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SOMMAIRE AVANT-PROPOS
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INTRODUCTION
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DEMARCHE CONCEPTUELLE
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DEMARCHE ARCHITECTURALE
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Question de la domesticité
Faire entrer l’extérieur à l’intérieur
Remédier à l’isolement...Et prendre en charges les déficiences
Activités proposées Attention portée au personnel soignant Un véritable restaurant
Se receuillir
DONNEES TECHNIQUES
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ET MAINTENANT ?
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AVANT-PROPOS
Plaçons les personnes âgées dans les prisons. Elles auront droit à une douche par jour, surveillance vidéo en cas de problème, trois repas par jour, accès à une bibliothèque, à un ordinateur, un gymnase, au câble, à canal+, à canalsat… Mettons les criminels en maison de retraite. Ils auront des repas froids, des lumières éteintes à 20h, un bain la semaine, vivront dans une pièce plus petite et paieront deux milles euros par mois ! Voilà le fait de nos constatations, maintenant le message doit passer. La vieillesse n’est pas un crime.
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AVANT-PROPOS REMERCIEMENTS
Tout d’abord nous souhaitons adresser nos remerciements aux personnes qui nous ont accompagné et suivi tout au long de l’élaboration de ce projet.
«La Retraite» est une reflexion collective qui n’aurait pas pris tournure sans eux.
En premier lieu, nous voulons remercier M. Ankel CERESE, architecte DPLG, coordinateur du Workshop et enseignant à l’ENSAM / Mme Fany CERESE, architecte DE, programmatrice, coordinatrice du Workshop et enseignante à l’université Montpellier 1 / Mme Raphaela SCHRACK, architecte HMONP / Mme Colette EYNARD, gérontologue. Tous leurs investissements, leurs enseignements et surtout leur envie de partager nous a permis de nous plonger au cœur d’un sujet qui nous était inconnu avant ces jours-ci.
Nous remercions également, M. Pascal BOIVIN, architecte, pour ses interventions et ses remarques constructives nous aidant à avancer dans notre réalisation.
Nous remercions M. Miguel USANDIZAGA, architecte enseignant à l’Ecole d’architecture de Barcelone, pour toute son expérience et les références qu’il nous à fait passer.
Une pensée pour : - M. P. Boivin - J. -P . Campredon Architectes Pr . Jeandel - Professeur des Universités Chef des services de médecine interne et gériatrie, responsable du pôle hospitalier de Gériatrie/Gérontologie et responsable du Département hospitalo-universitaire de Gériatrie au CHU de Montpellier - C. Eynard Architecte - K. Charras - Psychologue pour la fondation Frederick Alzheimer. - M. Yves Perret - Architecte, enseignant retraité ENSAM et ENSASE
Nous remercions M. Nobert CHAUTARD, architecte, enseignant retraité ENSAM, pour Enfin un grand merci aux quatre gérontonous avoir fait découvrir avec passion son logues qui nous ont suivi depuis le début : savoir et son expérience. Mme Noura BELOUZIR, Mme Ombeline BERTHIER, Mme Clara DENANT , Mme Laurence Nous remercions aussi tous les interveRIGAL SAISSET. nants de ce Workshop, pour nous avoir consacré du temps et nous avoir livré tous Un grand merci pour cette expérience, pour leur savoir sur les divers domaines qui se ces moments enrichissants, pour ces renrattachaient à ce sujet. contres.. et surtout pour nous avoir pousser à aller jusqu’au bout.
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INTRODUCTION ARCHITECTURE ET GERONTOLOGIE, DEUX DOMAINES DIFFERENTS MAIS QUI PRENNENT TOUS LEURS SENS EN SE MÉLANGEANT
Dans le cadre du programme pédagogique, l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier (ENSAM) met en place deux semaines de Workshop entre les deux semestres de l’année universitaire. Le but de cette approche est de proposer aux étudiants des thématiques spécifiques qui ne leurs sont pas forcement proposées durant les années d’études. Parmi les différents choix possibles, se trouvait le Workshop de M. Ankel CERESE, proposant un travail interdisciplinaire sur la réflexion sur les lieux de vie de demain pour personnes âgées. L’objectif étant de répondre à la problématique posée par le concours d’idées CNSA : «Concours d’idées pour la conception d’un lieu de vie collectif pour personnes âgées».
L’aspect interdisciplinaire de ce Workshop nous intéressait au plus haut point. Il était l’occasion d’avoir un échange de culture et un regard croisé entre de futurs architectes et futurs usagers (gestionnaires professionnels du secteur médico-social). Ils élèvent notre réflexion à un autre niveau que celui du fonctionnalisme ou de l’hygiéniste qui représente aujourd’hui la production architectural du secteur médico-social.
Intéressés par ce sujet, nous avons décidé de participer à ce Workshop. Le thème des personnes âgées est totalement d’actualité et soulève de nombreuses problématiques. De plus la vieillesse, résultante de l’aventure de l’âge est une chose qui nous concerne tous. Aujourd’hui nous sommes jeunes mais demain, les personnes âgées ce seront nous !
Du fait de nos différences, au niveau des domaines d’études, du vocabulaire employé, des expériences de chacun, la collaboration a été extrêmement bénéfique et d’une grande richesse sur le plan humain. Face à ce sujet qui nous unissait, une véritable complexité s’est établit durant ces deux semaines.
Architectes et gérontologues se sont réunis pour réfléchir ensemble sur une même problématique. S’ouvrir aux concepts d’empathie, de phénoménologie et émotions pour concevoir un lieu de vie, de bien être, pour personnes âgées.
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INTRODUCTION Il était important de comprendre comment ces lieux de vies collectifs pour personnes âgées s’organisaient. Les expériences et les ressentis, sur la vie dans les EHPAD d’aujourd’hui, des gérontologues nous ont aidé à avancer sur des questions essentielles. Comment l’espace est-il utilisé ? Comment est-il pratiqué, du point de vue des professionnels et des usagers ? Ce dialogue permanent au sein du groupe est un atout majeur qui est venu donner force à notre conception architecturale. Le mélange d’idée venant des deux domaines ouvre sur des réponses aussi originales que pertinentes. Nous retenons que la rencontre de plusieurs domaines est indispensable pour comprendre le sujet dans sa globalité. Même dans le cadre général, l’interdisciplinarité permet d’avoir un regard autre, d’attaquer la problématique sous un tout nouvel angle et de développer une réflexion autour de concepts justes et précis. Les journées étant rythmées par de nombreuses conférences. Les semaines se sont organisées en deux temps; un premier caractérisé par un approfondissement des connaissances et un second tourné vers la mise en pratique.
Les interventions avaient pour objectifs de nous familiariser avec le sujet et de nous sortir des préjugés. Comment parler de la vieillesse sans faire peur ? Comment penser la personne âgée comme une personne à part entière et non pas comme un poids social ? Comment penser le raisonnement à leurs encontre comme nous pensons un raisonnement pour notre personne ? Pourquoi le changement de regard et de considération est systématique lorsqu’on parle de personnes âgées ? Lorsqu’on parle de l’homme, on le qualifie avec un bon nombre de mots positifs, mais dès lors que l’on évoque les personnes âgées, les adjectifs dénigrants et dévalorisant prennent position. Pourtant la personne âgée n’est-t-elle pas la résultante de l’homme ? Ne devrions nous pas retrouver la même définition ? La vieillesse est un thème difficile à aborder, il est difficile de se confronter à la réalité… à notre propre devenir. Philosopher à ce sujet c’est apprendre à mourir, et le problème est justement là. Comment continuer à vivre quand notre vie est essentiellement derrière nous et que l’aboutissement de celleci se rapproche ? Toutes ces interventions ont révélé les questionnements ci-dessus qui relèvent du domaine social. Mais les questionnements du point de vue architectural sont tout aussi nombreux. Comment apporter une solution architecturale sans oublier le sujet ? Comment prendre en considération l’alliance entre les personnes âgées et le personnel qui les entoure au quotidien ? Les résidents doivent-ils vivre dans le lieu de travail du personnel ou les professionnels doivent-ils travailler dans le domicile des personnes âgées ?
En effet une maison de retraite accueille des personnes âgées, mais c’est aussi un support de travail pour le personnel. C’est pourquoi la qualité de l’espace est primordiale pour que ces deux corps puissent collaborer ensemble tout en évitant la notion de conflit d’usage. C’est à ce moment là que l’architecture a un rôle essentiel à jouer. A chaque intention correspond une solution architecturale. L’environnement, le paysage, l’organisation spatiale, la lumière et l’ambiance peuvent générer des émotions et des énergies positives. Comment le geste architectural peut optimiser la qualité de vie de ces individus ? Nous sommes partis d’un constat général. Bien souvent les maisons de retraite renvoient une image négative considérant la vieillesse comme un fléau. Arrivée à un certain moment, la personne âgée a besoin d’être plus ou moins encadrée. Seulement, aller en maison de retraite est vu comme une nécessité voire une obligation. Pourquoi ce changement de domicile ne pourrait pas être une envie ? La société pense les maisons de retraite comme un enfermement et un emprisonnement. Vieillir n’est pas une maladie. C’est une étape de la vie. On ne naît pas vieux on le devient mais avant tout on reste un individu, un citoyen, un être social. Toutefois il est difficile d’appartenir à une société lorsque celle-ci ne nous considère plus comme un de ses citoyens.
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INTRODUCTION Un autre point non négligeable que nous avons évoqué : la place du médical dans ces lieux. Elle prédomine sur la notion de chez soi. Durant toute notre vie nous évoluons dans un cadre vie chaleureux, où l’on se sent bien. Pourquoi un tel changement est observable ? Une perte d’intimité due aux interventions du médical, A quel point les soignants peuvent-ils s’immiscer ? Le chez soi est le support de l’identité, de liberté, du territoire privé. Seulement, le médical de nos jours prend le dessus sur la question de la domesticité.
Pour terminer, ce résumé synthétique de tout ce qui nous a permis de nourrir notre démarche conceptuelle, nous voudrions parler de la visite d’un EHPAD que nous avons effectué durant le workshop. Certainement l’expérience la plus marquante de ces deux semaines, elle nous a permis de se confronter à la réalité, à la pratique et au fonctionnent de ces lieux. Il était important de véritablement se plonger dans l’atmosphère de ces lieux pour comprendre l’atmosphère de ces EHPAD. Nous avons pu voir les qualités existantes à réutiliser, les défauts à éviter mais autour les demandes Les diverses interventions ont relevé un à prendre en compte. point fondamental à prendre en compte dans notre réflexion : les personnes âgées Suites à toutes ces expériences, nous ne doivent pas toutes être considérées de avons listés les idées que nous voulons la même façon. Nous avons été sensibili- mettre en place : sés à la question de la diversité concernant les «personnes âgées». Certes il n’existe - Accompagner ces personnes en fin de qu’un seul terme pour les nommer, mais vie avec dignité et respect . Pour cela nous c’est en réalité une multitude de cas et de attachons une importance toute particusituations singulières. Chaque individu au lière à proposer un projet qui ne serait pas sein d’une maison de retraite a son propre un simple lieu de prise en charge pour les degré de dépendance. L’évolution des mo- personnes âgées mais un véritable lieu de des de vie est différente. Chaque personne vie. âgée a sa propre identité, sa propre fa- - Placer le sujet au centre de notre réflexion mille, un passé qui lui est propre. Un lieu pour apporté une réponse satisfaisante et de vie pour personnes âgées doit prendre sécurisante faces aux difficultés qu’il peut en compte toutes ces singularités pour ne rencontrer. pas créer une perte totale des repères de - Penser l’individu comme le corps même la personne. Il est important de penser ces de l’architecture, sans lui elle ne peut exislieux comme une continuité à leur histoire ter, elle serait incomplète. de vie et non pas comme une rupture. - Établir un lien étroit et fort entre la personne hébergée, son environnement social et son environnement naturel. - Offrir un cadre de vie de qualité pour les résidents mais aussi pour les professionnels qui les encadrent au quotidien.
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DEMARCHE CONCEPTUELLE «La Retraite» est un lieu de vie pour personnes âgées où l’on a conscience de son âge. La vieillesse n’est plus un handicap. Chaque personne évolue dans l’aventure de la vie. Nous voulions créer un lieu où les personnes âgées se sentent bien et s’assument en tant que personnes. Le concept s’inscrit dans une logique particulière. Lorsqu’une personne âgée ne peut plus ou ne veut plus rester seule chez elle «La Retraite» lui propose un nouveau cadre de vie où celle-ci peut continuer à vivre tranquillement dans un environnement qui lui convient. Les personnes qui vieillissent veulent rester chez elle. Mais les maisons de retraite ne sont pas un vrai domicile. C’est pourquoi le projet leur donne l’opportunité de continuer à vivre comme elles l’ont toujours fait. Ce lieu ne deviendrait pas une punition, une obligation où autre mais véritablement un choix de la personne, suite à une réflexion qu’elle aura mené au préalable. Le vieillissement est propre à chacun, chaque individu a le droit de choisir son futur. «La Retraite» propose un cadre de vie en retrait de la ville et de toute son urbanité pour prendre place dans un site en pleine nature. Vivre ici est un choix, le projet accueille des personnes en quête de retraite où le besoin de se retrouver est une envie majeur et où le contact avec la nature est recherché. C’est pour cela que nous avons eu l’idée d’entremêler le concept dans le tissu naturel. La nature rentre dans le lieu de vie et le lieu de vie rentre dans la nature. La réponse architecturale que nous voulons apporter est celle d’un lieu de vie venant embrasser la nature et s’offrant totalement à elle.
Au milieu de cette nature, «La Retraite» apparaît comme un élément qui s’enracine et qui s’ancre dans le paysage. La source du projet se trouve dans la richesse de l’environnement.
Notre logo, deux éclats de peinture, reprend la forme du projet, Il représente également la partie commune qui vient se séparer et se disperser pour créer une bulle privée pour chaque résident,
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DEMARCHE ARCHITECTURALE QUESTION DE LA DOMESTICITE
Créer une diversité dans la proposition des logements, chaque appartement est unique. Nous voulons pousser au maximum la notion d’être chez soi. Ce qui fait que je suis chez moi et non pas chez mon voisin c’est la différentiation. Celle-ci se fait par les ambiances, les odeurs, les couleurs. Nous avons voulu pousser la notion de différentiation au maximum pour les logements. L’identité d’un logement ne se fait pas que dans l’aspect décorateur mais aussi dans sa forme. La relation à l’espace n’est pas la même dans chaque logement. Lorsque la personne âgée va chez son voisin, elle doit être capable de reconnaître qu’elle n’est plus dans son logement mais bel et bien dans celui de son compagnon. La proposition de logements aux formes uniques permet de créer un aménagement propre à chacun et laisse le choix aux résidents de choisir la configuration qui lui convient le mieux.
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DEMARCHE ARCHITECTURALE UN VERITABLE CHEZ SOI
Nous nous sommes attachés à créer un lieu de vie où chacun se sentirait comme chez soi en commençant par recréer la notion de voisinage. Avec un seuil d’entrée aux chambres dessiné de façon à avoir une porte d’entrée l’une en face de l’autre et ainsi créer un contact entre résidents. De plus, la présence d’éléments tous simples tels que des paillassons, des heurtoirs où des boites aux lettres à l’entrée de chaque logement aide l’habitant à s’approprier les lieux. Les chambres, que ce soit les T1 ou les T2, possèdent une kitchenette, qui permet de laisser le choix à la personne de se restaurer chez elle pour se préparer son propre repas ou bien de se rendre au restaurant, un petit salon, un lit simple ou double (au souhait de la personne) et une salle de bain adaptée aux personnes à mobilité réduite si besoin. Cependant chaque résident peut meubler comme il l’entend son espace privé en apportant ses propres meubles pour garder l’idée de se créer un chez soi.
Nous avons également apporté une réponse architecturale forte en dessinant chaque logement différent pour chaque niveau. Cela peut aider l’habitant à se repérer et à s’attribuer son logement comme son propre espace intime. Les terrasses sont conçues dans la même optique : inciter la personne à se sentir chez soi. On ne voit rien d’autre que le lac et le paysage, on ne peut pas apercevoir le reste du projet depuis les terrasses. Chaque logement a une vue propre sur le lac de part la distorsion des façades et le prolongement de certains mur dans le lac.
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DEMARCHE ARCHITECTURALE FAIRE RENTRER L’EXTERIEUR A L’INTERIEUR Suite à l’expérience de la visite d’un E.H.P.A.D, nous avons soulevé une problématique : lorsque la personne âgée sort de chez elle, elle sort sur un intérieur, finalement ces personnes sont constamment enfermées au sein de l’établissement. Nous voulions donc créer un espace qui soit un véritable extérieur pour instaurer la notion de sortir dehors. Ce contact là avec l’extérieur amène bien-être et apaisement chez la personne âgée. Une des idées fortes du projet concerne donc la transition et le passage entre les parties privées des appartements et les parties communes. Cet espace a pour rôle d’éloigner le cœur du projet des studios et ainsi créer un axe de circulation important qui s’apparenterait à une promenade pour rentrer chez soi. Pour casser l’idée de couloir sans fin que l’on retrouve fréquemment dans les hôpitaux ou E.H.P.A.D classiques, nous avons créé un espace continu sous verre, non chauffé où à certains endroits des végétaux qui se trouvent à l’extérieur rentrent littéralement dans nos galeries. A d’autres endroits nous avons également fait en sorte de pouvoir faire pousser différentes essences grimpantes au pied des portes d’entrées ou accolées à la serre telles que de la glycine qui va pouvoir remonter jusqu’aux coursives décalées par rapport aux galeries du rezde-chaussée. Nous mettons à disposition des arrosoirs pour inciter les habitants à participer à la vie de cet espace.
De plus, entre chaque groupe de cinq logements on retrouve des zones de détente semi-privée où l’on peut s’asseoir et permettre par exemple aux familles de discuter avec leur proche ailleurs que dans leur logement. On pourra dans ces recoins positionner des tables pour jouer aux cartes, créer des micro salons pour discuter, simplement lire une revue achetée au kiosque ou méditer en regardant le lac. Cet axe devient plus qu’un lieu de passage, il devient un lieu propice à la rencontre, à l’échange et au partage entre les habitants de «La Retraite». Ces espaces sont des percées donnant sur le lac qui se finissent, pour celles les plus proches du centre, par des pontons s’avançant sur le lac.
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DEMARCHE ARCHITECTURALE REMEDIER A L’ISOLEMENT...
...ET PRENDRE EN CHARGE LES DEFICIENCES
Dans une logique participative, nous considérons que chaque habitant peut, s’il le désire, prendre part à la dynamique collective de «La Retraite» grâce à sa contribution dans certaines tâches (jardin potager partagé, entretien de la flore intérieure…) Nous avons volontairement pris le parti de ne mettre que 58 chambres à disposition car certaines d’entre elles sont faites pour des couples. «La Retraite» propose également la prise en compte de la vie affective des personnes âgées, prise en compte quasi inexistante aujourd’hui et souffrant encore de tabou. Pourtant la solitude, les besoins affectifs et le désir de sexualité bien réels se révèlent souvent difficiles à vivre pour une personne en institution.
«La Retraite» est un projet où les déficiences de chacun sont prises en compte. Ainsi, nous avons essayé de répondre au mieux architecturalement aux troubles légers de la maladie d’Alzheimer. Kevin CHARRAS, pendant sa conférence sur cette maladie nous a sensibilisés sur les questions à se poser relatives à leurs déficiences. Nous avons donc décidé de l’intégrer dans notre programme. Le trouble le plus notable est la perte de mémoire des faits récemment appris et une difficulté à se repérer dans des endroits récemment habités ou visités. En reprenant l’idée des codes couleurs utilisés dans beaucoup d’établissements spécialisés pour aider les personnes à se repérer, nous utilisons diverses essences grimpantes de couleurs différentes dans les galeries et coursives : la glycine violette, le volubilis bleu, le lierre vert, le jasmin blanc et la bignone orange. Ce sont d’abord les activités complexes de la vie quotidienne qui sont affectées
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DEMARCHE ARCHITECTURALE ACTIVITES PROPOSEES
Pour rompre avec un certain isolement apporté par le projet diverses activités sont proposées aux personnes. A côté de l’accueil il est possible d’emprunter du matériel de pêche. En effet nous avons pensé que de pouvoir pêcher depuis sa propre chambre ou bien depuis les cinq différents pontons de «La Retraite» peuvent procurer un sentiment d’apaisement et accentuer l’effet de contemplation. Au sein du parc on retrouve un boulodrome, connu pour ses valeurs sociales, qui va permettre de rassembler les gens et créer des interactions entre ces derniers. On retrouve également un jardin potager collectif où chaque résident a la possibilité de faire pousser et d’entretenir ce qu’il désire. Cela permet aux habitants de se sentir investis dans la vie de «La Retraite» cela devient un réel apport collectif. Cultiver son potager apporte convivialité, apaisement et sérénité aux résidents.
La présence d’un salon de coiffure à l’étage permet aux habitantes de prendre soin d’elles et de ressortir plus féminines. Cela permet également de parler à des personnes extérieures et d’âge différents. Cela devient un véritable acte social que de se rendre au salon de coiffure. Une fois par semaine un barbier sera présent au salon et s’occupera des hommes. Ces derniers eux aussi ont besoin d’attention et de se sentir mieux dans leur peau lorsqu’ils en ressortent.
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DEMARCHE ARCHITECTURALE ATTENTION PORTEE AU PERSONNEL SOIGNANT Le burn-out chez les soignants est un sentiment de fatigue intense beaucoup plus répandu qu’il n’y parait. C’est pourquoi nous avons essayé de prévenir cet épuisement en créant un espace qui leur est réservé, à l’écart des studios, proche des bureaux administratifs. Ils disposent d’une terrasse avec vue sur le jardin et l’entrée du projet pour leur permettre, tout en se reposant, de garder un œil sur les entrées et sorties.
DEMARCHE ARCHITECTURALE UN VERITABLE RESTAURANT
Même si l’on propose une forte intimité aux personnes âgées du fait qu’ils puissent rester autonomes dans leur studio, une vaste pièce remplit la fonction de restauration. En effet nous disposons non pas d’une cantine mais d’un véritable restaurant qui constitue le cœur du projet où tout le monde se réunit. De plus le restaurant n’est pas réservé aux seuls résidents mais il est ouvert à quiconque désirerait venir y manger pour profiter du cadre, il est accessible par bateau grâce au ponton principal. On pourrait ainsi retrouver une certaine mixité au sein de cet espace.
Cela devient un véritable espace de rencontre où la mise en place d’éléments architecturaux tels que la grande cheminée ou la terrasse s’avançant sur le lac viennent structurer l’espace et créer diverses ambiances. En plus de ce restaurant on retrouve un salon de thé qui est quant à lui ouvert sur le jardin où l’on peut y venir pour finir son repas avec un café gourmand ou une pâtisserie servi au bar.
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DEMARCHE ARCHITECTURALE SE RECUEILLIR
Un bâtiment en retrait du projet est implanté dans le parc. Son rôle est de proposer un lieu de recueil aux personnes âgées désireuses de se retrouver dans leur foi. Il n’a pas de vocation religieuse particulière. Il remplit également le rôle de salle de dépôt des corps.
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SUPERFICIES Accueil 86m² Epicerie/kiosque 19m² Infirmeries 20m² Salon de thé 27m² Restaurant 150m² Cuisine 42m² Espaces stockage 19m² Laverie 15m² Salon de coiffure 26m² Kiné 20m² Vestiaires 40m² Salle personnel 22m² Bureaux 53m² Surface moyenne d’une chambre 22m² Galerie et ponton 340m² Coursives 240m² Surface totale du projet : 2969m²
Estimation : 4 200 000 €
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ET MAINTENANT ? De nos jours, les maisons de retraite essayent de plus en plus d’offrir des espaces agréables aux personnes âgées plus ou moins autonomes. Notre projet «La Retraite» s’inscrit dans cette logique tout en voulant aller au bout d’une idée claire : créer un véritable lieu de vie tout en conservant une certaine continuité avec le passé et l’histoire de chacun. On vient à «La retraite» pour se recueillir, se retrouver face à la nature, face à soi même. C’est un lieu propice à la contemplation et à la réflexion sur sa vie, son vécu qui est un passage très important dans le processus d’acceptation. Notre dernière demeure ne doit pas être traitée différemment que n’importe quel autre lieu de vie, elle doit juste nous permettre de continuer à bien vivre malgré les déficiences ou défaillances possibles de notre corps. C’est pourquoi notre réflexion s’est d’abord tournée vers les espaces de rencontre, de loisir,,,de vie, pour une meilleure retraite.
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CREDITS PHOTOGRAPHIQUES : - Paul WRIGHT
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- Paul WRIGHT
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- Tom HUSSEY
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- Hans SYLVESTER
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- Peter ZUMTHOR - Brother Claus chapel
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- Paul WRIGHT
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