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LES « CHÂTEAUX »

Du Xix E Si Cle

La dénomination « château » correspond à des maisons de maître édifiées au xix e siècle et qui présentent généralement une architecture originale et remarquable. Les formes architecturales et les décors sont principalement influencés par des courants hist oriques et se rapprochent du pastiche. L’architecture domestique mancelle des faubourgs présente rarement une exubérance décorative, mais certaines maisons se rattachent à la typologie du « château », appellation partagée par les habitants.

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Une profusion de décors

Les demeures aux volumes imposants et au décor soigné se situent principalement autour de l’avenue Bollée et plus généralement dans l’ancienne commune de Sainte-Croix. Le statut des propriétaires, l’étendue de parcelles encore vierges au xixe siècle puis la mise en avant d’un réseau social dans ce quartier ont entraîné l’édification de ces maisons de maître.

Certaines d’entre elles ne suivent pas un style précis, mais présentent un vocabulaire aux influences variées. Le « château » dit de Méhoncourt, construit en 1846 sur l’ancien domaine de la Douce Amie et attribué à Pierre-Félix Delarue, présente une double esthétique Renaissance et Louis XIII qui se retrouve dans l’agencement des corps de bâtiment et le décor —4. Le parc aménagé autour du château rappelle l’importance de ces espaces pour les maisons du maître du xixe siècle —5. L’intervention du sculpteur ornemaniste Auguste Gaullier apporte à cet édifice des décors d’une grande richesse, à l’extérieur comme à l’intérieur. Les sculptures des manteaux, hottes et chambranles des cheminées monumentales du rez-de-chaussée associent différents motifs – cuirs enroulés, mascarons, créatures hybrides, végétaux – qui tranchent sur l’aspect classique des lambris —3. Cette profusion décorative se retrouve sur la façade de la maison appartenant à la famille Pellier, avenue Bollée —6. Elle se développe sur trois niveaux avec une différence de traitement pour le rez-de-chaussée (ouvertures en arc, irrégularité des travées). Les travées sont délimitées par des pilastres dont les chapiteaux sont richement sculptés, et les niveaux sont soulignés par des bandeaux saillants. La volumétrie massive de l’édifice est renforcée par la présence d’une balustrade à l’aplomb du toit-terrasse. Ces choix architecturaux ne sont pas sans rappeler le vocabulaire des palazzi toscans de la Renaissance. Les lambris en « plis de serviette » de l’escalier et du rez-dechaussée participent du style général de la demeure, qui présente cependant des variations dans les étages. Les décors intérieurs de style néo-Renaissance se retrouvent dans de nombreuses maisons pourtant relativement sobres en façade —1, 2. Ces éléments, particulièrement appréciés dans les demeures bourgeoises mancelles durant la seconde moitié du xixe siècle, se rapprochent du travail des menuisiers sculpteurs locaux Blottière et Reboursier, qui réalisent les lambris de quelques églises sarthoises. À la fin du xixe siècle, plusieurs demeures perpétuent l’esthétique « château » : jeu sur les différents corps de bâtiment (tours, pavillons), bossages aux angles et aux encadrements, tables saillantes. Les toits de ces maisons de notables, travaillés à la française, témoignent d’une inspiration plus classique que les formes néo-Renaissance précédentes.

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