Autonom@Dom : bien v ®
Fin septembre a eu lieu le lancement officiel du projet Autonom@Dom®, porté par le Conseil général avec ses partenaires. Objectif à terme: proposer une plateforme unique de services, avec des solutions techniques et une coordination des interventions des professionnels, afin de mieux informer, accompagner et prendre en charge à domicile des personnes âgées ou handicapées. Un appel d’offres a été lancé en vue de choisir fin 2014 le groupement d’entreprises pour répondre à ces objectifs. Dès cet automne, des premières pistes sont testées.
E
t si, demain, les systèmes de téléalarme dont sont équipées les personnes âgées dépendantes à leur domicile allaient plus loin? «Aujourd’hui, le fait d’appuyer sur un bouton enclenche un appel téléphonique avec un plateau de téléalarme chez les pompiers », explique Véronique Chirié. Directrice du Tasda (lire l’encadré Regards), elle travaille auprès de la direction de la santé et de l’autonomie (DSA) sur le projet Autonom@Dom®. « Demain, poursuit-elle, on peut imaginer que des capteurs de chutes ou des détecteurs d’activité, reliés à une plateforme de téléassistance, donnent une alerte : cela déclencherait un appel au domicile, auprès des voisins, voire des pompiers pour comprendre ce qui se passe, prévenir un problème grave, permettre une intervention rapide. »
Des solutions techniques et une coordination du suivi
Ce n’est qu’un des exemples des services que pourrait proposer la “plateforme téléphonique” Autonom@Dom® (schéma). L’idée de ce projet, actuellement en phase d’appel d’offres, est de réunir un ensemble de services techniques et de coordonner le suivi à domicile des personnes âgées et des personnes handicapées en perte d’autonomie. Le but : leur permettre de rester chez elles, et éviter le recours systématique aux urgences en cas de problème
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QUESTIONS À Éric Rumeau
directeur de la santé et de l’autonomie
«Une convergence d’intérêts et de besoins»
médical, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui. L’objectif est aussi d’améliorer le retour chez eux après une hospitalisation, de pouvoir organiser un suivi lorsque les aidants familiaux s’absentent pour un week-end. Les personnes atteintes de pathologies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque) sont également concernées. «Si la personne contrôle son poids deux fois par semaine, la détection d’un écart de 2 kg déclenchera l’appel d’un médecin pour comprendre ce qu’il en est. Ce suivi, coordonné avec celui d’autres professionnels sur les plans nutritionnel et de l’activité physique, peut éviter une hospitalisation sur trois par an », souligne Véronique Chirié. Enfin, des outils de prévention sont aussi prévus pour les personnes qui ne sont pas encore concernées par la perte d’autonomie, comme des jeux de stimulation cognitive (ex. Memory en ligne) et des activités pour le bien vieillir. Ces solutions techniques ont aussi vocation à améliorer la coordination entre les différents intervenants à domicile (infirmière, auxiliaire de vie, kinésithérapeute, portage de repas), pour un meilleur suivi : un dossier de coordination partagé fait partie du projet. Les prestataires sont au travail pour monter leurs dossiers. À suivre...
Bénéfic Suivi de maladies chroniques balance tensiomètre
thermomètre spiromètre
Suivi po la préven capteurs «sentinelles»
oxymètre de pouls
Confort, prévention jeux, activité physique en ligne
Plateforme d’accueil Autonom@dom
Régulation médicale
Médecins libéraux, Réseaux de santé, Hôpitaux, ...
Télé assist
SAMU Pompiers
Le projet Autonom@dom combine des solutions techniques et une coordination des professionnels.
À voir : Un film sur Autonom@Dom®, un bouquet de services d’aides humaines et techniques à domicile, est disponible sur www.isere-interactive.fr
Pourquoi ce projet est-il important ? Les besoins des personnes âgées et des personnes handicapées évoluent: ce projet permet de répondre à leurs attentes de maintien à domicile, grâce à des réponses mieux adaptées, évitant des “ruptures” dans le suivi, voire des hospitalisations. Sur le public concerné (personnes en petite et moyenne perte d’autonomie), ce projet est aussi conforme aux intérêts budgétaires du Conseil général, ainsi qu’à ceux d’autres acteurs: aujourd’hui, les hospitalisations inadaptées représentent un surcoût de 2 milliards d’euros par an pour l’assurance maladie ; l’analyse est unanime, il faut développer des services comme Autonom@Dom® en leur réattribuant une partie des économies que l’on peut faire en réduisant ces hospitalisations. Derrière cette idée simple, la réalisation est plus complexe, parce qu’il faut intégrer dans une même organisation des professionnels ne travaillant pas aujourd’hui dans le même cadre, avec l’impératif que leurs interventions s’adaptent au fil de l’eau, quasiment immédiatement au besoin de la personne. Vous évoquez un décloisonnement du sani-
2 nova magazine LE JOURNAL DES AGENTS DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE NOVEMBRE 2013
taire et du médico-social, à quel niveau? Et comment les agents sont-ils concernés ? Les gestionnaires Maia décloisonnent déjà, en mobilisant pour une personne en situation complexe (maladie d’Alzheimer) des professionnels dans des champs complètement différents. Bien que n’étant pas sous leur autorité, ceux-ci répondent à leurs sollicitations pour construire un plan d’aide adapté. Pour un maintien sans rupture, il faut une vraie coopération, avec des professionnels co-responsables. L’impact sur les agents et les services autonomie se situe à moyen terme : quatre territoires seront directement concernés lors de la mise en place d’Autonom@Dom® sous forme de démonstrateur (voire calendrier). Un travail de concertation va se faire avec nos collègues, pour définir les 500 usagers “testeurs” en croisant les bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie et les insuffisants cardiaques. Nous allons aussi travailler sur un dossier médico-social partagé. Dès cet automne, des projets vont nous permettre de commencer à échanger pour concevoir ensemble les procédures d’inclusion. On se donne le temps de la co-construction avant de passer en phase de démonstration. Dans toutes les phases,
tous les acteurs concernés, professionnels comme usagers, sont présents. Cet éclairage national, avec la venue de Michèle Delaunay, ministre déléguée auprès des Personnes âgées et de l’autonomie, va-t-il accélérer les choses? Cette rencontre exceptionnelle sur deux jours, sollicitée par Gisèle Perez, a porté sur Autonom@Dom® et sur la politique autonomie du CG, dans le cadre de ses réflexions sur la loi autonomie qu’elle prépare. L’Isère apporte depuis des années des idées et des fonctionnements nouveaux: le travail dans les interfilières gériatriques, la territorialisation générale des services et les services autonomie en proximité, la Maison départementale pour l’autonomie. Mme Delaunay nous a signifié avec beaucoup d’enthousiasme que notre organisation et ce projet Autonom@Dom® étaient pour elle des projets de référence au niveau national. Les partenaires financeurs ont entendu ce message fort et vont être encore plus impliqués. Ce sont des retombées concrètes et importantes pour la suite du projet, qui nécessitera des financements pérennes.
vieillir à domicile
CULTURE CG Repère
Dates-clés Autonom@Dom®: le calendrier
Parole d’élue
ciaire
télé alarme
Communication et coordination smartphone, tablette, solution TV ou visioconférence
m (numéro unique 24h/24 et 7j/7)
tance
Régulation médico sociale
Coordination et dossiers partagé
our ntion
Gestion de l’urgence
Gisèle Perez Première vice-présidente du Conseil général, chargée de la solidarité avec les personnes âgées et les personnes handicapées «Depuis 4 ans, le Conseil général, avec Éric Rumeau, porte ce projet qui est en train de se concrétiser. Étant donné le défi à relever, il était temps d’imaginer et apporter des solutions concrètes, pour le soutien de la vie à domicile, souhait légitime des personnes âgées et handicapées. Cette plateforme de télésanté est le seul projet de cette envergure qui existe en France. Transversale et novatrice, elle a vocation à traiter le “soin” et le “prendre soin”».
Et vous ? CCAS CG38 CARSAT
Service de soins à domicile
L’intérêt de coordonner
Service à la personne
EN CHIFFRES
+ de 130000 personnes âgées dépendantes de
plus d’ici 2017 en France
+ de 5 millions de personnes atteintes d’ici 2020 d’une maladie chronique (diabète, insuffisance cardiaque, Alzheimer)
43%: la part des personnes âgées dépendantes en établissement en France (30 % en Allemagne)
REGARDS
«Nous allons peu intervenir dans un premier temps, si ce n’est pour identifier des bénéficiaires de l’APA pouvant entrer dans les critères de l’expérimentation menée sur les personnes atteintes de pathologies cardiaques chroniques, estime Frédéric Blanchet, chef du service autonomie (Agglomération grenobloise). C’est à mon niveau un projet ambitieux, novateur, qui permet certainement de répondre à des difficultés que l’on rencontre aujourd’hui dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes, d’une part en produisant des services
nouveaux pouvant répondre à une utilité individuelle et sociale; d’autre part, en offrant une porte d’entrée unique, coordonnant l’ensemble des prestations et des évaluations. Aujourd’hui, les démarches sont compliquées: l’évaluation de la demande d’APA (allocation personnalisée d’autonomie) est réalisée par les professionnels du CCAS, c’est le Conseil général qui prend la décision et informe la famille... et celle-ci doit mener les démarches (ex. installation d’un lit médicalisé) par elle-même: on multiplie les intervenants…».
«Le but: la qualité de vie»
’uelques expérimentations sont menées en France, mais elles n’associent pas les différents champs de la prévention, du médico-social et des pathologies chroniques : c’est l’originalité du projet Autonom@dom, estime Véronique Chirié (photo), directrice du Tasda, chargé de l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Aujourd’hui, les solutions techniques existent, il faut maintenant les intégrer, mutualiser les tuyaux qui vont transférer les données pour faire des économies d’échelle, et ensuite permettre à chacun de revenir dans son cadre spécifique d’intervention : le service de régulation médicale avec ses médecins qui vont appeler parce qu’ils ont vu que la personne avait oublié son médicament ; le service de téléassistance qui, alerté par les capteurs de chute ou des détecteurs d’activité, va contacter l’auxiliaire de vie intervenant le lendemain à domicile, les voisins ou les pompiers ; le service chargé de faire de la prévention avec des jeux sérieux... La technologie n’a de sens que si elle trouve sa complémentarité avec toutes les autres formes d’aides, le but étant la qualité de vie. Avant la mise en œuvre, la vraie question est de trouver les processus de coordination des professionnels et de toutes ces structures, services à la personne (APDA, ADMR), Conseil général, CCAS, opérateurs de téléassistance, CHU, médecins libéraux, infirmières, etc. Les pilotes vont nous permettre de nous mettre en marche, de voir les difficultés et d’imaginer demain. »
«Q
s
Septembre 2013: lancement officiel du projet Autonom@Dom® et publication du marché public, sous la forme d’un dialogue compétitif ouvert jusqu’à fin 2014. Automne 2013: lancement de premiers projets, appelés”pilotes préfigurateurs”, menés en lien avec des partenaires (associations, centres communaux d’action sociale, réseaux de santé, centre hospitalier universitaire), les services autonomie des territoires de l’Agglomération grenobloise, Porte des Alpes et Bièvre-Valloire, avec des personnes âgées dépendantes et bénéficiaires de l’APA ou encore autonomes. Début 2015: lancement du “démonstrateur” Autonom@Dom® pour une expérimentation de 2 ans: pour tous les Isérois, une plateforme de mise en lien avec services et orientation, accessible 7j/7 ; sur 4 territoires, Agglomération grenobloise, Bièvre-Valloire, Porte des Alpes et Vercors, le suivi de “cohortes spécifiques” (500 personnes, 24h/24-7j/7) avec équipements à domicile et coordination de la prise en charge. Cette étape de test à grande échelle permettra de faire évoluer la plateforme de services, avant sa généralisation.
PREMIÈRES PISTES EN TEST CET AUTOMNE
Dès cet automne, six projets et actions (appelés “pilotes préfigurateurs”), vont permettre de tester différents aspects, en termes d’innovations technologiques, de prévention et aussi de coordination partagée entre les professionnels des secteurs sanitaire et médico-social : médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes, référents médicosociaux des services autonomie... Sur Grenoble et Bourgoin-Jallieu, une centaine de retraités testent des jeux de stimulation cognitifs (jeux de mémoire, etc.), appliqués à la vie quotidienne, individuellement à domicile et collectivement. Une soixantaine d’Isérois vont se voir proposer des activités physiques adaptées, à domicile et collectives, pour travailler le maintien de leur potentiel physique et le lien social. Enfin, sur l’Agglomération grenobloise et Bièvre-Valloire, 25 bénéficiaires de l’APA, atteints d’insuffisance cardiaque, vont être équipés d’appareils pour suivre leur tension et leur poids. Une coordination des intervenants, médecins du Centre hospitalier universitaire et du réseau des insuffisants cardiaques (Resic), auxiliaires de vie, etc. va également être testée, dans une préfiguration d’Autonom@Dom®.
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