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l’hôpital se fout de la charité
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Un accouchement sans complications ? Un bébé en parfaite santé ? Voilà de bonnes nouvelles ! Pas pour l’hôpital : dans un système où chaque acte médical lui donne droit à une dotation précise de l’État, ses comptes voient rouge. En place depuis dix ans, la tarification à l’acte devait régler le problème du financement des hôpitaux. Mais cette logique comptable les a lancés dans une absurde course à la rentabilité. Désormais, mieux vaut dialyser un patient que lui greffer un rein. Cette quête, à l’éthique parfois douteuse, est aussi folle que vaine : le déficit de l’hôpital continue de se creuser. Et, dans ses couloirs, les soignants y laissent parfois leur âme. CAROLINE COQ-CHODORGE
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EN SAVOIR
La santé en souffrance
Si l’hôpital va mal, c’est qu’il est en première ligne face à la désorganisation du système de santé français. Sa détresse est à la fois le symptôme et le révélateur d’autres fragilités.
Inédit depuis 2001 : la Sécurité sociale devrait revenir à l’équilibre en 2018, avec un mini-déficit de 300 millions d’euros. Une goutte d’eau dans un océan d’environ 400 milliards de dépenses. C’est le résultat de 10 ans d’austérité, depuis la crise de 2008. Les comptes de la Sécurité sociale avaient alors plongé à –28 milliards d’euros.
LES HÔPITAUX DANS LE ROUGE
2008, c’est aussi l’année de la généralisation de la tarification à l’activité, qui vise justement à contrôler les dépenses des hôpitaux et à accélérer leur restructuration : les petits hôpitaux en déficit ferment, les gros se regroupent. En vain : les comptes de la majorité des établissements sont dans le rouge vif.
DÉSERTS MÉDICAUX
Un tiers des Français vivent dans un désert médical avec d’énormes difficultés à trouver un médecin traitant près de chez eux. Et la situation ne va pas s’arranger : 30 % des généralistes ayant plus de 60 ans. Elle vire même au cercle vicieux : dans ces zones, les conditions de travail sont tellement dégradées qu’elles découragent les vocations.
TROMPE-L’ŒIL
L’équilibre des comptes de la Sécurité sociale est un « trompel’œil », dénonce la Fédération hospitalière de France. Autrement dit : le déficit de la Sécurité sociale a été transféré vers les hôpitaux, qui devraient cumuler environ 1 milliard d’euros de déficit en 2018, soit deux fois plus que l’année précédente. Un record.
LES MAISONS DE RETRAITE DÉBORDÉES
Les personnels des EHPAD se sont mis en grève l’hiver dernier pour dénoncer des conditions de travail ne permettant pas une bonne prise en charge des personnes âgées. Il faudrait en moyenne un soignant par résident. Ce chiffre n’est aujourd’hui que de 0,6. Un manque qui se répercute sur les urgences.
EN ÉTAT D’URGENCES
Les patients y passent souvent la nuit sur des brancards, dans des couloirs, faute de place dans les services. De quoi décourager les professionnels, qui se détournent à leur tour de la médecine d’urgence.
DESSIN : CAROLINE GAMON
SÉCU À L’ÉQUILIBRE
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MAlaise aux urgences Le profil de ces patients est plus affligeant encore : « Ce sont des personnes âgées, qui n’ont pas une pathologie “noble”. Elles cumulent plusieurs pathologies qui n’intéressent personne : une infection urinaire, une décompensation cardiaque, un diabète, etc. » Le Samu–Urgences de France n’hésite pas à parler de « maltraitance ». Avec le « no bed challenge », il espérait « faire bouger les lignes ». En vain. À l’intérieur de l’hôpital, la solution est pourtant connue : « Les directions doivent cesser de viser un taux d’occupation de 100 % des lits, analyse le praticien. À partir de 85 % d’occupation, on dysfonctionne. Il faut laisser de la place pour les hospitalisations non programmées, qui sont parfaitement prévisibles et stables, hors pics épidémiques. » Voilà un autre chantier urgent pour la prochaine réforme du système de santé.
© S.TOUBON - LE QUOTIDIEN DU MEDECIN
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urant le premier semestre 2018, environ 100 000 malades auraient passé la nuit dans les couloirs des hôpitaux français. « Les urgences sont la faille sismique du système de santé, là où se rencontrent les dysfonctionnements de la médecine de ville et de l’hôpital », explique le docteur François Braun, également président du Samu-Urgences de France. En janvier dernier, pour alerter sur la gravité de Les urgences la situation, son syndicat a sont la faille créé le « no bed challenge » sismique (qu’on peut traduire par du système « défi zéro lit »), invitant, sur de santé. le ton de l’humour carabin, les urgentistes à faire remonter le nombre de patients pour lesquels ils ne trouvent pas de lits. Un tiers des services d’urgences participent à ce recensement. Chaque jour, leurs chiffres sont publiés sur Internet. « Entre janvier et juillet 2018, nous avons reçu 38 000 notifications. En extrapolant à l’ensemble des hôpitaux, on estime donc que ce sont près de 100 000 patients qui ont dormi sur des brancards », détaille François Braun.
Au printemps, deux femmes âgées sont mortes aux urgences du CHU de Tours en moins de quinze jours.
making-of « Et là, Amélie, la rédactrice en chef de La Revue Dessinée, a dit : “Et si vous pouviez être drôle ! Ça facilite le récit, surtout lorsque le sujet est grave.” Nous sommes donc partis en reportage, à l’affût des cocasseries de l’existence. Hélas, à l’hôpital, la situation est vraiment grave. De Saint-Malo à Paris, en passant par Bobigny, nous avons rencontré des médecins habités par leur mission, mais profondément bousculés par un système gestionnaire qui a perdu le sens du soin. On n’a pas trouvé matière à rire. Dommage. » Caroline Coq-Chodorge et Léo Quiévreux.
À VOIR
Hippocrate, de Thomas Lilti. Cinéaste et médecin, il utilise la fiction pour décrire l’hôpital à hauteur d’interne. Hyper-réaliste, puissant, émouvant. 1 h 42 (2014)
À LIRE
Le Serment d’Hypocrite. Secret médical : le grand naufrage, de Jean-Jacques Tanquerel. Quand l’hôpital viole le secret médical. Éd. Max Milo (2014)
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