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L'usurier
LA MONNAIE FRANCHE 215
Effets de la monnaie franche
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a) sur les affaires :
1. Circulation ininterrompue de l'argent, et par conséquent, généralisation des payements au comptant ; 2. Vente illimitée de toutes marchandises ; 3. Suppression des arrêts du commerce et de l'activité économique ; 4. Suppression des crises économiques générales ; 5. Suppression des fluctuations des marchés (conjonctures qui provoquaient alternativement des périodes de hausse et de baisse générales) ;.. 6. Suppression de la spéculation boursière et des manœuvres usuraires ; 7. Simplifications du commerce ; abaissement du coût des échanges ,8. La majeure partie des boutiques actuelles deviennent superflues. Les gens qu'elles occupaient abandonnent le commerce pour la production ; 9. Réduction des frais commerciaux traditionnels, de 30 ou 40 % à environ 10 ou 15 % du prix des marchandises ; 10.Suppression des barrières douanières protectrices devenues inutiles et avènement du libre-échange ; 11.Suppression des causes économiques des guerres ; 12.Possibilité d'une entente monétaire internationale, avantageuse pour tous les peuples.
b) sur le capital, le travail et les salaires :
1. L'argent perd la propriété qu'il avait de rapporter de l'intérêt. Il est réduit au même rang que les marchandises et le travail ; 2. Métamorphose irrésistible des réserves monétaires, des bénéfices réalisés, en moyens de production, habitations, etc., sans égard pour le profit (plus-value, rentabilité) ; 3. Résorption immédiate et définitive du chômage, suppression totale de l'excédent de main-d'œuvre ; 4. Baisse lente de l'intérêt du capital (plus-value), qui, à l'adoption de la monnaie franche dans le commerce mondial, diminue lentement jusqu'à s'anéantir ; 5. Hausse générale des salaires jusqu'à disparition totale de là" plus-value. Dans la mesure où celle-ci provient de la rente foncière.
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la plus-value sera supprimée par notre grande réforme du droit foncier ; 6. L'épargne devient plus facile, a) puisque les charges de l'intérêt du capital disparaissent ; b) puisque la production et les échanges (le commerce) deviennent désormais ininterrompus, c'est-à-dire qu'ils ne rencontrent plus les arrêts occasionnés par les crises économiques) ; puisque les frais commerciaux, atteignant à eux seuls de 30 à 40 % du prix des marchandises, se réduiront désormais au tiers de ce pourcentage.
La monnaie franche ne supprimera pas l'argent tant maudit, mais elle le transformera selon les besoins de l'économie publique. La monnaie franche laisse même intacte la loi fondamentale de l'économie publique, qui est, comme nous l'avons démontré au début, l'intérêt privé ; mais elle fera agir l'usure comme « cette force qui veut toujours le mal et qui crée toujours le bien », dès que nous aurons réduit à merci la demande, et que nous la laisserons affronter l'offre à armes égales.
2. Comment l'État émet la monnaie franche.
À l'avènement de la monnaie franche, le privilège d'émission est retiré à la Banque nationale, à la place de laquelle on crée L'INSTITUT NATIONAL D'ÉMISSION, dont le rôle sera de pourvoir aux besoins quotidiens de monnaie.
Cet Institut n'exerce aucune activité bancaire. Il n'achète ni ne vend des effets de commerce ; il ne classe pas les maisons de commerce en premier, deuxième et troisième rang. Il n'a aucun contact avec les particuliers.
Il émet de la monnaie quand il en manque dans le pays et en retire quand un excès de monnaie se fait sentir. C'est tout.
Pour mettre la monnaie franche en circulation, on donne l'ordre aux caisses publiques d'accepter librement la monnaie métallique et les billets en échange, au pair, bien .entendu : pour un mark or, un mark de monnaie hanche.
Celui qui ne consent pas à cet échange, peut conserver son or ; personne ne le contraint. Aucune pression légale ne s'exerce sur lui. On n'emploiera aucun moyen violent. Il est simplement annoncé à chacun qu'après un délai déterminé (1, 2 ou 3 mois) la monnaie métallique ne sera plus que du métal, mais non plus de la monnaie. Celui qui possédera encore de la monnaie métallique à ce moment en sera
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réduit à aller la vendre à la fonderie pour de la monnaie franche, et à marchander ; les caisses publiques' n'accepteront plus que la monnaie franche. L'or ne sera plus pour l'État qu'une marchandise comme le bois, le cuivre, l'argent, le papier, l'huile de baleine. Et de même qu'aujourd'hui on ne peut payer ses contributions avec du bois, de l'argent ou de la paille, de même après le délai d'échange, on ne pourra plus les payer avec de l'or.
L'État sait que désormais il n'existera plus que de la monnaie d'État, et qu'il ne lui faut donc aucun moyen de contrainte pour mettre cette monnaie en "circulation. A cela suffisent l'indispensabilité de cette monnaie et la souveraineté de l'État sur elle. De sorte que s'il prend à quelqu'un l'envie d'installer une fabrique de monnaie privée, pour battre des pièces au poids et au titre qui lui plairont, l'État pourra assister en toute tranquillité à cet exercice. Pour l'État en effet, il n'y aura plus de pièces de monnaie, et par conséquent plus de faux monnayeurs. L'État décline toute responsabilité quant au poids et au titre pour toutes les pièces, même pour celles qu'il a frappées lui-même jadis. Ses machines à fabriquer les pièces, il les vend au plus offrant. L'État ne fait rien de plus pour rendre l'or incapable de circuler, cela suffit.
Si quelqu'un était hostile à la monnaie franche et la refusait en paiement de ses marchandises, il ne faudrait point s'en occuper. Il pourra dorénavant exiger de l'or en échange de ses produits. Mais cet or, il devra le peser et mesurer son titre à l'aide d'acides et de pierres de touche ; bien entendu une pièce à la fois. Ensuite il devra s'informer si quelqu'un lui reprendra cet or et à quel prix; et il devra s'attendre à de grandes surprises. S'il finit par trouver tout cela coûteux et ennuyeux, il pourra, en pécheur repentant, rentrer dans le giron de la seule béatifique monnaie franche, à l'instar des adversaires enragés de l'étalon-or, les agrariens, qui, après avoir refusé l'or devenu monnaie légale, se résignèrent finalement à l'accepter.
Que fera l'État de l'or obtenu en échange de la monnaie franche ? Il le fera fondre pour en confectionner des chaînes, des bracelets, des boîtiers de montre, et offrira ceux-ci en cadeau de noce à toutes les fiancées d'Allemagne. Quel usage plus judicieux l'État pourrait-il faire de l'or, de ce trésor de Huns ?
L'État n'a pas besoin d'or pour ses desseins ; s'il voulait vendre au plus offrant l'or entré en échange de monnaie franche, il ferait baisser le prix de ce métal et causerait ainsi des désagréments aux nations restées fidèles à l'or, comme cela se produisit pour l'argent quand l'Allemagne vendit inconsidérément ce métal. Si l'État avait alors utilisé ses thalers retirés de la circulation, pour ériger devant chaque mont-de-piété et devant chaque banque de prêt une statue gigantesque aux champions de l'étalon-or, c'eût été beaucoup mieux pour l'économie nationale et internationale, de même que pour la