PARLONS CLAIR N°102 - avril 2013

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Parlons Clair est un éphéméride mensuel de l’actualité internationale, sans prétention à

l’exhaustivité, fait de commentaires brefs et incisifs, faciles à lire et stimulant la réflexion critique : nous disons ce que la « grande presse » de gauche et de droite, ne dit pas. Seule ligne éditoriale, les choix du « Collectif Polex », communiste, anticapitaliste sans ambages, anti-impérialiste sans concession : parce que le mouvement progressiste a trop souffert des dérives opportunistes, conciliatrices, nées du carriérisme politicien et de l’absence de principes. Nos analyses sont les points de vue personnels de communistes, signées de leurs auteurs, en toute responsabilité, en toute liberté, sans allégeance à l’égard d’une quelconque organisation, parti ou groupe : l’obéissance irréfléchie à des hommes, des états, des partis, comme s’ils ne pouvaient pas se tromper ou trahir leur idéal originel, a coûté très cher au mouvement révolutionnaire ; il n’y a pas de sauveurs suprêmes, dirigeants ou partis omniscients. La diversité des militants est une richesse.Ce bulletin mensuel électronique est envoyé chaque mois gratuitement à plus de 3300 abonnés. Il vous suffit de nous signaler votre volonté pour cesser de le recevoir(arrêt de souscription). Mais vous pouvez aussi nous transmettre ( inscription ) l’e-mail d’un ami que cela peut intéresser, et vous reporter aux analyses détaillées de l’association sur son site ( http://www.collectif-communistepolex.org/ ) . Notre seul souci est de stimuler la réflexion militante sur les questions internationales.

SOMMAIRE Ma France FRANCIS ARZALIER Librairie Polex DOMINIQUE DIONISI « Habemus papam » : l’affaire exclusive des catholiques ? FRANCIS ARZALIER Notre camarade Simonne Goenvic n'est plus POLEX SOMMAIRE BULLETIN

MA FRANCE La France passait autrefois pour le royaume du bon sens et du cartésianisme politique : nous en sommes fort loin. Le Président Hollande, se tambourinant la poitrine avec ses bras musclés, claironne avoir mis fin en deux mois aux méfaits des méchants trafiquants intégristes islamistes du Sahara. Du balcon, ses farouches opposants de la droite ultra libérale applaudissent la prestation, susurrant « nous n’aurions pas fait mieux. Sarkozy avait donc raison quand il enclencha le processus guerrier au profit des « djihadistes » de Lybie. Les observateurs plus sérieux osent entre eux quelques réserves sur le bilan des monarques français en Afrique : La Lybie, soumise aux pétroliers occidentaux, est aujourd’hui livrée aux exactions des bandes intégristes qui alimentent en armes, fournitures et mercenaires les djihadistes au Sahara : ils sont et seront longtemps capables d’y poursuivre la guérilla, d’y capturer et d’y tuer des otages, de harceler les


populations sédentaires du Sahel malien : la France et l’OTAN ont ouvert en 2012 la boite de Pandore et elle n’est pas prête à se refermer. Le Mali a perdu en un an son intégrité nationale, notamment parce que la France y soutient depuis le début les séparatistes « touaregs » du MNLA. Il est livré pour longtemps aux volontés des occupants étrangers, Occidentaux, africains, pro-occidentaux de la CEDEAO camouflés derrière un état croupion qui ne contrôle ni l’armée, ni l’économie. Les seuls bénéficiaires de deux ans de guerre au Nord Mali sont les sociétés occidentales comme Areva qui espèrent pouvoir en exploiter les richesses sans concurrents chinois ou autres et les militaires étatsuniens qui peuvent enfin installer leur dispositif militaire (africom), leurs « conseillers », leurs drones ; ils sont déjà au Niger, au Burkina, et opérationnels au Sahara. Le gouvernement français, pointe offensive de l’impérialisme occidental au Sahara et au Sahel, après l’avoir été au Maghreb, propose à ses alliés européens et au USA d’étendre ce brillant résultat au Moyen Orient en éradiquant par la guerre le régime syrien, première étape d’une guerre ultérieure contre l’Iran et ses alliés. Pour cela, il n’hésite devant aucun paradoxe, soutenant militairement les insurgés intégristes syriens, alors qu’il prétend les éradiquer au Mali et choyant à Paris les Qataris qui les financent… Plus grave est que ces comportements irrationnels semblent avoir déteint sur la mouvance progressiste, trop souvent engluée dans l’opportunisme électoral ou le sectarisme. La lutte pour la paix qui fut si forte en France contre les brutes coloniales ou les docteurs Folamour amoureux de l’arme nucléaire, se disperse en dérives contraires ; les uns se complaisant dans un absurde admiration pour des despotes anti progressistes devenus subitement antioccidentaux, comme Kadhafi ou Assad, les autres dans un discours « humanitaire » qui sert de cache-sexe aux bandes armées intégristes. Ce faisant, ils oublient tous deux que l’idéal anti-impérialiste consiste justement à ne pas choisir à la place d’un peuple et seulement à s’opposer à toute ingérence extérieure, coloniale ou « néocoloniale ». Le PCF fraîchement émoulu de son dernier congrès qui devait « rallumer les étoiles » et n’a réussi qu’à être un non-évènement, tant il a pérennisé ses tendances opportunistes « européennes », a dénoncé à juste titre les dirigeants français qui prônent la fourniture d’armes lourdes aux insurgés syriens ; le communiqué du 15/3/2013 utilise pour cela un argument curieux : « il est impossible de savoir en quelles mains ces armes vont tomber »… Mais si, justement, camarades, on le sait : la coalition syrienne d’opposition a élu à sa tête un certain Hitto technocrate ultra libéral, le poulain des Frères Musulmans, qui sévissent déjà en Egypte… Et puis, fâcheusement, le 20 mars, les « nouveaux » dirigeants du PCF accueillent en grande pompe sous les lustres de « Fabien » des représentants des opposants syriens, baptisés « démocrates », bien sûr parce qu’ils sont pro-occidentaux… Et c’est pourtant de ce parti qui fut si grand dans ses luttes pour la paix, que nous attendions un sursaut logique, la non ingérence dans un conflit interne qui détruit la Syrie au seul profit de l’impérialisme occidental… Quant aux escrocs, fiscaux ou pas, qui n’ont pour idéal que « la politique du ventre, comme on dit en Afrique, ils ont déshonoré la fonction politique, quand tant de militants ont su vivre et mourir au service des autres. Qu’ils se nomment Sarkozy à droite, Cahuzac et Augier au PS, Péninque au FN, évitons d’en parler aussi : ils sentent par trop le vomi… Réveille-toi ma France ! Ils ont devenus fous ! FRANCIS ARZALIER SOMMAIRE

LIBRAIRIE POLEX POLEX vous conseille la lecture de : Le camp des oliviers – William Sportisse, entretiens avec Pierre-Jean Le Foll-Luciani, paru en 2012 aux Editions des Presses Universitaires de Rennes – 336 pages – Prix : 18 € (+2 € de frais de port) Expériences socialistes en Afrique de 1960 à 1990 – ouvrage collectif de 11 auteurs sous la direction de Francis Arzalier, paru en 2010 aux Editions Le Temps des Cerises – 274 pages – Prix : 20 € (+2 € de frais de port)

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Parlons clair numéro 102

Les Corses et la question coloniale – Francis Arzalier, paru en 2009 aux Editions Albiana – 268 pages – Prix : 18 € (+ 2 € de frais de port) Guantanamo – François Missen, paru en 2012 aux Editions Max Milo – 120 pages - Prix : 12 € (+2 € de frais de port) Pour recevoir votre commande à domicile : 1. Etablissez le chèque (sans oublier d’ajouter 2 € de frais de port) à l’ordre de : Collectif POLEX 2. Adressez votre courrier précisant le titre choisi à : Collectif POLEX – C/Jean-Louis Glory – 7 allée des jonquilles – 78260 Achères Dans votre courrier, merci de bien vouloir préciser votre adresse-mel et/ou votre n° de téléphone ainsi que votre adresse postale. SOMMAIRE

« HABEMUS PAPAM » : L’AFFAIRE EXCLUSIVE DES CATHOLIQUES ? Depuis le 13 mars 2013, le collège des cardinaux a désigné l’Argentin Bergoglio comme nouveau Pape de l’église catholique, sous le nom de François (1er). Cette nomination va évidemment avoir des conséquences pour les centaines de millions de catholiques sur le plan religieux, en matière de dogme et de pratiques. Nous n’avons pas à en débattre, cela ne concerne que les croyants et pratiquants de ce culte. Mais on ne peut ignorer naïvement les conséquences politiques mondiales d’un changement de Pape, qui va influencer les fidèles de la religion la plus répandue sur la Terre. Les dirigeants des états les plus puissants ont toujours observé de très près cet événement, et cherché à l’orienter à leur profit. Souverain absolu de droit divin au sein de l’Eglise, le pape est désigné par les cardinaux, qui ont été choisis par son prédécesseur au Vatican : ils ne sont en rien représentatifs des fidèles et du clergé de leurs pays, auprès desquels ils n’ont aucune autorité ecclésiastique, mais le sont des Pontifes qui les ont nommés. Ainsi ceux, actuels, d’Amérique Latine, ont été depuis vingt ans désignés par Jean Paul II, puis Benoît XVI, parce qu’ils y étaient de fermes opposants à la « théologie de la libération », et aux tendances les plus progressistes des prêtres et des fidèles de ce continent. Durant le dernier demi-siècle, la Papauté a été incarnée par des personnages politiquement très dissemblables. De 1939 à 1958, Pie XII a été animé d’un antisoviétisme virulent, qui l’a conduit successivement à favoriser ostensiblement les fascismes espagnols ou croates, à aider les nazis vaincus à fuir leur châtiment après 1945, à excommunier les communistes comme « intrinsèquement pervers ». Par contre, dans un rapport de force favorable aux mouvements révolutionnaires, antifascistes et d’indépendances nationales, le Pape Jean XXIII qui lui succéda (1958-1963) infléchit l’Eglise catholique dans le sens des aspirations à plus d’égalité sociale, d’une écoute plus attentive de la masse des fidèles et des prêtres. Le balancier revint à droite à l’inverse au cours des dernières décennies du 20ème siècle, dans un contexte marqué par l’effondrement de l’URSS, et son corollaire, la contre révolution idéologique et l’affaiblissement des mouvements révolutionnaires et « tiersmondistes ». Jean Paul II (1978-2005), issu d’un catholicisme polonais profondément réactionnaire, fut l’un des acteurs essentiels de la disparition des régimes socialistes de l’Est européen : il avait été choisi pour cela. Son successeur, le théologien allemand Benoît XVI, fut de 2005 à 2013, porteur aussi de cette volonté contre-révolutionnaire : face à un continent latino-américain qui est à la fois le plus catholique et le seul parsemé d’expériences progressistes (qui sait, en France, que Chavez se réclamait à la fois de Marx et du Christ ?), il n’eut de cesse d’éliminer les évêques, prêtres et fidèles, tentés par la « théologie de la libération » et le socialisme. Parallèlement, il a tenté de réinstaller dans l’Eglise européenne les intégristes fascisants, et favorisé au sein du Vatican les tenants de l’Opus Dei, sorte de « franc-maçonnerie » catholique, élitiste et ultra libérale. Ses choix ont été quelquefois contradictoires, parce que l’univers catholiques est contradictoire (Benoît XVI a su ainsi condamner les colonisateurs israéliens en Palestine, et se distancier de l’impérialisme occidental agressant la Syrie). Ces contradictions, dans un monde qui n’est plus dirigé sans contestation par le seul capitalisme occidental,


sont peut-être une des raisons de la démission surprenante de Benoît XVI… Le choix de son successeur est pour le moins porteur d’enjeux importants. Certains stratèges de l’impérialisme, à Washington ou ailleurs, rêvaient déjà d’un Pape issu d’Amérique Latine, et prêt à y jouer, à la Havane, Caracas ou Rio, le rôle réactionnaire et destructeur que joua il y a vingt-cinq ans Jean Paul II à Varsovie. L’avenir dira si leurs plans seront déjoués, ou si, à l’inverse, la Papauté saura tenir compte des volontés d’émancipation des peuples d’Amérique et d’ailleurs : rien n’est écrit d’avance de leur histoire et de leurs luttes. Et cela ne concerne pas que les catholiques… FRANCIS ARZALIER SOMMAIRE

NOTRE CAMARADE SIMONNE GOENVIC N'EST PLUS Simonne Goenvic a mené son dernier combat contre la maladie qui l'a emportée à 72 ans. Adhérente du collectif communiste polex, elle participait régulièrement à ses activités. Fidèle à l'engagement anti colonialiste de sa jeunesse, elle était très investie sur les problèmes internationaux. Engagée dans le combat syndical, elle était aussi militante du PCF où elle a exercé de nombreuses responsabilités. Elue dans le 2ème arrondissement de Paris, elle y défendait la cause des plus pauvres, des sans papiers, des sans logement, des sans droits. Secrétaire de la section PCF des 1er et 2ème arrondissements, elle mettait le local de la section à la disposition des associations du quartier mais aussi des organisations étrangères anticolonialistes et anti impérialistes. Le collectif polex s'y réunissait souvent. Elle n'avait pas supporté ces dernières années la dérive réformiste et opportuniste de la direction nationale du PCF. Elle avait participé activement à la mise en place du collectif "Nous assumons nos responsabilités" puis avait été cofondatrice des "Rouges Vifs d'Ile-de-France". La direction fédérale du PCF ne l'avait pas supporté et l'avait poursuivie en justice jusqu'à obtenir son expulsion du local de section 62 rue Montmartre bien qu'elle ait été élue secrétaire de la section dans le respect des statuts. Elle en avait été très affectée d'autant plus que cette attaque devant les tribunaux s'est produite au moment où elle luttait contre la maladie. Simonne Goenvic est restée jusqu'à la fin une militante communiste avec comme boussoles la défense de la souveraineté populaire et la lutte contre l'impérialisme. Le collectif communiste polex perd aujourd'hui une militante dévouée et compétente. Notre peine est grande mais son exemple nous aidera à poursuivre son combat.

Paris le 6 avril 2013 SOMMAIRE


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