Les Nouvelles écritures plastiques Marie Julie, 2008 Protocole d’écriture
TEXTE UN
Nous sommes assis en carré. Le débriefing oral commence comme la majuscule d’un temps d’échange. Je prends la note et sur les lignes s’accumulent mes notes. Le stylo trace le F de son nom tandis que nous soufflons son prénom. Murielle. Le chœur en résonance trébuche sur les parois blanches de la pièce. Puis le soliste débute sa partition : accumulation virgule excessive virgule somptueuse virgule répétition ponctuation virgule. C’est une montée dans l’étrange. L’histoire commence. Les indications de lecture induisent du rythme. Nous sentons l’ambiance de l’espace : je capte le paroxysme de la situation tandis que chaque adjectif qualitatif, des superlatifs, alourdissent l’atmosphère du morceau. Derrière, se dévoile la légèreté de la pièce : les flottements de lignes négocient (dessinent) le truc. Nous sommes assis en carré. Le débriefing oral continue comme la montée d’une phrase en protase. Je prends mes notes et sur les trames du cahier, se remplissent les petits carreaux. Le stylo trace le « moi de l’ego ». Elle et lui étoffent le système d’écriture qui induit le système dramatique. Le soliste gère la montée dramatique, accumule : c’est toujours une construction par le but. Le parcellaire ? Le travail de la nature induit le message logique qui s’échoue sur une chose spectaculaire par une chose d’une certaine quantité par la construction d’une certaine chose. Travailler le texte-espace, introduire des choses-espace, le message trouvé par des bribes en résonance ne construit rien. Nous sommes assis en carré. Le débriefing oral avance comme un cheval lancé dans sa course d’obstacles. Je prends le souffle des notes et sa musique scripturale se cogne dans ma voix. Nous sentons le sens de lecture de la proposition de Leila ; Elle construit des fragments. Ce fragment est lu fort. La difficulté de la partition corporelle est celle de ne pas être un métronome à la mode relationnelle. Le fragment est un relevé des sensations
sonores d’un lieu. Le texte est cursif. Le sens vient de la phrase, de la ponctuation, de la pure sensation fragmentaire. Ici la scénographie joue d’un bruit qui n’est jamais nommé. L’histoire du but construit une sensation du bruit par le surgissement des mots : sensation d’espace. Quelque chose d’autre indique le lieu : c’est le lit, un no man’s land de choses enfouies. Nous sommes assis en carré. Le débriefing oral est à son acmé. Derrière les déchets, la partition lisse cherche sa pertinence : deux points, points doubles, notes blanches, espaces. Je goûte la saveur de ces variables de la même expérience et cette saveur se déploie comme un nouveau dossier empli de différentes manières de plier. Il est jeudi, 8h. La lettre est sans destinataire : exit la relation épistolaire. Le destinateur est un monstre, un être extraordinaire, positif et négatif. Chaque mot est source de merveilleux et de fantastique. C’est une expérience douloureuse. L’exercice de style de Leila est celui du fragmentaire de l’endormissement. Les démons et merveilles, les croyances, l’écriture ellemême, mais aussi les passeurs initiatiques, Muriel, Alex, deviennent les motifs d’une ambiance burlesque. Longtemps les expériences du temps et de la durée furent les éléments de procès du graphomane. Pourtant, l’écriture, la typographie, la chartre graphique d’un texte ne sont pas son maquillage. Et ces rendez-vous informels commencent par le basculement de la couverture d’un livre. L’écoute du texte crée un territoire imaginaire, les mots se déploient et tissent peu à peu une carte géographique. Nous sommes assis en carré. Et le débriefing oral s’éteint comme un vers en apodose.
TEXTE DEUX
Jean-Baptiste fracasse un exposé sur le death métal. Il a œuvré dans cette pièce carrée, il a réœuvré la ligne de ce désœuvrement. Sur les pans de la paroi gauche du mur droit sont épinglés Richard Kerne, Lyndia Lunch, des Sneufs Movies, Pasolini, La Caravane de l’étrange, une série, Blue Velvet, Twin Peaks, Laura palmer, J’aimerais pas crever un dimanche, Parle avec elle, Almodovar, Gamekie, Destrected, Mattew Barney, Araki, Romance x, Lidia lunch, Ovidie, Larry Clark, Claire Denis, Trouble Every Day, May, Lary Clark. Félix questionne la performance, le sexe, le tabou, d’une manière différente de la pornographie, qualifiée de perversion filmée : il effleure la relation très intime avec cette barrière. Sur les parois frontales et dorsales de la pièce sont accrochées des représentations de l’érotisme, de la domination, de la soumission,
de
l’obsession,
du
cannibalisme,
des
fantasmes,
des
perversions, du moral et de l’amoral, du voyeurisme, de l’abstinence, du rituel vus par les artistes. Mais aussi des images de pissotières, de w.c, de backrooms, de bondage, un graphique à plusieurs entrées, un système de jeux de société et une affiche de Trouble Every Day. Voilà le contexte. À mesure que les autres sont repoussés sur la paroi droite du mur gauche de la pièce, juste au centre, point d’intersection des diagonales de la pièce, sur le sol au quadrillé réglementaire, s’esquisse une issue
TEXTE TROIS
L’artiste est une résonance du monde : bouffon du roi ou danseur anarchiste, il tangue entre le « ce que l’on aime » qui nous ferme et le « ce que l’on aime pas » qui nous ferme. Il liste le flou et l’expérimental. Il crée des critères d'appréciations soumis à des valeurs de jugement ou des valeurs de Fait. Cela oriente son interprétation écartelée entre sa sévérité subjective et son exigence objective. Et sur le spectre de l’affiliation et de la non-affiliation artistiques, les choses s’accumulent : sa posture rend sa position étrange. Loin de son identité solaire, l’être complet regarde les problèmes, les contradictions. Et cette liste est résolument plastique.
TEXTE QUATRE
Exposition flèche Terra, une étoile triangle forme le 25 ; une étoile triangle flèche une exposition. Victor Lasa flèche le 20 mai pour deux conférences : une à l’école sur la création actuelle de Maputo. Seize heures trente tire dix neuf heures trente. Il tire entre les parenthèses le soir et ferme la parenthèse. Le samedi crochète la médiathèque qui flèche le matin ou le tiret fait une présentation scénographique. Les dates flèchent le crochet du jeudi ou suspension virgule l’écran de la parenthèse de la performance. Une proposition personnelle exécute avec la proposition globale un duo à seize heures. Une étoile écrite le mardi ouvre et ferme les crochets. Une étoile cuite le mardi ouvre et ferme les crochets. Le tiret spécule sur le pro-format crocheté du budget tandis que l ‘encre affirme faire un calque par jour où il raconte sa ville par un trait par une photo installée dans la ville. Une large ligne clôture le paragraphe.
TEXTE CINQ
Cécile flèche l’espace fléché du point synchrone. La flèche rectangle flèche la raie synchrone. Les poils flèchent. Le rectangle suivi de prés par le carré difforme converse avec le trois qui flèche qui flèche le maton qui flèche les chômeurs flèchent avec la plus grande force : on respecte la France !