II NEBULEUSE
La partie qui suit prend la forme d’un catalogue, environ 80 projets y sont réper toriés, d’échelle urbaine, architecturale et parfois même de l’ordre de l’objet d’art. Tous sont réunis ici car ils se rapprochent et/ou viennent compléter le répertoire métaboliste. J’ai choisi de mettre en place une sorte de classification et de sous-classification dont l’intitulé se résume à un mot, ceci afin d’éclairer la lecture de cette masse imposante d’informations. Il est important de préciser que cette classification n’est pas irréfutable, et que la plupart de ces projets pourraient se retrouver dans plusieurs catégories si multanément. En effet nous parlons ici de notions de Flexibilité, d’Unité, de Nature et de Technologie. Un projet modulable en est un exemple simple; il pourrait à la fois se rapprocher de l’idée de Flexibilité que d’Unité (le module étant une unité permettant, d’assurer une flexibilité à un ensemble). Cette classification est donc relative mais éclai rera notre lecture, nous permettant d’établir plus rapidement des relations.
Les projets sont ici représentés par de petits croquis, des images de chacun d’eux fi gurent en annexe.
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1890-1891 Nature/Forme architecturale
Louis Sullivan - Wainwrigth Building
Frise naturaliste couronne le bâtiment.
1900 Nature/Forme architecturale
Hector Guimard - édicules et entourage du métro parisien Lignes organiques, caractéristiques du mouvement Art Nouveau.
1904-1906 Nature/Forme architecturale
Antoni Gaudi - Casa Batllo
Façade aux allures de squelette, excentricité caractéristique de l’architecte.
1922-1925 Nature/Site
Le Corbusier - Plan Voisin
Projet pour le centre de Paris, s’appuie sur un principe de Tabula rasa. Rue traditionnelle est bannie remplacée par plusieurs niveaux de circulations. Ces derniers sont séparés par des axes routiers reliant 3 secteurs: centre d’affaire, quartier résidentiel de gratte ciels entourés d ‘espaces libres et une périphérie d’usine et de cités jardins. 1936-1939 Nature/Site
Frank Lloyd Wright - Fallingwater house Maison partiellement construite sur une cascade de la rivière Bear Run dans les Allegheny Mountains, entretient un fort rapport entre intérieur et extérieur, cher à l’architecte.
1940 Technologie/Affirmation
Richard Buckminster Füller - Dymaxion House
Econome en énergie, fonctionnelle et peu coûteuse, a suscité beaucoup d’in térêt à l’époque mais n’a jamais été produite.
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1952-1963 Unité/Corps
Claude Parent - Maison des peupliers, Neuilly
Domicile de l’architecte. Principe des « praticables » dispositifs scénique oblique transposé à l’aménagement intérieur avec des pentes à 28%.
1955-1956 Technologie/Affirmation
Ionel Schein - maison tout en plastique
Pour artistes pop art, matière plastique synonyme de vie. Forme escargot offre organisation intérieure remarquable par son fonctionnalisme, prévient l’homme de tout geste inutile.
1958-1960 Nature/Comportement
David Georges Emmerich - Agglomération (sous une cou pole stéréotométrique)
Les formes sont des « êtres géométriques dans l’espace », structure autoten dantes sont systèmes modulaires, jeux de construction. Richesse inhérente aux structure naturelle est quasi inépuisable, selon l’architecte.
1959-1960 Nature/Site
Yona Friedman - Ville spatiale
Structure tridimensionnelle à l’enjambée. Recherches publiées dès 1960 au Japon, grande influence sur Tange, Kurokawa et Isozaki.
1959-1960 Nature/Comportement
Eckhard Schulze-Fielitz - Raumstadt
Structure urbaine flexible, à partir d’un système modulaire formée de barres, de structures principales et d’unités normalisées. Se détache du sol de la ville en lui abandonnant le trafic routier.
1960 Nature/Forme urbaine
Claude Parent - Ville cône
Structures fondées sur le dynamisme de l’oblique, cher à l’architecte. N’est pas s’en rappeler certains projets métabolistes, dont Helix City de Kisho Kurokawa.
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1964 Nature/Site
Klaus Gartler & Helmut Rieder - Die vertikale Stadt Gigantesque « tour réseau » mécanisée implantée au centre d’un lac qui aurait submergé la ville historique de Graz.
1965-1967 Nature/Forme urbaine
Günther Feuerstein - Salzbourg-Superpolis
Forme archaïque, « archétype » par lequel l’architecte cherche à établir un concept architectural fondé sur la psychologie.
1965-1967 Technologie/Personnalisation
MIASTO - La ville plastique
Préfabrication, moule gonflable peu coûteux auquel l’architecte fait subir dé formation donnant lieux habitables plus ou moins vastes, chaque habitation devant refléter la personnalité de chacun.
1966-1970 Unité/Corps
Coop Himmelb(l)au - Villa Rosa habitation gonflable, densité de l’air permet de moduler espaces individua lisés, 8 en tout, avec sons, couleurs et parfums. Expérience sensorielle enga geant le corps dans sa globalité.
1966-1967 Unité/Habitat
Angela Hareiter - Kinderwolken
Espace de respiration dans les villes engorgées destinés aux enfants. Greffé entre les bâtiments, espace matriciel dédié aux désirs d’une société en quête de liberté.
1967 Flexibilité/Mobilité
Antoine Stinco - Hall itinérant d’exposition d’objets de la vie quotidienne
Deux coupoles solidaires recouvertes par un voile nylon tendu et reposant sur un soubassement hydraulique.
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1967-1968 Flexibilité/Mobilité
Lotiron & Perriand-Barsac - Caravane Fleur
Structure gonflable par compresseur relié au moteur, parois rabattables forment plancher hexagonale pliable passant en quelques minutes de 6 à 75 m2.
1968 Unité/Corps
Guy Rottier - Boulequiroule
Inspiré des capsules spatiales afin de repenser la façon d’occuper un espace cyclindrique flottant sur l’eau. La rotation de Boulequiroule peut être stop pée en abaissant le niveau de l’eau.
1968 Unité/Habitat
Chanéac - Cellule parasite Sorte de ventouses, viennent se fixer aux façades des immeubles en créant des volumes habitables complémentaires
1968 Technologie/Affirmation
Paul Andreu - Aérogare de Paris Roissy
Aérogare la plus innovante pour l’époque, l’architecte choisit forme circu laire de 200m de diamètre permettant de disposer d’un maximum d’es paces alentours.
1968 Unité/Corps
Michael Webb - Suitaloon Maison pneumatique, se portant comme un costume et pouvant se gonfler aux besoins. Des suppléments fonctionnels peuvent y être greffés tels qu’un moteur et des roues.
1968-1969 Flexibilité/Mobilité
Peter Häusermann - Théâtre mobile
Constitué de 2 doubles sphères à 2,5m du sol contenant les usages. Scène peut prendre 19 configurations différentes. Théâtre démontable en quelque heures, adapté à tous les terrains.
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1968-1970 Flexibilité/Mobilité
Peter Cook - Instant City
« Métropole itinérante », à la manière d’une abeille pollinisatrice , superpose à la ville existante de nouveaux espaces de communication pour une société en mouvement permanent.
1968-1972 Flexibilité/Accumulation
Justus Dahinden - Hill City
recherche d’ordre utopique d’un « méga-habitat » pouvant se greffer à la ville existante. Se développe de bas en haut et de la périphérie vers le centre selon forme pyramide ou pentue. Concentre toute les fonctions nécessaire à la vie.
1969 Nature/Site
Archizoom associati (Andrea Branzi) - Non-stop city
Utopie critique, représentation de la métropole moderne, un ensemble d’objets architecturaux dans un espace creux. La ville présente la même orga nisation qu’une usine ou un supermarché permettant d’obtenir une construc tion urbaine pratiquement infinie.
1969-1971 Nature/Site
Superstudio - Monumento continuo
Projet manifeste de l’architecture radicale. Modèle d’urbanisation globale, grille tridimensionnelle parcourt surface de la Terre, franchissant mégapoles, montagnes et océans.
1971 Nature/Forme architecturale
Domenig + Huth + Haus-Rucker-Co + Christo - Floraskin
Complexe touristique pour la région d’Ifni au Maroc. Système constructif adaptable et extensible à l’infini, combine le principe technologique de la mégastructure et le principe naturel de la croissance organique.
1971 Nature/Site
Gianni Pettena - Grass Architecture
Le sol se soulève, matériaux naturels modèlent une architecture périssable.
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1972 Flexibilité/Accumulation
Herman Hertzberger - Centraal Beheer à Apeldoorn aux Pays-Bas
L’architecte croit en un « potentiel spatial », usagers pouvant adapter le plan selon leurs besoin. Ce dernier est une suite d’espaces, formés par une accu mulation/multiplication d’une même unité d’espace de forme carré
1972 Technologie/Affirmation
Graham Stevens - Desert cloud « Couvre » besoin essentiels de l’homme. Structure pneumatique, film polyester très clair, se gonfle et s’élève grâce à l’air chauffé par le soleil. Eau se condense sur les parois du gonflable récupérée, procurant denrée vitale à l’homme dans le désert.
1972 Nature/Forme architecturale
Ricardo Porro - Maison des jeunes, Vaduz
Forme en plan du bâtiment rappelle de façon explicite la morphologie d’un batracien.
1974 Nature/Forme architecturale
Gerard Grandval - Les choux, Créteil
Ensemble de logements, les éléments créant les balcons viennent rythmer la façade, donnant un aspect végétal à l’ensemble.
1976 Nature/Forme architecturale
Georges Adilon - Maison J
Plan ou se marient lignes droites et courbe atour d’un patio donnant une centralité à l’ensemble et lui conférant un mouvement.
1977 Technologie/Affirmation
Renzo Piano et Richard Rogers - Centre Pompidou à Paris
Plateaux libres réservés aux usages permis par structure reportée en façade, de même pour élément techniques. Affiche fièrement dynamisme avec cir culation également visible. Electrochoc technologique dans le tissu parisien de l’époque.
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1978 Nature/Forme urbaine
Günter Günschel - Entwurf zur Bebauung der Weserinsel Teerhof in Bremen
Masse organique continue formée de bâti et de végétation sans hiérarchie apparente, se mêle au profil de la ville existante.
1988-1992 Nature/Site
Anti lovag - Palais Bulle (Pierre Cardin)
Agencement de cellules développe un espace courbe et permet coexis tence de plusieurs espaces de vie. Implantées dans la pente, les espaces de vie offrent de nombreux points de vue vers la Méditerranée.
1990-1994 Nature/Métamorphose
Makoto Sei Watanabe - Jelly Fish houses « Maison méduses », rapport entre l’eau et la lumière, but est d’échanger la substance contre l’espace et l’espace contre la substance.
1991 Nature/Comportement
Vittorio Giorgini - Module octet Système structurel modulaire, tubes métalliques avec noeud de liaison uni versels. Grande efficacité statique, géométrie se fonde sur la structure des éléments naturels, formes triangulées, plus stables, permettant croissance dans six directions.
1991-1994 Technologie/Affirmation
Atelier Seraji - Temporary american cultural center, Paris Convoque dynamisme et déséquilibre par la non-orthogonalité des élé ments porteurs. Matériaux traditionnels en intérieur (bois, acier) et nouveaux matériaux (polycarbonate, bois reconstitué) pour l’enveloppe extérieure
1992-1995 Nature/Forme architecturale
Itsuko Hasegawa - Yamanashi Museum of fruit
Volumes métalliques fragiles, s’efforçant d’échapper à la gravité, bâtiment répartie telles des graines, suivant l’image métaphorique du fruit à différents stade de croissance. Chaque forme résulte de la rotation d’un corps simple en volume complexe, calculé en 3d.
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1993 Unité/Corps
Absalon - Cellules
Ensemble de six habitations de 9m2 chacune, à l’architecture et aux amé nagements minimalistes, totalement blanches. L’artiste propose d’habiter la contrainte, via ces cellules conçues comme des enveloppe cousues à ses dimensions
1993-1995 Nature/Site
Hideyuki Yamashita - Nested-cube in process
Se compose comme un jeu d’emboitement d’espaces, 2 structures tubu laires de forme cubique s’imbriquent l’une dans l’autre, le tout est surélevé face à la mer dans une région dépeuplée du Japon.
1994 Nature/Site
Edouard François & Duncan Lewis - Station de traitement des eaux, Nantes
Reconstruction de l’usine des eaux usées de Fougas, à proximité d’un terrain pollué au méthane. Recomposition à l’échelle du paysage, l’équipe dirige la dépollution, le traitement des eaux, à l’aide de variétés de plantes dépolluantes et de techniques d’horticulture.
1995 Flexibilité/Accumulation
Shigeru Ban - Paper log house, Kobe 80 abris temporaire d’urgence élevé en moins de 10h chacun, pour les survivants du tremblement de terre de Kobe au Japon. Habitats de 16m2 en matériaux recyclables résistants au séismes.
1995 Nature/Métamorphose
CJ LIM + Studio 8 architects - Guest house, Japon Machine robotique expérimentale et cinétique, peut exister dans tout contexte topographique, l’environnement devient hôte (aquatique, ter restre, sous-terrain). Forme complexe s’adapte aux changements, murs se transforment en plaques tectoniques mutant en espaces élastiques et flexibles.
1997 Flexibilité/Modularité
Shigeru Ban - Maison aux neuf carrés à Hadano, Japon
Principe simple, sur la grille délimitant neuf carrés peuvent venir se placer des panneaux coulissant allant du sol au plafond, et pouvant donner lieu à de multiples configuration d’espaces
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1998 Technologie/Affirmation
Jones, Partners - Primitive Hut models
Trois maquettes de cabanes suggèrent la logique d’un primitivisme issu de la modernité technologique. Architecture simplement posée sur le sol contredit la tradition de l’enracinement de la cabane.
1998-1999 Nature/Forme architecturale
Zellnerplus - Krist residence, Bahamas
Traitement du site comme une surface courbe ou comme l’enveloppe d’un coquillage, susceptible d’être manipulée, plissée, crevassé.
1999 Flexibilité/Modularité
Actar arquitectura - 70 logements au mont Hacho Ceuta
Une trame ou se développe des logements conçus à partir d’un module 4X4 correspondant à l’optimisation des critères de préfabrication indus trielle. Chaque logement dispose d’un « mur de service » semi-équipé fonctionnant comme une épine dorsale afin de développer différentes typologies.
1999-2000 Nature/Comportement
Shuhei Endo - Rooftecture M, Tokyo
Implantée dans contexte urbain saturé, membrane de tôle protectrice enveloppe la maison, semble se défendre contre le contexte, se replie sur elle-même.
1999-2000 Nature/Métamorphose
Kengo Kuma - Bamboo House
Réinterprétation de la maison traditionnelle japonaise. Bambou est dé barrassé de ses joints internes, remplie de béton armé devient structurel, contraste entre plantes verdoyantes du jardin et celles consolidées structu rellement.
1999-2000 Nature/Site
Andrea Branzi - Eindhoven
Concept d’urbanisation faible, réversible et franchissable, agriculture comme modèle, série de strates se superposent en totale autonomie (ser vices, habitat, jardins, éclairages…)
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2000 Unité/Corps
LOT-EK - Mixer à N-Y
Ancienne bétonnière, transformée en cocon relié au monde extérieur par un équipement audio-visuel.
2000 Technologie/Personnalisation
Kas Oosterhuis - Variomatic Houses
Tel un produit de série, le client personnalise sa maison via internet, achète alors le label de l’architecte, et son design identifiable. Le client peut créer sa propre variante de maison afin de la rendre singulière
2001 Nature/Site
Asymptote - Hydrapier, Haarlemmermeer, Pays-Bas
Deux plans inclinés s’écartent à l’endroit de la césure terre/eau. Souhait de créer un « paysage » architectural dynamique qui résulte de forces natu relles et technologiques.
2002 Nature/Forme architecturale
ACTAR arquitectura - Tornado tower
Inspiré de l’image de la tornade, les architectes tentent ici d’exprimer l’es sence des forces qui parcourent l’objet, sa dynamique de fluide
2002 Nature/Comportement
Open source architecture - Ecoscape
Forme du bâtiment dictée par les informations techniques et climatiques, en déformant une surface géométrique plane, algorithme associe cha cune des boucles du maillage à des données.
2002 Nature/Comportement
Avignon-Clouet architectes - Installation pour la biennale de Venise
Installation réunit 5 projets de maison distincts , chacun isolé dans un cais son étanche en résine laquée noire et clos par un berceau de maternité. Confinés sous bulles, ces micro-systèmes peuvent se développer et révéler leur propre paysage.
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2002 Nature/Comportement
R&Sie(N) - Dustyrelief F/B-MU, Bangkok
« Elevage de poussière », partie basse de l’enveloppe en grillage électrifié crée un champs électrostatique, peau vivante et active collecte une partie de la poussière abondante de la ville pour en faire une membrane isolante.
2002-2003 Technologie/Affirmation
DR_D - Dom-in(f)o house
Réflexion sur la maison Dom-Ino de Le Corbusier. Critères de performance intégrés numériquement informent système poteaux-dalle, génèrent de nouvelles combinaisons de structure et d’organisation.
2002-2004 Technologie/Automatisation
James Law - Tolvanen Cybertecture House
Métamophose de l’espace avec l’aide de la reconnaissance vocale et d’un cyber personnage (valet virtuel). Ensemble est un espace dynamique où des pièces-chariots peuvent être repositionnées suivant les instructions données à l’ordinateur.
2003 Technologie/Affirmation
IAN+ - Microutopias
Revisite référence iconique du paquebot. Série de 4 porte-avions, chargés de nouveaux attributs: musée, habitation, parc thématique et paysage natu rel.
2003 Unité/Corps
Didier Faustino - One square meter house
« Mini-cauchemar », 1m2 de plancher pour 17m de haut, ne permet pas à l’individu de s’allonger, peut seulement espérer monter ou descendre.
2004 Nature/Forme urbaine
SANAA - 21st century museum of contempory art, Kana zawa
Architectes tirent parti d’un site proche d’un grand carrefour accessible de toute part. Plan circulaire abritant un ensemble de parallélépipèdes et un cylindre indépendant, les circulations s’y déploient très librement.
2004 Technologie/Automatisation
EZCT architecture & design research - Chair model TI-M (after 860 generations)
Processus biologique traduit en langage mathématique, 100 chaises su bissent croisements successifs, algorithme réalise sélection des qualités intéressantes pour répondre à des contraintes (légèreté, résistance)
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2004 Nature/Métamorphose
24H Architecture - maison à Ové Glas en Suède
Recouverte de bardeaux de cèdre, faible consommation énergétique, pièce principale peut être déployée comme un tiroir en surplombant le torrent qui coule à ses pieds.
2004 Nature/Métamorphose
Eightyseven architects - Garden Hut à Sant Miguel de Crilles, Espagne
Abris de rangement en hiver, cette petite construction devient une pièce adjacente à la maison en été.
2005 Unité/Habitat
Ryue Nishizawa - Moriyama house, Tokyo
Maison particulière à 9 volumes, principe d’éclatement à l’image de Tokyo. Espaces interstitiels variables permettent multiples interactions avec le jardin, prolongation de l’espace de vie.
2005 Flexibilité/Mobilité
Hugh Broughton Architects et FaberMaunsell Ltd - Halley
VI base britannique en Antarctique
Modules devant résister aux températures extrêmes, avoir un impact mini mum sur la glace, et être mobiles en cas de fragilisation de cette dernière. Les différentes unités repose sur des skis, afin d’être déplaçable à tout mo ment.
2006 Nature/Comportement
Cloud 9 & Frei Otto - New York Aquarium, Coney island
Structure unifiante recouvre tout le périmètre, « toile » tendue, légère et interactive. LED stockent l’énergie du jour et s’illuminent la nuit. Maillage des câbles conçu telle une peau de poisson.
2006 Nature/Forme architecturale
Jakob+Macfarlane - Les Turbulences, Frac Centre
Forme dynamique émerge à partir de la déformation et de l’extrusion de la trame des bâtiments existants.
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2006-2010 Unité/Corps
Minimaforms - Vehicle (War veterans)
Objet-machine hybride, entre l’animal et l’humain, « auto-environnement » tel une extension du corps. Outil de communication pour blessé de guerre, entre ouverture et coupure au monde.
2009 Technologie/Automatisation
Biothing - Mesonic Fabric
Processus algorithmique pour le design, peut être appliqué à l’architecture et à la planification urbaine. Projet provocateur visant à prétendre que le programme peut créer des projets à la fois beaux et solides.
2010 Technologie/Automatisation
Michael Hansmeyer - Subdivided columns
Processus itératif de subdivision numérique d’une colonne dorique, en gendre 16 millions de faces. Colonnes finales obtenues par empilement successif de 2700 feuilles en ABS de 1mm, maintenus par des tiges filetées métalliques pour une hauteur de 2,70m.
2011 Technologie/Automatisation
Flight Assembled Architecture
Envisagé comme outil de production évolutifs, drones programmés pour saisir, transporter dans les airs et assembler modules afin d’obtenir structure architecturale.
2013 Nature/Forme architecturale
ArchiLab FRAC Centre, Orléans, France - Naturaliser l’ar chitecture
Exposition à la croisée du design, des sciences informatiques, de l’ingénierie et de la biologie, 40 architectes exposent des oeuvres produites artificielle ment selon des processus de formation et de croissance propres au règne du vivant.
2013 Flexibilité/Accumulation
Sou Fujimoto - pavillon de la Serpentine Gallery de Ken sington Gardens
Construit chaque année par un architecte différent, Fujimoto propose en 2013 un espace entre intérieur et extérieur, immatériel et aérien, offrant une multitude d’assises en relation avec le corps.
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A travers ce foisonnement nébuleux d’idées et concepts variés, nous pouvons sou ligner l’analogie faite à la Nature de façon globale, chère aux métabolistes. En effet, que ce soit au niveau contextuel, formel, structurel, temporel, organisationnel, ou au moyen des nouvelles technologies, tous ces travaux ont cette relation aux manifes tations du monde vivant et minéral. J’ai pris le soin de préciser, au début de cette partie, que cette classification était discutable dans l’attribution d’un terme pour un projet. Néanmoins les 4 grands thèmes que sont Flexibilité, Unité, Environnement et High-tech ne sont pas le fruit du hasard, ils rejoignent les 3 parties présentes dans Métabolisme/Principes qui sont: Impermanence, Cellule, Site (étant toutes 3 « teintées » de High-tech). Après présentation du Mouvement, cette nébuleuse nous questionne donc sur l’évolution des idées en architecture, et relativise « l’innova tion » du Métabolisme.
Qu’ont-ils réellement inventé ?
Qui peut prétendre inventer quelque chose quand nous voyons ce que représente le flot des idées en l’espace d’un siècle ? (ici étant présenté qu’une ridicule partie des réflexions architecturales liées à ces thèmes)
Au final, qu’est-ce que créer ? Qu’est-ce qu’innover ?
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A Générations
Comme nous l’avons vu, le Métabolisme apparaît dans les années 60’, époque de rup ture visant à contester le Mouvement moderne. Cette rupture est le point de départ de notre histoire métaboliste, représente la naissance de « quelque chose d’autre ». Elle est en fait la manifestation d’un conflit de génération qui est coutumier, qui a toujours existé dans la société humaine. Cela ne se limite pas à la discipline, et nous allons ici tenter d’élargir la réflexion à l’Art en général.
Lorsque Le Corbusier souhaite créer une ar chitecture nouvelle, en rupture avec le passé, il se positionne lui aussi, comme révolution naire en son temps. L’appellation « Architec ture Moderne » suggère déjà à elle seule qu’il existe quelque chose d’antérieur qui n’est pas moderne, notamment le néo-classicisme à l’époque. Pourtant, de tous temps, les artistes possèdent des références communes, incon testables et mythifiées. Nous pouvons notam ment citer le goût pour l’Antique, commun à l’époque de la Renaissance, tout comme chez Le Corbusier qui en retient les notions d’har monie et de proportions. Cette culture s’est transmise à travers les siècles, elle fait partie de ce que nous pourrions appeler la « Tradition ».
Il est néanmoins nécessaire de distinguer deux « degrés » de tradition: le goût pour l’Antique, peut être considéré comme La Tradition, j’en tend par là irréfutable de tous temps. Le deu xième degré de tradition serait donc « à court terme », ne serait tradition seulement dans le laps de temps qui le sépare de sa chute par une ou plusieurs ruptures, il pourrait s’apparen ter au terme de « mode ». Au XIXème siècle par exemple, le style néo-classique pouvait être considéré comme « traditionnel ».
Nous allons donc nous intéresser à cette oppo sition entre Tradition (« à long terme») et mo dernité, qui peut expliquer ces mécanismes de rupture qui animent les conflits entre généra
tions d’artistes. Initialement, on oppose antiqui et moderni , simplement synonyme d’une confrontation temporelle entre le passé et le présent. Tradi tion vient du latin traditio, tradere, de trans (à travers) et dare (donner), éthymologiquement « tradition » signifie donc « faire passer à un autre, remettre ». « Moderne », lui, apparu en bas latin, de modernus vient de modo qui signifie « tout juste, récemment, maintenant. » La Tra dition possède donc une idée de mouvement dans le temps, perdure, tandis que la moder nité est une conscience statique, du présent. Il serait donc nécessaire de rompre avec la Tradi tion, afin de laisser apparaître la modernité, qui serait un refus de l’histoire et de la temporalité. Au contraire la Tradition serait ce qui résiste à la modernité. Il y a donc bien conflit.
Dans son ouvrage « Les cinq paradoxes de la modernité » de 1990, Antoine Compagnon dé finit Charles Baudelaire (1821-1867) comme étant le premier artiste à être qualifié de « mo derne ».
Pourtant, pour ce dernier, « modernité » est sy nonyme de décadence et d’autodestruction de l’homme (toujours selon Antoine Compagnon). Nous pouvons notamment citer cette célèbre strophe de l’Héautontimorouménos:
« Je suis la plaie et le couteau!
Je suis le soufflet et la joue!
Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau! »
Friedrich Nietzsche (1844-1900) présente ce même pessimisme vis-à-vis de la modernité, mais ajoute que nous assistons de tous temps à un éternel retour, retour du même qui se fait passer pour autre. La modernité serait donc une forme d’imposture ?
Nous pourrions pourtant en douter aujourd’hui, notamment dans le cas où la modernité est permise par le progrès technique, rendant phy siquement « possibles » des réalisations qui ne l’auraient pas été autrement. Certains évène ments à un moment donné ont donc une inci dence sur le futur, ceci peut nous faire songer à certaines paroles que nous avons tous déjà en tendu telle que « C’était écrit ». Cette vision que l’on pourrait rapprocher du darwinisme, dans le sens où il existerait un ordre, une suite logique
35 III COSMOS
d’évènements qui s’enchainent afin de former l’Histoire : « Ôtez Delacroix, la grande chaîne de l’Histoire est rompue et s’écroule à terre. » écrit Baudelaire.
Mais quelle est donc la relation entre ceux que nous appelons « les Anciens » et « les mo dernes » ? Les modernes seraient-ils tombés plus profondément dans la décadence ? Ou bien en sauraient-ils plus que les Anciens, car nourrit par leur expérience ?
Antoine Compagnon nous renseigne sur cette confrontation par une image qui en est deve nue l’icône. Il s’agit d’un vitrail de la cathédrale de Chartre représentant Saint-Jean sur les épaules d’Ezequiel qui a souvent été associé (à tort) avec la formule : « Nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants ». Il complète alors par une citation de Montaigne « De l’expérience »: « Nos opinions s’entent les unes les autres. La première sert de tige à la
seconde, la seconde à la tierce. Nous échelons ainsi de degré en degré, et advient de là que le plus haut monté a souvent plus d’honneur que de mérite; car il n’est monté que d’un grain sur les épaules du pénultième. »
Ces deux citations nous questionnent bien sur la relation entre les Anciens et les modernes, et celle de Montaigne peut aisément venir compléter la deuxième partie NEBULEUSE. En effet, à observer tout cela dans sa globalité, nous percevons une arborescence foisonnante infinie. Antoine Compagnon ajoute une cita tion de Pascal, qui présente un avis tranché sur cette relation avec les Anciens: « C’est de là que nous pouvons découvrir des choses qu’il leur était impossible d’apercevoir. Notre vue a plus d’étendue, et, quoiqu’ils connussent aussi bien que nous tout ce qu’ils pouvaient remarquer de la nature, ils n’en connaissaient pas tant néan moins, et nous voyons plus qu’eux. »
Extrait d’un vitrail de la cathédrale de Chartres représentant St-Jean sur les épaules d’Ezequiel
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B Incessante transcendance. Avant-garde
La modernité représenterait donc un nouveau commencement dans le temps, mar querait une rupture dans la tradition. A peine apparue, cette modernité est devenue obses sion dans l’art, chaque génération voulant être « de son temps ». On parle alors de « tradition moderne » qui est un terme tout à fait paradoxal pour les raisons que nous avons vu précédem ment. La tradition serait alors faite de ruptures, de nouveaux commencements qui seraient sans cesse dépassés. Paul Valéry dit que « la tradition moderne a pratiqué la ‘superstition du nouveau’ ». Hans Robert Jauss évoque « un rac courcissement du laps de temps qui sépare le passé du présent », l’Histoire serait donc dans une accélération incessante.
Ceci ne nous semble pas totalement absurde aujourd’hui, quand nous voyons l’accélération du monde et des activités humaines qui ne cessent de s’intensifier. Il rajoute que « peu im
porte qu’elle soit illusion ou réalité, c’est la per ception du temps qui compte ». Là encore force est de constater que nos vies s’accélèrent, nous sommes sans cesse occupés, nos yeux sans cesse sollicités par une quantité d’informations astronomique qui s’offrent à nous. La percep tion que nous avons du temps en est forcé ment impactée, nous n’avons plus le temps de le compter !
Selon Antoine Compagnon, les premiers mo dernes n’avaient pas conscience de représen ter un avant-garde, il se contentaient de repré senter le présent sans songer au passé, c’est notamment le cas de Cézanne ou Manet avec le « Déjeuner sur l’herbe » (1863). Ce tableau, qui fit couler beaucoup d’encre lorsque le pu blic le découvrit nous montre « la fatalité polé mique de la modernité », encore une fois par cette rupture, ce choc que cela crée avec la tra dition, ce qui est connu.
Déjeuner sur l’herbe - Edouard Manet (1863)
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Mais lorsque le moderne représente l’immédia teté du présent, qu’il est « de son temps », où se positionne l’avant-garde? La grande différence qu’il y a est, que l’avant-garde «n’est pas seu lement une modernité plus radicale et dog matique (…) elle suppose une conscience his torique du futur et la volonté d’être en avance sur son temps. » Les métabolistes, tout comme l’architecture radicale des années 60’ auraient cette volonté d’anticipation, anticipation qui suggère donc la formulation d’une hypothèse. Là est peut-être la raison de l’échec de certaines architectures visionnaires. Se sont-ils trompés sur l’avenir ? Ont-ils vu trop loin, et n’avonsnous pas encore pleinement pris conscience de la pertinence de ces propositions ? Ou bien n’ont-ils simplement jamais eut la prétention de construire? Il serait alors absurde d’oser parler « d’échec ».
Pour cette génération des années 60’, l’utopie de la « société urbaine de l’ère industrielle » ré sonne bien, elle, comme l’échec d’une vision purement utilitariste du bonheur humain, l’uto pie ne serait donc plus à réaliser, se position nant ainsi dans l’iréel. Pourtant, le passé nous prouve que certaines propositions qui sem blaient déconnectées de toute réalité en leur temps, se voient reconsidérer grâce au progrès technique. Demian West, critique d’art écrit en effet: « Ledoux et les architectes visionnaires du XVIIème siècle, ont jeté leurs dessins uto piques, à un tel degré d’imagination qu’on ne put les réaliser dans la pierre, avant qu’ont eût atteint les progrès tech du XXème ; qui seuls permirent ces réalisations immenses . » Ceci il lustre bien ce potentiel décalage temporel qu’il peut y avoir entre projections et possibles réa lisations.
Céline Bryon-Portet, dans un article intitulé « Le recadrage dans la naissance des idées inno vantes ou comment favoriser la créativité en s'inspirant des théories développées par les SIC » pour la revue Protée, rassemble citations et réflexions sur le sujet.
Les avant-gardes des années 60’ veulent faire de l’architecture un instrument de rêve, à la quelle ils donne un rôle ludique, une forme modulable. De cette manière ils s’opposent encore une fois au « réductionnisme fonction naliste » à l’échelle urbaine, soucieux d’insuffler une dimension poétique à la ville, créant des ambiances inédites afin de prétendre réin venter la vie humaine. Ces propositions d’une grande créativité ont réellement un caractère révolutionnaire, innovant. De quelle manière déclenchent-ils cette créativité? vont-ils cher cher l’innovation? communiquent t’ils ces pro jections? Ces architectures des années 60’ sont également qualifiées « d’expérimentales », et c’est justement par cet acte d’expérience que l’innovation naît.
En effet, ils vont chercher à mettre en place des expériences susceptibles de créer des « reca drages », ce terme est bien explicité dans son contexte par Arthur Koestler en 1965: « pour inventer, il faut penser à côté ». Cependant, parler de « méthode » en systématisant cette pensée de l’à-côté est complexe. La citation sui vante de Denis Cavalucci peut venir compléter notre propos: « (…) déplacer, par la formula tion, l’angle de vision de la pensée en la plaçant dans des situations extrêmes. Ceci afin de don ner une vision différente au problème parfois plus propice pour y entrevoir la solution. »
Les caractéristiques de l’architecture des an nées 60’ sont ici bien lisibles, une position ra dicale, potentiellement irréalisable, mais qui va permettre de questionner la réalité, en ou vrant ainsi le champ des possibles. Bien que les courants soient multiples, parfois antagonistes, nous pourrions donc en extraire ces « méca nismes » de pensées sans pour autant parler de « méthode ». Ces mécanismes peuvent être communs à tout acte créatif ou innovant.
La communication de ces visions est, quant à elle, caractéristique de ces mouvements des années 60’. Edward de Bono déclare ainsi: « la rigidité des mots est associée à la rigidité des classifications. Répétons que la rigidité des classifications conduit à la rigidité des points
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de vue ». Puis il poursuit : « les mots et les noms disponibles déterminent la façon dont une si tuation donnée peut être envisagée . » Céline Bryon-Portet ajoute: « Pour éviter le dé terminisme mental dont sont porteurs les signi fiants – et que les publicistes et les sémiologues, spécialistes de l’analyse de la connotation des messages, connaissent bien – Edward de Bono exhorte à réfléchir à l’aide d’images, de ma nière très visuelle, en dehors de tout système linguistique. »
Cette tendance à la communication par l’image est de plus en présente dans les années 60’ qui voit apparaître la société de consommation et le développement toujours plus présent de la publicité. Ceci explique notamment le mode de communication adopté par les avantgardes, qui se positionnent justement dans une nouvelle société de loisirs et d’images, contrai rement à leurs aïeux. Ils s’emparent donc des outils de leur époque afin de projeter leurs vi sions du futur tout en critiquant et questionnant leur présent.
Campbell’s soup cans - Andy Warhol (1962)
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Avant ces années de contestation, l’urbanisme présente une vision conquérante de l’aménage ment du territoire, de laquelle les avant-gardes se distingue par une « recherche de préserva tion narrative du paysage. » En 1970 Ove Arup appelle à « prendre conscience que la planète n'est pas seulement menacée par l'épuisement de ses réserves énergétiques, mais qu'elle est aussi saturée d’aménagements." Il annonce « la fin de la bataille de l'homme avec la nature », Enrico Pedrini écrit dans un article intitulé « L’ar chitecture radicale » que cette dernière « est aussi un projet d'instauration du site, jusque-là assimilé à tort à une recherche d'homogénéisa tion du territoire ».
Nous retrouvons ici clairement le fil rouge de notre propos et la position des métabolistes vis-à-vis de la relation entre site (nature) et in terventions humaines (architecture). L’autre opposition qui anime notre sujet est celle qui confronte le terme de nature avec la technolo gie, l’auteur écrit à ce propos que l’on cherche à éradiquer l’architecture de la surface de la Terre à l’aide de son substitut technologique. Il est aisé de mettre en relation cette phrase avec de nombreux projets présentés dans la partie NE BULEUSE. L’auteur ajoute également: « L'archi tecte se concentre sur ce qui émerge, comme si la question du traitement du sol se posait
alors même que l'architecture se retire. Que reste-t-il ? Le projet devient une interrogation sur un aménagement de surface, lié à la vision et au corps. À l'utopie du sens (le projet social de l'utopie), se subsiste une utopie de surface, technologique et émancipatrice, immédiate, sans promesses ni prouesses, mais sensuelle, au service d'un corps jouissant. » Nous voyons ici apparaitre une troisième notion dont nous avons déjà traité, la relation au corps humain et les nombreux questionnements qui s’en dé gage.
Il est important d’ajouter que les avant-gardes des années 60’ en architecture ont très souvent une résonance politique. Ces différents mou vements et leurs propositions sont révolution naires, et portent tous une volonté profonde de changer le monde. Nous pouvons donc nous demander, en quoi leurs actions ont-elle influencé le monde actuel? La « chaîne de l’his toire » qu’évoque Baudelaire s’est-elle enrichie de leurs différentes critiques et visions pros pectives ? Qu’elle doit être notre position, au jourd’hui, conscient de ce que le passé nous a enseigné ?
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C Et après ? Postmodernisme
Nous pourrions rapprocher modernité et avant-garde par un critère, peut-être réduc teur, qui serait la recherche d’originalité. Qu’estce qui n’a pas encore été fait ? Que reste-t’il à inventer ? L’innovation en art prend alors la forme d’une « croisade de la créativité contre les clichés », une lutte contre le conformisme et la convention. Mais selon Apollinaire, il s’agit toujours d’immitation, de laquelle nous reti rons l’essence de nos références, le conceptuel et non pas l’immédiate et simple apparence. Cette pensée s’opposerait-elle avec la rupture vis-à-vis du passé prônée par les architectes modernes ? Nous pourrions voir cela comme un recyclage incessant, ce qui se rapprocherait, au contraire, du mode de pensée de Nietzsche vu précédemment , «le retour du même qui se fait passer pour autre ». Selon Antoine Compa gnon l’art nouveau ne va pas sans archaïsme, c’est le cas de « Don Quichotte », où Cervantès réagit au conformisme du roman de chevalerie créant ainsi le roman « moderne ». Aujourd’hui, nous pourrions également relever une ten dance pour le « vintage », le « old school », no tamment dans la mode, serait-ce là encore une manifestation de ce retour incessant du passé ? En architecture, le postmodernisme est théo risé par Charles Jencks, notamment par son ouvrage manifeste « Le langage de l’architec ture postmoderne » de 1977. L’auteur souhaite réinscrire l’architecture dans le court d’une his
toire générale des mouvements artistiques, en rupture avec l’anhistorisme du Mouvement mo derne. En effet, il prône une architecture éclec tique qui porte un regard nouveau sur le passé, entre culture populaire et culture savante. La société post-industrielle aurait renoncé à tout idéal, se contentant de proposer une architec ture modeste et fragmentaire, en mélangeant les codes de ce qui est connu, de ce qui fait parti de l’histoire. Jencks parle d’une archi tecture schizophrène qui serait typique de la culture contemporaine, qui tente de concilier les traditions locales (qui perdure lentement dans le temps) et la technologie (aux multiples mutations accélérées). Nous retrouvons dans ce mariage, un autre aspect de la pensée méta boliste, partant d’une philosophie et d’une tra dition forte, propre au Japon, en tentant de la reformuler par l’application des nouvelles tech nologies.
La biennale de Venise de 1980 s’ouvre pour la première fois à l’architecture sous la direction de Paolo Portoghesi. L’exposition présentée cette année-là est intitulée « la présence du pas sé », elle ouvre le débat sur le postmodernisme et en devient le symbole. Portoghesi élabore à cette occasion la « strada novissima » compo sée de 20 façades, chacune dessinée par un ar chitecte différent (notamment Frank O. Gehry, Rem Koolhaas, Ricardo Bofill, Arata Isozaki …).
Strada novissima - (sous la direction de) Paolo Partoghesi (1962)
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Le postmodernisme se présente alors comme générateur d’une alternative nouvelle, une res source infinie de propositions et de possibili tés pour les architectes permis par ce carac tère éclectique du mouvement. Nous serions encore aujourd’hui en présence d’une archi tecture post-moderne, et nous pouvons nous demander ce qu’il pourrait y avoir après. En effet de par son répertoire infinie, pouvant po tentiellement synthétiser tout ce qui nous est connu, que serait ce qui n’est pas postmoderne ? Aujourd’hui, en terme d’innovation artistique, peut-on dire que plus rien n’est possible ? ou bien que tout l’est ?
L’art contemporain nous questionne de façon plus explicit sur cette ambivalence. En effet, de puis les ready-made de Marcel Duchamp, où la notion même « d’oeuvre d’art » est redéfinie, il est pertinent de s’interroger sur:
Que sera l’art de demain ? Comment s’extraire de l’appellation « art contemporain » ?
De la même manière, comment s’extraire du « postmodernisme » ?
Ces termes nous enferment-ils ?
Ou bien ouvrent-ils sur une infinité de possibi lités ?
En tant que « mot », titre d’un mouvement, inti tulé d’une catégorie, ils « rangent » forcément, absorbent et enferment une production artis tique. Mais d’un autre côté, leurs champ sont tellement larges, qu’ils remettent en question la nécessité même d’un « mot » pour désigner ce vaste ensemble. A l’image de notre époque contemporaine, ces mots seraient eux aussi, un peu schizophrènes…
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The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living, 1991 - Damien Hirst
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Bibliographie
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Tous mes remerciements vont au FRAC Centre d’Orléans, à la quantité, et à la qualité de sa col lection en ligne sur le sujet. Je remercie égale ment sincèrement Mr Jean-Louis Bouchard pour son suivi tout au long de cette année.
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A partir de l’étude du mouvement Métaboliste (1960-1970), nous tenterons d’extraire une pensée architecturale que nous viendrons considérer dans un intervalle temporel plus large (XX-XXIe). Ceci nous permettra d’apercevoir l’évolution de certaines idées dans le temps, entre héritage et mutations. De cette manière nous prendrons de la hauteur afin d’observer le foisonnement d’idées autour de notre sujet que certains architectes/artistes ont produit par le passé. Nous nous questionnerons alors sur le rapport temporel de l’acte créatif, entre imitation, innovation et conflit de générations.
From the study of the Metabolist movement (1960-1970), we will attempt to ex tract an architectural thought that we will come to consider in a wider time interval (XX-XXI). This will allow us to see the evolution of certain ideas over time, between inheritance and mutations. In this way we will gain height to observe the abun dance of ideas around our subject that some architects / artists have produced in the past. We will then question the temporal relationship of the creative act, between imitation, innovation and conflict of generations.