[18]
Le spectacle vivant privé se trouve dans une situation particulièrement délicate. Il aura besoin lorsque les réouvertures seront possibles, d’un délai pour produire avant de diffuser, les spectacles n’ayant pas été montés s’ils n’étaient pas financés, ou ayant été annulés, notamment lorsqu’ils étaient liés à des artistes ou coproducteurs étrangers. Compte tenu de leurs publics, les théâtres privés et cabarets ne rouvriront pas pour la plupart avant septembre. Le secteur subventionné devrait être, comme à l’été dernier, en mesure de reprendre plus rapidement. Il existe toutefois des délais incompressibles, notamment de mise en place de la billetterie, avant que la diffusion soit effective. Et comme pour le cinéma, le risque d’embouteillage est réel. Certaines créations, qui avaient été prévues pour la saison 2020/2021, pourraient rester mort-nées ou, au contraire, si elles sont diffusées, bloquer de nouvelles mises en production. [19]
Pour le spectacle enregistré, deux facteurs sont susceptibles d’affecter en 2021, et peut-être après, la poursuite du niveau actuel d’activité : dans l’audiovisuel, la baisse de l’apport des diffuseurs fragilise la programmation 2021-22 ; dans le cinéma, le calendrier de réouverture des salles conditionne la diffusion des films produits en 2020 et 2021 et non diffusés, estimés à 400, créant un phénomène d’embouteillage qui risque de se traduire par un ralentissement de la production. Des reports ou annulations de tournages commencent ainsi à être constatés, dont les conséquences toucheront ensuite l’aval jusqu’au montage. [20]
1.2 Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour soutenir les revenus des intermittents pendant la crise 1.2.1
« L’année blanche »
1.2.1.1 La prolongation des droits a contribué à limiter l’impact de la crise sanitaire sur les revenus des intermittents indemnisables Le dispositif dit de « l’année blanche » prévoit la prolongation jusqu’au 31/08/2021 des droits des artistes et techniciens du spectacle à l’aide au retour à l’emploi (ARE) perçue au titre des annexes 8 et 10 de la convention d’assurance chômage, ainsi qu’aux deux allocations spécifiques de solidarité prévues à l’article L. 5424-21 du code du travail : l’allocation de professionnalisation et de solidarité (APS) et l’allocation de fin de droits (AFD). [21]
[22]
Bénéficient du dispositif, pour une durée plus ou moins longue en fonction de la date à laquelle leurs droits auraient dû être réexaminés :
Les intermittents du spectacle qui étaient allocataires de l’ARE au titre des annexes 8 et 10 au 1 er mars 2020 Les intermittents qui ont été admis dans le régime d’indemnisation entre le 1 er mars 2020 et le 31 août 2020, dont la date de réexamen des droits aurait été comprise entre le 1 er mars 2021 et 31 août 2021 sans l’année blanche. Les intermittents indemnisés au 1er mars 2020 au titre d’une des deux allocations spécifiques de solidarité.
Le nombre de bénéficiaires peut être évalué à environ 120 000 allocataires de l’ARE, répartis à part égale entre les deux annexes 6. Parmi eux, une minorité (9%) a ouvert des droits après le début de la crise [23]
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Données Pôle Emploi, février 2021 : 124 798 intermittents ayant ouvert des droits entre mars 2019 et août 2020 étaient allocataires de l’ARE au titre des annexes VIII et X au 31/12/2020, dont 62 614 artistes et 62 184 techniciens. Peuvent être soustraits de ce nombre les allocataires qui ont demandé une réadmission expresse après le 1 er septembre 2020, soit environ 4000 personnes.
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