Métabolisme, un univers architectural en quête de son futur_Rapport d'Etude de Recherche 2018

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METABOLISME

Un univers architectural en quête de son futur

Approche temporelle de l’acte créatif, entre imitation, innovation et conflits de générations

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GALLO Rémi / ENSAL 2017_2018 / Rapport d’étude LICENCE 3 / JL BOUCHARD

« Nos opinions s’entent les unes les autres. La première sert de tige à la seconde, la seconde à la tierce. Nous échelons ainsi de degré en degré, et advient de là que le plus haut monté a souvent plus d’honneur que de mérite; car il n’est monté que d’un grain sur les épaules du pénultième. »

De l’expérience, Montaigne

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Sommaire:

Introduction (4-5)

I ATOME (6-17)

A Culture Japonaise

B Naissance

C Principes: Impermanence - Impermanence - Cellule - Site - Héritages et Perspectives

II NEBULEUSE (18-33)

Flexibilité Ephémère - Accumulation - Modularité - Mobilité

Unité - Corps - Habitat Nature - Site - Forme architecturale - Forme urbaine - Comportement - Métamorphose

Technologie - Affirmation - Personnalisation - Automatisation

III COSMOS (34-43)

A Générations

B Incessante Avant-garde C Et après ? Postmodernisme

Conclusion (44-45)

Annexe (46-55)

Bibliographie (56-58)

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transcendance,

« Deux éléments, le temps et la tendance au progrès, expliquent l'univers » (Ernest Renan, écrivain, historien et philosophe français, 1823-1892).

En 1769, James Watt invente un procédé permettant de créer de l’énergie mécanique à partir d’eau chauffée au charbon. La machine à vapeur est alors née, la révolution industrielle amorcée. Cette dynamique de progrès rythme le XIXème siècle, qui voit la société se métamor phoser à une vitesse fulgurante. L’architecture n’y échappe pas, et de nombreuses innovations voient le jour. Nous pourrions notamment citer le Chrystal Palace de Joseph Paxton en 1851, démontrant, par son assemblage d’éléments préfabriqués de fonte et de verre de grande en vergure, les nouvelles possibilités qui s’offrent aux constructeurs. Riches de ces possibilités, les architectes de la première moitié du XXème siècle font naître le Mouvement moderne. Ils se po sitionnent en rupture avec le passé, prônant le rationalisme fonctionn‹el et un retour aux formes géométriques simples et épurées, ainsi que l’emploi de matériaux bruts, créant un langage archi tectural nouveau. Les principales figures du Mouvement moderne sont Le Corbusier, Mies Van der Rohe et Walter Gropius qui ont oeuvré dans le contexte particulier de l’entre-deux-guerre (1918-1939) et de l’après guerre (post 1945). Leur pensée porte également une ambition sociale, hygiéniste, synonyme de modernité à l’époque, qu’ils vont tenter de mettre en application no tamment dans les travaux de reconstruction d’après-guerre.

Cette pensée moderne est remise en question à partir de la fin des années 50 par une nouvelle génération d’architectes très critiques vis-à-vis des ces maîtres modernes, dont l’architecture est jugée inhumaine, puriste, dogmatique et inadaptée à l’époque. Après 1945, la société a en effet grandement évoluée, passant d’un âge industriel où l’Homme est voué au travail, à une société de consommation et de loisirs. Ces revendications naissent au sein-même du Mouvement moderne, notamment lors du dixième Congrès International de l’Architecture Moderne (CIAM), où se forme la Team X figure de cette révolte, menée par Alison et Peter Smithson. De nombreux écrits voient le jour à cette époque, notamment « Learning from Las Vegas » de Robert Venturi & Denise Scott Brown & Izenour, devenu manifeste de cette rupture plus tardivement. Une multitude de visions et de projections architecturales naissent en Angleterre, en Italie, en France, au Japon, visant à repenser l’urbanisme et l’architecture d’une nouvelle manière, radicale, utopiste, critique et/ou vi sionnaire. Ce foisonnement d’ensemble est bien l’expression de l’avant-garde architecturale des années 1960-1970, duquel nous extrairons le dernier de ces mouvements avant-gardistes afin de l’étudier plus en détail: Le Métabolisme.

A partir de cette étude, nous tenterons de mettre en relation les idées/concepts métabolistes avec une multitude d’autres projets, afin d’installer une vaste toile de fond temporelle connexe au Métabolisme. Ceci nous permettra d’apercevoir l’évolution de certaines idées dans le temps, entre héritage et mutations. Enfin, nous observerons cette vaste toile et ce foisonnement d’idées de façon plus générale, afin de tenter d’en comprendre les mécanismes (si ils existent). De cette manière, nous nous questionnerons sur le rapport temporel de l’acte créatif, entre imitation, inno vation et conflit de générations.

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Le canard et le hangar décoré / Learning from Las Vegas - Robert Venturi & Denise Scott Brown & Izenour (1972)
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I ATOME: METABOLISME

A Culture japonaise

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le monde entier prend conscience de l’atrocité que le progrès est capable de produire. Après les deux bombardements ato miques sur Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 Août 1945), les deux villes sont totalement anéan ties, il ne reste que des champs de ruines dé sertés par l’homme. Le Japon tout entier est im pacté: 50% de Tokyo est détruit, 60 à 80% de 17 autres villes japonaises le sont également. Déjà, le pays possède une certaine vulnérabi lité structurelle, il s’agit en effet d’un archipel de plus de 6000 îles au relief majoritairement montagneux. De plus, sa position géologique fait de lui une zone sujette à de nombreux tsu namis et tremblements de terre. Ceci rendant toute construction précaire et toute densité ur baine trop importante, potentiellement dévas tatrice au niveau démographique.

Malgré ces importantes difficultés, la société nippone connaît le « miracle économique ja ponais», reçoit l’aide financière des Etats-Unis durant la Guerre de Corée (1950-1953), pour ensuite être propulsée au 2 ème rang du PIB mondial dans les années 60’. Ces évènements sont fondamentaux dans la vision de renou veau et de changement que nous trouverons chez les métabolistes ainsi que l’optimisme qui les animent. La culture nippone dans son ensemble a été façonnée par la situation géo graphique singulière du pays, et cela explique notamment certains aspects de leur mode d’habiter. Premièrement, la quête d’espace est un réel défi dans l’habitat japonais, étant don né le peu de superficies disponibles, ces archi tectures mettent en place des dispositifs afin

de « donner le sentiment » d’espace, de pro fondeur (divers seuils, clair/obscur…). Deuxiè mement, le respect pour la nature et toute la symbolique liée est également caractéristique de l’habitat traditionnel qui entretient une rela tion forte avec elle. Nous pouvons notamment citer la présence des célèbres jardins « zen » qui s’articulent avec les espaces de vie, souvent délimités par des Shoji ou des Fusuma, pan neaux coulissants plus ou moins opaques. Ces derniers permettent de délimiter les espaces, tout en laissant la flexibilité à l’usager de faire le choix d’ouvrir ou de fermer, selon les situations. A l’image de la nature qui revêt différentes pa rures au fil des saisons, l’habitat, le quotidien de la vie des hommes, inclue également cette temporalité. La société nippone a bien com pris, par cette proximité mais aussi par cette sur-exposition (parfois dramatique) à la nature qu’il vaut mieux vivre avec, plutôt que tenter d’y résister.

Comme nous l’avons vu, le Japon est une puis sance économique, il doit aujourd’hui grande ment sa réussite au développement de la tech nologie. En 1960, les progrès dans ce domaine n’étaient qu’à leurs débuts, mais ils y voyaient, avec le design, la possibilité de transcender ces faiblesses innées du territoire japonais. Une fois ces contraintes dépassées, tout de vient possible, on a cherché des solutions dans toutes les directions, sur la terre, sur la mer, ou dans les airs. La philosophie du Métabolisme se fonde dans ce contexte singulier, entre la tradition et un optimisme dédié au progrès.

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7 Situation géographique japonaise

B Naissance

Kenzo Tange (1913 - 2005) architecte ja ponais, est âgé de 32 ans à la fin de la guerre, et veut réinventer le rôle de l’architecte au Japon. Il visite avec ses confrères les territoires dévas tés par la bombe atomique afin de réfléchir à de nouveaux plans urbains pour « ground zero » à Hiroshima, ainsi que pour la partie détruite de Tokyo. Pour ces architectes, la situation est plus complexe qu’une « Tabula rasa » pratiquée par les modernistes. Pour Tange et ses collabora teurs, le répertoire de planification urbaine uti lisé par leurs pères ne peut pas être appliquée, de nouvelles idées doivent émerger.

En 1950 pourtant, Tange devient figure de l’ar chitecture moderne japonaise avec la construc tion du Hiroshima Peace Park Memorial, qui le projette sur la scène internationale, et l’intègre au CIAM de 1951. Parallèlement aux com mandes publiques, Tange enseigne à l’univer sité de Tokyo ou il devient le mentor de futurs métabolistes que sont Fumihiko Maki, Kisho Kurokawa et rencontre Arata Isozaki. Il créé alors le Tange Lab, un studio d’architecture ex périmentale où il déploie une grand engage ment créatif et pédagogique afin de préparer la prochaine génération à leur rôle sur la scène internationale.

En mai 1960 est organisé la World Design Conference à Tokyo, sous la direction de Ken zo Tange, qui dispose maintenant de la recon naissance nécessaire pour promouvoir l’avenir de l’architecture japonaise à l’échelle mondiale. Par la même occasion, il charge Takashi Asada et Noboru Kawazoe de rassembler un groupe

de talents prometteurs, qui deviendrons les métabolistes. Un mois avant la conférence, Kawazoe annonce l’idée fondatrice du Méta bolisme: « artificial ground », le concept qui ré uni les travaux qui seront présentés au monde. « Artificial ground » est une forme d’adaptation afin de remédier à la tabula rasa. Si il n’y a pas d’espace adéquat pour construire, le Métabo lisme s’adaptera et construira sur son propre sol. Invité par Kawazoe, Kikutake et Kurokawa travaillent sur une compilation de leur idées, à laquelle se joignent Maki et Otaka. Cet ouvrage aux airs de manifeste marque la naissance du Mouvement : « Metabolism 1960 » Kawazoe rédige une courte introduction à la dernière minute, il est réellement le premier à utiliser le mot « Metabolisme »:

Introduction de Noboru Kawazoe pour « Meta bolism 1960 »:

« ‘Métabolisme’ est le nom du groupe dans le quel chaque membre propose les idées futures pour le monde de demain à travers des dessins concrets. Nous regardons la société humaine comme un processus vital, un développement continu de l’atome à la nébuleuse. La raison pour laquelle nous utilisons un mot du vocabu laire biologique est que nous croyons que le design et la technologie peuvent être synonyme de vitalité humaine. Nous ne considérons pas le métabolisme comme un processus naturel historique, mais nous essayons d’encourager le développement vivant de notre société à travers nos propositions. »

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couverture originale de Metabolism 1960 Kenzo Tange
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Impermanence

Pour les Métabolistes les principes de l’architecture moderne régissant la forme et la fonction sont dépassés. Habitée par une socié té de masse, la ville doit être considérée comme un organisme vivant, pouvant croître de façon organique grâce à une structure flexible. La transformation fonctionnelle, la question d’im permanence, sont pour eux essentielles pour mieux appréhender l’avenir. Ces architectes prônent le « principe de la vie » en opposition à « l’ère de la machine », ils remplace l’analogie mécanique de l’architecture, par une analogie biologique.

Pour Kurokawa, le plus jeune des Métabo listes, âgé de 26 ans en 1960: « La vraie beau té se trouve dans les choses mortelles, qui changent . » Le sanctuaire Shinto d’Ise, réfé rence absolue de tous les architectes japonais, illustre bien ce propos. Ce sanctuaire daté du début du VIIIe siècle est en effet reconstruit en bois, à l’identique tous les vingt ans. A travers ce processus, les japonais souhaitent préser ver la pureté de cet édifice, le plus sacré de la religion shintoïste. Nous pouvons maintenant très facilement expliquer cette attachement à l’impermanence, en lien avec l’histoire du pays et sa relation à la nature. Cette notion est éga lement présente dans certaines cultures, nous pouvons penser aux peuples nomades mon gole qui habitent les yourtes qu’ils érigent aux grès de leurs déplacements. Tange et Ekuan ont développé un projet de ville éphémère (1974) dans une vallée à Mina, pour les pèlerins effectuant le Hajj annuel vers la Mecque. Ekuan

En pratique le terme éphémère rejoint le terme de « modularité », ceci nous renvoi à une ques tion d’assemblage, de répétition, d’unité. La Nakagin Capsule Tower (1972) par Kisho Ku rokawa en est le parfait exemple. Ce projet qui a eut le privilège de voir le jour dans le quartier de Ginza à Tokyo (contrairement à la plupart des autres projets métabolistes), est composé de deux noyaux verticaux, contenant les circu lations. 144 capsules y sont ensuite accrochées, une capsule étant une cellule individuelle com prenant différents équipements (TV, bureau, té léphone, radio, toilette…). Ces dernières sont destinés à accueillir les « Homo movens », ou « homme en mouvement », leur offrant ainsi un espace, certes réduit, en plein coeur de Tokyo. Ces capsules peuvent être changées lors qu’elle deviennent obsolète, permettant ainsi, en théorie, d’assurer au bâtiment un état de fonctionnement permanent. Là encore, comme un arbre qui perd ses feuilles mais les voit re naître au printemps prochain, la Nakagin entre tient cette relation à l’éphémère, au modulable, de par sa composition cellulaire. Principes

dit avoir utilisé des « outils métabolistes » pour créer cette ville, qui peut disparaître aussitôt les pèlerins partis. Les élements de construc tions éphémères pouvant, en effet, être retirés et stockés au pieds des collines alentours. Le terme « éphémère » possède, comme nous l’avons vu, une dimension symbolique.

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C

Temple shinto d’Ise (XIII ème siècle)

Nakagin Capsule TowerKisho Kurokawa (1972)

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Cellule

La Nakagin Capsule Tower et son sy tème de fonctionnement nous renvoie im médiatement aux travaux du groupe anglais Archigram et à la célèbre Plug-In City de Peter Cook (1964). Ils ont en effet, beaucoup influen cé les Métabolistes. Ces cellules préfabriqués étaient faites pour recevoir le corps humain en position allongé, le plafond étant de 1m. En plan ces cellules font approximativement les di mensions d’un tatamis (91X182cm). Tout juste la place pour accueillir le corps donc, les divers équipements étant inclus dans les cloisons de la capsule. Ces espaces, où certains, enclins à la claustrophobie se sentirons bien à l’étroit, sont une réponse à la situation japonaise énon cée plus haut. La surface habitable réduite sur l’ensemble de leur territoire, ainsi que l’urbani sation non contrôlée et tentaculaire des villes comme c’est le cas de Tokyo, obligent les ja ponais à construire sur de petites parcelles, à vivre dans de petites surfaces. La Nakagin est une réponse extrême à ce problème mais reste un projet viable proposé par le métaboliste Ku rokawa, confronté à une société mouvante.

La capsule à l’échelle du corps semble donc être la plus petite unité d’espace envisageable, puisque non viable autrement. Nous pou vons remarquer que les dimensions du tata mi (91cmX182cm) est un module récurrent chez les japonais. En effet l’unité de surface aujourd’hui utilisée est le « Jo », celui-ci cor respond à un tatami de dimension standard, celle-ci pouvant varier suivant les régions mais le rapport de 1/2 est toujours de rigueur. Cette unité est en lien direct avec le corps humain, puisqu’elle correspond à un homme allongé ou bien deux hommes assis. Nous remarquons également que les Shoji (panneaux coulissants) cités précédemment possèdent les mêmes di mensions, créant une harmonie de proportions entre le plan horizontal et vertical.

Comme c’est le cas dans la nature, l’assem blage de petites entités (cellules), peuvent ve nir former une masse ou un tissu, un ensemble cohérent et homogène. A travers le projet du pavillon Toshiba IHI par Kurokawa, lors de l’ex position d’Osaka en 1970 (qui marque d’ail leurs l’apogée des Métabolistes), nous pou vons remarquer cette analogie à la nature dans la structure. Cet espace sculpté consiste en l’assemblage de 1,444 unités tétraédriques d’une extravagante complexité. Quoi de mieux qu’une exposition (temporaire de ce fait) pour les métabolistes et leur formes organiques dont le démantèlement se lit dans l’assem blage même ? Cette structure vient recouvrir un volume orangé à la manière d’un nouvel or ganisme venant s’accrocher à son hôte. La sym biose architecturale est bien lisible, Kurokawa viendra d’ailleurs étayer cette notion dans « The Philosophy of Symbiosis » (1994).

Lors de cette même exposition à Osaka, Ken zo Tange réalise Big Roof  , une vaste structure métallique de 30 m de haut, 292 m de long et 108 de large où chacune des capsules de ses partenaires métabolistes peut venir s’accro cher. Pour ce faire Awazu, réalise une capsule en forme d’oeuf tout en verre, Maki conçoit sa structure Golgi (concept datant de 1968). En fin Kurokawa réalise son premier prototype de capsule résidentiel préfabriquée. A travers cette réalisation « collective », la symbiose prend une autre dimension, presque méta phorique de l’histoire des métabolistes. Kenzo Tange le mentor, venant créer le cadre de vie et permettre la colonisation de sa structure par les cellules de ses élèves. Ce cadre de vie est également un sol artificiel pour ces unités qui n’ont plus de contact direct avec la terre.

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Big roof - Kenzo Tange (Osaka 1970) Capsule - Nakagin capsule Tower Pavillon Toshiba IHI - Kisho Kurokawa (Osaka 1970)
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Site

Comme nous l’avons dit, les métabolistes cherchent des solutions dans toutes les direc tions afin de transcender les limites contrai gnantes du territoire japonais. Leurs projets visent une certaine indépendance vis-à-vis du site, qu’ils recréent par le concept d’« artifical ground ». A partir de cette émancipation, il est alors tout à fait envisageable de s’élever jusque dans les airs ou au dessus de la mer.

Le projet ayant le plus suscité l’attention inter nationale est vraisemblablement celui de Ken zo Tange pour la réorganisation structurelle de Tokyo (1960). Au sud-est, la croissance de la ville est impossible en raison de l’existence de sa baie. Idéaliste, Tange propose une expan sion linaire au dessus de cette dernière, par un système de ponts, de mégastructures et d’îles artificielles.

Kitutake fut l’architecte métaboliste qui projeta le plus de visions utopistes pour une vie future sur la mer. Pour lui, les hommes ont depuis tou jours entretenus des conflits sanglants dans des territoires délimités, la mer serait un espace de découverte, qui promettrait un avenir radieux à l’humanité. Kikutake pense également qu’il est incorrect de dire que le moyen le plus sur de vivre est de se cramponner à la terre. Marine City (1963), imaginée par ce dernier, prévoit la mise en place d’un archipel en pleine mer. Les îles du centre étant destinées aux logements, celles à l’extérieur aux industries, des tours sont érigées à « divers stade de croissance ». Quand une île est trop ancienne, elle peut être trainée plus loin et coulée, à la manière des capsules sur la terre ferme. Il projette également   Disas ter Prevention City (1961), une grille urbaine de

200mX200m dans la baie de Tokyo, à 6 mètres de haut afin de protéger la ville des inondations fréquentes. Le concept d’ « artificial ground » prôné par le groupe est ici clairement appli quée, à l’échelle urbaine, comme l’avez fait Tange un an auparavant.

L’arbre prend racine en terre, et croît vers le ciel par un réseau aérien d’arborescences. Le concept de « megaforest » développé par les métabolistes créé une nouvelle catégorie d’es pace, la diagonale est privilégiée à l’horizon tale ou à la verticale dans des formes que seule la nature pourrait envisager: hélice, tétraèdre, branches, cônes. Kikutake dit que « les bâti ments se tiennent plus bas que les arbres, il est temps de se séparer de la ville horizontale. » Rappelant la géométrie des brins d’ADN Helix City  (1961) par Kurokawa peut croître ou dimi nuer selon les besoins. Chaque spirale peut ac cueillir 10,000 personnes et comprend divers moyens de transports.

Le répertoire métaboliste est donc d’une grande richesse créative et prospective. Plu sieurs de leur dessins ont marqués l’époque et influencé les architectes des décennies sui vantes. Bien que très idéaliste, leur vision n’en est pas moins pertinente et ouvre la voie à de nombreuses possibilités pour les générations suivantes. Peut-on parler d’un héritage méta boliste ?

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Réorganisation structurelle de TokyoKenzo Tange (1960)

Helix City - Kisho Kurokawa (1961) Marine City - Kikutake (1963)
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Le travail des métabolistes, bien que conséquent, est resté en grande partie sur le papier. La Nakagin Capsule Tower de Kurokawa est le seul projet construit, témoin concret de l’existence du Mouvement. Elle est à ce jour, un vif sujet de débats et malheureusement menacée de destruction en raison de son état de vieillissement avancé. Son entretien n’a pas été assuré pour la faire perdurer, et les normes actuelles demandent des rénovations dont le coût est trop élevé. Certains militent pour une inscription de l’édifice au patrimoine mondial de l’UNESCO quand d’autres préfèreraient la voir détruite afin de faire de la place aux bâti ments neufs. En effet à l’heure où nous parlons, plus qu’une vingtaine de capsules sur les 144 sont louées. Cette occupation prend alors des airs de résistance, à laquelle se joint certains passionnés qui ne veulent pas voir cette trace de l’histoire disparaître. Préserver ou détruire ? La question est intéressante dans le contexte japonais que nous connaissons et le Tokyo du XXIème siècle. En effet, la place manque et la pression foncière affaiblit de jour en jour l’édi fice, de plus, la durée de vie d’un bâtiment au Japon est traditionnellement moindre qu’en occident. Ironie du sort peut-être, la Nakagin se voulant maîtresse de l’impermanence et des mutations de ses capsules, se verra sans doute elle-même remplacée par une pièce moins vé tuste dans la forêt tokyoïte. Tom Vanderbilt, au teur américain, a rédigé un article sur l’édifice après sa visite, en vue de sa destruction pro chaine. Il écrit être « parti à la rencontre d’un futur qui n’a jamais été ».

Le Métabolisme sonne alors comme un échec, une pensée qui n’a pas réellement vu le jour, qui n’a pas trouvé son application concrète, du moins pour l’instant. Il ne faut pourtant pas minimiser la pertinence de ces idées qui sont apparue il y a bientôt soixante an déjà, et qui posent aujourd’hui encore, des ques tions d’avenir. Les métabolistes possèdent une grande conscience écologique pour l’époque, et nous le savons, nous devons tous prendre conscience de cette problématique pour ré soudre les questions de demain. Cependant nous pouvons discuter de cette portée écolo giste dans l’application concrète de certains projets. S’extraire du sol peut en effet être une

perspective pour palier aux catastrophes natu relles, et la science fiction nous a toujours vé hiculée des images d’une ville aérienne où les flux et activés humaines s’articulent à différents niveaux. En soi, cette démarche se veut écolo gique en tenant à distance le sol terrestre, per mettant ainsi de le préserver. Ceci est pertinent dans des projets de petite échelle, et de sur croît dans les projets mobiles ou éphémères. Mais qu’en est-il pour les projets « urbains » à grande échelle? Que ce soit sur la terre ou sur la mer, s’élever induit fatalement la présence d’éléments verticaux ancrés au sol par de lourdes fondations. Qu’en est-il pour l’impact géologique et les fonds marins ? Est-ce réelle ment vivre « avec » la nature que s’en détacher et atteindre une certaine indépendance vis-àvis d’elle ? La gravité nous obligera t’elle tou jours à déployer de gigantesques fondations pour s’élever ? Les progrès technologiques pourront-ils, un jour, nous en affranchir ? Quel rôle peut avoir le high-tech dans le devenir de l’architecture ? Les structures flottantes, déjà chez les métabolistes, en sont une application qui pourrait représenter une solution.

Parmis la génération d’architectes japonais ayant succéder aux métabolistes, nous pour rions citer Toyo Ito. Dans « L’architecture du jour d’après » publié en 2012, l’architecte nous offre une réflexion sur sa façon de voir l’architecture après la catastrophe de Fukushima en 2011. Il est très intéressant de voir ici la position de Ito, comparable à celle des architectes japonais post-1945. Le pays est à nouveau meurtri par la nature, le progrès technologique le poussant à repenser l’architecture. Toyo Ito a travaillé chez Kikutake à qui il attribue son envie de faire de l’architecture aujourd’hui. L’auteur nous apporte également des éléments de réponse vis-à-vis de cet « échec de concrétisation » des idées mé tabolistes. En effet il discute du concept de la ville en réseau en soulignant que Kikutake était réellement d’avant-garde mais a vu ses idées avortées par le scepticisme du promoteur et de la compagnie ferroviaire Tôkyû. Il s’agit en ef fet d’une éternelle problématique en architec ture, entre l’architecte qui conçoit et les entre prises qui mettent en oeuvre. Si il n’y a pas de consensus, se créé alors un fossé où les idées, aussi innovantes soient-elles, s’engouffrent et

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D Héritage et Perspectives

ne rencontrent jamais leur application concrète (rappelons néanmoins que ces projets et leur complexité de mise en oeuvre freine tout à fait naturellement les investissements). Ito travaille à l’agence en pleine période métaboliste et écrit sur son mentor « …, j’imaginais avoir affaire à un formidable théoricien. Mais en réalité, c’était un architecte d’un genre totalement différent. D’une grande sensibilité, il faisait de l’architec ture en laissant fuser les idées comme si elles jaillissaient de tout son être. » Cette description illustre bien, selon moi, la dynamique autour du Métabolisme; un foisonnement d’idées, une foi en l’avenir, un engouement empli d’optimisme et une formidable créativité, qui ne parvient malheureusement pas à rencontrer son pré sent. Ito s’éloigne peu à peu de l’univers méta boliste, il quitte l’agence en 1969, un an avant l’exposition universelle d’Osaka qu’il considère comme « une idole déchue ». Selon lui entre l’exposition de Montréal en 67 et celle d’Osaka en 70, la profonde évolution de la société était la cause d’une réelle perte d’attrait architectu ral. Il est important de préciser que l’exposition de 1970 marque l’apogée du Métabolisme. En 1971 ou il signe son premier ouvrage, il ne se revendique plus de l’univers métaboliste, mais ne pourra jamais renier l’influence que le Mou vement a eut sur son architecture.

Les idées métabolistes peuvent aisément être rapprochées de l’« architecture organique » ini tiée par Frank Lloyd dans les années 30’. Nous pourrions également être tenté d’y apposer l’étiquette « Biomimétisme », un terme interdis ciplinaire aux limites parfois floues, mais qui fait parler de lui dans de nombreux domaines pour envisager le monde de demain, consistant à s’inspirer des mécanismes présents dans la na ture. Notre objectif sera maintenant d’installer une toile de fond d’ordre temporelle, nous per mettant d’appréhender le répertoire de forme et les concepts métabolistes de façon plus large, afin de mettre en lumière certaines rela tions d’hérédité à travers le temps.

17Toyo Ito
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II NEBULEUSE

La partie qui suit prend la forme d’un catalogue, environ 80 projets y sont réper toriés, d’échelle urbaine, architecturale et parfois même de l’ordre de l’objet d’art. Tous sont réunis ici car ils se rapprochent et/ou viennent compléter le répertoire métaboliste. J’ai choisi de mettre en place une sorte de classification et de sous-classification dont l’intitulé se résume à un mot, ceci afin d’éclairer la lecture de cette masse imposante d’informations. Il est important de préciser que cette classification n’est pas irréfutable, et que la plupart de ces projets pourraient se retrouver dans plusieurs catégories si multanément. En effet nous parlons ici de notions de Flexibilité, d’Unité, de Nature et de Technologie. Un projet modulable en est un exemple simple; il pourrait à la fois se rapprocher de l’idée de Flexibilité que d’Unité (le module étant une unité permettant, d’assurer une flexibilité à un ensemble). Cette classification est donc relative mais éclai rera notre lecture, nous permettant d’établir plus rapidement des relations.

Les projets sont ici représentés par de petits croquis, des images de chacun d’eux fi gurent en annexe.

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1890-1891 Nature/Forme architecturale

Louis Sullivan - Wainwrigth Building

Frise naturaliste couronne le bâtiment.

1900 Nature/Forme architecturale

Hector Guimard - édicules et entourage du métro parisien Lignes organiques, caractéristiques du mouvement Art Nouveau.

1904-1906 Nature/Forme architecturale

Antoni Gaudi - Casa Batllo

Façade aux allures de squelette, excentricité caractéristique de l’architecte.

1922-1925 Nature/Site

Le Corbusier - Plan Voisin

Projet pour le centre de Paris, s’appuie sur un principe de Tabula rasa. Rue traditionnelle est bannie remplacée par plusieurs niveaux de circulations. Ces derniers sont séparés par des axes routiers reliant 3 secteurs: centre d’affaire, quartier résidentiel de gratte ciels entourés d ‘espaces libres et une périphérie d’usine et de cités jardins. 1936-1939 Nature/Site

Frank Lloyd Wright - Fallingwater house Maison partiellement construite sur une cascade de la rivière Bear Run dans les Allegheny Mountains, entretient un fort rapport entre intérieur et extérieur, cher à l’architecte.

1940 Technologie/Affirmation

Richard Buckminster Füller - Dymaxion House

Econome en énergie, fonctionnelle et peu coûteuse, a suscité beaucoup d’in térêt à l’époque mais n’a jamais été produite.

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1952-1963 Unité/Corps

Claude Parent - Maison des peupliers, Neuilly

Domicile de l’architecte. Principe des « praticables » dispositifs scénique oblique transposé à l’aménagement intérieur avec des pentes à 28%.

1955-1956 Technologie/Affirmation

Ionel Schein - maison tout en plastique

Pour artistes pop art, matière plastique synonyme de vie. Forme escargot offre organisation intérieure remarquable par son fonctionnalisme, prévient l’homme de tout geste inutile.

1958-1960 Nature/Comportement

David Georges Emmerich - Agglomération (sous une cou pole stéréotométrique)

Les formes sont des « êtres géométriques dans l’espace », structure autoten dantes sont systèmes modulaires, jeux de construction. Richesse inhérente aux structure naturelle est quasi inépuisable, selon l’architecte.

1959-1960 Nature/Site

Yona Friedman - Ville spatiale

Structure tridimensionnelle à l’enjambée. Recherches publiées dès 1960 au Japon, grande influence sur Tange, Kurokawa et Isozaki.

1959-1960 Nature/Comportement

Eckhard Schulze-Fielitz - Raumstadt

Structure urbaine flexible, à partir d’un système modulaire formée de barres, de structures principales et d’unités normalisées. Se détache du sol de la ville en lui abandonnant le trafic routier.

1960 Nature/Forme urbaine

Claude Parent - Ville cône

Structures fondées sur le dynamisme de l’oblique, cher à l’architecte. N’est pas s’en rappeler certains projets métabolistes, dont Helix City de Kisho Kurokawa.

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1964 Nature/Site

Klaus Gartler & Helmut Rieder - Die vertikale Stadt Gigantesque « tour réseau » mécanisée implantée au centre d’un lac qui aurait submergé la ville historique de Graz.

1965-1967 Nature/Forme urbaine

Günther Feuerstein - Salzbourg-Superpolis

Forme archaïque, « archétype » par lequel l’architecte cherche à établir un concept architectural fondé sur la psychologie.

1965-1967 Technologie/Personnalisation

MIASTO - La ville plastique

Préfabrication, moule gonflable peu coûteux auquel l’architecte fait subir dé formation donnant lieux habitables plus ou moins vastes, chaque habitation devant refléter la personnalité de chacun.

1966-1970 Unité/Corps

Coop Himmelb(l)au - Villa Rosa habitation gonflable, densité de l’air permet de moduler espaces individua lisés, 8 en tout, avec sons, couleurs et parfums. Expérience sensorielle enga geant le corps dans sa globalité.

1966-1967 Unité/Habitat

Angela Hareiter - Kinderwolken

Espace de respiration dans les villes engorgées destinés aux enfants. Greffé entre les bâtiments, espace matriciel dédié aux désirs d’une société en quête de liberté.

1967 Flexibilité/Mobilité

Antoine Stinco - Hall itinérant d’exposition d’objets de la vie quotidienne

Deux coupoles solidaires recouvertes par un voile nylon tendu et reposant sur un soubassement hydraulique.

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1967-1968 Flexibilité/Mobilité

Lotiron & Perriand-Barsac - Caravane Fleur

Structure gonflable par compresseur relié au moteur, parois rabattables forment plancher hexagonale pliable passant en quelques minutes de 6 à 75 m2.

1968 Unité/Corps

Guy Rottier - Boulequiroule

Inspiré des capsules spatiales afin de repenser la façon d’occuper un espace cyclindrique flottant sur l’eau. La rotation de Boulequiroule peut être stop pée en abaissant le niveau de l’eau.

1968 Unité/Habitat

Chanéac - Cellule parasite Sorte de ventouses, viennent se fixer aux façades des immeubles en créant des volumes habitables complémentaires

1968 Technologie/Affirmation

Paul Andreu - Aérogare de Paris Roissy

Aérogare la plus innovante pour l’époque, l’architecte choisit forme circu laire de 200m de diamètre permettant de disposer d’un maximum d’es paces alentours.

1968 Unité/Corps

Michael Webb - Suitaloon Maison pneumatique, se portant comme un costume et pouvant se gonfler aux besoins. Des suppléments fonctionnels peuvent y être greffés tels qu’un moteur et des roues.

1968-1969 Flexibilité/Mobilité

Peter Häusermann - Théâtre mobile

Constitué de 2 doubles sphères à 2,5m du sol contenant les usages. Scène peut prendre 19 configurations différentes. Théâtre démontable en quelque heures, adapté à tous les terrains.

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1968-1970 Flexibilité/Mobilité

Peter Cook - Instant City

« Métropole itinérante », à la manière d’une abeille pollinisatrice , superpose à la ville existante de nouveaux espaces de communication pour une société en mouvement permanent.

1968-1972 Flexibilité/Accumulation

Justus Dahinden - Hill City

recherche d’ordre utopique d’un « méga-habitat » pouvant se greffer à la ville existante. Se développe de bas en haut et de la périphérie vers le centre selon forme pyramide ou pentue. Concentre toute les fonctions nécessaire à la vie.

1969 Nature/Site

Archizoom associati (Andrea Branzi) - Non-stop city

Utopie critique, représentation de la métropole moderne, un ensemble d’objets architecturaux dans un espace creux. La ville présente la même orga nisation qu’une usine ou un supermarché permettant d’obtenir une construc tion urbaine pratiquement infinie.

1969-1971 Nature/Site

Superstudio - Monumento continuo

Projet manifeste de l’architecture radicale. Modèle d’urbanisation globale, grille tridimensionnelle parcourt surface de la Terre, franchissant mégapoles, montagnes et océans.

1971 Nature/Forme architecturale

Domenig + Huth + Haus-Rucker-Co + Christo - Floraskin

Complexe touristique pour la région d’Ifni au Maroc. Système constructif adaptable et extensible à l’infini, combine le principe technologique de la mégastructure et le principe naturel de la croissance organique.

1971 Nature/Site

Gianni Pettena - Grass Architecture

Le sol se soulève, matériaux naturels modèlent une architecture périssable.

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1972 Flexibilité/Accumulation

Herman Hertzberger - Centraal Beheer à Apeldoorn aux Pays-Bas

L’architecte croit en un « potentiel spatial », usagers pouvant adapter le plan selon leurs besoin. Ce dernier est une suite d’espaces, formés par une accu mulation/multiplication d’une même unité d’espace de forme carré

1972 Technologie/Affirmation

Graham Stevens - Desert cloud « Couvre » besoin essentiels de l’homme. Structure pneumatique, film polyester très clair, se gonfle et s’élève grâce à l’air chauffé par le soleil. Eau se condense sur les parois du gonflable récupérée, procurant denrée vitale à l’homme dans le désert.

1972 Nature/Forme architecturale

Ricardo Porro - Maison des jeunes, Vaduz

Forme en plan du bâtiment rappelle de façon explicite la morphologie d’un batracien.

1974 Nature/Forme architecturale

Gerard Grandval - Les choux, Créteil

Ensemble de logements, les éléments créant les balcons viennent rythmer la façade, donnant un aspect végétal à l’ensemble.

1976 Nature/Forme architecturale

Georges Adilon - Maison J

Plan ou se marient lignes droites et courbe atour d’un patio donnant une centralité à l’ensemble et lui conférant un mouvement.

1977 Technologie/Affirmation

Renzo Piano et Richard Rogers - Centre Pompidou à Paris

Plateaux libres réservés aux usages permis par structure reportée en façade, de même pour élément techniques. Affiche fièrement dynamisme avec cir culation également visible. Electrochoc technologique dans le tissu parisien de l’époque.

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1978 Nature/Forme urbaine

Günter Günschel - Entwurf zur Bebauung der Weserinsel Teerhof in Bremen

Masse organique continue formée de bâti et de végétation sans hiérarchie apparente, se mêle au profil de la ville existante.

1988-1992 Nature/Site

Anti lovag - Palais Bulle (Pierre Cardin)

Agencement de cellules développe un espace courbe et permet coexis tence de plusieurs espaces de vie. Implantées dans la pente, les espaces de vie offrent de nombreux points de vue vers la Méditerranée.

1990-1994 Nature/Métamorphose

Makoto Sei Watanabe - Jelly Fish houses « Maison méduses », rapport entre l’eau et la lumière, but est d’échanger la substance contre l’espace et l’espace contre la substance.

1991 Nature/Comportement

Vittorio Giorgini - Module octet Système structurel modulaire, tubes métalliques avec noeud de liaison uni versels. Grande efficacité statique, géométrie se fonde sur la structure des éléments naturels, formes triangulées, plus stables, permettant croissance dans six directions.

1991-1994 Technologie/Affirmation

Atelier Seraji - Temporary american cultural center, Paris Convoque dynamisme et déséquilibre par la non-orthogonalité des élé ments porteurs. Matériaux traditionnels en intérieur (bois, acier) et nouveaux matériaux (polycarbonate, bois reconstitué) pour l’enveloppe extérieure

1992-1995 Nature/Forme architecturale

Itsuko Hasegawa - Yamanashi Museum of fruit

Volumes métalliques fragiles, s’efforçant d’échapper à la gravité, bâtiment répartie telles des graines, suivant l’image métaphorique du fruit à différents stade de croissance. Chaque forme résulte de la rotation d’un corps simple en volume complexe, calculé en 3d.

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1993 Unité/Corps

Absalon - Cellules

Ensemble de six habitations de 9m2 chacune, à l’architecture et aux amé nagements minimalistes, totalement blanches. L’artiste propose d’habiter la contrainte, via ces cellules conçues comme des enveloppe cousues à ses dimensions

1993-1995 Nature/Site

Hideyuki Yamashita - Nested-cube in process

Se compose comme un jeu d’emboitement d’espaces, 2 structures tubu laires de forme cubique s’imbriquent l’une dans l’autre, le tout est surélevé face à la mer dans une région dépeuplée du Japon.

1994 Nature/Site

Edouard François & Duncan Lewis - Station de traitement des eaux, Nantes

Reconstruction de l’usine des eaux usées de Fougas, à proximité d’un terrain pollué au méthane. Recomposition à l’échelle du paysage, l’équipe dirige la dépollution, le traitement des eaux, à l’aide de variétés de plantes dépolluantes et de techniques d’horticulture.

1995 Flexibilité/Accumulation

Shigeru Ban - Paper log house, Kobe 80 abris temporaire d’urgence élevé en moins de 10h chacun, pour les survivants du tremblement de terre de Kobe au Japon. Habitats de 16m2 en matériaux recyclables résistants au séismes.

1995 Nature/Métamorphose

CJ LIM + Studio 8 architects - Guest house, Japon Machine robotique expérimentale et cinétique, peut exister dans tout contexte topographique, l’environnement devient hôte (aquatique, ter restre, sous-terrain). Forme complexe s’adapte aux changements, murs se transforment en plaques tectoniques mutant en espaces élastiques et flexibles.

1997 Flexibilité/Modularité

Shigeru Ban - Maison aux neuf carrés à Hadano, Japon

Principe simple, sur la grille délimitant neuf carrés peuvent venir se placer des panneaux coulissant allant du sol au plafond, et pouvant donner lieu à de multiples configuration d’espaces

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1998 Technologie/Affirmation

Jones, Partners - Primitive Hut models

Trois maquettes de cabanes suggèrent la logique d’un primitivisme issu de la modernité technologique. Architecture simplement posée sur le sol contredit la tradition de l’enracinement de la cabane.

1998-1999 Nature/Forme architecturale

Zellnerplus - Krist residence, Bahamas

Traitement du site comme une surface courbe ou comme l’enveloppe d’un coquillage, susceptible d’être manipulée, plissée, crevassé.

1999 Flexibilité/Modularité

Actar arquitectura - 70 logements au mont Hacho Ceuta

Une trame ou se développe des logements conçus à partir d’un module 4X4 correspondant à l’optimisation des critères de préfabrication indus trielle. Chaque logement dispose d’un « mur de service » semi-équipé fonctionnant comme une épine dorsale afin de développer différentes typologies.

1999-2000 Nature/Comportement

Shuhei Endo - Rooftecture M, Tokyo

Implantée dans contexte urbain saturé, membrane de tôle protectrice enveloppe la maison, semble se défendre contre le contexte, se replie sur elle-même.

1999-2000 Nature/Métamorphose

Kengo Kuma - Bamboo House

Réinterprétation de la maison traditionnelle japonaise. Bambou est dé barrassé de ses joints internes, remplie de béton armé devient structurel, contraste entre plantes verdoyantes du jardin et celles consolidées structu rellement.

1999-2000 Nature/Site

Andrea Branzi - Eindhoven

Concept d’urbanisation faible, réversible et franchissable, agriculture comme modèle, série de strates se superposent en totale autonomie (ser vices, habitat, jardins, éclairages…)

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2000 Unité/Corps

LOT-EK - Mixer à N-Y

Ancienne bétonnière, transformée en cocon relié au monde extérieur par un équipement audio-visuel.

2000 Technologie/Personnalisation

Kas Oosterhuis - Variomatic Houses

Tel un produit de série, le client personnalise sa maison via internet, achète alors le label de l’architecte, et son design identifiable. Le client peut créer sa propre variante de maison afin de la rendre singulière

2001 Nature/Site

Asymptote - Hydrapier, Haarlemmermeer, Pays-Bas

Deux plans inclinés s’écartent à l’endroit de la césure terre/eau. Souhait de créer un « paysage » architectural dynamique qui résulte de forces natu relles et technologiques.

2002 Nature/Forme architecturale

ACTAR arquitectura - Tornado tower

Inspiré de l’image de la tornade, les architectes tentent ici d’exprimer l’es sence des forces qui parcourent l’objet, sa dynamique de fluide

2002 Nature/Comportement

Open source architecture - Ecoscape

Forme du bâtiment dictée par les informations techniques et climatiques, en déformant une surface géométrique plane, algorithme associe cha cune des boucles du maillage à des données.

2002 Nature/Comportement

Avignon-Clouet architectes - Installation pour la biennale de Venise

Installation réunit 5 projets de maison distincts , chacun isolé dans un cais son étanche en résine laquée noire et clos par un berceau de maternité. Confinés sous bulles, ces micro-systèmes peuvent se développer et révéler leur propre paysage.

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2002 Nature/Comportement

R&Sie(N) - Dustyrelief F/B-MU, Bangkok

« Elevage de poussière », partie basse de l’enveloppe en grillage électrifié crée un champs électrostatique, peau vivante et active collecte une partie de la poussière abondante de la ville pour en faire une membrane isolante.

2002-2003 Technologie/Affirmation

DR_D - Dom-in(f)o house

Réflexion sur la maison Dom-Ino de Le Corbusier. Critères de performance intégrés numériquement informent système poteaux-dalle, génèrent de nouvelles combinaisons de structure et d’organisation.

2002-2004 Technologie/Automatisation

James Law - Tolvanen Cybertecture House

Métamophose de l’espace avec l’aide de la reconnaissance vocale et d’un cyber personnage (valet virtuel). Ensemble est un espace dynamique où des pièces-chariots peuvent être repositionnées suivant les instructions données à l’ordinateur.

2003 Technologie/Affirmation

IAN+ - Microutopias

Revisite référence iconique du paquebot. Série de 4 porte-avions, chargés de nouveaux attributs: musée, habitation, parc thématique et paysage natu rel.

2003 Unité/Corps

Didier Faustino - One square meter house

« Mini-cauchemar », 1m2 de plancher pour 17m de haut, ne permet pas à l’individu de s’allonger, peut seulement espérer monter ou descendre.

2004 Nature/Forme urbaine

SANAA - 21st century museum of contempory art, Kana zawa

Architectes tirent parti d’un site proche d’un grand carrefour accessible de toute part. Plan circulaire abritant un ensemble de parallélépipèdes et un cylindre indépendant, les circulations s’y déploient très librement.

2004 Technologie/Automatisation

EZCT architecture & design research - Chair model TI-M (after 860 generations)

Processus biologique traduit en langage mathématique, 100 chaises su bissent croisements successifs, algorithme réalise sélection des qualités intéressantes pour répondre à des contraintes (légèreté, résistance)

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2004 Nature/Métamorphose

24H Architecture - maison à Ové Glas en Suède

Recouverte de bardeaux de cèdre, faible consommation énergétique, pièce principale peut être déployée comme un tiroir en surplombant le torrent qui coule à ses pieds.

2004 Nature/Métamorphose

Eightyseven architects - Garden Hut à Sant Miguel de Crilles, Espagne

Abris de rangement en hiver, cette petite construction devient une pièce adjacente à la maison en été.

2005 Unité/Habitat

Ryue Nishizawa - Moriyama house, Tokyo

Maison particulière à 9 volumes, principe d’éclatement à l’image de Tokyo. Espaces interstitiels variables permettent multiples interactions avec le jardin, prolongation de l’espace de vie.

2005 Flexibilité/Mobilité

Hugh Broughton Architects et FaberMaunsell Ltd - Halley

VI base britannique en Antarctique

Modules devant résister aux températures extrêmes, avoir un impact mini mum sur la glace, et être mobiles en cas de fragilisation de cette dernière. Les différentes unités repose sur des skis, afin d’être déplaçable à tout mo ment.

2006 Nature/Comportement

Cloud 9 & Frei Otto - New York Aquarium, Coney island

Structure unifiante recouvre tout le périmètre, « toile » tendue, légère et interactive. LED stockent l’énergie du jour et s’illuminent la nuit. Maillage des câbles conçu telle une peau de poisson.

2006 Nature/Forme architecturale

Jakob+Macfarlane - Les Turbulences, Frac Centre

Forme dynamique émerge à partir de la déformation et de l’extrusion de la trame des bâtiments existants.

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2006-2010 Unité/Corps

Minimaforms - Vehicle (War veterans)

Objet-machine hybride, entre l’animal et l’humain, « auto-environnement » tel une extension du corps. Outil de communication pour blessé de guerre, entre ouverture et coupure au monde.

2009 Technologie/Automatisation

Biothing - Mesonic Fabric

Processus algorithmique pour le design, peut être appliqué à l’architecture et à la planification urbaine. Projet provocateur visant à prétendre que le programme peut créer des projets à la fois beaux et solides.

2010 Technologie/Automatisation

Michael Hansmeyer - Subdivided columns

Processus itératif de subdivision numérique d’une colonne dorique, en gendre 16 millions de faces. Colonnes finales obtenues par empilement successif de 2700 feuilles en ABS de 1mm, maintenus par des tiges filetées métalliques pour une hauteur de 2,70m.

2011 Technologie/Automatisation

Flight Assembled Architecture

Envisagé comme outil de production évolutifs, drones programmés pour saisir, transporter dans les airs et assembler modules afin d’obtenir structure architecturale.

2013 Nature/Forme architecturale

ArchiLab FRAC Centre, Orléans, France - Naturaliser l’ar chitecture

Exposition à la croisée du design, des sciences informatiques, de l’ingénierie et de la biologie, 40 architectes exposent des oeuvres produites artificielle ment selon des processus de formation et de croissance propres au règne du vivant.

2013 Flexibilité/Accumulation

Sou Fujimoto - pavillon de la Serpentine Gallery de Ken sington Gardens

Construit chaque année par un architecte différent, Fujimoto propose en 2013 un espace entre intérieur et extérieur, immatériel et aérien, offrant une multitude d’assises en relation avec le corps.

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A travers ce foisonnement nébuleux d’idées et concepts variés, nous pouvons sou ligner l’analogie faite à la Nature de façon globale, chère aux métabolistes. En effet, que ce soit au niveau contextuel, formel, structurel, temporel, organisationnel, ou au moyen des nouvelles technologies, tous ces travaux ont cette relation aux manifes tations du monde vivant et minéral. J’ai pris le soin de préciser, au début de cette partie, que cette classification était discutable dans l’attribution d’un terme pour un projet. Néanmoins les 4 grands thèmes que sont Flexibilité, Unité, Environnement et High-tech ne sont pas le fruit du hasard, ils rejoignent les 3 parties présentes dans Métabolisme/Principes qui sont: Impermanence, Cellule, Site (étant toutes 3 « teintées » de High-tech). Après présentation du Mouvement, cette nébuleuse nous questionne donc sur l’évolution des idées en architecture, et relativise « l’innova tion » du Métabolisme.

Qu’ont-ils réellement inventé ?

Qui peut prétendre inventer quelque chose quand nous voyons ce que représente le flot des idées en l’espace d’un siècle ? (ici étant présenté qu’une ridicule partie des réflexions architecturales liées à ces thèmes)

Au final, qu’est-ce que créer ? Qu’est-ce qu’innover ?

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A Générations

Comme nous l’avons vu, le Métabolisme apparaît dans les années 60’, époque de rup ture visant à contester le Mouvement moderne. Cette rupture est le point de départ de notre histoire métaboliste, représente la naissance de « quelque chose d’autre ». Elle est en fait la manifestation d’un conflit de génération qui est coutumier, qui a toujours existé dans la société humaine. Cela ne se limite pas à la discipline, et nous allons ici tenter d’élargir la réflexion à l’Art en général.

Lorsque Le Corbusier souhaite créer une ar chitecture nouvelle, en rupture avec le passé, il se positionne lui aussi, comme révolution naire en son temps. L’appellation « Architec ture Moderne » suggère déjà à elle seule qu’il existe quelque chose d’antérieur qui n’est pas moderne, notamment le néo-classicisme à l’époque. Pourtant, de tous temps, les artistes possèdent des références communes, incon testables et mythifiées. Nous pouvons notam ment citer le goût pour l’Antique, commun à l’époque de la Renaissance, tout comme chez Le Corbusier qui en retient les notions d’har monie et de proportions. Cette culture s’est transmise à travers les siècles, elle fait partie de ce que nous pourrions appeler la « Tradition ».

Il est néanmoins nécessaire de distinguer deux « degrés » de tradition: le goût pour l’Antique, peut être considéré comme La Tradition, j’en tend par là irréfutable de tous temps. Le deu xième degré de tradition serait donc « à court terme », ne serait tradition seulement dans le laps de temps qui le sépare de sa chute par une ou plusieurs ruptures, il pourrait s’apparen ter au terme de « mode ». Au XIXème siècle par exemple, le style néo-classique pouvait être considéré comme « traditionnel ».

Nous allons donc nous intéresser à cette oppo sition entre Tradition (« à long terme») et mo dernité, qui peut expliquer ces mécanismes de rupture qui animent les conflits entre généra

tions d’artistes. Initialement, on oppose antiqui  et moderni , simplement synonyme d’une confrontation temporelle entre le passé et le présent. Tradi tion vient du latin traditio, tradere, de trans (à travers) et dare (donner), éthymologiquement « tradition » signifie donc « faire passer à un autre, remettre ». « Moderne », lui, apparu en bas latin, de modernus vient de modo  qui signifie « tout juste, récemment, maintenant. » La Tra dition possède donc une idée de mouvement dans le temps, perdure, tandis que la moder nité est une conscience statique, du présent. Il serait donc nécessaire de rompre avec la Tradi tion, afin de laisser apparaître la modernité, qui serait un refus de l’histoire et de la temporalité. Au contraire la Tradition serait ce qui résiste à la modernité. Il y a donc bien conflit.

Dans son ouvrage « Les cinq paradoxes de la modernité » de 1990, Antoine Compagnon dé finit Charles Baudelaire (1821-1867) comme étant le premier artiste à être qualifié de « mo derne ».

Pourtant, pour ce dernier, « modernité » est sy nonyme de décadence et d’autodestruction de l’homme (toujours selon Antoine Compagnon). Nous pouvons notamment citer cette célèbre strophe de l’Héautontimorouménos:

« Je suis la plaie et le couteau!

Je suis le soufflet et la joue!

Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau! »

Friedrich Nietzsche (1844-1900) présente ce même pessimisme vis-à-vis de la modernité, mais ajoute que nous assistons de tous temps à un éternel retour, retour du même qui se fait passer pour autre. La modernité serait donc une forme d’imposture ?

Nous pourrions pourtant en douter aujourd’hui, notamment dans le cas où la modernité est permise par le progrès technique, rendant phy siquement « possibles » des réalisations qui ne l’auraient pas été autrement. Certains évène ments à un moment donné ont donc une inci dence sur le futur, ceci peut nous faire songer à certaines paroles que nous avons tous déjà en tendu telle que « C’était écrit ». Cette vision que l’on pourrait rapprocher du darwinisme, dans le sens où il existerait un ordre, une suite logique

35 III COSMOS

d’évènements qui s’enchainent afin de former l’Histoire : « Ôtez Delacroix, la grande chaîne de l’Histoire est rompue et s’écroule à terre. » écrit Baudelaire.

Mais quelle est donc la relation entre ceux que nous appelons « les Anciens » et « les mo dernes » ? Les modernes seraient-ils tombés plus profondément dans la décadence ? Ou bien en sauraient-ils plus que les Anciens, car nourrit par leur expérience ?

Antoine Compagnon nous renseigne sur cette confrontation par une image qui en est deve nue l’icône. Il s’agit d’un vitrail de la cathédrale de Chartre représentant Saint-Jean sur les épaules d’Ezequiel qui a souvent été associé (à tort) avec la formule : « Nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants ». Il complète alors par une citation de Montaigne « De l’expérience »: « Nos opinions s’entent les unes les autres. La première sert de tige à la

seconde, la seconde à la tierce. Nous échelons ainsi de degré en degré, et advient de là que le plus haut monté a souvent plus d’honneur que de mérite; car il n’est monté que d’un grain sur les épaules du pénultième. »

Ces deux citations nous questionnent bien sur la relation entre les Anciens et les modernes, et celle de Montaigne peut aisément venir compléter la deuxième partie NEBULEUSE. En effet, à observer tout cela dans sa globalité, nous percevons une arborescence foisonnante infinie. Antoine Compagnon ajoute une cita tion de Pascal, qui présente un avis tranché sur cette relation avec les Anciens: « C’est de là que nous pouvons découvrir des choses qu’il leur était impossible d’apercevoir. Notre vue a plus d’étendue, et, quoiqu’ils connussent aussi bien que nous tout ce qu’ils pouvaient remarquer de la nature, ils n’en connaissaient pas tant néan moins, et nous voyons plus qu’eux. »

Extrait d’un vitrail de la cathédrale de Chartres représentant St-Jean sur les épaules d’Ezequiel
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B Incessante transcendance. Avant-garde

La modernité représenterait donc un nouveau commencement dans le temps, mar querait une rupture dans la tradition. A peine apparue, cette modernité est devenue obses sion dans l’art, chaque génération voulant être « de son temps ». On parle alors de « tradition moderne » qui est un terme tout à fait paradoxal pour les raisons que nous avons vu précédem ment. La tradition serait alors faite de ruptures, de nouveaux commencements qui seraient sans cesse dépassés. Paul Valéry dit que « la tradition moderne a pratiqué la ‘superstition du nouveau’ ». Hans Robert Jauss évoque « un rac courcissement du laps de temps qui sépare le passé du présent », l’Histoire serait donc dans une accélération incessante.

Ceci ne nous semble pas totalement absurde aujourd’hui, quand nous voyons l’accélération du monde et des activités humaines qui ne cessent de s’intensifier. Il rajoute que « peu im

porte qu’elle soit illusion ou réalité, c’est la per ception du temps qui compte ». Là encore force est de constater que nos vies s’accélèrent, nous sommes sans cesse occupés, nos yeux sans cesse sollicités par une quantité d’informations astronomique qui s’offrent à nous. La percep tion que nous avons du temps en est forcé ment impactée, nous n’avons plus le temps de le compter !

Selon Antoine Compagnon, les premiers mo dernes n’avaient pas conscience de représen ter un avant-garde, il se contentaient de repré senter le présent sans songer au passé, c’est notamment le cas de Cézanne ou Manet avec le « Déjeuner sur l’herbe » (1863). Ce tableau, qui fit couler beaucoup d’encre lorsque le pu blic le découvrit nous montre « la fatalité polé mique de la modernité », encore une fois par cette rupture, ce choc que cela crée avec la tra dition, ce qui est connu.

Déjeuner sur l’herbe - Edouard Manet (1863)
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Mais lorsque le moderne représente l’immédia teté du présent, qu’il est « de son temps », où se positionne l’avant-garde? La grande différence qu’il y a est, que l’avant-garde «n’est pas seu lement une modernité plus radicale et dog matique (…) elle suppose une conscience his torique du futur et la volonté d’être en avance sur son temps. » Les métabolistes, tout comme l’architecture radicale des années 60’ auraient cette volonté d’anticipation, anticipation qui suggère donc la formulation d’une hypothèse. Là est peut-être la raison de l’échec de certaines architectures visionnaires. Se sont-ils trompés sur l’avenir ? Ont-ils vu trop loin, et n’avonsnous pas encore pleinement pris conscience de la pertinence de ces propositions ? Ou bien n’ont-ils simplement jamais eut la prétention de construire? Il serait alors absurde d’oser parler « d’échec ».

Pour cette génération des années 60’, l’utopie de la « société urbaine de l’ère industrielle » ré sonne bien, elle, comme l’échec d’une vision purement utilitariste du bonheur humain, l’uto pie ne serait donc plus à réaliser, se position nant ainsi dans l’iréel. Pourtant, le passé nous prouve que certaines propositions qui sem blaient déconnectées de toute réalité en leur temps, se voient reconsidérer grâce au progrès technique. Demian West, critique d’art écrit en effet: « Ledoux et les architectes visionnaires du XVIIème siècle, ont jeté leurs dessins uto piques, à un tel degré d’imagination qu’on ne put les réaliser dans la pierre, avant qu’ont eût atteint les progrès tech du XXème ; qui seuls permirent ces réalisations immenses . » Ceci il lustre bien ce potentiel décalage temporel qu’il peut y avoir entre projections et possibles réa lisations.

Céline Bryon-Portet, dans un article intitulé « Le recadrage dans la naissance des idées inno vantes ou comment favoriser la créativité en s'inspirant des théories développées par les SIC » pour la revue Protée,  rassemble citations et réflexions sur le sujet.

Les avant-gardes des années 60’ veulent faire de l’architecture un instrument de rêve, à la quelle ils donne un rôle ludique, une forme modulable. De cette manière ils s’opposent encore une fois au « réductionnisme fonction naliste » à l’échelle urbaine, soucieux d’insuffler une dimension poétique à la ville, créant des ambiances inédites afin de prétendre réin venter la vie humaine. Ces propositions d’une grande créativité ont réellement un caractère révolutionnaire, innovant. De quelle manière déclenchent-ils cette créativité? vont-ils cher cher l’innovation? communiquent t’ils ces pro jections? Ces architectures des années 60’ sont également qualifiées « d’expérimentales », et c’est justement par cet acte d’expérience que l’innovation naît.

En effet, ils vont chercher à mettre en place des expériences susceptibles de créer des « reca drages », ce terme est bien explicité dans son contexte par Arthur Koestler en 1965: « pour inventer, il faut penser à côté ». Cependant, parler de « méthode » en systématisant cette pensée de l’à-côté est complexe. La citation sui vante de Denis Cavalucci peut venir compléter notre propos: « (…) déplacer, par la formula tion, l’angle de vision de la pensée en la plaçant dans des situations extrêmes. Ceci afin de don ner une vision différente au problème parfois plus propice pour y entrevoir la solution. »

Les caractéristiques de l’architecture des an nées 60’ sont ici bien lisibles, une position ra dicale, potentiellement irréalisable, mais qui va permettre de questionner la réalité, en ou vrant ainsi le champ des possibles. Bien que les courants soient multiples, parfois antagonistes, nous pourrions donc en extraire ces « méca nismes » de pensées sans pour autant parler de « méthode ». Ces mécanismes peuvent être communs à tout acte créatif ou innovant.

La communication de ces visions est, quant à elle, caractéristique de ces mouvements des années 60’. Edward de Bono déclare ainsi: « la rigidité des mots est associée à la rigidité des classifications. Répétons que la rigidité des classifications conduit à la rigidité des points

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de vue ». Puis il poursuit : « les mots et les noms disponibles déterminent la façon dont une si tuation donnée peut être envisagée . » Céline Bryon-Portet ajoute: « Pour éviter le dé terminisme mental dont sont porteurs les signi fiants – et que les publicistes et les sémiologues, spécialistes de l’analyse de la connotation des messages, connaissent bien – Edward de Bono exhorte à réfléchir à l’aide d’images, de ma nière très visuelle, en dehors de tout système linguistique. »

Cette tendance à la communication par l’image est de plus en présente dans les années 60’ qui voit apparaître la société de consommation et le développement toujours plus présent de la publicité. Ceci explique notamment le mode de communication adopté par les avantgardes, qui se positionnent justement dans une nouvelle société de loisirs et d’images, contrai rement à leurs aïeux. Ils s’emparent donc des outils de leur époque afin de projeter leurs vi sions du futur tout en critiquant et questionnant leur présent.

Campbell’s soup cans - Andy Warhol (1962)
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Avant ces années de contestation, l’urbanisme présente une vision conquérante de l’aménage ment du territoire, de laquelle les avant-gardes se distingue par une « recherche de préserva tion narrative du paysage. » En 1970 Ove Arup appelle à « prendre conscience que la planète n'est pas seulement menacée par l'épuisement de ses réserves énergétiques, mais qu'elle est aussi saturée d’aménagements." Il annonce « la fin de la bataille de l'homme avec la nature », Enrico Pedrini écrit dans un article intitulé « L’ar chitecture radicale » que cette dernière « est aussi un projet d'instauration du site, jusque-là assimilé à tort à une recherche d'homogénéisa tion du territoire ».

Nous retrouvons ici clairement le fil rouge de notre propos et la position des métabolistes vis-à-vis de la relation entre site (nature) et in terventions humaines (architecture). L’autre opposition qui anime notre sujet est celle qui confronte le terme de nature avec la technolo gie, l’auteur écrit à ce propos que l’on cherche à éradiquer l’architecture de la surface de la Terre à l’aide de son substitut technologique. Il est aisé de mettre en relation cette phrase avec de nombreux projets présentés dans la partie NE BULEUSE. L’auteur ajoute également: « L'archi tecte se concentre sur ce qui émerge, comme si la question du traitement du sol se posait

alors même que l'architecture se retire. Que reste-t-il ? Le projet devient une interrogation sur un aménagement de surface, lié à la vision et au corps. À l'utopie du sens (le projet social de l'utopie), se subsiste une utopie de surface, technologique et émancipatrice, immédiate, sans promesses ni prouesses, mais sensuelle, au service d'un corps jouissant. » Nous voyons ici apparaitre une troisième notion dont nous avons déjà traité, la relation au corps humain et les nombreux questionnements qui s’en dé gage.

Il est important d’ajouter que les avant-gardes des années 60’ en architecture ont très souvent une résonance politique. Ces différents mou vements et leurs propositions sont révolution naires, et portent tous une volonté profonde de changer le monde. Nous pouvons donc nous demander, en quoi leurs actions ont-elle influencé le monde actuel? La « chaîne de l’his toire » qu’évoque Baudelaire s’est-elle enrichie de leurs différentes critiques et visions pros pectives ? Qu’elle doit être notre position, au jourd’hui, conscient de ce que le passé nous a enseigné ?

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C Et après ? Postmodernisme

Nous pourrions rapprocher modernité et avant-garde par un critère, peut-être réduc teur, qui serait la recherche d’originalité. Qu’estce qui n’a pas encore été fait ? Que reste-t’il à inventer ? L’innovation en art prend alors la forme d’une « croisade de la créativité contre les clichés », une lutte contre le conformisme et la convention. Mais selon Apollinaire, il s’agit toujours d’immitation, de laquelle nous reti rons l’essence de nos références, le conceptuel et non pas l’immédiate et simple apparence. Cette pensée s’opposerait-elle avec la rupture vis-à-vis du passé prônée par les architectes modernes ? Nous pourrions voir cela comme un recyclage incessant, ce qui se rapprocherait, au contraire, du mode de pensée de Nietzsche vu précédemment , «le retour du même qui se fait passer pour autre ». Selon Antoine Compa gnon l’art nouveau ne va pas sans archaïsme, c’est le cas de « Don Quichotte », où Cervantès réagit au conformisme du roman de chevalerie créant ainsi le roman « moderne ». Aujourd’hui, nous pourrions également relever une ten dance pour le « vintage », le « old school », no tamment dans la mode, serait-ce là encore une manifestation de ce retour incessant du passé ? En architecture, le postmodernisme est théo risé par Charles Jencks, notamment par son ouvrage manifeste « Le langage de l’architec ture postmoderne » de 1977. L’auteur souhaite réinscrire l’architecture dans le court d’une his

toire générale des mouvements artistiques, en rupture avec l’anhistorisme du Mouvement mo derne. En effet, il prône une architecture éclec tique qui porte un regard nouveau sur le passé, entre culture populaire et culture savante. La société post-industrielle aurait renoncé à tout idéal, se contentant de proposer une architec ture modeste et fragmentaire, en mélangeant les codes de ce qui est connu, de ce qui fait parti de l’histoire. Jencks parle d’une archi tecture schizophrène qui serait typique de la culture contemporaine, qui tente de concilier les traditions locales (qui perdure lentement dans le temps) et la technologie (aux multiples mutations accélérées). Nous retrouvons dans ce mariage, un autre aspect de la pensée méta boliste, partant d’une philosophie et d’une tra dition forte, propre au Japon, en tentant de la reformuler par l’application des nouvelles tech nologies.

La biennale de Venise de 1980 s’ouvre pour la première fois à l’architecture sous la direction de Paolo Portoghesi. L’exposition présentée cette année-là est intitulée « la présence du pas sé », elle ouvre le débat sur le postmodernisme et en devient le symbole. Portoghesi élabore à cette occasion la « strada novissima » compo sée de 20 façades, chacune dessinée par un ar chitecte différent (notamment Frank O. Gehry, Rem Koolhaas, Ricardo Bofill, Arata Isozaki …).

Strada novissima - (sous la direction de) Paolo Partoghesi (1962)
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Le postmodernisme se présente alors comme générateur d’une alternative nouvelle, une res source infinie de propositions et de possibili tés pour les architectes permis par ce carac tère éclectique du mouvement. Nous serions encore aujourd’hui en présence d’une archi tecture post-moderne, et nous pouvons nous demander ce qu’il pourrait y avoir après. En effet de par son répertoire infinie, pouvant po tentiellement synthétiser tout ce qui nous est connu, que serait ce qui n’est pas postmoderne ? Aujourd’hui, en terme d’innovation artistique, peut-on dire que plus rien n’est possible ? ou bien que tout l’est ?

L’art contemporain nous questionne de façon plus explicit sur cette ambivalence. En effet, de puis les ready-made de Marcel Duchamp, où la notion même « d’oeuvre d’art » est redéfinie, il est pertinent de s’interroger sur:

Que sera l’art de demain ? Comment s’extraire de l’appellation « art contemporain » ?

De la même manière, comment s’extraire du « postmodernisme » ?

Ces termes nous enferment-ils ?

Ou bien ouvrent-ils sur une infinité de possibi lités ?

En tant que « mot », titre d’un mouvement, inti tulé d’une catégorie, ils « rangent » forcément, absorbent et enferment une production artis tique. Mais d’un autre côté, leurs champ sont tellement larges, qu’ils remettent en question la nécessité même d’un « mot » pour désigner ce vaste ensemble. A l’image de notre époque contemporaine, ces mots seraient eux aussi, un peu schizophrènes…

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The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living, 1991 - Damien Hirst
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Conclusion

A travers cette vision tripartite à différentes échelles, nous avons tenté d’apercevoir cer tains mécanismes propre à l’acte de créer.

Partant de la présentation d’un Mouvement précis qu’est le Métabolisme, nous avons souligné ses influences et son inscription dans un contexte historique et culturel précis, venant ainsi justi fier son apparition dans le temps. La créativité qui anime leurs travaux et leur caractère novateur nous ont permis de découvrir des principes architecturaux et urbains interrogeant avec force le monde et la société dans son ensemble, entre passé, présent et futur.

La partie NEBULEUSE, nous a permis d’élargir notre perception de ces principes et concepts pré sent chez les architectes métabolistes, en relativisant ainsi l’innovation apportée par ses derniers, via l’élaboration d’une vaste toile de fond temporelle. Ceci a permis de mettre en lumière cer taines relations autour de quatre grands thèmes communs: Flexibilité / Unité / Nature/ Technolo gie. Ainsi nous en avons extrait une tendance architecturale continue au cours du XXème siècle, qui est selon moi, un axe majeur à suivre pour l’architecture dans le monde de demain. En effet, les notions d’écologie et de durabilité permises par les nouvelles technologies devraient être au centre des débats architecturaux et urbains dans les prochaines années. Cette deuxième partie du propos a, par la même occasion, inévitablement créée un « flou » autour de notre histoire métaboliste. De cette manière, j’espère que le lecteur a pu ressentir l’ampleur de la nébuleuse créative concernée, prenant ainsi conscience de la richesse des idées humaines et de leurs inté ractions incessantes.

Enfin, par une nouvelle prise de recul et une considération du champ d’étude plus large, nous avons pu nous questionner sur la place et l’évolution de l’acte créatif dans le temps, en ne cessant de s’interroger sur le futur de notre société et de notre discipline.

Ce rapport d’étude a eu pour but d’ouvrir une réflexion sur la notion d’innovation en architecture, par le biais d’un traitement temporelle de la question. Nous l’avons vu, le progrès technique a permis l’apparition de nouvelles architectures, et le progrès technologique est d’ores et déjà entrain de faire de même. Le progrès amène l’innovation, mais c’est à nous, Humains, de le com prendre, de s’en saisir et d’en faire bon usage afin de servir le monde de demain.

Je me suis ici tout particulièrement intéressé, via le Métabolisme, à des notions architecturales de Flexibilité, et d’Unités, communes à la Nature et à la Technologie. En effet, ce sujet me tient à coeur, et je suis persuadé, utopiste peut-être à mon tour, qu’il est indispensable que l’homme se rapproche de la nature, et aille y puiser son inspiration, afin de prendre conscience et d’agir, à travers son architecture et les arts en général. La culture peut être un important medium de sensi bilisation écologique, et l’architecture en tant qu’art « utile » et « consommateur » en est le premier concerné. Ce sont les mots d’ordre de notre avenir, que nous n’avons plus le droit d’ignorer. En plus de ce devoir écologique, le défi de notre génération sera de maîtriser la technologie, pour qu’elle soit un outil profitable à l’homme, à l’heure où prévenir de ses dérives est devenu impé ratif.

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Tous mes remerciements vont au FRAC Centre d’Orléans, à la quantité, et à la qualité de sa col lection en ligne sur le sujet. Je remercie égale ment sincèrement Mr Jean-Louis Bouchard pour son suivi tout au long de cette année.

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A partir de l’étude du mouvement Métaboliste (1960-1970), nous tenterons d’extraire une pensée architecturale que nous viendrons considérer dans un intervalle temporel plus large (XX-XXIe). Ceci nous permettra d’apercevoir l’évolution de certaines idées dans le temps, entre héritage et mutations. De cette manière nous prendrons de la hauteur afin d’observer le foisonnement d’idées autour de notre sujet que certains architectes/artistes ont produit par le passé. Nous nous questionnerons alors sur le rapport temporel de l’acte créatif, entre imitation, innovation et conflit de générations.

From the study of the Metabolist movement (1960-1970), we will attempt to ex tract an architectural thought that we will come to consider in a wider time interval (XX-XXI). This will allow us to see the evolution of certain ideas over time, between inheritance and mutations. In this way we will gain height to observe the abun dance of ideas around our subject that some architects / artists have produced in the past. We will then question the temporal relationship of the creative act, between imitation, innovation and conflict of generations.

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