Synthèse prospe
L’édition phonographique
c t i v e E m p lo i - C ompét e n ce s
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Première partie
Au cœur du patrimoine artistique
Vous avez dit phonographique ? ............ 4 Les entreprises et les effectifs . ............. 9 La formation .......................................... 13 .........................................
Deuxième partie
Des changements majeurs De nombreux facteurs d’évolution .......17 Une diversification des activités ...........22 … et une réorganisation des métiers ...24
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Troisième partie
Des défis pour demain
Pour une mutation réussie . ................. 27 10 actions clés ....................................... 28 Des avancées significatives .................. 30
_ L’édition phonographique
première partie
Au cœur du patrimoine
artistique
«D
e la musique avant toute chose », écrivait Verlaine. Il parlait de poésie, certes, mais la distance n’est-elle pas infime, parfois, entre une chanson à texte, une œuvre musicale et un poème ? La production musicale occupe une place majeure dans le patrimoine culturel, artistique d’un pays. Un patrimoine dont l’édition phonographique est l’artisan majeur. Sans elle, pas de création artistique de qualité, ni de carrière durable… Lancez le son !
L’édition phonographique
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Au cœur du patrimoine artistique
Vous avez dit
DR
phonographique ?
L’
Creadedesigner/Fotolia
édition phonographique… Aux yeux – ou plutôt aux oreilles – de certains, le mot a peut-être une connotation un peu désuète. Il évoque en effet le phonographe, cet appareil devenu rare aujourd’hui, remisé dans les greniers, un bien bel outil qui fut remplacé dans les années 50 par l’électrophone, lequel est lui aussi, désormais, condamné aux étals des brocantes ! Avec, à ses côtés, alignés en piles, les fameux disques en vinyle sur lesquels ont chanté et dansé tant de Français et que s’arrachent aujourd’hui des millions de collectionneurs. S’arrachera-t-on de la même manière, demain, les supports actuels, physiques ou dématérialisés (CD, clés USB, MP3…) ? L’édition phonographique est riche des millions d’œuvres, de chansons, de courants musicaux qu’elle a gravés et immortalisés, de décennie en décennie, et qui sont aujourd’hui diffusés dans le monde entier. Riche des centaines d’artistes qu’elle révèle, jour après jour, contribuant à la découverte et à la promotion des styles, des courants, des tendances dont on parlera encore demain et après-demain. À l’instar des industries du cinéma et du livre, à l’image de tous les arts en général, elle contribue à l’élan culturel d’un pays, à son histoire et à son patrimoine artistiques. Tout simplement, elle fait partie de nos loisirs, de notre vie. Lequel d’entre nous n’a pas, sur les lèvres ou à l’esprit, à un moment de la journée, un air, une chanson qu’il aime et qui, parfois, lui rend la vie un peu plus facile ? Pris dans le tourbillon de toutes ces chansons et musiques, on a sans doute un peu oublié aujourd’hui le mot phonogramme. Il dit pourtant bien ce qu’il en est, à savoir « le tracé de l’enregistrement des vibrations sonores de la voix humaine ». Cette activité constitue le cœur de métier de l’édition phonographique, répertoriée dans la nomenclature NAF 2008* sous le code 59.20 Z « Enregistrement sonore et édition musicale ».
_ L’édition phonographique
(*) La nomenclature d’activités françaises a fait l’objet d’un décret commun qui oblige l’ensemble des organismes publics à utiliser la nomenclature, ou ses dérivés, dans les textes officiels, décisions, travaux, études, etc. Chaque établissement se voit attribuer un code NAF en fonction de la nature de son activité principale. L’édition phonographique
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Au cœur du patrimoine artistique
Ce code comprend les activités visées par le champ d’application de la convention collective nationale (CCN) en vigueur dans la profession, lequel concerne globalement « la production, l’édition ou la distribution de phonogrammes ou de vidéogrammes musicaux ou d’humour ». Ainsi que le soulignent les professionnels de l’édition phonographique – et cela n’est pas une lapalissade –, rien, pour l’artiste, ne remplacera cet « enregistrement des vibrations sonores de la voix humaine ». Ne seraitce que parce que tous les chanteurs et musiciens ne font pas de la scène et des tournées. La production d’un CD, d’un album, d’un single, reste donc en quelque sorte, pour celui qui veut faire connaître son art au public, un passage obligé. Mais l’édition phonographique, c’est aussi le travail effectué en amont de l’enregistrement, à savoir la création artistique en tant que telle. La recherche et le repérage de l’artiste – chanteur, musicien, auteur compositeur –, les conseils, l’aide technique qu’on lui apporte, l’accompagnement dont il bénéficie pour toucher le plus large public, se faire un nom et gérer sa carrière. L’édition phonographique est ainsi un maillon essentiel de la chaîne de la création musicale. Tout un univers qui, finalement, reste mal connu, en comparaison avec celui du showbiz à proprement parler.
LES VENTES PAR RÉPERTOIRE
CCN
La convention collective nationale de l’édition phonographique a été signée le 30 juin 2008 par les partenaires sociaux. Cet accord, qualifié d’« historique » par Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication de l’époque, comble un vide de plus de quinze années. Il comporte, entre autres, des textes concernant la formation professionnelle et la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), point traité en 3e partie de la synthèse.
Des métiers variés
Richard Dumas
L’édition phonographique regroupe de nombreux métiers appartenant à différentes catégories socioprofessionnelles. Parmi les salariés permanents, on peut, schématiquement, distinguer les professions de front office, réunies autour du projet artistique, et celles de back office, qui correspondent
_ L’édition phonographique
Classique : 8 %
Variété nationale : 55 %
Variété internationale : 37 %
à retenir
Total 2009 : 588 millions d’euros
à des emplois administratifs semblables à ceux que l’on trouve dans toutes les entreprises (avec toutefois des particularités liées au métier du disque). La première catégorie regroupe notamment le directeur artistique, le directeur de label, le responsable marketing, les chefs de produits/projet, des cadres artistiques et assistants artistiques, les webmasters… Mais le projet ne pourrait voir le jour sans le personnel auquel on fait appel pour un travail et une période donnés : les techniciens du spectacle (qui exercent une multitude de métiers : ingénieur du son, régisseur, machiniste, styliste, perchman, et tant d’autres…) et les artistes interprètes (chanteurs, musiciens, choristes, diseurs, etc.). Ces métiers sont également gérés par les « tourneurs » de concerts. La commercialisation occupe bien sûr une place importante avec les grands comptes, la télévente, les techniciens des supports commerciaux et les techniciens commerciaux, les chargés de publicité et les promoteurs terrain. Promotion et communication, assurées notamment par les cadres des relations publiques et de la communication, sont également le nerf de la « guerre ». Côté back office, figurent notamment les cadres de services administratifs et financiers (contrôle de gestion, comptabilité, royalties…), la partie fabrication et logistique (chefs de projet fabrication, chargés de logistique de stocks, la gestion du numérique qui devient primordiale), ainsi que les ouvriers du tri, de l’emballage et de l’expédition des produits… Toute une chaîne, là encore, qui travaille pour une activité pas tout à fait comme les autres. Chacun, à son niveau, avec savoir-faire et enthousiasme, avec passion.
Le secteur – qui vient de se structurer en branche professionnelle – assure le cycle complet de la production (découverte et accompagnement de l’artiste, enregistrement de son œuvre, pressage, marketing, promotion et distribution). Ces activités peuvent être regroupées au sein d’une même structure ou partagées entre plusieurs acteurs (l’un d’eux exploite la licence par exemple).
L’édition phonographique
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Au cœur du patrimoine artistique
Les résultats sont-ils à la hauteur de cette implication ? Depuis 2002, la branche traverse une période de crise pour les raisons que l’on analysera en 2e partie de cette synthèse. Son chiffre d’affaires a ainsi chuté de plus de 55 % entre 2002 et 2009, passant de 1,302 milliard à 588 millions d’euros. En 2009, le marché de la musique enregistrée (ventes gros éditeurs hors taxes, nettes de retours et remises) a poursuivi sa baisse (- 3,2 %), mais de façon plus modérée que les années précédentes (- 15 % en 2008, - 17 % en 2007). En 2009, la vente de supports physiques (CD, DVD) représentait 512 millions d’euros, contre 76 millions d’euros pour la vente de supports dématérialisés (téléchargement Internet, téléphonie mobile, streaming, abonnements…).
Clive Bardat
D’un éditeur à l’autre On ne fait pas toujours très bien le distinguo entre éditeur de musique et éditeur phonographique. S’ils ont des points communs (côté éditeurs indépendants, il arrive même qu’une seule entité juridique englobe ces deux activités), ils ont toutefois des rôles distincts : l L’éditeur musical (ou graphique) signe des contrats de cession de droits avec des auteurs et assure aux œuvres de ces derniers une diffusion et une exploitation commerciale, notamment et en premier lieu par l’édition de la partition musicale. l L’éditeur ou producteur phonographique produit l’enregistrement de l’œuvre. Il choisit donc un artiste-interprète, s’investit pour développer la carrière de celui-ci ou, simplement, faire fructifier son œuvre. Le producteur phonographique établit une relation contractuelle avec l’artiste (contrat d’artiste ou d’enregistrement exclusif). Ce n’est pas obligatoirement lui qui effectue la fabrication et la distribution des supports « matériels » que sont les disques ; il peut demander à une « maison de disques » d’assurer contractuellement, via une licence, ce processus. _ L’édition phonographique
est une technologie qui permet de lire, visionner et écouter des fichiers sans les télécharger. Principe : une « mise en mémoiretampon » (buffering) des données téléchargées vers l’auditeur par un serveur. Elle permet une lecture en transit d’un fichier. Les webradios, par exemple, proposent ainsi une écoute et une bibliothèque de titres en streaming qui permettent d’écouter à la demande les artistes de son choix et de se créer des albums en ligne.
Benoît Peverelli
Le streaming
Les entreprises
et les effectifs
L
a branche compte environ 600 entreprises employant au moins un salarié (*), classées selon trois catégories. La première rassemble quatre majors : Universal Music, Sony Music, Warner Music et EMI Music. Issues de différentes fusions depuis ces dernières années, filiales nationales de groupes français et internationaux, elles représentent 70 % du marché. Les sociétés indépendantes constituent la seconde catégorie. Plutôt positionnées sur des niches, elles sont aussi plus fragiles en période de crise. La 3e catégorie est composée des microéditeurs (de 0 à moins de 5 salariés). Ceux-ci forment un tissu dense et atomisé de très petites entreprises (TPE) ou microstructures à la frontière de l’économie, plus ou moins viables à moyen terme. (*) Les chiffres diffèrent selon les sources (Sirene, Dads, Afdas, Audiens) mais convergent vers ce chiffre. L’édition phonographique
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Au cœur du patrimoine artistique
25,9 %, un CA de moins de 0,5 million). 20,9 % comptabilisent un CA de 1 à moins de 2 millions, 4,1 %, un CA allant de 2 à moins de 5 millions, 3,9 %, un CA de 5 à moins de 10 millions. Seules quatre sociétés enregistraient, en 2006, un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros.
La branche emploie environ 4 000 salariés permanents. 6 % des entreprises concentrent à elles seules 67 % des effectifs, et ceux-ci sont, selon les sources, entre 54 % et 64 % à travailler dans les structures de plus de 50 salariés. Le nombre d’emplois, qui a connu une relative stabilité entre 1978 et 1999 (avec tout de même un déficit de 4 %), accuse une baisse sensible depuis 2000. Entre cette date et 2007, le secteur a perdu 603 salariés. C’est surtout vrai dans les établissements de plus de 250 salariés, en partie au profit des TPE, la décroissance dans les majors se poursuivant (elles ont encore perdu le quart de leurs effectifs entre 2006 et 2008, soit 322 personnes). Comme on l’a vu, de nombreux métiers et catégories socioprofessionnelles font vivre la branche de l’édition phonographique. On trouve plus de cadres, de techniciens, d’agents de maîtrise et de professions intermédiaires que dans les autres secteurs de l’industrie française. Employés, professions
Geofff/Fotolia
Pierre-Eric/Bailly
Des effectifs en baisse
61%
50 % des entreprises ont été créées après 2000, majoritairement entre 2000 et 2004. Le nombre d’entreprises est à la baisse (- 19 % entre 2007 et 2008). Cette baisse concerne davantage celles de plus de 10 salariés, la tendance étant à l’augmentation des TPE. Les strucdes salariés tures sont généralement mono-établissement ; on de la branche compte en moyenne 1,06 établissement par entreprise. ont moins On observe toutefois, à l’inverse de ce qu’on note de 40 ans pour les entreprises elles-mêmes, une augmentation du nombre d’établissements depuis ces trente dernières années. Les entreprises employant des salariés permanents sont situées pour près de 70 % d’entre elles en Ile-de-France, la région Rhône-Alpes venant en 2e position (4,5 %), la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en 3e (3,7 %), les Pays de la Loire en 4e avec 2,1 %, suivis de Midi-Pyrénées et Bretagne avec 1,9 %. Les unités de plus de 10 salariés sont toutes implantées en Ile-de-France et en Rhône-Alpes. Leur catégorie juridique est variée, mais les sociétés à responsabilité limitée (SARL) l’emportent largement (76 %). On trouve ensuite les SARL unipersonnelles (8 %), les associations déclarées (6 %), les sociétés par actions simplifiées – SAS – (5 %), les SA à conseil d’administration (3 %), les commerçants (2 %) et enfin les sociétés par actions simplifiées à associé unique (SASU) avec 1 %. Les entreprises de plus de 10 salariés sont uniquement des SA et des SAS. 67 % d’entre elles réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à un million d’euros (41 % enregistrent un CA de 0,5 à moins de 1 million, _ 10 L’édition phonographique
la répartition des entreprises par taille 100 % 90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0 % Afdas 2009
92 %
5 %
1 %
0,4 %
0,8 %
0,1 %
és és és és és és ari ari ari ari ari ari sal sal sal sal sal sal 4 9 9 9 9 0 4 25 à1 à4 1à 5à à2 de 10 20 De De 50 us l e De De P D
Dans leur écrasante majorité, les sociétés sont de très petites entreprises (TPE) (moins de 10 salariés). Et dans cette tranche, la plupart ont des effectifs très faibles : soit de 1 à 2 salariés, soit de 3 à 5. L’édition phonographique
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Au cœur du patrimoine artistique
Claude Gassian
La formation à noter Parmi les effectifs intermittents, les artistes sont majoritaires (73 % environ).
Le nombre d’emplois diminue dans les entreprises de plus de 250 salariés, en partie au profit des TPE _ 12 L’édition phonographique
Il n’y a pas de formation initiale spécifique, ce qui n’empêche pas les professionnels d’être très diplômés : 8 % des salariés possèdent un diplôme de 3e cycle universitaire, 9 % ont un niveau licence et plus, 11 % ont suivi un 2e cycle universitaire, et 8 %, un 1er cycle universitaire. 13 % sont titulaires d’un DUT ou d’un BTS, 15 %, du bac, d’un brevet de technicien… 19 % ont un niveau CAP, BEP, 9 % ont le brevet des collèges. Les spécialités de diplômes sont éclectiques. En tête, la comptabilité et la gestion (19 % des salariés se sont intéressés à ces disciplines), suivies des lettres et arts pluridisciplinaires (15 %), de l’accueil, hôtellerie, tourisme (13 %). 11 % des salariés se sont formés à la musique et aux arts du spectacle, 9 % aux spécialités plurivalentes échanges-gestion, 9 % ont suivi des formations générales, 8 % se sont spécialisés dans les mathématiques et les statistiques, les 7 % restants ayant suivi des itinéraires n’appartenant pas à ces diverses catégories.
Artwork/Yeahh Studio
intermédiaires, cadres administratifs et commerciaux dominent (ils composent à eux seuls 57 % du personnel). Cadres et professions intermédiaires sont moins représentés dans les entreprises employant moins de 10 personnes. Qu’en est-il de la répartition hommes/femmes ? Les deux sexes sont presque à égalité. 57 % des salariés sont des hommes. Ils occupent surtout des postes de cadres dirigeants, de cadres et d’ouvriers, les femmes exerçant des fonctions de cadres, mais également d’employés, de techniciens, d’agents de maîtrise et des professions intermédiaires. Côté contrats, 27 % de femmes sont en contrat à durée déterminée (CDD), contre 19 % d’hommes (source Audiens). La jeunesse du secteur est à remarquer : 61 % des salariés ont moins de 40 ans. L’édition phonographique est, de tous les secteurs industriels, celui qui compte le plus grand nombre de jeunes salariés. Sur le plan de l’ancienneté en revanche, la profession est sous la moyenne nationale. Plus de 50 % des personnes ont peu d’ancienneté ; celle-ci est égale ou supérieure à cinq ans. L’effectif des artistes et des techniciens intermittents du spectacle est important. Il représente près de 10 000 personnes, réparties comme suit : 7 463 hommes (589 cadres techniciens, 1 617 non cadres techniciens et 5 257 artistes) et 2 443 femmes (82 cadres techniciens, 431 non cadres techniciens et 1 930 artistes). Là encore, la moyenne d’âge est peu élevée : chez les hommes, 16 % ont entre 25 et 29 ans, 39 % entre 30 et 39 ans ; chez les femmes, pour les mêmes tranches d’âge, le taux est, respectivement, de 19 % et 36 % (source Audiens).
La formation initiale
L’édition phonographique
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Au cœur du patrimoine artistique
JB Mondino
ments sonores et la production de films pour le cinéma). On observe une tendance à l’augmentation de l’âge des bénéficiaires, lesquels sont majoritairement des commerciaux, des assistants de gestion, des attachés de clientèle et des assistants marketing. Spécialités de formation qui ont le vent en poupe : le commerce, la vente, le marketing, la comptabilité, la publicité, les fonctions administratives, puis l’audiovisuel et le cinéma. Ces formations, dont le niveau augmente, sont plus qualifiantes et certifiantes et moins diplômantes. De fait, leur durée est plus courte : 61 % de CP de 6 à 12 mois en 2008, contre 64 % de 19 à 24 mois en 2006. Ce qui représente en équivalent heures 35 % de contrats de moins de 500 heures, 33 % de 800 à 999 heures et 31 % de 1 000 à 1 200 heures (contre 58 % en 2006).
La formation continue Il existe plusieurs dispositifs : < Le plan de formation mis en place dans les entreprises de moins de 10 salariés. 101 personnes l’ont suivi en 2008. C’est moins qu’en 2007 (110 personnes) et beaucoup moins qu’en 2006 (169 bénéficiaires). Le taux d’accès de 12,25 % est légèrement inférieur à la moyenne nationale (13,8 % en 2006). Ce plan concerne à 78 % le secteur édition d’enregistrements sonores. 53 % des stagiaires sont des femmes et 47 % des hommes, les 25-34 ans et les 40-44 ans étant les plus nombreux. Formations préférées : langues et PAO, puis commerce-vente-marketing. Durée des sessions : entre 21 et 59 heures pour 62 % d’entre elles. < Le plan de formation destiné aux entreprises de 10 salariés et plus. 675 personnes en ont bénéficié en 2008 (contre 772 en 2007 et 696 en 2006), soit un taux d’accès de 33 %, légèrement inférieur à la moyenne nationale (36 % en 2006). Il est en vigueur quasi intégralement dans le secteur édition d’enregistrements sonores. Là encore, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à en bénéficier (51 % contre 49 %) et, parmi les stagiaires, ce sont les 40-44 ans qui sont les plus représentés, « talonnés » par les 35-39 ans et les 30-34 ans. Les ingénieurs et les cadres sont les plus nombreux. Là encore, les langues, puis la bureautique sont les formations les plus prisées. 33 % des sessions s’échelonnent de 21 à 59 heures, 29 % de 10 à 20 heures, 30 % durent moins de 10 heures. < Le contrat de professionnalisation (CP). 49 ont été signés en 2008, contre 36 en 2006 (+ 36 %). Le taux de recours a augmenté, lui, de 1,4 % pendant cette même période (il est supérieur à la moyenne nationale). Le nombre de CP est supérieur dans les entreprises de 10 salariés. À l’inverse, le taux de recours est plus important dans les structures comptant moins de 10 salariés. Les CP bénéficient en grande majorité aux salariés (dont 61 % de femmes) travaillant dans l’édition d’enregistrements sonores (très loin derrière, les activités artistiques, la reproduction d’enregistre_ 14 L’édition phonographique
à noter Comme on le verra en 3e partie de cette synthèse, des accords ont été signés récemment en faveur de la formation professionnelle et d’une politique de ressources humaines et de gestion prévisionnelle des emplois optimisée.
< Le congé bilan de compétences (CBC). 39 CBC ont été accordés en 2008 (contre 25 en 2007), le taux de demandes augmentant de 1,02 % entre 2006 et 2008 (moyenne nationale : 0,2 %). Comme pour les CIF, c’est dans les entreprises de plus de 10 salariés qu’on trouve le plus grand nombre de CBC, le taux de congés étant plus important dans celles employant 10 personnes et plus. Davantage de femmes (61 % contre 39 % pour les hommes) en bénéficient. Âge : une majorité de 30-39 ans, et surtout de 30-34 ans. La catégorie socioprofessionnelle la plus représentée est celle des cadres ingénieurs travaillant dans l’édition d’enregistrements sonores. < Le congé individuel de formation (CIF). Le nombre de CIF a chuté par rapport à 2007 (8 en 2008, 15 en 2007 et 7 en 2006), mais le taux d’accès – 0,31 % – reste supérieur à la moyenne nationale (0,2 % en 2006). Le nombre de CIF est supérieur dans les entreprises de plus de 10 salariés. Ils concernent les salariés (les 2/3 étant des hommes) des deux secteurs d’activité fondamentaux : l’édition d’enregistrements sonores, et la reproduction d’enregistrements sonores. Tranche d’âge la plus représentée : 40-44 ans. Les stagiaires – en majorité des conducteurs régleurs et des magasiniers caristes – optent pour les formations « transport-permis de conduire », « bâtiment-travaux publics » et « commerce-vente-marketing ». À la différence des contrats de professionnalisation, les CIF ont une finalité diplômante (50 % de diplômes d’État d’enseignement technique ou professionnel, suivis de 30 % de certificats de qualification professionnelle).
à retenir Agréé par l’État, l’Afdas est l’organisme collecteur des contributions formation des entreprises de la branche professionnelle de l’édition phonographique. Son rôle est déterminant dans la prise en charge des besoins de financement des entreprises, des salariés et intermittents du spectacle. Les salariés peuvent contacter directement un conseiller de l’Afdas dans la rubrique « contact personnalisé » du portail www.afdas.com
DIF : d’abord les langues 34 salariés ont fait valoir en 2008 leur droit individuel à la formation (DIF), et cela, très largement dans le secteur édition d’enregistrements sonores. Bénéficiaires : d’abord des ingénieurs et des cadres, des employés et des techniciens, les stagiaires femmes étant – contrairement aux moyennes nationales – plus nombreuses que les hommes. Les 30-34 ans l’emportent sur les autres tranches d’âge. Les spécialités de formation les plus prisées sont : les langues, la PAO et le multimédia. 66 % des actions de formation durent entre 21 et 59 heures, 25 %, plus de 60 heures. L’édition phonographique
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De nombreux facteurs d’évolution
Des changements
majeurs
L’
édition phonographique est confrontée à des changements profonds qui ont un impact sur ses activités, ses revenus et ses emplois. Depuis ces dernières années, elle tente de s’adapter au nouveau contexte et de se positionner sur un marché bouleversé. Cela passe notamment par une diversification de ses activités et une réorganisation de ses métiers, mais aussi une évolution des compétences des équipes.
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De nombreux facteurs
d’évolution
Les facteurs liés aux nouvelles technologies qui ont déclenché la crise Chaque nouveau cycle technologique dans l’histoire de l’industrie du disque a provoqué des bouleversements (variations d’activités, de revenus). Au début des années 1980, le passage du disque vinyle au CD avait provoqué une chute des ventes de 15 %. Depuis 2002, c’est le passage du support physique (CD, DVD) au support dématérialisé qui a des répercutions sur les revenus des éditeurs. Les ventes de supports physiques ont chuté de 64 % entre 2002 et 2008. Dans le même temps, la croissance du chiffre d’affaires réalisé sur la vente de supports dématérialisés n’a absolument pas permis de combler la perte subie sur la vente de supports physiques : le chiffre d’affaires global des éditeurs phonographiques a baissé de 53 % entre 2002 et 2008. Le téléchargement illégal, le développement des logiciels peer to peer (qui permettent aux internautes d’échanger des fichiers) ont considérablement accentué les difficultés de la transition. En 2008, 8 millions de
John Londono, Artwork/Rud’pixelz
Deuxième partie
L’édition phonographique
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De nombreux facteurs d’évolution
Les facteurs liés à la diffusion de la musique enregistrée
DR
La crise de la diffusion des supports physiques entraîne mécaniquement une crise de la distribution aux détaillants, qui touche les majors – lesquelles intègrent la distribution à leurs activités de production –, mais aussi quelques indépendants (Wagram, Naïve ou Pias sont également distributeurs). La crise affecte également les détaillants eux-mêmes. Les grandes surfaces spécialisées (FNAC, Virgin, espaces culturels Leclerc, etc.) représentent désormais 54 % de la commercialisation des supports physiques. Les grandes surfaces généralistes, qui réduisent les linéaires de façon encore plus drastique que les grandes surfaces spécialisées, ont, elles, perdu des parts de marché. La concentration en centrales d’achat de ces détaillants rend plus difficiles la tâche des commerciaux et les actions de promotion ciblées en magasins sur un territoire. Beaucoup de disquaires indépendants ont disparu. Certains producteurs, généralement positionnés sur des niches, possèdent leurs propres magasins, mais
_ 18 L’édition phonographique
à retenir
à noter
Il existe trois nouveaux circuits de diffusion. 1- La location de musique par abonnement. Développé sur téléphonie mobile et certaines plateformes Internet, le principe permet, moyennant un abonnement, d’écouter ou de télécharger en illimité de la musique. 2- L’achat à l’acte au prix unitaire. Pour que ce système soit rentable, les sites de vente à l’acte multiplient les modes de diffusion au-delà du seul téléchargement unitaire : streaming, transfert vers un lecteur portable, etc. 3- L’accès gratuit grâce à la publicité, un modèle qui n’a toutefois pas encore démontré sa viabilité économique.
Une dizaine d’opérateurs se sont positionnés sur ces marchés de la diffusion, dominés par iTunes (développé par Apple afin de « booster » ses ventes d’iPod), pour l’achat à l’acte. Mais il est probable que ces diffuseurs se concentrent et, dans ce cas, ne survivraient que ceux ayant acquis une dimension internationale.
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personnes auraient téléchargé des contenus illégaux équivalant à un volume de 778 millions de titres (un titre téléchargé légalement pour quatorze illégalement). La musique est devenue le produit culturel le plus « piraté », devant les films, les séries télé et les jeux vidéo. Les autres contenus culturels (cinéma, audiovisuel), la presse, la télévision et surtout la radio doivent faire face eux aussi à leur propre mutation du fait du développement numérique ; dans certains cas, cela se répercute fortement sur le secteur de la musique (côté radio notamment).
le recul des ventes pourrait réduire leurs parts de marché. En termes de chiffre d’affaires, les circuits traditionnels dominent encore. Toutefois, les nouveaux circuits de diffusion des supports numériques se développent. Les distributeurs numériques ou agrégateurs proposent des services de numérisation, d’encodage, etc. et permettent de mettre en ligne des catalogues sur les principales plateformes de téléchargement (Apple, FNAC, Virgin, Amazon…). Les opérateurs de téléphonie offrent des services tels que les plateformes mobiles de téléchargement ; les fournisseurs d’accès à Internet passent des contrats avec des éditeurs phonographiques afin d’avoir accès aux catalogues ; les sites d’écoute et le streaming sont désormais accessibles sur les téléphones mobiles et les sites communautaires (MySpace, YouTube, Dailymotion…). Les éditeurs phonographiques concluent avec ces nouveaux acteurs des contrats qui leur permettent de devenir partenaires plutôt que de simples négociateurs de licences (c’est le cas d’Universal et de la téléphonie mobile avec Universal Mobile). L’édition phonographique
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De nombreux facteurs d’évolution
Les facteurs sociétaux Les nouveaux supports génèrent chez le consommateur de nouveaux comportements et pratiques culturelles. Le téléchargement illégal y est pour beaucoup : le concept de la gratuité de la musique gagne l’opinion publique ; la musique est un bien partageable, d’où une mutualisation et des échanges de pair à pair importants. Certains consommateurs deviennent des prescripteurs, notamment via les blogs. Cette évolution affecte durement l’industrie musicale. La faible rémunération de l’écoute et le fait qu’une majorité des consommateurs opte pour le titre et non plus pour l’album entraînent une dévalorisation du travail des éditeurs (et bien sûr une baisse de revenus). La mobilité du public, l’abolition du temps et de l’espace dans l’écoute de musique enregistrée contraignent les éditeurs à plus de réactivité. Le cycle de vie des produits est plus court, la consommation de nouveautés plus rapide.
Les facteurs d’évolution juridiques et fiscaux à noter La loi IPRED, adoptée en Suède, en 2009, qui permet de repérer l’adresse IP des contrevenants, semble avoir des résultats positifs. Au 1er semestre 2009, les ventes de musique en ligne ont augmenté de 57 % et celles des albums, de 9 %.
Une production nationale importante La France est le 3e pays en termes de poids de la production nationale, derrière les États-Unis et le Japon. Ailleurs en Europe, on note une baisse importante de la production nationale (c’est le cas notamment en Belgique). _ 20 L’édition phonographique
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Plusieurs de ces nouveaux acteurs élargissent leurs activités. Les distributeurs numériques ou agrégateurs s’investissent, par exemple, dans le marketing et la promotion et demain, peut-être, dans le merchandising et la gestion des droits. Des opérateurs de téléphonie mobile comme SFR jeunes talents publient des titres sur le Web, s’associent avec des festivals pour l’enregistrement et la représentation, soutiennent le spectacle vivant (retransmission de concert sur mobile, partenariat avec des salles, etc.). Si les médias (télé, radios) diffusent moins de musique qu’avant, ils se positionnent sur les contenus et, eux aussi, sur le spectacle vivant. Une orientation prise également par les plateformes de téléchargement dont certaines, en outre, se lancent dans la production d’artistes (MySpace par exemple). Les éditeurs doivent aussi compter avec la concurrence des tourneurs et des organisateurs de spectacles dont certains contrats incluent la production. Enfin, les blogs (même si certains professionnels relativisent l’impact de cet outil de communication) réalisent un véritable travail éditorial et de promotion.
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Les facteurs concurrentiels
Depuis 2001, époque où est apparu le téléchargement illégal, la branche a réagi : dépôts de plaintes contre les éditeurs de logiciels peer to peer et les internautes pirates, poursuite de certaines plateformes pour violation du droit d’auteur. Pour protéger la profession et s’adapter à l’économie numérique, la réglementation nationale et européenne a évolué. >Mesures juridiques. Une loi Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) a été adoptée en 2006, suivie de la loi Création & Internet créant la Haute autorité de diffusion des œuvres et de protection des droits sur Internet (Hadopi) et instituant un mécanisme de « riposte graduée ». Celui-ci prévoit deux messages d’avertissement aux internautes dans l’illégalité avant une éventuelle sanction. Mais l’application de ces textes est parfois difficile. On a observé que les DRM (Digital Right Management) ou MTP (mesures techniques de protection) mis en place par la loi DADVSI dans le but de limiter le nombre de copies, empêchaient une interopérabilité dans la lecture des contenus. Résultat : ces moyens se sont révélés faiblement pertinents pour la vente à l’unité. >Mesures fiscales. L’idée de faire passer la TVA à 5,5 % n’a pas encore abouti. En revanche, le crédit d’impôt phonographique, en vigueur depuis juillet 2007 et prorogé en 2009, permet aux entreprises de récupérer une part de leurs dépenses de production et de développement à hauteur de 20 %. Un levier pour maintenir la production et l’emploi, tant pour les artistes et les techniciens intermittents que pour les effectifs permanents. La branche souhaite cependant que ce dispositif, complexe dans sa mise en œuvre, soit amélioré afin d’en tirer le meilleur parti.
Interopérabilité Possibilité d’écouter un fichier musical acquis légalement sur tout type de lecteur.
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De nombreux facteurs d’évolution
Une diversification
des activités…
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Un label est une unité créatrice au sein d’une maison de disques, chargée de découvrir des artistes ou dédiée à un genre musical. Sorte d’unité de recherche et de développement, le label regroupe les postes stratégiques (directeur de label, directeur artistique, directeur marketing…).
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Tania et Vincent
Gilles Parnalland/Fotolia
ChloÉ Sadoun
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our faire face à ces évolutions, la branche se réorganise. On observe une diminution des entreprises de plus de 20 salariés (- 44 % entre 2000 et 2007), et ces dernières font l’objet d’une concentration croissante. Des majors achètent des indépendants (ainsi, en 2007, Universal Music a racheté V2 Music Group) et, la possession de catalogues importants devenant essentielle du fait du développement de la musique en ligne, les rachats de catalogues sont légion (Universal Music Group a racheté BMG Publishing). Autre évolution : l’augmentation du nombre de très petites structures. Les entreprises diversifient leurs activités. Certaines investissent dans le spectacle vivant en produisant ou coproduisant des spectacles (pour ce
faire, Warner Music France a pris le contrôle de la société de concerts Jean-Claude Camus). D’autres, afin d’augmenter leurs rémunérations, créent des partenariats avec des fabricants de produits dérivés ou des sociétés spécialisées dans le merchandising. D’autres pistes sont explorées, comme l’insertion de musique dans un film, une publicité ou des jeux vidéo (publishing et synchronisation), qui rapportent également des revenus complémentaires aux éditeurs. Ces activités de l’édition musicale sont développées par les majors et les indépendants les plus importants. La création de plateformes portant le nom du label et permettant une vente directe au consommateur, l’édition de livres, la distribution de vidéos pour le compte de chaînes de télévision font également partie des « orientations ». Cette diversification concourt à une stratégie du « 360 ° », initiée par les majors. Il s’agit pour l’éditeur d’être présent sur la totalité de la filière de la production musicale. Pour cela, il multiplie les modes d’exploitation et les sources de revenus à partir d’un artiste, qui devient le centre de gravité du processus de production et d’exploitation, une « marque » en quelque sorte. « Ingrédients » : le licensing, l’élaboration de contenus vidéo et de supports numériques, le merchandising et l’investissement dans le spectacle vivant…
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De nombreux facteurs d’évolution
… et une réorganisation Philippe Delacroix
des métiers
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es mutations que connaît l’édition phonographique ont bien évidemment des conséquences sur l’emploi et les fonctions au sein des entreprises. Ces dernières années, la branche a dû mettre en place plusieurs plans sociaux et, comme on l’a dit, a perdu 13 % de ses effectifs globaux depuis 2000. La perte a même atteint 25 % chez les majors, principal bassin d’emplois de la branche, entre 2006 et 2008. Cette baisse devrait hélas se poursuivre, les supports numériques générant moins d’emplois que les supports physiques. Une redistribution des fonctions et une évolution des métiers se dessinent. Certaines fonctions support (comptabilité, informatique, contrôle de gestion et des royalties) sont de plus en plus externalisées, parfois hors de nos frontières (en Inde, en République tchèque…). Les fonctions de distribution et de commercialisation, très touchées par la baisse des ventes des supports physiques, connaissent une baisse significative du nombre de salariés. Les effectifs des fonctions artistiques et de marketing-promotion devraient, eux, se maintenir, car ces activités sont rattachées à ce qui constitue le cœur de métier de la branche et qu’elles sont très concernées par la diversification « 360 ° ». Cette « refondation » n’est pas sans créer des problèmes de ressources humaines aux entreprises : reconversion de certains salariés, amélioration des compétences, recrutement.
Outre les évolutions attendues (voir tableau), les phénomènes concomitants de diminution du nombre de salariés et d’un élargissement des activités entraînent un besoin fort de polycompétence. Les équipes devront avoir des compétences transversales dans des domaines clés : maîtrise de l’anglais, recherche de financements créés par l’État, de partenariats, etc., connaissance des nouvelles technologies (supports d’écoute, outils et acteurs de la diffusion), capacité à s’adapter aux évolutions du secteur, créativité marketing aboutissant à des projets originaux. La formation des salariés, le recrutement de nouveaux profils constituent donc des priorités pour la branche. D’où la nécessité d’une politique forte de ressources humaines et de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
L’évolution des métiers Fonctions Métiers Problématique pour les entreprises Métiers Distribution physique Logisticien Reconversion en déclin Magasinier Commercialisation VRP Support Finance, comptabilité, royalties Externalisation
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Yann Orhan
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Métiers en Artistique Directeur artistique Évolution mutation Assistant artistique des compétences et/ou Marketing/promotion Directeur marketing de recrutement Chef de projet Attaché de presse Support Juriste Métiers en Commercialisation Commercial sur support Web Recrutement émergence ou nouveaux supports Distribution numérique Développeur informatique Ingénieur informatique Production son et image Webmaster L’édition phonographique
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pour une mutation réussie
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a profession prépare résolument l’avenir, lequel demeure incertain. Pour réussir son adaptation aux nouvelles donnes, elle a arrêté, sur les propositions du contrat d’étude prospective, une dizaine d’actions qui constituent autant de défis pour demain. Certaines sont déjà des réalités et d’autres, bien engagées. Au cœur des priorités : la formation, une politique forte de ressources humaines et de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
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Artwork/Autrement le design
pour demain
réussie
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Des défis
Pour une mutation
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troisième partie
’après le contrat d’étude prospective réalisé, la situation de la branche peut évoluer selon trois scénarios. Le scénario A, « perte de valeur de la musique enregistrée », a été d’emblée écarté par la profession. Elle privilégie le scénario B, celui de « la mutation réussie ». C’est à partir de ce scénario qu’ont été élaborées les recommandations que l’on verra plus loin. Le scénario C est celui du « déplacement de la valeur ajoutée de la musique enregistrée », sorte d’intermédiaire entre les deux autres. Certains l’estiment « probable ». Mais, nous l’avons dit, c’est le scénario B qui est privilégié, même s’il ne constitue pas un « scénario miracle » et si la bataille est loin d’être gagnée. Quels en sont les postulats ? < L’environnement économique et la réglementation évoluent favorablement. Grâce à l’application de la loi Création & Internet Hadopi, le nombre de téléchargements illégaux diminue. Des outils définis conjointement par la profession et les fournisseurs d’accès à Internet permettent de mieux les contrôler. Les technologies « de contournement » sont limitées. < L’État, défendant la création française, intervient plus largement et aide à la régulation. < Les nouveaux canaux de diffusion et de consommation se concentrent sur des modèles viables et rémunérateurs pour les producteurs. Les modes de diversification et/ou d’accompagnement de l’œuvre musicale (merchandising, synchronisation…) permettent une croissance du chiffre d’affaires. < Les entreprises traditionnelles parviennent à s’adapter aux mutations du marché. Elles maîtrisent les catalogues, confirment leur savoir-faire en matière de production, renforcent leur politique de diversification et leur stratégie du « 360 ° ». Elles anticipent et innovent (prospection efficace des tendances sociétales et des modes de consommation, offre enrichie de supports de consommation répondant à une diversification des marchés…). Elles sont moins nombreuses et reconfigurent leurs équipes. L’édition phonographique
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pour une mutation réussie 2-
Toutes ces conditions réunies devraient permettre une stabilisation de la baisse des emplois (la branche reste toutefois inquiète à ce sujet) et créer « une dynamique des compétences ». Des compétences renouvelées et des profils plus pointus sont indispensables afin de répondre aux besoins dans plusieurs domaines : commercial (pour la distribution numérique), marketing et promotion (pour accompagner l’enrichissement de l’offre et répondre à la diversification des entreprises – nouvelles technologies, stratégie marketing globale, nouveaux outils…). Autres « ingrédients » : une bonne gestion des compétences, un transfert des connaissances et des savoir-faire, une polycompétence permettant de s’adapter aux évolutions du marché et de bâtir des projets originaux…
10 actions clés La profession a retenu 10 actions clés à mener pour réussir son adaptation 1-
Sensibiliser les entreprises à la nécessité d’avoir une politique de gestion des ressources humaines (GRH). Moins d’une dizaine d’entreprises disposent d’un service RH car la branche comprend beaucoup de petites structures. En outre, la passion du métier fait qu’on est moins sensible à cette question que dans d’autres secteurs. Longtemps, on ne s’est pas préoccupé du recrutement, de la mobilité, de la gestion des départs, etc. Ainsi, le recrutement pour les postes artistiques, ceux liés à la promotion et à la communication, s’effectue par cooptation ou par le réseau, ou en faisant appel à des personnes travaillant déjà dans la profession. La mobilité professionnelle est limitée par la taille des entreprises et la spécialisation des compétences. La mobilité externe existe, mais elle n’est pas généralisée. _ 28 L’édition phonographique
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Outiller les entreprises en matière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Il est important qu’elles anticipent les besoins pour pouvoir accompagner les projets stratégiques. Des moyens simples peuvent être mis en place (fiches méthodologiques, formation, conseil, etc.). 4-
Photos Gilles Parnalland/Fotolia
Vers de nouveaux profils et de nouvelles compétences
Mobiliser et professionnaliser les dirigeants de TPE et PME et les responsables RH à la GRH, en mettant à leur disposition une boîte à outils, des conseillers, en favorisant l’échange de pratiques…
Élaborer, à l’échelle de la branche, un dispositif de formation continue permettant de répondre aux défis d’adaptation des salariés aux nouvelles exigences. Cela suppose une analyse de l’offre actuelle et son adéquation aux besoins des entreprises, la mise en place de formations spécifiques, etc. 5-
S’investir plus significativement dans l’orientation de la formation initiale, ce qui permettrait de faire évoluer, ou de mettre en place, des certifications spécifiques. 6-
Mobiliser les salariés pour qu’ils développent leurs atouts d’employabilité, en les rendant davantage acteurs de leur parcours et en les aidant à élaborer des projets professionnels. Il est indispensable de valoriser leurs compétences (en recourant notamment à la validation des acquis de l’expérience – VAE –) et, par ailleurs, de leur proposer en priorité les nouveaux postes avant de recourir aux recrutements externes… 7-
Préparer les mobilités externes en favorisant les passerelles entre la branche et les secteurs qui recrutent. Analyser pour cela les possibilités de « passage » existantes, échanger entre organisations professionnelles, faire intervenir des cabinets de reclassement…
à noter Un observatoire prospectif des métiers et des qualifications de l’édition phonographique a été créé, placé sous la tutelle de la CPNEF/EP et géré par l’Afdas. Son rôle : « assurer une veille sur les métiers et les évolutions du secteur, identifier les changements susceptibles d’affecter le niveau et le contenu des qualifications et fournir toutes informations permettant d’éclairer les partenaires sociaux sur les orientations à donner prioritairement à la formation.
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Étudier les possibilités de mise en commun de postes pointus à temps partagé via des rapprochements d’entreprises, des échanges d’expériences… 9-
Mettre en place un outil de veille et d’alerte sur la situation des entreprises et de l’emploi. 10 -
Ajouter plus explicitement le volet emploi dans les sollicitations adressées aux pouvoirs publics afin d’obtenir d’eux un soutien économique et de régulation. L’édition phonographique
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Des avancées
significatives
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Mon regard/Fotolia
utre la convention collective nationale de l’édition phonographique signée, on l’a vu dans la 1re partie, le 30 juin 2008, par les partenaires sociaux, la branche s’est déjà significativement engagée en matière de gestion des ressources humaines et de formation. Ainsi, l’accord de branche relatif à la formation professionnelle du 15 avril 2006 a été étendu le 9 février 2007. L’objet principal est de définir les objectifs et les moyens de la formation professionnelle continue. Cet accord de branche donne toute leur place aux divers dispositifs et actions de formation (DIF, CIF, entretien professionnel, contrat de professionnalisation…) ainsi qu’au bilan de compétences et à la validation des acquis de l’expérience (VAE). Des accords sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et sur la place des seniors dans l’entreprise ont également été mis en place. L’avenant n° 3 à l’accord de formation prévoit le relèvement du niveau des cotisations de la formation professionnelle continue pour les entreprises de 10 à moins de 20 salariés. En outre, dès avant la conclusion de ces accords, la branche a mis en place une commission paritaire nationale emploi formation/édition phonographique (CPNEF/EP) aux termes d’un accord conclu le 13 avril 2005. Cette commission participe à l’élaboration et au suivi de la mise en œuvre de la politique de l’emploi et de la formation et dispose d’une attribution générale de promotion de la formation professionnelle, en liaison avec l’évolution de l’emploi.
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Le CEP a été su ivi par un Com ité de pilotage le ministère de ci-composé : l’Économie,
de l’Industrie et générale à l’em de l’Emploi, Dél ploi et à la form égation ation profession l e ministère de nelle (DGEFP) ; la Culture et de le Syndicat national de l’édi la Communication ; tion phonogra et ses représen phique (SNEP) tants : Emi Mus ic France, Sony Universal Mus Music France, ic France ; l’Union des producteurs de phonogrammes et son représen français indépe tant : Wagram ndants Music ; l es représenta nts des organi sations syndic salariés : Fédé ales représenta ration Commun tives de ication, Consei Fédération de l, Culture CFD s travailleurs de T (F3C-CFDT), s Industries du et de la Comm Livre, du Papier unication CGT (FilPac-CGT), de l’encadrem Confédération ent - Confédér française ation générale Force Ouvrière des cadres (CFE (FO-SNPEP), Co -CGC), nfédération Fr Chrétiens (CFT ançaise des Tr C) ; av ailleurs les représentants de l’organ isme paritaire collecteur agré é AFDAS.
SYNTHÈSE N° 51
Publiée par la Délégation gé nérale à l’empl et à la formatio oi n professionne lle 7, square Max -Hymans, 7574 1 Paris Cedex 15. Conception et réalisation : Bayard Presse /Senior Expert 18, rue Barbès, 92128 Montrou ge. Rédaction : Pa trick Coudreau . Mise en pages : Richard Giller y et Eric Merki Secrétariat de . rédaction : Mar tine Kanters. Couverture : Ph ovoir/Bib. Imprimé en Fr ance par SACI PRINT Date de public ation : 2010. ISSN en cours.
En réponse au x attentes des partenaires so la Délégation ciaux, générale à l’e m ploi et à la form professionnell ation e a engagé ave c les branches une série d’étu professionnell des sur l’emp es loi et la forma d’études prosp ti o n : les Contrats ectives. Ces tr avaux traduis des pouvoirs p ent la volonté ublics de susc it er des démarc impliquant les hes collective branches et le s s entreprises les politiques pour structure d’emploi et de r ressources hu Le CEP de l’éd maines. ition phonogra phique, à part a été élaboré ir duquel ce document d e synthèse, dre des lieux écon sse un état omique, socia l et organisati et en propose o nnel du secteu une vision pro r spective à l’ho Les nouvelles ri zon 2020. technologies, le « piratage » ventes des su , la baisse des pports physiq ues (CD, DVD) le volume d’aff affectent dure aires des édite ment urs phonogra Diversifier les phiques. activités, crée r des plateform une vente dire es permettan cte au consom t m ateur, se lance dans la straté r plus encore gie du « 360 ° » qui consiste à l’ensemble de être présent su la filière de la r production mu les moyens de si cale… rebondir ne m anquent pas. P et assurer son our s’adapter avenir, l’éditio n phonographiq engagée dans ue s’est un programm e ambitieux q à la formation u i fait la part be et à une politi lle que forte de g des ressource e st ion s humaines.
L’étude dont est tirée cette synthèse a été réalisée par le consortium Ambroise Bouteille et Associés. Cette synthèse n° 51 est publiée par la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle, 7, square Max-Hymans, 75741 Paris Cedex 15. Elle est disponible sur le site
www.emploi.gouv.fr du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi.