme enregistrés pendant ce periode noire. Conséquence, deux légitimités: celle populaire incarnerait Monsieur Tshisekedi, le président de l’UDPS croit dur comme fer qu’il avait gagné ce scrutin. Le soutient incontestable dont il bénéficie des masses congolaises tant a l’intérieur qu’à l’étranger l’ont poussé à s’autoproclamer élu de la RDC. Et Joseph Kabila? Il a été déclaré élu par la cour suprême de Justice de la RDC. De ce fait, il est le président légitime constitutionnellement. Des scènes des protestations gigantesques et violentes jamais vues ont été conduites par les combattants congolais partout dans le monde: Washington, Londres, Berlin, Pretoria, Pékin, Le Caire... A Bruxelles des affrontements ont durés pendantunesemaine,causantd’important dégâts matériels. Au pays, des marches et des mouvements de protestation ont été organisés malgré l’interdiction de la marche des chrétiens, prévue pour le 16 Février 2012. Ces manifestations ont
déclenché des réactions diverses au sein de la communauté internationale. De hésitation en Belgique, comme toujours lorsqu’il s agit du Congo. C’est l’absence de courage dans le chef des politiques belges par rapport au Congo. Et ce malgré quelques déclarations timides des uns et des autres. Le libéral francophone, Didier Reynders, le ministre des Affaires Etrangères a déploré l’attitude de la cour suprême de justice dans le traitement... Philippe Moreau bourgmestre et dirigeant socialiste a préconisé a préconisé le recomptage des bulletins. Jusque-là, les flamands «sibyllins» ne se sont pas encore fait entendre sur ce dossier. Quant aux Etats-Unis, la reconnaissance de Joseph Kabila est intervenue deux mois après la proclamation. Paris, ne se prononce pas encore. La RDC n’est pas la Cote d’Ivoire! Quelle sera son issue, cette crise de légitimité affaiblira durablement, déjà les deux principaux protagonistes, à savoir Monsieur Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila. L’un comme l’autre, au terme de cet insurmontable échec électoral. Quel que soit, leur avenir politique auront des difficultés insurmontable de rassembler et de faire l’unanimité. Au pire, il y a un risque qu’ils ne survivent pas a cette crise, créer par des élections abracadabrantesques dont on peut dire qu’elles sont inscrites dans le code génétique des Etats africains. ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 11
SENEGAL L’exemple pour toute l’Afrique Jean-Baptiste PLACCA (MFI)
Respect, peuple du Sénégal !
Là où l’on craignait le pire, le meilleur a surgi, majestueux, éblouissant, et il se nomme Sénégal. Le 25 mars dernier, une demi-heure à peine après la clôture du scrutin, radios et télévisions ont commencé à égrener les résultats, livrés en direct par leurs correspondants, depuis les bureaux de vote.
Respect, peuple du Sénégal ! De Podor à Ziguinchor, de Louga à Tambacounda, les chiffres pleuvaient, et chaque citoyen pouvait faire lui-même ses comptes. On passait de Saint-Louis à Bruxelles, de Kaolack à Libreville, de Thiès à Paris, de Kolda à Malabo… au rythme du choix des Sénégalais, dans une transparence qui ne laissait aucune chance à des manipulations douteuses. Peu après 21h30, les présentateurs livrent la dépêche de la délivrance : « le président Abdoulaye Wade vient d’appeler Macky Sall au téléphone pour le féliciter de sa victoire ». Le profond soupir que pousse alors le peuple sénégalais s’entend partout en Afrique, et même au-delà des mers. Quel soulagement ! Quel bonheur ! C’est à vous donner envie d’être Sénégalais ! 12
L’élégance du perdant Ce dimanche 25 mars 2012 est un de ces jours que l’Histoire, jamais, n’oublie. Respect ! Profond respect pour ce peuple, qui ne peut imaginer quel immense service il vient de rendre à l’Afrique. Continent du pire, si souvent malmené par le sort, trop souvent abaissé, avili par l’indignité de quelques-uns de ses dirigeants politiques, l’Afrique, en une nuit, peut aussi afficher le meilleur, et c’est, ici, le Sénégal, fier, digne et debout! Vous imaginez-vous que si Abdoulaye Wade avait, comme certains, défiguré la Constitution de son pays, pour une proportionnelle de convenance, il aurait été déclaré vainqueur de cette présidentielle, puisqu’il est arrivé en tête au premier tour ? Les Sénégalais viennent de déployer, devant l’Afrique, toute la chaîne électorale, avec les bons, les seuls
ingrédients qui concourent à la crédibilité d’un scrutin. De véritables travaux pratiques, que certains Etats africains auraient tort de feindre d’ignorer. Enfin, il y a l’élégance du perdant. Abdoulaye Wade. Maître Wade !... Si vous exigez des excuses, on ne saura vous les refuser ! Certes, personne n’oublie les drames et les psychodrames de ces derniers mois. Toute cette tension, ces morts, cette angoisse !… On vous suspectait du pire. Mais, au bout du processus, l’amour pour votre peuple a pris le dessus.
Respect ! Respect et merci d’avoir ainsi indiqué aux dirigeants africains le chemin de l’honneur !
Abdoul Mbaye nommé Premier ministre Par O.L.V. Le président Macky Sall a nommé le mardi 3 avril Abdoul Mbaye comme Premier ministre. Chef d’entreprise et banquier de formation, 59 ans, Abdoul Mbaye devrait maintenant former le nouveau gouvernement du Sénégal sans dépasser les 25 personnes. La nomination de M. Mbaye a été précédée du premier discours à la nation de Macky Sall qui a dit vouloir un règlement pacifique du conflit casamancais qui dure depuis près de trente ans. Le nouveau président sénégalais a notamment déclaré que le retour de la paix en Casamance était pour lui l’une des priorités nationales, que pour cela il tendait «une main fraternelle aux dirigeants et combattants du MFDC». Macky Sall a également réaffirmé sa volonté d’associer la Guinée Bissau et la Gambie à la solution du conflit. «Le retour définitif de la paix dans la région naturelle de Casamance constitue pour moi l’une des premières priorités nationales (…) C’est pour moi l’occasion de tendre une main fraternelle aux dirigeants et aux combattants du MFDC».
Macky Sall, le nouveau président du Sénégal.
Un technicien au poste de Premier ministre, pour la transparence ! Sur la crise alimentaire qui touche l’ensemble du Sahel, et certaines zones du Sénégal, le président sénégalais a lancé un appel aux partenaires du pays pour un programme d’urgence visant à assister les zones rurales touchées par le déficit de récoltes. Macky Sall a insisté sur son souci de transparence, son désir de lutter contre les niches de gaspillage, son souhait de restituer aux organes de contrôle et de vérification la plénitude de leurs attributions. La décision de nommer un technicien, le banquier Abdoul Mbaye au poste de Premier ministre est un autre signe de cette volonté de changement. Cet ancien directeur général de la banque de l’habitat du Sénégal, puis de la CBAO, a déclaré dès son arrivée à la présidence que son gouvernement devrait conduire les affaires publiques dans la plus grande transparence. Dans son discours, Macky Sall a également annoncé qu’il allait dissoudre l’Assemblée nationale et que les élections législatives auraient lieu le 1er juillet et non pas le 17 juin comme prévu.
Ceux dont l’Afique à besoin O. L. V.
L’Afrique a besoin d’hommes qui ne se laissent pas acheter, d’hommes qui tiennent parole, d’hommes qui mettent l’honneur au-dessus de l’argent, d’hommes qui ont une opinion et de la volonté. L’Afrique a besoin d’hommes honnêtes dans les petites choses comme dans les grandes, d’hommes courageux et désintéressés, qui ont du coeur au point d’accepter de sacrifier leur intérêt personnel à celui des autres ou de la communauté. L’Afrique a besoin des jeunes qui ont un idéal et qui le poursuivent quelque soit les moqueries de leur relation, leurs camarades... L’Afrique a besoin des conducteurs spirituels qui attendant et suivent un appel supérieur à celui de l’approbation publique, ou d’un gros salaire ou d’une grosse église en vue. L’Afrique a besoin des journalistes qui n’ont pas peur de l’opinion de la majorité, qui écrivent pour la justice et la vérité même s’ils ont à souffrir... L’Afrique a besoin d’hommes qui demeurent incorruptibles, sourds aux intrigues et aux ambitions personnelles et qui ne cherchent que le seul bien de la patrie. En un mot et en guide de conclusion, a conclu ce journal, l’Afrique a besoin d’hommes animés de l’Esprit de Jésus, d’hommes qui l’aiment, le suivent de leur mieux en tout temps et en tout lieu...
ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 13
Les manifestations se poursuivent au Caire
EGYPTE Le spectre d’un nouveau conflit civil Idriss LINGE
Le régime est fortement critiqué depuis le drame de Port-Saïd, survenu à la suite d’un match de championnat de football local qui a causé la mort de 74 personnes 14
Les affrontements se poursuivent au Caire entre manifestants égyptiens et policiers. Les heurts se sont interrompus un moment à hauteur de la place Tahrir, mais la tension est plus importante chaque jour, selon les témoins cités par des agences de presse. Les violences ont commencé, au lendemain du drame de Port Saïd ou 74 personnes ont perdu la vie dans un stade de football. Les autorités égyptiennes sont accusées d‘être restées passives. L‘événement a relancé la contestation
contre le pouvoir militaire qui dirige le pays depuis la chute de Hosni Moubarak il y a presque un an. D’ailleurs pour fêter cet anniversaire, des étudiants et des militants prodémocratie ont appelé à des grèves et des actions de “désobéissance civile”. La désobéissance civile est nécessaire si le Conseil militaire continue d’agir avec entêtement. Il y a un agenda sur la table, et le Conseil restera en place tant qu’il répondra aux demandes du peuple égyptien, explique un habitant du Caire selon une information rapportée par la chaine Euronews. Dans la foulée un manifestant a été tué lundi 6 février au cours d’une ultime manifestation, où des militants ont appelé à la désobéissance civile pour marquer le premier anniversaire du départ de l’exprésident Hosni Moubarak le 11 février. La mort de ce manifestant rapportée par le ministère de la Santé, porte à 13 le nombre de décès depuis le début jeudi des violences, provoquées après un match de football mercredi de la semaine dernière. Les rues autour du ministère de l’Intérieur étaient couvertes de fumée, la police tirant régulièrement des gaz lacrymogènes, selon un journaliste de
l’AFP. Les affrontements, qui s’étaient poursuivis durant la nuit avant de s’interrompre dans la matinée, ont repris en début d’après-midi, avec des échanges de jets de pierres entre forces de l’ordre et protestataires. Selon des témoins, la police a également tiré à la chevrotine contre les manifestants dans des rues proches de la place Tahrir menant au ministère de l’Intérieur. Le Parlement a consacré ses débats de lundi aux violences et plusieurs députés ont été envoyés sur place pour enquêter. Les forces de sécurité sont accusées d’être restées passives face aux violences entre supporteurs à Port-Saïd, l’une des pires tragédies de l’histoire du football. Cela a relancé la contestation contre l’armée, à la tête du pays depuis le départ de M. Moubarak le 11 février 2011 sous la pression de la rue. Au Caire, les policiers ont érigé des murs dans plusieurs rues menant au ministère de l’Intérieur pour empêcher les manifestants de passer. L’éditorialiste Amr Chobaki souligne dans le quotidien indépendant AlMasry Al-Yom la difficulté de rétablir la confiance dans ce ministère, toujours discrédité aux yeux de nombreux Egyptiens. Le problème de ce ministère est complexe, en raison de son rôle sous l’ancien régime et de la collusion entre certains de ces chefs actuels et l’ancien système, écrit-il. Une fois ce ministère purgé et restructuré, les gens retrouveront confiance et pourront le soutenir, ajoute M. Chobaki, également député libéral dans la nouvelle assemblée. Les manifestations devraient se poursuivre jusqu’au weekend. Des étudiants de plusieurs universités ainsi que des groupes de militants pro-démocraties ont par ailleurs appelé à des grèves et des actions de «désobéissance civile» pour l’anniversaire du départ de M. Moubarak.
Le siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba
L’UNION AFRICAINE Une année sans président MFI / RFI
Le dernier sommet de l’Union africaine s’est achevé dans l’échec. Conséquence, la Commission de l’Union africaine n’a pas de président. Ni le Gabonais Jean Ping, candidat à sa propre succession, ni sa concurrente, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, n’ont pas remporté la bataille pour la présidence de la Commission. Le vice-président de l’Union africaine assurera l’intérim jusqu’en juin. Par contre, le président du Bénin, Thomas Boni Yayi a succédé au président Obiang Nguema à la tête de l’organisation. Aucun président de la Commission n’aura été élu malgré 4 tours de scrutin. Au premier tour, le Gabonais Jean Ping, président sortant de la Commission de l’Union africaine (UA) a obtenu 28 voix contre 25 pour Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-ministre des Affaires étrangères sud-africaine. Le deuxième tour fut plus serré (Ping 27, Zuma 26). Et au 3e tour, Jean Ping ayant obtenu 29 voix contre 24 à Mme Zuma, cette dernière s’est retirée, conformément au règlement interne. Mais au 4e tour, Jean Ping n’ayant obtenu que 32 voix, c’est-à-dire moins que les deux tiers nécessaires à son élection, il s’est retrouvé, lui aussi, éliminé. C’est donc le vice-président de l’UA qui assurera l’intérim jusqu’au prochain sommet des chefs d’État en juin. Quelles conséquences sur le futur de l’Organisation? L’imposante délégation sud-africaine était pourtant en ordre de bataille. Le président Jacob Zuma avait multiplié les a parte, tout comme sa ministre des Affaires étrangères Maite NkoanaMashabane. Et tous les délégués ont eu droit à une petite brochure sur papier glacé vantant les qualités de
Nkosazana Dlamini-Zuma. L’actuelle ministre de l’Intérieur promettait de travailler au développement économique et social, à l’élimination des conflits, à la promotion de la démocratie, à la bonne gouvernance et à l’émancipation des femmes. En soulignant que son peuple a joué un rôle majeur dans la libération du continent. Dans l’autre camp, la discrétion était de mise. Le président gabonais Ali Bongo et son chef de la diplomatie se sont livrés aux mêmes jeux des entretiens discrets. Jean Ping affichait une mine sereine. Il a participé ce dimanche après-midi à une longue réunion sur la crise dans la bande sahélo-saharienne. Les 54 délégués devaient les départager dans la matinée, lors d’un vote à bulletin secret. Les ingénieurs chinois avaient installé un système de vote électronique sur chaque pupitre. Pour être élu, il fallait donc obtenir les deux tiers des voix, ce qu’aucun des deux prétendants n’est parvenu à remporter. Avant le verdict, de nombreux diplomates affirmaient déjà que cette bataille pour le poste de président de la Commission aurait des conséquences sur le fonctionnement futur de l’Organisation. ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 15
GUINEE EQUATORIALE Bien mal acquis: Indignation de la Guinée équatoriale après des perquisitions à Paris Idriss LINGE Un communiqué officiel dénonce, ce qui est interpreté par le gouvernement équato-guinnéen, comme une violation des droits internationaux
Deux juges français ont entrepris mardi 14 février 2012, de fouiller l’immeuble parisien du fils du président de la Guinée équatoriale, visé par une plainte dans l’enquête sur les biens détenus en France par des dignitaires africains. La perquisition devait se poursuivre jusqu’à cette fin de semaine dans cet immeuble, qui selon les premiers commentaires des policiers, invitait à l’émerveillement, pour un pays classé dans la catégorie des Etats pauvres. L’organisation anti-corruption Transparency International, à l’origine de cette affaire, estime que l’opération conforte le soupçon selon lequel les dirigeants équato-guinéens, dont Teorodin Obiang, le fils du président, pillent les caisses de l’État. Selon une information rapportée par le journal Le Parisien, ces biens seraient évalués à plusieurs dizaines de millions d’euros. On a recensé pêle-mêle, 5 000 m2 sur 6 étages, 101 pièces, un bureau Louis XV estimé à 1,6 million, des oeufs Fabergé, 18,35 millions d’euros d’œuvres d’art issus de la vente de la collection d’Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, des salles de bains immenses, jaccuzzi, salle de cinéma, salon de coiffure, salle de sport. Des images qui font le tour d’internet, montrent des camions de déménagement faisant des va-et-vient pour tout embarquer. En septembre 2011, une première opération du genre avait déjà permis
la saisie de 16 voitures parmi les plus chères au monde (Maserati, Aston Martin, Rolls Royce, Porsche, Bugatti, Bentley, Ferrari).
...une vie de playboy fortuné en Californie, selon l’organisation Human Rights Watch... La Guinée équatoriale parle de son côté d’une violation de la protection diplomatique et de sa souveraineté et songe à saisir la Cour internationale de la justice, selon son avocat, Olivier Pardo. «La résidence attaquée par les autorités de la police française appartient à l’Etat de la République de Guinée équatoriale (...). Le gouvernement de Guinée équatoriale espère que les autorités supérieures et décisionnaires de la République française prennent les décisions qui s’imposent, conformément au droit international et se réservent le droit de la réciprocité, si la violation des intérêts de l’Etat de Guinée équatoriale se consommaient», a réagi
Téodoro Obiang Nguema Mbasogo, l’actuel président de la République de GuinéeEquatoriale depuis 1979
le gouvernement de ce pays hier, jeudi 16 février 2012, selon une information rapportée par l’Agence France Presse (AFP). La Guinée équatoriale aurait manifesté dans la même circonstance, sa foi dans l’esprit des excellentes relations d’amitié et de coopération historiques qui ont existé entre la Guinée et la France comme dans les intérêts politiques, économiques et socioculturels qui soutiennent ces relations, et entretient l’espoir que par respect envers le droit international le gouvernement français donnera une réponse satisfaisante à cette situation intolérable. Pressenti pour lui succéder par son père, qui gouverne sans partage depuis son coup d’Etat de 1979, Teodorin Obiang fait depuis plusieurs années l’objet d’enquêtes pour blanchiment et corruption aux Etats-Unis, où il a longtemps mené une vie de playboy fortuné en Californie, selon l’organisation Human Rights Watch, qui avait dénoncé la commande par le fils du président Obiang d’un paquebot, le plus cher au monde. Petit pays de 700.000 habitants environ, la Guinée est devenue le troisième producteur sub-saharien de pétrole mais la majorité de la population vit encore dans la pauvreté malgré une impressionnante politique de grands travaux. ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 17
CEDEAO ALASSANE OUTTTARA Vengeance ou réconciliation Jean BOOLE Qui l’aurait pensé? Alassane Ouattara, le chef d’Etat Ivoirien est, depuis février/2012, le président en exercice de la Cédeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Souvenons-nous: un peu plus d’une année, à Abuja (Nigéria), la même organisation sous-régionale était divisée sur la crise ivoirienne. A l’époque, les dirigeants des 15 états membres étaient incapables de mettre en œuvre l’option militaire qui aurait pu, à temps, chasser Laurent Gbagbo au profit d’Alassane Ouattara, aujourd’hui, président. J’ai confiance en Ouattara, disait le président Goodluck, le président nigérian, à l’occasion de l’élection, à Abuja, de M. Alassane. L’Ivoirien verrait-il dans celle-ci une occasion de revanche? Dans les prochains jours, plusieurs pays de la région organiseront des élections. Il s’agit du Sénégal, du Mali, de la Guinée Bissau, du Ghana, de Sierra Leone. Au regard de sa nouvelle fonction, Ouattara aura un mot à dire en cas de contestation. Contrairement au Nigéria, certains pays concernés par ces élections à l’instar du Ghana ne se sont pas montrés particulièrement 18
favorables à Alassane. Est-ce que, le sens de la responsabilité prendre t-il le dessus sur toute autre considération? D’après ses propres dires, son mandat aura comme priorités la sécurité et le renforcement de la démocratie dans les 15 Etats membres de la Cédeao. Avec raison: la sous-région est sous la menace de l’instabilité.
« J’ai confiance en Ouattara », disait le président Goodluck Dans la région sahélo-saharienne, il prévaut une situation humanitaire désastreuse, la piraterie, le conflit malien et la crise électorale en Guinée -Bissau. Sur le plan économique, l’intégration monétaire traîne les pieds. Pour ces problèmes, il faut des solutions. Ouattara, en tant que président en exercice, comptera sur ses paires pour réussir. Donc, une réconciliation avec quelques chefs d’Etats.
Au-delà d’une reconnaissance et honneur faits à sa personne comme il disait quelques moments après son élection, il s’agit d’un contrat avec obligation de résultat. Évidemment, on comprend son émotion, car une année plus tôt, son arrivée au pouvoir ne faisait pas l’unanimité. Engagé, au plan intérieur, dans un processus de réconciliation et de reconstruction, Ouattara a intérêt à réussir son action au niveau sous-régional. Pour cause, la déstabilisation de certains pays voisins pourrait avoir une incidence négative sur ses frontières. En plus, sans l’intégration économique régionale, comment réussir la renaissance ivoirienne, évoquée dernièrement, à Paris, devant le Medef International, par le président Ouattara? La réussite du mandat au niveau de la Cédeao placera le président Alassane Ouattara dans une bonne position au plan ivoirien.
SOUDAN Chine et Russie accusées d’alimenter le conflit Idriss LINGE Selon un rapport des organisations non gouvernementales, ces deux pays ne respecteraient pas l’embargo sur les armes appliqué aux deux Soudan. Selon une communication rendue publique par l’organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty international, les balles de fabrication chinoise et les avions achetés à la Russie sont utilisés pour continuer à commettre des violations des droits de l’homme dans la région soudanaise du Darfour malgré un embargo sur les armes. Ces violations comprennent des attaques ciblées contre des populations civiles, commises pour des motifs ethniques, et des bombardements aériens sans discernement ayant contribué au déplacement de quelque 70 000 personnes de leurs foyers et villages, ont affirmé ses responsables. La Chine et la Russie vendent des armes au gouvernement du Soudan tout en sachant qu’une bonne partie sera de toute vraisemblance utilisée pour commettre des violations des droits de l’homme au Darfour, a déploré pour sa part Brian Wood, responsable des recherches sur le contrôle des armes à Amnesty. Le Soudan continue par ailleurs d’importer un nombre considérable de véhicules blindés provenant du Bélarus et de la Russie. Amnesty International a recueilli des informations montrant que des véhicules blindés BTR-80A et des lanceroquettes multiples montés sur des véhicules Land Cruiser ont été utilisés lors d’opérations menées par les forces armées soudanaises et d’opérations conjointes entre celles-ci et les FDP au premier semestre 2011, peut-on lire dans un communiqué officiel de l’organisation. Amnesty recommande au-delà des embargos, une véritable loi contraignante, pour le commerce international des armes. La semaine prochaine, au siège de l’ONU à New York, le Conseil de sécurité examinera
à nouveau les sanctions existantes à l’encontre du Soudan. Les États reprendront également les négociations cruciales concernant un futur traité sur le commerce des armes. Un traité efficace obligerait les gouvernements à cesser les transferts à destination de pays où il existe un risque important que les armes soient utilisées pour commettre ou faciliter de graves violations des droits humains ou des crimes de guerre fait-on savoir au sein de l’organisation. Sur le terrain les observateurs tirent la sonnette d’alarme. Des délégations des deux pays (Nord et Sud soudan), doivent arriver ce vendredi après-midi à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine, pour reprendre des discussions dans l’impasse depuis la proclamation d’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011. Khartoum (Nord Soudan) a reconnu avoir saisi au moins 1,7 million de barils de brut sud-soudanais depuis que le Soudan a annoncé en novembre qu’il prélèverait 23% des exportations sud-soudanaises transitant par ses infrastructures en guise de droit de passage. Juba (Sud Soudan) qualifie ces prélèvements de vol et a annoncé en représailles qu’il suspendait jusqu’à nouvel ordre sa production pétrolière. Le Soudan du Sud a hérité à son indépendance des trois quarts de la production du Soudan, estimée à 470.000 barils par jour avant la sécession, mais l’Etat nouvellement indépendant ne peut exporter son pétrole que via le Nord c’est-à-dire son voisin et ennemi. Au sein de la population la situation devient intenable. L’augmentation des prix a atteint des seuils historiques et la sortie de crise ne semble pas pour demain.
ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 19
Le président / Candidat Barack Obama à l’assaut…
ETATS UNIS Présidentielle américaine 2012
Stefanie SCHÜLER
Barack Obama a tenu dans la soirée du 24 janvier son Discours sur l’état de l’Union. Une intervention traditionnelle devant le Congrès américain qui a aussi été l’occasion pour le président sortant de convaincre ses compatriotes de lui confier un deuxième mandat en novembre prochain. En attendant, le département de la Défense se serre déjà la ceinture Depuis des mois, Barack Obama n’est pas au mieux dans les sondages. Les fameux électeurs indépendants, ceux qui votent tantôt républicain, tantôt démocrate, se montrent très sceptiques à l’égard du président sortant. Si 52 % d’entre eux ont voté pour Barack Obama en 2008, les deux tiers se disent aujourd’hui insatisfaits. Objet de leur mécontentement: la situation économique. Pour Françoise Costes, spécialiste de politique intérieure américaine à l’université de Toulouse, Barack Obama a sous-estimé l’ampleur de la crise à son arrivée à la MaisonBlanche.
«Faire revenir les emplois qui ont été délocalisés» «Le président a cru que la somme énorme de 787 milliards, injectée dans son plan de relance, allait suffire pour redresser l’économie américaine. Aujourd’hui, la reprise est là, mais elle est très lente. Si la baisse du chômage se confirme dans les mois à venir, les électeurs indépendants pourraient être tentés de repartir vers lui. Mais 20
si la situation économique continue à stagner, Barack Obama sera vraiment dans de très graves difficultés». En conséquence, l’économique sera, comme en 2008, au cœur de la campagne de Barack Obama. «Le président doit continuer à créer des nouveaux emplois, par exemple dans le secteur de la production», explique Joseph Smallhoover, membre du Comité national du Parti démocrate américain. «Barack Obama va concentrer ses efforts sur ce qu’on appelle le ‘Insourcing’. Il s’agit de faire revenir les emplois qui ont été délocalisés vers d’autres pays sous la présidence de George W. Bush. Nous allons également travailler sur tout ce qui concerne l’infrastructure et l’éducation, ne serait-ce que d’installer des technologies dans toutes les écoles et essayer d’améliorer ainsi la formation des futures salariés». Le Congrès, meilleur atout du candidat Obama Mais, au-delà des actions politiques à venir, le président Obama dispose d’une arme redoutable pour contrer les éventuelles critiques sur sa gestion de
la crise. «Cela peut paraître paradoxal, mais le meilleur atout du candidat Obama va être le Parti républicain et plus précisément, le Congrès à majorité républicaine», estime Dick Howard, professeur de philosophie politique à la Stony Brook State University de New York. «Ce congrès a systématiquement bloqué toutes les mesures proposées par le Président. Les républicains ont passé leur temps à lui mettre des bâtons dans les roues, sans faire aucune contre-proposition sérieuse. Aujourd’hui, les Américains sont dégoûtés par le Congrès. Et Barack Obama va en tirer profit et se présenter contre le Congrès». On ne connaît pas encore l’adversaire de Barack Obama pour la course à la Maison-Blanche. Les primaires sont en cours pour désigner le candidat républicain. Mais d’ores et déjà, deux visions diamétralement opposées sur ce que devraient être les Etats-Unis s’affrontent avec violence. «Nos sympathisants, nos militants, nos adhérents continuent, se mobilisent toujours d’une façon très importante afin de financer notre campagne, constate Joseph Smallhoover. Il s’agit surtout de petits dons d’environ 60 dollars en moyenne. Ce sont des contributions que n’importe quelle famille, si elle cherche un peu, peut
ETATS UNIS
Le département de la Défense se serre la ceinture MFI / Avec Raphaël Reynes, correspondant de RFI à Washington
L’économie une fois encore au cœur de la campagne Obama assumer pour soutenir la campagne démocrate. Et en face, nous avons des milliardaires qui contribuent de façon très occulte à financer la campagne des républicains». Si la campagne démocrate est bien évidemment elle aussi financée par certaines personnes fortunées, le président sortant se veut depuis quatre ans le défenseur des victimes de la crise. Affrontement idéologique et caricature politique «Obama se place comme le défenseur des classes moyennes qui payent la crise par le chômage, par les difficultés de leurs enfants à trouver du travail ou de payer leurs études, alors que les impôts des riches continuent de baisser à cause des coupes fiscales instaurées sous l’ère Bush et qui sont encore en place», analyse Françoise Coste. Ce positionnement de Barack Obama lui vaut d’être qualifié par ses adversaires républicains de «socialiste».
«Traditionnellement, la droite américaine se place du côté des petits contre l’élite; pas l’élite économique mais l’élite intellectuelle qu’Obama incarne parfaitement. On assiste à une campagne présidentielle qui sera très polarisée», prédit la spécialiste. «Observez les primaires républicaines, où on ne parle finalement pas beaucoup de l’économie ou du chômage. La thématique prioritaire des républicains est la suivante: Obama n’est pas un vrai Américain. Ses adversaires ne cessent de répéter que le président ne correspond pas aux valeurs américaines, qu’il ne les comprend pas. Les républicains sous-entendent que Barack Obama est un étranger. La campagne jouera sur ce plan là ce qui est très malsain pour la démocratie américaine». Selon de nombreux observateurs, cet affrontement idéologique entre républicains et démocrates va virer à la caricature politique pendant les mois à venir, au risque d’occulter les vraies préoccupations des Américains.
Le Pentagone présentait, ce 26 janvier, ses orientations budgétaires pour les années à venir. Un budget en baisse, reflet de l’austérité qui attend la Défense américaine ces prochaines années. Pour combler le déficit public abyssal qui touche les Etats-Unis, le Congrès a imposé au Pentagone, et à son chef, Leon Panetta, de trouver 487 milliards de dollars d’économies au cours des dix prochaines années. Et ce sont les forces terrestres américaines qui feront les frais de cette austérité. Moins 72 000 hommes pour l’armée de Terre, moins 20 000 soldats pour le corps d’élite des Marines: au total, les forces terrestres américaines seront amputées de près de 100 000 hommes d’ici 2017. Mais Leon Panetta assure que les Etats-Unis demeureront «capables de vaincre n’importe quel ennemi sur Terre». Le secrétaire à la Défense prône une armée plus moderne: «Ce sera une armée plus petite, allégée. Mais elle sera agile, flexible, déployable rapidement et avancée sur le plan technologique. Ce sera une force de pointe». Le budget présenté prévoit 259 milliards de dollars d’économies sur les cinq prochaines années. Conformément à la stratégie définie par Barack Obama au début du mois, ce sont les opérations extérieures qui sont abandonnées. Seuls l’Asie et le Moyen-Orient demeurent des zones prioritaires pour l’Administration américaine.Et moins d’effectifs riment avec moins de bases militaires sur le territoire américain: une commission du Congrès sera chargée d’identifier les bases à supprimer. «Les 50 Etats seront touchés à part égale», précise de son côté Leon Panetta. ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 21
ETATS UNIS
Obama: Déception de l’Afrique? Jean BOOLE EKUMBAKI
La réélection du président Obama fera-t-elle vibrer la jeunesse africaine comme naguère. Doute! Mais sa défaite le 06/décembre prochain n’est pas souhaitée par les Africains. Question d’image et de fierté. Seul l’honneur d’avoir un président noir à la Maison Blanche, reste la consolation des millions d’Africains. Nombreux parmi eux ont vu dans l’arrivée du premier Africain-Américain à la Maison Blanche comme celle du Messie.
Des scènes de liesse, presque hystériques dans les capitales. Les tam-tams, dans les villages africains, ont raisonné à la folie. Côté intellectuel, des éditorialistes se sont rivalisés le talent pour argumenter sur l’intérêt que représentait la victoire du fils de l’immigré kenyan pour l’Afrique. L’heure est au bilan. Alors, en quatre ans, qu’a fait Obama pour l’Afrique? On ne dira pas zéro. Mais très peu! Bien sûr, Washington, sous l’impulsion de Barak Obama, a joué un rôle non négligeable dans l’acquisition de l’indépendance par le Sud-soudan composé majoritairement des Noirs, chrétiens et animistes. Les Africains ont-ils droit d’attendre plus de choses d’Obama plutôt qu’un d’autre président américain? Obama est un fils d’immigré du Kenya. A priori, cette situation le disposait à plus de sensibilité aux difficultés de l’Afrique. Alors sénateur de l’État de l’Illinois, il a œuvré pour l’objectif du millénaire pour le développement. Selon sa propre confession la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud représente son premier engagement en politique. C’est ainsi que pendant la précédente campagne électorale, le candidat Obama avait promis, en cas de son élection 50 milliards de $ afin de lutter contre le sida, en Afrique subsahérienne. Aujourd’hui ‘hui, on est bien loin du compte. A la tête de l’Etat le plus puissant et influent de la planète, Obama n’a pas fait mieux pour l’Afrique que ses deux derniers prédécesseurs: MM. George Bush et Bill Clinton. En terme de présence, en quatre ans, il n’a passé que 48 heures en Afrique. C’était 1999, au Ghana. Le sens, à cette occasion, de son grand discours a étonné ses auditeurs africains: ‘il appartient aux Africains de décider de l’avenir de l’Afrique’, a-t-ilrappelé. Mais ce fameux discours de responsabilisation était marqué d’un sceau d’oubli: l’ingérence étrangère, une des causes des conflits qui déstabilisent le continent; l’exploitation sans contre-partie des ressources africaines. Logiquement, Obama arrive à la fin de son mandat sans une grande initiative de développement pour le continent noir. Même aux, pires moment de la famine que vient de vivre la Corne de l’Afrique. Rien! Même il a
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soutenu la l’indépendance du SudSoudan dont la population noire, animistes et chrétiens...souffrait des persécutions des gens du nord à plus de 90% musulmans Par contre, le conservateur Bush s’est illustré par un programme d’urgence d’aide à la lutte contre le sida et la distribution de traitements rétroantiviraux. Sans le dédouaner de sa responsabilité dans l’instabilité de la région des Grands Lacs, à cause de la guerre du Congo, le démocrate Clinton a mis en place african growth and opportunity act.
«B. Obama a été élu par les Américains pour redresser l’Amérique» Lors du cinquantenaire des indépendances africaines, on attendait le frère Obama sur le plan politique. Un rendez-vous pour pas grand-chose. A la Maison Blance dans une sorte de show à l’américaine, le président Obama a reçu 120 jeunes africains. L’heure était à l’écoute. C’était une occasion à la jeunesse africaine de lui parler de vive voix de leurs préoccupations quotidiennes, de leurs espérances... un programme numérique a été mis en place: Twiter, Facebook pour communiquer avec le président américain. On dirait que depuis lors que le président ne répond plus... Il est sourd aux aspirations de la jeunesse noire à la démocratie, à la sécurité. Pas d’appui aux réformes démocratiques et de soutien aux forces de changement qui se manifestent ici et là en Afrique noire. Pas d’avertissement aux présidents qui passent leur temps à mettre tout en œuvre pour leur réélection au lieu de penser au bienêtre des générations futures et de l’avenir de leurs pays. A l’époque de l’élection du président Obama, dans le concert d’éloges et de satisfaction, une voix dénotait. C’était celle du vieux Wade: ‘Barak Obama a été élu par les Américains pour redresser l’Amérique’. Le président Obama aura-t-il l’occasion de réparer les dégâts de son oubli de l’Afrique avec l’Afrique?
ISRAËL SYRIE LIBAN Violences en Syrie: Israël scrute ses frontières nord Nicolas FALEZ, envoyé spécial de RFI à la frontière israélo-syrienne Le soulèvement qui menace Bachar el-Assad en Syrie est observé avec attention par les dirigeants et les militaires israéliens. Cette situation pourrait-elle avoir des conséquences sur cette frontière restée calme dans les dernières décennies. De même, la chute du régime de Damas pourrait-elle modifier la donne au Liban, avec lequel Israël partage également une frontière. Les officiers israéliens qui nous accueillent sur cette importante base du nord du pays décrivent une frontière israélo-syrienne extrêmement calme depuis près de quarante ans. Conquis en 1967 sur la Syrie, le Plateau du Golan est une immense étendue verte où les vaches paissent paisiblement entre des panneaux signalant des champs de mines. Les forces syriennes ont tenté en vain de reprendre cette région stratégique en 1973 lors de la Guerre du Kippour. Depuis, les deux voisins se côtoient, séparés par une étroite zone-tampon où évolue une force d’observation des Nations unies. Mais aujourd’hui, sur fond de soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad, tout peut basculer. «Nous étudions différents scénarii, nous confie un officier supérieur. Si la monnaie syrienne s’effondre; si Bachar el-Assad est exécuté en public; si l’armée syrienne fait défection… Quelles pourraient alors être les conséquences à la frontière?» Deux alertes en mai et juin Les militaires estiment que le régime de Bachar el-Assad n’aurait aucun intérêt aujourd’hui à souffler le chaud à la frontière israélienne. En revanche, l’armée redoute des actes isolés ou difficiles à contenir. Il y a déjà eu deux alertes en mai et juin derniers, lorsque des centaines de Palestiniens de Syrie ont tenté de pénétrer en territoire israélien. Plusieursmanifestantsavaient alors été tués par des tirs israéliens ou des explosions de mines. L’Etat hébreu estime que Damas a instrumentalisé les réfugiés palestiniens de Syrie pour 24
tenter de détourner l’attention des émeutes qui commençaient à s’étendre. Ces deux journées de violences du printemps 2011 illustrent en tout cas le caractère volatile de cette zone. Nous sommes ici à quelques dizaines de kilomètres seulement de Damas, mais l’armée israélienne affirme que le pouvoir syrien perd peu à peu le contrôle dans cette région frontalière. Sur fond d’insurrection, la pauvreté a gagné du terrain. Le risque, selon l’officier israélien qui nous reçoit, c’est aussi que cette situation nouvelle favorise l’émergence de groupes terroristes. Le Hezbollah est toujours là En cas de chute de Bachar el-Assad, pourrait-on voir affluer à la frontière certains de ses fidèles, notamment issus de la minorité alaouite? Peu probable, selon notre interlocuteur gradé, qui concède que le scénario est aussi à l’étude. Comme la Syrie, le Liban partage une frontière avec le nord d’Israël. Comme la Syrie, le Pays du Cèdre est toujours techniquement en état de guerre avec l’Etat hébreu. Différence de taille: contrairement à la frontière syrienne, celle du Liban s’est embrasée à l’été 2006 lorsqu’Israël et le Hezbollah s’étaient affrontés pendant un mois. «Depuis, le Hezbollah se cache mais il est toujours là et dispose d’armes et d’infrastructures», nous explique un officier du renseignement militaire israélien. Au cours d’une présentation bien rôdée, le gradé nous montre des cartes, des photos, des images tournées par des drones et même une reconstitution virtuelle en
3D d’un village du sud-Liban quadrillé par le Hezbollah. Iran et Syrie traversent une période de turbulence Le message est clair: la formation chiite libanaise étend son emprise dans la région, les casques bleus de la Finul sont impuissants et les parrains iranien et syrien du Hezbollah continuent de l’alimenter en armes et munitions par voies de terre, d’air et de mer. En cas de nouvelle confrontation avec le Hezbollah libanais, Israël dispose «de quelques milliers de cibles», selon notre interlocuteur de l’Aman (renseignement militaire israélien). Le Hezbollah, lui, possèderait de 30 000 à 40 000 roquettes susceptibles de frapper en Israël. Quel serait le déclencheur d’un nouveau conflit? Une riposte du Hezbollah à des frappes israéliennes sur les installations nucléaires de l’Iran, son allié? Une diversion offerte au régime syrien de Bachar el-Assad que le Hezbollah continue de soutenir? La formation chiite libanaise est aujourd’hui soutenue par deux Etats qui traversent une période de turbulence alors que les sanctions internationales contre l’Iran s’intensifient et que la Syrie est secouée par l’insurrection. «Il y a quelques semaines, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, est sorti de son bunker, relève notre officier. C’est un fait rare. Et il est allé à la rencontre de ses troupes. Pour les rassurer? Pour les convaincre que leur choix est le bon? Pour nous, cela illustre davantage sa faiblesse que sa force».
CULTURE / LIVRES Crise Ivoirienne: Un livre sur le sujet, interdit à Yaoundé! Idriss LINGE La dédicace du Livre «Cote d’Ivoire le Coup d’Etat» de Charles Onana, a été interdit par le Sous-Préfet de l’arrondissement de Yaoundé 3eme Le livre écrit par Charles Onana, a été interdit de présentation au publique le jeudi 23 février 2012 à Yaoundé, la capitale camerounaise. Nous avons le regret d’annoncer que la dédicace de ce jour est annulée par les autorités, elle ne peut donc avoir lieu, a déclaré un des organisateurs, à une assistance venue nombreuse pour assister à l’évènement.
extraits du livre. Il s’agit du témoignage que l’ancien président Laurent Gbagbo, a pu faire parvenir à Charles Onana, depuis sa réclusion. Ses accusations contre l’armée française, qui a selon lui, tiré sur des jeunes manifestants Ivoiriens pour les disperser ou les empêcher de rallier sa résidence, et qui a visiblement profité d’une conversation téléphonique pour le localiser dans la résidence et bombarder sa chambre, sont très claires. Elles révèlent une infime partie de ce qu’il a à dire.
Gbagbo: «Ce sont les soldats français qui filmaient ma capture» Le livre aujourd’hui au cœur de la polémique est préfacé par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki. Le document de 415 pages dévoile les confidences d’un General Français ayant servi en Côte d’Ivoire, mais aussi les rapports inédits de l’Ambassadeur de France en Côte d’Ivoire sur le Président Alassane Ouattara, ainsi que des lettres «secrètes» des présidents Nicolas Sarkozy et Blaise Compaoré sur la chute de Laurent Gbagbo. Les premiers commentaires le présentent comme un livre-évènement. Certains lecteurs ont posté sur internet des
Depuisl’interdiction de la dédicace, on ignore toujours où se trouve le journaliste camerounais. Certains commentaires affirment qu’il aurait été conduit à la Direction de la Sécurité Présidentielle (DSP).
Charles Onana, né en 1964, est un journaliste d’enquête et essayiste français, qui s’est surtout fait connaître par ses écrits, parfois polémiques, concernant le génocide au Rwanda. Il est également connu pour son travail pionnier sur l’histoire des tirailleurs africains de l’armée française pendant la Seconde guerre mondiale. Il a dirigé l’Organisation panafricaine des journalistes indépendants au sein de laquelle il a mené une enquête retentissante sur l’assassinat du journaliste burkinabé Norbert Zongo.
Un extrait du livre L. Gbagbo : « En fait, les Français ont encerclé la résidence et au lieu d’achever leur mission, c’est-à-dire de venir me prendre eux-mêmes, ils ont plutôt envoyé les rebelles me prendre. Je tiens tout de même à préciser qu’ils ont envoyé les rebelles m’arrêter devant les caméras. Toutes les images que vous avez reçues sont les images des soldats français. Ce sont les soldats français qui filmaient ma capture. Ils tournaient avec des caméras à la résidence et à l’hôtel du Golf. Plus tard, ils ont fait venir des journalistes français pour d’autres images de moi. Il n’y avait pas de journalistes africains tournant les images au moment de mon arrestation… » ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 25
CHRONIQUE
Le Maghreb au creux de la vague
Cyrille MOMOTE
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Cela fait plus d’un an que la révolution a planté ses pénates dans le nord du continent africain. Les régimes solidement encadrées par les armées et les polices se sont écroulés comme des châteaux de sable. La Tunisie d’abord, voila un pays qu’Habib Bourguiba a sorti de la chape de plomb d’un mode de vie archaïque, propulsé dans la modernité particulièrement en ce qui concerne le droit et la place de la femme dans la société du XXème siècle. Mais voilà! Les péripéties qui ont entouré l’indisponibilité à gouverner de BOURGUIBA et l’avènement de Ben Ali, montraient assez bien que les empoignades au sommet de l’état qui cachaient en réalité un gangranage avancé de la société en termes de corruption et de précarisation. L’arrivée au pouvoir de Ben Ali, officier supérieur et fils de bonne famille auquel on donnerait la main de sa fille sans sourciller a permis un moment l’espoir d’un nettoyage des écuries d’Augias dans une Tunisie qui vacillait sous la double menace d’un coup d’état militaire et d’une explosion populaire. Certes Ben Ali a pu désamorcer cette bombe et donner à son pays un semblant d’ordre politique grâce auquel la Tunisie a vu déferler sur son territoire des investissements financiers et industriels conséquents. L’image retenue des plages resplendissantes et d’une Tunisie paisible, bien organisée et socialement avancée à donné envie à des touristes de courir les yeux fermés vers Tunis, gage d’un confort moral dont ils ont depuis belle lurette perdu la jouissance de leurs propres pays. La réalité a été évidemment toute autre. Comme pour d’autres dictatures du Tiers Monde, l’opinion générale les pays industrialisé considère qu’un gouvernement est crédible lorsqu’il garantit la sécurité des touristes, les loger dans les hôtels de luxe, leurs offres des plaisirs frelatés et verse de l’exotisme marchand. Ils paradent sur les plages aménagés et les sites choisis. Ensuite ils rentrent chez eux tout heureux de montrer à leurs pairs, au retour de vacances, qu’ils ont bronzés et qu’ils l’ont bien mérité. Entre eux et les populations locales, il y a comme un écran de fumée infranchissable: faute de percevoir les lignes de crête de la crise qui couvrait, les états occidentaux à leur tour se sont enfermés dans une myopie fort regrettable quand
il s’agit des situations qui servent leurs intérêts. Pourtant, il manque de démocratie ainsi que les graves clivages sociaux sauteraient aux yeux. L’évidence est parfois ce que l’on aperçoit le moins, jusqu’au suicide par le feu de BOUAZIZI. De même en Egypte, le départ de Moubarak était inscrit dans les étoiles. Il bénéficiait seulement d’un regard bienveillant de l’armée qui détenait l’effectivité du pouvoir. En Lybie, plus ou moins, les forces rebelles ont opéré avec l’appui des bombardements de l’OTAN, un véritable renversement du régime en tuant KADAFI quoique ce dernier laisse couver derrière lui, un feu qu’on aura du mal à éteindre. Ce qui doit être retenu est que les révolutions opérées dans les 3 pays considérés ne présentent pas une homogénéité et peuvent être lues à l’aune des spécificités de chaque pays. Mais le fait majeur est que dans les trois états considérés l’émergence des islamistes qui ont raflés la mise lors de toutes les élections postrévolutionnaires. Cela à de quoi inquiéter étant donné l’image que ces derniers se sont construits d’intolérance et de sectarisme religieux. Et pourtant, un expert comme Peter HARLING directeur des activités de l’International Crisis Group en Egypte, en Syrie ou Liban écrit au journal «Le Monde» du 2 février 2012: «En Occident, l’obsession de l’islamisme continue à orienter les perceptions de ces changements pourtant complexes. Le succès de tout processus de démocratisation reposera, pourtant, sur sa capacité à produire leurs images relativement fidèles et nuancées de la société: Accepter le produit de décennies d’islamisation insidieuse des sociétés arabes, encouragée par la fermeture des systèmes politiques et exploitées comme justification du statuquo en fera partie, à moins de précipiter des conflits qui se feront au détriment de toute démocratie»
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SOCIETE
La femme africaine et la mondialisation: l’arlésienne? Mohamad AWALSON 28
Depuis les années du désenchantement qui ont précédé la période coloniale, le statut de la femme africaine n’a point cessé de subir des mutations multiples et diachroniques. Face à des revendications incessantes appuyées par plusieurs politiques gouvernementales des Etats africains et également par des organisations non gouvernementales, militantes pour l’émancipation de la gent féminine, le véritable statut de la femme africaine échappe toujours au concept de la mondialisation. Comment veuton qu’elle soit? Quel modèle de femme l’Afrique cherche t-elle? Pour quel rôle serait-elle dévouée? Pour quelle finalité socio-économique et politique? Tous ces questionnements conditionnent sans doute, l’humanité à penser qu’aujourd’hui, la femme africaine serait «un bien de trop!». Au juste, les femmes du continent noir s’interrogent elles-mêmes sur leur place dans le concert des Nations, leur statut versatile et ondoyant dans la marche du siècle. Evidemment, ça n’est pas à crédit que les réflexions s’accentuent autour du modèle de femme que les africains souhaitent avoir au moment où la fièvre de la modernité incube le continent africain. A proprement parler, laquelle préfère-t-on entre une traditionnelle obéissante et soumise des confins du Nord Cameroun et une instrumentalisée comme Nafissatou Diallo? Entre une politique raffinée comme Rama Yade et un prix Nobel de la paix comme Wan gari Mathai? Ou encore préfère t-on la Présidente de la République à l’instar de Hélène Johnson S. à un Oscar de Hollywood la Sud africaine Charlize Théron? Difficile de répondre certainement mais le choix reste impérieux et surtout très possible. Si Christine Lagarde est la Directrice de la plus grande institution financière du monde (FMI), c’est probablement parce que la société occidentale précisément française décide de rompre avec cette politique d’endoctrinement qui ronge la plupart des pays africains. Il s’agit surtout de maitriser la conscience collective féminine selon laquelle, la femme est et reste toujours la femme. Il
y a donc des conditions naturelles qui la prédisposent à occuper la seconde place dans sa société d’émergence. On voit clairement qu’il est question d’objectifs. La majorité des politiques très souvent contradictoires des Etats africains en ce qui concerne la lutte pour l’émancipation de la femme manquent de plans concrets. Même si des budgets énormes sont alloués chaque année aux structures en charge de la promotion de la femme, la mise en valeur de ces budgets concerne beaucoup plus l’organisation des manifestations festives telles la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars de chaque année. Des moments extrêmement rares, qui devraient être meublés par des points de réflexion et de la mise en valeur de la gent féminine en Afrique et dans le monde. De par ces réalités défigurées, les Etats africains semblent opter pour une politique du «genre d’abord, le nombre après». L’exemple le plus concret est celui du Ghana, pays émergent où le respect des droits de l’Homme et la promotion du genre ont déjà pris le dessus sur la politique politicienne. Les femmes occupent une place de choix. Au parlement ghanéen, sur les 228 sièges de la chambre, on compte 19 femmes qui participent au même titre que les hommes à la prise de décision sur la politique nationale de leur pays.
du nouveau gouvernement de Goodluck Jonathan élu le 16 avril 2011. C’est un symbole assez fort pour la gent féminine qui est loin de cacher un autre. C’est au Cameroun qu’une autre success story se révèle. Depuis 2008, c’est Minette Libom Li Likeng, une femme de carrure qui tient les commandes de la Douane camerounaise. Directrice générale d’une énorme entreprise publique qui rapporte plus de 50% du budget national, elle a certainement la dernière décision à côté de ses collègues hommes. C’est la première fois dans l’histoire du Cameroun. Globalement, il ya des cas très significatifs pour la femme africaine un peu partout dans le monde. Des exemples très palpables pour soutenir la politique de la promotion du genre sur le continent noir. Des structures officielles ont vu le jour depuis les indépendances notamment des ministères de la promotion de la femme presque dans tous les Etats africains. A côté de ces structures dites officielles, il ya des associations des femmes parfois agréées par les gouvernements qui accompagnent les Etats dans ce combat rude mais certainement prometteur, surtout à l’heure où le respect des Droits de l’Homme et des libertés, l’égalité des genres, figurant dans la charte des Nations Unies, est considéré comme la base de l’émergence des pays du Sud.
Le véritable statut de la femme africaine échappe toujours au concept de la mondialisation Au Nigéria, le cas de la surnommée «dame de fer» est assez illustratif. Selon Times magazine, Dr Ngozi Okonjo-Iweala, puisqu’il s’agit d’elle, est «l’une des personnes les plus influentes du monde d’aujourd’hui». Diplômée de Havard et titulaire d’un Doctorat en Economie régionale et Développement de Massachussetts Institute of Technologies aux EtatsUnis d’Amérique, elle est la nouvelle patronne de l’Economie et des Finances ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 29
SOCIETE
Journée internationale de la femme le rôle crucial de la femme rurale Ursula SOARES (MFI) La Journée internationale de la femme, célébrée tous les 8 mars, a eu pour thème cette année «l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels». Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon appelle les gouvernements, la société civile et le secteur privé à «investir dans les femmes rurales», à «éliminer les discriminations dont elles sont victimes» et à leur «garantir le même accès aux ressources qu’aux hommes». Partout dans le monde, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes continuent à gagner du terrain, mais malgré les progrès, beaucoup reste à faire, surtout dans les régions rurales. Les femmes et les filles de ces régions représentent un quart de la population mondiale. Pourtant, en matière de revenus comme d’éducation ou de santé, en passant par la participation aux décisions, elles sont les plus discriminées. Les femmes rurales, si on leur en donnait la possibilité et si elles bénéficiaient du même accès aux ressources productives que les hommes, pourraient augmenter les récoltes de leurs exploitations agricoles de 20 à 30%, permettant de sortir de la famine 100 à 150 millions de personnes, selon l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). En Afrique, les femmes du monde rural représentent au moins 70% de la main d’œuvre agricole et les défis sont énormes. La femme rurale cultive les champs, élève du bétail, collecte l’eau et le bois et prend soin de sa famille. Des tâches très lourdes et des responsabilités familiales et domestiques qui lui laissent très peu de temps à consacrer aux activités génératrices de revenus. Cependant, et malgré ce lourd fardeau, le principal obstacle qui empêche la femme, surtout en milieu rural, d’accéder à une 30
ascension dans le domaine économique et social est l’analphabétisme.
Tout passe par l’éducation et l’alphabétisation En Angola, les commémorations de la Journée internationale de la femme ont commencé depuis le début du mois de mars. Des rencontres, des journées de réflexion, des débats radiophoniques et télévisés. Parmi les principaux défis soulevés, le problème de la pauvreté qui atteint des niveaux très élevés chez les femmes. Elle entrave leur participation dans la vie publique et bien souvent les empêche de prendre des décisions. Dans les régions rurales, les femmes travaillent et produisent, mais leur production est infime et c’est en comptant uniquement sur celleci qu’elles cherchent à subvenir aux besoins de leur famille. Le gouvernement angolais a mis en place des projets et des microcrédits pour leur venir en aide mais la grande majorité de ces femmes fait face à de véritables obstacles. Contactée par RFI, Teresa Quivienguele, assistante sociale et membre de l’association Plataforma Mulheres em Acção (Plateforme Femmes en action),
souligne que ces femmes ne savent ni lire, ni écrire et qu’elles n’ont pas non plus de carte d’identité – en Angola, il est très difficile d’obtenir une carte d’identité, insiste Teresa Quivienguele. Comment, dans ces conditions, traiter avec la banque et signer des documents?
La soumission au mari Cette activiste qui lutte pour l’égalité des sexes, soulève encore d’autres problèmes: la dépendance et l’état de servitude face au mari dans lequel se trouvent ces femmes, ainsi que la violence conjugale et le faible pouvoir de décision dont elles sont victimes. Même s’il arrive que des femmes aient accès au crédit, c’est toujours le mari qui décide de la gestion: où et comment dépenser l’argent. Un constat qui fait dire à Teresa Quivienguele que «tout passe par l’éducation formelle et civique sur les droits et les devoirs fondamentaux des citoyens où sont inclus les droits humains de la femme». Elle ajoute que «tout ceci passe également par une éducation sur les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes, surtout au niveau de la famille» pour que la femme puisse se libérer de sa situation de soumission.
SOCIETE
Mutilations génitales Des avancées notables
Un nouveau rapport des Nations unies fait savoir que 2000 communautés de plus ont abandonné ces pratiques en Afrique
Idriss LINGE Selon le nouveau rapport, «Key Results and Highlights» 2012, publié par le Programme conjoint UNFPA-UNICEF pour l’accélération de l’abandon des mutilations faites aux femmes, près de 2 000 communautés à travers l’Afrique ont abandonné ces pratiques en 2011. Ce qui porte aujourd’hui à 8 000 en seulement quelques années le nombre total des communautés qui ont adhéré aux objectifs de ce programme. Ces constatations encourageantes montrent que les normes sociales et les pratiques culturelles sont en train de changer, et que les communautés s’unissent pour protéger les droits des filles et des femmes, a déclaré à ce sujet le Directeur exécutif de l’UNFPA, Dr. Babatunde Osotimehin, à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales, le 6 février. Nous appelons la communauté mondiale à se joindre à nous dans cet effort d’importance critique. Ensemble, nous pouvons en finir avec les M/AGF en l’espace d’une génération et aider des millions de filles et de femmes à mener des vies plus saines, plus pleines, et à réaliser leur potentiel a-t-elle ajouté. Lancée en 2008, l’initiative vise à mettre fin à une pratique qui comporte de graves effets sur la santé immédiats et à long terme et qui viole les droits fondamentaux des filles et des femmes. Chaque année, environ 3 millions de filles et de femmes, soit environ 8 000 filles par jour, affrontent le risque de mutilations ou d’ablations. On évalue à un chiffre compris entre 130 et 140 millions les filles et les femmes qui ont subi la pratique, pour la plupart en Afrique et dans quelques pays d’Asie et du Moyen-Orient.
contre les M/AGF ont produit en 2011 des résultats encourageants. Dans l’ensemble de l’Afrique, plus de 18 000 séances d’éducation communautaire ont été tenues, près de 3 000 dirigeants religieux ont déclaré publiquement que le rite devait cesser, et plus de 3 000 articles de presse ou émissions de radio/ télévision ont traité de la question. Comme impact le plus significatif dans des pays, dont le Burkina Faso, Djibouti, l’Ethiopie, la Gambie, le Sénégal, le Kenya et la Somalie, des représentants du gouvernement, des responsables religieux, des chefs traditionnels et des milliers de personnes ont assisté pour la première fois aux cérémonies où ces annonces ont été faites. Le parlement du Kenya par exemple a adopté un projet de loi interdisant de pratiquer les M/AGF; 13 Etats du Soudan ont lancé des initiatives visant à abandonner la pratique; et, en Egypte, plus de 3 600 familles dont les filles couraient le risque de la subir ont pris position contre la pratique. De plus, en Afrique de l’Ouest, une fatwa contre les ablations a été édictée par des dirigeants religieux dans les pays suivants: Mauritanie, Sénégal, Mali, Guinée, Guinée-Bissau, Gambie et Egypte.
s’agit pas d’une obligation religieuse. Le programme appuie également des mesures législatives et politiques dirigées contre la pratique. Le Cameroun ne fait pas encore partie du programme. Pourtant les pratiques de mutilations génitales y sont encore pratiquées. Les parents qui les pratiquent disent souhaiter que leurs enfants achèvent leurs études avant d’être enceinte. Ils sont donc convaincus de la pertinence de leurs actions. Aujourd’hui, plusieurs associations sont sur le terrain, pour sensibiliser les mamans, sur le fait que seule l’éducation peut éviter à la jeune fille de tomber enceinte très jeune. De nombreux scientifiques pensent effectivement que les mutilations peuvent être encore plus dangereuses que les grossesses précoces ellesmêmes. Des jeunes filles sont parfois exposées à des risques de cancer ou de dégradation mammaires pour ce qui est du repassage des seins par exemple. Plusieurs victimes devenues aujourd’hui des femmes, se joignent à ces actions, pour mettre fin à cette pratique encore courante dans de nombreux villages, mais parfois taboue, et donc pas toujours révélée. Sur la question, le gouvernement camerounais n’a pas très souvent pris des mesures fortes. De nombreuses organisations dont les structures Onusiennes spécialisées, continuent de sensibiliser les femmes sur l’opportunité et l’intérêt d’arrêter les mutilations génitales. Le bureau régional des nations unies pour la population, sert d’appui aux relais communautaires et associations locales pour la sensibilisation des communautés (Extrême-nord, Nord, Est) contre ces pratiques néfastes pour leur abandon. Au cours de l’année 2011, lors d’une visite du MINPROFF à Mamfé dans le nord-ouest, une vingtaine de leaders communautaires ont publiquement déclaré l’abandon des MGF par leur communauté.
...une fatwa contre les ablations a été édictée par des dirigeants religieux...
Selon un communiqué de ces organismes des Nations unies, les nouveaux points d’intérêt majeur montrent qu’avec l’appui de l’UNFPA et de l’UNICEF, les efforts dirigés
Le programme conjoint UNFPA-UNICEF sur les M/AGF a pour objectif d’accélérer le changement à travers une approche sensible aux valeurs culturelles, basée sur les droits de l’homme, qui promeut l’abandon collectif de la pratique. Ceci inclut l’implication de tous les groupes d’une collectivité, comme les chefs traditionnels et religieux, les femmes, les hommes et les fillettes elles-mêmes, dans un débat sur les dommages causés par la pratique, en soulignant qu’il ne
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SOCIETE
Le « Mbaraane » ou prostitution déguisée, une réalité bien sénégalaise Momar MBAYE
Si certaines vendeuses de charme sont plus ou moins professionnelles, d’autres par contre exercent dans la clandestinité et excellent dans leur façon singulière de collectionner les hommes. Un phénomène appelé «mbaraane», une réalité bien sénégalaise. Dans le langage des jeunes filles de Dakar et des villes du Sénégal, le phénomène du «mbaraane» est souvent évoqué sur un ton de plaisanterie par celles qui en font usage dans le seul but de dépanner temporairement et de régler quelques soucis du quotidien sans que le sexe en soit la co n t re pa r t i e . Toutefois, le «mbaraane» cache une bien triste réalité du pays de la téranga. Car d’autres en ont fait leur gagnepain, une activité régulière, une pratique journalière. Cela concerne les jeunes filles célibataires, et de plus en plus les femmes mariées et spécialisées dans la collection d’hommes, qu’elles choisissent selon plusieurs critères. Le premier assure le portefeuille, il est surnommé «dof bi», l’idiot utile, celui qui paie les factures, l’achat de
produits cosmétiques, l’achat de cheveux naturels qui coûtent environ une centaine d’euros, chaussures, habits, entre autres «charges» que ce dernier doit assurer s’il veut rester sur la liste des prétendants. Il peut être le boutiquier du coin, le colporteur ou toute autre personne au revenu moyen pouvant ou prendre en charge financièrement la jeune femme, ou la dépanner de manière occasionnelle. Le deuxième, jeune de préférence, est occupé à entretenir la «mbaraneuse» sexuellement. Il lui arrive d’être entretenu financièrement par cette dernière moyennant occasionnellement une bonne partie de jambes en l’air, rétribuée avec les revenus du premier cité. Vient ensuite le troisième homme, celui qui sert de potiche. Il est en quelque sorte une roue de secours financière. Un toubab ferait bien l’affaire: on le présente partout, surtout devant les copines, pendant les cérémonies, afin de montrer oh combien on est heureux. Une façon de compenser les imperfections (physiques) éventuelles du premier qu’on ne présente à personne, seul son portefeuille est sollicité. Quoique les garçons, ou les hommes, ont commencé à ouvrir les yeux, et se font avoir de moins en moins: beaucoup d’entre eux exigent d’abord un voyage au septième ciel: le portefeuille n’est ouvert qu’après que l’a jeune fille ait «ouvert» son intimité, donnantdonnant. Cette forme de prostitution déguisée a pris de l’ampleur au Sénégal, un pays où la coutume et les pratiques religieuses se perdent dans l’hypocrisie sociale qui se refuse à condamner ces pratiques tant qu’elles restent à l’abri du grand public. La pauvreté persistant, certaines mères de familles encouragent leurs filles à collectionner les hommes, et partagent en retour les sommes récoltées par leur rejeton. Mais le plus inquiétant, ce sont ces jeunes filles mineures, qui copient sur leurs aînées et s’adonnent à cette pratique. «Les filles du procureur»: c’est le terme employé par les Sénégalais pour désigner ces mineures, très protégées par la loi. Les hommes qui osent les approcher savent à quoi s’attendre car on peut se retrouver derrière les barreaux pour avoir touché à ces jeunes filles à
la fleur de l’âge, et n’ayant pas atteint la majorité. Justement la majorité. Dans le téléfim «Badou menn lepp», une «fille du procureur» a osé draguer ouvertement un homme marié, avant de lui faire comprendre qu’elle était certes mineure au vu de son âge, mais «majeure» d’un point de vue physiologique, donc prête à avoir des relations sexuelles. Une attitude qui suscite maintes interrogations sur la protection de ces jeunes filles perdues par la culture occidentale d’une part, et d’autre part par l’attitude des adultes, ces femmes sénégalaises mûres dont la collection d’hommes demeure leur domaine de prédilection, leur chasse gardée. En novembre 2011, un fait divers relayé dans la presse fait état d’un élu qui a sollicité les services d’une fille du procureur en lieu et place de son épouse. La «police des mœurs» se soucie peu de ce qui se passe dans les hôtels dans les villes côtières du pays, ou dans ces appartements louées par des «particuliers», de jeunes femmes célibataires ou divorcées, ou parfois mariées, et recevant des visites à toute heure de la journée, au vu et au su de tout le monde, dans un chassé-croisé digne d’un départ en vacances. Il en existe dans tous les quartiers. Cette pratique devenue banale de nos jours, appelée «mbaraane», qui passe pour quelque chose d’anormal, n’est rien d’autre que la véritable face cachée de la société sénégalaise, celle que les imams et prêcheurs refusent de regarder en face, chaque société ayant ses propres travers. En termes non ambiguës, le «mbaraane» peut être défini comme de la prostitution déguisée. Si par le passé les bordels se situaient en périphéries des villages, aujourd’hui, ils sont implantés au coeur des villes, dans nos quartiers ou dans nos concessions même: leurs occupants sont parfois des connaissances, des amis, des proches, qui mènent une vie de monsieur et madame tout le monde. La seule différence avec une professionnelle, demeure le carnet de vaccination, et le coût de la prestation, plus ou moins élevée chez les «mbaraneuses» qui en fin de compte, devraient être contraintes de reverser à l’Etat une partie de leur revenu, une contribution financière que l’on pourrait dénommer Impôt sur le Mbaraane».
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ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 33
TRIBUNE
Les trois maladies de l’économie africaine Guy GWETH – Expert en intelligence économique
En Afrique, la recherche, le traitement et la sécurisation d’informations à des fins de compétitivité économique ne marchent pas à l’occidentale. Dans un contexte où l’Etat est souvent le principal acteur d’une économie informelle à plus de 50%, les trois ennemis de l’intelligence économique sont la corruption, la contrefaçon et la fuite des capitaux.
La corruption «Si Judas vivait, il serait ministre d’État» en Afrique pourrait-on dire avec Barbey d’Aurevilly. Les conclusions du rapport de Transparency présenté le 22 novembre 2011 à la presse africaine sont assez éloquentes sur le sujet. Parmi les 6000 entretiens individuels conduits dans six Etats: Afrique du Sud, Malawi, Mozambique, RDC, Zambie et Zimbabwe, 62% des personnes interrogées considèrent que la corruption s’est aggravée au cours des trois dernières années. 56% d’interviewés ont dû payer des bakchichs dans les 12 derniers mois, dont 68% de Mozambicains et 42% de Zambiens. Les analystes de Transparency notent que dans l’ensemble des pays étudiés, le corps judiciaire, les partis politiques, les parlements et le système éducatif ont assez mauvaise réputation. Ici, la corruption est aux entreprises ce que le monde de la finance est à François Hollande: un adversaire sans visage. Comment ça marche? Dans une précédente publication nous avons identifié cinq techniques de corruption parmi celles qui ont le plus d’impact sur le climat des affaires et la compétitivité des entreprises en Afrique: les «pourboires», les «cadeaux», les «pourcentages», les «aides» et le «consulting off shore». Celle contre laquelle l’intelligence économique va en guerre avec le plus d’efficacité est la technique du 34
«consulting». Très utilisée au cours des 10 dernières années, cette technique de corruption agit sur l’entourage d’une Personnalité Politiquement Exposée. Pour brouiller les pistes, le proche collaborateur d’un décideur est recruté comme consultant par un cabinet basé dans un paradis fiscal. Ici, les cinq destinations préférées des Africains sont: le Luxembourg, Chypre, Malte, Hong Kong et Singapour. En échange d’informations confidentielles, le «consultant» est rémunéré dans une banque située, elle aussi, dans un paradis fiscal. Au cours d’un voyage à l’étranger, le collaborateur du décideur peut alors entrer en possession des fonds. Quel impact sur la compétitivité? En Afrique, la formule de Robert Klitgaard (Corruption = Monopole + Pouvoir – Transparence) fonctionne comme un théorème. Entre la grande corruption (de haut niveau où les décideurs politiques chargés d’appliquer les lois utilisent leur position officielle pour promouvoir leurs intérêts personnels) et la petite corruption (à forte connotation bureaucratique dans l’administration publique), l’impact est extrêmement difficile à chiffrer. Lorsqu’on additionne la falsification de données, les versements de pots de vin à des responsables officiels pour les encourager à agir de manière rapide et favorable, l’argent obtenu par la contrainte, la distraction des fonds publics par des fonctionnaires et le poids du favoritisme, la somme est
faramineuse. Ce d’autant plus qu’elle emprunte plus ou moins les mêmes canaux que la fuite des capitaux que nous évoquerons plus loin. La réponse de l’intelligence économique La lutte contre la corruption est un combat mondial qui mobilise la plupart des appareils étatiques. En Afrique, la contribution de l’intelligence économique est surtout décisive pour les grandes entreprises qui craignent de perdre des contrats et de se mettre à dos des autorités corrompues en refusant d’en être les corrupteurs. Ce travail exceptionnel s’appuie sur les informations confidentielles fournies par des «honorables correspondants» occupant des postes clés au sein des administrations. A l’instar de Knowdys, des agences ayant un code d’éthique ne mobilisent aucun moyen illégal pour remplir pareille mission. Un consultant en intelligence économique agissant au profit d’une entreprise privée évitera donc les intrusions dans la vie privée, les écoutes indiscrètes ou le piratage informatique pour collecter le renseignement utile au client. Dans des pays comme le Cameroun, le Ghana, le Kenya et le Nigeria où d’importants procès pour corruption sont en cours d’instruction, les avocats d’entreprises lésées et le ministère public ont besoin de conseils en intelligence économique pour cartographier les différents acteurs de l’échiquier concerné en se basant sur des preuves recevables devant la justice.
les experts africains de l’intelligence économique ne peuvent cependant occulter les milliards de dollars que perd le continent chaque année à travers l’évasion fiscale, la sousévaluation des recettes d’exportation, la surfacturation des produits importés et surtout le détournement des fonds publics.
La fuite des capitaux «Point d’argent, point de Suisse», écrivait Jean Racine. Avec la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux, l’Afrique perd 10 fois plus d’argent qu’elle n’en reçoit chaque année par le biais de l’aide internationale. Le rapport Illicit Financial Flows from Developing Countries: 2000-2008 publié en janvier 2011 par Global Financial Integrity (GFI) a révélé que la fuite des capitaux africains se chiffrait à 854 milliards de dollars entre 1970 sur la période étudiée Comment ça marche? Ayant compris que l’Afrique est la nouvelle frontière de la croissance mondiale, des dealers en col blanc et légendes fraîches, débarquent chaque jour d’Amérique du nord, d’Asie et d’Europe avec l’intention d’investir sur le continent. Au cours des cinq dernières années, ces «nouveaux investisseurs» se sont intéressés aux terres arables, à l’agroalimentaire, aux minerais, aux banques, ainsi qu’aux technologies de l’information et de la communication. Mais quel est leur profil en dehors des légendes fraîches de Google? D’où partent-ils, quelle est l’origine des fonds qu’ils investissent? Quelle est leur stratégie? Ces questions auxquels répondent efficacement
Quel impact sur la compétitivité? Au cours des 40 dernières années, l’Afrique centrale et de l’ouest ont été les sous-régions les plus touchées par cette hémorragie. Depuis 1970, le Top 5 de la fuite des capitaux africains est constitué du Nigéria (89,5 milliards USD) de l’Egypte (70,5 milliards USD), de l’Algérie (25.7 milliards USD), du Maroc (25 milliards USD) et de l’Afrique du sud (24.9 milliards USD) pour l’ensemble des sommes comptabilisées. Les ressources destinées au développement s’envolant vers d’autres cieux, nous convenons avec GFI que «tant que l’hémorragie continue sur le long terme à un rythme rapide, les efforts pour booster la croissance économique vont être contrariés dans la mesure où la distribution des revenus sera de plus en plus biaisée». Et cela aura un impact désastreux sur la compétitivité économique et la stabilité politique du continent. La réponse de l’intelligence économique Face à la complexification de la criminalité financière, les consultants expérimentés mobilisent plusieurs outils et sources d’informations commerciales et publiques tels que l’Index sur la corruption de Transparency, les rapports d’évaluations mutuelles du GAFI, Factiva, World check, et d’autres) dont le croisement donne des résultats de grande qualité. Ils permettent notamment de mapper l’environnement des personnalités politiquement exposées (PPE) et d’analyser les risques de blanchiment d’argent liés à ce type de clientèle. Une part importante de ces travaux s’appuie sur les typologies de blanchiment d’argent élaborées par le MROS et le Groupe d’Ermont. L’analyse comparée des cas égyptien et tunisien, 365 jours après la chute de leurs dictatures respectives, indique l’apport décisif de l’intelligence économique dans la bataille pour la récupération des fonds dérobés par ces dirigeants qui «aimaient» leur pays.
12 mois après la chute de Hosni Moubarak, 450 millions de dollars appartenant à l’entourage de l’ancien Raïs ont été bloqués par la Suisse. Les conseils en intelligence économique et financière sont entrés en jeu après que les nouvelles autorités égyptiennes ont introduit une première demande d’entraide judiciaire, fin mars 2011, et essuyé un rejet au motif qu’elle était incomplète. La mission des conseils africains et suisses était d’aider les autorités égyptiennes à démontrer, à travers des procédures pénales, l’origine illégale des avoirs gelés par Genève. Malgré les lenteurs judiciaires provoquées par les avocats de l’ex président, ce dossier devrait connaître un heureux aboutissement dans les prochains mois. 12 mois après la chute de Ben Ali, l’Association des Tunisiens de Suisse qui prétendait pouvoir récupérer les fonds de l’ancien dictateur et de son entourage, par leurs seuls moyens, ont fait choux blanc. Ou presque. Depuis janvier 2011, Genève n’a bloqué que 80 millions de dollars sur un pactole estimé à cinq milliards USD à travers le monde. Me Enrico Monfrini dont la réputation n’est plus à faire - depuis qu’il a récupéré 1,3 milliard de dollars détournés par l’ancien dictateur nigérian Sani Abacha, au pouvoir de 1993 à 1998 peine à faire émerger le dossier tunisien des eaux du lac Léman. Les dirigeants voyous apprennent vite, innovent vite et s’entourent de blanchisseurs rusés, ce qui complexifie les enquêtes et nécessite l’intervention de conseils en intelligence économique aguerris. Cette expertise est d’autant plus décisive que la dernière mode pour les cibles est de se faire représenter par des sociétés écrans basées dans des paradis fiscaux. On peut, de ce fait, comprendre que l’intelligence économique soit perçue comme l’ennemie intime des dirigeants voyous. A suivre
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ENVIRONNEMENT
L’eau: Source de vie et, plus que jamais, de conflits dans le monde? Mathurin PETSOKO
L’eau à toutes les sauces à Marseille Marseille, la cité phocéenne, accueille en effet jusqu’au samedi 17 mars 2012 le 6e Forum mondial de l’eau (FME), le plus grand rassemblement au monde d’experts sur la question. Venus de 140 pays, 25 000 participants vont plancher sur le sujet de l’eau, cet élément source de vie et, plus que jamais, de conflits dans le monde. Partout dans le monde, mais surtout en Afrique et en Asie, la population s’entasse dans les villes. Cela se produit forcément au détriment des campagnes pourtant chargées de nourrir de plus en plus d’individus. Cette pression se double d’une menace constante sur les ressources en eau de la planète. Une situation préoccupante pour l’ONU qui met en garde contre le risque de pénurie d’eau «qui menace tous les objectifs majeurs de développement», selon son rapport publié le 12 mars 2012.
De longs fleuves rarement tranquilles En Asie, et précisément en Chine, la construction du barrage des Trois-Gorges 36
a déplacé entre deux et quatre millions de personnes, la plupart du temps sans relogement, ni compensation. Mais ce gigantesque ouvrage est pointé du doigt par les populations vivant en amont ou en aval. Près de 1 400 réservoirs dans la province du Hubei ont ainsi été asséchés, affectant l’approvisionnement en eau potable de plus de 300 000 personnes. Nombre de paysans accusent de manière ouverte les Trois-Gorges d’avoir aggravé le phénomène climatique et détournent depuis quelques mois l’eau du barrage. Dans le même ordre d’idées, le projet de déviation du Rhône dans le sud de la France, destiné à alimenter la ville de Barcelone, suscite la colère et l’inquiétude des agriculteurs français qui redoutent de voir leurs concurrents directs, les paysans espagnols, en bénéficier. En Amérique, la nappe de Guarani, la troisième réserve mondiale d’eau douce souterraine est l’objet de tiraillements politiques entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. En Amérique du Nord cette fois, les Etats-Unis accusent le Mexique de polluer le Rio Grande et d’ainsi nuire à leurs cultures. De leur côté, les Mexicains reprochent aux Américains de «retenir» la plus grande partie des
eaux du Colorado en construisant barrages et canaux. Dans le monde, on dénombre quelque 270 cours d’eau transfrontaliers dont beaucoup sont disputés. Alors que le changement climatique en cours risque d’aggraver les pénuries, il est plus jamais nécessaire, selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), d’améliorer la gestion rationnelle de l’eau.
Sauvetage du lac Tchad et du fleuve Niger Victime du changement climatique, la superficie du lac Tchad a diminué de 95% en quarante-cinq ans. Autant dire qu’il a presque disparu et l’état du fleuve Niger qui assure la survie de 110 millions de personnes n’est guère plus rassurant, surexploité et pollué qu’il est. «Le lac Tchad et le bassin du Niger connaissent les mêmes problèmes» de diminution des ressources, a précisé le président tchadien Idriss Deby Itno devant la presse à Marseille. «Les gens vont aller à la recherche de nouvelles possibilités, de nouvelles sources de vie et cela sera source d’insécurité, de problèmes...» a-t-il déclaré. Les populations du bassin
Plus de 70% de la surface de la Terre est recouverte d’eau…
du Congo «elles aussi ne pourront survivre que si nous arrivons à redonner vie aux bassins du lac Tchad et du Niger… Nous devons aller très vite pour sauver les populations de 30 millions de personnes sur les rives du lac Tchad», a souligné le président tchadien. En effet, le recul des eaux du lac et celles du Niger, aggravé par le réchauffement climatique, met en danger les populations des agriculteurs et éleveurs nomades sur ses rives. Réunis au sein de l’Autorité du bassin du Niger, neuf chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à Marseille à tout faire pour améliorer la situation dans leur pays (Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Côte d’Ivoire, Guinée). Une initiative qui laisse cependant sceptique Bakary Koné, le directeur de l’ONG Wetlands International pour le Mali, qui rappelle la Charte de l’eau du bassin du Niger, signée en 2008 et «jamais mise en œuvre»… De son côté, la France a affirmé son soutien financier au projet de sauvetage du lac Tchad : une première tranche de 800 000 euros sera versée sur un total de 12 millions d’euros à terme.
…Or l’accès à l’eau potable reste un combat des titans dans certains coins du monde
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SANTE ET BIEN ÊTRE
Portions de Fruits & Légumes Par Jour
Héloïse DE SMET
Vous avez tous certainement déjà entendu ce slogan, cela fait des années que l’Organisme Mondial de la Santé ainsi que plusieurs gouvernements à travers le Plan National Nutrition Santé essaient d’attirer notre attention sur notre alimentation, quelque peu non équilibrée, admettons-le. Cependant, il semble régner une confusion générale sur le sujet, tant quant au pourquoi qu’au comment consommer plus de fruits et de légumes. Alors, que diriez-vous d’explorer ces questions et d’y répondre une par une ...
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C’est bien connu, sans raison pas de motivation; parlons donc du pourquoi vous devriez consommer plus de fruits et légumes. Tout d’abord, si l’OMS tire la sonnette d’alarme, c’est dans l’espoir d’améliorer la santé de la population en réduisant le taux actuel croissant de surcharge pondérale; l’obésité étant aujourd’hui une réelle épidémie mondiale alors qu’en même temps «la dénutrition chez la mère et chez l’enfant est responsable de plus de 10% de la charge mondiale de morbidité» 1
est connue pour ses propriétés antioxydantes; la vitamine D favorise l’absorption du calcium; etc. Si vous avez des carences nutritionnelles, vous allez manifester divers symptômes comme des crampes musculaires, de l’anémie, déminéralisation osseuse, etc. Votre organisme a donc besoin de ces nutriments. Malheureusement les fruits et légumes sont de plus en plus carencés pour divers facteurs: appauvrissement des sols, pollution, moyens de production, transport, méthodes de conservation. Ainsi,
Comment améliorer votre bien-être et garder la ligne en consommant plus de fruits et légumes Malnutrition est donc le maitre mot ici or, la consommation de fruits et de légumes tient une place essentielle dans le cadre d’un régime alimentaire sain et équilibré. Ceux-ci sont sources de vitamines, minéraux, fibres et eau; des éléments vitaux à notre santé! Votre corps, c’est comme un véhicule, sans le carburant adéquat ni un bon entretien, il n’ira pas très loin. Ainsi, les fibres, par exemple, participent au maintien d’un bon transit intestinal tout en aidant à réduire les risques de diabète ou encore les maladies cardiovasculaires. Quant aux vitamines et minéraux, chacun a sa fonction. La vitamine C, par exemple, favorise l’absorption du fer; la vitamine E
si nous voulons faire le plein de vitamines et de minéraux, il va falloir en manger beaucoup plus, voire parfois à supplémenter avec des compléments nutritionnels. Donc, votre santé est votre motivation numéro 1! Ensuite, pour ceux et celles qui regardent à leur ligne, sachez qu’au mieux votre corps est nourri, au plus il se sentira rassasié et donc au moins vous aurez envie de grignoter. En effet, la faim est le moyen de communication privilégié de votre organisme pour vous faire comprendre ce dont il a besoin et ce dont il manque. Cependant, comme vous ne savez pas traduire ce qu’il veut exactement, vous n’assimilez pas
toujours les bons aliments. Par exemple, vous avez faim et vous mangez une pomme. Miam-miam se dit votre corps, voici plein de vitamine C et de fibres! Il peut maintenant barrer de sa liste ces nutriments. Seulement, peut-être que sa liste contient encore 300mg de Magnésium, 10mg de Fer, etc. Comme il ne sait pas vous envoyer de message aussi précis que “eh envoie-moi 300mg de magnésium!”, il vous envoie juste ce signal de faim et peut-être qu’à ce moment-là, vous aurez envie de chocolat qui contient du magnésium mais aussi beaucoup de graisses et de sucres. Alors en consommant plus de fruits et de légumes chaque jour, non seulement vous apportez à votre corps les nutriments dont il a besoin, ce qui participe à votre bien-être; mais aussi vous mangerez moins de graisses et de sucres, ce qui vous aidera à garder la ligne! Vous voilà déterminé, j’en suis sure, de consommer dès aujourd’hui quantité de fruits et de légumes :-) Qu’entend-on par 5 portions de fruits et légumes par jour Maintenant, la question reste aussi de savoir combien. On nous dit «5 portions de fruits et légumes par jour» mais qu’est-ce que cela veut dire exactement? Tout d’abord, pour un adulte, il s’agit de minimum 5 portions par jour. Que vous soyez un homme ou une femme, l’âge que vous avez, votre état de santé, votre niveau d’activité, votre corpulence, etc., tout cela va définir vos besoins. Mais, en règle générale, pour un adulte, comptez au minimum 5 portions de fruits et légumes par jour. Au Canada, le nombre minimal recom-
1. Source: site web de l’OMS: www.who.int/nutrition/challenges/fr/index.html 2. Source: site web du guide alimentaire canadien: www.hc-sc.gc.ca/fn-an/food-guide-aliment/basics-base/quantit-fra.php
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mandé pour les adultes est même passé à un minimum de 7 portions par jour, et on parle de 5 portions lorsqu’il s’agit d’un enfant de 4 à 8 ans, à l’adolescence on passe déjà à 6 portions par jour! 2 Alors, c’est très bien tout ça me direzvous, seulement à en juger par les questions et réactions du public, il existe manifestement une confusion dans la définition du mot portion ainsi que dans l’interprétation du «et» de «fruits et légumes». Parce que, je ne sais pas vous, mais moi au deuxième melon, je cale! Par portion, on entend environ 80 grammes soit 400g par jour, ce qui est la ration journalière recommandée par l’OMS. Pour mieux visualiser ce que 80g représentent, imaginez un bol (250ml) de légumes à feuilles crus. Par exemple: des feuilles de laitue ou des épinards frais. Ou bien un demi-bol (125ml) de légumes en morceaux ou de légumes cuits, comme des rondelles de carottes. 80g de fruits, c’est approximativement le volume d’une balle de tennis ou encore votre poing fermé. Vous pouvez aussi compter comme équivalent à 1 portion la partie comestible d’un fruit de taille moyenne (ex: 1 banane) et 2 portions s’il s’agit de petits fruits (ex: 2 abricots). Enfin, il s’agit de fruits et de légumes confondus, et non pas de 5 portions de chaque. Par exemple: 2 kiwis, 1 banane, 1 tomate, 1 bol de salade, ½ bol de carottes et ½ bol de concombre. Pensez «fruits et légumes de saison» Peut-être vous demandez-vous quels
fruits et légumes privilégier. Pensez déjà en termes de saison. Ce faisant, non seulement, vous obtiendrez la meilleure qualité, au meilleur prix; mais vous favoriserez la production locale. De ce fait, vous participerez au respect de l’environnement, puisque s’ils ne sont pas de saison ici, ils devront soit être importés, soit être cultivés en serre; ce qui est nettement moins écologique. Notez aussi que plus le transport sera long, plus vos produits auront perdu de leurs qualités nutritionnelles à l’arrivée; vous devriez donc en manger encore plus pour satisfaire vos besoins. Consommez des produits de saison vous incitera également à varier votre consommation journalière de fruits et de légumes au fil des saisons, et vous découvrirez ainsi de nouvelles saveurs. Nous avons parfois tendance à nous lasser du goût ou de la «banalité» de certains fruits ou légumes, et ce, surtout lorsque nous y avons si facilement accès dans notre propre environnement. En Afrique, l’abondance est évidente grâce au climat, et si vous voulez manger une mangue, vous n’avez qu’à tendre la main et la cueillir. Du coup, on s’en lasse probablement alors que moi qui en raffole, je paie cher pour avoir une bonne mangue. En Occident, on estime souvent le choix limité, on pense pomme ou poire alors que la diversité existe; oranges sanguines, clémentines, raisins, etc. En été, les fruits rouges et les fraises sont à l’honneur. On rêve peut-être d’avoir un papayer ou un avocatier dans le jardin tout en achetant tous nos fruits et légumes en magasin quand on pourrait tout aussi bien planter un pommier dans son verger ou un plant de tomates sur son balcon! On ne réalise pas toujours ce que l’on a jusqu’au
moment où on ne l’a plus. Peut-être devrions-nous prendre également conscience de l’abondance que nous offre Dame Nature et l’apprécier à sa juste valeur... La prochaine fois, vous découvrirez des «trucs» et astuces pour intégrer plus de fruits et de légumes dans votre alimentation. En attendant, je compte sur vous pour faire le plein de vitamines!
Héloïse De Smet Passionnée de bien-être et développement personnel, thérapeute & praticienne en santé holistique. Héloïse De Smet est entre-autres l’auteure de «5 Fruits & Légumes Par Jour: Guide Pratique pour Tout Savoir sur La Question» disponible au format électronique sur Amazon.fr Blog de l’auteure: www.purenrgy.com
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ESTHETIQUE AU MASCULIN
Ces célébrités nous envoûtent par leur beauté rayonnante... Concept ou réalité ! Françoise NORROY www.norroy.com
Entre un président des EtatsUnis, qui a battu tous les plus célèbres «sex-symbols» et icônes de la mode dans le classement des hommes les plus élégants de la planète! D’après un sondage effectué sur plus de 20000 hommes, Barack Obama serait loin devant George Clooney ou David Beckham en matière de style, et un président français «Sarkozy» qui était élu Mister BLING BLING, on a vite compris que ce n’est pas parce qu’on est au pouvoir qu’il faut se laisser aller.
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Quelques conseils pour vous, les hommes. Depuis que l’homme est homme, l’image qu’il a de lui-même est liée à l’idée qu’il se fait de sa virilité. Laquelle, depuis trente ans, fluctue au gré des modes et des changements sociaux. Les hommes font de plus en plus attention à leur peau, pourquoi? Parce qu’ils y ont découvert du plaisir. La cosmétique, aujourd’hui, pousse les hommes à établir avec eux-mêmes une relation apaisée. Se toucher et prendre soin de soi n’est plus un tabou qui menace la virilité mais va au contraire dans le sens d’un souci du bien-être et d’une apparence adoucie. Hydrater leurs peaux devient une nécessité. La peau de l’homme est plus épaisse que les femmes, mieux protégée et plus riche en collagène, en élastine, donc plus résistante, plus ferme et plus élastique, plus souvent à tendance grasse. Cette production de sébum plus grande lui confère des pores dilatés, et c’est là qu’interviennent les soins «au masculin. Le désagrément beauté le plus fréquent chez les hommes noirs est sans doute la folliculite de la barbe». Les poils repoussent sous la peau et forment des boutons. Les soins appropriés sont des gommages doux et des masques purifiants anti-boutons.Les taches pigmentaires des noirs quant à elles n’ont comme seul remède l’hydratation journalière.
apparaît le modèle de la génération «sensations» et «sports extrêmes», dont les icônes se nomment Eric Cantona, Zinédine Zidane ou Bixente Lizarazu. La cosmétique varie son offre pour coller à la diversité des communautés et des tribus sociologiques, et les consommateurs commencent à utiliser le soin comme le moment d’une découverte physique inédite, d’un nouvel hédonisme. Aujourd’hui, quels sont les modèles de la beauté masculine? Il y en existe deux: le métro-sexuel, grand consommateur de cosmétiques, d’autobronzants, voire de médecine ou de chirurgie esthétique, et l’übersexuel, assez macho mais tendre. Le premier est incarné par David Beckham, dont l’image se construit sur le métissage de caractères gays et d’une virilité sûre d’elle-même, le second entretient soigneusement sa mâle attitude, type barbe de trois jours, cheveux plus ou moins broussailleux, mais avec moins de narcissisme que le précédent.
Bien sûr, parce que le massage est une manière simple et naturelle de se soigner parce qu’il dégage des hormones calmantes, et mène vers une décontraction du corps et un apaisement de l’espri, mais surtout parce qu’il permet de découvrir son corps d’un point de vue tactile. C’est vraiment nouveau, puisqu’en Occident les hommes n’ont pas d’éducation sensorielle, contrairement à l’Orient, où les bains et l’usage des huiles corporelles perpétuent une tradition de plaisir. Depuis les années 1970, les hommes s’entretiennent pour produire de la forme, donc de l’apparence, de la force visible. Les femmes le font dans un but plus global, considérant qu’il s’agit aussi de se faire du bien psychiquement, et surtout en prenant leur temps. Chose difficile à comprendre pour leurs compagnons, qui recherchent l’efficacité immédiate. Du coup, ils restent peu sensibles aux cures ou aux soins anti-âges. Mais cela tient aussi à ce qu’aujourd’hui encore l’homme est enfermé dans son image de mâle au corps performant.
Après le féminin-masculin, voici le masculin-féminin. Fini le temps, ou pour l’homme se soigner se limitait au rasoir avec son petit rituel «mousse et lotion».
La cosmétique a donc changé le rapport des hommes à leurs corps? Incontestablement. Dans les années 1980, les pionniers de la cosmétique masculine ont introduit l’idée qu’il existait une «peau mâle» et donc des produits spécifiques destinés à l’entretenir, voire à l’améliorer ou à réparer les dégâts causés par les excès d’une vie trépidante. L’époque était à la renarcissisation de soi et le soin s’inscrivait dans ce culte de la performance. A partir des années 1990
On dit que les hommes s’épilent de plus en plus? Plus vous contrôlez votre pilosité, plus vous montrez que vous prenez soin de votre corps. Mais, de fait, la traque au poil concerne surtout ceux que l’on voit ou ceux qui sont trop blancs... Outre le rejet du côté «préhistorique» d’un système pileux abondant, on cherche à gommer les signes de vieillissement, synonymes de perte de vigueur. Le problème n° 1 de l’homme demeure l’impuissance. Sur ce point, rien n’a vraiment changé...
Quel homme pour demain?
Pour nous, les trois mots clefs sont: hybridité, autosanté et holistique. Hybridité, parce que les hommes vont de plus en plus mixer les produits pour une beauté à la carte. Auto-santé, parce que chacun va se soigner en picorant dans la diététique, la cosmétique, voire les implants corporels (les hommes forment déjà 40 % des clients de thalasso et 30 % de ceux de la chirurgie esthétique). Holistique, parce qu’ils vont progressivement prendre en compte l’ensemble de leur être dans leurs pratiques. La cosmétique devenant un moyen majeur pour chacun d’affirmer ses valeurs et sa place dans la société.
On constate aussi, que les hommes ont de plus en plus recours au massage. ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 43
En venant à bout de la Côte d’Ivoire à l’issue d’une séance de tirs au but insoutenable de suspense (0-0, 7-8 aux tab), la Zambie a inscrit son nom au palmarès des vainqueurs de la Can. Cette finale, les uns la jouaient pour leurs aînés disparus, les autres pour un pays déchiré par un conflit politique, qui l’an dernier encore faisait des centaines de victimes. Les premiers, inattendus à ce stade ultime, n’avaient en théorie rien à perdre, si ce n’est dans le discours de leur sélectionneur, le Savoyard Hervé Renard, qui lui n’envisageait que la gagne après les victoires au culot de ses hommes sur le Sénégal (2-1 au premier tour) ou encore le Ghana (1-0 en demie), deux grands favoris de la compétition. Les seconds, eux, avaient de fait toute la pression sur leurs larges épaules d’Eléphants.
SPORT
Can 2012 Pourquoi la Zambie a-t-elle gagnée! Etienne FRÉJUS TCHANA
Au terme d’une finale intense et à suspense, les Chipolopolo ont remporté leur première Can face à la Côte d’ivoire aux tirs au but (0-0, 8-7)
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Au terme d’une finale plutôt pauvre sur le plan technique (0-0), à la fin du temps réglementaire, premier score vierge du tournoi, ponctué par une séance de tirs au but intense, ce sont les Chipolopolos qui succèdent à l’Egypte au palmarès. Près de dixneuf ans après le tragique accident d’avion qui coûta la vie à trente personnes, dont dix-huit joueurs de la sélection zambienne, les «Boulets de cuivre» ont essuyé la plupart des larmes de leurs compatriotes, comme le souhaitait Emmanuel Mayuka avant la finale. Côté ivoirien, Didier Drogba, héros malheureux de cette finale, il a manqué un penalty dans le temps réglementaire, qui aurait pu offrir un deuxième sacre aux Ivoirien, 20 ans après le premier. La victoire zambienne a été construire autour de plusieurs facteurs. D’abord la stabilité du groupe. Les treize joueurs participants à la Can 2012, étaient présents lors de la Can 2008 et seize joueurs avaient pris part à la Can 2010. Ensuite, il y a le drame qui a renforcé ce groupe et la clairvoyance de Kalusha Byalya, le président de la Fédération, qui a su faire revenir Hervé Renard. Surtout que Pour faire mûrir ce groupe, il fallait un technicien compétent. L’ancien adjoint de Claude Le Roy en équipe du Ghana, s’est bien acclimaté au football zambien lors de son premier passage à la tête de la sélection zambienne, en 20082010. Mieux: le Français a su tirer le meilleur du style chipolopolo tout en y apportant la rigueur nécessaire
durant les grandes compétitions. Le sélectionneur a su aussi se faire respecter de ses hommes. Il n’a pas hésité à exclure Clifford Mulenga, lorsque l’attaquant a commis un écart de conduite et a refusé de s’excuser. La victoire d’entrée face au Sénégal (2-1) a aussi fait beaucoup de bien. Plus généralement, les Zambiens ont prouvé leur valeur durant cette Can 2012. Méconnus du grand public, les joueurs ont tenu la dragée haute à des adversaires plus réputés et qui évoluent dans les meilleurs clubs d’Europe. Les Chipolopolo ont prouvé une nouvelle fois qu’une équipe pouvait remporter la Can avec une majorité de joueurs évoluant sur le continent.
Et pendant ce temps en côte d’Ivoire... Côté ivoirien la déception est totale. A la fin, François Zahoui, ruminait encore cette première mi-temps ratée. «On a eu l’opportunité de marquer les premiers, on ne l’a pas fait. La Zambie a ensuite pris confiance. On n’a jamais su développer notre jeu.» La Zambie l’a-t-elle surprise à ce point? «Non, on savait que ça allait être une finale compliquée, la Zambie voulait la Coupe comme nous et ils ne sont pas arrivés là par hasard. Je crois que l’on n’a pas su tuer le match. Ce fut une finale indécise, mais les joueurs sont allés au bout d’eux-mêmes». Ceci alors que son collègue Hervé Renard et s s hommes sont au firmament: «C’est quelque chose d’énorme, qui paraissait irréalisable avant la compétition mais, au fil des jours de préparation et de compétition, on a commencé à croire en nous. Nous ne sommes pas les meilleurs mais on avait une force qui nous animait et qui a fait la différence. On a eu aussi de la réussite, tout a tourné rond pour nous».
ONÉSHA Afrika - Avril 2012 - 45
HALTE SPIRITUELLE Le leadership ! Comme l’érosion façonne les montagnes, les difficultés façonnent les leaders. Il est primordial de réaliser que les grands leaders ne sont que des gens ordinaires mais, qui ont fait des choses extraordinaires parce que, dans leurs circonstances, ils ont tiré le meilleur parti de leur potentiel. Par définition, un leader est un innovateur. Il fait ce que d’autres n’ont pas fait ou ne feront pas. Il fait des choses avant les autres. Il renouvelle ce qui est ancien et il fait du nouveau. Vous remarquerez que les grands leaders de l’histoire étaient des gens comme vous et moi, ni meilleurs, ni plus sages, ni plus intelligents ou plus doués, mais ils avaient une passion de vivre qui provenait de la vision qui les guidait et de la perception aiguë de leur destinée. Ils n’ont pas d’autres atouts qu’eux-mêmes. Thomas Edisson était renvoyé de l’école primaire, jugé trop lent à comprendre et à suivre les cours mais, aidé par sa mère qui décida alors de compléter sa formation, il créa son premier laboratoire de chimie à l’âge de 10 ans dans le sous-sol de la modeste maison familiale pour développer son intelligence pratique. Il fut l’inventeur de la lampe électrique et bien d’autres inventions encore... Ce qui est vrai pour ces leaders l’est aussi pour chacun de nous. Nous sommes la matière première que nous devons 46
travailler. Tant que nous ne savons pas de quoi nous sommes faits et ce que nous voulons faire de nous-mêmes, notre vie ne peut pas être efficace. Il est vrai qu’on ne naît pas leader mais on le devient, toutefois, il existe certains éléments indicateurs de votre potentialité qui démontrent quelques aptitudes à devenir un bon leader.
Comment gérez-vous l’adversité ? les situations difficiles? les épreuves de la vie? Arrivez-vous à vous maitriser facilement? Prenez-vous les décisions vous-même pour orienter votre vie? Gagnez-vous facilement la confiance des autres? Savez-vous motiver les autres? Vous faitesvous des amis facilement? Avez-vous confiance en vousmême? Êtes-vous d’un abord facile? Savez-vous aller à contre-courant? Pardonnez-vous facilement les autres et vous-même? Comment vous investissez-vous dans un travail (discipline)? Êtes-vous toujours optimiste malgré les difficultés? Savez-vous gérez les échecs et assumez vos responsabilités quelque soit les circonstances?... Autant de questions qui vous aideraient à vous évaluer vous-même sur vos potentialités à exercer un jour le leadership dans votre génération... Bonne chance !
O.L.V.