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3. La gestion de la monnaie franche
LES MOUVEMENTS DE FONDS 197
Comme dans n'importe quel système monétaire, les prix dépendent en grande partie de V. Si l'on veut stabiliser P, il faut que l'institut d'émission puisse contrôler V.
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L'argent « non comptant », l'argent « non monnayé » constitue donc une monnaie comme les autres. Étant lié à un objet — le chèque — il dépend de l'espace. Il est limité dans le temps et dans l'espace.
Ici, comme dans le cas de la monnaie métallique et de papier, les prix sont déterminés exclusivement par l'offre et la demande, sans égard pour la valeur. La demande est égale à A V.
Sans l'existence d'un corps (celui du chèque limité dans l'espace), sans les pertes de temps inévitables auxquelles se heurte V, les mouvements de fonds sans numéraire dépasseraient les bornes de notre entendement. C'est parce que ce système se base sur le temps et l'espace, que nous pouvons le concevoir et le dominer. Sans cela il nous échapperait pour se perdre dans le chaos.
Supposons que ni le temps ni l'espace ne conditionnent ces payements sans numéraire. V ne connaîtrait aucun obstacle à son accroissement. V pourrait croître à l'infini : V= ∞. Dès lors, P = ∞. On n'a que faire dans le commerce, d'un prix infini. Celui qui ne voit pas d'argent comptant dans les mouvements de fonds sans numéraire, n'aperçoit pas les bases même du système : le temps et l'espace. Qu'il ne se creuse pas les méninges davantage. Jamais il ne résoudra le problème.
Les transferts à l'aide de chèques ne constituent pas des payements « sans argent comptant ». Absolument pas. L'expression « mouvements de fonds sans numéraire » est absurde. C'est elle qui a dérouté tous ceux qui ont cherché à concevoir la formation des prix. Expression absurde, elle a répandu des idées absurdes. Si ces idées n'ont jamais changé, c'est que l'on pensait par elles, au lieu de penser à elles. Il est sot de croire « que tout assemblage de mots possède nécessairement un sens ». Il faut bien que les « mouvements de fonds sans argent comptant » existent, sans quoi comment aurait-on eu l'idée de leur donner un nom ? .
Les mouvements de fonds sans numéraire n'ont jamais existé. Ceux qui en parlent se font de la monnaie une idée trop étroite. L'obscurité qui les entoure est propice aux visions. Le trait de lumière qui nous montre la monnaie de chèques, limitée dans le temps et l'espace, dissipe du même coup la vision de la circulation monétaire sans argent comptant.
On se demande vraiment comment la Reichsbank s'y prendrait pour gouverner la circulation sans numéraire, objet de tous ses soucis, si réellement celle-ci échappait au temps, à l'espace et à l'entendement.