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UNE ÉBAUCHE LENTE À VENIR

Entretien réalisé par Jenna Darde avec Till et Léopold Rabus lors de la préparation de l’exposition « Une ébauche lente à venir » à la HAB Galerie, décembre 2022.

Votre désir de peindre paraît ancré en vous depuis toujours. Comment est née pour chacun de vous l’envie de peindre ?

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Till : Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui nous ont amenés à l’art. Tout d’abord le fait de baigner dans la vie et les ambiances d’atelier de nos parents artistes (Renate et Alex Rabus), qui avaient leurs propres créations, une passion pour certains peintres et beaucoup de livres d’art. J’ai des souvenirs de peintures d’Otto Dix, James Ensor, Goya, Rembrandt, Vlaminck, un flot d’ambiances. L’univers de mon père était très baroque, cela fourmillait d’une multitude de créatures. Du côté de ma mère c’était plus coloré, elle se nourrissait du travail de Chaissac ou Niki de Saint Phalle. Par ailleurs, nous avons eu tous les deux d’énormes difficultés scolaires, le terrain où on avait le plus de facilités était le dessin. C’était également un moyen d’avoir un peu de reconnaissance de la part des autres à l’adolescence.

Léopold : Je dirais que mon frère avait des facilités : chez lui « ça coule de source », tandis que chez moi c’est plus laborieux. J’ai échoué en école d’art, alors que lui a réussi avec brio.

Quel rapport avez-vous entretenu, au cours de votre formation, avec les références tutélaires de la peinture ancienne mais également l’art contemporain ?

Till : Dans les années 1990, j’étais fasciné par les mouvements de la Young British, par Jeff Koons et la Cicciolina, ou encore par les vidéos de Paul McCarthy. Cette fascination m’a fait entrer dans l’art par passion, tandis que Léopold est entré plus directement dans l’art avec la peinture.

Léopold : Un jour, la fille d’un ami, âgée de huit ans, m’a traité de « vieille ambiance ». Elle avait vu juste. Je dois lutter constamment contre ce passéisme qui s’accroche à moi. J’ai sans doute plus de mal à habiter le monde d’aujourd’hui que mon frère.

Lorsque je regarde des peintures de Frans Snyders, je vois une manière d’habiter le monde et un rapport à la nature et aux animaux qui sont à l’opposé de ceux d’aujourd’hui.

Je me sens plus proche du ressenti des peintres du XVII e siècle. C’est pour cela que j’adore les peintres anciens, l’époque baroque, où on ne pensait pas que le monde était fini. Il y avait une forme d’abondance, la traversée des continents n’avait pas eu lieu, tout était ouvert. Aujourd’hui, il est difficile de dire à nos enfants que le monde est limité.

Ma jubilation, dans mon rapport à l’art, est le côté technique et formel. Je me suis donc toujours beaucoup focalisé sur la peinture.

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