Le magazine du nouveau Montréalais
Février / Mars 2008
Gratuit
w w w. r e u s s i r i c i . c o m
Ahmed Aïna, un
pionnier de la technologie IP
en Amérique du Nord Déclaration
d'impôt,
le guide
A g e n t immobilier se construire une carrière passionnante
Vous avez dit
REER!??? Créer son
emploi, où trouver de l'aide ?
Éditeur Mehdi BENBOUBAKEUR
Toutes personnes, déjà en affaires ou désirant démarrer une entreprise, ont la possibilité de s’inscrire au Concours.
Près de
300 000$ en prix
Visitez le site Internet : www.concours-entrepreneur.org
Darren Fung Stinky Rice Studio
Prix national Office Québec-Amériques pour la jeunesse Concours 8e édition « Je suis très reconnaissant pour cette opportunité d'affaires et je tiens également à remercier le SAJE Montréal Centre pour tout le support qu'il m'a fourni afin de remporter ce Concours. »
Co-éditeurs Nosra CHIHANI Hassan SERRAJI Rédacteur en chef Hassan SERRAJI Journalistes Abdoulaye CISSOKO Anne-Marie YVON Aude JIMENEZ Deborah JUSSOME Hassan SERRAJI Nadine ALCINDOR Marc-André SABOURIN Meriem BENACHENHOU Sophie PEYRICAL Chroniqueurs Di-Anne Robin Yves ALAVO Correcteur Mounir BEN AHMED
Alexandre Frenette & Ariel Ifergan
Directeur Artistique Mehdi BENBOUBAKEUR
Production Pas de Panique
Prix national Office franco-québécois pour la jeunesse Concours 8e édition
Graphistes Nosra CHIHANI Mehdi BENBOUBAKEUR
« Remporter le prix régional a augmenté notre crédibilité auprès des autres entrepreneurs et des bailleurs de fonds. Nous avons acquis beaucoup de confiance dans cette heureuse expérience qui représente une étape importante dans l'apprentissage de l'entrepreneuriat. »
Bhaskar Goswami
Photographe Mehdi BENBOUBAKEUR Responsable des IT Mehdi MEHNI Publicité Mehdi BENBOUBAKEUR Abdou DIAW Impression Litho Mille-Îles
Bodhi
Mention d'honneur locale : Jeune entrepreneur Concours 9e édition
Distribution Diffumag
« La crédibilité et le prestige sont des qualités recherchées par un entrepreneur. Le Concours m'a permis de vivre cette expérience tout en me donnant l'occasion de m'exprimer devant un public attentif. »
Index des annonceurs Institut Grasset 02 MICC 03 SAJE Montréal centre 04, 14 Ville de Montréal 09, 21, 23 Clarté Vidéo 23 Centre Génération Emploi 27 Collège O’Sullivan 35 imozaik 36 Rédaction 514 573-6454 redaction@reussirici.com Publicité 514 975-9835 publicite@reussirici.com
www.concours-entrepreneur.org
réussir ici inc. www.reussirici.com
Février / Mars 2008
Édito 7 Créer son emploi La vie dans l'arrondissement 8 Villeray-Saint-MichelParc-Extension
Montréal Express
28 EN COUVERTURE
Ahmed Aïna, un pionnier de la technologie IP en Amérique du Nord
8
Ahmed Aïna est un homme affable et doué dont la vie a été façonnée par sa passion pour le monde et sa bonne étoile. Brillant étudiant en économie, il est un véritable self-made-man qui a su très tôt surfer sur la vague des nouvelles technologies de l'information en essayant d'introduire le minitel au Québec avant de se lancer, avec son partenaire Mohamed El Mohri, dans celle de l'IP et de devancer des leaders mondiaux.
Vivre à Montréal 16 Un bel accueil, c'est PROMIS
18 Déclaration d'impôt, le guide
20 Vous avez dit REER!???
Travailler à Montréal 22 Agent immobilier : se construire une carrière passionnante
24 Créer son emploi, où trouver de l'aide ?
Étudier à Montréal 11
22
30 Cinema Politica à l'UQAM Un cinéma nouveau genre
Sortir à Montréal 31 Un peu d'histoire en photo 31 La CinéRobothèque, des spectateurs actifs
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32 Agenda 33 Anjel, spiritualité et amour
Travailler à Montréal
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Agent immobilier : se construire une carrière
passionnante
Les Chroniques 6 Le coin du lecteur 26 Au travail 34 Carte blanche
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Le coin du lecteur Les courriels des lecteurs « J'aimerais vous féliciter, vous et votre équipe, pour ce beau projet qui semble être un franc succès. Vous n'avez rien à envier aux autres magazines. Vos articles sont très pertinents et simples à comprendre (surtout pour les allophones qui apprennent le français). Ce sont les vraies questions que l'on se pose en arrivant ici… Habitant actuellement dans un quartier à forte appartenance immig rante, je constate que, malgré le système de collecte sélective mis en place par l'arrondissement et l'intervention de l'Éco-Quartier, les déchets destinés à l'enfouissement restent encore très dominants. Je trouverais intéressant d'informer les immigrants sur tout ce qui a trait à l'environnement (de la collecte sélective, aux économies d'énergie jusqu'au transport). Encore une fois, félicitations ! » Éric, Ville Saint-Laurent
« Bravo et félicitations pour ce nouveau magazine. Je suis algérien, établi à Montréal depuis 1999, et c'est pour la première fois que je tombe ici sur un magazine aussi bien fait (contenu et présentation) encore une fois merci pour ce bijou et prière de m'inscrire sur votre agenda pour toute activité future. C'est avec plaisir que je participerai aux activités de votre équipe. Bravo à toute l'équipe de Réussir ici. »
marocain en quête d'une nouvelle aventure dans les métiers du journalisme et de la communication a fortuitement coïncidé avec le lancement de ce magazine de qualité qui se veut d'une utilité indéniable pour les nouveaux Montréalais. En fait, l'expérience de votre magazine et vos propres compétences dans le journalisme au Canada m'inspirent beaucoup, et j'espère pouvoir un jour avoir la chance de vous rencontrer et de profiter de votre savoir-faire afin de me frayer un chemin dans le monde de la presse dans la Belle Province. Mon expérience en tant qu'exattaché de presse provincial au Maroc et collaborateur bénévole de certains journaux marocains me permet de mesurer à leur juste valeur le courage, le talent et les facultés de leaders dont font preuve les fondateurs de journaux et de magazines. Je vous en félicite et souhaite par la même occasion un essor soutenu et un rayonnement grandissant à votre magazine. » Mohamed Filali Sadki, Montréal
Il meurt lentement Pablo Neruda - Prix Nobel de littérature 1971 Il meurt lentement Celui qui ne voyage pas, Celui qui ne lit pas, celui qui n'écoute pas de musique, Celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.
Abdallah Meliani, Montréal Amyas Technologies, Travailleur autonome en R&D Ph.D en Génie Electrique Automatisme, M.Sc. Mathématiques Appliquées
Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre, Celui qui ne se laisse jamais aider.
« Cher confrère, j'ai eu le plaisir et la satisfaction de lire le premier numéro de votre magazine Réussir ici que vous venez de lancer, en octobre dernier, à l'intention des nouveaux Montréalais. Mon premier atterrissage sur le sol canadien en tant que nouvel arrivant
Il meurt lentement Celui qui devient esclave de l'habitude refaisant tous les jours les mêmes chemins, Celui qui ne change jamais de repère, Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements, Ou qui ne parle jamais à un inconnu.
6 Février / Mars 2008 I Réussir ici
Il meurt lentement Celui qui évite la passion et son tourbillon d'émotions, Celles qui redonnent la lumière dans les yeux et réparent les cœurs blessés. Il meurt lentement Celui qui ne change pas de cap lorsqu'il est malheureux au travail ou en amour, Celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, Celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n'a fui les conseils sensés. Vis maintenant! Risque-toi aujourd'hui! Agis tout de suite! Ne te laisse pas mourir lentement! Ne te prive pas d'être heureux! Traduction d'un texte de Pablo Neruda Prix Nobel de Littérature 1971. Texte envoyé par Ahmed, Montréal
Dans le blog de Hassan « Je te félicite pour ce résumé très émouvant de ta première journée à Montréal. Non seulement tu écris très bien, mais tu deviens un modèle pour les nouveaux arrivants qui te lisent en leur donnant l'heure juste à propos de tout ce qu'ils vont entendre au sujet de l'immigration… Ils ne doivent se fier qu'à eux-mêmes et garder la foi, car comme tu dis, chaque cas est unique et malheureusement on parle plus des h i st o i re s d ' h o r re u r qu e d e s réussites… Bravo encore d'aider tes semblables et de rester aussi humble et intègre. J'ai hâte de lire ton prochain roman car tu as la graine d'un bon écrivain (le récit de ton arrivée à Montréal pourrait bien être le début!) Bonne route… car la vie ne dépend pas seulement de la chance mais des chemins qu'on emprunte. » Christine, Montréal
Editorial
Créer s o n
Hassan SERRAJI Rédacteur en chef hassan.serraji@reussirici.com
MDesoassociés t L'équipe de Réussir ici inc. est heureuse de vous annoncer qu'elle a lancé officiellement, le 21 janvier 2008, au Montréal arts interculturels (MAI), son nouveau site web : www.reussirici.com En effet, nous voulons faire de ce site un portail de la ville de Montréal pour tous ceux qui envisagent de s'y rendre : immigrants, étudiants étrangers, gens d'affaires ou touristes. Le contenu rédactionnel de ce nouveau site se composera des articles publiés dans la version papier tout en offrant un contenu enrichi et complémentaire au magazine. Nous innoverons aussi en présentant une WebTV pour non seulement savoir mais aussi voir comment réussir son séjour à Montréal. Des surprises vous attendent. Visitez-nous, faites vos commentaires et répondez à nos sondages, c'est votre site.
e m p l o i
Déjà le troisième numéro. Et dire qu'il y a moins d'un an, Réussir ici n'existait même pas comme maquette ! À l'époque, c'était juste une discussion anodine que j'ai eue, devant chez moi, à Saint-Léonard, avec Mehdi Benboubakeur, l'un de mes meilleurs amis et éditeur de Réussir ici. En effet, avec Mehdi, notre réflexion portait, depuis notre rencontre à Montréal, sur l'immigration et l'intégration. Nous avons toujours déploré que ce dossier sensible ne soit traité que comme un fardeau pour le Québec alors que les nouveaux Montréalais ont plus besoin de solutions aux différents obstacles qui entravent leur installation. Ce jour-là, la lumière a jailli de notre discussion et on s'est dit : « Pourquoi ne pas créer une caisse à outils qui permette à tous les nouveaux Montréalais de réussir leur intégration? » Autrement dit, mettre notre expérience, notre savoir-faire et nos réseaux de contacts à profit pour aider nos nouveaux concitoyens. Du coup, l'idée de lancer Réussir ici est née. Nous avions, par ailleurs, une motivation, sous-jacente, celle de devenir nos propres patrons. En effet, dans la vie, on a appris, l'un et l'autre, une chose : des fois pour s'épanouir et concrétiser ses rêves, rien ne vaut l'entreprise privée. Et la réalité du marché du travail québécois est là pour le prouver. Devant le taux de chômage plus élevé des nouveaux arrivants, surtout pendant les cinq premières années, il ne faut pas négliger les possibilités qu'offre le fait de se mettre à son compte. D'autant plus qu'il existe une multitude d'incitatifs et de structures qui encadrent les jeunes entreprises. C'est pour cette raison qu'on a consacré la couverture de ce numéro à Ahmed Aïna, un self-made-man québécois d'origine algérienne. Un bâtisseur et un avant-gardiste qui a toujours cru en ses idées et qui a su toujours devancer son époque et la concurrence (voir pages : 28 et 29). Nous vous proposons, dans le même sujet, un guide pour vous encourager à considérer l'avenue de l'entreprise privée en vous montrant la meilleure façon de s'y mettre (voir pages : 24 et 25). Enfin, le coup de cœur de la rédaction est l'artiste virtuose Anjel qui est à la fois auteur, compositeur, producteur et distributeur de son premier album, un bel exemple à suivre. Février / Mars 2008
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Réussir ici
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La vie dans l'arrondissement Karina Goma réalisatrice
Vivre
ensemble Une fausse controverse a secoué l'année dernière le CLSC du quartier multiethnique, Parc-Extension. Heureusement, durant la même période, Karina Goma était sur place pour le tournage d'Un coin du ciel. Ce documentaire, qui a rétabli une partie de la vérité, démontre aussi que changer de pays et s'intégrer est une vraie course d'obstacles atténuée par les miracles que réalisent les intervenants sociaux au quotidien.
Sophie PEYRICAL « On voulait un quartier immigrant, qui soit emblématique du nouveau visage de Montréal », déclare la réalisatrice. « C'est un petit endroit, multiethnique et très densément peuplé. Il est ceinturé par Ville Mont-Royal, l'autoroute Métropolitaine et le boulevard de l'Acadie. C'est une sorte de petit village dans la ville », précise-t-elle.
Photo : collaboration spéciale Productions Virage
Le choc culturel Le documentaire présente le choc culturel auquel les nouveaux arrivants doivent faire face mais aussi les intervenants sociaux du centre local de services communautaires (CLSC) de
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Parc-Extension. « Le CLSC est le passage obligé, le cœur battant du quartier, le premier endroit où viennent tous les réfugiés, les nouveaux arrivants et où l'on découvre leur histoire. Ce lieu offre des services que l'on ne retrouve pas dans tous les CLSC », affirme la réalisatrice. Parc-Extension est un des quartiers les plus pauvres du Canada où soixantequinze communautés se côtoient et plus de trente différentes langues sont parlées. Néanmoins, « la plupart des gens se connaissent, comme c'est tout petit on se croise constamment. C'est un coin très chaleureux, très bigarré, pauvre mais en pleine transformation. De jeunes familles viennent s'y installer en raison de l'accessibilité des loyers », explique Karina Goma. Des miracles au quotidien Les personnages du documentaire sont touchants. On découvre par exemple Lourdes, d'origine srilankaise, enceinte de son deuxième
enfant. Il y a aussi la famille arménienne Jabourian dont le fils a quitté son emploi pour s'occuper de ses parents. La caméra nous présente également des travailleuses sociales du CLSC Parc-Extension dont Tassia, d'origine grecque et Hélène, née au Québec. « Les intervenants font preuve d'humanité et d'ingéniosité pour trouver des solutions aux problèmes quotidiens des immigrés. Ils font des miracles avec pas grand-chose », avance la documentariste qui a découvert durant le tournage des gens dignes qui gardent espoir malgré des conditions de vie difficiles : « Les personnes qui arrivent se retrouvent déclassées à maints égards, certains ont perdu leur statut social, d'autres doivent faire reconnaître leurs diplômes. Il y a beaucoup de solidarité, des liens qui se créent entre des communautés qui ne se seraient pas fréquentées dans leur pays. » Comme par exemple Vida, chrétienne originaire du Pakistan qui a souffert de diverses discriminations dues à son appar tenance à une minor ité
La vie dans l'arrondissement aux hommes. Cette information était inexacte puisqu'il s'agissait non pas de cours prénataux mais de réunions entre mères immigrées. L'objectif de ces ateliers était de faciliter le dialogue avec et entre les femmes de différentes communautés pour faciliter leur processus d'intégration. La réalisatrice rapporte que les spectateurs sont émus par les histoires humaines présentées dans Un coin du ciel. « Ce film peut redonner de l'espoir et de la foi en l'humanité, explique Karina Goma. On y découvre des gens dignes qui survivent et qui s'entraident. C'est une image qui vient contredire ce qu'on lit constamment dans les médias sur le fait que l'on est différent et que l'on a du mal à cohabiter entre communautés. Il y a des exemples dans mon documentaire qui montrent que les gens sont capables de vivre ensemble malgré leurs différences. Finalement, il y a beaucoup plus de ressemblances que de différences. » Vivre ensemble Karina Goma a déposé son documentaire à la commission de consultation Bouchard-Taylor sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles, au mois de novembre 2007. Selon elle, le documentaire parle de lui-même et témoigne de la capacité d'accueil des Québécois. Elle tenait aussi à rétablir la vérité sur la controverse qui a frappé le CLSC de Parc-Extension en novembre 2006. À l'époque, certains médias ont déclaré que ce CLSC refusait l'accès aux cours prénataux
Le coin du lecteur Chères lectrices et chers lecteurs, réagissez à nos articles, faites-nous des remarques et adressez-nous vos critiques. Votre avis nous est très précieux. N'hésitez pas aussi à nous faire des suggestions de reportages et d'articles. Posez aussi vos questions directement à nos collaborateurs dans les différentes rubriques de Réussir ici. C'est votre magazine.
Pour toutes informations supplémentaires ou pour commander une copie DVD du documentaire: Productions Virage www.virage.ca info@virage.ca 514 276-9556
redaction @reussirici.com
religieuse. Ses meilleurs amis aujourd'hui sont les membres d'une famille musulmane dont la mère est voilée.
La vie dans l'arrondissement L’ENTRETIEN Anie Samson, mairesse de Villeray—Saint-Michel—Parc-Extension
Anie Samson est tombée enfant dans la marmite de la politique. Écœurée par son côté sale, elle s'en est éloignée pour se consacrer à sa formation et à sa boite en communication. Et c'est sa rencontre bizarre avec un homme politique atypique qui la replongea dans l'arène, pour de bon. C'est l'histoire insolite d'une mairesse pas comme les autres que Réussir ici a découverte à travers cette interview.
Hassan SERRAJI Comment vous êtes vous retrouvée en politique? Dès l'âge de 9 ans, j'accompagnais ma mère, organisatrice politique au fédéral. Mais je me suis éloignée de la politique car j'avais horreur de ses coups bas… J'ai décroché mon baccalauréat en science politique et j'ai entamé une maîtrise en communication. En parallèle, j'étais travailleuse autonome en communication, spécialisée en publicité politique de 1985 à 1995. Comment avez-vous replongé au municipal? En 1994, durant la campagne électorale municipale à Montréal, je suis allée rencontrer Monsieur Bourque, candidat au poste de maire, pour lui présenter un concept de campagne publicitaire. Ce fut une rencontre bizarre. M. Bourque croyait que j'étais là pour présenter ma candidature comme conseillère municipale au sein de son parti… Il n'arrêtait pas de me poser des questions sur mes motivations politiques, etc. Alors que moi j'essayais de vendre mon concept. À la fin de l'entrevue, l'ancien maire m'a proposé de me joindre à son équipe... Il n'avait pas à trop insister? Oui et non. Écoutez, je suis une humaniste qui s'est jurée de ne refaire de la politique que pour rendre meilleure la vie des gens, qui sont nos vrais patrons. Et je crois aussi beaucoup au destin. De plus, M. Bourque est l'un des derniers politiciens à l'ancienne. Il avait un projet clair auquel j'ai vite adhéré… Il ne faut pas oublier que j'avais accumulé une solide expérience politique qui m'a aidée à aiguiser mon flair. J'ai aussitôt cru en la sincérité de l'homme
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et je n'avais pas tort. Dès le début de son mandat de maire, M. Bourque m'a chargée de lancer la fondation du maire pour laquelle il versait son salaire dans son intégralité. Quelle est votre perception de la politique? Je fais de la politique à l'ancienne. Je fais confiance aux gens et je tiens mordicus à ma parole. D'ailleurs, je suis la seule dans l'arrondissement à ne pas avoir changé de parti depuis 13 ans. Comment vivez-vous la diversité dans l'arrondissement? La diversité et l'accommodement, on le vit au quotidien. C'est une richesse. Et le plus grand défi à mon sens, c'est l'intégration culturelle. Écoutez, je gère les deux quartiers les plus pauvres au Canada, ParcExtension et Saint-Michel. On travaille main dans la main avec la population, on ré p o n d a u x d i f fé re n te s re qu ê te s d'accommodement. Par exemple, nous avons pu consacrer des horaires spéciaux pour les femmes et leurs enfants à la piscine de Parc-Extension. Nous procédons au nettoyage des quartiers spécialement pour faciliter l'organisation des fêtes communautaires. D'ailleurs, le meilleur exemple de diversité, je l'ai vécu durant les fêtes de fin d'année. Le père Noël était d'origine africaine et on a mangé le Six-pâtes, un plat typiquement québécois, à la viande halal! Comment favorisez-vous l'intégration de vos concitoyens issus de l'immigration? Je m'implique personnellement et je rencontre mes concitoyens sur le terrain. Mon téléphone est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Je fais aussi sauter des tabous comme pour la célébration de la fête du Sacrifice chez les musulmans. Je suis allée visiter mes concitoyens dans une mosquée, angle St-Denis et Jean Talon, pour leur présenter de vive voix mes meilleurs vœux. C'était valorisant pour les uns et les autres que je me retrouve, en tant que femme, au milieu d'hommes dans l'enceinte de cette
mosquée… La mairie s'implique aussi directement pour favoriser l'échange culturel. La bibliothèque du ParcExtension offre des ouvrages en treize langues. On y a lancé un programme de médiation culturelle qui incite les parents à a c c o mp a g n e r l e u rs e n fa n t s à l a bibliothèque. La programmation de la maison de la culture est faite à saveur multiculturelle. Nous prévoyons la construction du centre sportif communautaire Louis Joseph Papineau à Saint-Michel pour favoriser l'intégration des jeunes et contrer le phénomène des gangs de rues qui gangrène la vie du quartier. Par ailleurs, je m'implique personnellement pour soutenir et encourager des projets très importants comme la création du Petit Maghreb sur l'avenue Jean Talon, entre St-Michel et Pie.IX.
Questionnaire de Proust Si vous n'étiez pas maire, qu'auriezvous aimé faire comme métier? Missionnaire en Afrique, un continent qui me tient beaucoup à cœur. Si vous deviez vivre dans un autre pays, lequel choisiriez-vous? Le Maroc. C'est un pays que j'ai eu l'occasion de visiter à deux reprises et qui m'a séduite rapidement par ses médinas et ses souks. Quel est votre rêve? La paix dans le monde. Quelle est la personnalité politique qui vous inspire le plus et pourquoi? Nelson Mandela pour la fierté qu'il a su redonner à son peuple. Quel est votre objectif politique? Faire de Montréal une ville meilleure où tout le monde vit au-dessus du seuil de la pauvreté et où les jeunes ont droit à trois repas par jour.
La vie dans l'arrondissement
Le Petit Maghreb,
Mourad HALES Salon de thé Le FENNEC
au
Cœur
de Montréal Abdoulay SISSOUKO Hassan SERRAJI
À l'origine du projet du Petit Maghreb, Nacer Boudi, dirigeant entre autres d'ATLASNET, une agence de voyages sur l'avenue Jean-Talon Est et membre actif de l'association le Petit Maghreb (APM). Installé depuis presque dix ans à Montréal, il a vu la transformation du quartier se dérouler sous ses yeux. « Juste à côté il y avait un commerce grec et un autre italien. Ils ont été tous remplacés par des maghrébins, explique Nacer Boudi. Entre St-Michel et Pie IX, plus de la moitié d'une centaine d'enseignes appartiennent à des Maghrébins. » Redorer le blason « Après le 11-Septembre l'image erronée véhiculée par les médias à propos des Maghrébins a nui à toute la communauté. En effet, notre culture n'est pas que religion, souligne le promoteur du projet. Nous avons une culture séculaire basée sur le respect et l'ouverture aux autres. Aussi, avec quelques voisins avons-nous senti le besoin d'agir pour promouvoir notre vraie image, une image positive, et tailler en pièces cette image négative faussement répandue. » En 2005, Nacer Boudi a approché l'ancien candidat à la mairie de Montréal, Pierre Bourque, pour lui présenter le projet du Petit Maghreb et
Avec presque 17% du nombre total des immigrants qui se sont installés à Montréal, de 2001 à 2006, le Maghreb représente le premier pourvoyeur en nouveaux arrivants du Québec. La plupart ont pris pied à l'est de l'île. Aussi, et à l'instar de la Petite Italie et de Chinatown, des commerçants se sont organisés pour créer le Petit Maghreb, redorer le blason de la communauté et créer un engouement.
solliciter son soutien, à l'instar de ce qu'il a fait pour la Petite Italie et Chinatown. « J'ai eu rapidement le soutien et l'engagement ferme du candidat à la mairie. Malheureusement l'échec de monsieur Bourque à reconquérir son poste nous a poussé à mettre notre projet au placard presque deux ans durant », confie le promoteur du projet. L'année dernière, c'est par la voix du Journal de Saint-Michel que Nacer Boudi a interpellé Anie Samson, la mairesse de l'arrondissement de ParcExtension-Saint-Michel-Villeray pour qu'elle prenne position dans le dossier. Madame Samson, qui faisait partie de l'équipe Bourque, a réagi positivement en s'engageant à soutenir l'initiative : « J'encourage personnellement la création du Petit Maghreb à l'image de la Petite Italie car c'est un engagement électoral, précise Madame la mairesse. Ce projet qui est initié par la communauté représente un atout majeur pour nos concitoyens d'origine maghrébine, pour l'arrondissement et pour toute la ville. » Une vitrine sur le Maghreb Les promoteurs du Petit Maghreb tablent sur l'organisation d'une semaine du Maghreb, courant 2008,
avec un souk/vente de trottoir. « On invitera les artisans des pays du Maghreb. Ça serait l'occasion de créer un engouement autour du quartier. C'est aussi l'occasion de promouvoir notre culture. En effet, nous aspirons à devenir une vitrine sur le Maghreb en Amérique du Nord, souligne l'un des fondateurs de l'APM. Nous voulons aussi démontrer que nous sommes une communauté o r ga n i s é e q u i v a p r o m o u v o i r l e multiculturalisme et l'interculturalisme en favorisant la construction de ponts entre les cultures pour éviter l'assimilation et surtout forger une culture diversifiée dans l'harmonie et la sérénité. » Un projet à soutenir Présentement, la balle est dans le camp des Montréalais d'origine maghrébine, estiment les membres de l'association le Petit Maghreb. « Les autorités locales, que ce soit à la mairie au niveau provincial et fédéral, sont prêtes à nous soutenir. Notre association représentera le contenant. L'âme est là, ce qu'on veut c'est de structurer le corps. C'est à nos partenaires de développer le contenu. Et par partenaires, j'entends associations, société civile, artistes et représentants consulaires des pays du Maghreb », conclut Nacer Boudi. Février / Mars 2008
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Réussir ici
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Montréal Express L’Association Solidarité Canada Maroc -ASCM L’ASCM, organisme canadien à but non lucratif créé le 15 mars 2002 pour tisser des liens de solidarité et d’amitié entre le Canada et le Maroc, a réussi sa dernière compagne Opération Sacs d’école 20072008. Ces dons collectés au Canada ont bénéficié à 100 élèves, provenant de milieux défavorisés du Maroc, via l'Association Haoud Assfi. Par ailleurs, l'ASCM, qui a réussi depuis sa création l’acheminement d’un million de dollars en dons au Maroc, lance une campagne de financement pour envoyer des véhicules adaptés pour le transport des personnes handicapées au royaume. Selon les responsables de l’ASCM, avec 60 000$ par mois, l’association est en mesure d’envoyer mensuellement et pour chaque région du royaume quatre véhicules adaptés pour le transport des trois millions de personnes handicapées du Maroc. Www.ascm.ca
M. Sam Hamad
Stages Découvrir - Un projet qui obtient le soutien du monde des affaires et des partenaires du marché du travail
Les entreprises ont été nombreuses à répondre positivement à l'invitation lancée par le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, M. Sam Hamad. A ce jour, plus d'une centaine d'entreprises partout au Québec ont décidé de poser un geste concret en vue d'intégrer dans leur organisation respective, une clientèle éloignée du marché du travail. D'ici la fin de 2010, le ministre Hamad souhaite l'adhésion de 750 entreprises et la réalisation de 3 000 expériences de stages d'observation ou d'expérimentation pour des jeunes de moins de 25 ans. Le projet "Découvrir" veut amener les jeunes de moins de 25 ans à se découvrir une passion, à rêver à leur projet de carrière, à vivre des réussites et à améliorer leur estime de soi. Il s'agit de
12 Février / Mars 2008 I Réussir ici
stages d'exploration ou d'observation en entreprise d'une durée maximale de quatre semaines, qui feront connaître aux jeunes les diverses facettes de l'entreprise, l'environnement de travail et les occasions de carrière. Pour plus d’informations contactez votre agent au Centre local d’emploi de votre localité. Les nouveaux arrivants contribuent à la pérennité du fait français au Québec La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Mme Yolande James, et la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française, Mme Christine Saint-Pierre, se sont réjouies des résultats publiés, le 4 décembre dernier, par Statistique Canada à l'effet que, dans une proportion de 3 sur 4, les transferts linguistiques des immigrants allophones récemment établis au Québec se font vers le français. En effet, parmi les immig rants allophones arrivés au Canada, entre 2001 et 2006, et qui parlent soit le français soit l'anglais le plus souvent à la maison, 75 % ont choisi le français. Cette proportion représente un sommet en regard des autres périodes d'immigration. Autre première au recensement de 2006, même en élargissant ces données à l'ensemble des immigrants vivant au Québec, la proportion des allophones ayant adopté le français comme principale langue d'usage à la maison franchit aujourd'hui la barre des 50 % (51 % vers le français contre 49 % vers l'anglais), comparativement à 46 % vers le français en 2001 et à 39% vers le français en 1996. Mise en œuvre au Québec de la Loi sur la citoyenneté permettant l'octroi de la citoyenneté aux enfants adoptés à l'étranger par des résidents du Québec La Loi sur la citoyenneté, modifiée afin de permettre l'octroi de la citoyenneté aux enfants adoptés à l'étranger par des citoyens canadiens, est entrée en vigueur le 23 décembre 2007. Cette modification à la loi fera en sorte qu'une grande proportion des enfants adoptés à l'étranger puissent obtenir la citoyenneté et n'aient plus à passer par le processus actuel d'immigration. Aussi, si vous êtes citoyen canadien, que
votre projet d'adoption vise des enfants domiciliés dans un pays prononçant des jugements d'adoption (et non des placements en vue d'une adoption comme la Corée, la Thaïlande ou les Philippines) et que vous avez déjà déposé votre demande de parrainage auprès du Centre de traitement des demandes de Mississauga, vous pourriez vous prévaloir des mesures transitoires mises en place par Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). Ces mesures prévoient la possibilité pour les adoptants de retirer leur demande de parrainage et de demander la citoyenneté pour leur enfant, pour peu que la demande de résidence permanente de l'enfant ne soit pas déjà en cours de traitement au bureau de visas à l'étranger. Avant de vous prévaloir de cette mesure, vous devez d'abord vérifier l'état de votre demande de parrainage auprès de CIC et, s'il y a lieu, déposer une demande de citoyenneté. Dès que le Centre de traitement des demandes de Sydney aura confirmé la recevabilité de votre demande de citoyenneté, vous devrez signifier au Centre de traitement des demandes de Mississauga, par écrit, votre volonté de retirer votre demande de parrainage. CIC a prévu des modalités de remboursement des frais déjà engagés. Vous n'avez pas à informer le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) du changement apporté à votre démarche. Pour vérifier l'état de votre dossier de parrainage ou pour vous procurer les formulaires nécessaires au dépôt d'une demande de citoyenneté, vous pouvez consulter le site Internet de Citoyenneté et Immigration Canada (www.cic.gc.ca) ou contacter le Télécentre au 1 888 2422100. Les défilés du Père Noel Cette année encore, le Père Noel n'a pas chômé à Montréal pendant les fêtes! Présent toutes les fins de semaine de décembre dans sa demeure du complexe Desjardins, il a également fait son apparition lors de deux défilés organisés par les lutins et les fées de la ville : le premier sur la Promenade Ontario et le second en plein centre-ville sur la rue Sainte-Catherine. Finalement, on se demande comment il a réussi à garder suffisamment d'énergie pour se présenter, joyeux et en pleine santé, pour le 24 décembre !
Montréal Express
Oeuvre de Meryem Aouli Photo Christine Bourgier
Sous le regard de la chorégraphe et artiste en art numérique Isabelle Choinière et de la photographe Christine Bourgier, une dizaine de femmes de diverses communautés culturelles se sont retrouvées pour travailler sur la thématique de la peau et du toucher. C'est en photographies que ces femmes ont traduit leur travail de création. Les artistes de cette création sont : Meryem Aouli, Khadija Baker, Nureyla Kama, Gilda Monreal, Elisa Monreal, Judith Privé, Beatrice Naas-Ziegler. Avec la participation de : Mounia Bouhali, Rachel Minville, Marie Tebbs. Ce projet a bénéficié entre autres du soutien financier de l'Entente sur le développement culturel de Montréal intervenue entre la Ville de Montréal et le ministère de la Culture et des Communications du Québec. Des certificats de qualification professionnelle nouveaux et améliorés
Depuis le 1er janvier 2008, de nouveaux règlements s'appliqueront à l'apprentissage ainsi qu'à l'obtention des certificats de qualification dans plusieurs domaines. Ces règlements concernent les travaux sur les appareils sous pression, les machines fixes et les équipements fonctionnant au gaz naturel ou au propane, ainsi que les travaux, exécutés dans les secteurs hors construction, sur des installations électriques, des systèmes de tuyauterie, de combustion, de réfrigération et de déplacement mécanisé.
C e s c e r t i f i c a t s d e qu a l i f i c a t i o n professionnelle, délivrés par EmploiQuébec, établissent la compétence de leurs titulaires à utiliser les techniques et à respecter les normes de sécurité de leur métier. Ils sont obligatoires pour exercer les tâches visées par la réglementation québécoise. Les nouveaux certificats seront définis et nommés selon les types de travaux et les appareils utilisés, et non selon les appellations d'emploi. Par exemple, on ne p a rl e r a p l u s d ' u n c e r t i f i c a t d e qualification d'électricien, mais d'un certificat en électricité. Cela veut dire que l'organisation de la qualification dans certains métiers sera modifiée comme la tuyauterie, la mécanique des systèmes de déplacement mécanisé, et d'autres. Pour plus de renseignements, on peut joindre le Centre administratif de la qualification professionnelle, au 1 866 393-0067, ou consulter la section Guide de la qualification professionnelle du site www.emploiquebec.net.
Vers des solutions pour une intégration réussie des immigrants en emploi Constatant la sous-utilisation du bassin important de main-d'œuvre immigrante et sa forte concentration dans la région métropolitaine de Montréal, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, M. Sam Hamad, et la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Mme Yolande James, ont confié respectivement à leur adjoint parlementaire, le député de Viau, M. Emmanuel Dubourg, et au député de Robert-Baldwin, M. Pierre Marsan, le mandat de trouver, en concertation avec les partenaires patronaux, syndicaux et sociaux, des pistes de solutions pour neutraliser les obstacles à l'insertion professionnelle des personnes issues de l'immigration. Ainsi, M. Dubourg et M. Marsan ont commencé à rencontrer, à partir du 15 janvier et ce jusqu'au 29 février 2008, des représentants d'entreprises ou d'organismes communautaires en employabilité dans les régions de Montréal, de Laval et une partie de la Montérégie. Pour obtenir plus de précisions sur le mandat que les ministres ont confié à leur adjoint parlementaire, on peut consulter le site du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale à l'adresse suivante : www.mess.gouv.qc.ca, à la rubrique « Grands dossiers ».
Zoom M. Emmanuel Dubourg
La peau et le toucher Du 25 janvier au 15 février 2008 au Consulat général d'Algérie à Montréal.
Réussir ici : c'est quoi l'originalité de votre mandat? M. Dubourg : l'originalité de notre action est que deux ministres, celui de l'emploi et de la Solidarité sociale et celle de l'Immigration et des Communautés culturelles se sont mis ensemble pour coordonner leurs actions dans le dossier. Réussir ici : comment allez-vous opérer? M. Dubourg : par des rencontres directes avec nos partenaires lors desquelles nous avons déjà commencé à mettre le doigt sur les obstacles que rencontrent les immigrants mais aussi les intervenants dans les organismes communautaires responsables de l'accueil et de l'accompagnement. Nous voulons aussi nous inspirer des entreprises qui ont eu du succès dans le recrutement des immigrants comme la Tohu et la Banque Nationale, etc. Et à la fin nous allons convier des immigrants à une rencontre pour s'exprimer et avoir leur mot à dire. Réussir ici : après les premiers contacts, avez-vous une idée des solutions à préconiser? M. Dubourg : plus ou moins. Ce n'est qu'après la consultation des différents intervenants que nous aurons une image la plus complète possible des obstacles pour formuler des remèdes viables et réalisables. Ce qu'il faut savoir c'est qu'on part du postulat que l'immigration est un tout depuis la sélection jusqu'à l'intégration en passant par l'accueil et l'accompagnement. Et tout le monde doit contribuer pour créer une synergie entre les différents paliers : sélection, accueil, accompagnement et intégration. Il faut aussi préciser que plusieurs mesures de notre gouvernement sont déjà en place. Néanmoins, nous sommes conscients qu'il y a d'autres éléments à ajouter dans l'arsenal déjà existant. En effet, nous sommes conscients que l'intégration se fait par l'emploi et on ne peut pas ignorer le fait que des immigrants bien intégrés profiteront au Québec qui n'en deviendra que plus prospère. Février / Mars 2008
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Yvan-J. Ntwari
Coordonnateur Entrepreneuriat jeunesse
Le programme Jeunes promoteurs
du SAJE Montréal Centre Le Service d'aide aux jeunes entreprises (SAJE) du Montréal Centre est un organisme à but non lucratif en gestion conseil dont la mission est de stimuler, de favoriser et de soutenir le démarrage et l'expansion des petites et moyennes entreprises. Un de ses services phares est le programme Jeunes promoteurs. YvanJ. Ntwari, coordonnateur Entrepreneuriat Jeunesse au SAJE Montréal Centre, nous explique ce programme.
Qu'est-ce que le programme Jeunes promoteurs ? Le programme Jeunes promoteurs vise à stimuler le développement de l'esprit d'entreprise auprès des jeunes âgés entre 18 et 35 ans pour le démarrage d'une première ou deuxième entreprise. Il prévoit une aide technique au niveau de l'élaboration du plan d'affaires et une aide financière sous forme de subvention pouvant atteindre jusqu'à 6 000$ par entrepreneur pour un maximum de deux promoteurs par projet. Il faut préciser que, depuis 1985, le SAJE Montréal Centre a développé une expertise en ingénierie entrepreneuriale auprès de la clientèle jeunesse via le programme « Jeunes promoteurs ». Avec l'avènement des Centres locaux de développement (CLD) à Montréal en 1998, le SAJE Montréal Centre est devenu mandataire auprès des CLD de son territoire pour le programme Jeunes promoteurs (JP). Quels sont les critères d'admissibilité ? Pour bénéficier du programme Jeunes promoteurs, l'entrepreneur doit avoir pour projet de créer sa première ou deuxième entreprise sans avoir obtenu la subvention
14 Février / Mars 2008 I Réussir ici
Jeunes promoteurs auparavant. Il doit être âgé de 18 à 35 ans et doit être citoyen canadien ou résident permanent du Québec. L'entrepreneur doit posséder, idéalement, une expérience et/ou une formation en rapport avec son projet d'entreprise. Il s'engage, par ailleurs, à travailler à temps plein dans son entreprise. Il faut préciser que l'entrepreneur doit résider ou démarrer son entreprise dans l'un des territoires desservis par le SAJE Montréal Centre. (Voir le site Web www.sajemontrealcentre.com pour les territoires couverts par le SAJE Montréal Centre) Et quels sont les projets que vous encouragez le plus ? Tout entrepreneur qui répond aux critères d'admissibilité du programme JP et qui a une idée d'entreprise est invité à communiquer avec le SAJE Montréal Centre afin de faire valider son idée d'affaires et pouvoir bénéficier de tout le support nécessaire pour le démarrage de son entreprise. Quels genres de services sont offerts aux bénéficiaires ? Trois volets sont prévus dans le cadre du
programme Jeunes promoteurs. D'abord, la concrétisation du projet d'entreprise qui permet aux participants la réalisation d ' é t u d e s d e fa i s a b i l i t é t e c h n i c o commerciale ou toutes autres études préparatoires à la création d'entreprise. Le programme JP subventionne jusqu'à 75% des honoraires professionnels pour un maximum de 5 000$ par projet. Les deux seules conditions c'est que le projet soit novateur et original et qu'il implante un nouveau produit ou service dans le marché. Ensuite, le deuxième volet permet la création d'une première ou deuxième entreprise avec l'accompagnement et les conseils personnalisés lors de la réalisation du plan d'affaires et des états financiers prévisionnels ainsi qu'une aide financière sous forme de subvention de 6 000$ par promoteur, maximum deux promoteurs par entreprise. Enfin, le troisième volet qui dépend de l'acceptation du deuxième volet consiste en la subvention d'une formation de l'entrepreneur pertinente au développement de l'entreprise. Le programme Jeunes promoteurs rembourse un maximum de 1 000$ par promoteur à condition que la formation soit liée au
Vivre a Montréal domaine d'activité de l'entreprise et à sa gestion. Comment applique-t-on au programme ? Si le candidat a déjà un plan d'affaires il n'a qu'à se présenter et à en déposer une copie au SAJE Montréal Centre. Un conseiller prendra rendez-vous avec lui afin d'évaluer son projet, de l'aider à retravailler son plan d'affaires si nécessaire et de lui expliquer les directives à suivre pour appliquer au programme Jeunes promoteurs. Si, par contre le candidat n'a pas de plan d'affaires, il lui suffit de contacter le SAJE Montréal Centre pour recevoir un questionnaire intitulé « Sommaire de projet ». Après l'avoir dûment complété, le candidat est invité à le déposer au SAJE Montréal Centre. Par la suite, un conseiller prendra rendez-vous avec lui afin de valider son projet d'entreprise. Si la candidature répond et satisfait aux critères de sélection, le conseiller va aider le candidat à développer un plan d'affaires. Quel est le portrait de la clientèle ? Une grande majorité du bassin de la clientèle des Jeunes promoteurs du SAJE Montréal Centre est constituée de jeunes des différentes communautés culturelles de Montréal. Notons, par ailleurs, que le niveau d'éducation de la clientèle des Jeunes promoteurs du SAJE Montréal Centre est très élevé compte tenu de la proximité des institutions d'enseignement (Université de Montréal, HEC et Polytechnique) et que la proportion des femmes entrepreneures représente environ 40% de toute la clientèle jeunesse du SAJE Montréal Centre. Et si nous parlions chif fres maintenant… Environ un demi-million de dollars sont accordés annuellement aux jeunes entrepreneurs des territoires desservis par le SAJE Montréal Centre, plus de 80 jeunes promoteurs impliqués dans le processus de création d'entreprise, plus de 60 projets d'entreprises démarrés et autour de 200 emplois créés.
SAJE MONTRÉAL CENTRE Siège social 5160, boulevard Décarie, bureau 820 Boîte postale 22, Montréal, QC, H3X 2H9 Station de métro : Snowdon TEL. : 514-485-SAJE (7253) TÉLÉC. : 514-485-4933 COURRIEL : info@sajemontrealcentre.com www.sajemontrealcentre.com
Mayday Byron et Giovanni Biggs sont copropriétaires de Mayday, une compagnie qui facilite la gestion des achats en ligne et soutient les occasions d'affaires. www.e-mayday.com
« Mon frère Giovanni et moi étions durant 6 ans employés chez E-learning, une compagnie réputée de formation en ligne. La compagnie fut rachetée et mise en faillite soudainement, en décembre 2005. Du jour au lendemain, on s'est retrouvé au chômage. On a entamé l'année 2006 à la recherche d'emploi mais toutes les offres qu'on trouvait étaient situées en dehors du Québec. On ne voulait surtout pas déménager. Ecœurés par la situation, nous avons décidé de nous lancer à notre compte. Lors d'une séance d'information à l'assurance emploi, nous avons découvert les services du SAJE… Très vite notre projet a été retenu par la mesure Soutien au travail autonome (STA). Mais ce n'était pas suffisant. Aussi, notre conseiller au SAJE nous a-t-il proposé d'utiliser le service Jeunes promoteurs. Cela représente une aide incroyable pour les opérations vente et marketing. C'était l'équivalent de 9 000$ de plus pour le marketing et la vente, ce qui allait nous assurer les trois premiers mois de nos opérations. »
Boulangerie Sindbad Mustapha Mokrane, ingénieur électronicien, et Mohamed Bouzarari, ingénieur en informatique, sont les copropriétaires de la Boulangerie Sindbad dans l'arrondissement Côtedes-Neiges.
« En 2005, Mohamed et moi vivions les
mêmes problèmes au niveau professionnel. Lui travaillait dans son domaine mais se plaignait de l'instabilité du marché du travail. Quant à moi, je n'arrivais pas à percer faute de reconnaissance de mes acquis. Alors on s'est dit que le meilleur moyen de s'en sortir ici est de créer son propre emploi. Puis l'idée m'est venue de tenter notre chance dans le métier du pain que je maîtrisais du fait que mon grand-père avait une boulangerie où j'avais l'habitude de travailler à temps partiel. Nous avons loué un local et avons commencé à acheter du matériel usagé. On croyait naïvement qu'on allait nous en sortir avec nos propres moyens. Aux alentours de mai 2007, nous n'étions plus capables d'avancer. Un ami commerçant nous a conseillé d'aller voir du côté du SAJE. Sur place on nous a conseillé la mesure Jeunes promoteurs. C'est un vrai coup de pouce qui nous a aidés à bien démarrer. Grâce aussi aux conseils de professionnels et à leur encadrement nous avons pris les bonnes décisions. »
Eric Antigny, Gestion Ecoplus Compagnie qui soutient et conseille particulièrement les PME à prendre le virage vert.
« Je voulais me réorienter dans le domaine de l'environnement. J'ai donc quitté mon emploi et me suis inscrit à temps plein à une AEC en environnement. l'idée de lancer ma propre compagnie a germé dans ma tête durant mon stage à l'Éco-quartier de Saint-Laurent où j'ai pu saisir le potentiel d'un projet de conseil en environnement. J'ai donc décidé de me lancer à mon compte. Sans le service Jeunes promoteurs, mon expérience aurait pu être laborieuse. J'ai pu aussi aller plus loin dans l'analyse de mon plan d'affaires et découvrir tous les problèmes que je pouvais affronter. J'ai augmenté mon réseau de contacts, et l'aide financière m'a permis de plus me consacrer à mon affaire. En plus de la formation, on a droit à un conseiller qui nous guide et nous aide. » Février / Mars 2008
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Vivre a Montréal
Un bel accueil, c'est
PROMIS La résidence Maria-Goretti : un logement pour femmes au cœur de Montréal
A u d e
J I M E N E Z
aude.jimenez@reussirici.com
Des chambres pour tous les goûts La résidence offre deux types de logement : le premier, le plus important, sur du long terme et le second sur du court terme. Pour le long terme, il faut rester plus de trois mois. Les résidentes s'engagent en signant
un formulaire, et peuvent prolonger si elles le souhaitent. Pour le court terme, qui représente une dizaine de chambres, les nuitées sont payables d'avance et sont non remboursables. « Il y a des gens des régions qui viennent accompagner un mari hospitalisé à l'hôpital 16 Février / Mars 2008 I Réussir ici
Découvrir les valeurs et la culture québécoises, prendre des cours de français, cuisiner ou encore recevoir de l'aide pour trouver un emploi… Bienvenue au centre Promotion-Intégration-Société nouvelle (PROMIS). Spécialiste depuis près de vingt ans de l'accueil des nouveaux arrivants, ce centre offre aussi un service original de logement réservé aux femmes : la Résidence Maria-Goretti. Sur place, 220 chambres à un prix abordable. Visite.
Juif à côté, par exemple », explique Mme Boutin, responsable de la résidence. Les chambres sont réparties sur les cinq étages de la bâtisse. Elles sont plus ou moins grandes, et un petit nombre d'entre elles peuvent accueillir deux personnes. « En ce moment, on a deux étudiantes de droit qui partagent une de ces grandes chambres. C'est bien aussi pour les femmes qui viennent avec leur fille, par exemple, pour quelques jours, visiter quelqu'un », ajoute Mme Boutin. En plus des chambres, la résidence comprend une cuisine commune, une salle de séjour avec téléviseur et câble, des laveuses et sécheuses et la possibilité d'accès à Internet. Des téléphones publics sont aussi présents à tous les étages. Un l i e u « c h a l e u r e u x e t sécuritaire » « Je devais débarquer de France à Montréal, ville où je ne connaissais personne. Mon visa de résidente permanente en main, j'essayais de trouver une chambre universitaire avant de prendre l'avion, confie Nadira, résidente
ici depuis 2005. C'est une commis de l'université qui m'a référé à l'organisme PROMIS. » Pour Nadira, plus qu'une résidence au loyer abordable, MariaGoretti c'est avant tout un lieu chaleureux et sécuritaire. « On est entre femmes, ici. Et même si je n'ai pas trop de temps pour partager les repas, il y a un côté familial, c'est agréable. » Autre point positif, la résidence est ouverte 24 heures, 365 jours. Les locataires peuvent donc entrer et sortir de leur logement quand bon leur semble. Et côté sécurité, une gardienne fait des rondes de nuit sur les étages. Des démarches faciles L'autre avantage, selon Nadira, c'est la facilité des démarches pour obtenir une chambre : « J'ai simplement passé un appel depuis la France, et en une journée tout était réglé. » Mme Boutin me le confirme : « Nous ne faisons pas de bail, ni d'enquête. Cela dit, en plus du formulaire d'engagement, les candidates passent tout de même une entrevue à leur arrivée. » Bien que la résidence dispose la
Vivre a Montréal plupart du temps de chambres libres, il arrive qu'il y ait une liste d'attente au moment de la rentrée scolaire de septembre. Il est donc préférable de réserver à l'avance pour cette période de l'année. Le monde entier à la même adresse Il faut préciser que le centre PROMIS, une bâtisse imposante aux portes grandes ouvertes située au cœur du quartier multiethnique Côte-desNeiges, offre d'autres services pour faciliter l'intégration des immigrants. Joëlle, d'origine haïtienne, vous accueille toujours avec le sourire et vous dirige vers le service qui correspond le mieux à vos besoins. Comme Joëlle, les employés de PROMIS sont bien représentatifs des personnes qui viennent ici : ce sont p o u r l a g r a n d e m aj o r i té d e s immigrants, originaires des quatre coins du monde. Il faut dire que l'an passé, plus de 6 500 personnes venues de 115 pays différents ont bénéficié des services du centre! « Nous pouvons servir les nouveaux arrivants en 15 ou 16 langues », confie Andrée Ménard, directrice et fondatrice de l'organisme. En faisant le tour des
locaux on peut ainsi rencontrer, pour n'en citer que quelques-uns, Fatema, du Bengladesh, qui s'occupe du rapprochement culturel, Doudou, sénégalais, ayant en charge la régionalisation, Georges, au
Développement, arrivé de Corée du Sud ou Juan José, chilien, qui coordonne l'accueil aux immigrants…. Respect, dignité et intégration pour tous, depuis toujours
Mme Andrée Ménard
A la barre de cet organisme, l'infatigable Andrée Ménard, cheveux blancs et regard qui en a vu d'autres. « On est des passionnés. On y croit très fort », nous dit cette femme tout en énergie qui a passé plusieurs années comme missionnaire au Japon. « Notre mission est toujours la même : bâtir, avec les gens venus de tous les horizons, une société où tous les enfants, toutes les femmes et tous les hommes se sentent acceptés, aimés et respectés dans leurs droits », déclare-t-elle avec conviction. A l'automne 2008, l'organisme PROMIS fêtera ses 20 ans. On lui souhaite d'ores et déjà un bon anniversaire. Pour joindre la résidence Maria-Goretti : 3333, chemin de la Côte-SteCatherine Montréal (Québec) Canada H3T 1C8 Métro Côte des neiges Téléphone : 514- 731-1161 Télécopieur : 514-342-8337 Info@residencemariagoretti.org Pour joindre l'Organisme PROMIS : Téléphone : 514-345-1615 www.promis.qc.ca
Un grand nombre de services à PROMIS L'organisme offre des activités réparties dans quinze secteurs différents. Tous les domaines qui peuvent poser problème aux réfugiés et aux nouveaux arrivants sont donc pris en compte, du logement à la nourriture en passant par l'éducation des enfants. De plus, le centre PROMIS étant bien installé à Montréal et depuis longtemps, l'équipe dispose d'un large réseau. Cela lui permet de référer les personnes vers des services offerts ailleurs s'ils ne sont pas proposés directement sur place. « On fonctionne beaucoup au bouche-à-oreille, explique Mme Ménard. On connaît les organismes autour, et ils nous connaissent aussi. On collabore beaucoup entre nous. » Le dernier-né des services offerts a vu le jour en octobre 2006 : il s'agit d'aider les femmes isolées d'origine sud-asiatique à « devenir des citoyennes à part entière ». Par le biais d'activités artisanales telles que des cours de couture, grâce aussi à des cours de français ou tout simplement en visitant ensemble le quartier, vingt femmes sont sorties de l'isolement en 2006 grâce au programme. L'importance majeure de l'emploi et des régions « Il est évident qu'une personne ne peut pas se sentir intégrée tant qu'elle n'a pas un emploi correspondant à ses qualifications professionnelles, explique Mme Ménard. On propose entre autres des réunions d'information sur l'emploi, de l'aide à l'écriture d'un C.-V, des ateliers pour apprendre à faire des appels aux employeurs ou se préparer pour une entrevue. » Dans la même optique, et en partenariat avec les Régions et Emploi-Québec, PROMIS propose aux immigrants de partir travailler en région. « Partir en région est une grande opportunité, explique Doudou Sow, agent de liaison du programme de régionalisation. L'an dernier, 80 candidats ont trouvé un emploi avant même de quitter Montréal… Les régions c'est aussi la fin des transports en commun, des loyers beaucoup moins chers, la campagne pour les enfants…c'est tout cela qu'il faut prendre en compte. »
Vos photos de Passeport en 04 minutes
514-376-7127 Photo passeport
Photo citoyenneté
7127 St-Michel, Mtl. C.I.N. Et Carte soleil (Métro St-Michel) Photo / Vidéo Mariage
Vivre a Montréal
Déclaration
d'impôt,
le guide Hassan SERRAJI hassan.serraji@reussirici.com
Qui est assujetti et comment? « Je suis arrivée le 30 décembre à Montréal, est-ce que je suis censée faire ma déclaration d'impôt? » m'a demandé d'emblée, Danielle, nouvelle Montréalaise que j'ai rencontrée récemment. Oui, ai-je rétorqué, devant l'ébahissement total de mon interlocutrice. En effet, « légalement, toute personne qui a résidé au 31 décembre 2007 au Québec doit produire sa déclaration d'impôt avant le 30 avril 2008 à minuit, affirme Serge Paradis, porte-parole au Québec de l'Agence du revenu du Canada. Même si cette personne n'a rien gagné, elle doit déclarer zéro. » Une autre question qui tracasse les nouveaux arrivants est faut-il, oui ou non, déclarer ses revenus gagnés dans son pays d'origine durant l'année de son arrivée au Québec? « Lorsque le nouvel arrivant devient résident du Québec, toute somme gagnée, quelle que soit sa provenance, constitue généralement un revenu, à moins d'une disposition contraire à la Loi sur les impôts, explique Linda Di Vita, Conseillère en communication
18 Février / Mars 2008 I Réussir ici
Qui doit produire sa déclaration d'impôt et comment? Faut-il faire appel à un comptable? Est-il possible d'être aidé bénévolement? Telles sont les questions qui tracassent plusieurs contribuables qui, pour la première fois, sont tenus à cet exercice annuel.
de Revenu Québec. Les sommes gagnées en monnaie étrangère doivent être converties en dollars canadiens. Par contre, pour l'année de l'arrivée, la situation est différente. Par exemple, si un particulier a immigré définitivement au Québec le 1er août 2007, le résultat sera le suivant : pour la période allant du 1er janvier au 31 juillet 2007 (période de non-résidence), de façon générale, seul le revenu gagné au Canada doit être déclaré. Pour la période allant du 1er août 2007 au 31 décembre 2007 (période de résidence), les revenus de toutes provenances (incluant donc le revenu gagné dans le pays d'origine) doivent être déclarés. » Comment faire sa déclaration? En général, il est simple de faire sa déclaration tout seul en remplissant les formulaires disponibles dans les agences bancaires et les bureaux de Postes Canada, pour le fédéral, et dans les bureaux de Revenu Québec et la plupart des Caisses Desjardins, pour le provincial. Pour les personnes qui sont familières avec l'outil informatique et l'Internet, il
est possible de se procurer des logiciels faciles à utiliser. Il suffit par la suite d'installer le programme et de répondre à un questionnaire. Au fur et à mesure des réponses, la déclaration est produite automatiquement. « C'est le cas de 4,3 millions de contribuables qui ont fait leurs déclarations par un logiciel (73%) dont 2,5 millions ont été transmises par l'Internet, ce qui représente 44% des déclarations pour l'année d'imposition 2006 », déclare la responsable de communication de Revenu Québec. Mais est-ce avantageux de produire sa déclaration sur l'Internet? « Les avantages découlant de la transmission par Internet sont nombreux, mais le principal demeure sans aucun doute la réduction du délai de traitement, souligne Linda Di Vita. Ça permet aussi de transmettre la déclaration des deux paliers de gouvernement (provincial et fédéral). De plus, le logiciel agit comme conseiller fiscal électronique en suggérant les façons d'optimiser sa déclaration et les pièces justificatives ne sont pas requises. »
Vivre a Montréal Un nouveau service pour les aînés : une déclaration de revenus préremplie par Revenu Québec Pour simplifier la tâche de certains contribuables qui produisent leur déclaration de revenus de façon manuscrite, Revenu Québec offre à un groupe cible de 100 000 personnes de remplir préalablement pour elles leur déclaration de revenus 2007 à partir des données qu'il a déjà. La clientèle ciblée rassemble des citoyens ayant un profil fiscal simple et stable. Dans cette optique, le choix s'est porté sur des personnes de 65 ans et plus, dans une proportion de 80 %. Ce nombre représente le tiers des aînés québécois qui remplissent leur déclaration de revenus de façon manuscrite à l'aide du formulaire de Revenu Québec. Les 100 000 personnes visées par ce projet pilote recevront de la part de Revenu Québec, au début de février 2008, de l'information sur la déclaration préremplie. Elles recevront leur déclaration préremplie en mars 2008. Par ailleurs, comme chaque année, la date limite de la production de la déclaration de revenus demeure le 30 avril.
Je veux changer de carrière Notre collaboratrice Anna Maria Zaïdman, conseillère en carrière et formatrice depuis 15 ans répondra aux questions des lecteurs concernant les choix de carrières, le changement de carrière ou toute autre décision en lien avec la vie professionnelle. am.zaidman@reussirici.com
C h r o n i q u e
Faut-il faire affaire avec un comptable? « Il revient au contribuable lui-même de décider s'il doit faire affaire avec un comptable ou non pour produire sa déclaration », affirme la conseillère en communication de Revenu Québec. Toutefois, « à partir du moment où une personne a plusieurs revenus jumelés à divers frais, il vaut mieux faire affaire avec un comptable avec un titre reconnu pour éviter des erreurs de déclarations assez souvent commises par des non-professionnels, conseille JeanFrançois Legault, titulaire du titre de comptable en management accrédité (CMA) depuis dix ans. Un comptable conseille aussi son client pour maximiser sa déclaration et payer le moins d'impôt possible. » Par ailleurs, si le contribuable n'est pas en mesure de se payer les services d'un comptable, il y a la possibilité de demander l'aide de bénévoles qui opèrent dans plusieurs organismes communautaires de Montréal en contactant le Centre de référence du Grand Montréal au : 514-527-1375.
www.reussirici.com À l'occasion du lancement officiel de votre site Internet, un atout pour les nouveaux Montréalais, je tiens à féliciter toute l'équipe de Réussir ici pour cette belle initiative. Anie Samson Maire de l'arrondissement de Villeray—Saint-Michel—Parc-Extension asamson@ville.montreal.qc.ca 514-872-8173
Villeray Saint-Michel Parc-Extension
Vivre a Montréal
Vous avez dit
REER!??? Hassan SERRAJI hassan.serraji@reussirici.com
Sandrine s'apprête à investir dans un REER pour la première fois depuis son arrivée à Montréal, il y a deux ans : « Au début je ne savais pas ce que cela voulait dire, avoue-t-elle, car en France la cotisation pour la retraite se fait automatiquement. Pour vous dire à quel point j'étais étonnée au départ de voir les gens en parler. Du coup, j'ai réalisé qu'il fallait que je cotise entre autres dans des REER pour m'assurer une retraite confortable. J'ai donc fini par demander conseil à ma caisse. » Le cas de Sandrine est loin d'être unique. Plusieurs nouveaux arrivants découvrent avec étonnement le Régime enregistré d'épargneretraite. Qu'est-ce qu'un REER? « Il s'agit d'un régime d'épargne-retraite que vous avez établi, auquel vous ou votre époux ou conjoint de fait cotisez et que nous avons enregistré. Tout revenu accumulé dans le régime est habituellement exempt d'impôt pendant la période où les fonds demeurent dans le régime. Toutefois, vous
20 Février / Mars 2008 I Réussir ici
C'est la période des REER. Partout, les institutions financières font de la publicité pour vendre ce produit. Mais en fait, qu'est-ce qu'un REER et ça sert à quoi?
devez généralement payer de l'impôt lorsque vous recevez des montants du régime », peut-on lire sur le site Internet de l'agence du revenu du Canada. « Cela veut dire que le REER est un régime de retraite volontaire par l'entremise d'un établissement financier comme une banque, une société de fiducie, une caisse populaire ou une compagnie d'assurance. Il permet aux contribuables qui ont réalisé des revenus durant l'année à mettre de côté jusqu'à 18% de leur revenu pour un maximum de 19.000$ », explique Eric Menegazzi, Conseiller en finances personnelles au Car refour Desjardins au centre-ville de Montréal. En effet, à la retraite, le socle de base de la pension est représenté par la pension de sécurité vieillesse (PSV) versée par le fédéral et une rente de la Régie des rentes du Québec. « Après 40 ans de cotisation pour quelqu'un dont le revenu annuel est de 35.000$, cela représente à peu prés 1 . 400$ mensuellement, en dollars
d'aujourd'hui, précise Eric Menegazzi. Ce qui n'est pas négligeable mais reste non suffisant pour garder le même niveau de vie pour le commun des mortels. D'où la nécessité d'investir dans un REER. » Il faut savoir que dans la vraie vie, « seulement 40% des travailleurs québécois ont un régime privé de retraite payé par leurs employeurs, affirme Herman Huot, porte-parole de la Régie des rentes du Québec. Les autres 60% des travailleurs doivent investir dans un régime privé pour maintenir un bon niveau de vie à leur retraite. » Les avantages du REER « Cotiser dans un REER est une manière de mettre de l'épargne à l'abri de l'impôt et de créer une richesse à utiliser à la retraite, explique le conseiller en finances du Carrefour Desjardins. Il donne un avantage fiscal immédiat. Ainsi une personne qui a accumulé un revenu de 40.000$, s'il investit 1.040$ en REER il aura un retour d'impôt de 324$. » Il faut préciser qu'en dehors de la retraite, il y a deux autres cas de
Vivre a Montréal figure où la loi autorise au particulier de puiser à même dans son REER : quand on se permet une année sabbatique ou lors d'un achat d'une maison grâce au Régime d'accès à la propriété (RAP). « Raper son REER est le deuxième avantage direct du Régime enregistré d'épargne-retraite qui permet d'avancer une mise de fonds à l'achat d'une maison. Vous pouvez retirer un maximum de 20.000$, et ce à condition de reconstituer cet argent dans les 15 ans qui suivent. Toutefois, la loi accorde un délai de deux ans après l'achat avant d'entamer le remboursement », souligne Eric Menegazzi. Conseils pour le placement « Même pour ceux qui comptent retourner dans leur pays d'origine à long terme, investir dans un REER est une bonne idée. Ainsi à leur retraite ceux-ci peuvent bénéficier de leur épargne en passant jusqu'à 6 mois dans leur pays d'origine, explique le Conseiller du Carrefour Desjardins. En général, nous proposons à nos membres trois types de véhicule de placement selon leur tolérance au risque. Soit des placements à capital garanti (PCG) à intérêts faibles mais garantis. Soit des produits structurés à capital garanti à 100% à l'échéance mais le rendement est basé sur un indice boursier. Soit les fonds mutuels de placement donnant accès à tous les marchés tout en bénéficiant de l'expertise de gestionnaires. »
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Tr a v a i l l e r a M o n t r é a l
A g e n t immobilier se construire une carrière passionnante Deborah JUSSOME deborah.jussome@reussirici.com
Un secteur en croissance L'agent immobilier est celui qui fait le lien entre celui qui achète et celui qui vend. Orienté vers le service à la clientèle, il s'attache à trouver une entente convenable entre les deux parties. Vendre un minimum de cinq ou six maisons garantit à l'agent immobilier un salaire annuel de 30.000$, et le secteur est en constante croissance avec des possibilités infinies. Selon les données enregistrées par la Chambre immobilière du grand Montréal (CIGM), de janvier à août 2007, plus de 40 465 propriétés ont été vendues dans le grand Montréal. Cela représente une hausse de 14% par rapport à 2006. « J'ai commencé à travailler comme agente immobilière il y a un peu plus d'un an. Dès la première année, j'ai réussi à vendre quatre maisons », confie Marjorie, jeune affiliée à Royal Lepage. Sachant que les commissions sur chaque transaction rapportent à l'agent en moyenne 7% de la valeur de la vente, soit de l'ordre de 6.000$, après déduction des frais et taxes, cela représente un début pour le moins encourageant. « Quand on est dans l'immobilier,
22 Février / Mars 2008 I Réussir ici
Pour une insertion rapide et valorisante sur le marché du travail, le métier d'agent immobilier est une option à considérer. C'est un métier qui n'exige qu'une formation de quinze semaines et qui peut garantir à celui qui l'exerce un revenu annuel confortable.
les commissions sont tellement intéressantes qu'on n'a pas besoin de vendre trois maisons par semaine pour bien vivre », fait remarquer en outre Rodrigo Utillano, conseiller au service de la formation continue du cégep André-Laurendeau. Le secondaire 5, seul prérequis Au Québec, devenir agent immobilier n'exige pas un diplôme universitaire. Avec le niveau du secondaire 5, la personne intéressée doit suivre la formation d'une durée de quinze semaines à temps plein. Donnée dans une trentaine de cégeps et écoles spécialisées, elle prépare à l'examen de l'Association des courtiers et agents immobiliers du Québec (ACAIQ). C'est cet examen qui octroie le certificat d'agent immobilier affilié. Dans la pratique, bien qu'il doive obligatoirement s'affilier à une maison de courtage, l'agent est essentiellement un travailleur autonome. À ce titre, il gère son temps et ses tâches en fonction de ses objectifs et de ses priorités. Le succès de l'agent dépend de l'effort qu'il investit, admet Mme Jeune. Il est le seul gestionnaire de sa réussite.
Pour celui qui veut exceller dans cette b r a n ch e , l e ré s e a u t a ge e st u n incontournable. « Le travail ne viendra pas à nous, c'est nous qui allons le chercher, soutient Sonia Gabriel rattachée à Re/Max depuis cinq ans. C'est pourquoi les contacts, les relations sont des choses qui nous tiennent à cœur. » Un e ex p é r i e n c e d e t rava i l préalable est utile Agent immobilier, c'est certainement une carrière gratifiante, mais quelque peu exigeante vu les habiletés auxquelles elle fait appel. En effet, avec des tâches allant de l'analyse du marché à la gestion d'une clientèle variée en passant par le rôle de conseiller, l'agent doit être capable de se retrouver. « En plus d'être bon au service à la clientèle, bon négociateur, l'agent l'immobilier doit surtout avoir l'esprit entrepreneur, souligne M. Utillano, car c'est lui qui suscite l'activité. » Cela explique pourquoi c'est une branche qui convient aux gens en réorientation de carrière, et aux immigrants qui font face au problème de la reconnaissance des diplômes. Dans les deux cas, l'expérience de travail acquise ici
Tr a v a i l l e r a M o n t r é a l ou ailleurs représente un atout incontestable. « En plus de ma formation aux HEC Montréal, j'ai travaillé comme gestionnaire d'entreprise, comme travailleuse autonome avant d'être agente immobilière. Ça m'a aidé à être polyvalente et fonceuse, deux qualités très importantes dans ce métier », confie Madame Jeune. Le courtier immobilier soutient l'agent Un autre élément qui joue en faveur de ces travailleurs autonomes, c'est la maison de courtage à laquelle ils sont affiliés. En plus de leur fournir un bureau, l'accès à la banque de données regroupant les propriétés sur le marché, elle joue un rôle de mentor auprès des agents, anciens et nouveaux, et est responsable de leurs actes. « Une portion de notre travail est consacrée aux formations et réunions à l'interne. Cela aide à nous préparer à des situations particulières comme gérer en même temps la vente de trois maisons », dit Sonia Gabriel qui, avec la vente de vingt maisons en 2006, fait partie du top 100 sur 2 891 agents de Re/Max du Cartier. Même si actuellement la grande région de Montréal compte plus de 9 000 agents immobiliers, le marché devrait demeurer en bonne santé. En effet, les statistiques démontrent que plus de 80% des Montréalais font appel aux services d'agents immobiliers quand vient le temps des transactions. Par ailleurs, « des réalités sociales viennent confirmer la tendance : les gens au Québec changent de maison aux 5-10 ans, et le nombre de divorces sans cesse croissant rend les déménagements de plus en plus fréquents », signale M. Utillano.
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Le taux de chômage des immigrants nouvellement arrivés est presque le triple de celui du reste de la population du Québec. Manque d'expérience québécoise, non-reconnaissance des acquis, bilinguisme… autant d'entraves à l'intégration du nouveau chercheur d'emploi. Cela pousse plusieurs à tenter leur chance en affaires, et l'aide en la matière est à portée de main.
En effet, le taux de chômage des immigrants est de 18% au cours de leurs cinq premières années sur le sol québécois. Alors que celui de la population générale se situe autour de 6%. C'est là le résultat des recherches de Jean Renaud, sociologue de l'Université de Montréal, présentés au troisième forum national de l'Institut du Nouveau-Monde organisé pour le compte de la Commission BouchardTaylor qui a eu lieu le dimanche 25 novembre à Montréal.
Montréal. En effet, au lieu de se décourager, plusieurs chercheurs d'emploi se retroussent les manches et décident de tenter leur chance. « Quand on a une bonne idée de projet, il ne faut pas hésiter car il y a des structures d'accueil pour aider les jeunes entrepreneurs du démarrage à la concrétisation du leur idée », explique Claude Louzon, directeur de la Corporation de Développement Économique et Communautaire ( C D E C ) d e C ôte - d e s - Ne i ge s NotreDame-de-Grâce (CDN/NDG).
Être son propre boss « En 2005, mon associé et moi vivions les mêmes problèmes au niveau professionnel. Lui travaillait dans son domaine mais se plaignait de l'instabilité du marché du travail. Quant à moi, je n'arrivais pas à percer faute de reconnaissance de mes acquis. Alors, on a décidé de se lancer en af faires », raconte Mustapha, copropriétaire d'une boulangerie à
Les structures d'aide « Au début, nous avions mis toutes nos économies dans l'affaire. Nous avons loué un local et avons commencé à acheter du matériel usagé. On croyait naïvement qu'on allait nous en sortir avec nos propres moyens. Aux alentours de mai 2007, nous n'étions plus capables d'avancer. Nous avons essayé d'emprunter de l'argent dans notre entourage quand un ami commerçant
Hassan SERRAJI
24 Février / Mars 2008 I Réussir ici
nous a conseillé d'aller voir du côté du service d'aide aux jeunes entreprises », avoue Mustapha. En effet, plusieurs programmes d'aide et d'assistance aux porteurs de projets existent. « La CDEC, organisme agréé CLD, a pour obligation d'offrir un guichet unique d'accueil et de référence à tout demandeur d'assistance pour démarrer une entreprise, souligne Claude Louzon. Dans une première étape, un conseiller accueille le demandeur, examine puis valide son projet. Puis, il va le référer aux autres organismes comme le SAJE qui ont pour mandat de gérer des services comme la mesure de Soutien au travailleur autonome (STA) ou le programme Jeunes promoteurs (JP). Une fois son plan d'affaires bouclé, la CDEC réfère, s'il y a lieu, le promoteur à d'autres s e r v i c e s c o m m e l e c o m m i s s a i re d'arrondissement pour être conseillé entre autres sur la réglementation municipale. En dernier lieu, la CDEC peut offrir des
Tr a v a i l l e r a M o n t r é a l prêts (capital-risque) de 5 . 000 à 150.000$. » Un vrai coup de pouce « Le service Jeunes entrepreneurs est un vrai coup de pouce qui nous a non seulement aidés à bien démarrer mais qui nous a prodigué les conseils et l'encadrement de professionnels grâce auxquels nous avons pris les bonnes décisions, souligne Mustapha. En effet, avec un bon plan d'affaires tu sais à quoi t'attendre, si ton projet est viable et surtout tes chances de réussir. » D'autres témoignages recueillis par Réussir ici prouvent que les possibilités de succès sont concrètes. « Avant de bénéficier de la mesure STA, j'avais une bonne idée d'affaire que je n'arrivais pas à concrétiser faute de moyens et d'encadrement, avoue Dalila Benhaberou-Brun, fondatrice de Web Clinical Research, entreprise spécialisée dans la recherche
clinique. Et dès le premier jour de la formation, en mars 2006, j'ai entamé la rédaction de mon plan d'affaires. En effet, la qualité du soutien technique (conseils en fiscalité, comptabilité, marketing, etc.) m'a mise aussitôt à l'aise. » A lui seul, le programme Jeunes promoteurs, du SAJE Montréal Centre, a distribué, en 2007, plus de 600.000 $ en subventions et a assisté la création de plus de 75 projets d'entreprises qui ont vu la création de 250 emplois. pour trouver la cdec de votre localité, visitez le site web : www.lescdec.qc.ca Pour le SAJE MONTRÉAL CENTRE Tél. : 514-485-SAJE (7253) Info@sajemontrealcentre.com www.sajemontrealcentre.com
L’entreprise d’Eric Antigny, Gestion Ecoplus, a bénéficiée du soutient du SAGE Montréal Centre lors de son démarrage
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Chronique
La période de probation dans un nouvel emploi
Di-Anne di-anne@reussirici.com
Au travail!
avec Di-Anne
Di-Anne a une expérience de 10 ans de militantisme au sein du syndicat des employés de soutien de l’université Concordia. D'abord comme déléguée syndicale et comme agente de griefs. Ensuite, pendant quatre années, elle a occupé le poste de vice-présidente à la condition féminine avant d’en avoir assuré la présidence pendant deux ans. Elle a piloté entre autres le dossier de l'équité salariale pour les syndicats de l'université. Di-Anne vient de terminer un certificat en relations du travail.
La chronique d'aujourd'hui traitera des débuts dans un nouvel emploi. C'est une période cruciale qui porte divers noms : probation, essai, etc. C'est en fait une période, qui varie généralement entre trois et douze mois, où vous apprenez les rudiments de votre nouvel emploi et où vous vous adaptez à votre nouveau milieu de travail. Les premières semaines sont déterminantes. C'est le moment où votre employeur vérifie s'il a fait le bon choix en vous embauchant. Et c'est également le moment où vous déterminez si cet emploi répond à vos attentes. Votre avenir dans l'entreprise dépend de la réussite de cette probation. Que vise l'intégration d'un nouvel employé? Plusieurs entreprises ont en place un processus d'accueil de leurs nouveaux employés, qui permet de réduire l'anxiété et l'incertitude associées aux premières semaines de travail. Un tel programme, lorsqu'il est en place, vise à vous outiller pour vous permettre d'effectuer le plus rapidement possible les tâches pour lesquelles vous avez été embauché. D'ailleurs les dépenses liées à votre acclimatation dans votre nouveau poste peuvent être admissibles comme dépenses de formation selon la Loi favorisant le développement de la formation de la main-d'œuvre, souvent appelée la Loi du "1%", si celle-ci s'applique à votre employeur. Quels sont les éléments qui vous permettront de bien réussir votre intégration dans un nouvel emploi? Votre intégration repose sur une initiation à la mission de l'entreprise et du service dans lequel vous êtes affecté, et aux tâches spécifiques que vous aurez à effectuer. Vous et votre employeur partagez la responsabilité de la réussite de votre intégration dans votre nouvel emploi. La part de l'employeur : que doit-il faire? Votre nouvel employeur prépare votre arrivée : il avise les membres de votre unité de travail, prépare votre poste de travail, etc. À votre premier jour au travail, il vous présente à vos nouveaux collègues, vous fait visiter les locaux. Et tout au long des premières semaines, il prend le temps de vous expliquer les politiques et la mission de l'entreprise. Au cours de votre période d'essai, il vous donne du feedback sur votre adaptation et il évalue votre performance. L'évaluation a généralement lieu vers le milieu de la période de probation et à la fin. Les thèmes couverts peuvent varier et vont du général au particulier : historique, mission et objectifs de l'entreprise, services aux employés, politique de gestion, code de conduite, systèmes
26 Février / Mars 2008 I Réussir ici
de communication interne, santé et sécurité au travail, horaires et conditions de travail. Toutes ces informations vous permettent de bien comprendre la direction dans laquelle évolue l'entreprise et de vous y adapter. Viennent ensuite les particularités propres à votre emploi : attentes de votre supérieur, relations avec les autres départements de l'entreprise, clients, produits, procédures, normes, contrôle de qualité, personnes ressources, règles de sécurité et de confidentialité, etc. Votre employeur peut privilégier un mode d'apprentissage de style rencontre individuelle, jumelage avec un mentor, ou une combinaison des deux. Dans tous les cas, il vise à créer des liens entre vous et vos nouveaux collègues et à développer un sentiment d'appartenance à l'entreprise. La part de l'employé : que devez-vous faire? L'intégration c'est également le moment où vous et vos nouveaux collègues de travail apprenez à vous connaître. Certaines personnes peuvent être contentes de votre arrivée, d'autres non. Votre meilleur atout, c'est d'être à l'écoute. Et de vous intégrer le plus possible dans les activités sociales. Prendre l'habitude d'aller manger à la cafétéria de l'entreprise permet de côtoyer vos collègues dans un décor moins formel. Vo u s a u r e z à d é c o u v r i r l a c u l t u r e organisationnelle, tant formelle qu'informelle. Profitez de ces premières semaines pour bien comprendre ce que l'on attend de vous. Cherchez quels sont les réseaux et les alliances, les personnes d'influence, celles qui ont une expertise particulière, etc. Cela vous sera d'une aide précieuse pour votre carrière au sein de l'entreprise.
. Mais le plus important, c'est qu'au cours des ces semaines de probation, vous aurez à démontrer à votre employeur qu'il a fait le bon choix. Vous aurez à « livrer la marchandise »! Malheureusement toutes les entreprises ne prennent pas le temps de bien intégrer leurs nouveaux employés. Si vous vous trouvez dans une entreprise qui escamote l'intégration, rien ne vous empêche de prendre les devants et de demander une rencontre avec votre patron. Vous pourrez lui poser des questions sur les thèmes énumérés plus haut. Vous êtes congédié pendant ou au terme de votre période de probation? Adressez-vous à la Commission des normes du travail pour vérifier la validité de votre congédiement.
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Les grandes interviews
Ahmed Aïna, un
pionnier de la technologie IP
en Amérique du Nord Ahmed Aïna est un homme affable et doué dont la vie a été façonnée par sa passion pour le monde et sa bonne étoile. Brillant étudiant en économie, il est un véritable self-made-man qui a su très tôt surfer sur la vague des nouvelles technologies de l'information en essayant d'introduire le minitel au Québec avant de se lancer, avec son partenaire Mohamed El Mohri, dans celle de l'IP et de devancer des leaders mondiaux. Interview réalisée par Hassan SERRAJI
28 Février / Mars 2008 I Réussir ici
Les gens qui vous connaissent bien disent de vous que vous êtes un homme qui aime les voyages et la découverte. Pourquoi? Je suis de nature curieuse. En fait, depuis 1974, je visitais annuellement l'Europe pour travailler l'été afin de me faire de l'argent de poche et d'être autonome financièrement. C'est de là que m'est venue l'envie de découvrir le monde. À l'université en Algérie, j'avais un poster collé sur le mur de ma chambre et représentant un Mexicain avec un sombréro qui s'adresse à un papillon : « Toi qui as des ailes va voir du pays. » Et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! Ma licence de gestion en main, en 1978, je décide de continuer mes études en Grande-Bretagne. Mais le destin m'a mené plutôt en France Comment? De passage chez un cousin à Paris, un copain m'a invité chez lui à Rouen, ville que je n'ai plus quittée, m'inscrivant à un diplôme de troisième cycle (DESS) en gestion d'entreprises, puis à un DEA en affaires internationales. Par la suite, à l'automne 1978, j'ai fait la rencontre du responsable de l'étude de faisabilité du fameux pont entre Le Havre et Honfleur, par hasard dans un café. J'ai été un des premiers à être embauché. J'ai travaillé deux ans durant sur les études de viabilité du projet comme assistant de recherche. Par la suite, j'ai occupé le poste d'enseignant d'économie et de gestion dans un lycée pour le niveau terminal. Et comment vous-êtes vous retrouvé au Canada? J'étais inscrit au programme de doctorat en gestion à Rouen mais je voyais qu'il n'y avait pas de débouchés en France. J'ai donc décidé de m'inscrire à l'Université de Montréal pour préparer un PhD en économie. J'ai pu travailler comme assistant de recherche à l'université en économie tout en poursuivant des études en doctorat.
Les grandes interviews Comment c'était l'immigration à l'époque? À l'époque c'était plus facile. D'abord, le contexte international le permettait. Ensuite, il y avait peu d'immigrants et presque pas de difficultés pour travailler et s'intégrer. D'ailleurs, la plupart des immigrants étaient très appréciés des Québécois, et le gouvernement de René Lévesque encourageait les étudiants étrangers issus du Maghreb en leur accordant des avantages comme de payer les mêmes frais d'études que les Québécois. C'était la belle vie? Oui, en quelque sorte. Il ne faut pas oublier que je ne bénéficiais d'aucune bourse et que je devais travailler à l'université pour subvenir à mes besoins. Par ailleurs, je me rappelle que j'allais carrément reprendre l'avion pour Boston le jour de mon arrivée à cause d'une tempête monstre. C'était le 8 janvier 1982. Comment se passait la vie entre compatriotes? J'habitais avec un ami à une centaine de mètres de l'université, sur la rue Jean Brillant qu'on a fini par surnommer Belcourt car plusieurs Algériens boursiers de la SONATRACH y avaient élu domicile. C'était aussi le Mondial de soccer en Espagne où l'Algérie a battu l'Allemagne. C'était très dur pour nous car on était en période d'examens et aucune chaîne ne retransmettait les matches Il fallait aller à Ottawa pour récupérer les journaux et avoir les nouvelles du pays. C o m m e n t ç a s e f a i t qu ' u n économiste comme vous ait brassé des affaires en informatique? En 1987, j'ai démarré l'entreprise BTI avec mon ami et partenaire Bachir Halimi, lui aussi originaire d'Algérie. Notre concept était d'introduire la technologie du minitel (vidéotex) au Canada en partenariat avec Bell Canada. BTI offrait le logiciel et l'hébergement et Bell le réseau. À l'époque cette technologie, l'ancêtre d'Internet, démarrait en France. En d'autres termes, on offrait des services télématiques comme l'achat en ligne des tickets des matches des Expos au Stade olympique, s u r l e ré s e a u Ad m i s s i o n . G u y Carbonneau, l'actuel entraîneur des Canadiens de Montréal, était l'un de nos collaborateurs dans notre démarche de lancer les services pour le grand public. Il commentait et répondait aux questions
des amateurs par vidéotex vers la fin des années 1980. Mais pourquoi n'avez-vous pas réussi à introduire le minitel ici? Le minitel a eu un succès fou en France mais pas au Canada car ici les gens payent un forfait fixe pour le téléphone contrairement à l'hexagone. Les Québécois avaient le luxe de tout faire par téléphone. En 1990, Bell a tranché pour le téléphone et a arrêté le réseau. Ainsi, le téléphone a tué le vidéotex. Comment avez-vous pu vous relancer? Le destin fait bien les choses. Les Coréens qui suivaient de près nos activités et le développement de la technologie se sont manifestés et Korea Telecom a racheté notre produit. Avec l'argent de la vente on a créé, Halimi et moi, Médiasoft, en 1991. On s'est spécialisé dans le développement de logiciels pour gérer tout ce qui est télécommunication grâce à la technologie Computer Telephony Integration (CTI). On est passé du vidéotex à l'Interactive Voice Response (IVR). Soit le service téléphonique assisté par ordinateur. Le client ne parlait plus à l'humain mais à une machine. C'était le précurseur de la téléphonie IP en Amérique du Nord. Vous voulez dire que vous êtes derrière la machine qui nous aiguille quand on s'adresse à une compagnie ou une administration par téléphone? Tout à fait. En 1995, nos premiers clients furent la Banque Royale et l'Université du Québec à Montréal. À l'UQAM, la première heure on a enregistré mille appels qui ont engorgé les 96 lignes téléphoniques mises en place pour l'inscription des étudiants. Ce fut le boum commercial. Médiasoft est devenu leader du CTI en Amérique du Nord avant de la vendre. Mais pourquoi avez-vous vendu? C'est une décision d'affaires. Entre 1997 et 2004, il y a eu beaucoup de changements. Intel s'est jointe à notre tour de table et on a fusionné par la suite avec PRIMA télématique pour donner naissance à ELIX, racheté par Bell avant de devenir BCE-ELIX! On a décidé de vendre nos parts en cours de route, soit en 2000, car on n'était plus maîtres à bord. Et c'est quoi l'histoire de Dialexia? Au cours de l'année 2000, j'ai recontacté Mohamed El Mohri (voir encadré) qui possédait une compagnie de services de téléphonie sur Internet. On a vu
rapidement le potentiel de la technologie IP et on a misé sur une nouvelle façon de faire grâce au nouveau protocole Session Initiation Protocol (SIP) développé par l'Université Colombia de New York. C'est un protocole de communication pour transférer les télécommunications sur Internet. Au début, les gens nous ont traités de fous, mais depuis 2003-2004, des gros joueurs ont abandonné leur propre technologie, comme le cas de Cisco avec Skinny, et ont fini par adopter la technologie SIP. Mohamed Mohri, l'un des pères d'Internet au Maghreb
Mohamed Mohri qui a pour credo : « On est dans cette vie pour créer », est l'associé et cofondateur de Dialexia. Informaticien de formation, il a décroché un master à San Francisco, en 1985. Il s'est lancé, par la suite, en affaires en ouvrant un centre informatique en Arabie Saoudite avant de regagner l'Algérie dans les années 1990 pour être à la tête de Maghreb Net, le premier programme financé par l'UNESCO pour introduire la toile au Maghreb. « C'est à Alger, en 1990, lors des premières journées UNIX animées par leur fondateur Denis Richie que j'ai rencontré, pour la première fois, Ahmed Aïna », raconte le cofondateur de Dialexia. Cet informaticien hors pair et avant-gardiste a décidé d'immigrer au Canada en 1992 « à la quête du savoir et pour être au centre du boum technologique. » Il a fondé et géré, de 1992 à 1997, Intelect Solution, une compagnie d'intégration et de vente de produits informatiques avant de virer vers la téléphonie sur IP, de 1997 à 2001. « C'est à cette époque qu'Ahmed m'a recontacté et on a décidé de créer Dialexia, explique l'informaticien attitré de la compagnie. L'idée de base fut qu'au lieu d'offrir des services en tant que tels, on allait créer, développer et vendre des produits. L'engouement a suivi même si on a dû nous battre et ramer à contre-courant pour être reconnu dans l'industrie. Maintenant, nous sommes considérés comme un des précurseurs de la technologie SIP en Amérique du Nord. » Février / Mars 2008
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Réussir ici
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Étudier a Montréal
Cinema Politica
à l'UQAM
Un cinéma nouveau genre Marc-André SABOURIN marcandre.sabourin@reussirici.com
Chaque session, Cinema Politica présente à l'UQAM une programmation variée de documentaires traitant d'enjeux politiques, sociaux, économiques, environnementaux ou culturels. « Loin des scénarios hollywoodiens, ces films ont pour objectif premier de faire réfléchir le spectateur et de le conscientiser aux divers enjeux d'actualité, soutient la coordonnatrice de l'évènement, Marie-Ève Grigon. Par exemple, le film Les réfugiés de la planète bleue des réalisateurs Hélène Choquette et JeanPhilippe Duval, projeté à la session d'automne 2007, présentait la situation méconnue des réfugiés environnementaux. » Les projections de Cinema Politica, qui ont lieu une semaine sur deux, se distinguent non seulement par leur contenu, mais aussi par leur forme. « Les soirées se déroulent en trois temps: image, son et action! », explique Marie-Ève Grigon. Ainsi, après la représentation du film, les spectateurs sont invités à participer à une discussion pour tenter de trouver des pistes de solution aux enjeux abordés. Pour aider les gens dans leur réflexion, le réalisateur du film et des organismes en lien avec le sujet du documentaire sont présentés, parfois, pour échanger avec le public. Les soirées peuvent même aller au-delà de la discussion. Selon la coordonnatrice Marie-Ève Grigon, « il arrive que des gens se rencontrent lors des soirées et collaborent ensuite 30 Février / Mars 2008 I Réussir ici
Grâce au projet Cinema Politica qui offre la projection gratuite de documentaires engagés, le septième art prend une saveur sociopolitique depuis quelques années à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
sur divers projets. » Avec une moyenne de 15 à 30 personnes par projection, la formule semble plaire. « L'atmosphère est très conviviale, avec le popcorn et les chips, c'est comme si on était dans son salon », soutient la doctorante en psychologie Marie-Laure Daxhelet, qui a assisté à plusieurs représentations. Mais ce qu'elle aime le plus, c'est lorsque le cinéaste est présent. « Le réalisateur dépasse le film. Il peut répondre aux questions précises, parler des points non abordés dans le documentaire et faire un suivi sur l'évolution de la situation présentée. » Un réseau pancanadien Les soirées Cinema Politica de l'UQAM ont débuté en 2005 grâce à l'initiative d'une étudiante, Inês Lopes. Depuis lors, une équipe de quatre à dix bénévoles perpétue le projet, année après année. Le c o n c e p t p r o v i e n t t o u t e fo i s d e Vancouver. En 2001, face au manque de diversité dans les cinémas commerciaux canadiens et à la présence croissante des compagnies privées dans les institutions scolaires, un étudiant, Ezra Winton, débute le projet Cinema Politica. Aujourd'hui, Ezra Winton travaille toujours à promouvoir son idée. « L'objectif est d'informer le public sur des enjeux méconnus [...] et d'inciter les citoyens à agir, à s'impliquer pour créer du changement et se rapprocher d'un monde plus juste et plus
équitable », explique-t-il par courriel. Grâce à son travail et à l'aide de nombreux bénévoles, plus d'une vingtaine de cellules de Cinema Politica se sont développées partout au Canada, mais aussi aux États-Unis et en Europe. L'activité est d'ailleurs très populaire à l'Université Concordia où 400 à 500 personnes assistent à chaque représentation. Cinema Politiqua UQAM demeure toutefois le seul local à offrir une programmation francophone. Selon Ezra Witon, n'importe qui peut partir une cellule de Cinema Politica. Et il n'est pas nécessaire d'être étudiant, un peu de motivation suffit. Les différents locaux sont indépendants les uns des autres et chacun est responsable de sa programmation et de son horaire. Au final, Cinema Politica est un réseau offrant une expérience gratuite et unique. « Une fois de temps en temps, croit Ezra Winton, il est bon de quitter une projection cinématographique en courant, en sautant et en criant son désir pour l'action. D'un autre côté, rentrer chez soi pour réfléchir devant une bonne tasse de thé n'est pas si mal non plus... » Pour connaître l'horaire des projections Cinema Politica à l'UQAM, consultez le site www.cinemapolitica.org/UQAM ou écrivez à uqam@cinemapolitica.org pour vous inscrire à la liste d'envoi et recevoir les annonces des projections à venir.
Sortir a Montréal Billet culture Un peu d'histoire La CinéRobothèque en photo
Premiers arrivants et anciennes Québécoises Au d e J I M E N E Z
Je vous propose cet hiver deux livres historiques intéressants, bondés de belles images. Le premier, Une histoire des Québécoises en photos, écrit par Hélène Andrée BIZIER, est la suite d'Une histoire du Québec paru l'an passé et dont le succès est toujours d'actualité. Ce second opus de 330 pages retrace l'histoire de femmes plus ou moins célèbres de la province. L'auteure a choisi une approche thématique : l'enfance, le milieu de travail, les rites de passage… autant de moments forts dans la vie des femmes québécoises du siècle dernier. On les voit en costume pendant l'Expo 67, en bonnes sœurs dans les années 1990, à la garderie pendant la Seconde Guerre mondiale… Autant de visages, de groupes, de familles que l'on découvre avec plaisir et qui nous aident à mieux comprendre le passé de la Belle Province. Hélène Andrée BIZIER, (2007) Une histoire des Québécoises en photos. Éditions Fides, 330 p. Le second livre, Arrivés à bon port d'André LEBLANC regroupe plusieurs photos de premiers arrivants débarqués dans la ville de Québec vers 1900. Tout au long des quelques 40 pages de cette histoire, on suit Pierre, l'assistant du photographe. Armés d'un appareil photo d'époque, tous deux se rendent au port pour faire le portrait de ces femmes, hommes et enfants qui découvrent leur nouveau pays. Les personnages qui habitent ces pages ont des regards de braise, et l'émotion est palpable. L'originalité de l'ouvrage réside aussi dans la légère coloration qui couvre certaines images, comme autant de petites touches de gaieté. André LEBLANC, (2003) Arrivés à bon port. Éditions les 400 coups, 40p.
des spectateurs actifs
À Montréal, il existe un lieu où vous faites votre programmation personnelle parmi 9.000 films, où vous participez à des débats avec des équipes de tournage et où vous pouvez prendre part seul ou en famille à des ateliers éducatifs sur la production cinématographique ; il s'agit de la CinéRobothèque.
Sophie PEYRICAL
La CinéRobothèque de l'Office national du film du Canada (ONF) dispose de salles de cinéma, d'un espace de visionnage sur place et d'un vidéoclub. Les films programmés sont des documentaires d'auteur sur des sujets d'actualité, tous produits par l'ONF. « Les projections sont le plus souvent suivies d'un débat entre les spectateurs et des artisans du film. Il y a des activités mensuelles au cours desquelles les visiteurs apprécient d'avoir une tribune sur des sujets d'actualité », déclare Florence François, coordinatrice de la promotion et des relations avec la communauté pour l'ONF. « Le public vient énormément pour l'échange, ce ne sont pas de simples spectateurs. Les gens veulent être actifs par rapport à ce qu'ils voient », ajoute-t-elle. Un cinéma personnalisé Dans l'espace de visionnage, le spectateur fait sa sélection de films sur un écran tactile et regarde sa sélection assis confortablement dans l'un des vingt et un fauteuils de la CinéRobothèque. Selon Madame François : « il y a quelque chose de très actif, le spectateur fait son cinéma en faisant ses propres choix de films. » La collection est riche de 9 000 films qui sont classés selon huit centres d'intérêt : arts et cultures, autochtones, diversité culturelle, jeunesse, histoire et politique, santé et affaires sociales, droits de la personne et environnement. Madame François précise que l'équipe d'accueil connaît bien la banque des films de la CinéRobothèque et peut suggérer des listes de films à voir aux nouveaux visiteurs. Les tarifs sont abordables et restent moins chers qu'une salle de cinéma classique : 5.50$ deux heures de visionnage pour un adulte et 3,50$ pour un enfant, un étudiant ou un aîné. Il n'est pas possible de réserver une place à l'avance, c'est la loi du premier arrivé-
premier servi. Jusqu'au 31 mars, les visiteurs bénéficient d'une heure gratuite de visionnage à partir de 17 heures Les Ciné-rencontres Les Ciné-débats du mardi et les Cinérencontres du mercredi permettent aux spectateurs de découvrir les derniers documentaires de l'ONF traitant des sujets d'actualité. « Le film est un tremplin au débat. Un échange entre les artisans du film et les spectateurs suit chaque visionnage », déclare Madame François. Une nouvelle série de rencontres, Écran vert, existe désormais depuis février 2008. Elle aborde des thèmes relatifs à l'environnement. Les ateliers La CinéRobothèque propose des activités d'initiation au cinéma : la scénarisation, les techniques d'animation ou encore la réalisation vidéo. Ces ateliers coûtent 5$ pour les enfants, étudiants et aînés et 7$ pour les adultes. Ils ont lieu le samedi pour les adultes et le dimanche pour les familles, de 12h30 à 15h30. La CinéRobothèque accueille une quinzaine de festivals par an comme les Rendez-vous du cinéma québécois et les Rencontres internationales du documentaire, au cours desquels les visiteurs peuvent échanger avec des équipes de production cinématographique. Si vous êtes un spectateur actif et que vous aimez échanger sur des sujets d'actualité, vous apprécierez vos visites à la CinéRobothèque. Pour plus d'informations sur les ateliers et les Ciné-rencontres : 514 496.6887 www.onf.ca/cinerobotheque Février / Mars 2008
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Agenda Agenda Agenda Starmania à la haïtienne Du 26 au 29 mars 2008 la TOHU présente Starmania, une version revisitée par Haïti en scène de Port-au-Prince, un spectacle en français avec une touche de créole qui trace un parallèle saisissant entre les réalités de Monopolis et de Port-au-Prince. Insécurité, pouvoir, résistance, chaos, rêve, jeunesse, fougue et désillusion se côtoient dans ce spectacle présenté sous la présidence d'honneur de la gouverneure générale du Canada, Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean, du parolier Luc Plamondon et de l'artiste Luck Mervil. C'est en avril 2006, lors d'une mission en Haïti, que la gouverneure générale du Canada, Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean, a assisté au spectacle Starmania présenté par la troupe Haïti en scène. Vivement impressionnée par cette représentation, elle rentre avec le souhait de voir se produire cette troupe au Canada. Elle rencontrera tour à tour Luc Plamondon et le vice-président exécutif et directeur général de la TOHU, CharlesMathieu Brunelle, qui seront profondément touchés par la démarche de ces jeunes artistes qui évoluent dans un contexte chaotique. L'exposition Comment ça va? Un panorama émouvant de la vie en Haïti La TOHU présente depuis le 12 janvier jusqu'au 9 mars 2008 Comment ça va? des photographes Caroline Hayeur et JeanFrançois Leblanc, de l'Agence Stock Photo. S'échelonnant sur une période de 20 ans, les œuvres de cette exposition proposent un panorama émouvant de la vie en Haïti, issu de la vision personnelle de chacun des photographes. Leurs travaux reflètent des côtés tantôt durs, tantôt touchants de la vie en Haïti, sans jamais tomber dans le misérabilisme. Des papillons dans la tête Du 21 février au 27 avril 2008, le Jardin botanique propose pour la 11e année l'activité Papillons en liberté. Situé dans la grande serre du jardin, cet événement est une occasion unique de venir contempler
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plus de 15 000 papillons élevés dans des fermes d'Afrique, d'Amérique Centrale et d'Asie. Les enfants adoreront se promener entourés de magnifiques Morphos bleus et autres papillons blancs grands comme des mouchoirs de papier. Certains se poseront même sur vos épaules… c'est aussi un vrai plaisir pour les amateurs de photographie et les grands romantiques!
Salon Emploi Formation - 30e édition
Téléphone : 514 872-1400 Enfilez vos patins! Si vous n'avez pas encore sorti vos patins à glace du sous-sol, c'est le temps ! Depuis le mois de décembre, les patinoires de la ville sont déblayées, lustrées et prêtes à vous accueillir. Présentes dans tous les arrondissements, les patinoires sont en grande majorité gratuites et ouvertes la semaine et le week-end. Une sortie idéale pour défouler les enfants et se dégourdir les jambes ! Le site de la ville donne directement accès aux adresses des patinoires, à leurs horaires et aux conditions de patinage pour chaque jour et chaque quartier. Po u r p l u s d e r e n s e i g n e m e n t s : http://ville.montreal.qc.ca/ Par téléphone : 514 872-1111 A l'agenda : K avaloo, resto, garderie, activités Quiconque a des enfants le sait : difficile de passer un moment paisible dans un bon restaurant avec des enfants, surtout en bas âge. L'aspect de la nouveauté, la présence de nombreuses personnes, la faim, etc., rendent cette activité périlleuse pour tous parents fatigués qui auraient envie de passer un moment hors de la cuisine. Comment les garder occupés, tout en vous permettant une sortie intéressante … Rendez-vous chez Kavaloo, non ce n'est pas un petit animal, bien que le nom semble intrigant. C'est plutôt un lieu qui a été conçu occuper les enfants et plaire aux parents. Attablés devant un bon repas, vous pourrez les observer s'amuser, faire des activités avec ou sans animatrice, et même se faire des amis. Des ateliers de toutes sortes ont été pensés pour les tout-petits de 6 à 24 mois et les plus grands de 2 à 7 ans. Ainsi vous passerez un bon moment, et eux aussi. Sis à Outremont, au 1298 de la rue Van Horne, ce petit resto de cuisine française, fera plaisir à tous ceux qui désirent s'éloigner de la malbouffe traditionnelle que l'on retrouve en général dans les restos pour enfants. La garderie et les aires de jeux en présence d'une animatrice vous donneront même envie de vous y rendre souvent… Pour infos : www.kavaloo.ca tél. : 514-270-7715
Les 18 et 19 mars 2008 se tiendra la 30e édition du salon Emploi Formation au Palais des congrès de Montréal. Cette trentième édition du Salon Emploi Formation inaugurera Boulot d'ailleurs!, un nouveau service de recrutement à distance élaboré en collaboration avec Place aux jeunes du Québec. L'initiative permettra aux recruteurs en région de procéder à des entrevues à distance par le biais d'une Webcam. Par ailleurs la nouvelle division montréalaise de la Society of Automobile Engineers (SAE Montreal) sera partenaire du 30e Salon Emploi Formation, ce qui lui permettra de se faire valoir auprès du grand bassin de visiteurs ingénieurs de l'événement. Pour de plus amples informations : www.emploiformation.com Ensemble pour un voyage au bout de la nuit ! Pour une 5e année consécutive, Montréal ouvre le bal ! Cette année, Nuit blanche à Montréal, présentée par Hydro-Québec dans le cadre du Festival MONTRÉAL EN LUMIÈRE, propose aux citadins et aux touristes pas moins de 123 activités pour la plupart gratuites ! On pourra visiter des expositions, assister à des spectacles, visionner des films, écouter, danser, rire et s'émerveiller toute la nuit durant. Un fabuleux voyage au bout de la nuit. Du samedi 1er au dimanche 2 mars, on passe la nuit ensemble ! Pour se retrouver facilement parmi les multiples activités de la Nuit blanche ou pour se laisser aller au gré de son humeur humeur, quatre circuits ont été tracés dans le but de couvrir le plus gros des activités. Un service gratuit de navettes, cette année encore assuré en collaboration avec la STM, desservira quatre lignes interreliées comprenant un total de 35 arrêts : Quartier Vieux-Montréal et Quais du Vieux-Port (#1), Quartier des spectacles Centre-Ville (#2), ainsi que Quartier Plateau-MontRoyal (#3).
Le coup de cœur de la rédaction
Anjel C'est un artiste virtuose dont le background tient des grandes p o i n t u re s d e l a m u s i q u e s o u l américaine. Né au Congo, il a vécu en Belgique avant de transiter par la France puis les États-Unis pour finalement s’installer à Montréal, ville de l'éclosion de son immense talent et de l ' a v è n e m e n t d ' A n j e l : a u t e u r, compositeur, producteur et distributeur de son premier album nourri de spiritualité et d'amour en toute indépendance. Anne-Marie YVON Hassan SERRAJI
Qui est Anjel? Avant même de jouer de la musique, je suis un amoureux de la soul qui a nourri ma jeunesse dans les années 1980. Par la suite, j'ai fait une recherche plus approfondie sur les origines de cette musique depuis les années 1960 et 1970 tout en continuant à en suivre l'évolution dans les années 1990… cette musique est constamment dans ma vie et tous mes souvenirs sont en relation avec elle… c'est ce qui fait de moi une personne sensible, avide de partager ses émotions avec les autres par ce moyen de communication universel… Comment vous êtes-vous retrouvé à Montréal? À mes débuts, je chantais en anglais et logiquement je suis allé tenter ma chance aux États-Unis… Sur place, j'ai pu avoir quelque rendez-vous avec certaines maisons de disques, mais j'ai trouvé le prix à payer pour réussir dans l'industrie très élevé. Là bas, les maisons de disques ont tendance à formater l'artiste, essentiellement, selon des critères de marketing. Au début, j'étais un peu dedans mais au fur et à mesure que j'avançais, cela me rebutais. Après mûre réflexion, j'ai décidé de tout arrêter. Je voulais ma part du rêve américain mais j'ai eu droit à un dur retour à la réalité. Lassé, je me suis dit : « Pourquoi ne pas essayer le Canada? » Et puis… Dès le départ, j'ai aimé Montréal. Ici, j'ai
spiritualité et amour
trouvé une scène soul et R&B qui est très développée. C'est la ville où j'ai retrouvé le musicien en moi et où j'ai beaucoup a p p r i s d ' a u t re s m u s i c i e n s p l u s expérimentés qui m'ont aidé à puiser au fond de moi pour mieux m'exprimer… c'est l'école en fait… c'est là que j'ai appris à sortir le meilleur de moi-même au niveau musical... Montréal m'a vraiment aidé à m'élever spirituellement… Comment? C'est en 2002 qu'il y a eu un changement majeur dans ma vie et que le concept d'Anjel est né. En fait, chaque personne a en soi un ange et un démon qui sont en perpétuel combat. Et au fond, nous avons le pouvoir de vaincre notre côté démon par l'amour… J'y suis arrivé après une longue expérience de repli sur moi et d'isolement spirituel, ce qui m'avait permis de développer toutes sortes d'aptitudes au niveau de la création.
parlent pas tous l'anglais. De plus, chanter la soul en français crée un effet fraîcheur qui représente un gros plus artistique… Vous faites vraiment tout sur cet album, est-ce faute de producteurs? Pas du tout. Mon expérience aux ÉtatsUnis m'a permis de mûrir. Je voulais à tout prix garder mon indépendance artistique. J'ai donc décidé de travailler et d'économiser pour produire mon album. Par la suite, j'ai essayé de décrocher un contrat de licence mais c'était presque mission impossible. Et là je me suis dit : « Ou j'arrête maintenant, ou je crée ma propre maison de disques et je sors l'album. » Et c'est ce que j'ai fait.
C'est ce qui ressort de cet album, beaucoup d'amour et de spiritualité? Tout à fait. Les paroles ont une certaine profondeur, une certaine pureté parce qu'elles parlent à Dieu, à mes proches, à tous les gens qui ont été toujours là pour moi et même ceux qui n'ont pas été là pour moi. C'est toute une histoire d'amour avec un grand « A » qui peut se résumer dans la chanson Motema qui veut dire cœur en ingala, la langue de l'ancien Zaïre. Le cœur de cette chanson est la soul mais c'est aussi un mélange de jazz, de bossa-nova, de disco, de funk, etc. Et pourquoi avez-vous décidé de chanter plutôt en français? À mon arrivée ici, j'ai continué à écrire en anglais, mais je me suis rendu compte que cela me mènerait impérativement au public anglophone et aux États-Unis… et vu que j'avais une allergie, à cette époquelà, envers l'oncle Sam, j'ai préféré me lancer en français. J'ai aussi pensé que le fait de chanter en français allait me permettre de repartir en Europe, en France et en Belgique, plus près de ma famille et que mon message serait mieux compris par mes proches et amis qui ne Février / Mars 2008
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Chronique
L'héritage d'Oscar Peterson
Battre la discrimination, agir dans la dignité, vivre la diversité C'est à son domicile de Mississauga, banlieue de Toronto, qu'Oscar Emmanuel Peterson est mort, dimanche 23 décembre 2007, des suites de complications rénales, à l'âge de 82 ans. Il est une figure de l'art, pianiste exceptionnel, mais aussi un personnage public et une authentique légende sociale et politique, car très présent, pour longtemps, dans la pensée commune et l'imaginaire collectif.
Yves ALAVO
Oscar Peterson a atteint en jazz une virtuosité dans l'expression et une maîtrise technique complexes, presque spirituelles, si rares que la direction du Festival international de jazz de Montréal l'a choisi comme parrain et a instauré un prix qui porte son nom. Le pianiste virtuose et compositeur doué était un adepte de la perfection mise au service du jazz. Sa fécondité artistique, associée au développement de la musique, s'est matérialisée par les nombreux disques qu'il a conçus, permettant ainsi à un large public de le connaître et de l'apprécier depuis le début des années 1950. Il cumulait des vertus rares, comme humain, comme intellectuel et comme artiste engagé. Monsieur Peterson était jaloux de sa dignité. Il fut tout au long de sa carrière un passeur/médiateur de cette dignité portée auprès des siens d'abord, mais aussi présente dans ses rapports avec les institutions ainsi qu'avec les individus. Oscar E. Peterson compte, avec le pianiste Oliver Jones, né lui aussi dans le quartier Saint-Henri, proche de la Petite Bourgogne dans le sud-ouest de Montréal, parmi les plus grands musiciens de jazz d'origine canadienne. L'homme, Oscar Peterson, pianiste, compositeur, chanteur et organiste, son nom peut ne pas l'afficher, Africain-Canadien, a construit une vie, une œuvre et a développé une influence qui transcendent, chez nous au Québec en particulier, la langue, la religion, la couleur de la peau et même le climat. Comme certains de ses compatriotes, de ses proches, de ses amis, et certains d'entre nous aussi, il a subi, avec violence et avec amertume, la discrimination. Il l'a connu dans les années 60 et 70 et il a compris, il a réagi et agi avec encore plus d'énergie pour la combattre et la vaincre par plus de travail et par plus d'ouverture d'esprit; la discrimination marquée par l'injustice, la discrimination marquée par l'humiliation et la discrimination exprimée avec l'arrogance souvent grossière et condescendante d'une société où elle fut et demeure, à certains égards, systémique et inscrite dans les pratiques tant sociales, légales qu'administratives. Il s'agit bien de notre société montréalaise et de notre contexte québécois.
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Modèle vivant, source de fierté et d'inspiration pour de nombreuses générations de jeunes Noirs, mais aussi pour nous tous Montréalaises et Montréalais, tous uniques que nous sommes, Oscar Peterson a prêché avec humilité, par l'exemple. Un exemple qui met en lumière, au-delà du talent et des habiletés remarquables, la valeur du travail, la conscience professionnelle totale, une éthique de la franchise qui n'a d'égal que son refus constant de faire des compromis sur ses convictions, son sens de la justice et son engagement pour elle, pour l'équité et le mérite. Il a aidé les meilleurs à faire mieux, les plus démunis à vivre dans une dignité plus grande et une fierté assumée, les autres, à apprécier d'abord les qualités humaines, la noblesse et l'immense potentiel que les artistes ou les personnalités issus de la diversité, surtout celles qui appartiennent comme lui au milieu des arts, au cercle de la culture et des médias, portent et cultivent pour le bénéfice de toute notre société. Quand on considère qu'en 2008, les citoyennes et les citoyens issus de minorités dites « visibles », qui représentent près de 15% des personnes « actives » de la région métropolitaine de Montréal, ont le pourcentage le plus élevé de diplômés de niveau universitaire, sont aussi sous-représentés au sein de la fonction publique municipale, sont les victimes désignées de l'exclusion ciblées et les premières dans l'exercice des coupes budgétaires effectué en novembre dernier pour confectionner le budget 2008… Cet état de fait, distinctivement montréalais, contredit honteusement le palmarès superbe du géant de la musique que nous venons de perdre, un homme qui s'est battu toute sa vie pour plus de dignité humaine, plus de justice et d'équité dans nos systèmes administratifs et politiques et pour une véritable mise en valeur de la diversité dont nous sommes riches.
Oscar Peterson en 1984
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