Journalisme de spécialité

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Présentation des éditions Surf Session et de son modèle économique


Introduction

Travail d’enquête visant à rendre compte du modèle économique et structurel des éditions Surf Session. Merci à Romain Ferrand et au reste de l’équipe Surf Session pour leur implication dans mon travail de recherche.

Journalisme Masson de spécialité Renaud


Historique


Historique Retour sur la création du titre Surf Session en 1986 par Pierre Bernard Gascogne et Gibus de Soultrait . 1956 est une date clé dans l’apparition du surf en France. C’est à Biarritz, dans le Pays Basque, que les pionniers du surf - Joel De Rosnay, Jacky Root, Michel Barland, Jo Moraiz – ont pris leurs premières vagues. Au début des années 60, les premières compétitions de surf ont vu le jour et peu à peu, la discipline s’est démocratisée dans la région. Les organisations d’évènements se sont multipliées et un nouveau seteur d’activité est né : le « surfwear ».

Les premiers locaux sont situés à Arcangues, chez Pierre Bernard Gascogne. Fin 1989, l'entreprise s’agrandit et prend ses quartiers à Biarritz jusqu’en 2004 pour finalement déménager dans la zone industrielle du Maignon à Anglet. En 1992, une filiale du groupe Sud Ouest achète 39% des parts de Surf Session, avant de devenir totalement propriétaire en 2002.

Surf Session est à ce jour le seul mensuel de surf français proposant douze numéros par an Les éditions Surf Session enregistraient en 2013 un chiffre d’affaire de plus de 2 500 000 €. Grâce à son magazine et à une audience de plus de 785 000 lecteurs, l’entreprise est leader sur le marché de la presse glisse en France. C’est à ce jour le seul mensuel de surf français proposant douze numéros par an.

En 1986, deux amis passionnés de surf - Pierre Bernard Gascogne et Gibus de Soultrait - décident de lancer Surf Session, le premier magazine de surf français Dans les années 80, les grandes marques spécialisées dans les sports de glisse comme Quiksilver, Rip Curl et Oxbow se sont installées en Aquitaine. La région fut renommée « Glissicone Valley » par le journal « Sud Ouest » en 1999, puis citée comme étant « l’eldorado de la glisse » par « Le Monde » en 2000. Depuis, l’Aquitaine est reconnue comme étant le berceau du surf en France et en Europe. C’est dans ce contexte économique qu’en 1986, deux amis passionnés de surf - Pierre Bernard Gascogne et Gibus de Soultrait - décident de lancer Surf Session, le premier magazine de surf français. Le modèle économique à la création de Surf Session est une SARL. Le premier numéro sortira dès le mois de mars, principalement distribué dans les kiosques du sud-ouest et dans quelques villes françaises.

En décembre 2013, le groupe Sud Ouest, face à des enjeux forts sur son activité de quotidiens régionaux, a cédé les éditions Surf Session à Georges Mauriès, soucieux et ambitieux de développer l’entreprise en capitalisant sur tous les supports médias en place autour de la marque Surf Session. Ce changement n’a eu aucun impact sur le modèle économique, ni sur la ligne éditoriale du magazine et du site web.

Couverture du premier magazine Surf Session, numéro de Mars 1986 Une alliance bénéfique pour les éditions Surf Session qui lui permette de se diversifier. Peu à peu, la maison d’édition se développe et de nouveaux magazines font leur apparition. En 1992, le célèbre magazine américain « Surfer’s Journal » est importé sur la côte Basque et édité par Gibus de Soultrait. L’année suivante, l’accroissement du nombre de pratiquants de bodyboard entraîne la création d’un nouveau magazine exclusivement réservé à la discipline : « Bodyboard » . Le titre Surf Session a toujours été bénéfique et est monté jusqu’à 60 parutions dans l’année.

Mais l’activité de Surf Session ne s’arrête pas à la simple publication de magazines avec la création en 2004 de sa filiale d’arts graphiques Blue Press, mais aussi l’édition de livres et le lancement de son site web SurfSession.com en 2009. Côté édition, les principaux concurrents sont « BeachBrother » et « Désillusion Magazine ». Côté web, les principaux concurrrents sont Surf Report et Surf Prévention.

Création : 1986, SARL Créateurs : Pierre Bernard Gascogne / Gibus de Soultrait Prix : 6,90€ N° CPPAP : 0516 W 90887


Des activités d’éditions variées


Des activités d’éditions variées Doté d’un contenu complet et actualisé régulièrement, Surf Session est à ce jour leader dans la presse spécialisée « surf » en France. Les éditions Surf Session avaient racheté en 2007 le magazine « Trip Surf » aux éditions Nivéales. Mais des éléments conjoncturels ont conduit à la suspension du titre en mai 2009, faisant de Surf Session le seul magazine français payant de surf.

Le mensuel Surf Session se doit de traiter le surf de la manière la plus large possible. Au cours du temps, la ligne éditoriale est restée la même. Seule la mise en page et le côté graphique du magazine ont connu de véritables changements.

En 2009, des éléments conjoncturels ont conduit Surf Session à devenir le seul magazine français payant On retrouve dans les kiosques un numéro mensuel, Surf Session, un bimestrielle au positionnement plus haut de gamme, « Surfer’s Journal », et plusieurs hors-séries – matos, bikini – distribués au cours de l’année. Créé en 1986, le mensuel Surf Session est le magazine leader de la presse surf francophone. Du voyage à la compétition, il propose l’actualité régionale, nationale et internationale. Il apporte aussi des conseils techniques, de voyages, et toutes les nouveautés de la culture surf. L’entreprise a connu des succès et des échecs sur certains titres mais Surf Session a toujours été bénéfique.

En pondérant son développement, le titre Surf Session a toujours été bénéfique.

Prix du magazine en 1986 : 25 F Prix du magazine aujourd’hui : 6,90 €

« Surfer’s Journal » a été importé et édité en 1992 par Gibus de Soultrait. Le célèbre magazine américain est un bimensuel au positionnement plus haut de gamme avec une qualité d’impression supérieure aux autres magazines édités par Surf Session. Prix : 6,90 euros Le hors-série « bikini » présente toutes les nouveautés de maillots de bain de la saison été 2014. On y retrouve aussi des conseils de remise en forme, des recettes de cuisine et autres astuces mode et beauté. Le magazine est plutôt réservé à un public féminin et bénéficie de liens interactifs. Les autres hors-séries sont générallement des numéros consacrés au matériel et à la technique. Les hors-séries sont principalement distribués avec le magazine et font aussi l’objet d’offres au niveau des abonnements.

Prix : 12 euros

Aujourd’hui, la filiale Vent de Terre assure la parution bimestrielle de la revue californienne, traduite en Français. Il s’agit d’une société indépendante avec leurs traducteurs, La rédaction web peut aussi être à et dont les royalties sont directel’origine d’édition de livres : depuis ment reversés à l’éditeur américain. maintenant trois ans, les meilleurs surfeurs du monde racontent leurs Le dernier livre en date édité par plus grosses frayeurs sur le site Surf Session s’intitule « Côte à Côte, SurfSession.com. Le livre « Coup au rythme de la houle et des vagues de pression » est la compilation des en Pays Basque ». L’ ouvrage - signé meilleures d’entre elles, mais aussi par le photographe Laurent Male récit exclusif de surfeurs. surel - est disponible en librairie.


L’organisation structurelle de Surf Session


L’organisation structurelle de Surf Session

L’entreprise Surf Session est composée de sept services rassemblant douze personnes chargées d’assurer : l’organisation sur un plan décisionnaire et financier, l’écriture et le contenu des magazines, la mise à jour régulière du site web, la conception, la recherche de partenaires et annonceurs, la fabrication, la diffusion et la communication.

Directrice générale :

Bernadette Duhart Directeur de rédaction :

Gibus de Soultrait

Les éditions Surf Session sont composées d’un pôle direction et comptabilité, pôle rédaction, pôle rédaction web, pôle graphisme, pôle publicité, pôle marketing et pôle fabrication. Ces services sont situés dans les mêmes bureaux de manière à pouvoir intéragir entre-eux facilement. Les différents acteurs des éditions Surf Session, de la conception à l’impression. La direction générale des éditions Surf Session est assurée par Bernadette Duhart, directrice de publication, assistée par le directeur de rédaction, Gibus de Soultrait. Madame Duhart s’occupe des décisions stratégiques relatives à l’entreprise en matière de développement et d’investissement. Elle est également directrice générale de Blue Press, filiale du groupe créée en 2004 à son initiative. Blue Press met à disposition des entreprises un savoir faire éditorial et graphique afin de réaliser par exemple des plaquettes d’informations ou des flyers. Les imprimeurs espagnols de l’entreprise Rotacayfo réalisent les tirages en plusieurs milliers d’exemplaires des numéros mensuels de Surf Session Gibus de Soultrait, directeur de la rédaction et rédacteur en chef de Surf Session dirige, quant à lui, l’équipe de la rédaction en veillant à l’interaction et la coordination de son équipe. Il donne aussi son avis sur les différents sujets traités, et c’est le plus souvent lui qui rédige les éditos du magazine. Les éditions Surf Session collaborent avec d’autres entreprises qui participent à la réalisation des titres. Depuis plus de dix ans, l’entreprise de photogravure Isokea – dirigée par Patrick Coulon – veille à rendre imprimable les photos et les textes avant de les envoyer à l’imprimeur.

Plus récemment et face à un choix stratégique de s’implanter sur les nouveaux moyens de diffusion de l’information via internet et les smartphones, l’entreprise fait appel a un développeur web freelance, Pierre Jollet. Ce dernier assure le développement et le bon fonctionnement de l’application et du site internet. Pour ce qui est de l’impression, les éditions Surf Session font appel aux imprimeurs espagnols de l’entreprise Rotacayfo. C’est elle qui réalise les tirages en plusieurs milliers d’exemplaires pour les numéros mensuels de Surf Session. Le bouclage du magazine a lieu - à quelques jours près - 12 jours avant sa sortie en kiosque. Les impressions à plat, permettant une meilleure qualité, sont réservées pour « Surfer’s Journal » et Blue Press. Le coût de l’impression n’a pas été communiqué.

12 employés à l’année 7 pôles distincts 1 imprimeur


Le financement


Le financement Depuis sa création, la maison d’édition Surf Session a varié ses activités, s’adaptant ainsi aux conjonctures économiques des différentes époques qu’elle a traversé. Si la publicité occupe une place prépondérante dans le financement du mag, la crise économique a cependant entrainé un recul dans la vente d’espaces publicitaires. Aujourd’hui, la publicité représente un petit peu moins d’un tiers de son financement contre presque la moitié avant 2008. Les publicités sont vendues en direct, et non par une agence. Nouant depuis toujours un lien avec le secteur d’activité glisse, la conjoncture économique a entrainé l’intégration au magazine de publicités en décalage avec le contenu ou la charte de ce dernier. En raison du manque d’annonceurs suite à la crise du surf business, le magazine a du accepter des publicités «un peu limite», comme par exemple une pub pour du matériel de Paintball Aujourd’hui, toutes les marques peuvent potentiellement annoncer dans le magazine. Le service pub a un droit de regard sur ces dernières, et peut en refuser s’il estime qu’elles ne sont pas en adéquation avec le magazine. Chose rare ces derniers temps - en raison d’une recherche d’annonceurs - d’où une page que l’un des rédacteurs qualifiait « d’un peu limite » pour du matériel de paintball publiée dans le numéro de septembre. Globalement, 90% des annonceurs font parti du surf business*, contre 10% d’hors-captif. La nouveauté depuis 2009 est la création du site web SurfSession. com. Avec un contenu entièrement gratuit, les revenus générés par le site web grâce à la publicité représentent 15% du chiffre d’affaire pub.

10% 30%

30%

30%

Répartition en % des sources de financement Publicité 30 Ventes en kiosque 30 Abonnements 30 Autres 10

L’ apport de la publicité en chiffres :

30% du financement des éditions Surf Session 15% via le magazine / 15% via le web

Nature des annonceurs : 90% Surf Business 10% Hors-captif

*Le surf business : terme qui désigne l’ensemble des

marques et des différentes activités qui se sont développées autour de l’image du surf depuis les années 70 (date qui correspond à la création du premier numéro de Surf Session). Les trois marques historiques sont Quiksilver, Billabong et Rip Curl. La crise du surf business à partir de 2008 explique la répercussion économique sur des titres de presse comme Surf Session, alors financé - via la publicité - par ces mêmes marques.


Le financement Que ce soit dans le magazine ou sur le web, la publicité présente différentes formes et spécifités. L’intégration de la publicité dans le magazine se fait par des formats traditionnels (pages de pub, posters). Côté web, on retrouve des formats classiques (carrés, banners, prehome) mais également des formats émergeants comme le brand content et les rubriques « sponsorisées ». La grille tarifaire pour annoncer dans le magazine ou sur le site web varie en fonction de la forme, de la la taille et de l’emplacement de la publicité.

Poster du numéro de mai - Vincent Duvignac / Freaky Toys

Quels formats pub la marque Freaky Toys a-t-elle utilisé? Freaky Toys est une marque de planche fraîchement créée en Vendée. Pour assurer sa promotion, le groupe a décidé d’intégrer une publicité dans le magazine (poster ci-dessus) et sur le site web (publi -info ci-contre). Si le poster fait parti des formats traditionnels de pub dans le magazine, la publi-info est plus spécifique : il s’agît d’ une publicité achetée par l’annonceur prenant la forme d’un contenu rédactionnel. Dans certains domaines, la publi-information permet une meilleure intégration avec le contenu rédactionnel du support et permet d’obtenir un meilleur taux de lecture, voire une lecture plus attentive au même titre qu’un contenu rédactionnel. Le caractère publicitaire de la publi-information doit être clairement signalé aux lecteurs. On utilise également le terme de publi-rédactionnel. Sur le site web de Surf Session, la publi-info pour la marque Freaky Toys était présentée sous la forme d’une interview du surfeur Vincent Duvignac, ambassadeur de la marque. La publi-info était présentée sous la forme d’un article qui restait en huitième position pendant une semaine sur la home page du site web. Le contenu, déjà rédigé, était directement transféré par la marque au service pub avant d’être publié par les rédacteurs sur le site.

Exemple d’une publi-info pour la marque Freaky Toys publiée ( par mes soins ) en avril dernier : PUBLI-INFO Les conseils matos de Vincent Duvignac Ambassadeur de Freaky Toys, Vincent Duvignac livre ses conseils et astuces pour bien choisir sa planche...

Retrouvez à travers cette interview les conseils et astuces de Vincent Duvignac pour bien choisir votre planche. Le Champion d’Europe 2013 explique aussi son rôle d’ambassadeur dans le développement de Freaky Toys.

> Intégralité de la publi-info : http://bit.ly/1tXHwva


Le financement Les autres sources principales de financement sont les ventes en kiosque et les abonnements. À cela viennent s’ajouter les différents produits d’édition, la boutique en ligne Surf Session, l’activité de Blue Press et de nouveaux actes de développement comme la plateforme de réservation en ligne de cours de surf lancée au printemps dernier (Book and Surf).

Les ventes en kiosque (30% du CA) : Les ventes en kiosque représentent - et ce malgré la conjoncture de la presse papier actuelle - une large part du chiffre d’affaire de Surf Session, avec une moyenne de 35 000 tirages pour chaque numéro, Pour booster les ventes, des opérations spéciales ont souvent lieu avec des dvd ou hors-séries vendus avec le magazine.

Les abonnements (30% du CA) : Aujourd’hui, le nombre d’abonnés se situe aux alentours de 5000. Depuis la création du premier numéro, il a été en constante augmentation. Depuis 1986, l’offre a aussi évolué avec une diversification des formules allant de 19,50 à 69 euros. Il est désormais possible d’avoir un abonnement presque « sur-mesure » pour consulter le magazine. > Les différentes offres : http://bit. ly/1snKwle

«Côte à côte», Laurent Masurel, dernier livre en date édité par Surf Session

Autres (10% du CA) : Surf Session affiche aussi la volonté de se diversifier à travers : - différents produits d’édition avec la publication de livres ou de hors-séries. Le dernier en date est le livre « Côte à côte » par le photographe Laurent Masurel. > à découvrir ici : http://bit.ly/1ySAOPi - le développement récent d’une plateforme de réservation en ligne de cours de surf lancée au printemps dernier. > Book and Surf : http://bit.ly/1AyfqMq - la boutique Surf Session avec de nombreux accesoires, livres, agendas, calendriers, etc... > La boutique Surf Session : http://bit.ly/12RU3uv Couverture du dernier Surf Session en kiosque


Statistiques du site


Statistiques du site

Aujourd’hui, la publicité sur le site web de Surf Session représente 15% du chiffre d’affaire pub. Voici quelques données chiffrées de l’affluence du site et des différents réseaux sociaux utilisés. Des chiffres qui témoignent d’une demande importante de visibilité sur le web.

Affichage des données du 18/11/14 au 24/11/14

La ligne éditoriale du site web est tournée sur l’actu chaude comme le résultat de compétitions ou les dernières vidéos de surfeurs professionnels. Elle est aussi en lien avec le magazine avec des teaL’affluence du site varie entre 10 000 pages et 65 000 pages vues par jour sings et des compléments d’articles. Elle consacre aussi un large volet à l’actualité autour du surf français. La fréquentation du site varie selon les mois et selon l’actualité. D’une manière générale, elle se situe aux alentours de 150 000 visiteurs uniques par mois et entre 450 et 600 000 pages vues par mois. Le contenu publié sur le site se présente sous forme de brèves, d’articles et de vidéos. Il est aussi possible d’y trouver des infographies ou du contenu vidéo produit par Surf Session.

Statistiques globales du site depuis sa création en 2009 : plus de 20 millions de pages vues et plus de 6000 commentaires publiés SurfSession.com en chiffres : Création en 2009 15% du CA pub 150 000 visiteurs uniques / mois 600 000 pages vues / mois Surf Session sur les réseaux sociaux : 115 945 likes sur Facebook 8734 followers sur Twitter Évolution du nombre de pages vues par annnée depuis le lancement du site en 2009

> Le site Surf Session : http://bit.ly/9WRpRH


Affiche du jour : sport - littérature

Avant de finalement choisir Surf Session, j’avais hésité à présenter le modèle économique de la revue Desports. Fidèle lecteur de ce « mook », j’ai rédigé un article présentant ses différentes caractéristiques.

Journalisme Masson de spécialité Renaud


Affiche du jour : sport - littĂŠrature


Affiche du jour : sport - littérature

Prendre le sport au sérieux et en faire un sujet littéraire, c’est le pari osé de Desports. Disponible en librairie depuis janvier 2012, c’est dans un contexte houleux où les journaux sportifs sont dans le creux de la vague que la revue est parvenue à s’imposer auprès du public et de la profession. Les contextes de crise sont facteurs de pessimisme, de repli sur soi, mais aussi, souvent, d’innovation et d’audace. Adrien Bosc et Victor Robert en sont la preuve, et pas à leur premier coup d’essai. Fondateurs de la revue culturelle « Feuilleton » en 2011, ils ont remis ça un an et demi après en créant la revue Desports, « Le premier magazine de sport à lire avec un marque page ». C’est en publiant un article de Philip Gourevitch sur le cyclisme au Rwanda que les deux journalistes ont constaté le manque d’un traitement littéraire des disciplines sportives dans la presse française.

Le projet, ambitieux, est de renouer avec les plus riches heures du journalisme sportif incarnées à leurs yeux par Antoine Blondin et Henri Garcia. L’ idée est aussi de dépasser un clivage entre sport et littérature qui n’existe finalement que dans l’imaginaire de certains.

La périodicité trimestrielle de Desports est assez particulière puisqu’elle varie en fonction des évènements sportifs. L’occasion par exemple, lors de la sortie du deuxième numéro, de célébrer les 30 ans de la victoire de Yannick Noah à Roland Garros.

Couverture cartonnée, papier épais au parfum d’encre, illustrations variées, le style interpelle. Si l’esthétique est impeccable, le succès de Desports relève aussi d’une qualité rédactionnelle hors pair où les grandes plumes se succèdent. L’ équipe est prestigieuse : philosophes, écrivains et journalistes assurent à tour de rôle l’immersion du lecteur dans l’univers du sport à travers des reportages fleuves, entretiens, articles subtiles et textes inédits. Dès la première publication, le succès est total avec plus de 10 000 exemplaires écoulés.

Mais si Desports s’est aujourd’hui fait une place dans le paysage de la presse française et coexiste auprès des quotidiens et des hebdomadaires sportifs, d’autres se sont brûlés les ailes. Après un premier numéro publié en mars 2011, les éditions de l’Equipe ont décidé d’interrompre la parution d’« Hobo ». La revue consacrée au photojournalisme sportif se trouvait selon le groupe « dans l’incapacité de trouver un équilibre financier viable ».

Dans un contexte de mutation profonde de la presse, Desports est allé cherché ses inspirations dans la gloire du journalisme d’antan. « Desports impose un rythme, Dans leur édito, Adrien Bosc et une nervosité, un décalage Victor Robert disaient vouloir élargissant le périmètre fer- abolir « les frontières entre sujets mé des agités des stades. » dignes et futiles ». À la veille du - J-M Durand, Les Inrocks lancement du cinquième numéro, le pari est d’ores et déjà réussi.

La presse ne tardera pas à saluer la performance de cette revue pas comme les autres en lui décernant le prix du meilleur documentaire sportif de l’année 2012. À michemin entre le livre et le magazine, « On peut se retrouver dans le fonctionnement n’est pas sans une situation où les amoureux rappeler celui de la revue « XXI » de littérature ne s’y retrouvent créée par Patrick de Saint-Exupéry pas vraiment, et où les spor- en 2008. Les caractéristiques sont tifs feraient face à un trop similaires : un nombre de pages plein d’intellectualisme » conséquent, des auteurs de qualité, - A. Bosc l’absence de publicité, le tout réuni dans un grand format.

Création : 2012 Créateurs : Adrien Bosc / Victor Robert 296 pages Prix: 20 euros


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