PAR PASCAL MASSIOT ILLUSTRATIONS : YANAITA ARAGUAS
SCOP, SAS, AUTO-ENTREPRENEURIAT, CAE… DE NOUVEAUX MODÈLES POUR MONTER SON PROJET. LA FIN DU TOUT ASSOCIATIF ? Est-on en train de changer d’époque ? Le modèle longtemps hégémonique et encore dominant, celui du choix de la forme associative pour porter son projet culturel, semble depuis ces dernières années contesté par des formes de structuration juridique émergentes pour certaines et qui tranchent avec les dispositions prévues par la loi du 1er juillet 1901. Scop (Société coopérative de production), Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), SAS (Société par actions simplifiée) sont parmi les acronymes auxquels il faudra probablement s’habituer désormais s’agissant d’activités culturelles et de leur structuration juridique. Liste à laquelle on ajoutera le tout récent statut de l’autoentrepreneur, d’inspiration résolument libérale, lequel suscite un vif intérêt1 mais qui par ailleurs fait débat. Sans oublier les projets privilégiant la mutualisation, tels les groupements d’employeurs (GE) ou encore les CAE (Coopératives d’activités et d’emploi). Que signifie cette nouvelle donne dans le champ culturel ? Est-elle le signe des limites d’une loi (celle de 1901) qui serait inadaptée à notre époque ? Exclut-elle les financements publics, telles les subventions accordées par les collectivités territoriales ? Au-delà, assiste-t-on à un glissement des valeurs
et à une montée de l’individualisme, signe des temps ? Ou s’agit-il d’une volonté (une nécessité ?) de se professionnaliser ? Et comment s’y retrouver parmi les différentes options envisageables ? À quelle vision de son projet et au final, à quelle vision du monde correspondent les choix opérés ? Quand on lui demande pourquoi le groupe Bouskidou (groupe de chanson rock pour les mômes), porté par l’association éponyme, est devenu, évolution peu courante à l’époque, une Scop en 1995, la réponse de Gilles Bouhier, régisseur général du groupe, est claire : “Être maître des choses”. Retour sur l’histoire de cette formation nantaise : en 1982 naît l’association Bouskidou afin de répondre aux besoins du moment. Le groupe monte en notoriété, les sollicitations se font de plus en plus nombreuses et il a besoin, obligation légale, d’une entité juridique pour lui permettre de fonctionner. Engagements et contrats de vente de spectacles, distribution des premiers albums, rien ne peut se faire sans la création d’une structure à cet effet. À ce stade de développement, le choix se porte sur la création d’une association. Elle permet au groupe de se développer, en 1
14
135 000 auto-entreprises crées en 4 mois, 400 000 attendues fin 2009