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Violences policières, interpellations préventives : en Macronie, ça existe et, en même temps, ça n’existe pas
« Les interpellations préventives, ça n’existe pas. » C’est comme le père Noël. Laurent Nunez, préfet de police de Paris de sa fonction, ne badine pas avec les mots. Malheureusement, tout le monde ne semble pas aussi sûr que lui…
Le 24 mars sur CNews, Gérald Darmanin « explique » lui aussi que, les interpellations préventives, ça n’existe pas : « Quand vous êtes dans une manifestation non déclarée et que vous êtes dans un groupe qui commet ou va commettre des délits, ce n’est pas bon signe ». Car, voyez-vous, selon le ministre de l’Intérieur, arrêter des gens qui « vont commettre » des délits, ça n’a rien à voir avec une interpellation préventive ! Petit détail mais, pour Gérald Darmanin, ce qui n’existe pas, ce sont les « interpellations préventives massives »…
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Deux jours plus tard, le porte-parole du gouvernement met à son tour une nuance bien particulière : « Il peut y avoir des arrestations faites pour contrôler ». 24 ou 48 heures de garde-à-vue, on appelle donc ça un « contrôle de police ». Comment expliquer alors ce chiffre, avancé par Libération : 425 personnes ont été placées en garde à vue lors des trois premières soirées de manifs post-49.3, et seulement 52 (soit 12%) ont donné lieu à des poursuites ? Pour avoir arrêté et gardé en cellule les 373 autres ? Comment justifier qu’un jogger, des jeunes autrichiens en voyage scolaire ou même des journalistes font partie des gardés à vue ? La réponse nous vient du préfet : « On interpelle pour des infractions qui, à nos yeux, sont constituées », mais « 48 heures [de garde à vue] pour essayer de matérialiser l’infraction, c’est court ». Le problème serait donc le temps, trop court, passé en détention arbitraire, et non l’arbitraire de cette détention. Et il ne compte pas lever le pied : le 24 mars, Laurent Nunez a pris un arrêté réprimant tout rassemblement dans la capitale. Pas de bras, pas de chocolat !
Car des bavures, il en a été filmées et documentées des dizaines de scènes depuis le début du mouvement. Et ce 27 mars, les ministres nous ont offert une scène médiatique que Molière en personne n’aura pu écrire : sur France Inter, le ministre de la Transition écologique avance qu’« il ne peut y avoir la moindre tolérance » concernant les violences policières ; sur Europe 1, le ministre de l’Agriculture avance que « non, ça n’existe pas » les violences policières.
Du grand art.
« Ça n’existe pas ». Cette déclaration lunaire, la Macronie nous la sert régulièrement. C’est comme avec « l’argent magique ». On leur dit pour le racisme d’État et le patriarcat ?
loïc le clerc