SOMMAIRE
Interventions de :
Francis Arzalier ……………………………………………………………………………... 03 Michèle Decaster ……………………………………………………………………………. 06 Mireille Fanon Mendès-France ..............……………………………………………………. 11 Nils Anderson ....……………………………………………………………………………. 16 André Bourgeot ...…………………………………………………………………………… 21 Philippe Cordat ..……………………………………………………………………………. 22 Mères d’Odessa ..………………………..………………………………………………….. 25
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Collectif POLEX. Cahier noir de la politique extérieure de la France. (Paris, 27 janvier 2015)
Francis Arzalier, pour le Collectif POLEX
L
ors du débat que nous avons organisé ici le 4 décembre 2013, nous avons dû constater,
en le regrettant, une continuité absolue entre la politique internationale menée au nom de la France par le Président Sarkozy, et celle du Président Hollande et de son ministre Fabius. Nous ne pouvons que faire le même constat, un an plus tard, avec les mêmes dirigeants, plus Valls et Le Drian. Quelle que soit la zone géographique, le même interventionnisme belliciste, à l’ombre de l’OTAN, et des Etats-Unis d’Amérique, et au détriment des intérêts à long terme de la France. Plus encore qu’auparavant, notre diplomatie est avant tout vécue par le reste du monde comme celle d’un pays amoindri, qui s’est vidé d’une bonne partie de ses industries nationales, tentant de compenser cela par de la communication, accompagnée de ventes d’armes et d’opérations extérieures aptes à mettre ses productions militaires en valeur. Ce poids de la production d’armes dans la politique française ne relève pas du fantasme : le ministre Le Drian a annoncé en décembre 2014 que les exportations françaises d’armes ont augmenté de 42% en 2013. Un survol rapide des régions du monde où interviennent la diplomatie française, et parfois son armée, est révélateur de cette continuité : - L’Afrique saharienne et sahélienne a été complètement déstabilisée par l’agression française organisée en 2011 par le Président Sarkozy, qui a détruit l’Etat national libyen au profit de groupes armés concurrents, ethnicistes, tribalistes et intégristes. Le chaos sanglant qui en a résulté a fait de ce pays le siège de tous les trafics d’armes, de drogue, entre Méditerranée et Nigeria. Les interventions armées ultérieures n’ont pas été plus positives pour les peuples de la région. Certes, la présence des sociétés minières occidentales est à moyen terme assurée, et les concurrents chinois potentiels repoussés du Niger à la Mauritanie. Mais l’insécurité, la prolifération des groupes armés délinquants, islamistes ou ethnicistes, sont toujours là, et justifient la présence de nouvelles bases militaires occidentales, soldats ou drones, au Burkina, Niger etc. La Centrafrique est, de fait, partagée sur des bases religieuses, en deux moitiés. Quant au Mali, il me suffira de vous lire le message que m’a adressé avec ses vœux un vieil ami, militant progressiste et libraire à Bamako : « Ici au Mali, nous traversons une des phases les plus tristes de notre histoire : un pouvoir incompétent, une occupation à la fois de jihadistes et d’armées occidentales, une classe politique mafieuse préoccupée des seuls intérêts égoïstes de ses leaders, loin des préoccupations réelles du peuple, une armée en pleine déliquescence, une jeunesse précocement corrompue et sans repères etc. Nous sommes quelques-uns à affronter la situation avec nos faibles moyens, mais puissamment armés de notre conviction et de l’expérience historique du peuple qui sait que seule la lutte paie et libère. Nous marchons difficilement mais, ayant choisi le bon cap, nous sommes convaincus que la victoire sera au bout des efforts. Nous vaincrons. »
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Les interventions armées menées par la France pour prétendument éradiquer le jihadisme, n’ont aucun effet sur ses causes : ce phénomène naît et se développe à cause du sousdéveloppement économique et de l’absence d’Etats capables de réguler les sociétés africaines. Au contraire, ce début du XXIème siècle démontre que chacune des bombes larguées par les Rafale fait surgir de nouveaux jihadistes. Et pourtant le ministre Le Drian vient d’envisager froidement une nouvelle aventure militaire en Libye. - On peut faire le même constat d’aventurisme incohérent de la politique française au Moyen-Orient. Alors que le gouvernement de Jacques Chirac avait à juste titre refusé de se joindre à l’invasion de l’Irak par les USA en 2003, ceux des Présidents Sarkozy et Hollande n’ont cessé de participer au soutien diplomatique et militaire des insurgés contre l’Etat national syrien : les plus actifs sont pourtant depuis des années les intégristes, recruteurs de milliers de jihadistes étrangers, venus du Maghreb ou de France, avec l’assentiment et l’appui de puissances alliées de l’Occident, Arabie Saoudite, Qatar ou Turquie. Aujourd’hui que ces mouvements islamistes armés, développés longtemps avec l’assentiment de l’Occident, comme Ben Laden le fut autrefois en Afghanistan, se sont répandus entre Irak et Syrie sous le nom de DAECH, au détriment des peuples kurdes et arabes, le gouvernement français se pose en aile marchante de la coalition anti-intégriste, en toute incohérence ! - Cela nous amène aux dix-sept assassinats commis il y a vingt jours à Paris par un commando de fanatiques islamistes. Nous combattons depuis longtemps ces meurtres politiques, dont l’objectif est de réduire au silence, par la terreur, les démocrates et partisans des libertés : c’est la définition même du fascisme, dont l’islamisme est une variété. Il a tué depuis des décennies des milliers de personnes dans les pays musulmans, d’Algérie au Pakistan, avant d’ensanglanter la France cet hiver. Mais il faut une belle dose d’hypocrisie ou d’incohérence pour prôner l’union sacrée des citoyens français révulsés par ces actes, derrière les dirigeants de l’OTAN ou des gouvernants qui ont si longtemps soutenu les jihadistes-islamistes, en Libye, en Syrie et ailleurs. Le massacre odieux de dix-sept Français très divers par des intégristes entraînés au Moyen-Orient, est aussi le fruit vénéneux des errements de la politique internationale de la France, dans le cadre de l’OTAN. - L’autre théâtre d’intervention diplomatique de la France est à l’Est de l’Europe. Après la Géorgie il y a près de dix ans, l’Ukraine est devenue depuis quelques années un enjeu majeur pour les dirigeants occidentaux, USA, OTAN et Union Européenne, dans l’offensive de refoulement (containment) qu’ils mènent contre la puissance russe, dans le cadre de la stratégie impérialiste annoncée il y a déjà vingt ans par l’idéologue US Brzezinski. Pour ce faire, ils soutiennent financièrement et militairement le régime du milliardaire pro-occidental Porochenko, installé à Kiev par une insurrection armée, validée par des élections contraintes, qui guerroie contre ses concitoyens grâce aux milices armées de partis nostalgiques du nazisme. Alors que le seul moyen d’éteindre ce foyer de guerre est la négociation entre les protagonistes, les autorités françaises n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu en multipliant les déclarations de soutien aux nationalistes pro-OTAN, quels que soient leurs actes, et contre la Russie. - Cette attitude irresponsable est un nouvel exemple de l’alignement enthousiaste de la politique française actuelle sur celle de l’impérialisme nord-américain. Nous ne sommes pas les seuls à constater cette servilité belliciste. Le 15 septembre 2014, le quotidien de la droite US, Washington Post, publiait un article titré : « Les Français, nouveaux faucons de l’Europe ». Citant Côte d’Ivoire, Mali, Libye, Syrie, il se félicite des surenchères françaises, avec l’Arabie saoudite. Je cite : 4
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« Fini le temps où les Américains réduisaient les Français à de lâches cohortes de mangeurs de fromage à cause de leur refus de participer à la guerre contre Saddam Hussein. François Hollande semble aujourd’hui le meilleur allié d’Obama, surtout quand on sait que le dirigeant français a eu la magnanimité de ne pas insister sur une affaire qui aurait pu empoisonner leurs relations, à savoir l’espionnage de citoyens français par l’agence nationale de sécurité américaine (NSA) ». Certains journalistes se gargarisaient l’autre jour d’une France redevenue pour quelques heures « la capitale du monde » : elle est en fait devenue pour les USA l’alliée de seconde zone, prête à accomplir toutes les basses besognes décidées par le maître de Washington, et légèrement méprisée pour cela, autant que les émirs pétroliers de Ryiad et Doha. La politique internationale française est en fait déconsidérée dans le monde, parce qu’elle est en rupture avec les héritages du passé, liberté et droits de l’homme, qui ne sont plus que prétextes à ingérences. - Les dirigeants français pourraient, avec l’assentiment de la majorité des citoyens, retrouver le prestige perdu de notre pays, les occasions ne manquent pas : * Après le vote à L’ONU pour la reconnaissance d’un Etat de Palestine, qu’attendent-ils pour condamner clairement la colonisation israélienne, au lieu de fournir une tribune officielle à Netanyahou, tout fier des milliers de Palestiniens massacrés à Gaza ? * Les USA ont dû enfin reconnaître l’existence de Cuba, mais n’ont en rien supprimé le blocus qui étrangle l’île, malgré les condamnations du monde. Qu’attend la France pour user de son influence dans ce sens ? * Avec ses partenaires de l’UE, la France continue de négocier en secret les accords de libre échange avec les USA, dits TAFTA, dont tout le monde sait le désastre que cela représentera pour ce qui reste de productions nationales françaises en matière de produits agricoles, industriels ou de service. Qu’attendent nos dirigeants pour arrêter cette marche au suicide, et en dénoncer publiquement les conséquences ? * Autre exemple qui permettrait à la France de démentir cette servilité qu’on lui reproche, et de ne plus faire sourire quand elle se pose en donneur de leçons de démocratie aux yeux du monde : en Corée du Sud, allié de l’Occident, le Parti Progressiste Unifié, qui se bat pour la démocratie et la réunification, a été interdit, ses militants incarcérés, et menacés de lourdes condamnations pour un complot imaginaire, sur la base de témoignages de complaisance. Le gouvernement français s’honorerait en protestant contre cette dérive autoritaire, et en exigeant l’annulation de cette interdiction et la libération de tous les emprisonnés politiques. - Mais nous n’avons pas d’illusions : ces simples demandes citoyennes ne seront acceptées que si la pression de l’opinion les impose en se renforçant ; notamment en exigeant la sortie de l’OTAN, et la fin des aventures bellicistes, qui ne peuvent aboutir qu’au désastre.
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Collectif POLEX. Cahier noir de la politique extérieure de la France. (Paris, 27 janvier 2015) Michèle Decaster, AFASPA (Association Française d’Amitié et Solidarité avec les Peuples d’Afrique)
De Sarkozy à Hollande : quels changements dans la politique africaine ?
D
epuis l’époque du commerce triangulaire, les rapports de la France avec le continent
africain sont une succession de dominations pour la spoliation de ses richesses. Les décolonisations n’ont pas conduit à de nouveaux rapports d’intérêts réciproques pour les peuples et les économies nationales. Les mesures ont été prises pour qu’il en soit ainsi. Seul changement pour la France, les velléités nouvelles de puissances économiques venues faire leur marché sur le continent et l’hégémonie militaire des USA. Les réseaux de la Françafrique focardienne puis mitterrandienne constituent un système mafieux politico criminel qui alimente les partis politiques, assurant les intérêts économiques et une présence idéologique dans les anciennes colonies. La politique de la France sous la présidence Hollande Le régime hyper présidentiel instauré par Nicolas Sarkozy se poursuit sur le même schéma depuis mai 2012. Le choix est clairement affiché de faciliter les affaires. -
Les mesures économiques et sociales prises en France et les rapports de notre pays au monde sont en parfaite cohérence.
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L’Assemblée Nationale, de la couleur du président, joue un rôle marginal en matière de politique étrangère.
François Hollande du temps où il était à la tête du PS, ne voyait en l’Afrique qu’un moyen de « prendre des coups »… jusqu’à ses nouvelles responsabilités qui lui ont fait entrevoir toutes les espérances que recèle le continent. La cellule Afrique de l’Elysée a été supplantée par des conseils spéciaux et c’est l’Etat Major qui décide de tout. Le Drian et Cazeneuve sont les hommes importants du gouvernement Valls. Les alliances et allégeances du pré carré africain de la France lui servent à jouer un rôle international, en particulier à l’ONU pour laquelle François Hollande a rejeté toute idée de réforme, en particulier du droit de veto des cinq pays permanents qui jouent de leur suprématie d’Etats détenteurs de l’arme nucléaire. Dans le domaine économique La France perd du terrain en Afrique : en parts de marché, elle est passée de 10 à 5% entre 2000 et 2011, dans toutes les zones où elle était fortement implantée, sans pratiquement en gagner ailleurs. La Chine, elle, passe de 2% à 16% entre 1990 et 2011. 6
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La dépendance énergétique de la France et de l’Europe est la toile de fond de la face « politique étrangère » du projet politique du gouvernement. Total a obtenu l’accord du gouvernement malgache pour des concessions offshore. Pour exploiter en toute sérénité les réserves de pétrole, il est nécessaire que les « îles éparses » soient françaises et que Mayotte le reste d’où sa départementalisation. Lors de sa visite aux Comores en juillet 2014, François Hollande a susurré au président, qui osait encore évoquer la nécessité de réintégrer Mayotte dans sa nation, qu’il était possible de gérer ensemble les réserves pétrolières prometteuses dans l’Océan Indien. Est-ce un nouveau défi impérialiste aux Nations unies qui, en 1977, ont reconnu la souveraineté de Madagascar sur les « îles éparses » autour d’elle ? En décembre 2013 François Hollande a organisé le sommet de l’Elysée « pour la paix et la sécurité en Afrique», précédé d’un forum économique réunissant les entrepreneurs, qui devait plancher sur le thème « comment travailler ensemble pour que la croissance du continent africain puisse bénéficier à tous ? ». Une belle opportunité pour lier intervention militaire et reconquête économique de la France. Le chaos tombe à pic. Belle illustration de la convergence des piliers de la politique française en Afrique au service des investissements privés. L’évolution de l’intitulé des ministères est éloquente : -
Sous Jospin c’est un « Ministère chargé de la coopération et de la francophonie »
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Sous Fillon 1, c’est un « Ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement ».
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Jean-Marc Ayrault nomme Pascal Canfin Ministre délégué au Développement sous l’aile de Fabius. En décembre 2013, le ministre EELV présente la loi de programmation de l’aide publique au développement. Espoir vite déçu. À l’issue de son examen au Parlement, il ne reste qu’un empilement de vœux pieux qui ne tiennent pas compte des racines politiques du sous-développement.
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Valls précise les choses avec le Ministère des Affaires étrangères et du développement international.
L’offensive de François Hollande semble se porter sur cet enjeu. Le capital est de plus en plus concentré et apatride. Les firmes sont plus que jamais multinationales. D’où le soutien aux entreprises avec la mise en place de structures et la mobilisation des ambassadeurs. Ces nouvelles structures étatiques vont être mises à disposition du privé. Elles sont les outils de la pénétration des entrepreneurs en Afrique : l’AFII (Agence Française pour les Investissement Internationaux) a fusionné au 1er janvier 2015 avec l’UBI France, une agence Française pour le développement international des entreprises. Le tout est devenu Business France, censé devenir un fleuron sur l’export. L’AFD (Agence française pour le développement) finance des projets de développement économique et social dans de nombreux pays pour une valeur de 6,8 milliards d’euros, dont 5,9 milliards en Afrique subsaharienne. Elle sort de sa fonction d’aide publique au développement pour un soutien au secteur privé par sa filiale Proparco (Promotion et Participation à la coopé-
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ration économique) qui a distribué 850 millions pour 63 projets dans divers pays essentiellement d’Afrique en 2013. L’argent n’est plus versé aux Etats, mais aux entreprises françaises pour leurs affaires en Afrique. Rôle du Franc CFA Pour les 16 pays d’Afrique dont il est la monnaie, le Franc CFA est le cordon ombilical avec la France. Ces Etats, dits indépendants, sont contraints de placer 65% de leurs réserves de change sur un compte du Trésor français. L’ancienne puissance coloniale a la mainmise sur leurs économies et tient leur destin. En 1993 la dévaluation de 50% du Franc CFA décidée unilatéralement par le gouvernement Balladur a eu des conséquences économiques et sociales désastreuses. Il est aisé d’intervenir dans des pays dont les pouvoirs de leurs dirigeants sont amoindris. Il ne s’agit d’ailleurs plus de coopération mais d’interventions économiques décidées par les hommes d’affaires venus d’ailleurs. Présence et interventions militaires françaises en Afrique La présence militaire française influe sur la politique des pays où elle est implantée et au-delà dans la région. En février 2013, des unités françaises étaient installées dans 11 Etats d’Afrique, au travers de forces pré positionnées, forces spéciales et celles en opération. Il faut y ajouter les unités de la Réunion et de Mayotte dépendant du commandement des forces armées de l’océan Indien. « Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale » d’avril 2013, coordonné par Hubert Védrine tend à réduire les arsenaux pour privilégier le développement de la surveillance, les unités aéroportées et les interventions en Afrique, missions définies par l’OTAN. L’objectif est de surveiller les forces de progrès dans les pays et d’exfiltrer les dictateurs déchus comme Blaise Compaoré qu’un avion français a emmené en Côte d’Ivoire. Le Président de la République, chef des armées, gère son domaine réservé : l’armée. Comme ses prédécesseurs, il l’envoie guerroyer sans prendre avis auprès de scientifiques ou de spécialistes civils sur les dangers de jouer à ce jeu. Les interventions militaires sont décidées avant ou après un débat sans vote à l’Assemblée Nationale puisqu’on ne fait pas la guerre, mais des « opérations extérieures ». On ne « bombarde » pas, on procède à des « frappes ». Nous avons là des régimes autistes aux réalités et aux conséquences de leurs décisions qui consistent à organiser un chaos permanent et déstabiliser des Etats forts dont les dirigeants, tout anciens-amis-dictateurs qu’ils soient, ne répondent plus aux attentes du moment. En Libye, les suites de l’attaque par la coalition franco-britannique sont désastreuses. Aujourd’hui deux gouvernements se sont installés au nord du pays pendant que le sud est sous contrôle des milices islamistes qui participent et laissent libre cours et aux trafics d’armes, de stupéfiants et d’êtres humains. La situation est identique au Nord Mali où la France refuse au gouvernement malien le déploiement de son armée sur l’ensemble du pays. La France s’est faite marraine du MNLA. Elle lui offre une représentativité qu’il n’a pas dans les tribus touarègues qui ne sont pas elles-
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mêmes majoritaires dans le peuplement de la région, malgré ce qu’en disent nos grands médias. Cette tactique va dans le droit fil de la tendance à la partition des Etats forts et à leur réorganisation sur des bases ethnico-politiques. Voir ce qui s’est produit au Sud Soudan où rien n’est réglé pour autant et le Nigéria, état puissant et riche, n’est pas à l’abri d’une même partition. Depuis les indépendances, la France a fait 58 interventions militaires plus ou moins longues dans 23 pays d’Afrique. Pour des raisons nobles de « respect des accords de défense », « la protection des ressortissants français », « le maintien de la stabilité face au risque de chaos », « sécuriser le processus électoral », avec la dernière version : « l’ingérence humanitaire ». Parmi les pays qui ont bénéficié de ces « bienfaits »: le Zaïre/RDC, le Tchad et Djibouti avec 6 interventions pour chacun d’eux, la Centrafrique avec 5 interventions, 3 en Côte d’Ivoire etc… pour la stabilité qu’on leur connaît. François Hollande s’est attaché à compléter la longue liste des aventures guerrières françaises de ses prédécesseurs avec en apothéose l’opération Berkhane qui permet de positionner 3000 militaires français qui peuvent intervenir dans cinq pays du Sahel hors du commandement de l’ONU ! C’est enfin l’installation de fait d’une base française au Nord Mali, repoussée en son temps par Amadou Toumani Touré. L’annonce faite aux Maliens par François Hollande que la France n’a pas vocation à rester au Mali n’est pas prête de se réaliser. L’opération Berkhane est-t-elle le premier pas pour réaliser le vieux rêve de De Gaulle d’un Etat saharien ? Les immenses réserves minières du sous-sol au Nord du Mali et du Niger et celles du Sud algérien sont bel et bien dans le viseur. L’Organisation Internationale de la Francophonie Bras armé des multinationales, la Francophonie se définit elle-même « pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones ». Elle n’est pas seulement l’instrument de domination politique et culturelle, elle joue un rôle économique indéniable. L’Observatoire de la Langue Française recense 274 millions de francophones sur les cinq continents : c’est un calcul à l’emporte pièce quand on sait que 1% des Malgaches parlent le français, désigné en langage populaire comme « la langue pour donner des ordres ». Tananarive a été désignée pour héberger le prochain forum de la Francophonie. C’est typiquement un choix économique utilisé pour épauler l’opération « Madagascar grenier de l’Océan Indien » gérée par la Commission de l’Océan Indien (COI) et censée produire ce qui est nécessaire aux autres pays de l’Océan Indien et ce que cette région exportera sous l’égide de la France vers les autres parties du monde. L’OIF a sous ses ordres des outils comme l’Agence universitaire de la francophonie, TV5monde, l’Association Internationale des maires francophones, l’Université Senghor et les Instituts français qui existent dans chaque pays francophones et dans d’autres pays. C’est une belle couverture pour avancer les pions économiques sous prétexte de propositions et programmations culturelles et éducatives. Toutes ces entités ont joué un rôle en réseau dans le coup d’Etat camouflé à Madagascar en 2009 pour les intérêts de Total. Idem en Côte d’Ivoire pour remettre Bolloré dans la course.
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Rapport de la France avec les pouvoirs en place Poursuite du soutien indéfectible à l’occupation coloniale du Sahara occidental par le royaume du Maroc, avec le blocage au Conseil de Sécurité de l’ONU de charger la MINURSO de la surveillance des droits de l’homme comme toutes les missions de maintien de la paix de l’ONU. La plupart des élites mises en place par la France, fonctionnent en réseau, franc-maçonnerie, Lyons club, et celui des USA préparent la relève. Nombre de dirigeants sont maîtres de loges nationales et leurs connivences se révèlent dans les instances internationales. Quant aux dirigeants de ces pays aux commandes en Côte d’Ivoire, Burkina Faso (avant le coup de balai), au Togo, au Gabon, au Cameroun… ce ne sont pas de simples marionnettes, ils sont en connivence avec les couches dirigeantes françaises et participent à la distribution des rétro-commissions et au financement des partis. Les ambassades de France dans ces pays sont de véritables lieux d’immixtions dans la politique interne des Etats d’où se fait la coordination entre les élites. À Ouagadougou durant 10 ans l’ambassadeur de France fut un ancien général de la légion qui jouait véritablement le rôle de proconsul. (En résumé du débat du Bureau National de l’AFASPA du 17 janvier 2015)
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Mireille Fanon Mendes France, Fondation Frantz Fanon Politique étrangère de la France « ll ne s'agit plus de connaître le monde mais de le transformer »1 (Frantz Fanon)
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n pourrait se demander pourquoi commencer par une telle citation alors que le thème
de cette rencontre est la politique étrangère de la France. S’il y a bien un domaine qui est connu et sur lequel le gouvernement communique abondamment, c’est bien celui de son « officielle » politique étrangère – quant à l’officieuse, c’est un peu plus compliqué d’en avoir une vision précise- il n’est qu’à regarder le site du ministère des Affaires étrangères, fort documenté et basé sur les actions de la France dans différents domaines. En cliquant sur l’entrée «la France et l’ONU», on découvre qu’« en tant que membre fondateur de l’ONU en 1945, la France accorde une place importante au système multilatéral où elle occupe un rôle moteur sur nombre de sujets ». Si l’on regarde les principes sous-tendant la politique étrangère française, alors ce genre d’affirmation ressemble essentiellement à une injonction paradoxale. En effet, cette politique étrangère ne peut être dissociée de celle des Etats-Unis, qui avec leur position hégémonique sur le plan politico-idéologique et militaire, manifestent une appétence pour l’unilatéralisme hors du cadre des Nations Unies. Cette position découle de la prééminence des intérêts économiques associée à la supériorité technologique dont ils jouissent2. Ce qui est sûr, c’est que cet unilatéralisme a impacté et continue d’impacter gravement le droit international général et le droit fondé sur la Charte, en les déstructurant. Les Etats occidentaux, dont la France, les ont neutralisés en ce qui concerne la coopération internationale, le règlement pacifique des différends, la paix et la sécurité internationales ou si l’on veut, le droit à la paix3. Ils développent ainsi une politique internationale consistant à saper tout le cadre institutionnel de l’ONU, les principes et les règles de base contenues dans sa Charte. Ce mépris, de plus en plus accentué, à l'égard du droit international4 est « une attaque frontale contre la rule of law internationale… »5, voire une répudiation des normes limitatrices sur la force.6
1Les Damnés de la terre, Petite collection Maspero, 1961 2 ONU-CDH, DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS, La mondialisation et ses effets sur la pleine jouissance des droits de l’homme. Rapport final présenté par J. Oloka-Onyango et Deepika Udagama, conformément à la décision 2000/105 de la Sous-Commission, 25 juin 2003, § 12. 3 Voir, AG/ONU, Résolution 39/11, 12 novembre 1984. 4 Pellet S., « De la raison du plus fort ou comment les États-Unis ont (ré)inventé le droit international et leur droit constitutionnel », Actualité et Droit International, juin 2002. 5Kolb R., Le droit relatif au maintien de la paix internationale, Institut de Hautes Etudes internationales de Paris, Pedone, 2005, p. 11. 6 Kolbe, Op. cit., p. 6.
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Dans ce cadre, c’est la règle concernant le non recours à la force qui est la plus touchée et objet d’une interprétation plus que souple. Il est bien connu que dans la Charte des Nations Unies cette interdiction générale7 (art. 2 § 4) ne connaît que deux exceptions : le recours à la force de la part du Conseil de sécurité en vue du maintien de la paix et de la sécurité internationales8 (chapitre VII de la Charte) et le « droit naturel » de légitime défense9 reconnu aux Etats dans le cas où ils seraient l'objet d'une agression armée (art. 51 de la Charte)10. L’article 33 de la Charte des Nations Unies énonce l’obligation pour tous les Etats de régler les différends par des moyens pacifiques ; cette obligation étant le corollaire de l’interdiction de la menace et de l’utilisation de la force. Notons que l'obligation du règlement pacifique des différends est le principe majeur des relations internationales 11 et est indissociable de l’interdiction formulée à l’article 2§4 de la Charte. L’intervention dite humanitaire1212, la « légitime défense préventive » et la notion de « guerre préventive13, en tant que «nouvelle doctrine » juridique, sont là pour la neutraliser. C’est ainsi que l’OTAN, par des ultimatums, menace d’utiliser la force et des frappes aériennes effectuées par ses États membres sous l’égide des Etats-Unis. Dans un climat très « émotionnel », la France a joué un rôle essentiel dans l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations unies qui a clairement consacré le droit d’ingérence en Libye ; il s’agissait de démontrer que la France volait au secours d’un peuple arabe privé de droits et militairement menacé. Ce que l’on peut noter c’est que ceux qui conduisent l’État français, de droite ou de gauche, ont systématiquement soutenu les pires dictatures arabes et ont couvert des crimes gravis7 Cons. Virally, M. « Commentaires de l’article 2 paragraphe 4 » in Pellet A., Cot J.P., La Charte des Nations Unies, Economica, Paris, 1991, p. 115-128. 8 Jonathan G. C., « Article 39 », in Pellet A., Cot J.P, Op. cit., p. 667 et ss. 9Voy. Tunkin I., Droit international public, Problémes théoriques, Pédone, Paris, 1965, p. 36 et ss. 10L’agression est définie par la Résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale de l’ONU, 14 décembre 1974. Quant aux conditions d’exercice de ce droit la CIJ avait rappelé sans ambiguïté que « … dans le cas de légitime défense individuelle, ce droit ne peut être exercé que si l’Etat intéressé a été victime d’une agression armée… ». Cf. Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, Arrêt du 27 juin 1986, § 195. 11En ce sens, la Cour Internationale de Justice a tenu à rappeler l’existence d’un principe « … du droit international – complémentaire des principes d’interdiction (de la menace et de l’utilisation de la force) – et qu’il est indispensable de respecter dans le monde d’aujourd’hui : celui qui veut que les parties à un différend, et en particulier un différend dont la persistance risquerait de mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales… Consacré par l’article 33 de la Charte des Nations Unies… ce principe a également le caractère d’une règle de droit international… ». Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, Arrêt du 27 juin 1986, § 290. 12Dans son cours à l’Académie de droit international de la Haye, le juriste Pastor Ridruejo devant la prétention de la légaliser disait à cet égard que « ... d’un point de vue de lege ferenda…il faut tenir compte que les actions prétendument humanitaires entreprises unilatéralement peuvent très bien dissimuler des pratiques abusives, inspirées par la politique de pouvoir des Etats les plus puissants….l’admission de la licéité internationale des interventions humanitaires comporterait un nouveau privilège pour les Etats puissants et contribuerait à approfondir l’inégalité des Etats sur le plan réel » in « Cours général de droit international public », RCADI, tome 274, 1998, p. 165A. Cons. Aussi Rougier, A. « La Théorie de l'intervention d'humanité », RGDIP, 1910, p.9 et ss. 13Selon Clark, proclamant la mort du système de sécurité collective, la pratique constante de la violation de l’interdiction de l’utilisation de la force contenue à l’article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies l’aurait fait tomber en désuétude. Le système de sécurité collective « … for all practical purposes..is dead… » ( p. 101). Clark A., « International Law and the Preemtiver Use of the Force », The Whasington Quartely, vol. 26, 2003, 99-102. Cons. Également l’article de Frank Th., « Who Killed Article 2 § 4 ? », AJIL,vol. 64, 1970, p. 809 et ss.
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simes et généralisés contre l’humanité perpétrés par ces régimes. Les appréciations flatteuses sur la qualité de la gestion économique et sur la détermination des dictateurs à lutter contre l’islamisme constituent une part importante du discours français en direction du monde arabe. Au nom d’un réalisme sans principe et d’une politique sans éthique, la démocratie française est l’amie des tyrannies et un adversaire résolu des forces démocratiques et des oppositions dans le monde arabe. Est-il besoin de rappeler l’accueil réservé au dictateur libyen lors de son séjour parisien en décembre 2007 ? Est-il besoin de rappeler qu’Hosni Moubarak était le viceprésident de l’Union pour la Méditerranée et que Tunis devait un moment accueillir le siège de cette improbable organisation voulue par Nicolas Sarkozy ? L’image de la France dans le monde arabe est à peine meilleure que celle des États-Unis, ce qui n’est pas peu dire. Ce pays des droits de l’Homme est celui où l’islamophobie décomplexée et le discours raciste anti-arabe et anti noir constituent une des bases principales du consensus politico-médiatique des élites au pouvoir. Est-il possible de modifier favorablement une image aussi profondément dégradée sur le dos des peuples avec lesquels la France est entrée en guerre ? On peut légitimement en douter. D’autant qu’au fil des bombardements, il apparaît, entre autres en Libye, que la situation est loin de correspondre au manichéisme simpliste diffusé par les propagandistes du néo-conservatisme « à la française ». Il faut observer que les opinions au Maghreb ont changé avec l’évolution de la crise en Libye. D’une franche sympathie pour l’insurrection contre le régime de Kadhafi, l’opinion est désormais beaucoup plus réservée. Si l’on regarde l’intervention en Côte d’Ivoire, c’est encore sous la couverture des Nations unies que des troupes françaises ont participé à une guerre civile avec, comme toujours, les dites meilleures intentions du monde. On est en droit de se demander si l’ancienne puissance coloniale est la mieux qualifiée pour arbitrer un conflit interne. Dans les faits, la France ne s’est pas seulement instaurée tuteur de ce pays du pré-carré néocolonial, mais a pris le risque considérable d’une gestion politique directe d’un État qui a, bel et bien, été ramené à son statut de colonie. Cette intrusion a été mal vécue par l’opinion africaine qui a ressenti cette ingérence militariste comme une insulte à l’indépendance africaine et le retour de la politique de la canonnière. Pour de nombreux Africains, les équilibres ivoiriens fragiles et le résultat, plutôt serré, de l’élection présidentielle auraient dû conduire à la recherche obstinée par tous les moyens de la politique et de la diplomatie d’un modus vivendi. Par ailleurs, l’arrestation de Laurent Gbagbo par les forces françaises, sous couverture de l’ONU, est l’illustration de l’immixtion néocoloniale dans les affaires intérieures d’un pays réputé souverain. Si l’intervention française laissera certainement des traces profondes dans un pays divisé en deux camps d’importance comparable, elle a eu des conséquences sur la perception du rôle de la France en Afrique. À travers l’Afrique, le silence coupable des leaders politiques ne doit pas faire illusion, une colère sourde est perceptible. Les déclarations méprisantes prononcées par le président français à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en juillet 2007 ont été le commentaire le plus approprié au déploiement des blindés et des hélicoptères français sur le sol africain. Si la guerre des civilisations a succédé à la mission civilisatrice, les discours et les méthodes ont à peine changé. Ce que l’on peut aussi ajouter c’est que le retour militaire de la France sur le continent africain est avant tout l’expression de l’échec des dirigeants politiques africains. Les hommes de pou-
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voir, en Libye, en Côte d’Ivoire, au Mali, comme presque partout ailleurs en Afrique, assument l’échec de la décolonisation. La corruption et le pillage des ressources sont la caractéristique commune d’anti-élites civiles ou militaires affiliées aux réseaux d’affaires et aux groupes d’intérêts dans les anciennes métropoles. L’action continue de ces castes au pouvoir a précipité l’affaiblissement des États et a conduit à la destruction de sociétés qui alors ont été gérées par la violence, la privation des libertés et sont plongées dans la misère et l’analphabétisme. Dès lors, on ne peut que constater que les interventions françaises répondent aux objectifs, à moyen et long terme, de ces groupes d’intérêts. En Libye, en Côte d’Ivoire comme au Mali, il s’agit de conforter ou d’établir une présence dans des pays riches et qui ouvrent sur des régions stratégiques. Que ce soit l’Afrique de l’Ouest ou le Sahel, les régions visées sont à très fort potentiel minier dans la perspective d’une concurrence mondiale exacerbée pour le contrôle de ressources fossiles et minérales en raréfaction. Sur ces champs de bataille, les organisations régionales, la Ligue arabe et l’Union africaine, ont fait l’éclatante démonstration de leur impuissance, ou plus gravement dans le cas de la Ligue arabe, de faux nez au service des Occidentaux. Quant à l’ONU, réduite à son Conseil de Sécurité dominé par les Américains et leurs alliés, elle est le centre suprême de légitimation du bellicisme occidental. L’interdiction d’envoi de troupes au sol – concession à des opinions occidentales qui ne souhaitent plus voir de corps expéditionnaires, après l’Irak et l’Afghanistan – est en voie d’être contournée par le recours à des sociétés de guerres privées, du type Blackwater. Ainsi on voit comment aussi est travesti l’article 2§4 de la Charte des Nations unies ; les Etats se voilent la face, lorsqu’ils désirentpour d’obscures raisons d’intérêt – violer cet article en faisant commettre la violation de l’interdiction de la Charte de l’usage de la force ou de la menace de l’usage de la force par des sociétés privées au nom du partenariat public-privé. Ce bellicisme bien-pensant ouvre un vaste champ d’incertitudes et de périls. Au prétexte de voler au secours de la démocratie et du droit, le néocolonialisme aux habits neufs de l’humanitaire et de l’hégémonie néolibérale renaît sur les cendres des indépendances confisquées. Pour l’État français, le retour des vieux démons néocoloniaux n’est certainement pas le signe d’une relation renouvelée avec l’Afrique ou avec le monde arabe. Quant à ceux qui doivent leur accession au pouvoir par la force d’armes étrangères, ils doivent savoir qu’ils ont dénaturé leur combat politique et qu’ils devront assumer, sous une forme ou une autre, cette tare originelle et le déficit de légitimité qu’elle induit. Seul Thabo Mbéki a fait entendre une autre voix en rappelant à Nicolas Sarkozy, Barak Obama et James Cameron qu’ils ont foulé au pied le mandat du Conseil de Sécurité et trahi leurs obligations en termes de droit international en décidant de l’avenir de la Libye et en ignorant la proposition de médiation de l’Union Africaine et de résolution pacifique du conflit : «La réalité est que les organes concernés de l'ONU – le Conseil de sécurité et le Bureau du Secrétaire général – ont trahi leurs obligations en termes de droit international, en particulier, celles prescrites par la Charte de l'ONU. Plutôt, ils ont choisi de donner libre cours aux États- Unis, à la France et au Royaume-Uni, de décider exclusivement de l'avenir de la Libye14». Doivent être ajoutées d’autres incohérences graves de la France, dans le cadre de sa politique étrangère ; ainsi en 2011, lorsqu’elle cherche à se débarrasser de Kadhafi, elle s’allie à 14Thabo Mbeki, discours prononcé à l’Université du Cap Occidental, février 2012.
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Al Qaeda au Maghreb islamique entraînant une déstabilisation totale du pays ; les armes transitent et entrent au Mali. Si la France et les États-Unis n’avaient pas transformé la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de « No Fly Zone » en mandat pour renverser le régime de Kadhafi, les rebelles et les islamistes, qui occupent le Nord du Mali, n’auraient pu disposer de l’arsenal qui fait leur force sur le terrain. On peut dès lors affirmer que la responsabilité de la France, en tant que membre de l’OTAN, est considérable. Un autre exemple lourd de conséquences : en 2012, le ministre des Affaires étrangères a déclaré que le front djihadiste Al-Nosra faisait « du bon boulot » en Syrie contre Bachir Al Assad. Que voit-on aujourd’hui ? Plus de 200 000 morts, dont une majorité de civils, un nombre toujours croissant de réfugiés, et la France qui bombarde ce groupe qu’elle encensait il y a trois ans ! On peut dire la politique étrangère de la France conforte le rôle du Conseil de sécurité qui est devenu l’organe d’interprétation arbitraire au service des grandes puissances, contribuant à la « répudiation du pacte fondateur »15. Le pouvoir discrétionnaire qui lui a été attribué par la Charte des Nations Unies a été transformé en pouvoir arbitraire mis au service des seuls intérêts des plus forts, légitimant leurs stratégies de domination et d’hégémonie16, légitimant le pillage des ressources naturelles17, avalisant les violations les plus graves de la normativité internationale et se pliant à la croisade anti-terroriste et sécuritaire des pays occidentaux18. La France, en suivant les Etats-Unis, a ainsi permis que se développe une politique internationale basée sur le cynisme et le mépris qu’arborent les dominants et qui consiste à saper tout le cadre institutionnel de l’ONU, les principes et les règles de base contenus dans sa Charte. Son dernier engagement en Irak, où le porte-avions Charles de Gaulle est sur le point de rejoindre le groupe aéronaval américain afin de bombarder l’Etat islamique, illustre le peu de cas qu’elle fait de la Charte des Nations Unies et de ses principes et le peu de considération qu’elle a pour les populations civiles qui, une fois encore, vont payer le prix fort de cette guerre de religion. A été institutionnalisée la répudiation des normes limitatrices sur la force 19 au profit d’un ordre politico-juridique international, caractérisés par la violence comme élément de légitimation dans le processus de formation de nouvelles règles. Pour conclure, il faut bien admettre que le rôle de la France qui prétend accorder une place importante au système multilatéral où elle occupe un rôle moteur sur nombre de sujets est basé sur un dangereux mensonge qui ne peut duper que ceux qui veulent bien l’être mais qui, certainement, risque d’entraîner le monde vers un véritable chaos meurtrier. Dès lors, n’« estil pas temps de transformer substantiellement le monde ».
15Kolb, Op. cit., p. 11. 16Charvin R., Les Relations internationales, L’Hermès, vol. 1, Paris, 2002, p. 45. 17Cf. résolution 1483 (2003). 18Au lieu de condamner l’acte d’agression nord-américaine contre l’Irak, le Conseil de sécurité, une fois de plus n’est pas coutume, « … condamne sans réserve et avec la plus grande fermeté les attentats terroristes perpétrés en Iraq, et considère que tout acte de terrorisme constitue une menace contre la paix et la sécurité internationales… ». CS-Résolution 1618 (2005), adoptée par le Conseil de sécurité à sa 5246e séance, le 4 août 2005, § 1. 19Kolbe, Op. cit., p. 6.
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Nils Anderson, Association pour la Défense du Droit International humanitaire (ADIF) De Sarkozy à Hollande, la continuité d’une politique interventionniste au sein de l’Alliance Atlantique20
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ermettez que je commence par une anecdote en forme de provocation. À la fin des an-
nées 1940, une réunion de l’ONU se tenant à Genève, dans un contexte totalement différent d’aujourd’hui, celui de la Guerre froide, mais en matière de politique, de diplomatie et de défense, il est une constante, celle du rapport de forces. Lors de cette réunion, Paul Ramadier interpelle le délégué soviétique et lui demande s’il a lu Kafka. Ce à quoi celui-ci lui répond oui, mais vous-même avez-vous lu Tartarin de Tarascon ? Réplique du fort et du grand, mais aussi, qu’il s’agisse d’un programme politique, d’un concept de défense ou de la conduite de la diplomatie, un rappel du principe de réalité. En 2008, Nicolas Sarkozy a engagé le processus du retour de la France dans le commandement intégré de l‘Alliance atlantique, considérée comme « l’organisation de défense collective qui unit l’Amérique du Nord et l’Europe ». Ce basculement atlantiste de la politique de défense et stratégique de la France suivie pendant plus de quarante ans, s’opère dans un moment où prédomine encore une vision hégémonique du rôle de l’Alliance. Daniel Fried, Secrétaire d’État adjoint américain aux affaires européennes et eurasiennes déclare alors que l’OTAN « a dépassé définitivement le débat ‘dans et hors zone’ » pour conclure : maintenant : « Tout appartient potentiellement à la zone de l’OTAN ». En 2013, quand, sous la présidence François Hollande, est rédigé un nouveau Livre blanc, les équilibres internationaux sont profondément modifiés. Échecs militaires en Afghanistan et en Irak, désastre politique de l’intervention en Libye, impasse des politiques interventionnistes au nom du « droit d’ingérence humanitaire » ou du « devoir de protéger » que souligne l’effroyable engrenage syrien, crise économique et financière, nouveaux rapports de force dans le monde, avec l’importance grandissante des puissances dites émergentes, autant de difficultés et d’entraves à l’interventionnisme tous azimuts de l’OTAN. Ce qui amène le Pentagone à réviser sa stratégie globale et à adopter une « nouvelle doctrine militaire » dont l’une des options principales est la primauté donnée à la région Asie-Pacifique pour la défense des intérêts vitaux étatsuniens. La zone euro atlantique n’est donc plus pour Washington, le centre d’où se projette la stratégie globale de l’OTAN, il s’agit d’un renoncement aux fondements historiques, euro-atlantiques, du Traité de l’Atlantique Nord. Sans que cela signifie un désengagement des États-Unis en Europe, la question ukrainienne comme l’installation de bases de missiles antimissiles en Roumanie et en Pologne en témoignent. Mais le président Obama l’a rappelé en plusieurs circonstances : « Depuis dix ans, les États-Unis assument l’essentiel des coûts humains et financiers de la défense des intérêts occidentaux. Ceux-ci doivent être mieux partagés » et il est demandé aux Européens 20 Ce texte est complété et développé dans le n° 100 de Recherches Internationales sous le titre « La politique militaire de la France entre défense et interventionnisme ».
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« d’assurer leur défense » et celle du monde occidental dans leur environnement immédiat, principalement dans la Méditerranée et en Afrique. Le Livre blanc adopté sous la présidence de Sarkozy définissait la stratégie de défense et de sécurité de la France jusqu’en 2020 ; la demande par François Hollande, avant cette échéance, d’un nouveau Livre blanc, pouvait laisser entendre au vu de ce qui vient d’être rappelé, un besoin de reconsidérer l’engagement atlantiste qui avait été celui de son prédécesseur. Il n’en est rien, le Livre blanc 2013 apporte une réponse sans équivoque : « Notre stratégie de défense et de sécurité nationale ne se conçoit pas en dehors du cadre de l’Alliance atlantique… » et, pour répondre à la demande d’Obama d’un engagement plus grand de ses alliés, il est précisé qu’en raison des contraintes financières et des leçons tirées des derniers conflits « les États-Unis chercheront probablement à partager plus systématiquement la charge des opérations extérieures avec leurs alliés européens, quitte à accepter dans certains cas de leur en laisser l’initiative et la direction. » Difficile d’être plus zélé et quémandeur. Quelles sont les zones où la France « pourrait être amenée à devoir prendre l’initiative d’opérations… quand les intérêts américains sont moins mis en cause » ? Le Livre blanc est explicite : « La France entend disposer des capacités militaires lui permettant de s’engager dans les zones prioritaires pour sa défense et sa sécurité (que sont) la périphérie européenne, le bassin méditerranéen, une partie de l’Afrique - du Sahel à l’Afrique équatoriale - le golfe Arabo-Persique et l’Océan Indien. » Sur le continent africain, « le Sahel, de la Mauritanie à la Corne de l’Afrique ainsi qu’une partie de l’Afrique subsaharienne », sont au centre des priorités. À cette fin, la France dispose de bases militaires au Sénégal, au Gabon et à Djibouti, de forces temporaires en Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger, au Tchad, au Burkina Faso, en Centrafrique et dans le golfe de Guinée. Des partenariats de défense ont été signés avec neuf pays, dont trois non encore mentionnés, le Cameroun, le Togo et les Comores. Ce qui fait de la France la première puissance militaire occidentale sur le continent africain. Au Moyen-Orient, il est précisé dans le Livre blanc : si « l’influence stratégique américaine est dominante dans la zone », la France est « liée par des accords de défense » avec les Émirats arabes unis, le Koweït et le Qatar, elle a signé un accord de coopération militaire avec Bahreïn, a des relations étroites avec l’Arabie Saoudite et une base interarmées à Abu Dhabi. La France est donc, après les États-Unis, le pays membre de l’OTAN le plus engagé militairement au Proche-Orient, épicentre de conflits armés ouverts et incontrôlés. Dans l’Océan Indien, limite de la zone considérée comme prioritaire, il est précisé que « la France y joue un rôle particulier en ayant une relation privilégiée avec l’Inde ». Au-delà, dans ce qui est devenu la zone stratégique des États-Unis, le Livre blanc 2013 fait le constat que « le rééquilibrage en cours du dispositif militaire américain vers l’Asie-Pacifique… constituera un facteur dimensionnant pour la France, puissance souveraine et acteur de sécurité dans l’Océan Indien et dans le Pacifique. » Concrètement, cela signifie que « l’engagement américain ne décharge pas la France… de ses responsabilités… ». Ainsi, des liens de coopération de défense et de sécurité sont établis avec l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, le Vietnam et, dans le Pacifique, a été conclu « un accord de partenariat stratégique avec l’Australie ». L’option stratégique du Livre blanc 2013 fait donc de la France la principale puissance militaire occidentale sur le continent africain, après les États-Unis, la plus présente militairement dans un Moyen-Orient déstructuré et déchiré par des conflits et en Extrême-Orient, 17
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« aux côtés de ses alliés, la France apporterait, en cas de crise ouverte, une contribution politique et militaire d’un niveau adapté », dans une zone, rappelons-le, où se côtoient les six principales armées au monde en effectifs militaires ! Vient s’ajouter la surveillance maritime de la « zone économique exclusive » de la France liée à son histoire coloniale que sont les Antilles et la Guyane, la Nouvelle-Calédonie et les collectivités de Polynésie française et de Wallis et Futuna, la Réunion et Mayotte, les Terres australes et antarctiques, l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, ce qui en fait la deuxième puissance maritime mondiale. Le constat est simple, hors les États-Unis, aucune autre puissance dans le monde n’affiche de telles ambitions stratégiques planétaires Selon le général de Villiers, chef d’État-Major, « nous avons plus de 20 000 militaires déployés hors de la métropole, dont plus de 8 000 au profit de 27 opérations sur quatre continents (dont l’Europe), dans les airs et sur tous les océans ». La politique extérieure et de défense découlant du Livre blanc 2013 et certaines déclarations interventionnistes de François Hollande, plus intempestives que réfléchies et concertées, répondent-elles aux intérêts des Français, plus encore aux moyens et aux potentialités présentes de la France ? Je ferai grâce de rappeler Tartarin de Tarascon : mais le Livre blanc 2013, relève d’une stratégie de défense de la France inconsidérée. Ce que confirment les réalités sur le terrain. Au Mali, la situation sécuritaire reste critique dans le nord du pays et la capacité de nuisance des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et du MUJAO dans le Sahel demeure. Pour répondre à cette situation, à l’opération Serval succède l’opération Barkhane, s’appuyant sur un dispositif militaire étendu du Mali au Tchad, au Niger et au Burkina Faso, soit une aire d’intervention de plus de six fois celle de la France ! En Centrafrique où se déroule l’opération Sangaris, nul ne peut prévoir quand la sécurité des populations sera assurée ni quand une autorité sera rétablie sur l’ensemble du territoire. S’ajoute l’isolement de la France en Afrique qui n’est pas sans préoccuper les auteurs du Livre blanc : « L’importance stratégique pour l’Europe… de la partie de l’Afrique qui s’étend du Sahel à l’Afrique équatoriale n’est pas considérée au même degré par tous nos partenaires et alliés. Pour la France, il ne fait cependant pas de doute que ces approches constituent des zones d’intérêt prioritaires pour l’ensemble de l’Union européenne, et qu’une vision commune des risques et des menaces est souhaitable et urgente. Cette priorité collective européenne devrait être d’autant plus affichée que nos alliés américain et canadien attendent de nous que nous prenions une part essentielle des responsabilités dans des zones à l’égard desquelles ils s’estiment moins directement concernés. » Sauf que « l’Union européenne » est plus une concurrence qu’une solidarité communautaire. Au Moyen-Orient, combattre le monstre Daech concerne le monde entier, mais la façon dont les opérations sont menées pose des questions stratégiques. Le choix sélectif de soutien militaire aux peuples qui luttent contre Daech, que symbolise Kobané, doit être dénoncé. Les États-Unis mènent-ils une politique d’éradication du djihad de l’épée ou de gestion de l’anarchie et du désordre dans la région ? Quels seront la durée de l’intervention et ses risques de propagation ? Selon, l’ancien président de la CIA, Léon Panetta : « Nous allons vers une guerre de trente ans ». Il se pose aussi une question de principe, la guerre contre Daech peutelle être menée par ceux-là mêmes : puissances occidentales et pouvoirs salafistes qui, par leurs politiques interventionnistes, ont engendré le monstre ? Cette intervention doit être désoccidentalisée et multilatéralisée 18
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J’en viens à ma conclusion. Les options idéologiques et politiques du Livre blanc 2013 sous-estiment combien le monde a changé : il n’est plus celui de la guerre froide, il n’est plus non plus celui d’un Occident hégémonique. Le « Nouvel Ordre Mondial de paix » annoncé par Georg Bush senior en 1991 débouche sur un monde de guerres, de crises économiques, écologiques, sociales, de tragédies humanitaires. La politique interventionniste de François Hollande et l’idéologie atlantiste qui la sous-tend sont aventureuses. « La raison demande de rompre avec la politique suivie en Afrique et au Proche-Orient, comme en Asie et dans le Pacifique, il ne revient ni à la France ni à aucune autre puissance d’être un gendarme du Monde. Il faut concevoir, et élaborer une autre politique étrangère et de défense, conforme aux potentialités présentes et réelles de la France. Comme une autre politique économique est possible, une autre politique de sécurité est possible en fondant les relations internationales sur le multilatéralisme. Les atlantistes pensent que, vu leur complexité, la prise en compte du vécu des populations et des réalités concrètes relève d’un postulat pétri d’idéalisme et que d’autres méthodes (l’intervention militaire), permettent des résultats plus immédiats, sauf que la réalité de plus de vingt ans de « guerres justes », leurs conséquences humaines et économiques dramatiques, les sentiments d’humiliation et les crises identitaires qu’elles suscitent, attestent de leur inefficacité et dangerosité. Le multilatéralisme relève d’une conception des relations internationales dans laquelle prévaut le choix libre et non subordonné de sa politique étrangère et de défense, une démarche dans les temps longs de la diplomatie qui, plus encore dans un moment où les guerres ne se concluent pas par la défaite et la capitulation d’une des parties, ne se réduit pas à colmater les crises ou à n’être qu’un « secours » émotionnel couvrant des intérêts de puissances. Faire prévaloir une politique, une diplomatie et une stratégie ayant comme fondement le multilatéralisme, ce n’est pas nier l'existence des despotes, s’accommoder de ceux qui ont faim, ignorer les identités refusées, c’est jeter un regard lucide sur les réalités, les inégalités et les contradictions du monde et rechercher obstinément des solutions aux conflits et s’il y a lieu d’intervenir, que cela ne soit pas dans le cadre de coalitions occidentales ou de toutes autres puissances. La boussole doit être en matière de stratégie et de défense, une politique fondée sur le multilatéralisme, opposée à la guerre et au chaos dans lesquels vingt-cinq ans de politiques atlantistes ont conduit le monde.
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André Bourgeot, anthropologue, Directeur de recherche émérite au CNRS Un espace saharo-sahélien militarisé et fédéralisé
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'opération militaire française au Mali s'inscrit dans un contexte nouveau qui a débuté
avec l'intervention sous couvert de l'OTAN en Libye en 2011.L'objectif déclaré en était de soutenir l'opposition armée contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi considéré comme dictateur, tandis que l'objectif inavoué visait à la destruction de la Jamahiriya arabe libyenne (l'état des masses) et, le cas échéant, l'assassinat de son « guide », ce qui fut fait le 20 octobre 2011, à Syrte. Cette intervention révèle un tournant politico-militaire qui déstabilise l'espace saharo-sahélien. Celui ci recèle des richesses minières connues (pétrole, gaz, eau, or, manganèse, phosphate) dans le septentrion malien, à Taoudenit et dans la région de Kidal. Ces richesses nécessitent la création de routes énergétiques terrestres susceptibles de les acheminer. Le contrôle de ces routes créé des enjeux importants. Les Etats consommateurs cherchent à sécuriser leurs futurs approvisionnements par l'installation de bases militaires dans les endroits stratégiques: Ainsi les tentatives états-uniennes, puis françaises, d'installer une base militaire à Tessalit, à la frontière algéro-malienne... Dans ces circonstances, les décisions prises par l'ONU sont un prétexte. Dans le cas du Mali et de la République Centrafricaine, la France a assuré un rôle « d'avant-garde » en se prévalant d'une légitimité internationale et d'une légalité nationale, car répondant aux demandes de chefs d'état confrontés à des situations dramatiques réelles au plan humanitaire, sur fond de déliquescence des états, dont les responsabilités incombent en grande partie aux puissances occidentales qui imposent leurs contraintes (Plans d'Ajustement Structurel des années 1983/84, dévaluation du Franc CFA en 1994, coups d'états militaires). Les turbulences actuelles qui déstabilisent les Etats-nations, les pouvoirs en place s'appuyant sur des groupes armés djihâdistes et sur les rébellions, génèrent une militarisation de l'espace saharo- sahélien : la France va déployer 3000 soldats en Mauritanie, Niger, Tchad. Elles n'ont pas pour objectif la remise en cause immédiate des frontières, qui serait génératrice d'un chaos incontrôlable par les puissances occidentales. Il s'agirait de maintenir provisoirement ces frontières, en acceptant l'existence de l'Etat, qui devra progressivement délaisser ses aspects « nationaux » et « militaires » pour enclencher des processus de formation d'Etats fédéraux. La phase préparatoire pourrait être celle d'une décentralisation poussée, précédant la création de régions autonomes, qui devraient anticiper les fondements politiques et économiques de futurs « Etats fédéraux », préfigurant une organisation fédérale du monde capitaliste. Ces processus font partie de la mise en place d'un nouvel ordre mondial capitaliste, qui passe par la déstabilisation Etat par Etat, aire culturelle par aire culturelle, en s'appuyant sur des rébellions à caractère ethnique et indépendantiste (MNLA Touareg, et Toubous), en dramatisant les conflits intercommunautaires et religieux. Telles sont les nouvelles formes de domination « impériales » et impérialistes. 21
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Philippe CORDAT, Secrétaire de la CGT Centre
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a politique extérieure de la France est indissociable de la logique économique et mili-
taire qui préside à tous les choix et décisions du chef de l’Etat et du gouvernement. Dans tous les domaines, la politique mise en œuvre est orientée au service exclusif des entreprises et particulièrement des grands groupes et des banques. Au plan militaire, il faut bien apprécier que ce gouvernement, comme hier celui de la droite sarkozyste, a décidé d’en finir avec la défense nationale au profit d’une armée de métier aux ordres de l ‘OTAN. Ensemble ils ont conjugué leurs efforts pour satisfaire les intérêts des marchands d’armes pour qui la période actuelle est des plus bénéfiques. Venant de la première région munitionnaire française, je voudrais vous faire part de quelques réflexions, celles d’un syndicaliste de la CGT sur ce qui existe au plan des productions d’armes, des munitions, de l’évolution des systèmes et des risques de conflits que préparent les augmentations de volume des fabrications. Au-delà de la communication sur la douceur de vivre en Région Centre, il faut bien mesurer qu’à deux cent kilomètres de Paris, les marchands d’armes ont pris le relais des unités de la défense grâce aux privatisations pour développer le commerce des armes et des munitions destinées à répandre la mort. Productions de missiles, d’obus, de mines, de roquettes, de mortiers, de blindés, systèmes électroniques de guidages de ces engins et des avions militaires, système de sécurisation de périmètres et de contrôle des populations, fabrications de canons, de drones et de différents matériaux destinées à la logistique militaire se réalisent essentiellement sur quatre départements de notre région : le Loiret, le Loir-et-Cher, le Cher et l’Indre, ce dernier étant de plus impacté par le transport de ces armes de guerre, essentiellement au départ de l’aéroport régional de Châteauroux-Déols. De Nexter (ex GIAT, ex établissement de la Défense) qui après privatisation, restructurations et fusion, est en passe de devenir une succursale allemande, en passant par les sites de Thalès, de MBDA, de Roxel, de Luchaire et de Daher, l’activité de ces établissements d’essais, de recherche et de production est en constante progression depuis ces dernières années. Actuellement, plusieurs milliers de salariés travaillent, et cela depuis plus d’un an, en équipe et en heures supplémentaires pour satisfaire des carnets de commandes qui s’envolent, y compris pour la fabrication de munitions interdites par la réglementation internationale. Comme pour toutes les réglementations ou normes sanitaires quand il n’existe pas de contrôles permanents et indépendants, pour contourner les règles établies, les entreprises déjouent la réglementation par le changement des codifications. Et comme ces établissements sont classés « Secret Défense », les producteurs d’armes établissent leurs propres règles selon la demande et leurs objectifs de rentabilité. Dans notre région s’effectue aussi depuis des mois la fabrication de cercueils pour les armées.
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Il est évident que toutes ces fabrications ne sont pas destinées à rester dans des magasins de stockage mais bien à faire la guerre et l’expérience nous l’a toujours confirmé au fil de l’histoire : pour résoudre ses crises, le Capital a souvent recours aux guerres pour reproduire du Capital. La production et le commerce des armes représentent une source de profit extraordinaire comme en atteste la flambée des profits des groupes qui se disputent ce marché. Elle représente également une manne financière des plus rentables au plan du transport de ces productions qui, pour une grande partie, circule sur les routes au mépris de la sécurité civile et par voie aérienne au départ de l’aéroport régional de Châteauroux Déols, ancien périmètre de l’OTAN, dont l’activité la plus lucrative est liée au stockage et au transport des armes de guerre. Pour illustrer cette profitabilité pour les dirigeants et actionnaires de ce secteur un exemple pour notre seule région : Sur une petite unité du groupe Thalès dans laquelle travaillent 350 salariés sur les cinq dernières années, les actionnaires ont empoché 100 millions de profits. Sur l’exercice 2014, sur 120 millions de prises de commandes, 101 millions de chiffres d’affaire, 16,5 millions ont été dégagés en profits et il convient de noter que les aides publiques représentent 10% des profits réalisés. Cette élévation des profits et du commerce des armes n’est pas le fruit du hasard, elle est le résultat des politiques conduites par les gouvernements français depuis plus de trente ans. Les entreprises de la défense employaient hier des milliers de salariés sous statut dans notre région. Avec le passage au privé, les effectifs ont fondu, des sites ont été rayés de la carte au profit d’une spécialisation sur les créneaux les plus rentables dans le cadre d’un partage des productions dicté par l’OTAN. La fin du monopole d’Etat pour l’ouverture au marché des armes a eu pour conséquences : - De véritables séismes au plan social avec des conséquences lourdes sur l’activité et la vie dans les territoires, particulièrement au sud de la Région Centre, qui se sont conjugués à la casse de l’industrie automobile. - La perte de maîtrise par la Nation des fabrications destinées au militaire. - Le refus des groupes et de l’Etat encore actionnaire dans quelques groupes de travailler à la diversification civile des productions dont certaines innovations et recherches pourraient permettre de grandes avancées utiles aux populations. - Une accentuation de la mise en concurrence des salariés avec le développement des méthodes de management mise en œuvre dans l’automobile et l’aéronautique perfectionnée pour ce secteur. - Une perte de souveraineté avec l’effacement d’une Défense Nationale sous le contrôle et la maîtrise du peuple. - L’abandon de productions et de savoir-faire pour les armées françaises et cela dû à la spécialisation dictée à chaque pays par l’OTAN.
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- Le basculement de la politique extérieure et de défense de la France avec le passage d’une défense nationale démantelée à une défense intégrée aux ordres de l‘OTAN et des Etats-Unis dans le cadre d’une politique étrangère agressive. La France est devenue un régiment de cette grande armée qui prétend imposer aux peuples du monde la vision des dirigeants des pays occidentaux dans laquelle ses prérogatives sont dictées par le Pentagone et l’OTAN. Les enjeux du nouveau Traité Transatlantique dans la configuration géo politique actuelle renforce l’urgence et la nécessité pour notre pays de sortir de l’OTAN, de lutter pour le respect de la souveraineté des peuples à commencer par le nôtre. La politique conduite par les dirigeants de la France et de l’Union Européenne ne va bien sûr pas dans cette direction, raison de plus pour résister. Les enjeux qui nous sont posés avec la stratégie de guerre perpétuelle du monde capitaliste nous créent obligation de réinvestir le terrain des luttes populaires pour la paix, le désarmement, la coopération entre les peuples souverains. Ils nous invitent à réfléchir : comment développer de nouveaux échanges entre le syndicalisme et le politique pour rassembler les salariés citoyens, pour leur offrir des perspectives de mobilisations contre les politiques d’austérité en France et en Europe, les alerter sur les risques qui pèsent sur la paix. La politique étrangère belliciste de ce gouvernement ternit l’image de la France et de son peuple ; ce qui nous invite à réfléchir comment, par nos explications et nos initiatives, aider les salariés et le peuple à reprendre la main sur les choix et décisions politiques.
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Les Mères d’Odessa (Témoignage transcrit par le Collectif Polex, d’après la traduction)
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u 24 au 31 janvier 2015, une délégation de militants antifascistes ukrainiens venus
d’Odessa a parcouru la France. Malgré la surdité des autorités contactées (il ne leur a pas été possible d’être reçus par le groupe communiste à L’Assemblée !), ils ont pu témoigner à Paris, Vénissieux, Marseille, Lille etc., de la nature réelle du régime pro-occidental installé à Kiev, soutenu malheureusement par la France officielle. Le 27 janvier, deux mères de jeunes militants massacrés à Odessa le 2 mai 2014, parce qu’ils s’opposaient au coup d’Etat des nationalistes pro-occidentaux de Kiev, étaient présentes à la rencontre organisée par le Collectif Polex. Elles ont raconté comment les partisans du putsch « nationaliste » de Maïdan, et ceux qui le dénonçaient, avec le PC d’Ukraine, manifestaient jusque là pacifiquement dans les rues et sur les places publiques. Jusqu’au jour où des groupes organisés et armés d’activistes d’extrême droite (Pravy Sektor, Svoboda) sont arrivés à Odessa depuis Kiev et l’Ouest du pays, parmi les supporters d’une équipe de foot. Ces émeutiers, les mêmes qui avaient mené le coup d’Etat de Maïdan, ont, avec leurs complices locaux, attaqué et bastonné les militants de gauche, et les ont dispersés par la force. Plusieurs dizaines sont allés se réfugier, sans armes, dans la Maison des Syndicats. Les émeutiers d’extrême droite ont alors assiégé ce local, et l’ont incendié avec des cocktails Molotov. Ils ont ensuite massacré les occupants qui tentaient d’échapper aux flammes en sautant par les fenêtres, et même étranglé certains de ceux qui étaient restés dans l’immeuble. Selon les sources, le 2 mai 2014 à Odessa, entre quarante et soixante personnes ont été tuées par ces groupes fascistes, en toute impunité. Depuis, la terreur légale règne sur la ville, et certaines familles des assassinés se taisent puisque les survivants, blessés, sont poursuivis pour « séparatisme » ! Extraits du témoignage de la mère d’une des victimes, Vadim, dix-sept ans, communiste ukrainien « Ce vendredi était une journée normale de mai. Le matin, rien de spécial. Les parents ont commencé leur nettoyage de printemps. Vadim, comme d’habitude, les a aidés. Puis il a lu ses livres. Il a dit que, peut-être, il irait donner un coup de main au champ de Koulikovo (la maison des syndicats), ‘peut-être, si on m’appelle !’. Quand j’ai commencé à apprendre ce qu’il se passait en ville, il était encore à la maison. Ensemble, nous avons regardé l’émission en direct à la télévision : sur la rue Grecheskaja, ils ont commencé à tirer et arracher les pierres de la chaussée. Vadim est sorti de la maison, en passant inaperçu. Apparemment ils l’avaient appelé, ou lui avaient écrit sur les réseaux sociaux. Quand on lui a demandé où il allait, il a répondu : ‘Je vais vous défendre.’ Ses parents ne l’ont pas revu vivant. 25
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Nous l’avons appelé à six heures à la maison des syndicats. Il a dit : ‘Maman, je suis au champ de Koulikovo, dans la maison des syndicats. S’il vous plait, ne jouez pas les héros, ne venez pas ici.’ C’était le dernier coup de téléphone. Les parents de Vadim ont appelé la sécurité publique : ‘Regardez, la maison des syndicats est en feu, il y a des gens à l’intérieur.’ En réponse, une voix métallique : ‘Oui, merci.’ Les appels à la police étaient totalement inutiles : personne ne répondait au téléphone. « Après cela, mon mari et moi avons décidé d’aller au champ de Koulikovo. Nous y sommes allés pour sauver notre enfant. Pendant longtemps, nous ne pouvions pas y arriver : il n’y avait pas d’autobus ou de taxi. Nous avons attendu avec difficulté l’arrivée des trams. Nous y sommes arrivés à sept heures et demie, les pompiers avaient déjà tout éteint. Je n’oublierai jamais l’horreur que nous avons vue sur le champ de Koulikovo. La foule déchaînée, véritable bête ou pire encore… Les animaux tuent uniquement par faim. Là, c’étaient de très jeunes filles, encore que je ne puisse les désigner comme des filles, des fillettes de seize ans. Les gens se cachaient sur les toits, les émeutiers fascistes les incitaient à sauter. Nous avons vu un homme brûlé rester bloqué sur l’appui de la fenêtre. Et ils le raillaient en dirigeant les lumières vers lui. Il y avait là de vrais fascistes. Ils sont allés là pour tuer leurs concitoyens délibérément ». Les parents de Vadim ont essayé d’entrer dans la maison des syndicats, mais les nationalistes le leur ont interdit. Pendant trois heures, ils ont cherché leur fils, mais inutilement. Ils sont allés à la gare acheter de l’eau. Une fois revenus, ils ont vu à droite, par terre, des corps abandonnés ; autour, un cordon de police. Et ils ont vu sur un des corps le short bleu de leur fils, et ont tout compris. « Personne ne dit rien. Je vais voir les enquêteurs, demander, mendier. Personne n’est vraiment responsable de l’enquête. Il y a pourtant un nombre important de matériel vidéo où l’on voit les visages de ceux qui tuent. Il y a une vidéo très claire de l’homme qui a étranglé une femme dans un bureau. Il y a des informations personnelles, leur adresse. Mais c’est pour rien, les enquêtes sont enterrées dans un cercueil. Pendant l’interrogatoire, le juge d’instruction lui a posé une seule question : ‘Que faisait votre fils au champ de Koulikovo ?’ J’ai rencontré deux ou trois fois le juge d’instruction. Puis j’ai cessé d’y aller parce que ces visites n’ont pas été très agréables. Mon père est allé là-bas pour essayer d’apprendre quelque chose. Mais personne ne dit ni ne fait rien. Tout le monde comprend parfaitement qu’il n’y aura pas d’enquête… Parce que les manifestants du champ de Koulikovo sont accusés de séparatisme, de terrorisme… Mais ce sont des mensonges. Il n’y avait aucun séparatiste. Vadim n’était pas pour la division de l’Ukraine. Les manifestants étaient là contre le fascisme. Contre tout ce qui se passe maintenant dans l’Etat. Les fascistes sont impunis. Bien que sa mère répète souvent que Vadim était un « gars ordinaire », nous nous rendons compte qu’il était différent de ses pairs : actif, responsable, bon, honnête, gentil, brave, tous les jeunes de dix-sept ans n’ont pas de telles qualités. Vadim avait ses principes, sa vision et ses buts dans la vie. Il aimait étudier à l’université, il était étudiant en sciences politiques. C’était un garçon aux multiples dons, il aimait jouer aux échecs et jouait très bien du piano. Il était passionné de modélisme et avait une
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collection de modèles réduits d’avions, il aimait les films sur la Grande Guerre Patriotique. À seize ans, Vadim Papura a rejoint le Komsomol (organisation de jeunesse du parti communiste de l’Ukraine). De sa propre initiative, il a contacté l’organisation du Komsomol et y a adhéré. En 2012 il est allé à Kiev, lors du congrès. Etait-ce une raison pour le tuer ? »
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Ajout de Polex, après le témoignage Les autorités pro-occidentales de Kiev, Porochenko, et le premier ministre Iaseniouk (qui a déclaré récemment que l’Armée Rouge avait envahi l’Ukraine en 1944, quand elle a repoussé les occupants nazis !), refusent de mettre en cause les assassins, membres des groupes armés ouvertement pro-nazis : c’est grâce à eux qu’ils ont accédé au pouvoir, ce sont eux qui combattent, avec le soutien des USA et de l’UE, contre les populations de l’est de l’Ukraine. La guerre durera tant que Kiev refusera de négocier, tant qu’il sera assuré du soutien de l’Occident, dont la France de Messieurs Hollande et Valls. Le Collectif Polex (1er février 2015)
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Adhésion au collectif Polex pour 2015
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Collectif POLEX. Cahier noir de la politique extérieure de la France. (Paris, 27 janvier 2015)
L
e 27 janvier2015, dans les locaux de l'Assemblée Nationale à Paris, le Collectif Com-
muniste Polex, association libre de toute attache partisane, organisait sa rencontre annuelle sur la politique internationale de la France, sous la Présidence du Député de l'Oise, Patrice CARVALHO. Ce fut un échange très riche, grâce aux intervenants successifs de : FRANCIS ARZALIER, historien, pour le Collectif Polex, organisateur, MICHÈLE DECASTER, Secrétaire générale de l'AFASPA (Association Française d'Amitié et de Solidarité avec les Peuples d'Afrique), MIREILLE FANON-MENDES-FRANCE, de la Fondation Frantz Fanon, NILS ANDERSSON, coprésident de l'ADIF (Association pour La Défense du Droit International Humanitaire), ANDRÉ BOURGEOT, ethnologue, spécialiste des Sahara et Sahel africains, PHILIPPE CORDAT, syndicaliste CGT des travailleurs de l'Etat et des témoignages sur la situation dramatique en Ukraine (« MÈRES D'ODESSA »). Nous avons tenu à publier dans ce Cahier noir de la politique extérieure de la France l'intégralité des interventions, avec l'assentiment des auteurs. Cette publication, qui fera date, peut vous être expédiée à domicile en autant d'exemplaires que vous le souhaitez, à réception du bon de commande ci- dessous, accompagné d'une participation aux frais d'impression et de port (1,75 euros), soit un total de 6 euros pour un exemplaire, 25 euros pour cinq exemplaires, 45 euros pour 10 exemplaires (port inclus à chaque commande).
BON DE COMMANDE à adresser à Nicole Touma-Saba, trésorière du Collectif Polex, 17 rue Lamande 75017 Paris, avec un chèque à l'ordre de POLEX. VEUILLEZ ME FAIRE PARVENIR : …….. EXEMPLAIRE(S) DU « CAHIER NOIR » CHÈQUE CI-JOINT DE : ………. EUROS À L'ORDRE DE POLEX (PORT INCLUS) À L'ADRESSE CI- DESSOUS : NOM, PRÉNOM : ……………………………………………………………....................... ADRESSE POSTALE : ……………………………………………………………………… PAYS : ………………………………………………………………………………………… ADRESSE ÉLECTRONIQUE : …………………………………………………………….
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