N°12
Les fascicules
Plateforme Internationale de l’Éducation Citoyenne
Le travail sur le Sens des Mots une démarche d’émancipation personnelle et collective.
Éléments de réflexion et de méthode
Compilation Julie Banzet
Travail réalisé avec l’appui du Conseil Régional du Nord-Pas de Calais du Conseil Régional de Midi-Pyrénées du Ministère de la Jeunesse et des Sports et de l’OFQJ
Septembre 2007
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Remerciements Ce projet a pu être mené à bien grâce à l’implication continue des partenaires de RECit, dans les groupes locaux de RECit, et dans les associations partenaires. Nous tenons à remercier en particulier : à Paris, Agnès Rigaudière Real et l’association Sur le Pont des Echanges le Monde Change, Monique Bouche, Raymond Allouche, Anne Trillot, Germain Buffeteau pour leur assiduité au travail sur le sens des Mots et une vraie ouverture dans l’expérimentation Denise Mail, Joelle Morel, Marie Dominique Calça , Therezina Lecompère, Kèmi Fakambi, pour leur travail en tâtonnement avec tous les jeunes du Parcours du Citoyen, à Paris et à St Quentin en Yvelines Samir Mebarki , et toute l’association Union Ca crée à Roubaix Sandra Loguercio au Brésil Le suivi et le recul nécessaire pour juger de la justesse de l’action, et des adaptations à proposer tout au long de ce temps d’expérimentation, en 2006-2007, a reposé sur l’investissement des participants aux groupes de travail, qui ont joué le jeu de cette expérimentation collective, malgré les doutes, parfois, et les emplois du temps très chargés. Nous remercions tous les participants chaleureusement, pour leur enthousiasme qu’ils ont apporté à ce projet, réunion après réunion. Nous tenons aussi à remercier particulièrement le président du le Conseil Régional Nord Pas de Calais, et sa vice présidente Mme Ginette Verbrugghe, sans qui ce travail n’aurait pas été possible. Nous remercions également Mr Patrice Charenton pour son soutien au fil des années. Nous remercions aussi l’Office Franco Québécois pour le Jeunesse, et Mr Daniel Camp et Mme Léa Kichlewski en particulier, qui ont appuyé ce projet et ont permis, à travers des rencontres entre les participants de RECit et ses partenaires québécois, le renforcement du réseau dans la durée. Ce répertoire témoigne de la richesse des échanges. Nous remercions enfin le président du Conseil Régional Midi-Pyrénées pour son soutien, après les rencontres de l’éducation citoyenne en 2005 à Toulouse qui ont été un moment fort pour l’articulation de la Plateforme internationale. Ce recueil est le fruit de toutes ces rencontres et collaborations croisées.
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Sommaire Le travail sur le Sens des Mots..............................................................1 Eléments de réflexion et de méthode.....................................................1 Remerciements.......................................................................................3 Sommaire............................................................................................... 5 Un travail en réseau, de l’individuel au collectif..................................9 RECit, un réseau d’acteurs et de lieux porteurs d’éducation citoyenne ...............................................................................................11 Quelle éducation émancipatrice ?.......................................................12 Retrouver le sens..................................................................................13 La question du sens..............................................................................14 Le sens des mots...................................................................................17 Un processus d’élaboration collective.................................................17 Se mettre d’accord sur les mots qu’on emploie dans des contextes différents................................................................................................17 Une expérimentation en groupe pour construire des méthodes adaptées................................................................................................. 18 Apprendre à décrypter le langage....................................................... 19 Le travail sur les mots, une action de conscientisation......................20 Des méthodes adaptées à plusieurs contextes ....................................21 Diversifier les publics...........................................................................22 Apprendre à écouter et prendre du recul............................................ 23 Faire des ponts entre des histoires personnelles.................................25 Visualiser la complexité d’une situation.............................................25 Laisser fuser les idées pour synthétiser ensemble.............................. 26 5
Quelques éléments de méthodes..........................................................28 Une exigence de qualité.......................................................................28 La gestion et l’animation des groupes................................................ 29 Equipes de travail, répartition des tâches pour le suivi d’un groupe 30 Quelques Définitions........................................................................... 32 Aménagement du territoire .................................................................34 Bassin de vie.........................................................................................35 Bénévole, ............................................................................................. 35 Cité .......................................................................................................36 Citoyen..................................................................................................36 Coopération..........................................................................................36 Croissance ........................................................................................... 36 Démocratie........................................................................................... 40 Discrimination .................................................................................... 43 Education............................................................................................. 45 Fraternité............................................................................................. 45 Habitant/Résident................................................................................ 45 Humanisme.......................................................................................... 46 Identité .................................................................................................48 Interculturel /Multiculturel/Pluriculturel ..........................................48 Multiculturel........................................................................................ 50 Participation.........................................................................................50 Pluriculturel.........................................................................................51 Propriété, Propriétaire ........................................................................51 Résident................................................................................................ 52 Révolution ........................................................................................... 52 Social.................................................................................................... 57 6
Société Civile........................................................................................57 Société solidaire................................................................................... 63 Territoire.............................................................................................. 64
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Un travail en rÊseau, de l’individuel au collectif
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RECit, un réseau d’acteurs et de lieux porteurs d’éducation citoyenne « Personne n’est l’éducateur de quiconque, personne ne s’éduque lui-même, seuls les hommes s’éduquent ensemble, par l’intermédiaire du monde. » Paolo Freire RECIT (réseau des écoles de citoyens) est né en octobre 2002 d’une prise de conscience : la transmission de la citoyenneté aux nouvelles générations ne se fait plus que très partiellement. Une contre éducation permanente est développée par l’éducation, la publicité, la marchandisation de toutes chose. Celles-ci font l’apologie de l’intérêt individuel, de la violence et de la compétition et préparent de très graves problèmes pour l'avenir de la démocratie. La question fondatrice de RECIT est la suivante : « comment répondre aux enjeux qui nous attendent et construire un monde à finalité humaine ? Que faire pour que chacun puisse être acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire ? » RECIT constitue un réseau d'échanges, de recherche et d'action commune, largement informel, qui permet à chacun de sortir de son isolement et de se situer dans un mouvement d'ensemble. RECIT est en lien aujourd'hui avec 3200 personnes et 300 organisations, en France, au Québec, au Brésil, en Suisse et dans plusieurs autres pays. Participent à RECIT des collectivités, la plupart des mouvements d’éducation populaire, au niveau des fédérations ou d'associations locales, des réseaux de développement local, des réseaux d'éducation à l'environnement, des mouvements éducatifs, des mouvements citoyens, des associations de parents, des mouvements de consommateurs, des réseaux tournés vers les échanges internationaux, la petite enfance et le lien social , des mouvements de jeunes, le scoutisme. Ces initiatives se révèlent largement convergentes dans l’esquisse d’une société plus solidaire. Nombreux sont ces acteurs de terrains qui viennent dans RECit pour prendre du recul sur leur travail et mutualiser des pratiques et des outils. L'objectif est de mieux se connaître et d’apprendre les uns des autres, de faire connaître la variété et la richesse des actions réalisées, de dégager les méthodes porteuses d’une éducation émancipatrice : méthodes pratiquées en matière de relation interactive et de participation, d’autonomie et de construction de soi, de participation et de relation, d’élaboration et conduite de projet, de travail sur les comportements et les valeurs.
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Quelle éducation émancipatrice ? Depuis 2002, RECIT travaille autour de la question : « comment répondre aux enjeux qui nous attendent et construire un monde à finalité humaine ? Que faire pour que chacun puisse être acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire ? » Nous appelons « école de citoyens » toute instance, que ce soit ou non son objet principal, qui permet à chacun d’être acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire. Pour cela, nous estimons que chacun doit pouvoir : • Comprendre les grands enjeux du monde d’aujourd’hui, du mondial au local, • Approfondir les principes communs qui fondent l’action collective (laïcité, dignité, bien commun, souci du long terme, unité et diversité, réciprocité, coopération, démocratie, etc…), à travers les raisons d’agir de chacun et la diversité des actions, • Travailler sur les comportements en accord avec ces valeurs (lucidité, écoute, partage, respect des différences,) afin de pouvoir construire et participer, • Développer des méthodes, des outils, des savoir faire pratiques (s’informer, animer, monter un projet, communiquer,…). L’émancipation, c’est aussi toucher chacun au plus profond, l’éveiller, et lui donner le goût de progresser. Cela repose sur la relation, sur l’apprentissage d’une relation de réciprocité. Le travail sur les mots permet d’articuler profondément une démarche d’apprentissage et d’éducation tout au long de la vie, à travers l’apprentissage de l’écoute et de l’expression, avec un questionnement radical sur la société d’aujourd’hui, et le pouvoir des mots, à travers les médias notamment.
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Retrouver le sens
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La question du sens Les trois sens du mot sens Dans le dictionnaire, le mot sens a plusieurs sens : • ce qui permet de sentir (du latin sensus = action de sentir). Ce à quoi se rattache le bon sens, ce qui permet de juger sans passion. • un ensemble intelligible d'idées, représentées par un signe. (Sens = signification). • un mouvement orienté, représenté en mathématique par un vecteur avec une origine, une direction, une intensité. (du germain sinno = direction). Ce à quoi se rattache "l'évolution a un sens" Les trois sens du mot "sens" se mêlent ici, car dans une perspective historique la signification qu'on peut donner après coup à un événement dépend de la façon dont il aura orienté le cours de l'histoire. Se pose aussi la question du sens comme cause première : le monde répond-il à une signification déterminée, va-t-il dans une direction en fonction d'une volonté extérieure, d'une intention divine ? ou bien est-il d'abord un non sens, ou un produit du hasard et de la nécessité ? Le sens ne va pas de soi. Il échappe, il ne se constate qu'après coup. On agit toujours avec une intention. Mais pour autant le sens d'une action, d'un acte commence par échapper en partie, parce que les conséquences de ce que nous faisons sont pour une part inconnues. Le sens collectif n'est pas épuisé immédiatement. On ne perçoit pas la portée de ce qu'on fait au moment où on participe à une révolution. Il faut pour cela un peu plus de conscience, de lucidité, de recul historique. Il faudrait vivre un siècle et demi pour bien comprendre ce que nous faisons ici. Cela ne doit pas empêcher d'agir en fonction de ce que nous percevons aujourd'hui, car le sens n'échappe pas complètement. Nous pouvons pour une part évaluer les conséquences de nos actes, au delà des intentions, à condition d'élever notre niveau de conscience. S'agissant de la vie individuelle, le sens, là non plus, ne se révèle pas immédiatement. Chacun a pu éprouver des moments dans sa vie où un certain recul lui permettait de discerner le sens de dix années d'expérience antérieure. Le débat et le travail en commun permettent "d'y voir clair", de mieux dégager le sens de nos actions individuelles, et de renforcer nos énergies. Nous avons besoin d'enraciner notre action dans une signification partagée. Le sens ne se saisit que dans la durée et avec un désir. Le sens ne se confond pas avec l'action immédiate. Les expressions "espérer", "continuer à croire", "être fidèle à ses convictions" sont utilisées même si l'action est 14
décevante. Il s'agit alors d'une direction dans laquelle il faut persévérer au delà des désillusions, des déceptions et de l'injustice. Le sens ne peut se déduire de la seule analyse scientifique de la réalité. Il s'appuie sur le réel, une analyse de la situation, et un désir, ce à quoi on désire contribuer. Le sens résulte à la fois d'une lecture du monde (signification) et une projection, un projet sur le monde (direction dans laquelle on va). Ce travail de recherche du sens est à la fois individuel et collectif.
Une multiplicité d'interprétations Les témoignages de vie montrent la diversité des positions par rapport à la question du sens. Un travail préalable sur cette question1 a montré quatre entrées dans la question du sens, qui renvoient en schématisant à trois représentations du monde : • Pour les premiers, le sens est une recherche. Il se dévoile "a posteriori" dans un principe de réalité, dans les actes posés par les hommes et par une interprétation de l'existant. Ce qui est premier dans ce cas, c'est le projet, l'action. La lecture et le déchiffrage du sens viennent dans un second temps. "La vie prend sens dans nos actes". • Pour d'autres, depuis le big-bang jusqu'à l'homme d'aujourd'hui, on constate un principe de cohérence, de complexification croissante. Sans pouvoir résoudre la question de l'origine de cette évolution, l'aspiration à un avenir meilleur se place dans la flèche de cette évolution. • Pour un troisième groupe, où l'on retrouve les grandes religions, le sens est donné par la foi en une transcendance, accessible à travers une révélation ou un éveil. Le sens est révélé à l'homme par l'ouverture à une vérité qui se situe au delà de lui même et au dedans de lui-même Ces réponses sont fortement déterminées par l'environnement culturel. Les religions instituées, garantes de l'ordre du monde, ont traduit cette relation à une transcendance en valeurs éthiques et en règles morales. Chacun a appris une langue maternelle du sens2 qui toute sa vie restera pour lui une référence (acceptée, modifiée ou rejetée). De ce fait, dans le dialogue, la compréhension n'est pas toujours simple parce que chacun a hérité de son histoire des réflexes de défense face à l'autre conception des choses, ce contre quoi il a construit ses convictions. Le dialogue permet de relativiser chacune des représentations, de leur enlever leur aspect totalisant et exclusif, pour laisser exister les autres, ce qui représente une remise en cause non négligeable et déplace le statut de la vérité. La pluralité (laïcité) ainsi entendue place la question du sens dans le domaine de la conscience de chacun. Un tel dialogue est nécessaire pour mener dans la clarté des actions communes, tout en préservant la liberté de chacun au plan des convictions personnelles.
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Pourquoi agissons nous ? Travail réalisé pendant un an dans le cadre du Cercle Condorcet de Paris, en s'appuyant sur 8 histoires de vie d'inspirations différentes, en 1999-2000 2
Selon l'expression de Bernard GINISTY 15
Le sens est lié à la cohérence entre la pensée et l'action Peut-on rester sans agir dès lors qu'on a conscience de ce qui est préférable ? Celui qui se croise les bras se soustrait à ses propres aspirations. Peut-on prétendre souhaiter quelque chose et agir négativement contre elles ? Le principe de cohérence consiste à mettre en pratique ce dont on a conscience. Évidemment, beaucoup ne le font pas, parce que le confort de l'inaction l'emporte sur l'inconfort de l'incohérence. Chacun d'entre nous est à la fois porteur de sens et de non sens. Cette séparation est aussi celle qui distingue la vie de la survie. Cela permet de définir le mot "devoir" de deux manières : • obligations découlant de la participation à un groupe, contrepartie des droits collectifs et de la qualité de citoyen. • mise en conformité de ses actes avec la conscience qu'on a du monde et de ses possibilités d'agir pour répondre aux besoins ressentis. Le premier sens oblige, le second sens conduit. Il conduit souvent à aller au delà du seul respect de ses obligations. Mais ce mouvement relève de la conscience et de la liberté individuelle. Dans ce second sens, les devoirs ne peuvent être que ceux qu'on s'impose à soi même, et non ceux qu'on impose aux autres.
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Le sens des mots Un processus d’élaboration collective Nous développons dans RECit des outils qui sont ensuite réutilisés et transformés au sein du réseau, pour permettre à chacun d’aller plus loin dans ces démarches d’éducation citoyenne. Le travail sur les définitions proposé ici visait donc à permettre aux associations locales membres de RECit de s’appuyer sur un outil d’échange et de débat pour favoriser des rencontres et des réflexions, puis, au sein de RECit, de confronter ces réflexions à d’autres contextes et d’autres groupes pour les enrichir. Parmi les 300 associations qui travaillent en lien avec RECit, certaines ont exprimé le désir d’aller plus loin dans les réflexions avec les publics avec lesquels ils travaillent, et de pouvoir échanger avec d’autres personnes vivant dans des contextes différents, pour croiser les points de vue et les enrichir. Nous avons donc souhaité faire l’expérience d’un projet qui pourrait rassembler les jeunes dans des lieux différents, pour les inviter à participer au travail de RECit sur la citoyenneté.
Se mettre d’accord sur les mots qu’on emploie dans des contextes différents Pour rester une force vive à l’image de la diversité du monde actuel, RECit a considérablement besoin de s’ouvrir à des points de vue jeunes, et à des contextes locaux, qui permettrait d’enrichir les réflexions déjà élaborées sur le monde d’aujourd’hui. Mais si nous nous réunissons ex-abrupto pour échanger avec des publics d’horizons très divers, nous risquons de graves contresens si nous n'avons pas défini le sens des termes que nous utilisons, dans nos différents contextes. En effet, souvent, au cours d’un débat ou d’une réflexion, les mots sont chargés de significations qui varient en fonction de chacun, de sa culture, de son vécu. Ces différences sont parfois un frein à l’élaboration collective, car elles empêchent d’avancer à cause de malentendus de vocabulaire. A RECit, nous avons donc appris 17
que comme préalable à tout échange multiculturel, il est nécessaire, pour se comprendre, de se mettre d’accord sur le sens de certains termes. Plus qu’une étape permettant la compréhension, ce travail de réflexion et d’élaboration de définitions collective peut devenir un support très riche à des réflexions construites ensemble. En esquissant ce travail avec nos partenaires Québécois au sein de la même langue, en 2005, nous avons découvert que ce retour aux mots, ce travail sur les définitions de chacun, permettait d’élaborer ensemble des réflexions sur ce que nous faisons, rêvons, sur nos projets de sociétés, sur nos différences et ce qui nous rassemble. En partant d’un travail très ciblé, sur une définition ou un mot, on arrive progressivement à construire un panorama de ce que nous sommes et voulons être, individuellement et collectivement. L’idée de cette expérimentation est née lorsque, lors de plusieurs réunions, nous nous sommes rendus compte que souvent nous ne mettions pas les mêmes choses sous les mêmes mots. Des mots clé pour les uns, peuvent être les mots ennemis de autres. Ceci crée alors des malentendus, voire des conflits, alors même que nous pouvons être d'accord sur la réalité commune, les valeurs, que ces mots différents recouvrent. Beaucoup d’écrits ont été produits, dans différents réseaux et groupes de travail, sur cette question du sens des mots. De nombreux lexiques existent, et autres travaux montrant la difficulté de se comprendre et l’importance de bien définir les termes que nous utilisons pour travailler ensemble pour mieux nous comprendre. Au sein de RECit, ce travail a donc été utile, pour pouvoir, dans un contexte où les mots sont souvent détournés ou vidés de leur sens, repréciser qu’est-ce que veulent dire pour nous, à RECit, des notions phares comme « citoyenneté » ou « démocratie ». Il ne s’agit pas de coquilles vides, mais de vraies fondations à notre réflexion et à notre travail communs. Il était donc important de bien asseoir ces fondations collectivement avant de s’adresser à d’autres interlocuteurs.
Une expérimentation en groupe pour construire des méthodes adaptées Mais au-delà de cette production, nous avons beaucoup insisté sur le fait que les mots, en eux-mêmes, n’étaient que des enveloppes. C’est celui qui les emploie qui leur donne vie, bien évidemment, et les fait évoluer. Notre démarche a donc aussi permis de préciser un outil d’échange et de réflexion pour aller à la découverte de l’autre et pour approfondir notre travail. Savoir écouter le point de vue de l’autre, dans une mise en question et une écoute réciproque. Comme dans l’histoire des fourmis qui ne voient que le pied ou l’oreille de l’éléphant et assimilent la partie à la totalité de l’animal, il nous faut apprendre que nous notre perception ne nous donne accès qu’à des fragments d’une réalité complexe. L’élaboration collective est un cheminement vers une vision plus complète de la réalité 18
Il s'agissait bien de mettre au point un outil de réflexions en petit groupes et d'échanges, autour de mots donnés, en comparant et faisant d’éclairer mutuellement les spécificités que nous donnons à chaque terme. Cette action cherchait à déterminer comment l’échange et la réflexion collective en petit groupe autour de concepts de base pouvait réunir des jeunes, les encourager dans la structuration d’une identité individuelle et collective, et être une étape vers un engagement associatif durable tenant compte des formes spécifiques d'expression et de mobilisation, qui ont évolué par rapport aux formes classiques de l'engagement associatif. Cette méthode a continûment été évaluée pour permettre de juger de sa validité, et la proposer à d’autres partenaires. Il ne s’agit pas de fournir des recettes « clés en mains », mais de donner des points de repères pour agir, de permettre à chacun d'inventer ses propres solutions, à partir de ses savoirs, de ses questions et des échanges entre acteurs. Il s’agit aussi de mieux identifier les difficultés et les obstacles, intérieurs et extérieurs, qui freinent les démarches porteuses d’éducation citoyenne, pour mieux les dépasser.
Apprendre à décrypter le langage Les histoires, les convictions, le langage du sens sont très différents selon les personnes, les groupes et les organisations. Les convictions philosophiques ou religieuses mettent l'accent sur tel ou tel aspect, avec un vocabulaire spécifique. L’objectif a été aussi de donner des pistes pour déchiffrer, décrypter des discours, des images, des langages, et apprendre à assouplir nos points de vue, dans différents contextes. Les mots ont une histoire collective: ils peuvent être utilisés, manipulés, puis vidés de leur sens, et récupérés. Ils peuvent être à la mode puis tomber en désuétude. Les mots sont un fort instrument de pouvoir. Un vocabulaire technique ou trop obscur exclut les personnes qui ont moins l'habitude de jongler avec les mots. Ces personnes se sentent perdues, elles ne peuvent pas participer, ou se sentent inférieures et inaptes à donner leur avis. Une réflexion sur les mos que nous employons sont une étape incontournables à des réflexion sur la participation de tous. Cela apparaît très nettement aussi dans l'utilisation des mots pour manipuler. Dans la publicité, de façon évidente, mais aussi dans les médias, dans le discours des politiques, les mots peuvent paraître signifier quelque chose et signifier tout autre chose. A l’université d'été de RECit en 2005, nous avons beaucoup insisté sur le fait qu'il fallait aiguiser notre regard et notre vigilance pour apprendre à décrypter les textes officiels et les informations. C’est une priorité pour l’éducation citoyenne aujourd’hui, pour donner à chacun les armes pour comprendre le monde. A l’inverse, en apprenant à les utiliser, en rentrant dans ce jeu subtil du langage, les mots peuvent devenir un incroyable moyen de pression. Travailler sur le sens des mots amène à réfléchir à notre capacité d'action. 19
Le travail sur les mots, une action de conscientisation Les participants du projet sont chacun sur un chemin personnel, avec des objectifs personnels différents. Ces cheminements se croisent au cours des réunions et interagissent les uns sur les autres. A travers cette expérimentation, nous distinguons deux intérêts majeurs de la démarche: • Pour les participants, un temps fort de conscientisation de six mois ayant un impact sur leur façon de raisonner, pouvant déboucher, à court ou à long terme, sur un engagement citoyen. • Pour RECit et ses partenaires, il permet de préciser les voies et les méthodes de préparation des jeunes à l’action citoyenne. Les participants ont acquis à travers le projet la capacité à trouver une place plus active dans la cité, s'engager dans une action citoyenne, associative, voire syndicale ou politique. Pour certains, ces 6 mois ont été un temps de sensibilisation à la possibilité d'un engagement citoyen (et pour ceux là il serait souhaitable de poursuivre leur accompagnement), pour d’autres, c’est une aide pour mieux orienter leur projet de vie, ou réaliser leurs projets.
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Des méthodes adaptées à plusieurs contextes L’autonomie des groupes de travail pendant cette période d’expérimentation a permis de voir comment un travail qui partait d’un même volonté de définir collectivement des mots, permet de répondre
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Diversifier les publics Constitution des groupes, recrutement des participants Comme dans chaque groupe de travail, l’animateur du groupe présente le projet dans son association locale et invite les participants potentiels à participer. Le public visé au départ peut être amené à évoluer à la demande de membres des associations. Par exemple, dans le Parcours du Citoyen, pour permettre aux animateurs qui ressentent le besoin de prendre du recul dans leur travail quotidien de participer à l’expérimentation, nous avons élargi la tranche d’âge des participants (18-25 à 18-35 ans). Le choix correspond bien à la volonté de RECit de travailler sur un parcours tout au long de la vie. Pour ce travail sur le sens des mots, nous avons voulu renouveler l’espace de discussion au sein de RECit. Il était important de tenter de favoriser au maximum, sur un même territoire, l’hétérogénéité des groupes, pour éviter que les participants se connaissent tous, et garantir une richesse du débat. Pour permettre cette grande diversité, des liens peuvent être faits avec d’autres acteurs locaux – lycées, missions locales, clubs de prévention – pour toucher une grande diversité de publics dans des lieux différents. Cette démarche, testée sur plusieurs projets de RECit, s’avère très prenante. Il ne faut pas la négliger dans le calendrier du projet, et lui consacrer plusieurs mois en amont du projet. En conclusion de l’année de travail, des jeunes investis dans le groupe cette année ont suggéré d’aller eux-mêmes à la rencontre d’autres jeunes pour leur parler de leur expérience, et leur expliquer ce que cela leur a apporté. Cela semble une façon beaucoup plus judicieuse de toucher de nouveaux publics, en passant par une méthode peer-to-peer (le savoir et l’expérience passe entre des personnes de mêmes « statuts », âge ou catégorie sociale). Difficulté de mobiliser sur la durée Cependant, il reste souvent difficile de mobiliser des participants sur la durée. Le bilan reste par ailleurs encore mitigé quant à la diversité des participants. La plupart des participants qui ont poursuivi toute l’année avec nous étaient surtout des « habitués » des organisations partenaires. Il reste difficile de toucher des publics peu mobilisés. Nous pouvons distinguer trois raisons principales, liées aux organisations en contact avec ceux-ci. Le temps Il a fallu du temps pour obtenir la confiance des structures en contact direct avec les participants potentiels. Ce sont eux qui peuvent donner aux jeunes l’envie de participer à ce genre d’initiative. C’est l’aide de certains acteurs très investis et le bouche-àoreille qui ont permis de constituer les groupes de participants, notamment grâce aux jeunes déjà inscrits qui ont relayé autour d’eux ou sont venu avec des amis. 22
Les représentations Le concours de ces organisations a de plus nécessité une évolution des représentations qu'elle se faisait des jeunes. Nous avons découvert que beaucoup de structures se forgent une image partielle des jeunes, en fonction des missions qui sont les leurs. De ce fait, certaines ont tendance à décider à la place des jeunes de leur envie ou non de s’engager. Une part du travail consiste donc à mener, avec les acteurs locaux, un travail qui permet de dépasser les stéréotypes et sortir des clichés, notamment ceux concernant les jeunes et les publics en difficulté.
Apprendre à écouter et prendre du recul Dans le groupe de Paris, l’objectif de ce travail sur les mots était d’apprendre à écouter le sens qu’un même mot peut avoir pour plusieurs personnes. Cette méthode permet aux participants d’apprendre à mieux formuler leur ressentis et leurs idées. Travailler sur le sens des mots est un moyen de relativiser nos propres représentations, en apprenant à dialoguer sur certains mots, qui n'ont pas le même sens pour les uns et pour les autres. Un travail sur l'écoute, sur la comparaison de nos définitions, en pensant avec le cœur et avec le vouloir, en croisant les points de vue, permettra d’avancer dans la construction d’une intelligence collective. Enfin, travailler sur les mots qui nous sont chers est un moyen très simple et modulable de faire le lien entre nos valeurs, les idées qui nous sont chères, et la façon dont nous leur donnons corps au quotidien. Un outil pour tester la cohérence entre le faire et le dire. C’est un petit outil très anodin qui peut nous amener très loin dans la réflexion sur ce que nous sommes et sur nos pratiques, individuellement et collectivement. Ainsi une participante témoigne qu’elle a pu structurer de nombreuses idées qui l’ont ensuite permis de mieux ancrer son travail social, au quotidien, dans des contextes parfois difficile où le sens semblent nous échapper. Cette méthode a du sens sur la durée, avec des groupes stables, qui permettent à la confiance de se construire, à chacun de construire sa parole et apprendre à écouter celle de l’autre. C’est un espace de recul sur le quotidien. Cet outil pourra être testé davantage et utilisé lors de réunion d’équipe dans nos organisations, par exemple, pour systématisé un temps de respiration, un temps de réflexion sur le sens de notre action, un temps de réflexion sur la cohérence entre le faire et le dire. Fréquence des réunions Les groupes seront constitués d’une dizaine de participants, pour permettre à chacun de s’exprimer sans peur d’être jugé, et de véritablement écouter la parole de chacun. La fréquence des réunions est à définir collectivement, en fonction des emplois du temps. Des réunions trop espacées tendent à démotiver les troupes, alors que des 23
réunions trop fréquentes essoufflent. Un juste milieu est à trouver en fonction des contextes. Les participants pourront se réunir une fois tous les mois pendant une demi-journée ou une soirée pour débattre autour d’un mot défini par le groupe à la fin de la séance précédente. Ce travail sera amorcé dans le groupe, puis évalué avec les participants après chaque séance. En fonction des remarques apportées, d’autres façons de procéder peuvent être testées avec les participants, variant selon les groupes. Méthodologie de travail Il a été proposé que l’un des participants soit chargé, à chaque fois, de faire une recherche approfondie sur un mot pour la présenter aux autres. Cette recherche se présentait sous la forme d’un texte d’une page environ. La méthode des séances s’articulait en six étapes : - S’approprier le travail préliminaire, qui correspond au sens « objectif » de l’élément étudié. Après lecture, chacun était invité à se positionner par rapport à ce texte, très brièvement. - En parallèle du travail préparatoire, dire chacun en quoi ce mot nous touche, par un exemple dans son histoire personnelle, en essayant de parler avec sincérité et avec son cœur. Ce temps permettra de voir comment nous nous sommes réapproprié ce mot. - Un débat libre pour venir préciser un sens commun ou des divergences, par exemple autour de thématiques telles que * Définir en quoi ce mot est important dans nos valeurs/ notre mission, et voir comment nous le mettons en œuvre au quotidien (travail sur la cohérence Dire/Faire) * Réfléchir à comment ce mot est utilisé dans les discours comme moyen de pression/de manipulation, et ce que cela traduit - Conclure sur les points importants qui doivent figurer dans notre définition de ce mot - Faire un point sur le déroulement de la réunion : est-ce que chacun a pu s’exprimer ? Est-ce que ce travail a été utile ? Comment l’améliorer ? - Choisir le prochain mot et déterminer qui se charge de produire la définition préalable. Il est apparu bon, à la fin de chaque séance, de faire un point sur les convergences qui semblent apparaître. Cela pouvait aussi se faire par écrit, avec des documents qui venaient reprendre les différents points et dégageait certaines lignes. Après chaque séance, un rapporteur était chargé de synthétiser les dires des uns et des autres. Ce document était ensuite repris en début de séance suivante pour l’approfondir, avant de passer au mot suivant.
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Faire des ponts entre des histoires personnelles Le mot est mémoire : sous une enveloppe qui semble, à première vue avoir une signification objective, commune à tous (celle du dictionnaire), il a un contenu affectif, culturel, historique, personnel. Le sens des mots évolue au cours de notre vie. Venant de notre enfance, les mots sont un lien entre l'adulte et l'enfant que nous portons en chacun de nous, et représentent donc des clés pour faire le lien entre notre rationalité et la partie la plus intime de nous même. Certains mots sont aussi des clés, des échelons de notre propre construction, par leur symbolique et la façon dont ils nous définissent. Cette méthode permet une grande connaissance de l’autre, et un travail sur soi en profondeur. Elle demande cependant, comme la précédente, un grande confiance dans le groupe, et correspond davantage à des groupes de parole et d’échange hors travail, car les sujets abordés peuvent parfois être assez intimes. Méthode de travail Une méthode sur la durée propose à chaque participant d’amener un mot qui lui est cher ou lui pose question en fonction de ce qu’il a vécu récemment. Chacun a un temps donné pour s’exprimer – par exemple 5 ou 10 minutes – pendant lequel les autres ne peuvent pas l’interrompre. Ils peuvent éventuellement l’aider à s’exprimer par des questions, mais ne peuvent pas réagir. On passe ensuite au participant suivant et à son mot. L’ensemble de ces mots est ensuite repris, un par un, pour voir comment ils se traduisent dans notre vie quotidienne, résonnent par rapport à notre travail ou à un besoin de cohérence entre ce qui et dit et ce qui est fait.
Visualiser la complexité d’une situation Une méthode vise à encourager l’esprit de synthèse des participants. Elle peut servir à introduire des journées de travail, et est parfaite pour permettre aux gens de se connaître vite, et de commencer à se questionner sur un thème. Utilisé dans un contexte de travail, dans un projet par exemple, le travail sur le sens des mots pourra être utilisé pour des groupes qui se rencontrent, pour se connaître. Qu'est-ce qui est important pour toi derrière ce mot, qu’est-ce que cela traduit de ta culture, de tes luttes: d'où vient ce mots, pourquoi est-il important pour moi, qu'est-ce que ces mots différents révèlent de diversité et de richesse? Autour d’un mot, apprendre à écouter les divergences, à les respecter, et tenter de voir où peut se situer la convergence, le cas échéant. Un outil pour l’élaboration collective. Ainsi, pendant le parcours du Citoyen, les groupes ont élaboré plusieurs définitions collectives de quelques mots-clé (Identité, Fraternité,…). Dans cet exercice, ce n’est pas le résultat qui importe mais le processus. L’objectif est de structurer la pensée technique et d’être en posture de comprendre et d’agir. Le groupe cherche à arriver à une définition commune consensuelle au cours de la séance. 25
C’est l’occasion de débats où chacun apporte son point de vue, et contribue au travail collectif. On réalise ainsi que chacun ne met pas les mêmes choses sous un même mot. Un temps d’échange court en petit groupe pour synthétiser Les participants sont répartis en petits groupes de trois à quatre participants, ce qui permet à chacun de s’exprimer, malgré les difficultés de langue notamment. Les consignes, élaborées collectivement, sont les suivantes : •
donner un temps, tant de minutes par mot pour définir
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choisir un gardien de la parole
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choisir un gardien du temps
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le rapporteur est aidé par le groupe pour faire la synthèse
•
définition un mot en 2 lignes.
Au bout de 45 minutes, les groupes se retrouvent et partagent leur définition, qui sont toutes notées sur un tableaux communs. Un débat tentera de mettre en évidence les convergences, les interrogations qui s’élèvent, etc.
Laisser fuser les idées pour synthétiser ensemble Une permet d’aboutir à la synthèse d’une réunion riche, ou à l’établissement de fondation pour un travail en commun, à travers quelques mots qui permettront ensuite à chacun de s’en retourner avec une vision globale de ce qui a été dit et partagé. Autour d’une idée, d’un débat qu’on veut résumé, d’une situation vécue qu’on veut traduire, on demande à chaque participant de proposer un ou plusieurs mots qui pour lui traduit synthétiquement cette idée ou situation. Il peut y avoir plusieurs mots pour permettre de nuancer son propos, mais il faut donner un seul mot à chaque fois. On peut aussi proposer de donner un verbe, ou un contraire, ou un synonymes, etc. La confrontation de tous ces mots permet d’avoir une vision multiple d’une même situation, et d’aboutir éventuellement à une synthèse qui tienne compte de l’opinion e du ressenti de chacun. Proposer des mots et chercher les convergences Ce travail peut se faire par oral, avec une personne qui note sur un tableau commun l’ensemble des propositions, et propose des regroupements entre les mots. Ceci peut prendre un certain temps, et demande beaucoup de doigté pour que les participants n‘aies pas l’impression qu’on simplifie leur idée pour la réduire à celle d’un autre. Autre méthode, avec des post-it/ petits papiers, où chacun note ses idées et qu’il ira ensuite coller au tableau, en essayant de le mettre près d’un mot déjà affiché exprimant la même idée
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Cela pourra être utilisé en préliminaire d’un travail plus vaste, pour définir les termes qui seront utilisés lors de l’étude ou de l’action, pour poser l’action sur des fondations fermes de réflexions et de connaissance de ce qui a été fait et pensé dans le passé.
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Quelques éléments de méthodes Une exigence de qualité Un difficile suivi dans la durée Dans le cas d’un travail sur la durée, avec un groupe qui se retrouve régulièrement, la principale difficulté, alors même que chaque rédacteur a un agenda à respecter dans sa vie quotidienne, et que les contacts entre nous se font presque exclusivement via Internet, est de respecter les délais auxquels chacun s’engage. Il s'est vite avéré que d'un accompagnement individualisé entre les sessions est nécessaire pour éviter les découragements, résoudre les difficultés d'organisation, donner à certains plus d'estime de soi. Cela a nécessité de la part de l'équipe d'animations une disponibilité et une écoute des attentes des participants, mais aussi leurs difficultés et leurs doutes. Par exemple, quand une jeune estime ne pas être capable de suivre le projet parce qu'elle ne se sent pas au niveau des autres, il est important de passer du temps avec elle pour la rassurer. Quand un jeune a oublié de venir à une réunion, il est nécessaire de reprendre contact avec lui pour raccrocher la relation. Il faut parfois expliquer plus en détail le pourquoi et le comment du programme, et écouter les motivations du participants. Un travail en profondeur Une grande difficulté, pour un travail de qualité, a été d'apporter aux définitions et aux commentaires le recul et la réflexion nécessaire pour faire comprendre ce dont on parle. Cela suppose d'interpréter, de remonter aux causes des situations et pas seulement de décrire, et d'éclairer le lecteur sur les différentes conceptions liées à l'usage de termes. Un long apprentissage L’apprentissage du débat est en soi une difficulté… et un intérêt de ce travail dans la durée ! Comment construire un débat constructif sans perdre son idée, tout en suivant les idées des autres ? 28
Il est par exemple utile de noter sur un papier ses réactions. Apprendre à entendre quand quelqu’un dit la même idée que celle qu’on voulait exprimer, et ne pas la répéter – nous ne sommes pas là pour nous valoriser, mais pour construire ensemble, les idées nous appartiennent à tous. Respecter les silences. Faire des synthèse de ce qu’on a entendu, en proposant des reformulations.
La gestion et l’animation des groupes L’évaluation doit être présente tout au long du projet, pendant les réunions, avec les participants, puis éventuellement par mail et réunions (téléphoniques et sur place) entre les animateurs, le comité de Suivi, les observateurs, tous réunis dans le Comité de Pilotage. Une séances finale avec les participants permettra de faire le point avec eux sur le projet, et d’évoquer les suites : projets à suivre, recherche de nouveaux participants pour les groupes constitués qui voudraient poursuivre sous la même forme. Le suivi des groupes travaillant autour des mots a fait apparaître une série de difficultés. L’importance des règles et du cadre Un mot, une parole n’existe pas dans l’absolu. Ils sont fonction du lieu où ils sont prononcés, de la posture de celui qui les prononce, et de l’auditoire. C’est en ce sens qu’il est essentiel de savoir dans quel cadre on parle et échange. Il s’agit déjà de connaître les publics et les interlocuteurs auxquels on s’adresse. Connaître ses besoins, ses attentes, ses références. Cela n’a pas besoin de toujours être mené de façon formel, mais peut se faire par tâtonnement, en s’assurant par les signes non verbaux, ou par la reformulation et l’écoute que l’autre a compris et participe au dialogue. Il nous faut aussi questionner nos propres attentes, nos propres postures. Dans un débat, pourquoi l’organise-t-on : est-ce pour donner aux participants de nouvelles armes pour devenir acteur de leur vie, sommes nous dans une posture émancipatrice pour nous et pour les autres ? Ou nous contentons nous de consommer (,) et d’offrir à consommer ? Quel est le sens de l’échange ? C’est ce cadre, ces bases, qui vont ensuite orienter la façon dont on s’exprime, dont on organise le dialogue, anime une réunion, etc. Les groupes avaient bien veillé à définir les règles de fonctionnement : écoute, respect de la parole d’autrui, tour de parole distribuée, etc. Il a parfois été difficile de faire respecter ces règles aux nouveaux arrivants, qui s’inséraient dans une dynamique de groupe déjà établie et fluide. Il est apparu important et utile de les repréciser plus clairement, à chaque début de réunion, quitte à les mettre pas écrit. Il est nécessaire de bien nommer un animateur, qui distribue la parole, précise clairement, lorsque que quelqu’un interrompt, qu’il faut attendre son tour de parole.
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Intégrer chacun, en acceptant les différences Ce travail pose tout simplement la question de la différence. Comment inclure des personnes différentes, qui ont un rapport au langage et à la communication différents? Comment relier nos façons de percevoir le monde ? Peut-on ouvrir ce travail à tous ? Si certains participants ne se sont pas reconnus dans ces démarches, trop intellectuelle à leur yeux, et si d’autres parlant mal le français, n’ont par ailleurs pas pu complètement prendre part au débat, un effort a été fait par la suite pour équilibrer les groupes et s’assurer que chacun pouvait s’exprimer à son rythme, poser des questions, faire part de ces doutes. Cette démarche prend du temps pour se construire, d’où l’intérêt quand le groupe se retrouve régulièrement.
Equipes de travail, répartition des tâches pour le suivi d’un groupe Animation du groupe Pour chaque groupe de travail, un référent local anime. Son rôle est de permettre au groupe d’avancer dans ses objectifs et de réguler les échanges pour permettre l'expression de tous. Il régule la parole de ceux qui monopolisent la parole, interpelle ceux qui ne s'expriment pas, s’assure que les mots utilisés sont compris par tous. Chaque animateur a son style et son efficacité propre à travers une relation personnelle avec les stagiaires qu’il doit pouvoir développer. La difficulté est de prendre en compte les cheminements très différents des participants. Une éducation émancipatrice ne peut se baser que sur l’échange, sur une posture horizontale, sans expert qui parle et l’autre qui l’écoute. Du moins, il est essentiel de permettre à chacun de prendre conscience qu’il a toujours quelque chose à apporter et pas seulement à recevoir. Pour cela, il faut apprendre à se remettre en cause, accepter de revoir ses propres savoirs et certitudes, se remettre en danger, en découvrant la richesse de cet échange et de ce partage. Cet apprentissage et cet échange demandent du temps pour apprendre à se reconnaître, se connaître, pour gagner la confiance. Forger un vocabulaire commun. Cette confiance, par ailleurs, se développera mieux dans un lieu connu des personnes qui participent à l’échange : pour un débat sur la mixité, on aura une plus grande participation libre de populations immigrées dans une salle des fêtes de quartiers qu’à l’université. Outils à adapter au cadre Des démarches simples, des méthodes claires, peuvent être favorable à la création de tels espaces d’éducation citoyenne autour de la parole. Pour s’assurer qu’un intervenant ne va pas se positionner en qualité d’expert, il est utile de faire le point au préalable sur le sens de son intervention (,) et de susciter les questionnements dans l’auditoire(,) en ciblant le cas échéant sur le sens de l’intervention. 30
La gestion du temps de parole, l’animation, est essentielle, pour éviter que certains ne monopolisent la parole ou ne se perdent dans leur préoccupations personnelles hors sujet. Un temps de travail en petit groupe permet de créer des temps de parole privilégiés où chacun osera davantage s’exprimer, et permettra de souligner que chacun peut avoir quelque chose à dire sur le sujet. Le travail de définition des mots peut être un bon support pour ces réflexions. Se remettre en cause et avancer Cependant, il ne faut pas considérer ces outils comme des recettes magiques. Ils ne peuvent qu’accompagner une posture globale attachée à donner sa place à chacun, dans une remise en cause systématique de notre propre posture et de nos propres motivations pour agir. Pour faciliter cette remise en cause (,) et cette construction dans le groupe, le rôle d’animateur, comme tous les rôles, peut se faire en binôme, ce qui permet de passer un savoir faire, de transmettre et partager, et de ne pas tomber dans les dangers de logiques plus ou moins claires ou conscientes de pouvoir. Apprendre à coopérer, à co-construire passe par ces relais, ces fluidités des tâches, mais aussi le repérage des compétences des uns et des autres et l’apprentissage de la répartition des tâches. Une certaine souplesse reste de mise pour s’adapter et garder la personne au centre de l’échange, dans un contact interpersonnel. Plusieurs groupes en parallèle Dans le cas de projets en parallèle sur plusieurs groupes, il est nécessaire d’avoir un Responsable du projet, qui anime la mise en place du dispositif, contacte et rencontre les structures participantes ou en lien avec des participants potentiels, prend en charge le recrutement des participants. Il assure la coordination d’ensemble et veille à la bonne marche et l’organisation de l’ensemble. Le groupe de suivi coordonne les réflexions menées localement, pour leur permettre de se croiser, en faisant le lien entre les groupes, favorisant l’échange de documents. Il sera constitué d’une équipe de personnes extérieures au travail sur les mots, aptes à faire les liens et à apporter des éléments de réponse au niveau de l’animation et du suivi de l’expérience. Des observateurs extérieurs peuvent assister à des temps de préparation et des réunions pour apporter un regard extérieur au déroulement des réunions. Le Comité de Pilotage sera constitué des animateurs, et du groupe de suivi ainsi que de personnes d’associations partenaires de RECit intéressées par le projet. Son rôle est de clarifier les objectifs des différents temps, de travailler sur les fondements de ces temps de formation et sur les méthodes d’animation. Il permet également des réajustements nécessaires au cours de la construction et du déroulement du projet.
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Quelques Définitions Ce travail sur les mots nous a amené à préciser quelques définitions, tout au long du chemin. Il serait totalement absurde de penser refaire le dictionnaire et de prétendre à une quelconque exhaustivité. Mais il nous semble intéressant de présenter ces définitions ici, comme exemple du fruit d’une élaboration collective, et pour servir de point de départ à d’autres échanges et réflexion. Un mot ne vaut que quand il est utilisé et qu’on lui donne un sens.
Le travail sur le Sens des Mots Eléments de réflexion et de méthode Remerciements Sommaire Un travail en réseau, de l’individuel au collectif RECit, un réseau d’acteurs et de lieux porteurs d’éducation citoyenne Quelle éducation émancipatrice ? Retrouver le sens La question du sens Le sens des mots Un processus d’élaboration collective Se mettre d’accord sur les mots qu’on emploie dans des contextes différents Une expérimentation en groupe pour construire des méthodes adaptées Apprendre à décrypter le langage Le travail sur les mots, une action de conscientisation Des méthodes adaptées à plusieurs contextes 32
Diversifier les publics Apprendre à écouter et prendre du recul Faire des ponts entre des histoires personnelles Visualiser la complexité d’une situation Laisser fuser les idées pour synthétiser ensemble Quelques éléments de méthodes Une exigence de qualité La gestion et l’animation des groupes Equipes de travail, répartition des tâches pour le suivi d’un groupe Quelques Définitions Aménagement du territoire Bassin de vie Bénévole, Cité Citoyen Coopération Croissance Démocratie Discrimination Education Fraternité Habitant/Résident Humanisme Identité Interculturel /Multiculturel/Pluriculturel Multiculturel Participation 33
Pluriculturel Propriété, Propriétaire Résident Révolution Social Société Civile Société solidaire Territoire
Aménagement du territoire Auteur : Didier MINOT , 17 janvier 2006 Politique publique visant une répartition équilibrée des activités et des hommes sur un territoire (national, régional ou européen). Commentaire Historiquement la politique d'aménagement du territoire est née en France en 1963 avec la nécessité de lutter contre le développement excessif de la Région Parisienne et d'organiser la répartition des activités, des équipements et des populations sur le territoire national dans un contexte de reconstruction du pays, après la guerre de 193945, et de forte croissance. Cette politique relève du premier Ministre. Celui-ci dispose d'un service spécifique, la DATAR (délégation à l'aménagement du territoire [national] et à l'action régionale). Il agit en mettant à contribution les politiques des différents ministères, notamment en matière de développement économique, social, culturel, sportif, environnemental, mais aussi de transports, d'éducation, de formation, de protection de l'environnement, d'amélioration du cadre de vie, à travers des actions spécifiques d'encouragement ou de limitations, et en définissant des schémas d'aménagement (des autoroutes, des universités, etc…). Cette notion s'est étendue à l'aménagement du territoire régional avec les lois de décentralisation (1982) et timidement à l'aménagement du territoire européen (projet de schéma européen d'aménagement du territoire). Cette politique de régulation du capitalisme limite le libre jeu du marché, puisque le fondement du libéralisme économique est de laisser les activités se développer là où les coûts de production sont les moins chers ("loi" des avantages comparatifs). Aussi, depuis les années 80, elle se limite à l'accompagnement des mutations économiques et à la création d'un environnement favorable au développement économique. Le gouvernement français vient de remplacer la DATAR par une Délégation à l'aménagement et à la compétitivité des territoires (DIACT).
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Bassin de vie 17 janvier 2006, Auteur : Didier MINOT Territoire à l'intérieur duquel les habitants trouvent la majorité des services dont ils ont besoin couramment. Commentaire On inclut généralement dans cette définition les services de proximité (café boulangerie, médecin, supermarché), l'enseignement du premier cycle (collège) et des services publics usuels (poste, percepteur, services sociaux). Les territoires définis à partir d'équipements moins répandus (hôpital, lycée, théâtre,...) déterminent des zones beaucoup plus larges. En France, on peut estimer leur nombre à environ 2 500. La domination de la grande distribution et la privatisation des services publics ont modifié la taille des bassins de vie car ils entraînent la disparition de services de proximité (fermeture de commerces, de stations services, de bureaux de poste). De même les achats par internet et le développement de l'alter consommation. Un autre modèle de consommation conduirait sans doute à d'autres bassins de vie.
Bénévole, Auteur : Didier MINOT, 4 mai 2006
Termes équivalents : A : voluntary P : voluntario E : Benevolo, voluntario
Définition Personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en direction d’autrui en dehors de son temps professionnel, sans y être obligée, sans être rémunérée.
Commentaire. En France, on estime à 9 millions le nombre de bénévoles dans le secteur associatif. Il n’existe pas de statut de bénévole associatif. Plusieurs dispositions sont prévues pour revaloriser le bénévolat. Tout d’abord dégager du temps, par la réduction du temps de travail, l’extension du congé de représentation ou la mise en place des dispositifs d’épargne (temps ou de capital temps formation). 35
Des formes de valorisation ont également été envisagées telles que la valorisation du temps de travail ou la valorisation des acquis. En revanche, il existe de nombreux statuts du volontaire, liés à l'action des ONG. La question du statut du volontaire risque d'évoluer avec le projet de mise en place d'un service civique obligatoire, qui viendrait pour les jeunes de 18 à 20 ans, garçons et filles, remplacer le service militaire supprimé en France en 1999
Cité Groupe de l’Est Parisien, Samedi 3 Mars 2007 Lieu d’habitation, d’échange - Concentration multiculturelle donnant lieu à la naissance de nouveaux projets et nouvelles idées Territoire regroupant des personnes régies par une même organisation politique Espace en commun régi par des droits et devoirs Est-ce démocratique ?
Citoyen Groupe de l’Est Parisien, Samedi 3 Mars 2007 Individu reconnu conscient de ses droits et devoirs Individu appartenant à un groupe bénéficiant de droits et exerçant des devoirs dans la volonté de vivre Membre actif de la cité, qui en respecte, accepte et applique les règles et les devoirs, bénéficie de ses droits en interaction avec les autres membres
Coopération Groupe de l’Est Parisien, Samedi 3 Mars 2007 Echange – Mise en commun d’idée et de moyens permettant l’élaboration de différents projets Coopérer :Construire ensemble en apportant sa contribution motivée par des objectifs convergents Echange entre 1 français, un sénégalais, 1 vietnamienne, 1 portugaise, pour construire ensemble une définition en conjuguant nos forces et nos différences.
Croissance Groupe de Paris, réunion chez Monique Bouche, 13 nov 2006 36
La Croissance : Un des termes les plus fréquents et les plus équivoques Dictionnaires Définitions du Petit Robert 1997 : distingue deux domaines d’emploi : biologique (croissance d’un organisme vivant) ; matériel : accroissement, augmentation, développement, progression. (ex :villes). Croissance économique (développement de la production). (cette dernière définition n’ est pas exacte puisqu’ il s’agit en fait du développement du P.I.B. : produit (et non production) intérieur brut, notion monétaire et non de volume. Définitions du gros Larousse en 10 volumes de 1960 : comporte cinq colonnes serrées, impossibles à transcrire ici, mais qui soulignent bien la complexité du terme en ses différents sens… A retenir : la consonance positive du terme, accompagnant une idée de développement de la vie, ce qui en facilite l’usage sans autre précision. S’il est un « article de foi » que tout citoyen responsable – ou irresponsable – est fermement invité à admettre sans critique ni états d’âme, c’est bien « la croissance » : notion fétiche, qui intervient dans tous les raisonnements économico-politiques, de droite comme de gauche, comme « donnée » de base : « Faire redémarrer la croissance », « La croissance créatrice d’emplois »… On oublie juste un tout petit détail, c’est que personne ne sait exactement de quoi on parle, et pas plus que les autres les tenants d’un « croissance soutenable », d’une « croissance maîtrisée », etc. L’indiscret qui se risque à interroger sur ce point quelque Diafoirus de l’économie s’entend répondre : « C’est l’évolution du P.I.B. ». Et voilà pourquoi votre fille est muette. Tout est dit, et toute insistance serait de très mauvais goût… Or, il se trouve que, loin d’être une donnée brute qui pourrait se prêter à des raisonnements d’une logique simple, la croissance est une notion extrêmement élaborée, dont probablement à l’heure actuelle seuls les spécialistes de l’INSEE chargés d’en effectuer les calculs seraient à même de décrire les éléments retenus pour ce faire. Il est fort douteux qu’aucun de nos ministres en soit capable… Est-ce à dire qu’un profane pourrait s’y retrouver ? Certes non. Il n’en est pas moins vrai que certaines observations de simple bon sens aideraient tout un chacun à se situer par rapport à « la seule politique possible », vers laquelle on prétend l’entraîner. Telle qu’elle est actuellement conçue, la notion de « croissance », est la quintessence de l’abstraction statistique : y entrent, sous forme d’un amalgame savant de valeurs (monétaires), toutes sortes d’éléments non homogènes et non comparables : des productions matérielles (de la culture des pommes de terre à la production d’énergie, en passant par le B.T.P. et les ventes d’armes, etc. etc.), des services (rémunérés : on se souviendra de la boutade attribuée à Keynes : « Quand un monsieur épouse sa bonne, il fait baisser le P.I.B. »), et bien d’autres éléments (flux touristiques, transactions financières – spéculation–, etc.). Le tout assorti de coefficients qui nous échappent.
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Dans ces calculs entrent des éléments qui peuvent changer, et parfois très rapidement, les uns par rapport aux autres : c’est ainsi qu’une croissance positive peut camoufler des faillites en série, assorties d’un essor spéculatif particulièrement vigoureux. La notion d’ « utilité publique » est complètement absente : sont en effet nécessairement pris en compte un nombre considérable de gaspillages (qui ont donné lieu à des transactions, comme l’essence brûlée dans les embouteillages… et bon nombre d’autres), des productions inutiles, voire carrément nuisibles (ex : farines animales aboutissant à la « vache folle »…). Absence totale de référence à une « répartition » des bénéfices de la croissance : une croissance positive, c’est un solde financier positif à l’échelle d’un pays (ou d’une collectivité quelconque), mais au bénéfice de qui ? Et à quoi sera utilisé ce solde ? Cycle « vertueux » de la consommation ? Investissements ? Bénéfices personnels d’actionnaires ? Spéculation ? Création d’emplois ? C’est vers cette dernière interprétation que tentent de nous entraîner nos responsables politiques : or il n’existe plus aucune preuve d’une corrélation statistique directe entre croissance et emploi. Affirmer par exemple que 1% de croissance = 300 000 emplois, cela ne veut tout simplement rien dire : on pourrait dire que 1% de croissance dégagerait assez d’argent pour payer 300 000 salaires ( ? ). Mais rien ne permet d’affirmer que ces emplois seront créés si les chefs d’entreprises trouvent leur avantage à investir autrement. Enfin, dans une planète « mondialisée », la croissance nationale ne signifie plus rien. Il y a une contradiction fondamentale (et non résolue) entre la « nécessaire »(sic) croissance de nos pays riches, et la non moins nécessaire réduction des gaspillages, des nuisances de toutes sortes et de l’exploitation éhontée des pays « pauvres ». De telles questions – et beaucoup d’autres – sont de celles que tout profane soucieux de l’avenir devrait se faire un devoir de poser à ses « experts », afin qu’un véritable débat démocratique puisse enfin s’instaurer, et permettre de déboucher sur une « autre politique ». Quelques commentaires du groupe sur le texte d’introduction Suivant la méthodologie proposée, nous avons relu le texte de Monique, qui souligne la mystification de la croissance économique, présentée comme solution menant au bien-être universel. Ce texte souligne comment un terme, mal défini, peut-être utilisé par la suite pour manipuler l’opinion. Monique a repris cet axe car elle a constaté à plusieurs reprises que les économistes ne définissent jamais ce mot, et l’utilisent comme s’il signifiait croissance du bien-être, du bonheur… considérant comme établi le fait que la croissance du PIB devrait entraîner parallèlement une croissance de l’emploi… Or le terme croissance désigne la croissance du PIB. Tout dépend donc d’où va l’argent de la croissance. Détourné de sa signification littérale, la croissance est maintenant érigée comme but ultime, par un raccourci implicite. Cet étalon suprême, jamais remis en cause. Cette introduction, qui souligne une fois de plus le pouvoir des médias et l’usage qu’ils font des mots, nous a ramené à l’importance de forger notre vigilance, pour savoir bien lire les médias, et donc, à l’éducation populaire. 38
Nos ressentis du mot croissance La croissance économique et le développement Henryane du Chaponay : La croissance est un mot envahissant depuis 50 ans. La croissance représente cette bagarre entre développement et croissance. Le développement a été capté par la croissance économique… alors même que les nouveaux indicateurs socio-économiques de niveau de vie, de bien être, montrent bien que cette assimilation est biaisée. Par exemple, la Santé Sociale, développée aux EtatsUnis, est en chute libre alors que le PIB continue d’augmenter opiniâtrement 3. Le mot Croissance est chargé de toute l’histoire de cette mystification, comme l’a souligné Monique. La croissance comme mouvement de vie Anne Trillot : Ca rejoint l’idée de la croissance comme notion statistique. Cette vision économiste a oublié tout l’aspect organique de la croissance et son aspect limité. Mais la croissance est aussi mouvement, comme une direction graphique. Mouvement du cœur, rythme de la vie. Mouvement de l’arbre, vertical. Mouvement de la Vie. Ce champ de la Vie nous rappelle aussi qu’il n’y a pas de croissance sans limite. Germain Buffeteau : Pour moi, la croissance évoque le développement… le développement d’un être humain, le développement d’un processus. Il y a mouvement, évolution. Cela se retrouve dans le MOT croissance, « Croix » + « Sens ». La croix, entre verticalité, terre et ciel, matière et spiritualité, et l’horizontalité. Et le Sens, comme mouvement, comme signifiant. Le mot croissance c’est la métamorphose. L’inerte de croît pas, c’est la vie qui croît… La croissance des forces qui nous dépassent Germain : Il y a toute la croissance de la violence. Henryane Croissance de l’univers, de l’énergie. AnneC’est la croissance démographique, et l’humain qui envahit la planète au détriment de tout l’écosystème. La croissance, les limites et la mort Raymond Allouche : Il s’agit bien de ce rapport avec les limites. Comment accepter les limites… cela résonne dans des souvenirs familiaux. Les inquiétudes autour de la santé d’un enfant, la sollicitude parentale qui peut être pesante. Comment gagner en maturité et vaincre la peur ? Rappelons que pour l’arbre, la période de fructification la plus intense est la dernière année, où l’arbre donne les meilleurs fruits avant de mourir. 3
Le PIB peut croître avec l’augmentation des maladies, par exemple, qui fait circuler davantage d’argent ! 39
Monique Bouche : Dans ce contexte d’inquiétude, la croissance n’est pas un mot chaleureux, c’est un mot lourd, un mot en Calcium. Les problèmes médicaux des enfants. Agnès Rigaudière Real : Et cette fuite en avant, ce mythe de la croissance éternelle, n’est-ce pas avant tout le révélateur d’une peur terrible de la mort ? Peur de ce qui est statique. Le mot croissance est très négatif pour moi. C’est le symbole du mythe, de la manipulation, qu’on retrouve en filigrane derrière le problème de la croissance économique, ou dans cette obsession de la croissance des enfants. Si on veut faire grandir les enfants plus vite, à coup de Lait de Croissance et d’Hormones, n’est-ce pas parce qu’on n’est pas capable d’accepter leur part de naïveté ? Finalement, derrière tout cela, peur de ce qui est fragile, peur de ce qui a besoin de protection. Sortir des obsessions et des peurs en repensant le mot croissance ? Bouchra : Il y a une contradiction entre le vivant, où la croissance est limitée, et le malentendu économique, où la croissance est supposée infinie. En économie, la croissance est en fuite en avant, dans l’illusion d’une croissance infinie, où il faudrait toujours croître pour être heureux, où on n’accepterait pa les limites. Franck Tobiana : La croissance, c’est les Trente Glorieuses, et la croissance prônée comme condition sine qua non du bonheur de la société. C’est la quête de la toute puissance. La croissance physique s’arrête à l’adolescence, mais une autre croissance est possible. Quelles sont les valeurs que l’on peut faire croître pour aller vers un plus grand bonheur de l’humanité ? Julie Banzet : La croissance matérielle est limitée, mais la croissance, en tant que mouvement, de la pensée, des êtres, est la vie. Contradiction entre la croissance économique, fuite en avant, mortifère, et la croissance sans cesse renouvelée, qui est le mouvement même de la vie. La décroissance, mouvement qui veut arrêter la croissance économique pour revenir à la croissance du spirituel dans nos vies, à la croissance des liens, etc. Ces croissances là peuvent se régénérer, elles sont foisonnantes.
Démocratie Définition démocratie nom féminin (Le Petit Larousse illustré © Larousse) 1. Régime politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui-même, sans l'intermédiaire d'un organe représentatif (démocratie directe) ou par représentants interposés (démocratie représentative). 2. Démocratie chrétienne : mouvement politique qui s'est développé en Europe à la fin du XIXe s., et qui s'inspire de la doctrine sociale de l'Église catholique. 40
3. Démocratie populaire : régime reposant sur l'hégémonie du Parti communiste et sur l'étatisation de l'économie, instauré dans les pays satellites de l'ex-URSS. Quel peuple au pouvoir ? La démocratie se situe dans le champ du politique. Elle définit l’organisation d’une société. Dans le mot démocratie on retrouve le mot Peuple (Demo) et le mot Pouvoir (Cratie). Il s’agit donc un régime où le peuple a le pouvoir. La première réaction est de dire que cela n’a jamais existé. La démocratie Athénienne, si souvent citée en exemple, donnait un pouvoir aux citoyens, mais excluait de cette citoyenneté les femmes, les esclaves, les étranger, etc. Tous ceux qui avaient le pouvoir participaient, mais qu’en était-il des autres ? Il ne s’agit pas forcément de juger le bien fondé de cette démocratie. Nous interprétons le passé avec notre réalité d’aujourd’hui, et notre regard actuel ne saurait juger la réalité d’alors, où les esclaves n’avaient pas le même statut qu’aujourd’hui, par exemple. Mais cette constatation nous nous invite déjà à repenser qui nous mettons sous le mot Peuple. Dans la démocratie que nous appelons de nos vœux, chacun fait partie du Peuple, et non seulement une petite élite choisie. Le pouvoir pour quoi faire ? Dès lors, il s’agit que le peuple ait le pouvoir. La première question qui se pose est de savoir à quoi va servir ce pouvoir. En fonction des valeurs de base de la société, ce pouvoir peut servir à défendre la lutte de tous contre tous, ou des valeurs de solidarité, d’humanité. On peut poser comme première pierre la nécessité que les besoins fondamentaux soient remplis pour chaque individus de la société : se nourrir, se loger. Ce n’est déjà pas le cas pour chacun dans notre pays. Ensuite, d’autres besoins fondamentaux peuvent être définis, mais nécessiteraient davantage de temps pour parvenir à un accord. On peut citer le respect de l’autre, le droit de communiquer, etc. La question reste de savoir qui définit ces besoins, et s’il est possible de se mettre d’accord sur des besoins universels, ne serait-ce qu’à l’échelle d’un pays comme la France. Les Droits de l’Homme restent une base incontournable pour cette question. Une démocratie représentative ? Dans le mode représentatif dans lequel nous vivons, nous donnons notre pouvoir à certaines personnes que nous élisons. Le problème posé est en fait celui du pouvoir. L’homme est-il foncièrement bon, et déformé par la société, ou foncièrement porté au pouvoir, ce qui laisserait penser que toute délégation d’un pouvoir à un représentant le conduirait à le détourner dans son propre intérêt. Se pose alors la question de la confiance que l’on peut porter à ces individus, et peutêtre aussi d’un droit de regard par rapport à leur action. Pour l’instant, le peuple peut
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s’exprimer en descendant dans la rue, par exemple. Mais que faire quand ce moyen d’expression n’est pas écouté ? Par ailleurs, on n’a pas forcément accès à une information nous permettant de suivre les agissements de ceux que nous avons élus. En général, d’ailleurs, les liens entre le politique, l’économique et es médias sont si étroits qu’on peut questionner le fait d’être dans une démocratie. Noam Chomski, dans son article du Monde Diplo de juillet 2007, souligne comment les « démocraties » actuelles maîtrisent l’illusion de la liberté, à travers la consommation, le culte du matériel, etc, pour mieux enfermer chacun dans une bulle où mes questions ne sont plus posées, et où les médias manipulent à loisir l’information. Un autre rapport de force face au politique Germain nous rappelle que la société peut être analysée comme l’articulation de trois pouvoir : le politique, le culturel et l’économique. Il s’agit de redonner au Culturel sa force, en amenant la société civile à le reprendre en main. Ceci demande une éducation sur la durée de chaque citoyen. Cette formulation correspond bien au but de RECit, qui réfléchit à comment accompagner chacun pour qu’il soit acteur de sa vie et citoyen d’un monde solidaire. Comment respecter chaque individu, et l’amener à se respecter soi-même, pour qu’il puisse ensuite prendre conscience de sa place dans la société et faire partie d’un mouvement collectif. Ce mouvement, de la prise de conscience dans son quotidien, vers l’engagement, est présent dans de nombreuses actions au sein de RECit. Nous sommes tous d’accord qu’il faut commencer par transformer chacun à notre échelle nos façons de faire, d’être. Par exemple, à travers la consommation, en consommant des produits émis localement, avec des critères de qualité sociale et environnementale, à travers des AMAP, par exemple, on peut progressivement, en étant de plus en plus nombreux, peser sur le pouvoir économique et le forcer à se réformer. Il s’agit d’amorcer un mouvement, chacun depuis notre place. De changer notre rapport au monde vers une autre conception du rapport de force. Nous pouvons ainsi, en reconnaissant la place de l’individu, en valorisant l’individualisme en ce qu’il laisse à chaque individus la latitude et la liberté de se construire et de s’épanouir dans sa singularité, construire des groupes où règne le respect de l’autre, et celui des besoins fondamentaux que nous avons cités plus haut. Mais le problème de l’échelle reste posée. Si ce mouvement gagne en importance, nous sommes encore minoritaire face aux géants à qui nous faisons face, grands groupes économiques, industriels et financiers, qui contrôlent aussi aujourd’hui le politique et les médias. Pour garantir le bon fonctionnement de ce regard et de cette vigilance, on touche au problème de la mobilisation. Comment amener chacun à garder un regard critique sur l’action du politique. Comment construire des mouvement globaux, passer d’une juxtaposition d’individus conscientisés et agissant à un mouvement d’ampleur, un mouvement collectif ?
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Faire évoluer la démocratie ? On peut aussi penser à des régimes où le pouvoir représentatif s’assure de l’accord de chacun en les invitant à participer aux décisions prises entre les votes. C’est le principe de la démocratie participative. Il existe des expériences, comme les budgets participatifs, par exemple, qui montrent que cela peut être fait, et permettre une plus grande représentativité des volontés du peuple. Jérôme témoigne de l’expérience d’un lycée cogéré à St Nazaire, où les élèves ont obligation de participer à la gestion de l’établissement. Il y a tout un panel de tache, parmi lesquels chacun peut choisir en fonction de ce qui l’intéresse, et chacun peut s’investir autant qu’il le souhaite, avec un minimum obligatoire. Cela fonctionne bien, mais cela demande une certaine maturité des participants, sinon, les profs retrouvent une fonction d’autorité et tout perd son sens. Pour que les expériences de fonctionnement « participatif » fonctionnent, quelle que soit l’échelle, et d’autant plus quand les enjeux se complexifie pour toucher à l’intérêt général et à la gestion de la société, pour que cela ne soit pas seulement une façade brillante, il faut se donner les moyens, en temps, en accompagnement, en formation, et s’assurer que chacun puisse participer, en allant à la rencontre des gens (et pas seulement des retraités qui ont du temps !). Cela demande tout un apprentissage du dialogue, de l’écoute, de la concertation, et la présence d’experts qui sachent transmettre leur connaissance. Bref, c’est là encore une affaire d’éducation sur le long terme, pour construire toute une autre relation à la mobilisation.
Discrimination 17 avril - soirée débat sur le thème des Alternatives à la discrimination à Roubaix, avec Union Ca crée Raymond Viger, fondateur du Café Graffiti de Montréal a partagé avec nous son expérience de la lutte contre les discriminations. Cette soirée ouverte à tous visait tout d’abord à échanger sur nos expériences de lutte contre les discriminations. La discrimination revient à : Traiter différemment une personne (ou un groupe social) qui a les mêmes bagages, les mêmes capacités, ou encore la même formation que d’autres. C’est lorsque pour choisir quelqu’un lors d’une embauche par exemple, on choisi la personne dans la norme, la personne « ordinaire ». C’est la distinction, la différenciation entre les personnes aboutissant à la stigmatisation et à la dictature des stéréotypes. Définir des critères de sélection, définissant eux-mêmes des profils de travailleurs adaptés, de citoyens et un système normatif (un modèle qui définit ce que doive être les personnes pour être dans la norme).
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La méconnaissance de l’autre crée un sentiment d’insécurité, le refus des autres - de l’égalité, le fait de refuser de mettre les autres au même niveau que soi La marginalisation : c'est-à-dire le fait d’être mis à l’écart, de côté (à l’école, au travail, dans la vie familiale, sociale, de quartier, etc.) ! Elle provoque l’isolement ! La discrimination positive qui crée des mesures spécifiques pour inciter, par exemple, les entreprises à embaucher des personnes handicapées pour promouvoir l’égalité. Le fait d’exiger des quotas de femmes ou encore de personnes handicapées, ou d’origines étrangères sur les listes électorales des partis politiques pour favoriser une inclusion est une discrimination, même si on la veut positive. La discrimination en politique par le biais de la discrimination positive représente le fait d’avoir dans chaque instance politique des personnes représentant les minorités sans pour autant donner à ces personnes le droit de cité et les moyens de faire bouger les choses. Les personnes doivent se former avant d’accepter pour avoir du poids. L’existence de droits d’exceptions (la spécialisation) excluant de l’accès au droit commun et à la citoyenneté pour tous et pour toutes traduit le fait de ne pas se sentir citoyen, de ne pas trouver sa place dans la société est une discrimination sociale qui relève d’une responsabilité sociale. Nous avons défini la discrimination comme étant une atteinte à la citoyenneté, à la liberté, à l’amour des autres. Elle prend la forme du rejet, du refus social de vivre les valeurs citoyennes conduisant à l’impossibilité pour certains d’exercer son droit citoyen, sa fonction sociale. Ils sont empêchés de vivre leur identité, de participer à partir du moment où ils sortent de la norme sociale et finissent par être marginalisés. Ceci représente le bafouèrent des droits de l’homme.
Quelles alternatives à la discrimination : L’éducation à la tolérance, au respect des différences dans la famille, à l’école, etc. Que les personnes concernées par des situations de discrimination revendiquent l’égalité. Au Québec, il existe un tribunal qui juge des situations de discrimination par le biais de « l’accommodement raisonnable » qui fait médiation entre les personnes discriminées et la personne discriminante. L’Inclusion de tous dans le droit commun, dans tous les systèmes de la société (école, travail, formation, etc.) pour amener à ce que le regard de chacun change, pour considérer l’autres dans ces possibles/potentiels et non dans ses incapacités. Ca doit passer par la valorisation des capacités de chacun, des spécificités/singularités (artistique, créative, etc.) pour maximiser nos forces respectives La transformation mutuelle en fonctions des richesses de l’autre dans sa différence et de l’échanges des ressources de touts. La création d’instances décisionnelles de quartier où chacun est réellement sa place et un espace de parole décisionnaire afin de faire pression pour la politique change.
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Education Groupe de l’Est Parisien, Samedi 3 Mars 2007 Transmission de valeurs, connaissances, apprentissages. L’éducation c’est un droit. Outils pédagogiques. Action de transmettre dans la réciprocité- valeurs, savoirs, savoir faite, savoir être. Fait de transmettre des outils pour permettre à quelqu’un de se constituer et de s’insérer dans son environnement
Fraternité Groupe de l’Est Parisien, Samedi 3 Mars 2007 Notion de frère, d’éternité : Lien fraternel avec le prochain -Notion universelle / temps Valeur qui crée un lien entre les personnes basées sur un respect mutuel et une humanité partagée Valeur qui relie les membres d’un groupe vers un but commun désintéressé
Habitant/Résident Auteur : Didier MINOT, 4 mai 2006
Termes équivalents : P Morador/ Habitante, A Inhabitant, resident, proprietor E Habitante o vecino, residente, proprietario
Définition Habitant : personne qui habite ordinairement en un lieu, y a son habitation. Au sens collectif les habitants d'un territoire sont ceux qui peuplent un lieu et y vivent ensemble. Résident (ou résidant) est un terme équivalent : "personne qui habite en un lieu déterminé".
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Commentaire On est habitant du lieu où l'on réside habituellement, à titre principal. La résidence peut être principale (lieu ou l'on habite) ou secondaire (lieu où l'on réside une partie de l'année ou de la semaine) Au XIXème siècle, une résidence était une maison luxueuse. On parle aujourd'hui de résidence pour des habitats collectifs bâtis sur un espace délimité (parfois bâtis sur le parc d'une ancienne résidence qui demeure milieu des immeubles). Les habitants d'une résidence sont alors les habitants d'un groupe de logements. Au sens fort de "habitant", on parle de citoyens actifs, en milieu urbain, qui s'organisent collectivement pour maîtriser l'urbanisme et le devenir de la cité. Dans certains cas il s'agit de faire un diagnostic commun des problèmes vécus par chacun et de co-construire la ville. Voir sur le site de RECIT http://www.recit.net/rubrique.php3?id_rubrique=68Société solidaire – définition Didier Minot
Humanisme Auteur : Didier MINOT, 17 janvier 2006 Position philosophique qui met l'homme et les valeurs de l'homme au sommet de toutes les autres valeurs. Dans l'acception actuelle, l'humanisme désigne toute pensée qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l'homme et qui dénonce ce qui l'asservit ou le dégrade. Il consiste à s'imposer, vis-à-vis de tout être humain, des devoirs et des interdits : ne pas tuer, ne pas torturer, ne pas opprimer, ne pas asservir, ne pas violer, ne pas voler, ne pas humilier... Cet humanisme-là revient donc à respecter les droits humains fondamentaux. Le sens que nous lui donnons à RECIT est lié au modèle des relations sociales que nous voulons promouvoir à travers l'éducation : Commentaire Il faut souligner l’ambiguïté du mot humanisme. S'il s'agit d'une conception générale de la vie (politique, économique, éthique) fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines» (Denis de Rougemont). Dans cette perspective, le néolibéralisme qui préside à l’actuelle mondialisation est un humanisme, comme hier le marxisme. L'homme n'est pas seulement bon, civilisé, sociable, compatissant. Il peut être envieux, égoïste, cruel, barbare. Historiquement, c'est un mouvement de pensée né à la Renaissance, caractérisé par la volonté de promouvoir l'esprit humain auquel il faisait pleine confiance. C'était aussi une volonté de renouer avec les valeurs et l'art de l'Antiquité. L’individu, correctement instruit, reste libre et pleinement responsable de ses actes et choix devant Dieu. Les notions de liberté (libre arbitre), de tolérance, d’indépendance, d’ouverture et de curiosité sont de ce fait indissociables de la théorie humaniste. L'Humanisme imprégna 46
largement l'esprit des Lumières au XVIIIe siècle. Au XIXe siècle Auguste Comte expliquait qu'il s'agissait de substituer une "religion de l'homme" à la religion de Dieu. Au cours de notre siècle, on peut évoquer l'humanisme marxiste, l'humanisme existentialiste, l'humanisme de l'Autre" d'Emmanuel Levinas, l'humanisme de Camus ou de Malraux...le mot recouvre donc des positions très diverses. L'humanisme anglo-saxon Dans les pays anglo-saxon, le terme désigne le rejet de croyances basées uniquement sur des dogmes, sur des « révélations » et intuitions, sur la mystique ou ayant recours au surnaturel, sans évidences vérifiables. C'est une philosophie qui énonce la primauté de l'humain et des lois naturelles sur les croyances religieuses et la croyance en un (ou plusieurs) être(s) divin(s) surnaturels. On retrouve dans les organisations humanistes des athées, des agnostiques, des libre-penseurs, des sceptiques et des partisans de la laïcité qui affirment que l'éthique peut et doit exister sans que n'intervienne le fait religieux (justice immanente et jugement dernier). L'équivalent français de ce sens anglophone serait le cartésianisme.
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Identité Définition collective à Saint Quentin en Yvelines Identité : Construction de soi qui s’inscrit à la fois dans le mouvement et dans l’appartenance à des valeurs partagées, dans un cadre institutionnel qui protège contre toute forme d’atteintes et de dérives. Voir Diagramme page suiva,nte
Interculturel /Multiculturel/Pluriculturel définition par le groupe de travail sur l’international à Toulouse, le 25 mai 2007
Interculturel Il implique : - le respect des cultures des uns et des autres, par une situation de dialogue - une rencontre des gens pour qu’ils se découvrent, avec leurs différences Ex : faire découvrir aux jeunes générations leur culture d’origine et d’accueil
Le multiculturel - définition par le groupe de Travail de Toulouse, le 25 mai 2007 Il rassemble plusieurs cultures, lesquelles vivent les unes à coté des autres, en parallèle; d’où une situation de coexistence. Ex : Amérique du Nord, Angleterre
Le pluriculturel- définition par le groupe de Travail de Toulouse, le 25 mai 2007 Il permet de se reconnaître, avec des différences et de les partager autour d’un socle, accepté et intégré par tous.
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Appartenance Unité S’entre connaître Vivre ensemble Brassage Dialogue Culture Tolérance Citoyenneté
Mouvement Déplacement Exil Acculturation Nomadisme Dedans-Dehors
Construction de Soi Marque Trace Naître Etre Se nommer Ego, Soi Apparences Caractère Choix Artifice Acquis Imprégnation
Dérives Sectaire Enfermeme nt
Transmission Nourriture Parents Histoire, Vécu Traditions Récit de vie Origines Valeurs Education Famille
Cadre institutionnel Citoyenneté Drapeau Insertion Passeport
Religion
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Multiculturel Voir Interculturel
Participation Auteur : Didier MINOT, 17 janvier 2006 Démarche collective qui permet à chacun d'avoir sa part dans un partage, d prendre part à un débat, à une décision, à un projet. Le mot participation peut recouvrir quatre réalités différentes, qui représentent 4 degrés de la participation : • information (une information honnête qui accepte de donner des armes à la critique) • consultation (on demande un avis sur les projets), • concertation (on tient compte de l'avis des personnes consultées), • participation aux décisions (on accepte de partager le pouvoir de décision). Nous appellerons participation les démarches de concertation et de décisions partagées Commentaire La participation de tous et de toutes est un exercice difficile, car on doit veiller à ne pas donner uniquement la parole à ceux qui la prennent facilement. En particulier, hommes et femmes, représentants des diverses catégories sociales et professionnelles, personnes habituées à s’exprimer et personnes moins armées culturellement, jeunes et vieux, etc… doivent pouvoir participer au processus et être écoutées dans leur spécificité et dans leur apport à la réflexion commune. Il faut donc être conscient des obstacles à la participation pour pouvoir les dépasser.: • les institutions demandent parfois aux habitants une cohérence qu'elles n'ont pas. Elles sont parfois d'autant plus exigeantes que les gens sont plus démunis, • la participation peut être incantatoire sans correspondre à une véritable volonté des autorités. Il est nécessaire pour dépasser cette attitude de préciser les conditions de la participation, mettre en place des outils, d'aider les acteurs à formaliser leurs attentes, • les institutions fonctionnent parfois dans un monde virtuel et ne connaissent pas la réalité, • des conflits et marchandages institutionnels peuvent vider la participation de son contenu (les enjeux ne sont plus ceux du territoire mais des forces politiques en présence), • beaucoup d'institutions se contentent de redistribuer des moyens, mais ne sont pas dans une logique de projet et de partenariat, • l'institution s'approprie le projet, le confisque et le fige, • certains partenaires donnent un sens caché aux mots, et s'approprient ainsi la démarche et les crédits. 50
La participation ainsi définie implique des changements culturels qui demandent du temps.
Pluriculturel Voir Interculturel
Propriété, Propriétaire Auteur : Didier MINOT, 4 mai 2006
Termes équivalents : P : Propriedade de bens, detenção de bens, possessão / Propietario A : Holder, householder, landlord, owner / Ownership, possession E : Propriedad / Proprietario
Définition Un propriétaire est quelqu'un qui possède un bien. Le droit de propriété est le droit d'user, d'abuser et de jouir d'un bien. C'est un des fondements du droit français, depuis la déclaration des droits de l'homme de 1789 : "Article 17 - La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité". Le droit d'user ("usus" en latin) et le droit d'utiliser une chose est d'en percevoir les fruits, mais dans la limite de ses besoins et de ceux de sa famille. Le droit d'abuser et le droit de disposer de quelque chose, y compris pour le détruire, dans les seules limites des restrictions établies par la loi. La jouissance d'un bien permet d'en percevoir les fruits naturels (produits de la Terre) ou contractuels (loyers ou revenus en argent) En matière d'urbanisme, un propriétaire est quelqu'un qui possède un immeuble ou une maison en propriété. Lorsque cet immeuble est loué, le propriétaire est appelé aussi bailleur, par opposition au locataire.
Commentaire La propriété La propriété présente un double visage selon le contexte social et politique dans lequel on se trouve. C'est un droit fondamental par rapport aux situations féodales antérieures (servage, paysans sans terre,...). La déclaration universelle des droits de l'homme de 51
1948 réaffirme le droit de propriété comme complémentaire aux droits fondamentaux nouveaux que sont le droit à la sécurité, au logement et au bien-être. Mais le droit "d'user et d'abuser" est devenu avec le développement du capitalisme source d'exploitation et d'aliénation dès lors que la propriété devient une accumulation qui va bien au-delà des besoins de la personne de la famille. On peut alors dire que" la propriété, c'est le vol". Le droit de propriété ne peut pas être séparé des autres droits fondamentaux. C'est pourquoi la question de la propriété collective des bien communs de l'humanité continue à se poser. Urbanisme et propriété La crise du logement des classes populaires (et parfois des classes moyennes) est un problème en France depuis le milieu du 19ème siècle. A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les destructions de logement qui résultent des bombardements viennent aggraver le manque de logement salubres, et tout le gouvernement développe un habitat collectif très important?. Le pourcentage de Français logés dans un HLM passe de 2,8% en 1954 à 15% (c'est encore le chiffre aujourd'hui), en habitat locatif. On par le deux bailleurs sociaux pour désigner les sociétés d'HLM aux statuts divers. A partir de 1977, la priorité du gouvernement passe de aide à la construction de logements collectifs à une aide à l'accession à la propriété individuelle. Le taux de subvention publique pour la construction neuve passe de 20% à 12 %, d'où une chute considérable du nombre d'habitations à loyer modéré (HLM) construits par an, aux alentours de 50 000 par an contre 300 000 au moment fort de la construction. Aujourd'hui, la libéralisation du secteur entraîne une crise du logement atteint des proportions importantes (coût très élevé des logements, impossibilité de renouveler les générations sur place dans certaines villes, obligation pour les familles pauvres d'aller de plus en plus loin des villes pour se loger, personnes sont sans domicile fixe) Note sur les politiques du logement en France, faite par des élèves de l'Ecole Normale Supérieure en 2004 http://www.eleves.ens.fr/pollens/seminaire/seances/logement/dossierlogement.doc
Résident Voir Habitant
Révolution Travail du groupe de Paris, 16 janvier 2007
Définition – introduction de Didier Révolution, qui vient du latin revolutio, retourner, a trois sens : 52
- mouvement orbital périodique d'un corps céleste, notamment d'une planète, autour d'un autre de masse supérieure. La révolution de la Terre autour du Soleil - changements brusques et violents dans la structure politique et sociale d'un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir. La révolution de 1789. - changement brusque, d'ordre économique, moral, culturel, qui se produit dans une société. Une révolution dans la peinture. Une révolution technologique. Nous laisserons de côté le sens astronomique du terme, pour commenter les deux derniers et voir comment nous nous situons dans le débat actuel de RECIT.
Pour nous, un moment fort Un mot joyeux Pour nous, le mot Révolution est globalement un très beau mot. Il évoque par exemple, 1789, avec la notion de changement, de mouvement. C’est un mot plein d’espérance au départ. Un jaillissement, un évènement prometteur qui vient rompre avec un ordre établi. C’est un mot que l’on doit habiter, d’une énergie positive de vie, d’enthousiasme. La « révolution » qui fait rêver les humains sans doute depuis qu’ils existent, est vécue comme une cassure destinée à créer un nouveau système d’organisation, de relations humaines, de justice, etc., c'est-à-dire à « sortir d’un cycle fermé », à aller de l’avant sans retour en arrière. Révolution et violence. Mais ce changement profond, rapide, brutal, qui vise à établir un ordre nouveau, à changer le fondement même des choses, ce passage peut s’accompagner de déséquilibre, et par conséquent, de peur face à l’inconnu. Les modèles historiques auxquels nous pensons le plus en France sont la révolution de 1789, la révolution d'octobre en Russie, qui toutes deux ont été des révolutions violentes avec élimination physique du roi, du tsar, les nobles et ensuite des opposants. Mais d'autres révolutions ont utilisé la non-violence, comme la révolution Gandhienne en Inde ou la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Je classerais la révolution des oeillets au Portugal dans la même catégorie. Il n'y a donc pas superposition entre révolution et violence.
Précisions sur les révolutions de nature technologique ou culturelle. Quelques exemples La révolution industrielle a bien été au XIXe siècle un changement relativement rapide dans une société qui s'est profondément transformée. De même, plus près de nous, la 53
révolution technologique qui s'est opérée depuis 30 ans avec des innovations majeures dans les domaines de l'information, des transports, des matériaux est en train de bouleverser de proche en proche l'équilibre du monde et les mode de vie des populations (de chacun d'entre nous). Une banalisation avec des usages multiples Autrefois la révolution désignée et une rupture, un mouvement brusque entre de stabilités : un ordre stable antérieur était remplacé par un ordre nouveau, mais lui aussi plus ou moins stable. L’usage du mot tend à se banaliser. Quand je tape révolution sur Internet je vois apparaître «Apple lance la révolution i-phone ». « Conférence sur la révolution surréaliste », « La révolution des droits de succession entre en vigueur ». Il semble que cette banalisation traduise le sentiment d'une évolution brusque, violente, incontrôlée de notre société sous l'effet d'une crise qu'on ne maîtrise pas. De ce fait, les nombreux changements que nous subissons nous apparaissent comme des révolutions qui débouchent sur l'inconnu. Mais a contrario « révolution » semble vouloir dire « un vrai changement, une vraie réforme » et le mot tend à s'affaiblir.
Autour la révolution politique. Une révolution sans cesse recommencée Ce sens du mot, où on trouve toute une part de rêve des humains, peut paraître en contradiction avec l’ellipse fermée de la révolution astronomique, qui revient toujours sur elle-même, comme à son point de départ, dans un mouvement dont la répétition, à notre échelle. En réalité, comme le souligne Albert Rouet dans l’Homme Inachevé, une révolution amène inéluctablement à l’établissement d’un ordre institutionnalisé, avec ces failles et ses imperfections. Cet ordre nouveau doit alors à son tour être remis en cause. Sans parler de Révolution permanente, on peut souligner ce mouvement qui reste toujours cyclique, comme la révolution autour des astres. La Révolution Civique, dont on parle en ce moment à RECit, pourrait quant à elle s’articuler, tourner, autour de l’Education. Une révolution dans un processus en construction Les Révolutions qui viennent d’abord à l’esprit ne semblent pas avoir mener à des réussites durables. 70 ans pour la révolution de 1917, du moins en théorie… et en réalité, comme pour la Révolution française d’ailleurs, le pouvoir a été rapidement confisqué. Est-ce à dire que la révolution est impossible ? Peut-être faut-il s’attacher à un regard en profondeur, permettant de voir ce que ces étapes amènent. Il y a des révolution qui ont abouti, qui ont permis de vrais changements positifs, même si ensuite elles ont amené à des systèmes qui eux aussi avaient leur 54
insuffisances. Cf toutes les révolutions non violentes : la fin de l’apartheid, la chute du mur de Berlin, la révolution non violente en Inde. De même Mai 68 était chargé de tout l’espoir d’une révolution, et a permis de changer beaucoup de choses, sous forme d’impulsion positive extraordinaire. Mais cela est resté ambigu, et en demi mesure, par manque de propositions pour la suite. Préparer un ordre nouveau - Révolte et révolution Sur le sens, il convient de distinguer plus que ne le fait le Larousse entre révolte et révolution. Les jacqueries du Moyen Âge étaient des révoltes qui n'ont pas débouché sur une remise en cause du féodalisme faute d'alternative. La révolution de 1789 aurait été une révolte s'il n'y avait eu le projet politique des philosophes des Lumières préparés pendant les 30 années qui ont précédé. Mais 1968 n'a pas débouché faute d'une alternative politique crédible. Une révolution vise à imposer un ordre nouveau. Réforme et révolution. Face à un ordre injuste, faut-il procéder par des réformes successives et paisibles où faut-il conquérir le pouvoir pour instaurer une société nouvelle ? Le débat a agité le mouvement ouvrier depuis son origine (Kautsky contre Bernstein, les socialistes contre les communistes en 1920, etc...) Le débat porte aussi sur l'objectif : est-ce qu'on cherche à aménager l'ordre existant ou à instaurer une société nouvelle ? De fait, la distinction n'est pas si évidente. Une réforme agraire cherche à instaurer un ordre nouveau. Préparer la révolution –préparer les alternatives De même qu’il peut y avoir des réformes qui changent les choses en profondeur si elles sont bien préparées et accompagnées – cf les réformes structurelles des années 70 – la Révolution nécessite une vraie maturation préalable. Pour qu’une révolution aboutisse, sous des apparence de changement brusque, elle doit en réalité s’appuyer sur un mouvement en profondeur, qui se construit sur une longue période. Eduquer à la révolution S’il faut pouvoir proposer des alternatives, il faut ensuite que chacun se les approprie et leur donne chair, pour faire poids face à l’appareil politique, économique et médiatique. Il faut bien garantir les conditions de sa mise en place. En s’appuyant sur l’ouvrage de Thomas Khun, Agnès souligne qu’une révolution demande un changement de regard, un vrai changement de paradigme. Ce changement ne peut s’appuyer que sur une vraie connaissance du passé, où chacun s’attache à démystifier les superstitions. Dès lors, comment former les gens à des idées de « transformation sociale », de justice, d’économies solidaires, etc. (ça, c’est de boulot de tout l’ensemble RECit), faute de quoi on ne peut espérer aucun changement social qui implique une forme d’action collective (ni démocratie, ni révolution, ni même sursaut de valeurs républicaines). Il faut lutter contre la perversité des médias. Le non au référendum sur la Constitution Européenne a montré qu’il était possible d’engager des discours, des débats, qui soient 55
plus forts que les médias. Que des vraies prises de conscience pouvaient naître d’une information riche et d’une mobilisation citoyenne de grande ampleur. Rien n’est plus fort que l’individu quand il prend sa place. Le danger de la récupération Mais ce changement amène forcément à un nouvel ordre, qui lui-même va s’établir, et où le risque de récupération va se faire jour à nouveau. Cela pose la question de qui s’approprie la révolution à qui on l’attribue.
Le sens que nous voulons lui donner. Le terme de révolution civique qui a été proposé se rattache à l'idée d'une révolution morale ou culturelle et non à l'idée d'une révolution politique violente. En effet, face à la rupture du sens et à la perte d'un certain nombre de valeurs, face aussi aux périls qui nous menacent, nous estimons que la société ne survivra pour se transformer positivement que si elle change de raison d'agir et si elle retrouve un certain nombre de valeurs fondamentales qui sont celles de la république : liberté, égalité, et aussi fraternité. Il s'agit bien d'une révolution par rapport à la situation actuelle puisqu'il s'agit d'inventer un ordre nouveau à partir de valeurs différentes des valeurs actuelles et non d'aménager le capitalisme pour lui permettre de mieux rebondir. Mais les effets de cette révolution des esprits sont également politiques. En effet, l'organisation actuelle de la société et des échanges, la forme qu’ont pris les rapports politiques sont incompatibles avec le retour à un humanisme conséquent. De ce point de vue, la révolution civique s'apparente à l'amorce d'une révolution ghandienne, sans bien sûr s'être donné les objectifs politiques qui étaient ceux de Gandhi à l'époque. Dans nos débats récents, on peut observer que l'usage du mot a soulevé beaucoup de difficultés liées au sens implicite que chacun lui donne, et de ce point de vue il est raisonnable de ne pas le mettre en bannière. Mais il a également permis de souligner l'urgence de la situation et la nécessité d'un changement radical. Donc je pense qu'il faut continuer à l’utiliser en lui donnant un sens, en le qualifiant. Le texte parle « d’une révolution civique participative, responsable, non violente, mais déterminée ». Une révolution personnelle et collective, non violente, dans la démocratie Au fil de la discussion, il nous a semblé que la nouveauté aujourd’hui, c’est la prise conscience de cette articulation entre les sphères publique et privée, ce lien entre la transformation de chaque individu, dans ses gestes quotidiens, et une transformation collective, organisée. Il nous faut sortir de la dépendance, de l’état d’hypnose dans lequel on nous maintient. Une révolution des fondements doit s’imposer à la société, sans attendre la bonne volonté des dirigeants, prisonniers de contraintes économiques. Il s’agit maintenant de recenser ce qui ne va pas ET ce qui va dans la société comme au niveau personnel. L’un n’allant pas sans l’autre.
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Cette révolution personnelle peut être une révolution permanente. Elle doit s’accompagner d’une pédagogie de la révolution, avec le soutien de l’éducation pour ne pas lutter contre des moulins à vent.
Social Groupe de l’Est Parisien, Samedi 3 Mars 2007 Don de soi – Concept qui permet la mise en place de structure favorisant une meilleure gestion des problèmes au sein de la société Ce qui concerne l’être dans la société en tant que groupe humain organisé Attribut qualifiant un lien entre les individus ou groupes dans le but de construire un Monde équitable.
Société Civile Réunion Paris, 13 nov 2006
Quelques définitions Société : Ensemble d’individus unis au sein d’un même groupe par des institutions, une culture, etc. / Réunion de personnes qui s’assemblent pour le plaisir, le jeu. / Groupe régi par des statuts, de personnes réunies par des intérêts communs d’ordre économique, culturel, etc. / Relation entre des personnes qui ont ou qui mettent quelque chose en commun Société civile : Qui ont pour objet principal, des opérations civiles, non commerciales Civile : Relatif à l’ensemble des citoyens / Qui n’est ni militaire, ni religieux Quid de la Société Civile Immobilière ? La société civile est constituée d’individualités habitant un espace géographique, culturel, économique, politique, local, régional, national et mondial La société civile est formée de personnes qui développent au sein d’associations des valeurs non monétaires liées à la culture, l’art, la philosophie, l’éducation, la philosophie, la science, l’humanitaire, le social, l’écologique, et le spirituel
Une idée utilisée par les uns et les autres…
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L’Europe et la société civile : ACTE Communication de la Commission au Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social européen et au Comité des régions, du 29 juin 2005, sur le dialogue entre les sociétés civiles de l'Union européenne et des pays candidats [COM(2005) 290 final - Non publié au Journal officiel] Le dialogue entre les sociétés civiles est appelé à évoluer sur le long terme, en fonction des besoins exprimés par celles-ci. La Commission attend des acteurs de la société civile qu'ils jouent un rôle actif dans la poursuite du dialogue. Société civile: toutes les structures existant dans la société, en dehors de l'administration et du secteur public, fondées sur une affiliation volontaire ou obligatoire (les syndicats et les fédérations patronales, les organisations représentant les acteurs économiques et sociaux au sens large, les organisations nongouvernementales, les associations de terrain permettant aux citoyens de participer à la vie locale, les communautés religieuses et les médias). La Commission précise également que le dialogue entre les sociétés civiles portera aussi sur les questions liées aux religions et impliquera les Églises et autres organisations ou associations religieuses. Société civile sous l’angle de la tri articulation entre les pouvoirs culturels, économique et politiques Les individualités de la société civile se manifestent dans trois sphères de base de la société -La sphère culturelle des valeurs non monétaires : son pouvoir est du domaine de la culture et du sens de la vie -La sphère marchande et économique dans la production, et l’échange de biens et de services, nécessaires à la vie physiologique, intellectuelle psychique et spirituelle de l’être humain. Son pouvoir est du domaine des valeurs monétaires -La sphère politique, de l’état, des lois et des réglementations des rapports entre les composants de la société ainsi que de l’utilisation et de la distribution des biens et services mis à notre disposition La sphère politique à son pouvoir dans le domaine législatif et exécutif. L’individu est citoyen du monde lorsqu’il s’investit d’une façon ou d’une autre dans la sphère politique, de l’état et dans l’espace publique, et Homme libre, lorsqu’il s’investit dans la sphère sociale et culturelle.La société civile est porteuse de valeurs culturelles qui se métamorphosent en biens et services dans la sphère économique, et en réglementation et organisation des rapports sociaux dans la sphère politique et exécutive de l’état La société civile est à l’origine des valeurs culturelles. Elle est constituée d’ONG et d’associations qui cherchent à protéger leur espace culturel de l’influence prédatrice des pouvoirs économiques et politiques.4 4
Extrait du livre de Nicanor Perlas : « La société civile le 3eme pouvoir ». Une des nombreuses définition qu’i donne au sujet de la société civile : « la société civile est la culture en action pour se défendre ellemême contre les abus de l’Etat et du Marché » 58
Histoire d’un mot La société civile et la récupération Monique rappelle que le mot « société civile » est une expression récente qui date d'une vingtaine d'années. Mais, comme le souligne Raymond, ce mot est souvent flou, magma un peu informe. En 68, il y a une récupération du terme, une récupération molle. Beaucoup de discours politiques se saisissent du terme Pour conforter des lignes politiques prédéfinies. C’est un exemple de manipulation par les partis. Julie confirme que dans cette imprécision et cet usage bureaucratique, il y a une marge pour être dépossédé d’un espace de décision. On parle de nous sans que nous comprenions bien de quoi il s’agit. Une nouvelle émergence Germain nous rappelle une autre histoire de ce mot. A Seattle, on a parlé de l'émergence d'un troisième pouvoir. Ce concept a servi de phare à certains groupes, qui, en se regroupant ainsi, ont su se faire entendre. La banque mondiale a alors été confrontée à des réactions, internes et externes. Elle y a vu l'émergence d'une conscience mondiale, qu'on a qualifiée sous le mot société civile. La banque mondiale, se sentant menacés, s’est alors dit que pour avancer il fallait dialoguer. Certaines organisations se dit qu'alors il faut se servir de cette ouverture pour transformer l'institution de l'intérieur. D'autres organisations refusaient ouverture et dénonce une tentative de manipulation de récupération, de détournement par les dominants: la banque mondiale, l'union européenne etc. Détournement qu’on peut trouver dans les textes présentés en introduction. Anne souligne comment à travers certaines expressions utilisées par la Banque Mondiale, elle perçoit. comment la banque mondiale récupère un mouvement spontané qu'il par lequel elle se sent menacée.
Se réapproprier ce mot Germain insiste donc sur le fait qu’à travers cette réutilisation de ce mot par les « dominants», on voit bien qu’il se développe. Il faut donc s'en emparer, pour qu’il ne devienne pas un support creux. En se réappropriant ce mot, lui donnant un véritable contenu sur lequel nous nous accorderons, nous ne l'abandonne pas aux dominants. Nous éviterons le détournement et la manipulation. Agnès insiste sur l’importance de donner des contenus forts à ces mots qui structurent notre militance. Comme le mot « citoyens », dont certains disent qu'il est tellement utilisé qu'il ne veut plus rien dire. Pour moi ces mots sont lourds de sens, même si les autres le détournent. C'est l'objet de notre travail ici. 59
La société civile comme représentant d’une diversité Le mot de Civil s’oppose pour Anne d’abord au militaire, et donc au premier abord semble inclure tous ceux qui n’ont pas d’appartenance religieuse ou militaire. Amilitaire, areligieux… peut-être d’abord, selon Germain, sans uniforme, sans dogme, sans autorité. Mais la Société Civile, en tant qu’entité Culturelle, inclut aussi le religieux. Chacun de nous est multiple, appartient à plusieurs sphères, et peut changer de sphère. La société civile rejoint l'idée de la laïcité. Toutes les identités sont acceptées et reconnues, Personne n’est contraint à se soumettre à une autorité supérieure. Qui est la société civile ? Monique s’interroge : Qui est à cette société civile ? Comment agit-elle ? en brûlant des voitures ? en intervenant auprès des pouvoirs publics ? Dans des actions humanitaires ? Cette notion société civile semble regrouper tellement de choses, sous un contour vague… Julie ne perçoit pas bien l'intérêt d'une telle notion fourre-tout. Pour Agnès, il ne s'agit pas de tout le monde. Il s'agit des situations les citoyens actifs. La société civile insiste sur un aspect du citoyen, les citoyens actifs, ni passif ni dépendant, des citoyens en mouvement, dynamique, déterminé, investit. Organisation, représentativité Cette distinction entre acteurs actifs et acteurs passifs amène à la notion de groupe et de mouvement. Comme le souligne Monique, si les organisations appartiennent à la société civile, elles n'en constituent pas l'intégralité. La Société Civile c’est aussi des personnes, des mouvements de contre-pouvoir, des réseaux informels… Mais comment, demande Anne, peut-on avoir un impact si on n’est pas organisé ? Comment prendre le pouvoir ? Comment peut-on s'imposer s'il n'y a pas de structures ni de statut juridique ? La Société Civile est une base, horizontale, diverse, multiple. Sans hiérarchie. Quelle peut-être en être la représentativité avec une telle diversité? Comment même espérer qu'une base soit représentée ? Pour les acteurs de la scène mondiale, il faut des interlocuteurs. Dans le texte de la Banque Mondiale, par exemple, de quelle société civile s'agit-il ? Monique souligne bien qu’il s'agit en fait d'experts, autoproclamés. Pour éviter ce détournement, il faut inventer d'autres systèmes de représentation.
Un contre pouvoir Accompagner vers la citoyenneté Agnès demande à quel point les autres pouvoirs souhaitent laisser la place à cette Société Civile. On parle de rendre le citoyen actif, mais dans la réalité, on n'invite les gens à participer qu’à des actions qui n'ont pas d’incidence, on les laisse en dehors des 60
espaces de pouvoir : par exemple les fêtes de quartier, espaces de convivialité, où on ne traite pas des sujets délicats. Mais, comme le souligne Monique, la prise de pouvoir est un processus lent. La montée de la conscience collective se fait progressivement. Par exemple, dans un immeuble, on se connaissait tous d'abord à se connecter parents d'élèves. Ensuite on est venu à participer à des manifs ensemble, à donner du sens à notre collectif. Les choses anodines peuvent être un premier contact Julie cite d’autres cas d’élargissement d'une conscience individuelle à une conscience collective. Comme dans un conseil de quartier, on peut accompagner les gens à passer d'une revendication personnelle, la crotte de chien devant chez moi, à une réflexion globale, qui intègre les paramètres des uns et des autres, où une prise de décision collective est possible. Ce qui est donc essentiel, selon Raymond, c'est l'appropriation des terrains publics. Faire de terrains publics un espace où le désir se nomme, où l'espace privé met sa patte sur l'espace public. Créer du lien, du sens, du projet, articuler le privé et le public. Sortir de l’isolement SI ce chemin vers la citoyenneté peut être long, pour certaines personnes, déjà très investies, il est impossible de rester isolées, car elles sont dans des dynamiques qui les mènent forcément au collectif. Mais, si c’est donc une question de choix personnel, il y a aussi un facteur social, comme le souligne Julie. C’est plus facile d’être acteur quand on est intégré dans la société que quand in est exclus, chômeur ou malade. Des mots comme « société civile » ont aussi ce rôle structurant et fédérateur. Ca rend visible, ça relie des individualités. Ca permet de se rassembler, de se retrouver sous une identité. Finalement, comme précise Agnès, la société civile est en lien avec un espace de pouvoir. Avec un mouvement pour se réapproprier cet espace, pour l’investir. Un contre pouvoir La Société Civile est le troisième pouvoir. Le premier pouvoir est économique. Le deuxième pouvoir, le politique. Le troisième pouvoir, le culturelle. Germain précise que selon lui, le culturel et le premier pouvoir, puisque c'est celui qui génère les autres, les institutions. Il doit prendre conscience de son existence à travers un événement, comme Seattle. Mais cela pose une contradiction, que relève Agnès : en tant que contre-pouvoir, la société civile est politique. Dans la situation actuelle d’abus de pouvoir du politique et de l’économique, la société civile a un rôle de vigilance, un rôle de citoyenneté en dehors du droit de vote pour pallier au déficit de la démocratie, qui n'est pas représentative. Comme le précise Germain, le problème réside bien dans la récupération de la société civile par le politique ou par l'économique. Cela vient du fait que la société civile n'a pas encore conscience de son identité, de sa force. Quand cette conscience se 61
précisera, elle affirmera son pouvoir qu'elle pourra être complémentaire avec les deux autres pouvoirs et contrebalancer l'équilibre. Le pouvoir politique aura alors un simple rôle de légiférer, en gérant de façon impartiale les émergences de la société civile.
Le danger de Récupération On ne peut pas toujours voir dans la « société civile » un « contre-pouvoir », sous peine d’aller au devant des pires empoignades, d’incompréhensions fondamentales et d’impuissances irréversibles… La société civile n’est pas « une », et c’est heureux, sinon il n’y aurait de démocratie possible ; mais elle recèle de telles contradictions qu’elle est loin d’avoir des objectifs communs, et pourrait tout aussi bien nous mener à la guerre civile qu’à des échanges pacifiques et productifs et à des projets communs. Lorsqu’on a recours à des « experts issus de la société civile », il s’agit le plus souvent de gens déjà arrivés à des situations de responsabilité dans le système que nous (les gens moyens) nous dénonçons. « Imaginons un chef d’entreprise plein de bonnes intentions, socialement lucide, etc. En tant que « membre de la société civile » quelle peut être son action ? ». « Le chef d’entreprise doit donc d’abord faire tourner sa boîte… » Réponse souvent proposée, qui nous mène dans une impasse. Mais nous sommes TOUS que nous le voulions ou non et à des degrés divers, COINCES, dans ce type de situation. Une discussion trop superficielle sur la « société civile », au lieu de nous aider à en sortir, peut ne faire que souligner l’impasse.
Conclusion Pour conclure, Anne cite un document du CLEMI, qui reprend ces mêmes notions d’acteurs actifs actifs, d’articulation entre privé et public, de contre-pouvoir « être acteurs pour créer des conditions d'un équilibre des forces, pour éviter que le délabrement des contre-pouvoirs ne laisse libre cours au Marché ». Cette discussion a permis de de préciser, de dépoussiérer collectivement, en s'écoutant. La société civile mondiale est en émergence, avec des moyens technologiques qui accompagnent ce phénomène. Face à la militarisation, à la mondialisation, une société civile mondiale transdisciplinaire et transculturelle doit avoir un poids. Il faut cependant veiller à ce que ces nouvelles formes de contre-pouvoir ne soient pas labellisées, récupérées. Il faut inventer de nouveaux lieux, en dehors des lieux prévus par le libéralisme, Emerger de façon radicale. Anne souligne que la société civile est comme un humus, un terreau . C'est un contrepouvoir où naissent de l'innovation et de l'essentiel, auquel peut participer tout individu disposé à faire société. Agnès reprécise que cette émergence d'une voix collective peut pallier à un déficit de démocratie représentative, au-delà du droit de vote. A travers une participation active, une vigilance citoyenne, il s’agit d’être en alerte… et d’éveiller sur le droit à la gouvernance. 62
Germain conclut en insistant sur le fait que la société civile cherche à faire reconnaître par les autres pouvoirs des valeurs liées à l'individualité. Mais les autres pouvoirs sont aussi nécessaires pour faire avancer ses valeurs.
Société solidaire Société qui considère que chacun de ses membres est co-responsable envers tous (des relations interpersonnelles à une solidarité mondiale), et donne à chacun la possibilité d'accomplir son humanité à travers les modes d'éducation, les lois et l'organisation de la vie commune. Commentaire L'analyse des convergences entre les actions participant au réseau de RECIT permet de préciser les contours d'une société solidaire. Pour nous c'est une société qui : • respecte et défend les droits de l'homme et la dignité humaine tels qu'il sont énoncés dans la devise de la République française et la déclaration universelle de 1948, lutte contre toute forme de discrimination • organise une démocratie effective (gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple), à la fois représentative et participative aux différents niveaux de décision (du local au mondial) en subordonnant les intérêts particuliers, les ambitions et les passions au bien commun. • assure à chacun une liberté effective dans sa vie personnelle et collective, une émancipation par rapport aux conditionnements imposés par les forces dominantes de la société, notamment par les médias dominants et la publicité. • répond aux besoins fondamentaux des hommes et des femmes d’aujourd’hui en matière de sécurité, de revenus, de services, de santé, d’habitat, d’éducation, de culture et assure à chacun une égalité effective dans les conditions d’accès à ces biens communs de l'humanité • Préserve la survie de la planète et les biens communs de l’humanité nécessaires aux générations actuelles et futures, assure les conditions de poursuite de l’aventure humaine. • développe des logiques de coopération et de fraternité, et non de compétition et d’individualisme, l’égalité et la liberté ne trouvant leur sens que dans un contexte de fraternité. • organise la solidarité, comme une réciprocité et une co-responsabilité de chacun envers tous et non comme une assistance dans un monde soumis à la loi du plus fort • Permet à chacun de développer et d’épanouir ses potentialités, en particulier ses capacités de don, de partage, de non violence et de création, et ce dès sa jeunesse, en conjuguant développement personnel et promotion collective. • favorise les prises de responsabilité individuelles et collectives, en assumant les risques, et la cohérence entre l’action et le sens donné par chacun à son existence et à sa vie en société. 63
• Reconnaît la diversité des raisons d'agir de chacun, des cultures et des identités et valorise les différences dans le cadre de principes fondamentaux communs, avec un équilibre entre identité et ouverture, entre culture propre et métissage A travers les actions menées, cette société est déjà une réalité à petite échelle, qui permet de concevoir qu'un autre monde est possible.
Territoire Auteur : Didier MINOT, 17 janvier 2006 Le territoire est un espace approprié par ses habitants, c'est à dire un espace sur lequel vivent des hommes et des femmes, avec leur histoire, leurs relations et leur lien social. Un territoire est donc porteur d'identité, d'échanges, de citoyenneté. Commentaire Il est nécessaire de distinguer l'espace et le territoire. L'espace (littéralement : ce qui se mesure avec le pas) évoque un vide, "comme une page blanche où poser l'action humaine" (Roger Brunet, géographe) Pour les citoyens : le territoire est le support d'une histoire, d'une culture commune et d'une mémoire, de coopération ou d'oppositions entre ses habitants. La mémoire est nécessaire à une projection dans l'avenir, au rêve d'un avenir partagé. C'est un support de l'identité collective". Le territoire est ce qu'on est prêt à défendre, ce pour quoi on est prêt à travailler, l'espace où des hommes et des femmes se reconnaissent un avenir commun. Le territoire peut évoluer avec la conscience qu'ont les hommes de partager le même sort. Survienne une catastrophe : le territoire se réveille. Le territoire est l'espace de la citoyenneté et de la démocratie. On ne peut donc pas réduire le territoire à un espace, ni à une zone géographique présentant une homogénéité suffisante, encore moins à un périmètre. La première question à se poser pour y voir clair face à un espace appelé "territoire" est : "par qui ce territoire est approprié ?" Le territoire des habitants n'est pas celui de l'acteur institutionnel, ni celui du patron du supermarché (sa zone de chalandise), ni celui de l'élu (sa circonscription). On est citoyen de plusieurs territoires à plusieurs niveaux, la commune, le pays ou la ville, la région, le pays, l'Europe. Ce qui fait la réalité de ces territoires, c'est ce qui est en commun à chacun des niveaux. La citoyenneté à chacun des niveaux est liée aux enjeux qui s'y jouent.
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Depuis 2002, RECIT travaille autour de la question : « comment répondre aux enjeux qui nous attendent et construire un monde à finalité humaine ? Que faire pour que chacun puisse être acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire ? » Nous appelons « école de citoyens » toute instance, que ce soit ou non son objet principal, qui permet à chacun d’être acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire. Pour cela, nous estimons que chacun doit pouvoir : • Comprendre les grands enjeux du monde d’aujourd’hui, du mondial au local, • Approfondir les principes communs qui fondent l’action collective (laïcité, dignité, bien commun, souci du long terme, unité et diversité, réciprocité, coopération, démocratie, etc…), à travers les raisons d’agir de chacun et la diversité des actions, • Travailler sur les comportements en accord avec ces valeurs (lucidité, écoute, partage, respect des différences,) afin de pouvoir construire et participer, • Développer des méthodes, des outils, des savoir faire pratiques (s’informer, animer, monter un projet, communiquer,…). L’émancipation, c’est aussi toucher chacun au plus profond, l’éveiller, et lui donner le goût de progresser. Cela repose sur la relation, sur l’apprentissage d’une relation de réciprocité. Le travail sur les mots permet d’articuler profondément une démarche d’apprentissage et d’éducation tout au long de la vie, à travers l’apprentissage de l’écoute et de l’expression, avec un questionnement radical sur la société d’aujourd’hui, et le pouvoir des mots, à travers les médias notamment. Achevé de rédiger le 30 septembre 2007 et édité par RECIT Pour plus d'information on peut consulter le site www.recit.net RECIT (réseau d’écoles de citoyens) recit@recit.net 15 avenue Robert Fleury 78 220 VIROFLAY (France) 06 67 05 58 95 Prix : 4 euros 67