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Introduction

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LA. MONNAIE MÉTALLIQUE

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comme le substratum de la richesse et de la civilisation, et en préconisant une politique protectionniste de nature à accroître le stock monétaire du pays. L'idée était saine, mais elle avait trouvé une expression dénuée de sens. C'est un fait évident : l'industrie, les sciences et les arts progressent quand l'or abonde. Les mercantilistes confondaient simplement or et monnaie. Ils croyaient que l'or opérait le miracle grâce à sa « valeur intrinsèque » ; pour eux, l'or seul existait ; ils ne connaissaient pas la monnaie. Ou plutôt, or et monnaie ne formaient qu'un seul concept. Ils ignoraient que c'est la monnaie et non l'or qui se charge de l'échange des marchandises et qui rend possible la division du travail, source de richesse. Les bienfaits de la division du travail, ils les attendaient des propriétés de l'or, au lieu de les attendre de celles de la monnaie.

Ceux qui ont appris à distinguer la monnaie de l'or (voir chapitre 1), ceux qui comprennent la nécessité de la stabilité des prix et qui ont abjuré la foi en la valeur, en viennent facilement à se dire : il suffira de fabriquer de la monnaie de papier, d'augmenter la quantité en circulation dès qu'une baisse des prix trahit une offre inférieure à la demande, et inversement, de retirer des billets de la circulation, pour les brûler dès que la demande s'avère supérieure à l'offre et que les prix haussent. Simple question de quantité- Une presse lithographique et un four à incinération, c'est tout ce qu'il faut pour être en mesure d'ajuster la demande à l'offre, le numéraire aux marchandises, et ce, avec assez de précision pour stabiliser l'indice des prix.

C'est l'avis de Michael Flürscheim (1) qui défend cette idée avec ardeur et me compte parmi les premiers à l'avoir développée et diffusée. Il me faut pourtant décliner cet honneur. Depuis le début, je n'ai cessé de rappeler (2) que notre monnaie de papier actuelle n'est pas directement, matériellement contrainte de circuler et j'ai toujours nié qu'un simple réglage de la quantité permettrait d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande avec assez de précision pour garantir la régularité des échanges intérieurs et extérieurs.

Je le nie, et je vais prouver qu'aussi longtemps que l'État ne contrôlera pas la circulation de la monnaie en même temps que la quantité émise, tous les troubles observés dans la circulation monétaire persisteront.

Aussi longtemps que la monnaie, considérée comme marchandise, sera supérieure aux autres marchandises et que les épargnants la préféreront à ces dernières, aussi longtemps qu'on parlera du privilège de l'argent et que. les spéculateurs se serviront impunément de la monnaie pour leurs manœuvres, le numéraire n'assurera l'échange des produits que moyennant tribut, moyennant une redevance bien

(1)Michael Flürscheim : The Economic and Social Problem. Jefferson Publishing Company, Xenia, Clay County, Illinois, U. S. A. (2)Silvio Gesell : Nervus rerum, p. 34-37, Buenos-Aires 1891.

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