Lettre du limousin 104

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Le journal de la Région Limousin N° 104 SEPTEMBRE 2013

territoires parcours

en limousin et pas ailleurs

Fayçal Tabti, sur la bonne voie Le jeune homme de 22 ans a trouvé un nouveau souffle professionnel grâce au SAS vers le premier emploi.

p. 5

plein champ sur l’entraide

La céramique, solution béton

Les Jardins de Cocagne de Voutezac (Corrèze) aident des salariés à reprendre pied dans le monde du travail. Lire en page 7

Imérys a conçu un procédé de projection céramique sur le béton qui ouvre des perspectives nouvelles dans le BTP. p. 2

culture

www.region-limousin.fr

les dix choix de la rédaction p. 14

La formation et l’emploi à bras le corps

La Région est à l’initiative d’un Forum pour la formation vers l’emploi qui se déroulera les 13 et 14 septembre. L’événement offrira des perspectives d’embauche et de nouvelle qualification à des milliers de Limousins. p. 4

Une jeunesse pleine d’avenir Pour prêter main-forte aux élèves en difficulté et favoriser l’insertion professionnelle de la jeunesse, la Région Limousin élabore un pacte régional de réussite éducative et expérimente un service public de l’orientation. Lycéens, apprentis, étudiants, demandeurs d’emplois : personne ne sera oublié. Lire page 8 © Jean-Christophe Dupuy


en limousin et pas ailleurs

Keraviva™ passe peu à peu à la phase industrielle.

Imérys renouvelle la céramique Réussite L’entreprise s’apprête à commercialiser un procédé de projection

céramique sur le béton qui pourrait être utilisé notamment dans les travaux publics pour sa résistance au feu, au gel et aux UV.

L’innovation industrielle est née dans le laboratoire SPCTS au Centre européen de la céramique.

Les premiers contrats pourraient être signés sans tarder. « Nous avons des relations sérieuses avec des collectivités locales, une vingtaine d’architectes et de pré-fabricants qui pourraient déboucher sur des premières ventes », confie Alexandre Sevagen le directeur du centre de recherche d’Imérys. Au terme de cinq ans de travail, la société implantée à Ester Technopole à Limoges a mis au point Keraviva™, un procédé qui permet de déposer une fine couche céramique de couleur sur du béton par

projection thermique, assurant ainsi la protection du matériau sans altérer ses propriétés mécaniques. Mobilier urbain, façades de bâtiments, parkings : « Pour l’instant, les débouchés sont uniquement décoratifs », explique Aure ArcondeguyBach, l’ingénieur qui a mené la thèse à l’origine du projet au sein du laboratoire de science des procédés céramiques et de traitements de surface (SPCTS) de l’université de Limoges. Déjà, Keraviva™ résiste au gel, aux UV, aux produits chimiques

Qualité La société de mécanique industrielle Somac située

à La Souterraine (Creuse) a su se positionner à l’export grâce à son savoir-faire et à son sérieux qui font la différence.

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sur plans. Il y a encore quatre ans, elle travaillait principalement pour les constructeurs automobiles français. Désormais, Somac est dotée de machines qui lui permettent d’être compétitive à l’export. « La Région nous a accompagnés dans cet investissement à hauteur de 25 %, soit 145 912 euros,

La lettre du limousiN N° 104 SEPTEMBRE 2013

dans le cadre d’un contrat de croissance », rapporte Thierry Lamidieu. Par exemple, dans le domaine de l’automobile, la société travaille maintenant pour Porsche, BMW, Volkswagen, Mercedes, Opel, PSA, Suzuki… Elle emploie 46 personnes et affiche un chiffre d’affaires de quatre millions d’euros.

d’arrache-pied sur Keraviva™ au sein du centre de recherche de la société soutenu par la Région Limousin et qui compte aujourd’hui une trentaine de spécialistes. Un premier brevet a déjà été déposé pour ce procédé technique, traduisant une « politique » propre à Imerys qui en a déposé onze depuis 2009. D’autres dépôts devraient suivre. « Il y a beaucoup de science dans Keraviva™, prévient Alexandre Sevagen. On a énormément d’ambition, mais l’innovation, c’est énormément de travail. » n © Zohra Meslem

Le savoir-faire creusois s’exporte bien en Allemagne

Pour s’en sortir aujourd’hui dans l’industrie, mieux vaut chercher des marchés à l’étranger. Thierry Lamidieu, le dirigeant de Somac, l’a vite compris. L’entreprise, spécialisée dans la conception et la fabrication d’outillage de presse et de machines spécifiques, réalise aussi des pièces et des machines

et au feu, ce qui pourrait ouvrir des applications dans les tunnels. Il facilite également le nettoyage des tags et de la mousse sans que la couleur initiale n’en souffre. « On est sur la durabilité de la céramique », fait valoir Eve Aigueperse, la chef de projet qui a supervisé les tests de vieillissement artificiel. À tel point qu’Imerys, en phase industrielle, pense déjà à d’autres débouchés tels que des déclinaisons plus techniques du produit dans le secteur des travaux publics. Deux ingénieurs travaillent

Somac s’est imposée auprès des constructeurs automobiles d’outre-Rhin.


Proximit : cinq ans pour embaucher quarante personnes

Éditorial

Ambition Pour se développer, Proximit veut recruter

une quarantaine de personnes en cinq ans dans son centre de gestion de données informatiques qui doit voir le jour à Ester technopole à Limoges l’an prochain.

La société vient de recruter, avec l’aide de la Région, un cadre pour la refonte de son système informatique dédié au tourisme. Et elle ne compte pas s’arrêter là. Le nouveau centre d’exploitation des données qui doit voir le jour à Ester Technopole, à Limoges, l’an prochain devrait donner le coup d’envoi d’une nouvelle phase d’embauches. En cinq ans, Proximit prévoit d’engager quarante personnes pour gérer et sauvegarder des données et pour superviser les systèmes d’exploitation informatiques. Après huit ans d’existence, près

de 600 PME, collectivités locales, sociétés régionales et internationales ont confié leur développement numérique à Proximit. Parmi elles, l’imprimerie Fabrègue, les madeleines Bijou, Legrand, La Poste ou encore Texelis. La société possède également une agence de communication multimédia intégrée, et gère les données touristiques du Limousin, de l’Alsace, de Franche-Comté et de la Lorraine. « Sur les quatre dernières années, nous avons eu une croissance de 93%. Le chiffre d’affaires de 2012 atteint 5,2 millions d’euros », explique Jérôme Barbier, le PDG de l’entreprise.

Tout a commencé à Pompadour (Corrèze), en février 2005. « Deux sociétés de la région voulaient externaliser leur système informatique, raconte Jérôme Barbier. L’informatique se gère de n’importe où, mais nous tenions à maintenir et à développer les emplois dans la région. » Pari réussi et même, au-delà des espérances : de quatorze personnes à son lancement, Proximit emploie aujourd’hui 80 salariés, possède une agence à Pompadour, une autre à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne) et deux unités à Aixe-sur-Vienne. n

jean-paul denanot président du conseil régional du limousin

Assurer un avenir à la jeunesse !

Proximit emploie 80 personnes en Limousin.

© Zohra Meslem

LA RÉGION EN ACTION

Un concours pour les créatrices d’entreprise La Région Limousin, l’État, la Caisse des dépôts et consignations lancent pour la première fois le concours « l’envol au féminin ». Il est réservé aux femmes créatrices, repreneuses d’entreprise, gérantes d’une société, qui ont bénéficié d’un accompagnement, d’un financement, ou d’une aide à la bancarisation. Ce concours récompensera six lauréates par un prix d’une valeur de 2 000 euros. Un prix spécial du jury d’une valeur de 500 euros sera également attribué. L’inscription est gratuite.

Les trajectoires individuelles sont incertaines. Les chemins de la réussite sont divers. Nous connaissons tous des adultes qui ont fait une carrière scolaire brillante et qui ne se sont pas pour autant distingués dans leur vie professionnelle. À l’opposé, des élèves médiocres, avec obstination, se sont révélés excellents dans leur domaine d’activité grâce à leur engagement, leur passion, leur créativité. Rien n’est jamais définitif ! Si les sorties sans qualification, les diplômés sans emploi, le décrochage, la précarité sociale sont les maux grandissants dont semble souffrir notre jeunesse, il existe des solutions. C’est le rôle des pouvoirs publics et de la Région en particulier que de proposer aux jeunes en difficulté à un moment difficile de leur parcours des propositions adaptées – pour ne pas dire personnalisées – leur permettant de s’orienter dans le maquis des formations et d’acquérir les savoir-­faire professionnels et les compétences nécessaires à la valorisation de leur potentiel et à leur insertion sociale et professionnelle. C’est l’honneur des enseignants et des formateurs que d’innover au quotidien pour assurer à cette jeunesse un meilleur avenir en les préparant à devenir citoyens d’une société dans laquelle ils seront des acteurs économiques. La bataille pour l’emploi est lancée qu’elle concerne les jeunes ou les demandeurs d’emploi. La Région Limousin – même si elle ne peut pas tout – entend y prendre toute sa part. n en bref

Le dossier de candidature et le règlement complet sont disponibles à la rubrique « actualités » sur www.creezenlimousin.fr

Nouveau coup de pouce pour l’emploi La Région Limousin aidera à hauteur de 2 000 euros la première année les entreprises de moins de 300 salariés qui embaucheraient en CDI un jeune de moins de 26 ans tout en conservant un salarié de plus de 57 ans dans le cadre d’un contrat de génération. Ce dispositif complète la prime régionale à l’emploi de 6 000 euros versée en une seule fois lors de la création de l’emploi d’un salarié de moins de 26 ans.

Aux côtés des personnes handicapées Quelques 2 000 personnes handicapées pourraient de nouveau bénéficier d’actions de formation cette année. La Région Limousin prévoit ainsi un financement prévisionnel d’environ 50 000 euros dans le cadre d’un plan régional de profession­nalisation des salariés des entreprises adaptées (EA) et des établissements et services d’aide par le travail (Esat). Au cours du plan 2008-2012, 6 613 stagiaires ont pu compter sur une formation qui leur a permis d’acquérir des savoirs techniques, de renforcer leurs connaissances ou de développer leurs compétences. En quatre ans, la Région a

consacré près de 210 000 euros au financement de ce plan.

Une aide à l’export renforcée Pour atteindre l’objectif de doublement de son commerce extérieur, la Région porte l’aide à l’embauche d’un cadre « export » ou « innovation » à 40 000 euros. Les jeunes titulaires d’un Bac +2 employés sur des missions à l’international en CDI à plein temps pourront aussi suivre une formation spécifique. L’action régionale pour le développement d’activités nouvelles (Ardan) aide les TPE et les PME à conquérir des marchés à l’étranger et les demandeurs d’emploi à intégrer ces sociétés afin de structurer l’encadrement.

Une nouvelle porte sur le Limousin

La Région Limousin lance un nouveau portail d’attractivité sur son territoire : www.icienlimousin.fr

Ceux qui souhaitent s’installer trouveront dans la partie www.osezenlimousin.fr toutes les actions régionales qui faciliteront leur démarche. Quant aux porteurs de projets, ils auront dans l’espace www.creezenlimousin.fr tous les outils dédiés à la création de leur activité. Actualités, témoignages, vidéos sont aussi disponibles sur www.icienlimousin.fr, véritable porte d’entrée dans la région.

N° 104 SEPTEMBRE 2013 La lettre du limousin

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actualités Le secteur du bâtiment offre des perspectives d’emploi. Il peine à recruter.

Le Limousin s’engage pour la formation et l’emploi La Région impulse un rendez-vous entre plusieurs milliers de demandeurs d’emploi et des employeurs qui manquent de main-d’œuvre. Objectif : présenter au moins 1 000 places de formation et autant d’emplois.

Unique

Mobilisation générale. Les 13 et 14 septembre, la Région Limousin et l’État s’associent pour organiser le Forum régional de la formation vers l’emploi. Ce rendez-vous inédit se tiendra au champ de Juillet à Limoges, avec en perspective près de 1 000 offres d’emploi et autant de places de formation à pourvoir dans les deux mois. Une occasion unique d’être direc­ tement en relation avec les secteurs qui embauchent et les organismes de formation. Des tables rondes sur des métiers qui peinent à recruter et sur la reconversion professionnelle seront également organisées. De même, les demandeurs d’emploi trouveront un espace d’information sur les aides à la création

ou à la reprise d’entreprises et sur la validation des acquis de l’expérience (VAE). « Il faut qu’un maximum d’emplo­ yeurs rencontrent un maximum de demandeurs d’emploi », annonce Jean-Paul Denanot, le président de Région qui souhaite « mettre en place le chaînon manquant » entre l’offre et la demande. Et il y aura du concret. Toutes les offres, qu’elles concernent une embauche ou une formation, seront regroupées par secteur d’activité (voir ci-contre), par niveau de qualification et par zone géographique. Elles donne­ ront surtout lieu à des entretiens personnels dans les deux à trois semaines suivantes dans des métiers qui manquent de main-d’œuvre. « Si l’employeur

comprendre

Bien vieillir en Limousin Un Plan régional pour une meilleure qualité de vie au quatrième âge

À l’horizon 2040, un Limousin sur huit aura plus de 80 ans, la plus forte proportion de cette tranche d’âge en France. L’enjeu pour le territoire : continuer d’attirer de nouvelles populations de tous âges, tout en maintenant des services, des loisirs, un cadre et des conditions de vie qui assurent une place à toutes les générations.

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La lettre du limousiN N° 104 SEPTEMBRE 2013

ne trouve pas directement chez les demandeurs d’emploi les qua­ lifications qu’il souhaite, la Région intervient pour faire entrer en formation les gens qui sont intéressés pour leur donner une qualification supplémentaire », précise Jean-Paul Denanot. Un nouvel outil d’insertion professionnelle

Les demandeurs d’emploi dont le projet professionnel ne serait pas suffisamment abouti pour­ ront participer à un SAS de détermination collectif. Cet accompagnement individualisé, une nouveauté régionale, re­ groupe dix à douze participants et permet d’expérimenter et de valider son propre projet d’activité. « L’idée, c’est d’entrer en

Le contexte Le Limousin construit depuis dix ans son expertise en matière de mieuxêtre des personnes en perte d’autonomie. Véritable laboratoire démographique européen, la Région joue un rôle de premier plan dans l’économie du bienvieillir, un secteur émergent à fort potentiel de développement. Aujourd’hui, 86 entreprises du secteur électrique et électronique industrielle sont implantées en Limousin, sans oublier les services à la personne dont les effectifs ont cru de 21 % entre 2003 et 2008. Au total, la silver economy fait travailler 8 685 Limousins : 3,6 % de l’emploi régional.

formation dans les deux à trois semaines. Je ne veux pas que ça tarde », assure le président de Région qui lance aussi un « appel à la mobilité ». Et les jeunes ne seront pas oubliés. Un moment privilégié leur sera consacré le samedi matin pour les éclairer sur les contrats en alternance et les emplois d’avenir dont 700 sont déjà engagés sur les 1 273 qui doivent être signés en Limousin. L’idée du Forum est née dans la foulée de la conférence sociale de juin dernier, lors de laquelle le Président de la République et le Premier ministre se sont engagés à faire entrer 30 000 demandeurs d’emploi supplémentaires en formation d’ici à la fin de l’année.

le forum MODE D’EMPLOI Quand  ? Vendredi 13 septembre de 8 h 30 à 17 h 30 et samedi 14 septembre de 9 h à 13 h. Où ? Au champ de Juillet à Limoges. Comment s’y rendre ? En train express régional, grâce au dispositif « TER J’adhère » (2 euros l’aller-retour). Comment s’y retrouver  ? Cinq espaces y seront aménagés. Un premier sur l’orientation, un deuxième pour les tables rondes et un troisième avec trois secteurs thématiques : - agriculture, environnement, espaces verts, forêt, bâtiment, travaux publics. - industrie, logistique, transports, tertiaire, encadrement. - commerce, artisanat, hôtellerie-restauration, santé, social.

Le Limousin précurseur Z

2003 Création du pôle d’excellence rurale « Domotique et Santé » à Guéret-Saint-Vaury

2007

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Premier prix du réseau Senaer. La région est récompensée pour son action en faveur du bien-être des personnes âgées

2008 Création d’Autonom’Lab, premier « Living Lab » français sur l’autonomie et le bien-être

2009 Création du premier centre national de référence « santé à domicile et autonomie »

La réflexion Le Limousin, c’est l’Europe dans vingt ans. La région renoue certes avec un certain dynamisme démo­ graphique, mais reste néanmoins la plus âgée de France : près d’un tiers des Limousins a plus de 60 ans. En 2040, selon l’Insee, un Limousin sur huit sera octogénaire, contre un sur treize aujourd’hui. La lutte contre l’isolement et la possibilité de bien vieillir chez soi nécessitent une adaptation de l’offre de services et d’équipements technologiques. Un enjeu essentiel pour maintenir du lien social en s’appuyant sur le monde associatif, la recherche et l’industrie.


parcours

SAS : expérience concluante pour un jeune haut-viennois Accompagner Après avoir été suivi par la mission locale dans le cadre du service d’aide

à l’orientation active pour l’emploi de jeunes (SAS), Fayçal Tabti, un Limougeaud de 22 ans, vient d’obtenir un emploi. © Zohra Meslem

Le jeune homme est volontaire. C’est justement cette qualité qui a retenu l’attention de ses futurs employeurs des Transports rapides du Limousin (TRL). C’est par le biais de la mission locale que Fayçal Tabti a trouvé ce travail, en dépit d’une formation initiale complètement différente. « Je voulais faire une formation en vente, mais il n’y avait plus de places. » C’est donc par défaut qu’il a suivi un BEP comptabilité à Toulouse. De retour à Limoges, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 22 ans, fait plusieurs missions d’intérim. « Je ne savais pas trop ce que je voulais faire. À un moment j’ai même songé à la coiffure. Un ami m’a alors parlé du programme SAS proposé par la mission locale. J’ai demandé à l’intégrer. » L’occasion de définir avec le plus de précisions possibles son projet professionnel.

« Je me suis souvenu que j’avais fait un stage en 2012 à TRL. Ça m’avait beaucoup plu. » Fayçal Tabti a donc repris contact avec les dirigeants de l’entreprise. Son stage de trois semaines débouche sur un CDD. La société qui fait du transport touristique occasionnel dans toute l’Europe et au Maghreb, du transport régulier (scolaire et IME), du transport pharmaceutique et de presse, décide, après cette nouvelle expérience, de conserver le jeune homme, dans le cadre d’un contrat d’avenir de trois ans. Ce qui lui permettra de pouvoir se former et de passer tous les permis nécessaires dans le cadre professionnel. Ensuite, les dirigeants devraient lui proposer un contrat de travail. « Le SAS m’a non seulement appris à travailler en équipe, à découvrir plusieurs métiers, mais m’a aussi permis de décrocher un emploi », se félicite Fayçal Tabti.

Le jeune homme profite de son SAS pour parfaire sa formation professionnelle.

INITIATIVES

Le SAS, comment ça fonctionne ? La Région Limousin a mis ce dispositif en place en partenariat avec le réseau régional des missions locales pour permettre à des jeunes de 18 à 25 ans, sortis du système scolaire et sans projet professionnel clairement défini, de bénéficier d’un accompagnement individualisé. Ce programme est basé sur une dynamique de réussite collective et individuelle. Pendant trois mois, les inscrits bénéficient de différents modules d’orientation. À eux d’organiser leur parcours de découverte dans les entreprises, centres de formations etc., de proposer et de mettre en place un projet collectif dans les trois mois.

Aujourd’hui 3 Limousins sur 10 ont plus de 60 ans

82,2 ans

En 2040

60 37,5 % ...auront plus de 60 ans

88,9 ans

80 12,6 % ... auront plus de 80 ans, la proportion la plus élevée de France*

*selon une estimation de l’Insee

...d’espérance de vie pour les hommes

...d’espérance de vie pour les femmes

L’action L’exemple d’Autonom’Lab pourrait faire la force du Limousin. La région est, en effet, candidate pour devenir un territoire pilote pour développer et tester la silver economy, un secteur clé qui bénéficie du soutien de l’État et de l’Europe. Terre de pépites innovantes, le Limousin parie sur la recherche, la conception de nouveaux produits et de services adaptés et sur une offre de formation spécifique reconnue à l’échelle internationale pour faire du vieillissement de la population un gisement d’activité économique et d’emplois dans les secteurs sanitaire et social et dans le bâtiment.

FORMER RECHERCHER INNOVER

La région la plus âgée de France

Le Limousin, région pilote ? 200 étudiants formés

(licence « domotique et autonomie des personnes »)

Un master international à Limoges : des spécialistes en e-technologie et en économie sociale

-e

om n’H

o Aut

L’activité physique + la domotique =

Géropass :

2000 packs autonomie:

Géolocalisation :

aide des victimes d’AVC à retrouver de l’autonomie rapidement

télé-assistance, parcours lumineux, détecteurs de chutes expérimentés dans le cadre du projet Ic@re qui allie Legrand et le CHU

suivi numérique des dossiers médicaux

Sécurisation des déplacements des personnes âgées. Expérimentée à Limoges jusqu’en juin 2014

N° 104 SEPTEMBRE 2013 La lettre du limousin

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territoires © Jean-Christophe Dupuy

Du bio dans l’assiette de près d’un quart des lycéens

Près d’une dizaine de lycées introduit des aliments bio dans les menus.

NATUREL Les aliments utilisés pour préparer les repas dans les lycées sont de plus en plus souvent

cultivés au plus près des restaurants scolaires qui s’essayent aussi régulièrement au bio. «  On a voulu tenter le coup », explique Philippe Chadelas, le proviseur de la cité scolaire Darnet. En mai dernier, l’établissement de SaintYrieix-la Perche (Haute-Vienne) a servi son premier repas entièrement bio. L’expérience sera renouvelée cette année. « On souhaite en servir un par trimestre », annonce Philippe Chadelas, qui peut compter sur « un chef cuisinier assez sensibilisé » pour s’approvisionner localement en produits frais : légumes cultivés alentour, bœuf élevé à moins de vingt kilomètres, porc de Creuse, yaourts de Flavignac (Haute-

Vienne). « On essaie de faire travailler les producteurs locaux », fait valoir Philippe Chadelas. La cité scolaire fait partie de la petite dizaine de lycées limousins qui introduit du bio dans les repas. Depuis 2007, Manger Bio Limousin, une plate-forme professionnelle, sert d’intermédiaire entre 65 fournisseurs et plus de 80 lieux de restauration collective. « Tous les repas ne sont pas 100 % bio tous les jours. Parfois, il s’agit simplement de quelques aliments », précise Marie Cadet, chargée de développement à Manger Bio Limousin qui se fournit à plus de 80 % dans la

région et les départements limitrophes. Le but : développer la production et trouver des débouchés aux producteurs pour pérenniser leur revenu. « Il n’y a aucune difficulté pour fournir des pommes et des produits laitiers de la région. On peut même aller bien au-delà », remarque Véronique Baillon, chargée de mission à Interbio Limousin. Pas de problème non plus pour la viande. « À condition de suffisamment planifier la demande collective et que les commandes se fassent en concertation d’un établissement à l’autre », prévient la jeune femme. « Cela permet

d’utiliser tous les morceaux. C’est nouveau, mais il faut faire cette petite révolution. » Certains lycées agricoles de la région sont même parfois fournisseurs. C’est le cas de celui de Brive-Objat et des Vaseix près de Limoges qui possèdent un atelier maraî­chage. L’établis­ sement de Tulle-Naves appartient aussi à la trentaine de fermes limousines qui alimente la société coopérative agricole du Pré Vert principalement en viande bovine et ovine. La SCA, qui rayonne sur une bonne partie du sud-ouest, fournit aussi les 22 collèges corréziens.

Mobilimousin s’étend au Grand Guéret Bouger Pour le même prix, les titulaires d’un titre

urbain de l’agglomération pourront circuler sur les lignes régionales dans le périmètre du Grand Guéret.

À partir du 1er janvier prochain, les usagers des transports du Grand Guéret devraient pouvoir bénéficier des services de la centrale de mobilité régionale Mobilimousin. Pour le même prix, les titulaires d’un titre de transport urbain auront désormais la possibilité d’emprunter, dans les deux heures après validation, les lignes ferroviaires et routières du

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réseau régional, à l’intérieur du périmètre de l’agglomération, sur les lignes Limoges-GuéretMontluçon, Guéret-Montluçon et La Souterraine-Guéret-Felletin. Pour les usagers des TER et cars régionaux, des tickets spécifiques permettant la correspondance sur le réseau urbain seront délivrés par les contrôleurs et les conducteurs. Depuis 2010, la centrale régionale

La lettre du limousiN N° 104 SEPTEMBRE 2013

Mobilimousin per­met aux usagers de connaître les itinéraires sur les réseaux TER de Haute-Vienne, Creuse et Corrèze et de Limoges Brive et Tulle. Les horaires, l’état du trafic sont également disponibles, de même que le mode de transport qui est mis à leur service. www.mobilimousin.fr n° vert 0 800 87 23 19

Les premières informations seront disponibles à l’automne sur le web.

Des produits locaux dans 80 % des lycées Selon une étude menée l’an dernier auprès des 41 gestionnaires des lycées chargés d’assurer la restauration, au moins 80 % des lycées préparent leurs menus avec des produits locaux. Plus de la moitié d’entre eux a sauté le pas grâce à la convention régionale relative à la fourniture en viande bovine et ovine « de qualité ». La Région majore de 25 % sa prise en charge des achats carnés. L’an dernier, cet effort a concerné 32 établissements pour la viande bovine et 14 pour la viande ovine, pour un coût total de plus de 85 000 euros.


Le Jardin de Cocagne accueille des hommes et des femmes en situation précaire.

TROIS QUESTIONS À… Stéphane Cambou conseiller régional, délégué à la territorialité et au lien social, à la culture et au sport.

« Développer l’emploi associatif est fondamental » Pourquoi est-ce important pour la Région de développer l’emploi associatif ? Cela est fondamental. Il y a aujourd’hui plus de 600 emplois associatifs en Limousin. On a envie qu’ils continuent de se professionnaliser et qu’ils concourent à la formation des emplois d’avenir en phase de recrutement. D’abord, les structures associatives qui recruteront des emplois d’avenir pourront accéder à un fonds emploiformation. Ensuite, il y aura un volet professionnalisation. Dans le domaine du sport, pour la période 2014-2020, les emplois associatifs nous accompagneront dans l’élaboration de la charte sur les sports de pleine nature que nous souhaitons mettre en œuvre. Pour le tourisme, nous voulons travailler sur une communication globale des offices de tourisme qui, pour certains, relaient encore difficilement des événements qui se tiennent hors de leur commune.

Un jardin qui cultive la solidarité Entraide Le jardin maraîcher bio de Voutezac (Corrèze)

Cette politique régionale, en place depuis 2004, porte-t-elle ses fruits ? Des associations obtiennent désormais des financements auxquels

remet le pied à l’étrier à des salariés en insertion professionnelle. Ils sont dix. Sept femmes, trois hommes, de 26 à 59 ans. Études arrêtées en troisième, parfois au Bac, parcours professionnel chaotique : certains n’ont pas ou que peu travaillé. Mais depuis un an, tous tentent d’en finir avec l’exclusion. Pendant six mois à deux ans, à raison de 24 heures de maraî­chage par semaine, ils reprennent peu à peu confiance en eux grâce au Jardin de Cocagne mis en place

par l’association des Amis du pont du Saillant, près de Voutezac (Corrrèze). Pour autant, « le maraîchage n’est qu’un support vers l’insertion », prévient Audrey Vaine, la coordinatrice. « Ils se rendent compte qu’ils peuvent gagner un salaire. C’est important, surtout pour des femmes jusqu’alors souvent dépendantes de leur mari ou vraiment sur la touche », sourit Charlotte Lombardo, l’accompa-

gnatrice. Chaque semaine, une soixantaine de paniers potagers sont préparés avant d’être vendus sur place. Chaque salarié rédige aussi La Feuille de chou, le bulletin d’information du jardin. « De cette façon, on travaille le français et l’informatique. Ça débloque pas mal de choses. Il y a un gros travail de remise à niveau », observe Charlotte Lombardo. Un coup de pouce nécessaire pour retrouver un emploi et sortir de l’exclusion.

Quatre hectares de terre, 2 400 m2 de serres et une petite maison qui sert de lieu d’accueil sont à disposition des salariés, libres de faire valider leurs compétences en maraîchage au niveau CAP par le centre de formation des apprentis (CFA) du lycée agricole voisin. « C’est un bagage supplémentaire pour eux », fait valoir l’association. Le matériel aussi est mis en commun avec l’établissement et le Jardin de Cocagne acquiert peu à peu les machines, aidé par la Région à hauteur du tiers du coût total, soit 70 000 euros.

Imaginer Plusieurs exploitations agricoles se portent candidates

pour expérimenter des dispositifs d’économie en eau dans l’est du département. en eau disponibles sur l’exploitation, c’est sur cette base que seront proposés les projets d’investissements régionaux. À terme, il s’agit de mettre en place des abreuvoirs à la parcelle, des retenues collinaires, de récupérer les eaux de pluie ou de créer des aménagements de traitement et de distribution. Pour autant, afin d’éviter d’aggraver ou de provoquer des déséquilibres hydriques, les solutions seront examinées à l’échelle du bassin versant. Sont notamment exclus de l’aide de la Région Limousin tout drainage des

Quel est l’impact de cette politique sur l’aménagement du territoire ? Il est majeur pour l’emploi. Cela permet aussi d’avoir des micro-entreprises qui favorisent le développement du territoire. La Région Limousin a permis à des gens qui sont dans des structures associatives de faire de leur métier leur passion et de leur passion leur métier. Pour certains, ceci leur a mis le pied à l’étrier pour atteindre d’autres objectifs. Pour d’autres, cela leur offre la possibilité de se poser sur un territoire et d’envisager l’avenir. C’est une sécurité que nous donnons aux associations et à leurs salariés.

Le Jardin de Cocagne est partenaire du lycée agricole de Brive-Voutezac

La Creuse teste l’autonomie en eau La Creuse montre la voie. L’est du département va expérimenter un dispositif d’autonomie en eau des exploitations agricoles. Dans cette zone de polyculture-élevage parfois confrontée à des ruptures d’alimentation en eau potable et à des débits d’étiage sévères en été, une cinquantaine d’éleveurs s’est déjà déclarée intéressée. Une vingtaine de projets est actuellement en cours d’élaboration. L’heure est au diagnostic. Besoins annuels, consommation, pratiques agricoles, ressources

elles n’avaient jusqu’alors pas accès. Sans compter l’importance de la notion de réseau, notamment autour de Gaïa, la maison régionale des sports, qui permet de mutualiser les forces. Dans le secteur du tourisme aussi, il se construit quelque chose : il faudra d’ailleurs qu’on aille plus loin pour affirmer les sept portes d’entrée du Limousin. Dans la culture, peut-être faut-il une plateforme spécialement dédiée aux emplois associatifs. C’est une perspective que nous étudions.

Après la Creuse, l’expérience pourrait se poursuivre en Corrèze.

en bref

La nouvelle vie de l’abattoir de Saint-Yrieix-la-Perche

Environ un quart des 1 320 m2 de l’ancien abattoir de Saint-Yrieix (87) est désormais occupé par la SAS Provence Limousin. L’entreprise, qui fabrique des produits de boucherie et de charcuterie, souhaite aussi vendre des spécialités limousines et provençales. Jambon cuit, jambonneaux, poitrine salée, saucisses et merguez ont déjà été commercialisés. Sur un investissement initial de 100 000 euros, 70 000 ont permis l’achat de machines-outils et la rénovation des locaux.

C’est le moment de prendre des éco-habitudes

zones humides, captage permanent des sources et créations d’étangs. Le test pourrait être poursuivi en Corrèze, sur le bas-

sin de l’Adour-Garonne, avant éventuellement d’intégrer par la suite les programmes opérationnels européens 2014-2020.

Les journées de l’éco-habitude se dérouleront les 21 et 22 septembre à l’Espace Hermeline de Bussière-Galant (Haute-Vienne). Au programme : conférences, ateliers, balades et spectacles de théâtre. Entrée gratuite.

N° 104 SEPTEMBRE 2013 La lettre du limousin

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Faire réussir les jeunes limousins La Région s’engage pour la réussite scolaire et l’insertion professionnelle. elle lance son pacte régional et expérimente un service public de l’orientation. est le principe de la « formation tout au long de la vie ». Depuis 2011 et la signature du contrat entre la Région et l’État sur la formation, chaque habitant du Limousin peut s’orienter, se réorienter, se former, se reconvertir à tout moment et trouver des interlocuteurs pour l’y aider. Mais désormais, il s’agit d’aller plus loin : le Limousin lance un pacte régional pour la réussite éducative et professionnelle des jeunes, répondant ainsi à l’appel au volontariat lancé par le ministère de l’Emploi. Une solution pour chacun

C’est l’outil de lutte contre le décrochage scolaire et l’absence de qualification. Le pacte régional pour la réussite éducative et professionnelle des jeunes a pour ambition de proposer une solution à ceux qui connaissent des difficultés et de développer

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La lettre du limousiN N° 104 SEPTEMBRE 2013

encore davantage les formations par alternance pour les premiers niveaux de qualification. Il repose sur un état des lieux des solutions existantes et des situations qui conduisent les jeunes à sortir du système scolaire sans diplôme ni projet. En Limousin, au moins 10 % d’une classe d’âge quitte le système scolaire sans qualification chaque année, contre 12 % à l’échelle nationale. Beaucoup de dispositifs sont déjà en œuvre dans la région pour lutter contre le décrochage scolaire. L’établissement régional d’enseignement adapté (EREA) de Meymac (Corrèze) apparait ainsi comme essentiel. Non seulement parce qu’il accueille les collégiens en grande difficulté, mais surtout parce que les élèves y sont au maximum seize par classe, qu’ils bénéficient d’un programme spécifique, d’enseignements professionnels (bâtiment,

aide à la personne, entretien, cuisine) et de stages en entreprises. « Un de nos principes, c’est la transversalité : on travaille les maths en cuisine, avec la proportionnalité, ou bien le français avec la rédaction de rapports de stage », explique Collette BarjonAdarouch, la directrice. Trois CAP sont préparés à l’EREA dans le secteur du bâtiment, avec de bons taux de réussite et l’équipe souhaiterait en ouvrir un quatrième. Autre solution qui permet de prendre en charge les jeunes en difficulté dès le collège : le dispo­sitif d’initiation aux métiers par l’alternance. Les élèves qui souhaitent quitter l’école peuvent ainsi s’essayer, pendant un an, à différents métiers en alternance avec des cours en CFA.

laire. Parfois les plus inattendus. Laurent Doucet, professeur d’histoire-géographie et de lettres au lycée professionnel Saint-Exupéry à Limoges consent même d’éloigner un temps les élèves du système scolaire pour les ramener vers l’enseignement. « Avec d’autres enseignants volontaires et le soutien de mon administration, nous avons par exemple organisé des ateliers de chinois, un projet autour du théâtre avec le dramaturge Armand Gatti... Une fois, j’ai proposé à des élèves de troisième devenus ingérables des ateliers de slam à la BFM avec des jeunes non-francophones issus de l’exil, inscrits en pôle de remédiation, d’insertion et d’accès à la qualification (Priaq). Tout est sorti dans le slam ! Le contact avec ces jeunes en Priaq, aux situations sociales très diffiDes solutions originales Tous les moyens sont bons pour ciles, leur a permis de prendre la lutter contre le décrochage sco- mesure de la notion d’exclusion »,

se souvient l’enseignant. Autre exemple de réussite. « Une autre année, face à des cas de violences sur adultes, l’État nous a donné un poste de plus. Nous avons adapté nos emplois du temps pour pouvoir nous partager la classe en deux groupes de huit. L’initiative a permis d’obtenir 100 % de réussite au CAP », se réjouit Laurent Doucet qui utilise également le Cheq’up, le chéquier loisirs pour les jeunes mis en place par la Région, pour emmener les élèves au cinéma, au théâtre, et financer l’achat de littérature. Sortir du chomâge

Et pour ceux qui seraient sortis du système et à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an ? La Région Limousin a imaginé le SAS orientation active vers l’emploi avec les missions locales : trois mois pour décider et passer son projet professionnel au tamis


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TROIS QUESTIONS À… Jean-Paul Denanot président du conseil régional du Limousin

« On a besoin de s’orienter et de se former à tous les âges de la vie » 1. L’apprentissage et l’alternance permettent de mieux connaître les métiers. 2. La Région Limousin améliore aussi les conditions d’étude dans les lycées agricoles. 3. Le bien-être des élèves passe par la réfection des internats. 4. Le lycée Maryse-Bastié fête ses dix ans cette année.

ns

Comment la Région peut-elle faciliter la réussite scolaire des jeunes ? Il faut remettre en perspective la notion de réussite. Aujourd’hui, il est possible d’essayer une formation ou un métier, de se tromper et de recommencer, sans que cela soit synonyme d’échec. C’est un vrai changement des mentalités que nous essayons de faire passer à travers le pacte pour la réussite éducative et professionnelle, qui utilise notamment la possibilité d’expérimenter des métiers comme moyen de lutte contre le décrochage scolaire. Pourquoi créer un service public de l’orientation professionnelle tout au long de la vie ? Aujourd’hui, les parcours ne sont plus linéaires, on ne fait pas le même métier et on ne vit pas au même endroit toute

sa vie. On a donc besoin de s’orienter et de se former à tous les âges de la vie. Nous travaillons sur cette question depuis plusieurs années avec le Gip Prisme et la Cité des métiers. Ce service public s’inscrit dans la continuité. Comment aider les jeunes à réussir leur orientation en ces temps de crise ? La crise n’empêche pas de nombreuses entreprises de recruter. Dans certains secteurs comme l’industrie ou le médical, par exemple, on manque de professionnels et de nombreuses formations qualifiantes sont ouvertes par la Région. Les représentations des métiers sont souvent fausses ou incomplètes et nous agissons pour permettre aux jeunes d’en découvrir le maximum, gage de réussite de leur orientation : le succès des SAS d’orientation active que la Région a confié aux missions locales en est une preuve vivante.

la région auprès des familles Face à la crise, la Région crée un fonds social de restauration et d’hébergement à compter de la rentrée. Une enveloppe de 200 000 euros a ainsi été réservée à ce dispositif. Enfin, pour ne pas peser davantage sur le budget des ménages, la Région a décidé de geler les tarifs de pension en 2014. Elle finance également la gratuité des manuels scolaires. L’an dernier, les élèves des terminales L, ES, STI2D, STL, STD2A et HOT en avaient bénéficié. Cette année, ce sera au tour des secondes générales et technologiques, des terminales STMG et ST2S et des premières années de CAP et secondes professionnelles. Les autres élèves qui ne sont pas encore concernés par cette disposition perçoivent une dotation de rentrée de 60 ou 90 euros. Renseignements à education@cr-limousin.fr

Ce n’est pas parce qu’il y a chômage et crise qu’il ne peut pas y avoir rêve.  » de la réalité du terrain. Depuis sa création en 2011, le SAS a permis à de nombreux jeunes de se reprendre en main et de trouver du travail. Les emplois d’avenir et les contrats de génération sont également des outils précieux. Les premiers permettent aux 16-25 qui ont peu ou pas de diplôme de connaître une première expérience professionnelle et une deuxième chance d’acquérir une qualification. Le second encourage l’emploi des jeunes en créant des binômes avec des seniors, assurant ainsi la transmission des compétences dans les entreprises. Citons enfin le service civique, spécialement adaptée aux 16-25 ans. Ces dispositifs seront ainsi complétés par un service public de l’orientation. Réussir son orientation

Le Limousin ne part pas de rien. Une partie de ce service existe déjà à travers la Cité des métiers qui donne informations et conseils sur l’orientation et les formations. Selon Alain Jouneau, son directeur, les jeunes subissent

aujourd’hui trop de pression sur l’orientation post-Bac, alors que l’on a toujours la possibilité de changer, de valider ses acquis, d’utiliser des passerelles. « Il faut mettre un peu d’optimisme et de légèreté dedans sinon, c’est le désespoir, on dit que tout est bouché et on choisit par défaut ! L’orientation, ce n’est pas se caser dans des boîtes, c’est oser découvrir des métiers peu familiers, rencontrer des professionnels qui parlent de leurs passions, faire des expériences. Ce n’est pas parce qu’il y a chômage et crise qu’il ne peut pas y avoir rêve. Le rêve, ce n’est pas le délire, ça permet d’avancer ! », soutient le directeur de la Cité des métiers dont le service public de l’orientation complétera l’action. Comment atteindre le métier choisi ? Quelle passerelle ? Quelle formation ? Quels stages ? Avec le pacte régional et la mise en œuvre du service public d’orientation professionnelle, la Région fait de la réussite de la jeunesse sa priorité.

© Jean-Christophe Dupuy

© Jean-Christophe Dupuy

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© Jean-Christophe Dupuy

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Ce que fait la Région Si la formation initiale reste le domaine de l’Éducation nationale, la Région Limousin n’en est pas moins un acteur majeur puisqu’elle est en charge de la formation des apprentis dans les CFA, des demandeurs d’emploi et des formations du secteur sanitaire et social. Elle intervient avec ses partenaires dans la formation des salariés, l’orientation et l’insertion professionnelle. Enfin, la Région participe à l’élaboration de l’offre des formations dans les lycées professionnels en fonction des besoins du territoire. Elle a aussi en charge l’entretien des bâtiments.

N° 104 SEPTEMBRE 2013 La lettre du limousin

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DOSSIER Estelle, 16 ans, vient de remporter Le prix de l’apprentissage au féminin

ENTRE LA FERME ET LE LYCÉE

S

on avenir, Estelle le voit au milieu du bétail, du foin et de la boue, dans la ferme familiale de Saint-Sornin-Leulac (HauteVienne). « Depuis toute petite, je suis toujours fourrée à la ferme à donner à manger aux vaches, à m’occuper des volailles. J’aime le contact avec les animaux » témoigne cette jeune femme naturelle et décontractée, à l’allure sportive. « C’est inné, chez elle, c’est comme une évidence depuis toujours », ajoute sa mère

qui occupe un emploi salarié à l’extérieur. L’exploitation, une centaine de vaches et plus de 200 hectares, est l’œuvre de ses grands-parents. Aujourd’hui, le grand-père attend l’arrivée d’Estelle dans le Gaec pour partir. La précarité qui touche le monde agricole ne fait pas peur à la jeune femme. « Elle ne sera pas riche, mais elle ne connaîtra pas la routine : tous les matins quand on se lève, on ne sait pas ce qui va arriver, c’est ce qui est beau dans le métier », sourit son grand-père.

En apprentissage, Estelle alterne le travail à la ferme et les cours au lycée agricole de MagnacLaval (Haute-Vienne), comme son père des années plus tôt. Elle entre en terminale Conduite et gestion d’exploitation agricole et sera bientôt son associée. Lauréate du Prix de l’appren­ tissage au féminin décerné par la Région, elle a gagné un stage de plusieurs semaines dans une ferme en Sardaigne. L’occasion de découvrir d’autres horizons et d’autres pratiques !

Audrey, veut passer le DUT de génie mécanique à l’IUT du Limousin

DES idées bien arrêtées

© Emmanuelle Mayer

QUESTIONS & rÉponseS © jean-christophe dupuy

Ton orientation

À La Cité des métiers de Limoges www.citedesmetierslimousin.fr Dans l’un des dix centres d’information et d’orientation (CIO) de l’Éducation nationale en Limousin (Brive, Tulle, Ussel, Aubusson, Guéret, Bellac, Limoges, Saint-Junien, Saint-Yrieix-la-Perche). À l’Onisep du Limousin www.onisep.fr, organisme spécialisé pour les filières de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur.

A

udrey, une douce jeune fille de 17  ans, adore les cours de mécanique et souhaite devenir gendarme. Après ses années au collège LéonardLimosin à Limoges, elle est arrivée en seconde à Turgot l’année dernière, pour l’option Sciences de l’ingénieur. Rare fille dans un lycée où les filières très scientifiques et techniques attirent une majorité de garçons, elle réussit à s’intégrer et, aujourd’hui,

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Beaucoup de pression sur l’orientation » elle en est ravie. « Mon père a étudié dans cet établissement et je l’avais visité avec lui étant enfant. Depuis, je rêvais d’y aller. Nous sommes peu nombreux, l’ambiance est agréable, et puis avec peu de filles, l’apparence compte moins. Ça me convient bien. » À l’avenir, la jeune femme souhaite troquer ses talons contre des galons. Une soif de justice et le goût de la discipline la font pencher pour les forces de l’ordre. «  J’ai envie d’aider

La lettre du limousiN N° 99 104septembre SEPTEMBRE2012 2013

les gens et de faire appliquer la loi .» Mais avant de tenter le concours d’entrée à l’école de gendarmerie, ses parents lui ont conseillé de suivre une formation supérieure, « pour avoir un bagage ». Elle a déjà choisi : ce sera un IUT Génie mécanique, son domaine de prédilection. Tout semble clair et simple mais « on a quand même beaucoup de pression sur l’orientation », avoue Audrey. En attendant, cap sur le Bac !

Ta formation

Lycées professionnels, université, CFA, Greta, Afpa, Cnam, Portail Limousin Formation, chambres consulaires, autant de structures et de diplômes différents. Pour s’y retrouver, la Cité des métiers a répertorié l’ensemble des offres qui existent en Limousin pour chaque famille de métiers : www.citedesmetierslimousin.fr/former/ en-limousin

Ta vie quotidienne

Tous les aspects de la vie des jeunes sont recensés par le centre régional d’information sur la jeunesse (Crij). On peut y trouver un logement, se renseigner sur une formation, monter un projet, préparer un séjour à l’étranger, trouver un job d’été. Le Crij coordonne les points info jeunesse (PIJ), bureau info jeunesse et relais info jeunes (RIJ) sur tout le territoire. Il est situé à Limoges dans le même immeuble que la Cité des métiers (13, cours Jourdan). www.crijlimousin.org


© Emmanuelle Mayer

© CHU de Limoges

L’aVIS dU... Professeur Jean-Yves Salle administrateur de l’Institut de formation aux métiers de la réadaptation (Ilfomer)

« En Limousin, nous manquons de professions paramédicales de rééducation » En Limousin, nous manquons de professions paramédicales de rééducation. Nous étions en sous-densité sur certains métiers comme l’orthophonie, car nos jeunes partaient faire ces longues études ailleurs et ne revenaient pas s’installer. C’est pourquoi la Région a décidé de créer une école sur le territoire : l’Ilfomer. Nous avons ouvert en septembre 2012 avec deux formations : orthophonie et ergothérapie. L’équipe de direction est très mobilisée, les associations professionnelles ont joué le jeu et, côté élèves, il y a eu un intérêt très important pour l’orthophonie avec 1 000 candidats pour vingt places ! Cette première

année de fonctionnement s’est très bien passé. La seule difficulté réelle que nous rencontrons est celle des stages. Les étudiants rechignent parfois à partir en stage hors des grandes agglomérations de Limoges et Brive, où justement on en a le plus besoin. Nous réfléchissons à des solutions pour cette année, qui voit le lancement de la formation de masseur-kinésithérapeute, particulièrement axée sur la gériatrie et qui partagera des enseignements avec les étudiants de l’Apsah atteints n d’un handicap visuel.

www.unilim.fr/ilfomer

Un IUT Carrières sociales ouvre ses portes à Guéret Animation socio-culturelle, action sociale, avec un public d’enfants, de personnes âgées, de chômeurs en voie d’insertion, d’adultes handi­capés... les métiers que l’on peut pratiquer après un DUT Carrières sociales sont variés et nécessaires en Limousin. C’est pourquoi l’université de Limoges vient d’ouvrir une section, option Animation sociale et socio-culturelle, à Guéret. Avec une centaine de candidatures pour seulement 30 places, le succès est déjà là ! www.iut.unilim.fr

Elle ne connaîtra pas la routine » Tes aides

Dotation de rentrée scolaire aux lycéens, allocation d’équipement de travail pour les apprentis, allocation pour les formations médicales et sanitaires et sociales, aides pour partir à l’étranger, bourses de thèse, soutien à l’insertion professionnelle, à la mobilité, à la création d’entreprise, aux initiatives associatives mais aussi la nouvelle carte Belim qui donnera entre autres, accès au Chèq’up. Toutes ces aides régionales sont sur le site des jeunes en Limousin www.belim.fr

Ta recherche d’emploi

À la Mission locale www.missions-locales-limousin.fr Au Pôle emploi www.pole-emploi.fr/region/ limousin

© Emmanuelle Mayer

Lionel, 30 ans, vient de débuter comme infirmier au CHU

C’est le bonheur

A

dolescent, je me voyais vétérinaire, je pensais aussi à infirmier... Mais on m’a dit que mon niveau scolaire ne me permettrait pas de rester dans la voie générale et on m’a envoyé faire un métier manuel. » Après un bac pro en hôtellerierestauration et un passage d’un an comme cuisinier chez un traiteur, Lionel passe sept ans en intérim chez Madrange, Legrand, Elis, sans connaître le chômage. « Mais j’avais envie d’apprendre un métier, de faire quelque chose de ma vie. Infirmier, j’y pensais encore, alors je me suis dit : ‘‘Pourquoi pas ? ”

Ma famille et mes amis m’ont encouragé. Passer le concours d’entrée à l’IFSI du CHU de Limoges était un défi. » Il travaille la nuit, révise le jour et réussit. Inscrit comme demandeur d’emploi, il touche une indemnité pendant toute la durée de la formation de trois ans. « On donne sa chance à tout le monde », se réjouit le jeune homme déterminé qui estime que « quand on a un but, on y arrive ». Dès son premier stage en chirurgie, il est ravi. « Je me suis dit : ‘‘Ça y est, j’ai trouvé ma voie’’. » Trois ans plus tard, il est diplômé. Et immédiatement embauché !

On donne sa chance à tout le monde » N° 104 SEPTEMBRE 2013 La lettre du limousin

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politique

LES cinq tribunes des groupes du conseil régional parti socialiste groupe présidé par

Gérard Vandenbroucke conseillers régionaux Sylvie Achard Sylvie Aucouturier-Vaugelade Gérard Audouze Patricia Bordas Andréa BROUILLE Stéphane Cambou Christèle Coursat Nathalie Delcouderc-Juillard Jean-Paul Denanot Shamira Kasri Alain Lagarde Catherine L’Official Armelle Martin Gilles Pallier Philippe Reilhac Michèle Reliat Jean-Marie Rougier Bernard Roux Claude Trémouille

Rassurer le présent et préparer l’avenir L’été, c’est le temps où l’esprit se voudrait libéré du quotidien, temps de « vacance », au sens premier du mot, que rien, pas même les images d’une vie publique tenue à distance, ne viendrait troubler. On se sera quand même agacé, ou révolté, au spectacle du lamentable « Sarkothon », organisé par ses « amis » pour combler les dettes creusées par l’ex-Président en campagne, candidat peu soucieux de respecter les règles communes... On aura dessiné un sourire au vu des efforts « surhumains » déployés par certains pour faire parler d’eux et se dessiner une stature : mais le Meyzenc n’est pas Solutré et Laurent Wauquiez n’est pas François Mitterrand ! Enfin, on se sera résigné, une nouvelle fois difficilement, à écouter Jean-Luc Mélenchon, chantre de l’extrême gauche, dans sa désormais habituelle logorrhée, mélange agressif de rancœurs, d’accusations « à l’emporte-pièces », et d’affirmations aussi péremptoires qu’anachroniques. Tout cela, certes, n’est pas fait pour redonner hauteur à la vie politique ! Au plus près de nous, il nous faut regarder : tout au long de l’été, notre Limousin a montré un dynamisme culturel, sportif, associatif dont on ne peut que se réjouir. C’est tout

un territoire qui, à la vitalité des très nombreux bénévoles, a su associer les compétences techniques et artistiques des professionnels et organiser cette foule de manifestations qui prouve, une fois de plus, que notre Limousin, « Terre vivante », avance et croit en son avenir. La majorité régionale, par la politique impulsée, n’est pas étrangère à ce très beau succès. L’après-15 août, c’est l’été qui bascule, les préoccupations un moment éloignées qui se pressent à nouveau... Dans notre pays, comme destructuré par des années d’une crise qui a alimenté nombre d’inquiétudes et de frustrations, le pire serait de voir la légitime aspiration à une vraie justice sociale dégénérer en amertume, en dégoût du politique, en un rejet de toute forme d’organisation collective. On a beaucoup parlé, face aux difficultés du temps, de la montée de l’individualisme, de la méfiance : on est « contre » tout ce qui organise la société, contre tous ceux qui semblent « bénéficier » du système ; l’exaspération peut sembler proche, ouvrant la voie aux votes extrêmes, d’extrême droite plutôt, tant qu’il est vrai qu’au bout du compte, seul le FN rafle la mise de l’électorat populaire.

C’est une constante que les populismes prospèrent sur le terreau des crises et que s’opèrent les transferts de la gauche vers l’extrême droite, au détriment des plus démunis eux-mêmes. Le mal, sans doute, est plus profond qu’il n’y paraît : ce vote d’extrême droite par des électeurs de gauche est le résultat du déclassement réel ou non, mais ressenti par les classes moyennes, de la fragilisation des milieux guettés par le chômage, mais aussi du sentiment que « l’autre » profite du système alors que soi-même, on en serait victime. Le rôle du politique est de remettre la préoccupation de justice au centre de toute réflexion, en préalable à toute décision, au cœur de toute réforme, de ressouder autour d’une volonté et d’un projet, cette société fragmentée. La tâche est rude pour le Président et son gouvernement : à une population en partie désabusée, redonner confiance en la chose publique. Doser les efforts demandés temporai­ rement à chacun et assurer en même temps les conditions de la croissance. Assumer le poids de la dette, lourd héritage des calamiteux gestionnaires précédents, donc maîtriser la dépense, et mettre en œuvre au plus tôt, avec l’Europe, un vaste programme d’investissements. Réinvestir, par la concertation, le champ du social, mais aussi

Le pire serait de voir la légitime aspiration à une vraie justice sociale dégénérer en amertume. »

en développant l’innovation, renforcer la compétitivité. Ouvrir des perspectives à une jeunesse dont l’avenir, ces dernières années, s’est noyé d’incertitudes, en termes d’emplois comme de retraites. Rassurer le présent et préparer l’avenir : l’équilibre est précaire. Chacun en a conscience, si la prudence est de mise, l’austérité serait mortifère, économiquement et socialement. Les mesures ont été prises, tant au plan national que régional. Il faut les mettre en œuvre résolument : à nous d’agir, aux entreprises, aux pouvoirs publics d’agir... À nous aussi, dans nos collectivités, avec nos partenaires, d’accompagner ce mouvement par la mise en œuvre des mesures appropriées à la réalité locale, avec l’emploi pour seule obsession. Reconnaissons à François Hollande, pour l’emploi comme pour les autres domaines de la vie sociale, le courage d’avoir multiplié les décisions, là où ses prédécesseurs attendaient si souvent que le temps passe, la volonté forte de les mettre en œuvre, de les inscrire dans une perspective de croissance et de solidarité.

Pour contacter le groupe du Parti Socialiste tél. : 05 55 45 00 77 - www.socialistes-limousin.fr

union pour un mouvement populaire groupe présidé par

Raymond Archer conseillers régionaux Jean-Paul Adenis Françoise Beziat Francis Comby Marie-Claude Lainez Frédérique Meunier Michèle Suchaud Jean-Pierre Tronche Nathalie Villeneuve-Delage Vincent Turpinat

Silver economy : ni priorité, ni stratégie ! Dernièrement, vous avez vu fleurir grâce à une communication de tous les instants, le thème de la silver economy. La majorité régionale adopte une traduction ministérielle socialisante qui, évidemment, en appauvrit la dimension, mais flatte les egos : le « mieux vieillir ». C’est une approche hédonistique qui n’englobe qu’une partie des sens du concept de silver economy. Mais, le gouvernement « ami » a lancé la mode ; c’est devenu la préoccupation dominante, car - découverte socialiste, nous vieillissons ! Pourquoi le thème du vieillissement n’est-il apparu dans les préoccupations de politique régionale que si récemment ? Parce que la majorité n’y avait pas pensé ! Elle va répondre qu’elle est déjà soucieuse du vieillissement :

elle s’occupe des maisons de santé pluridisciplinaires, des économies d’énergies dans les résidences publiques comme privées, elle finance les formations dans le domaine sanitaire et social, elle soutient la domotique... Bien ou mal, ça n’a pas d’importance ! Oui, en effet, elle touche à tout ; elle a du cœur. Mais le modèle de développement n’est pas construit. L’exécutif nous offre un ensemble de pièces juxtaposées sans cohérence et, il le souligne lui-même, en affirmant sa « volonté d’intégrer l’économie du vieillissement dans l’ensemble des politiques régionales ». C’est un contresens stratégique : il veut saupoudrer les politiques préexistantes d’un peu de préoccupation liée à la silver economy alors qu’il faut en faire un grand

Pour contacter le groupe UMP, tél. : 05 55 45 19 38

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La lettre du limousiN N° 104 SEPTEMBRE 2013

enjeu de développement économique au service duquel doivent être mises toutes les possibilités d’intervention régionale. Plutôt que de faire preuve d’initiative, l’exécutif du conseil régional du Limousin a attendu la visite de la ministre concernée pour attribuer, en parole, de l’importance au phénomène du vieillissement dans notre région alors que des travaux anciens et qui ont coûté assez cher, comme l’étude prospective Limousin 2007 avaient souligné le phénomène ! Pour sa défense, l’exécutif va dire qu’il est « candidat à la préfiguration de la filière » ouverte par le ministère et qu’il y aura des sous à prendre ! En réalité, ce qui va se produire est facile à anticiper. Plusieurs régions

L’exécutif nous offre un ensemble de pièces juxtaposées sans cohérence… »

se sont déclarées candidates à la préfiguration de la filière de la silver economy. Au lieu d’être en position de meneur, le Limousin va courir derrière les régions les plus lourdes sur des critères tels que : le nombre d’habitants et la densité démographique, le potentiel économique, le potentiel financier qui auront contribué à la définition de la méthode que voudra suivre le gouvernement pour le montage de la filière et qui n’avantagera pas le Limousin. Mais en bon soldat, l’exécutif régional limousin participera à la mise en place d’une politique nationale sur laquelle il n’aura aucune prise.


europe écologie LES VERTS groupe présidé par

marc horvat conseillers régionaux Jean-Bernard Damiens Ghilaine Jeannot-Pagès dominique normand

Maintenant il faut choisir Beaucoup ont pu profiter de l’été, certains ont participé aux nombreuses portes ouvertes, festivals, cycles de conférences qui se sont tenus sur les nombreux lieux alternatifs de notre région pour découvrir, ou se voir confirmer la durabilité, l’opportunité des nombreux lieux « différents » du Limousin où le travailler autrement pour vivre mieux fait office de loi. Quand des politiques, des représentants de syndicats patronaux ou des « experts économiques » se suivent en processions

artisans et agriculteurs ont fait le choix de privilégier la qualité de vie plutôt que de s’engager dans la course à la productivité quand celle-ci s’oppose au vivre bien. Tisser des liens sociaux basés sur le partage plutôt que sur la compétition se révèle, sur notre terre riche d’expérience du Limousin, plus durable, économiquement, plus viable et plus créateur d’emplois que la course sans cesse renouvelée

Tisser des liens sociaux basés sur le partage plutôt que sur la compétition… »

médiatiques pour implorer le retour de la croissance, d’autres agissent et explorent d’autres manières de vivre ensemble, de produire et de partager en tournant résolument le dos à la Trinité faite sainte de la croissance, de la productivité et des bénéfices sur investissement. Coopératives, associations,

de la compétition interrégionale et internationale. Et comme ces alternatives sont par leur ancrage local respectueuses de l’environnement, elles participent à la préservation de notre région. Si la nouvelle loi sur l’économie sociale et solidaire ainsi que la loi sur le logement reconnaît l’opportunité des alternatives, quel est le sens d’un accord de libre échange transatlantique qui fait la part belle aux multinationales ? Plusieurs voies existent, encore faut-il choisir la bonne.

Pour contacter le groupe Europe Écologie Les Verts, tél. : 05 55 45 17 22

ADS MEL groupe présidé par jean daniel mouvement écologiste limousin

conseillère régionale

Jacqueline Lhomme-Léoment Alternative Démocratie SocialistE

La nouvelle PAC en chantier La nouvelle politique agricole commune européenne a été adoptée le 27 juin dernier. « Un bon compromis », selon le ministre de l’Agriculture. Du côté syndical et politique, il y a ceux, et je n’en suis pas, qui regrettent la marge de manœuvre accrue laissée aux États quant à sa mise en œuvre. Il y a ceux encore qui l’estiment « pas

à la hauteur des enjeux », qui dénoncent cet « outil du

libéralisme » alors que d’autres en soulignent les avancées tout en regrettant son montant revu à la baisse. Cette nouvelle PAC se veut : plus transparente dans la mesure où les aides agricoles seront rendues publiques ; plus juste par le rééquilibrage des aides entre les filières. Alors qu’aujourd’hui 80 % des aides vont à 20 % des exploitations, une série de dispositions nouvelles devrait permettre

de mieux encourager l’élevage et les productions régionales, d’où la colère des céréaliers. Elle se veut plus verte puisque 30 % des aides versées auront un lien avec le respect de règles environnementales.

Les nouveaux principes étant posés, il s’agit désormais de passer à la pratique. La concertation est engagée avec le monde agricole. Nul doute que les négociations, devant aboutir à la future loi d’avenir agricole début 2014, seront particulièrement âpres.

30 % des aides versées auront un lien avec le respect de règles environnementales.»

Pour contacter le groupe Alternative démocratie socialiste et Mouvement écologiste Limousin, tél. : 05 55 45 19 45

LIMOUSIN terre de gauche Parti communiste français Parti de gauche GAUCHE anticapitaliste

groupe présidé par

Christian Audouin conseillers régionaux Stéphane Lajaumont Véronique Momenteau Laurence Pache Joël Ratier Pascale Rome

En Limousin comme ailleurs, l’argent public ne doit pas aller aux multinationales Lors de la commission perma­ nente de juillet, la majorité régionale (PS, Europe ÉcologieLes Verts, ADS), soutenue par l’UMP, a voté près de 1,3 million d’euros en faveur de multinationales. Polyrey (Ussel) a ainsi obtenu 104 000 euros, Legrand (Limoges) 145 000 euros et un million d’euros de fonds européens ont été attribués à International Paper (SaintJunien) pour, selon les cas, leur participation à un dispositif d’innovation ou une action environnementale. À l’évidence ces groupes n’ont pas besoin de cette aide. Leurs chiffres d’affaires se comptent en milliards d’euros et ils rémunèrent grassement leurs actionnaires. À titre d’exemple,

Legrand leur a ainsi versé l’an dernier 264 millions. Ils avaient donc largement de quoi financer ces investissements sur leurs fonds propres. Oui mais voilà, l’ « effet d’aubaine », si souvent dénoncé par notre groupe, a une nouvelle fois joué. Faute de vraies conditionnalités sociales, environnementales et démocratiques, les dispositifs régionaux d’aide aux entreprises restent ouverts aux grands groupes qui ne se privent pas de faire du chantage à l’emploi pour capter l’argent public. À ces dépenses inutiles, il faut ajouter les 100 000 euros que cette même commission permanente vient de débloquer en faveur de l’agglomération de Limoges afin de financer

Le chantage à l’emploi n’est pas acceptable »

une énième étude d’impact d’une ligne LGV LimogesPoitiers qui, c’est maintenant officiel, ne verra pas le jour. Pourquoi céder au chantage de quelques grands groupes qui quitteront quand même notre région le jour où le Limousin ne les intéressera plus ? Pourquoi continuer à financer un train désormais fantôme ? Comment justifier dès lors que les moyens financiers de la Région sont limités et son budget contraint ? Pourquoi envisager, comme il est déjà annoncé, des réductions sévères des

dépenses en 2014 qui affecteront tous les domaines de compétences de la Région ? S’il est des économies à réaliser, elles doivent s’appuyer sur des choix politiques clairs en rupture avec les logiques financières du libéralisme. Il est notamment grand temps, comme les élus Limousin Terre de Gauche ne cessent de le dire, de faire jouer une solidarité entre les régions et d’installer une législation, tant en France qu’en Europe, qui interdit les aides publiques aux multinationales. Pour être tenu au courant de l’activité des élus de Limousin Terre de Gauche au conseil régional, n’hésitez pas à vous inscrire à la lettre d’infos, sur www.terredegauche.fr.

Pour contacter le groupe Terre de gauche, tél. : 05 55 45 17 26

N° 104 SEPTEMBRE 2013 La lettre du limousin

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agenda

Le sacre des Nuits de Nacre

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Tradition Du 12 au 15 septembre, la 26e édition du festival de l’accordéon fera souffler

une incroyable pluralité musicale dans les moindres rues, places et salles de Tulle. © dr

Limousin Direction régionale des affaires culturelles 05 55 45 66 00

www.journeesdupatrimoine. culture.fr

Les richesses à portée de main Les 14 et 15 septembre Les Journées européennes du patrimoine mettront cette année encore en avant près de 300 lieux de visite, gardiens d’un patrimoine exceptionnel et de savoir-faire ancestraux. Pour cette trentième édition, vingt sites sont ouverts pour la première fois au public, parmi lesquels le centre de secours LimogesMauvendière, l’atelier de André Roy, maître-ferronnier, créateur d’art à Fresselines (Creuse) qui fera partager sa passion et son métier. Ou encore la visite du site de La Reynie (Corrèze) à la suite des fouilles archéologiques menées durant l’été.

Aubusson (23) Théâtre Jean-Lurçat Scène nationale 05 55 83 09 10

www.ccajl.com

Le Festival accueillera deux maîtres Shamisen.

tous ceux qui ressentent une affection profonde envers les figures humaines de la marginalité rurale. Il s’intitule Los Braves jorns de Perdilhòta ; (Les Beaux jours de Perdillote), si l’on veut vraiment traduire jusqu’au nom propre, qui désigne une ferme isolée quelque part en Périgord limousin, il y a très, très longtemps, juste après l’arrivée de l’euro ! Le Massime, vieux garçon mal dégrossi et un peu « einnocent », y vit seul avec sa mère, la Zelia, son chien Ranfòrt et sa bourrique Friqueta ; ne recevant guère de visites, hormis celles de sa sœur, l’Iveta, institutrice et maîtresse femme, qui ne le ménage pas. Perdilhòta serait une sorte de

La lettre du limousiN N° 104 SEPTEMBRE 2013

De la précarité à la misère

Hiroko Ito sera le fil rouge de l’édition 2013.

Le retour de Joan Ganhaire  Jean-Pierre Cavaillé

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© Agathe Poupeney

© dr

LE BILLET occitan Jean Ganiayre est sans nul doute l’un de nos plus talentueux écrivains occitans, auteur d’une œuvre conséquente et reconnue. Il vit en Périgord et écrit en limousin, investissant les genres les plus variés : fantastique, policier, picaresque, parfois grave et nocturne, voire terrible (Lo Darrier daus Lobaterras), parfois enjoué et truculent, comme en Dau vent dins las plumas (Du vent dans les plumes), un vrai roman de cape et d’épée digne d’Alexandre Dumas. Il vient de publier une longue nouvelle comique – ou plutôt tragi-comique –, qui est un vrai délice pour tous les amoureux de la langue, mais aussi pour

Leopoldo Federico avec le trio Celebración, ou encore la jeune Fanny Vincens pour une plongée dans l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. « C’est une invitation à la pluralité », se félicite Sébastien Farge. Sans limite. Puisque le théâtre de Tulle accueillera aussi deux maîtres shamisen, un instrument de musique traditionnel japonais à cordes, aux vertus aussi dépaysantes que pédagogiques. Les élèves du conservatoire et de la classe musique du lycée Edmond-Perrier pourront ainsi découvrir les différentes techniques de jeu. Sans compter ces rencontres quotidiennes entre public et musiciens qui permettront de comprendre les choix artistiques. « Il faut aller plus loin que la simple écoute de spectacle », prévient Sébastien Farge.

paradis pour Massime, mais il lui arrive coup sur coup deux grands malheurs : sa mère est frappée par une attaque et son béret, son cher béret dont il ne se sépare jamais, lui est enlevé par « un vent chaitiu e una graula putassiera » (« un vent mauvais et une saloperie de corneille »)… L’auteur fait preuve d’un sens du comique et d’une maîtrise du récit accomplis, ponctué du « long cri de désespoir du peuple limousin : Ò Diii ! Ò Di, ò Di, ò Di, ò Di… ». Sa langue est tout simplement magnifique, pleine de couleur et d’expressions orales d’une vérité et d’une immédiateté qui font penser aux histoires de Monique Sarazy. Un exemple,

Le 26 et 27 septembre Et revoilà

© Jean-Marc Siméonin

Il y en aura pour tous les goûts. Placée sous le thème des « invitations plurielles », la 26e édition des Nuits de Nacre se déroule­ra à Tulle du 12 au 15 septembre prochain. Pas moins de 70 concerts, 106 spectacles, sont programmés dans toute la ville. En tout, vingt lieux publics, bars, théâtres et salles municipales, mais aussi chapiteaux, rues et places vibreront au rythme du jazz, de la musique contemporaine, du tango argentin et du bal musette pendant quatre jours de fête. « Nous souhaitons faire découvrir et partager toute la diversité de l’accordéon », explique Sébastien Farge. Et le nouveau directeur artistique du festival qui remplace désormais Florence Lamy ne fait pas les choses à moitié. Hiroko Ito, l’artiste japonaise « sensible et avertie » servira de fil rouge tout au long de l’événement qui rassemble chaque année entre 55 000 et 60 000 personnes. « Les Nuits de Nacre, c’est un échange culturel, mais aussi intergénérationnel », fait valoir l’ancien « jeune prodige de l’accordéon », plusieurs fois récompensé par le Prix Jean-Ségurel de la chanson française. Certes, l’accordéon côtoiera les bandonéons, diatoniques et autres accordinas. Mais le rendezvous populaire qui met Tulle à un souffle de Tokyo et de Buenos Aires sera aussi l’occasion de réunir la famille Manoury, le maître du tango Juan José Mosalini, le Waltz Club Didier Lockwood, véritables enfants de Stéphane Grappelli, ainsi que William Sabatier qui mettra à l’hon­neur le répertoire de

un seul : Coma disiá lo vielh Fernand, quand quauquaren de plan malaisat lo forçava a se gratar la cruca, « mas quo es de la fisica, ’quò-quí… ». L’ouvrage est paru aux éditions du Chamin de Sent Jaume, magnifiquement édité par Jan dau Melhau et illustré par Jean-Marc Simeonin. Il vous en coûtera (seulement) 12 euros (soit, quand même, 78,71 « nouveaux » francs !).

la Compagnie La Faux Populaire. Après avoir donné Le Cirque précaire, Julien Candy revient avec Le Cirque misère, en partenariat avec le Pôle national des arts du cirque de Nexon. Avec quatre complices, un musicien, un acrobate, un skateur (en talons aiguilles) et un chanteur d’opéra, il continue de s’interroger sur le mécanisme des émotions, à la fois léger et cruel. Ici, pas question d’argent. La misère, la pauvreté sont avant tout morales et sentimentales. Elle convoque l’homme face à l’amour, à la modernité. Elle le pousse à la recherche de la vérité. Dût-elle être dure à accepter. © Vincent d’Eaubonne


livres et disques

les 10 choix de la rédaction 2

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Michel Peyramaure éditions Culture et Patrimoine, collection « Multiples »

Brive, un art de vivre

© DR

Haute-Vienne - Creuse Festival des Francophonies 05 55 10 90 10

www.lesfrancophonies.fr

30 ans sur les planches

© Vincent d’Eaubonne

donne un nouvel élan à la danse et aux rythmes qui font onduler du bassin et remuer les pieds.

intenables. La voici remplacée par un troll qui adore manger les enfants désobéissants et terroriser les enseignants. Les loupiots protestent, en appellent aux plus hautes autorités. En vain. Ils n’ont plus qu’à réfléchir par eux-mêmes et à prendre en main la révolte. C’est la loi des rebondissements. Des onomatopées. Ce sont les enfants qui racontent les histoires aux adultes. Les gamins seront ravis. Leurs parents aussi.

Ayen (19) Office de tourisme

Du 26 septembre au 5 octobre

05 55 25 16 67

Théâtre, musique, danse, rencontres d’auteurs, débats. Le Festival des Francophonies fête son trentième anniversaire. Cinquante-six spectacles, et autant de rencontres entre la scène et le public, entre ici et làbas. Entre France et Cambodge. Entre Algérie, Suisse, Haïti et Togo. Entre Bénin et Canada. Dix jours pour goûter la langue française. Entre les mots du théâtre et le corps de la danse, à moins que ce ne soit l’inverse. Ou les deux à la fois. Entre la voix du roman et le son de la poésie. Préparez les bougies. © James Hercule

Saint-Junien-les-Combes (87) 05 55 60 87 61

www.ayen.fr

Plein les yeux Les 28 et 29 septembre

La Boucle des plateaux de l’ouest corrézien revient. Pendant un ou deux jours, c’est selon votre envie, à quelques kilomètres de Brive-la-Gaillarde, les buttes calcaires, le calme d’une nature authentique et les chemins balisés accueilleront les marcheurs pour un périple de 25 ou 50 kilomètres. Les pauses ravitaillement seront l’occasion de visiter les villages. Des paniers-repas peuvent être réservés tous les jours et comme marcher rime souvent avec manger, un dîner « festif et gourmand » est prévu le samedi soir, l’occasion de goûter de jeunes bovins cuits à la broche, des champignons, des crêpes et des fromages. Un marché de producteurs de pays clôturera la randonnée le dimanche après-midi. Soyez curieux. Vous ne le regretterez pas.

Saint-Just-le-Martel Centre permanent du dessin de presse et d’humour

www.theatre-du-cloitre.fr

Des pieds pour rêver Le 27 septembre La Mégisserie de Saint-Junien, la Maison du Comédien Maria Casarès d’Alloue et le Théâtre du Cloître de Bellac donnent un sacré rendez-vous aux curieux dans la grange du Lagudet à SaintJunien-les-Combes. Au terme d’une balade artistique d’une journée sur les chemins du haut Limousin, ils invitent l’association corrézienne Lost in tradition. La formation de huit musiciens et chanteurs du Bal à la voix triturent, concassent, malaxent le langage musical à la recherche d’un imaginaire et d’une identité poétique. Enrichi de cuivres et des machines, le projet artistique © DR

05 55 09 26 70

www.st-just.com

En humour, ils en connaissent un crayon Du 28 septembre au 6 octobre

Saint-Just-le-Martel retrouvera pour la trente-deuxième année consécutive son Festival international de la caricature et du dessin de presse et d’humour. Dessinateurs français et étrangers seront présents autour des thèmes « Traits justes... Juste pour sourire ? », « Bêtes à en sourire  » et « Crayons gourmands et drôles de mines ». L’occasion de mettre en lumière les œuvres de Mougey dont les dessins seront présentés en relief (lunettes fournies), Vial, Gab, Delambre ou encore Hours. La dimension internationale sera assurée par des expositions individuelles, notamment celle de Turcios (Colombie). Et pour ceux qui ne peuvent pas attendre jusque-là, des dessins de Glez investissent le hall de l’Hôtel de Région

© pierre grosbois

La Souterraine (23) Centre culturel Yves-Furet jusqu’au 16 septembre et ceux de Barbaud l’aéroport LimogesBellegarde jusqu’au 31 octobre.

Brive Les Treize Arches 05 55 24 62 22

www.lestreizearches.com

Le salon des refusées Le 3 octobre Réservé. Sobre.

Intime. Nu. Le chant de Claire Diterzi est une goutte de pureté. Un souffle dépouillé des fioritures des faux-semblants. C’est le mariage inattendu de la guitare électrique et de la viole de gambe. Un album contemporain, actuel, mais profondément classique et poétique dans lequel Claire Diterzi se livre, brute, avec ses douleurs. Amoureuses. Paternelles. Pas question de larmoyer. L’écriture est délicate, dosée et fulgurante, tout en humour, parfois insolente. C’est celle d’une lumière qui sort de la nuit.

05 55 63 10 06

www.ccyf.fr

Des arabesques pour les oreilles Le 17 octobre « C’est peut-être

ce que j’ai fait de mieux », confie Jane Birkin, au sujet de la tournée Arabesque dans laquelle elle revisite « avec classe et originalité » le répertoire de Serge Gainsbourg. Accompagnée de Djamel Benyelles au violon, Fred Maggi au piano et Aziz Boularoug aux percussions, elle plonge l’œuvre de l’homme à la tête de chou dans un style oriental qui donne à Élisa, Couleur café ou Comment te dire adieu des saveurs épicées de la nouveauté. Le spectacle est organisé en collaboration avec La Fabrique de Guéret dans la cadre du partenariat « proximité /  complicité » qui veut élargir l’offre culturelle à l’ouest du département. Un départ en car est prévu de l’Espace Fayolle.

Fursac (23) Salle des fêtes de Saint-Étienne et Saint-Pierre de Fursac 05 55 63 31 20

Les femmes à l’honneur Le 20 octobre Le Club du livre

Tulle Théâtre des Sept Collines 05 55 26 99 23

www.septcollines.com

Mon prof est un troll Le 8 octobre Les enfants seront

ravis. À peine un mois après la rentrée, la pièce de Dennis Kelly et Jacques Osinsky dynamitera le mythe du prof tout-puissant : Madame Lépine, la maîtresse de Alice et Max, deux jumeaux assez remuants, est poussée à bout par des garnements

et la bibliothèque de Fursac (Creuse) organisent leur quinzième Journée du livre. Pendant la manifestation, entièrement gratuite et consacrée à des œuvres féminines, les auteures liront des extraits de leur création. Un débat, une séance contée et un jeu concours organisé par la bibliothèque départementale de la Creuse sont également au programme. La veille, à partir de 20 h, une soirée chantée fera la part belle à Barbara, Gréco, Fréhel, et Piaf (5 euros).

© laurent seroussi

1 et 2 Le Festival des Francophonies propose plus de 50 spectacles à l’occasion de sa trentième édition. 3 Le Cirque misère décortique la mécanique des émotions.

4 Les enfants organisent la résistance contre un prof troll. 5 Attention délicatesse. Claire Diterzi fait salon à Brive.

Ce n’est pas un hommage à une ville, c’est une « mono­ graphie sentimentale ». Mieux. Une déclaration d’amour. Celle d’un homme à sa cité natale, Brive-laGaillarde. À son histoire. À un quotidien révolu. À sa topographie concave. À sa richesse littéraire, convoquant çà et là ses amis de toujours, légendes et anecdotes. Il nous embarque dans ses promenades urbaines, entre l’Hôtel de Ville, sur les traces du Cardinal Dubois, dans feu les faubourgs, dans le quartier des Trois Torchons où « trois vielles filles acariâtres et malpropres » disputaient sa mauvaise réputation aux gangs de « faux marlous ». Ce n’est pas un hommage à une ville. C’est un guide sans pareil. 128 pages, 18 euros.

Yann Morel, Marie-Laure Verroust, Nell et Philippe Wanty éditions Verlhac

La Sédelle, un arboretum dans son paysage La préface est signée Gilles Clément. C’est bon signe pour qui aime les jardins. Plus particulièrement les arbres. Attention. Qui veut apprivoiser l’écorce d’un chêne pédonculé, déambuler dans la vallée des charmes, tutoyer les ifs, les jardins des simples, celui des Cornouillers pourrait bien sombrer dans la délectation. C’est un parcours des quatre saisons qui voit la nature se transformer, sommeiller et renaître. Une promenade dans le paysage creusois entre hiver et belle saison. 176 pages, 29 euros.

Lemouzi n°206 Bulletin de la société historique et régionaliste du bas Limousin, collection « Mémoires d’histoire et géographie régionales »

Lemouzi Bien sûr, il faut dépasser l’austérité de la revue. Surmonter le découragement qu’une mise en page austère et peu aérée peuvent susciter. Mais les courageux, ou les curieux, ou les passionnés y trouveront leur compte. Depuis 1983, Lemouzi explore la mémoire régionale, plonge dans la poésie occitane, les arts et sciences, le patrimoine et la littérature. Et Lemouzi le fait avec passion. De celle qui séduit les novices. 162 pages, 16 euros.

N° 104 SEPTEMBRE 2013 La lettre du limousin

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portrait

La poétique de la bohème

Comédienne et libraire, Valérie Gerber, 50 ans, crée des spectacles pour enfants à partir de livres jeunesse. Rencontre avec une artiste pleine de fantaisie.

© Emmanuelle Mayer

27, boulevard de la Corderie CS 3116 - 87031 Limoges Cedex 05 55 45 19 00

Directeur de la publication Jean-Paul Denanot Responsable de la rédaction Sybille Mangin Rédacteur en chef Nicolas Lavallée Rédaction Emmanuelle Mayer, Zohra Meslem avec la collaboration des services et agences de la Région

Photos Région Limousin Sauf mention contraire

conception graphique Agence Cinquième Colonne 04 73 87 15 27

Mise en page Graphik Studio 05 55 32 06 32

Impression Rivet Presse Édition 05 55 04 49 50

L’entreprise Rivet Presse Édition est labellisée Imprim’vert. Elle respecte un cahier des charges strict sur le recyclage de ses déchets et la composition de ses encres. La Lettre du Limousin est imprimée sur du papier recyclé avec des encres végétales. ISSN N° 0151-2587 345 000 exemplaires

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Une librairie itinérante baptisée Roul’dans l’vent et une compagnie de théâtre équipée d’une caravane multicolore... Pas de doute, derrière la passion de Valérie Gerber pour la littérature jeunesse, il y a aussi l’amour du voyage et du nomadisme. Sa route, justement, n’a rien d’une ligne droite et le chemin qui l’a menée aux albums pour enfants était loin d’être tracé. Née au sein d’une fratrie de sept filles qui déménage d’une ville à l’autre au gré des affaires du père, elle devient une adolescente rebelle qu’on envoie en pension étudier l’agriculture. À 16 ans, elle quitte la maison, sort du « droit chemin » pour vivre de petits jobs. Débrouillarde et déterminée, elle passe un Brevet professionnel de Jardins et espaces verts puis mène une vie de jardinière-baroudeuse, enchaî­ nant les voyages sac au dos en Inde, au Népal, Maroc, Ghana, Burkina, Mali, en Côte d’Ivoire, Écosse ou encore en Irlande... « C’était une manière de fuir, mais aussi de me construire en goûtant aux cultures du monde. » Celles de l’Afrique noire l’ont particulièrement touchée puisqu’elle pratique aujourd’hui la danse

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africaine et joue du balafon. À 25 ans, elle rencontre son mari, d’origine irlandaise et, après un séjour en Grèce et en Égypte, ils partent s’installer en Australie avec leurs jeunes enfants Clint et Tara. Mais, deux ans plus tard, Valérie divorce. Retour en région parisienne avec ses enfants. « J’ai vécu de multiples petits boulots dans la vente et fait beaucoup de théâtre dans une troupe magnifique. » Elle rencontre le compagnon corrézien d’une de ses amies et celui-ci la pousse à quitter Paris pour le Limousin. « On débarque avec les enfants dans une ruine que l’on retape à côté de Tulle. » Le changement de vie est total mais salutaire. « Cette région est vraiment extraordinaire, il y a une réelle qualité de vie, la proximité de la nature, une façon de vivre simple, loin des conventions, une authenticité. » Après divers autres petits boulots, Valérie trouve un emploi stable dans une société d’assurances. Quatre ans plus tard, elle décide de quitter ce monde bien éloigné de son univers poéticosensible. Son chemin croise alors celui d’éditeurs jeunesse, pour qui elle travaille bénévolement en tant que diffuseuse. Au terme

La lettre du limousiN N° 104 SEPTEMBRE 2013

SORTIE DU NUMÉRO 105 en NOVEMBRE

Cette région est vraiment extraordinaire, il y a une réelle qualité de vie, la proximité de la nature, une façon de vivre simple, loin des conventions, une authenticité. »

de cette expérience, elle a attrapé le virus. Tissant des liens entre ses passions, elle crée un conte théâtral à partir de six livres et un spectacle de kamischibaï (petit théâtre japonais illustré). Ainsi naît, en 2012, la compagnie P’tits bouts et Cie, qui a pour but d’amener les enfants à la lecture et de faire le lien entre livre et théâtre. En parallèle, parce qu’elle a toujours le goût de la vente de ces livres qu’elle chérit, elle se met à son compte comme libraire pour promouvoir des éditions indépendantes telles que Lirabelle, Âne Bâté, Goutte de sable ou encore Arphilvodis auprès des écoles, bibliothèques et dans les salons. « J’adore les enfants. Je n’aurais pas cru que j’aurais autant de bonheur à jouer des spectacles pour eux. Ils sont vraiment formidables ! ». Les siens, Clint et Tara, ont aujourd’hui 19 et 22 ans et vivent toujours en Limousin. « Cela fait

dix ans que je suis ici, c’est la première fois que je reste aussi longtemps quelque part ! » Si elle a changé plusieurs fois de logement en Corrèze, la faute à sa culture du déménagement et à son besoin de mouvement, pas question de quitter le coin où elle est désormais installée avec son compagnon brocanteur, spécialisé dans les pièces de moto de collection - la route, toujours ! - Cet été, Valérie a organisé le festival itinérant Campagne en Fête dans la communauté d’agglo­mération de Tulle, avec la compagnie de théâtre de rue les Romain Michel. Au programme : ateliers de cirque, ludothèque et bibliothèque mobiles, concerts et, bien-sûr, spectacles avec les caravanes des deux structures. «  Je ne vivrai probablement jamais mon rêve de vie bohème sur les routes en roulotte, mais ce festival est une manière de m’en approcher ! »

Bio express 1963 naissance. 1997 Installation en Australie. 2003 Arrivée en Corrèze. 2012 Création de P’tits bouts et Cie et Roul’ dans l’vent.

Région Limousin Une chance à saisir


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