Rapport d'étude

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RAPPORT D’ETUDE Etudiant : Reyné Lucas Directeur d’étude : J. REHAULT Licence 3 2016 / 2017 Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier 2


LA MULTIPLICITÉ FACE À LA STANDARDISATION La subjectivité au sein des constructions collectives

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SOMMAIRE I. Une dualité entre subjectivité et collectivisme. p 10 I. Le Modernisme : émancipation collective et rationalisation. p 11 II. Le Post Modernisme : Kroll et la notion de « Vicinitude ». p 17 III. Individualisation ou projection forcée ? p 20 IV. L’entre deux entre vernaculaire et mondialisation : le régionalisme critique. p22

II. L’architecture en tant que résultante d’une esthétique. p 24 I. L’architecture à l’image du corps humain. p 25 II. L’architecture comme art de dissimulation. p 25

III.Politique ? Personne ? Localisation ? Ou mode de production ? D’où part l’architecture ? p 26 I. Partir de la personne, c’est aussi partir de la société. p 27 II. La non localisation comme base de fondement. p 28 III. La localisation comme base identitaire. p 32 IV. Le mode de production comme base de différence ou de ressemblance. p 34

IV.L’influence architecturale dans nos études. p 38 I. Les référents et les références directionnelles. p 38 II. Le point de vue de l’enseignant. p 39

Conclusion Bibliographie Chronologie CV Table des matières 5



INTRODUCTION Étudiant en architecture, j’ai été absorbé par la charge de travail en laissant de côtés des questionnements de base sur l’architecture. J’ai réussi mes deux premières années d’études sans rencontrer de difficultés particulières. Avec du recul aujourd’hui, j’ai pris conscience de certains problèmes et intégré certaines réflexions, qui m’ont été adressées lors de correction de studio : « Votre projet flotte, pourquoi l’avez vous placé là ? », « C’est une architecture commerciale que tout le monde peut faire avec un peu de réflexion » ou encore « Est ce que les gens auront envie d’habiter l’espace que tu leur offres ? ». Finalement c’est cette dernière question qui est de la plus grande importance à mes yeux. Pour qui construis-je ? Qui va investir , qui va être dans ce projet ? Ces études m’ont permis de me rendre compte que le métier d’architecte est un métier a lourdes responsabilités, ayant des conséquences, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. L’architecture fait partie de la vie de tous le jours de chaque individu, elle rentre dans la dimension sociale en impactant le cadre environnant des personnes. L’architecture est donc une science technique mais aussi une science humaine. Elle nous amène à nous confronter à des notions nouvelles. Les études, elles aussi, nous poussent à explorer des domaines auxquels nous ne pensions pas avoir à faire face. Ces expériences ont été des plus riches pour moi, elles marqueront donc le point de départ de ma réflexion pour ce rapport d’étude. Dans le cadre du programme pédagogique, l’École Nationale Supérieure d’Architecture (ENSAM) met en place deux semaines de Workshop entre le semestre 3 et le semestre 4. Le but de cette approche est de proposer aux étudiants des thématiques spécifiques qui ne leurs sont pas forcement proposées durant les années d’études. Parmi les différents choix possibles se trouvait le workshop de M. Ankel CERESE, proposant un travail interdisciplinaire sur la réflexion sur les lieux de vie de demain pour personnes âgées. L’objectif étant de répondre à la problématique posée par le concours d’idées CNSA : « Concours d’idées pour la conception d’un lieu de vie collectif pour personnes âgées. » Intéressé par ce sujet, nous avions décidé ( mes camarades de groupe et moi même) de participer à ce Workshop. Le thème des personnes âgées est totalement d’actualité et soulève de nombreuses problématiques. De plus, la vieillesse, résultante de l’aventure de l’âge, est une chose qui nous concerne tous. Aujourd’hui nous sommes jeunes mais demain, les personnes âgées ce sera nous ! L’aspect interdisciplinaire de ce Workshop nous intéressait au plus haut point. Il était l’occasion d’avoir un échange de culture et un regard croisé entre de futurs architectes et futurs usagers (gestionnaires professionnels du secteur socio-médical), élevant ainsi notre réflexion à un autre niveau que celui du fonctionnalisme ou de l’hygiéniste qui représente aujourd’hui la production architecturale du secteur médico-social. Architectes et gérontologues se sont réunis pour réfléchir ensemble sur une même problématique. S’ouvrir aux concepts d’empathie, de phénoménologie et d’émotions pour concevoir un lieu de vie, de bienêtre pour personnes âgées. Nous avions travaillé sur la question de l’architecture identitaire, sur une façon de créer des logements où chacun se retrouve à l’intérieur, sur la question de se dire que son chez soi n’est pas le même de celui de son voisin. Finalement l’architecture est une part de l’homme. Elle est « le prolongement du corps humain ». Or le corps humain est la chose la plus complexe et la plus identitaire chez une personne. Dire que mon corps est une pièce manquante à l’architecture pour que celle-ci soit complète, entraîne une réelle réflexion sur la question de la subjectivité de l’individu. Un exemple qui m’a beaucoup marqué et même choqué est la première visite de la maison de retraite d’un membre de ma famille atteint de la maladie d’Alzheimer. Bien souvent c’est une étape difficile à la fois pour la personne atteinte que pour la ou les personnes qui les accompagnent. On leurs fait quitter leur domicile pour un autre qui n’en est pas forcement un. Quelle est la réelle définition de domicile ? Est ce un lieu où j’habite ? Ou est ce un lieu que 7


j’investie de ma personne et de ma personnalité ? Les maisons de retraite répondent à cette question d’une manière collective et non pas individuelle. Les chambres sont lugubres, froides, vidées de toute vie. Il y a un réel conflit dans la réflexion de la subjectivité d’un individu au sein des modes de construction moderne collectif. La dimension du Cocooning est en opposition avec l’aspect social collectif. La maladie d’alzheimer efface l’identité des malades, ils perdent totalement leur subjectivité. Hors, les établissement dans leur conception vont à l’encontre de ce constat.

Finalement ce workshop est le point de départ de la réflexion qui va suivre. La problématique du concours, de mon point de vue, ne révèle ou n’expose pas assez l’enjeu de celui-ci, c’est pourquoi je propose une re-formulation pour essayer de mettre en valeur ce qui me touche et ce qui m’intéresse au sein de l’architecture. La véritable question à se poser sur ces expériences est : « Est ce que l’identité du logement ne doit t’elle pas être rendue primordiale si l’on considère la perte d’identité de l’individu? ». Et d’un point de vue plus global : « Comment la subjectivité et les individualité sont elles traitée au sein des constructions collectives ? ».

Il y a donc des choix à faire, est ce que je construis pour tout le monde, ou est ce que je construis pour chaque individu ? En ayant un regard lucide sur mon parcours, le travail du projet est finalement un moyen de nous impliquer, de mettre de notre personne dans nos travaux, c’est ce qui rend ce métier et ces études assez obsessionnelles et additives. L’engagement dans le projet est total et demande une grande implication. L’erreur commise selon moi est que bien souvent la réflexion menée va dans un seul sens, c’est à dire que la conception se base sur comment je vois le projet, ou du moins comment je l’imagine. Mais il me semble important d’avoir un point de vue assez fort lors de la conception mais aussi de prendre en grande considération la façon de voir et de vivre des personnes amenées à utiliser plus tard le bâtiment.

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Walter Gropius, Batiment du Bauhaus, 1928.


I. Une dualité entre subjectivité et collectivisme. Ce champ de réflexion vise donc à mettre en opposition deux champs importants de l’architecture : Le modernisme et le post modernisme. Ces deux types de mouvements architecturaux poussent à mener une réelle réflexion. Qu’est ce qui caractérise le logement, le domicile, « l’habiter » des gens. Nous sommes aujourd’hui dans une société en perpétuelle mutation. Les modes d’habiter d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier et ne seront pas ceux de demain. Tous ces changements sont dus bien évidement à un changement de mentalité lié à l’aspect politique du moment mais aussi à l’attente que la personne a de l’architecture.

I.I. Le Modernisme : émancipation collective et rationalisation. 
 Pour étayer ma réflexion, je vous propose de nous replonger dans la définition des deux courants pour ensuite essayer de les comparer et de comprendre ce qui a changé dans la tête des gens et comment ils se définissent donc en temps qu’individus. Nous allons tout d’abord commencer par le Modernisme. Ce mouvement architectural est parfaitement résumé par la célèbre phrase de l’architecte américain Louis Sullivan, « la forme suit la fonction ». Elle décrit une façon de réorienter l’architecture et part du principe que « la forme d’un édifice doit être l’expression de son usage et non d’un modèle esthétique ». Le modernisme a donc marqué les consciences du XXème siècle. Apparu pour la première fois en 1900, le terme « modernisme » est accolé à un grand nombre d’ouvrages architecturaux affichant tous les mêmes caractéristiques, essentiellement la simplification des lignes et l’élimination de toute ornementation. « La forme suit la fonction » mais « l’ornement est un crime ». Ce mouvement donne donc à voir des bâtiments totalement blancs et dépouillés du moindre ornement et de quelconque décoration superflue. Nous avons tous en tête ces architectes révolutionnaires qui ont été porteurs de ce mouvement, parmi eux : Le Corbusier, Ludwig Mies Van Der Rohe et Walter Gropius. Fort de leurs génies, ces architectes avaient une vision de l’architecture qui tirait vers l’esprit du collectivisme. Nous sommes face à une émancipation collective due à une rationalisation. Le mouvement s’affirme après la vague de la seconde guerre mondiale, il vise à répondre aux attentes d’un nouvel homme, l’homme moderne. L’architecture se radicalise par l’apparition de nouveaux modes de construction et de nouveaux matériaux tel que l’acier, le verre et surtout le béton armé. Grace à ces nouveaux outils, l’architecture devient une architecture de masse et de production. Les réalisations sont plus faciles à mettre en oeuvre et sont donc plus rapides à réaliser. Nous sommes dans une dynamique allant à toute allure. Le Corbusier retranscrit cela dans ses opérations de logements. Les gens changent et veulent se délester des anciennes traditions pour se propulser dans le monde nouveau. Les barres d’immeuble et les grands ensembles font leur apparition. Le logement devient véritablement « une machine à habiter ». Ce terme là est très important de mon point de vue car il montre réellement comment l’être social est considéré lors de cette période. Ce terme de Machine montre réellement l’aspect industriel de la société, l’aspect considération individuelle passe au second plan. Chaque individu dans l’ère industrielle est identique, il est juste disposée le long d’une chaine de montage et coopère à un travail en chaine. Les taches sont les mêmes du matin au soir, il n’y a pas à réfléchir juste à agir. L’homme dans l’usine est défini par un poste, par un numéro et non pas par son prénom, son identité. Nous avons donc à faire à un lot de même tacherons et non pas à des individus. Cette mentalité là se retrouve dans l’architecture. La variation et l’aspect aléatoire disparaissent pour faire place à une collectivisation. 11


Photo du projet de Jean Dubuisson à Uckange

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Le chez soi est le même que celui du voisin, juste le nom sur la boite aux lettres change. Finalement le domicile ne devient pas une pièce identitaire mais plus une pièce de répétition. On pourrait le voir comme une unité de vie, une sorte de box où l’on ajoute plus au moins de chambres suivant les besoins, que l’on met les unes à côté des autres et que l’on empile. Pour illustrer cet aspect là, voici un projet de Jean Dubuisson à Uckange. 
 Comment être, comment se positionner face à cette grille parfaite ? Certains diront que c’est du génie, d’autres diront que c’est hideux. Nous ne sommes pas là pour juger mais pour comprendre comment le rapport à l’espace intime, à l’espace identitaire, est traité. Le bâtiment accentue une radicalité monstrueuse au service « d’une abstraction humaniste ». Par cette orthogonalité forte on comprend bien que la façade n’est pas un geste esthétique mais une projection du plan, la fonction détermine donc la forme. L’architecte a voulu travailler sur la question de l’épaisseur. La façade fabrique une ombre sombre et importante, donnant l’impression d’une immense moucharabieh. La relation entre l’intérieur et l’extérieur est donc séparée par cet espace d’ombre qui vient véritablement effacer tout signe de vie. L’identité des personnes est masquée, il est impossible de savoir quel logement est occupé par une famille, quel logement est occupé par une colocation ou même quel logement n’est pas occupé. Tout le monde se ressemble car les besoins de l’homme moderne sont généralisés. Les seuls signes de vie sont donc les quatre parasols que nous voyons dépasser de l’ombre. Ils racontent l’occupation de cet espace entre l’intérieur et l’extérieur. Finalement les espaces intimes sont totalement masqués, ils sont mis à distance pour ne pas créer une variation et donner des renseignements sur l’identité de la personne à l’extérieur.

L’écrivains Phillipe Claudel a écrit une enquête au sujet de « L’enfer de l’homme moderne ». Il retranscrit d’une manière juste et caricaturale l’aspect sociale qui est à la base de cette architecture. Pour lui le monde est un monde déshumanisé, il le décrit notamment en désignant les personnages non pas par leurs prénoms mais par leurs fonctions : l’Enquêteur, le Policier, le Garde, le Psychologue et même le Fondateur. Il nous plonge donc dans un monde où les personnages n’ont plus connaissance de leur propre nom. « Le grand drame est que le travail a pris trop d’importance dans notre identité. On s’identifie à ce travail qu’on effectue de huit à dix heures par jour. On réduit la personnalité à cela. » Par cette citation, je souhaite montrer que l’individu de ce nouveau temps moderne concentre plus de temps et d’intérêt à son travail qu’à son domicile. C’est en étant à son travail qu’il se sent exister vraiment. La travail est signe de vie alors que le domicile lui n’en montre aucun. C’est un espace aux allures vides. Le Modernisme est donc un mouvement relevant du totalitarisme. Maintenant que nous nous sommes penchés à la question du domicile soumis à la standardisation, nous allons parler du mouvement inverse, celui du post moderne et de la question du vernaculaire.

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Film de Charlie Chaplin, Les temps modernes, 1936.


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Lucien Kroll, Projet Mémé, 1970.

Dessin d’illustration, Lucien Kroll.


I.II. Le Post Modernisme: Kroll et la notion de « Vicinitude ». Pour appuyer la réflexion autour de la question de l’identité architecturale et de la subjectivité au sein des constructions collectives, je ferai appel aux projets et à la réflexion que porte Lucien Kroll sur la question d’habiter. Lucien Kroll est un architecte belge né à Bruxelles en 1927. Lui et sa femme ont une vision de l’architecture qui est totalement différente de celle de Le Corbusier. Pour eux la réflexion se porte sur «Comment se désarchitecturer l'esprit? Comment échapper à la répétition? Comment promouvoir une vision organique des relations entre individus et leur environnement? ». Avec sa femme, ils cherchent à créer des lieux où les gens ont envie d’habiter. Bannissant toute standardisation ou effet collectif, ils basent leurs projets sur la multiplicité. Chaque individu est différent et mérite d’avoir un logement qui lui ressemble et qui lui est propre. Est ce que la subjectivité dans l’architecture ne se résumerait pas à autoriser chaque individus à aménager son propre espace de vie au sein d’un « immeuble collectif » ? Car finalement qui à part l’individu lui-même se connait le mieux ? Il est le seul à être capable de savoir ce qu’il veut, connaître ces émotions, ces ressentis et bien d’autre chose. Kroll pense l’architecture comme une utopie habitée. « L’habitation est une action et non pas un objet ». Il est contre les bâtiments qui se répètent à l’identique sur le modèle du totalitaire et qui se soumettent à l’alignement disciplinaire. Comme nous avons pu le voir sur l’exemple du modernisme, il n’y a donc, selon moi, pas de reconnaissance personnelle. Kroll explique que l’individu se reconnaît par les éléments traditionnels et notamment les éléments irréguliers. Dans l’illustration ci dessus, l’architecte part d’une barre abandonnée pour mettre en application sa pensée. La subjectivité est construite par le collectif. Sans collectif, il ne peut pas y avoir de subjectivité. Ce qui fait que je me différencie de l’autre c’est que l’autre est présent tout d’abord. Car sans la présence d’un autre, je ne peux pas me différencier car je suis seul, je suis donc un modèle isolé et non pas différent. C’est pourquoi Kroll utilise ces barres d’immeuble pour créer une architecture imaginée par les habitants. Il pense qu’il est toujours possible de réparer le désastre. Il prône un urbanisme « animal » qui propose des « situations différentes à des habitants différents », des formes « vivantes » plutôt que des solutions « rationnelles ». Il faut créer des choses où les gens sont bien. L’expression de soi même est une piste pour cet architecte. Il est vrai que comparé au modernisme, ce mouvement met l’individu en avant et non pas l’architecture. Celle ci est support de l’identité de chacun. L’univers est composé d’un grand nombre de personnes, chacune différente, mais ce n’est pas pour autant que chacun doit se plier aux normes sociales. L’expression de soi est un bien être. Certaines personnes parlent, par exemple, à un psychologue pour aller mieux. L’enfermement est une source de douleur et fait sombrer la personne dans un mal-être. Il peut en être de même pour l’architecture, il faut que celle-ci parle de nous pour réellement nous satisfaire. Cela peut paraitre assez prétentieux et disproportionné mais cela colle à notre société d’aujourd’hui. Avec les réseaux sociaux, les gens se prêtent de plus en plus à exposer leur vie à la fois intime et publique. Ce mode d’habiter de Kroll montre donc le changement de mentalité qu’il y a eu. Il revendique le « désordre vivant ». 
 Sur les façades ci-derrière, nous arrivons à voir que chaque personne investie son domicile de manière différente. Les modes de vies changent de logement en logement. Il parait évident qu’une famille ne vit pas de la même manière qu’un jeune couple. Hors bien souvent c’est cette mixité dans le programme qui crée une réelle richesse. Pourquoi vouloir la cacher ? Kroll la met donc en exhibition et affirme l’identité rare de chacun. Les couvertures, les circulations, les ouvertures et les matériaux varient d’un logement à un autre. L’architecture trouve sa richesse à travers l’individu et les échanges qu’ils ont entre eux. Lucien Kroll et sa femme Simone mettent en avant la notion de « Vicinitude », c’est à dire l’inverse de la solitude. Ils pensent le rapport aux logements comme une « copropriété aimable de voisins ». Il y aurait donc une vie au sein de l’immeuble.

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Lucien Kroll, Façade Projet Mémé.

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Christian De Portzamparc, Zac de Mésséna .

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I.III. Individualisation ou projection forcée ? Seulement nous pouvons nous interroger sur la manière dont Lucien Kroll met en place cette sorte de diversité au sein de ses projets. Comment arrive t-il à retranscrire un mode d’habiter qui corresponde à chacun ? Car même en imaginant des scénarios, c’est à dire penser qui habite où et comment ( une famille, un couple, un divorcé avec enfant, un célibataire ou encore un étudiant) , il y a une part de non maitrise et de non connaissance de la part de l’architecte. On pourrait donc aborder ces projets d’un point de vue critique en pensant que n’étant pas en contact avec tous les futurs habitants, celui-ci ne fait que projeter son identité au service de plusieurs. Il est vrai que ce sera en grande majorité son identité qui se développera dans les modes d’habiter de chacun. L’auteur Vorige dans son livre « Septentrion » parle constamment du travail de Kroll en tant que participation (souvent imaginaire), sans essayer de montrer comment elle peut s’inscrire effectivement dans l’ensemble du processus architectural. Il le voit comme un créateur, qui comme tous les autres dialogue avec lui même. Mais Kroll ne se voit pas en tant que créateur mais plus en tant que chef d’orchestre, c’est à dire en tant qu’architecte qui se pose en tant qu’expert attentif qui prépare un dispositif vivant et ouvert, agissant comme un guide. On se rend bien compte que face à ce type de geste architectural, il y a toute une polémique. Est t’il mieux de tenter de se projeter dans la vie des habitants au risque de se tromper ou est il préférable de justement ne pas se lancer et de rester dans une monotonie et une standardisation. Ce questionnement là permet de retomber sur la dualité entre le modernisme et le post modernisme et fait apparaitre un tout nouveau mode de conception qui se met en place aujourd’hui celui de l’habitat participatif. Ce questionnement de la « participation » se rattache au post modernisme. On en vient donc à parler d’architecture habitée. Les architectes, notamment Kroll sur son projet Mémé, considèrent la participation des habitants comme une évidence : « Il est irrationnel d’imposer des éléments identiques à des habitants divers ». De plus, la participation doit selon lui aller au delà de la conception et de la réalisation du bâtiment puisqu’elle concerne aussi l’appropriation, la modification, l’amélioration progressive des logements par les habitants eux-mêmes. Seulement si chacun en arrive à modifier ce que l’architecte a fait, ou du moins à mettre son opinion dans la conception, n’allons nous pas vers une réduction des charges dédiées à l’architecte et ne sombrerons nous pas dans une utopie non contrôlée et complexe ? Il est vrai que le post modernisme laisse apparaitre des bâtiments ayant des allures beaucoup plus libres et donc laisse voir des choses nouvelles. Comme dans toute architecture il y'a des aspects positifs et des aspects qui le sont moins. Pour évoquer ces sujets là, je prendrais appui sur le projet de Frank Gehry, le MIT Campus. Ce campus est composé de nombreux laboratoires informatiques, de laboratoires d’intelligence artificielle, de salles de conférences, de salles de classe ou encore des centres de soins et de loisirs. On observe un bâtiment hybride, c’est à dire un bâtiment pluri-fonctionnel où se rassemble plusieurs usages qui à la base ne sont pas forcement faits pour être ensemble. L’extérieur du bâtiment laisse donc apparaitre différentes formes qui se rattachent aux divers usages se trouvant à l’intérieur. L’architecte exprime la richesse du programme à travers son architecture post moderniste. Les tours basculantes, les parois à plusieurs angles, les formes capricieuses surprennent constamment les personnes qui habitent et passent à travers. Il est vrai que ce type d’architecture apporte une richesse au quartier ou encore une richesse au sein du projet. La variation permet donc d’obtenir des situations singulières pour l’ensemble des « tours » du projet mais cela donne quand même une architecture chaotique et complexe.

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Kroll voyait ce type d’ouvrage comme étant le signe d’une « incrémentalisation », c’est a dire « une façon désorganisée de s’en sortir ». Seulement au vue de ces formes, des vis à vis se créent, des recoins engendrent des espaces perdus et certaines situations sont peut être plus valorisantes que d’autres. Mais c’est dans ce côté là, assez utopique, que les gens se retrouvent. Il va de soit que tout le monde ne souhaite pas habiter dans ce type de bâtiment, mais c’est en cela que nous pouvons trouver une richesse. L’architecture fait passer des messages et des émotions. Chacun les réceptionnent comme il le souhaite. C’est pourquoi finalement, le placement et la décision de l’architecte qui s’est projeté dans la vision futur des habitants, s’adresse à un public ciblé. L’architecture Post Moderne apporte donc des réponses qui concernent des groupes d’individus bien déterminés. On pourrait voir cela comme une discrimination, « pourquoi n’ai je pas un logement qui me convienne ? », mais on pourrait voir aussi ceci comme une force. Cela permettrait de rassembler des gens dont les modes de vie et les envies se ressemblent et ainsi créer une dynamique de quartier et une dynamique au sein du projet. Post Modernisme et Modernisme sont donc deux mouvements opposés. Il n’y en a pas un qui est plus juste. Ils marquent deux différentes périodes ayant des logiques politiques différentes. Le modernisme a permis d’explorer de nouvelles pistes de mode de fabriquer, nous nous sommes familiarisés avec les nouveaux matériaux et nous avons donc pensé un mode d’habiter basé sur la fabrication en chaine. C’est une architecture qui prend le dessus sur les personnes, chacun est vu de façon égale, les désirs sont les mêmes dans les logiques, nous arrivons donc à des logements similaires pour des usagers différents. L’espace vital est caché derrière les parois de l’édifice. Aucun signe de vie n’est dévoilé. Alors que chez les vernaculaires c’est bien l’inverse, l’architecture suit la personne, elle en est son résultat. Celle-ci est adaptable, ce n’est pas l’individu qui s’adapte à l’architecture. Bien souvent Kroll laisse une sorte de liberté aux usagers dans la façon de vivre dans les espaces qu’il dessine. Ainsi chacun peut y trouver une fonction, un usage et un aménagement qui lui convient. Par ce mécanisme là, l’architecte pousse les personnes à s’impliquer au sein de l’architecture et à y mettre de leurs personnes. Finalement toute personne est confrontée dans sa vie de tous les jours à l’architecture, seulement dans la grande majorité personne n’en prend conscience. Dans le modernisme nous investissons les lieux physiquement seulement. Alors que dans le post modernisme, il y a à la fois un investissement physique et un investissement mental. L’individu se rend compte qu’il fait parti de l’architecture et qu’il est le composant essentiel. Pour ma part, je pense qu’il est vrai que l’architecture se vit, si celle-ci n’est pas dans notre quotidien. Nous ne sommes pas en mesure de jouir de toute sa richesse. Personnellement le déclic pour l’architecture s’est produit lorsque celle-ci est intervenue ou plutôt s’est rapprochée de mon cercle de vie quotidien. Très jeune je me suis investi dans des jeux de créations en tout genre mais finalement c’est lors d’un des projets de construction par mon père que la réelle envie de concevoir des bâtiments est apparue. Ce projet, marquant le déclic, était la réalisation d’une plage privée sur la côte méditerranéenne. Par curiosité et pour avoir plusieurs avis, mes parents me montraient souvent les plans et les évolutions qu’ils apportaient sur le projet. Ce qui m’a fasciné, c’était la façon dont nous pouvions imaginer et décider du résultat. Je pense que le fait d’avoir un projet qui se créer au sein de la famille m’a permis de voir que le métier d’architecte est un engagement. Finalement cela revient sur ce que j’ai mentionné auparavant : l’homme place de la subjectivité dans ses projets, qu’il soit architecte, ouvrier, occupant ou autre utilisateur.

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Alvar Aalto, Centre Saynatsalo. 1952


I.IV. L’entre deux entre vernaculaire et mondialisation : Le régionalisme critique. Nous avons pu voir lors des parties précédentes qu’il existait un réel duel entre deux visions de l’architecture. Chacune a des idéaux et des façons de produire de l’architecture qui lui sont propres. Le mélange de ces deux visions est une chose qui peut paraitre difficile ou voir même impossible. Hors Kenneth Frampton, affirme des propos totalement différents. Il parle d’un nouveau mouvement architectural : le régionalisme critique. Avant de se lancer dans toute réflexion, il parait important de mettre une définition sur les termes employés. Composé de deux mots, nous retrouvons à la fois Régionalisme ( Tendance à promouvoir les intérêts, la culture, les traditions, etc) et Critique ( Art de juger). Il parait donc important de comprendre que ce mouvement ,ressemblant au vernaculaire, prône l’identité locale mais qu’il est différent. Si il est critique, c’est qu’il observe et utilise des références extérieures. On ne critique pas quelque chose si on ne s’y intéresse pas ou si elle n’est pas importante. Frampton, d’après ses observations, fait le constat que nous nous lançons à « la dérive du monde » en se rattachant à une globalisation imminente. Il faut sauver l’identité locale tout en se rattachant à la modernisation. Pourquoi devrions nous choisir impérativement entre une architecture moderne et une architecture traditionnelle. Ces deux types d’architectures sont d’une extrême richesse, elles pourraient donc être bénéfiques autant à l’une qu’a l’autre. Nous sommes dans une société en perpétuelle mutation, il est difficile de concevoir que l’architecture puisse être statique. C’est en cela que le modernisme a su répondre à de nouveaux besoins et effacé la mainmise de l’architecte et la manière dont l’architecture est mise en oeuvre. La question du passé et du patrimoine culturel n’est donc pas le point central de ce mouvement. Cette perte, est la résultante de la modernisation de la société et des principes et techniques de construction développés durant cette période. Le vernaculaire lui , ne permettait plus de répondre aux besoins des ménages et à la croissance de la population. « Comment devenir moderne et retourner à ses sources; comment raviver une vieille civilisation latente et faire partie d’une civilisation universelle ? ». L’opposition entre la multiplicité et la standardisation pourrait être comparée à l’image de différents partis politiques; l’un étant de droite et l’autre de gauche. Le régionalisme critique vient finalement en tant que parti centre. Il n’est ni l’un ni l’autre mais il est les deux. Il recherche l’équilibre. C’est à dire « La capacité des civilisations et des régions à se nourrir de la culture universelle pour recréer une tradition régionale ». Le modernisme se caractérise comme « un avant gardiste », le Régionalisme critique lui pourrait plus être caractérisé comme un « Arrière gardiste ». C’est une architecture aux traits plus locaux prenant compte de la culture mondiale.

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II. Architecture en tant que résultante d’une esthétique.

II.I. L’architecture à l’image du corps humain. Un célèbre architecte Peter Zumthor a considéré l’architecture comme centrée sur l’expérience corporelle. Il la pense comme un corps. La maison, le logement sont l’extension, le prolongement de notre corps. C’est pourquoi la subjectivité de l’individu peut être retranscrite dans son domicile. Chaque domicile a son odeur, sa décoration et donc son atmosphère. Celle ci est le résultat de l’interaction entre l’être humain et les choses. « Le bâtiment n’existe que parce qu’il y a des gens dedans ». La subjectivité au sein de l’architecture crée une atmosphère qui est « l’entrelacement entre le sujet qui perçoit et le monde perçu ». Il y a donc une analogie entre le corps de l’architecture et le corps humain. Elle engage une conception de l’architecture centrée sur les usages : la manière dont l’élément habité est usé de manière vivante. En nous impliquant dans cette architecture, nous pouvons percevoir une sorte d’utopie collective où tout le monde trouverait son bonheur, où chacun pourrait exprimer son mode de vie, tout en habitant ensemble. Pour que cela fonctionne il faut que les individus soient impliquées dans cette démarche là. L’architecture nous engage. Nous ne sommes pas des spectateurs, mais plutôt des acteurs. Nous ne sommes jamais à distance de l’architecture. Avec notre corps, nous venons achever la forme. « L’architecture est un art de l’usage », Kroll le montre bien au sein de ses projets. Chacun apporte un usage à un lieu et cela donne diverses réponses, qui sont toutes plus intéressantes les unes que les autres. Effectivement l’usage découle de la manière dont nous nous impliquons dans l’espace.

II.II. L’architecture comme art de dissimulation. Peter Zumthor affirme aussi que l’art de l’inachèvement se rattache à l’architecture. S’il y avait un achèvement il n’y aurait plus de place pour nous. L’image du bâtiment se suffirait à elle même dans le cas où celle-ci serait achevée. Cette question de l’image renvoie donc à différents degrés de dissimulation. Comme nous avons pu le voir, le modernisme est bien un mouvement où l’on estime que l’architecture dans son artificialisation et sa rationalisation, se suffit à elle même. C’est pourquoi les éléments de vie sont totalement masqués et ne transparaissent pas sur la façade. Alors que chez Kroll ou encore Gaudi, l’image architecture s’entremêle avec celle de l’homme, on sent beaucoup plus cette corrélation. Il y a une réelle réflexion sur l’aspect visuel et identitaire d’un bâtiment, car derrière tout choix esthétique se dissimule un aspect socio-politique. On peut donc se questionner sur : pourquoi nos idéaux changent de génération en génération ? 25


Pierre Kauffman, Photogrpahie.


III. Politique ? Personne ? Localisation ? Ou mode de production ? D’où part l’architecture ? III.I Partir de la personne c’est aussi partir de la société. Au cours de mes études, je me suis souvent demandé lors d’un projet, par où commencer ? C’est une question qui ne trouve pas forcement une réponse directe mais plutôt des réponses. L’architecture est un art qui touche à de nombreux domaines et c’est ce qui fait la richesse de l’oeuvre. Lorsque je revois mes projets, l’approche diffère, les techniques d’approches ne sont pas les mêmes. Il est vrai que chacun est en droit de concevoir un projet selon un concept qui lui est proche. Nous avons vu précédemment que l’architecture pouvait débuter par l’individu qui investira les lieux. Il y a donc tout un raisonnement social autour de cette approche mais seulement. Les individus sont en constante mutation et changement, à la fois physique et intellectuels. S’attacher à débuter l’architecture par la personne impose indirectement de s’attacher à la question sociétale qui entoure les individus. Si je veux répondre juste face à la société ,il faut être capable d’immerger dedans et de comprendre le citoyen ! Dans le cas du workshop, la question se tournait bien évidemment autour de l’individu, il était au centre de la réflexion. Seulement il est vrai que la question de l’individu est assez délicate car il avance seul mais il prend tout son sens au sein de la société. Dans le cadre du Workshop nous nous sommes beaucoup interrogés sur ces points de départ que sont la société et la personne. Nous étions partis d’un constat général : bien souvent les maisons de retraite renvoient une image négative considérant la vieillesse comme un fléau. Arrivée à un certain moment, la personne âgée a besoin d’être plus au moins encadrée. Seulement aller en maison de retraite est vu comme une nécessité ou voire une obligation. Pourquoi ce changement de domicile ne pourrait pas être une envie ? La société pense les maisons de retraite comme un enfermement, un emprisonnement. C’est pourquoi aujourd’hui, de nombreuses maisons de retraite sont de véritables désastres. Vieillir n’est pas une maladie. C’est une étape de la vie. On ne nait pas vieux on le devient mais avant tout on reste un individu, un citoyen, un être social. Malgré tout, il est difficile d’appartenir à une société lorsque celle-ci ne nous considère plus comme un de ses citoyens. Si je prends l’exemple de ce workshop, c’est pour montrer à quel point la vision de l’individu peut être influencée par la société qui l’entoure. La différence entre le modernisme et le post modernisme réside principalement dans la manière dont les gens se rattachent à leurs modes de vie. Vivant à des ères différentes, les individus changent de mentalité. Nous avons eu l’homme moderne, l’homme nouveau et l’homme traditionnel. C’est pourquoi l’architecture est le reflet à la fois de la société mais aussi du régime social qui s’exerce sur elle. 27


Bertrand Goldberg , Corn Cob Building. 1952


III.II. La Non localisation comme base de fondement Mais ce n’est pas tout. Il y a bien d’autre façon d’aborder une architecture et d’en poser les lignes directrices. Qui dit architecture, dit à la fois espace intérieur (lieu d’activité et de vie des personnes) mais dit aussi espaces extérieurs (espace de la façade, espace public). Mais par espaces extérieurs, j’entends bien parler d’un champ plus large qui conditionne notre architecture : la Localisation. Chaque projet s’insère dans un tissu urbain ou non qui lui est propre. C’est pourquoi il ne peut y avoir de réponses architecturales similaires en principe. La localisation est une source de richesse mais aussi de contrainte. Elle permet au bâtiment de s’inscrire dans un espace marqué culturellement et de rompre avec l’idée d’objet architectural. Seulement ce n’est pas forcement le point de vue de tout le monde. Il suffit de regarder les réalisations qui appartiennent au style international. Apparu entre les années 1920 et les années 1980, ce style marque la transformation du Style Moderne par la diffusion des idées du Bauhaus aux État Unis. Sa caractéristique principale est de construire des bâtiments en rupture totale avec les traditions du passé. Ces architectes mettent en valeur les volumes par des surfaces extérieures lisses sans ornementations et utilisent toutes les possibilités offertes par le béton, l’acier et le verre. Ces réalisations là sont donc rien que dans leur nom, non pas propre à un lieu mais plus à une idéologie. La question historique, culturelle et patrimoniale est rejetée. Finalement, c’est une architecture qui par son absence dans la relation bâtiment / localisation, va permettre de créer une unité et un langage commun entre les différents pays. Cela peut donc avoir de bons côtés et permettre à de grands architectes de travailler sur les mêmes points. Mais cela peut aussi être réducteur. Comment pouvons nous penser que la manière d’habiter est la même à Tokyo qu’à New York ? Finalement l’architecture internationale prône un homme égal et semblable. On enlève tout type de culture dans ces immeubles car ce que l’on souhaite, c’est recréer quelque chose et repartir de zéro. 
 Par rapport à cette réflexion, j’aimerais parler d’un exemple qui a été donné durant un cour à l’École de Montpellier. C’est celui de la Fondation Louis Vitton à Paris de Frank Gehry. Dans cette réalisation on observe exactement le même comportement que pour les immeubles du style international, l’objet architectural se suffit à lui même, il est un objet achevé et qui, par sa présence, oublie le contexte pour en recréer un. Finalement il est contexte. 29


Frank Gehry, Fondation Louis Vitton.

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La fondation Louis Vitton apparait comme un nuage où les formes sont imprévisibles. On pourrait dire que la contrainte du site n’est pas totalement réfléchie. Mais l’ oeuvre elle-même crée le lieu, le contexte et l’espace. Bien souvent, on emploie le terme d’architecture In-Situ pour celles qui font partie d’un espace et d’un lieu. Ici je préférerais dire que c’est une Architecture Situ. C’est elle qui est à la base de la future identité du lieu. Gehry fut beaucoup critiqué par rapport à sa façon de faire de l’architecture. Certains qualifient ses réalisations de sculptures et non pas d’architecture. Il apparait comme quelqu’un qui ne réfléchit pas mais qui agit par des coups de ciseaux dans une feuille qu’il tourne dans tous les sens. C’est pourquoi on peut se demander s’il est réellement bon de ne pas tenir compte du contexte. N’entraînerions nous pas un chaos d’identité entre les différentes villes, pays ou continents ? Devant ces photos, la Fondation Louis Vitton s’intègre dans deux contextes totalement différents et pourtant seul l’un des deux est réel mais, cependant, certains peuvent y croire. Le montage photoréaliste dénonce la non contextualisation de cette réalisation et illustre l’aspect « objet » de cette réalisation. La question de la localisation ne se trouve pas dans ce qui entoure le projet mais plus dans a qui est ce que « j’offre » ce projet ?

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Souto De Mouera, Maison Moledo.1991.


III.III. La Localisation comme base identitaire Cependant, toute l’architecture n’est pas comme ça, il y a des contre exemples. Nous parlons beaucoup de l’art de l’architecture contextualisée, qui lui est totalement l’inverse de l’architecture de Frank Gehry vu ci-dessus. L’architecture contextualisée est une architecture qui entretient un lien étroit entre le bâtiment et son milieu. Il est vrai que notre planète comporte de nombreuses richesses à la fois paysagères, historiques, culturelles et climatiques. C’est donc à travers toutes ces données variables de territoire en territoire que l’homme a su se différencier, différencier ses modes de vies mais aussi différencier son architecture. Un projet ne peut être reproduit à l’identique. Une architecture est un environnement, elle s’inscrit dans la vie des gens tel une évidence si celle ci est à sa place et s’intègre dans son lieu. La question du site et de l’implantation du projet dans celui-ci est une chose qui est d’une grande importance. Durant mes années d’études, j’avais souvent un blocage sur le choix de l’emplacement. « Pourquoi ton projet se situe ici et pas cinq mètres plus loin ? », « ton projet flotte, il n’a pas d’accroche au site ». Par ces remarques, il est vrai que je me suis rendu compte qu’il y avait deux types d’architecture : Une architecture à identité et une architecture identitaire. Le fait de dire qu’une architecture ne peut être copiée à l’identique montre que la question du contexte est une « contrainte » forte qui permet à l’architecte de guider sa réponse. Il parait important de se questionner sur comment créer une architecture qui ressemble ou qui retranscrit une atmosphère territoriale proche. Cette atmosphère là est la perception d’une forme générale qui fait participer des sensations visuelles et sensorielles. Les différents éléments de cette atmosphère interagissent, s’entrelacent mais ne se confondent pas. Tous les aspects du rapport à la lumière, à la matière, aux espaces et aux personnes créent une interaction entre l’être humain et les choses. C’est pourquoi le point de départ de l’architecture peut être la localisation. Elle est une source de richesse, qui une fois bien comprise et bien retranscrite permet d’offrir une architecture dans laquelle on se reconnait. Si je me sens bien dans une architecture, est ce que ce n’est pas parce que je me reconnais dans celle-ci ? Cette architecture « environnement » permet de ressentir les patrimoines auquel nous appartenons (naturel, historique) , les traditions qui nous suivent. Ainsi l’architecture, par la question de l’intégration au site, permet de renvoyer une image identitaire. Mais cette image identitaire est une vision « globale », elle ne considère pas individu par individu mais elle est un bon moyen de comprendre comment les gens vivent, comment les gens pensent et aussi comment l’architecture est construite.

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III.IV. Le mode de production comme base de différence ou de ressemblance.

Durant ce rapport d’étude, j’ai beaucoup parlé des différents mouvements dus aux changements de société, de mentalité, mais aussi dus aux divers aspects sociaux et humains. J’aimerais à présent m’intéresser aux modes de production qui peuvent être une source de réflexion sur l’identité architecturale. Les matériaux sont aussi nombreux et divers sur l’ensemble des pays. Aujourd’hui grâce à la mondialisation nous avons accès à de nombreux modes de productions qui ne sont pas forcement locaux. Il y a donc un « conflit » entre architecture traditionnelle et architecture universelle. Tout le monde est capable de voir que le béton, le bois, l’acier et le verre sont les matériaux que nous retrouvons le plus dans les constructions de ces derniers siècles. L’explication est simple à comprendre, nous sortions d’une période industrielle où la recherche et le progrès dans le domaine des matériaux ont été importants, ce qui a permis de créer des projets à plus grandes échelles, répondant à des contraintes physiques plus importantes, sans pour autant rallonger les délais, au contraire même. Aujourd’hui, certains mouvements prônent une architecture de béton pour les logements et une architecture d’acier pour les bureaux ou autres bâtiments publics. Cela bien évidemment se rattache au style international. Cette facilité d’accès n’a t elle pas crée comme une sorte « d’obligation » ? C’est à dire que nous avons tous recours à ce mode de production, moi même je m’en rends compte lorsque j’observe les différents travaux que j’ai réalisé. La connaissance, les mises en oeuvre sont multiples et apparaissent moins complexes que d’autres types de matériaux. Ainsi le béton et tous les matériaux « universels » se retrouvent sur l’ensemble du globe. Mais est ce que la subjectivité dans l’architecture s’y prête t elle ? Pour continuer j’aimerais faire une opposition entre deux projets de Tadao Ando. Je ne renseignerais pas tout de suite leur localisation pour justement porter un propos précis. Ci dessous, nous avons donc deux réalisations du même architecte reconnu. Seulement ces deux projets ne se trouvent absolument pas dans le même pays, l’un étant au Vitra Campus en Suisse et l’autre étant sur l’île de Naoshima. Et pourtant l’écriture architecturale est la même, le béton est travaillé de façon similaire, les ouvertures ont des dimensions proches. Nous nous trouvons donc dans une architecture qui dépasse l’idée de localisation. Celle ci trouve sa place dans le monde entier. On peut donc se demander si finalement le fait de suivre les modes de production des styles internationaux n’est pas une source de perte de subjectivité. L’individu ne s’attache plus à ses « traditions » mais s’ouvre sur des modes plus vastes. L’architecture est un art de partage, elle a su s’adapter aux nouvelles mentalités : celle d’un homme mobile, qui cherche en permanence à bouger. L’architecture se déplace elle aussi mais, de mon point de vues c’est assez contradictoire. Lorsque l’on part en voyage, bien souvent le but est de découvrir quelque chose de nouveau, d’apprendre comment les gens vivent et même comprendre leurs cultures. Mais comment pouvons nous garder cette image du voyage si les villes adoptent un comportement qui est similaire ? Tadao Ando est un architecte que je respecte énormément mais face à la confrontation de ses deux projets, on observe très clairement que le modernisme a eu lieu avant et que l’architecture a quelque fois perdu de sa réelle identité et laissé place à une standardisation. Si l’architecture elle même perd de sa subjectivité, comment l’individu peut il retrouver la sienne à l’intérieur ? 34


Tadao Ando, Campus Vitra.

Tadao Ando, Benesse House Museum

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C’est pourquoi en parallèle à cet exemple je souhaiterais montrer une architecture qui se dit « culturelle » et non pas « mondiale ». Lors de ma troisième année, je me suis rendu à une conférence à Pierres Vives. Cette conférence était celle d’une jeune architecte indienne Anupama Kundo, dont le sujet principal était « la matière vivante comme source de recherche constante ». Durant toute cette rencontre, l’architecte expliquait l’importance qu’elle apportait aux modes de production qu’elle employait. Pour elle, il est réellement important d’utiliser les matériaux et les savoirs faire locaux pour ne pas perdre ce qui est le plus précieux et ce qui touche tout le monde : le passé et ses valeurs. Étant dans un monde en constante évolution, l’architecte a su s’adapter et rester en lien avec la mondialisation, cependant elle ne perd pas sa réelle identité et son architecture retranscrit exactement le duel qui se crée entre tradition et mondialisation. L’architecte indienne Anupama crée un réel dialogue et négocie un équilibre entre les matériaux relevant de la technologie de pointe (telle que le béton et l’acier) et ceux de la faible technologie en intégrant les matériaux de la vie de tous les jours à travers des techniques nouvelles et inventives. La Wall House, se trouvant en Inde dans la ville de Auroville, est l’expression d’une réelle subjectivité. Tous les arts manuels que chaque habitant connait, sont présents dans cette architecture. En Inde, l’art de la poterie est assez important et nous sommes capable d’avoir cette lecture là et cette compréhension rien qu’en observant le plafond de la « salle à manger ». Il y a un réel travail sur la terre cuite qui est la culture de cette population. Les assiettes en plafond, en plus d’être décoratives assurent une qualité acoustique au lieu. De plus la toiture en pot de poterie montre une fois de plus l’intelligence et la réflexion que l’architecte a porté autour des matériaux qui l’entourent. Dans ce type de projet, il y a une réelle identité culturelle qui se ressent, elle aide la personne à pouvoir avoir de la subjectivité et surtout ne pas la perdre. C’est un habitat unique qui ne pourrait pas se trouver à un autre endroit. La localisation prend donc tout son sens ici et est une source d’inspiration. Finalement l’objet architectural peut débuter par la localisation, l’individu est une part importante certes, mais finalement sa situation nous informe beaucoup sur sa personne et elle peut permettre d’avoir un regard plus large et plus compréhensif de l’environnement que nous allons être amenés à modifier. L’architecture est donc un art de créativité, d’émotions. Mais le fait d’avoir réfléchi sur les sujets précédents m’a permis de voir ou du moins peut être de comprendre que il y a une part dans l’architecture qui n’est pas forcement évidente à avouer lorsque l’on est architecte mais qui pourtant nous conditionne énormément. Que ce soit la personne, la société, les mouvements, la culture ou même le site, il y a donc un aspect indirect qui provient de tous ces éléments directeurs. Cet aspect là, je le nommerais en tout simplicité : L’Influence.

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Anupama kundoo,Wall House.

Anupama kundoo,Wall House.

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IV. L’influence architecturale dans nos études. IV.I. Les référents et références directionnelles. Bon nombre de fois professeurs et enseignants nous ont répétés qu’il était important d’avoir une culture architecturale pour pouvoir être capable de savoir ce qui a déjà été fait et de pouvoir, lors de la conception de projets, avoir tout un panel de références et de référents. Seulement l’élève en tant que novice n’est pas forcement capable d’aller chercher directement les bonnes informations. Combien de fois m’est il arrivé de me retrouver devant le site internet Pinterest, a chercher des référents. Seulement, les « vrais» projets architecturaux ne se trouvent pas sur ce genre de plateformes, qui sont pour le plus grand nombre des illustrations d’architecture commerciale sans grand intérêt. C’est pourquoi les professeurs nous aident en nous donnant deux ou trois noms d’architectes en lien avec nos propos. Mais du coup, qu’en est il de l’influence ? Est ce que le fait de donner des références à un élève ne lui donne pas une sorte de cadrage de ces idées ? Car finalement chacun à des projets qui l’attire, des matériaux qu’il préfère et des architectes qu’il admire. Mais cela est propre à chaque personne, tout le monde ne peut pas aimer une architecture, c’est ce qui en fait un travail et des études passionnantes. L’architecture permet d’ouvrir le débat et d’éveiller le sens des réflexions. Étant guidé par un professeur, l’élève ne finit-il pas par proposer un projet qui vient de sa personne mais qui ressemble à son professeur ? Comme je l’évoque depuis le début de ce rapport, l’architecte tente, ou non, de placer de sa subjectivité dans ce qu’il entreprend. Il parait donc tout aussi évident qu’un professeur d’architecture investit de sa personne dans nos projets. La plupart des enseignants de studio sont architectes à côté de cela. C’est donc une réelle volonté qui nécessite une grande implication. C’est pourquoi la subjectivité dans les projets architecturaux d’étudiants est peut être à questionner. Ne parlerons nous pas de plusieurs subjectivités ? Les séances de correction sont des échanges constants entre enseignants et étudiants, les idées se mêlent et se confrontent, ce qui permet d’avancer. Mais il est vrai que je me suis souvent posé la question : « Est ce que j’ai une architecture qui me ressemble vraiment à ce stade là ? ». C’est à dire est ce que lorsqu’on regarde une de mes maquettes ou un de mes plans, les gens peuvent être capables de mettre un visage sur le projet ? Cela peut paraître un peu prétentieux mais pas du tout, cela m’a permis de me rendre compte que justement non, il y a quelques traits qui se retrouvent de projets en projets mais cela est commun à tout le monde. Finalement lorsque je regarde mes projets j’ai souvent l’impression que c’est l’image du professeur qui ressort à travers mes idées. Pour expliquer cette sensation là, j’aimerais mettre en parallèle deux de mes semestres (S4/S6) qui ont été basés sur le même sujet, celui du logement collectif.

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IV.II. Le point vue de l’enseignant. Hormis le fait de changer de d’année d’étude, et de changer de site, la demande en tant que programme était exactement la même : Le logement collectif. Un exercice qui demande beaucoup d’attention et qui se révèle assez complexe à élaborer. Il y a de nombreuses questions fondamentales à se poser qui vont guider notre réponse. Dans ce type de demande, la réflexion autour de la volumétrie, de l’implantation, des ouvertures et même des circulations permet de « classer » les projets suivant différentes catégories. J’ai pu observer que mes deux projets, ne se ressemblait pas du tout mais ressemblaient énormément aux références que l’on m’avait donné en début de semestre. Par « ressembler », je ne veux pas dire copier bien évidement mais « inspirer ». Il est vrai que j’ai eu deux professeurs, avec lesquels j’ai pris beaucoup de plaisir avec chacun, qui avaient une vision totalement différente des logements et qui avaient donc une manière d’enseigner qui leurs était propre. Durant mon S4, nous avons été plongés directement, en amont du projet, dans des analyses de maisons d’architectes remarquables. Parmi celles- ci se trouvait les incontournables de Le Corbusier. Étonnamment, le fait d’être directement confronter à ce type d’exercice, m’a permis de me faire une idée de ce que je voulais mettre en place au sein du futur projet. Mais avec le recul je me rends compte que cet exercice m’a plus enfermé dans une idée qui au départ n’était pas forcement la mienne mais qui était dans celle que l’enseignant voulait nous transmettre. Le Corbusier, appartenant au mouvement moderne, est un architecte qui comme nous pouvons l’observer sur l’exemple de la cité radieuse, met en place une répétition du plan et donc une superposition d’étage en étage, créant ainsi ce machinisme de l’habitat. Or il est vrai que durant mon S4, je ne me suis pas demandé pourquoi je répétais le plan de mes logements, ou même pourquoi non. Cela m’en incombe, je ne veux en aucun cas mettre à défaut un enseignant. Mais il est vrai que dans ma logique de travail, le logement devait être identique, les murs porteurs plombaient de A à Z. Bref, tout le portrait d’un artificialisation du logement présent lors du Modernisme. Les logements étaient identiques, chacun ayant le droit d’avoir le même habitat que le voisin, pourquoi créer des situations moins attirantes que d’autres ? Cependant mon studio de S6 m’a fait ouvrir les yeux sur de nouveaux horizons : Christian de PortZamparc. Une vision totalement différente de celle de Le Corbusier.J’ai donc pu découvrir le principe de l’îlot ouvert qui a révolutionné la façon de penser de certains architectes. La société est la somme de différence, pourquoi pas penser l’architecture de cette façon là ? L’îlot ouvert est un rassemblement de bâtiments autonomes et non identiques. Une échelle intermédiaire entre celle du bâtiment et celle de la ville ou justement celle ci est invitée à rentrer dans cet îlot. Christian de PortZamparc prône une architecture de l’aléatoire et de la variation, où chaque bâtiment aurait des hauteurs aléatoires permettant l’entrée de lumière, où chaque lot se doit d’être différent. C’est donc lors de ce semestre que je me suis principalement engagé à faire un projet où l’on affirme l’image collective de la ville et l’image individuelle des logements. Au lieu de penser dans l’ensemble, j’ai pensé de manière détaché, c’est à dire logement par logement. Comment celui-ci pourrait être différent de celui d’à coté et comment certaines typologies peuvent s’entremêler et se superposer ?

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Studio S6 : La multiplicitĂŠ

Studio S4 : La standardisation

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Le deux types d’enseignements ont donc donné source à deux types de projets totalement différents, n’appartenant pas aux même idéaux. J’en conclus, après réflexion, que la part de l’enseignant est très importante dans les idées des étudiants en architecture. Nous ne sommes pas encore mûrs dans nos têtes pour être suffisamment clair sur nos référents. Il y a cette part d’influence qui nous guide et conditionne certaines décisions. Mais à travers cela j’ai pu réaliser qu’il faut savoir parfois se laisser influencer pour qu’ au final, nous arrivions sur des résultats auxquels nous ne nous attendions pas au départ. On pourrait donc penser que tous ces mouvements architecturaux ont conditionné une sorte d’influence collective où de nombreux architectes se sont lancés dedans sans réfléchir à pourquoi. Et surtout à ce qui arriverait si l’on contredisait cela. Les avancées dans l’architecture viennent de ce changement de mouvement, de pensées. C’est pourquoi parfois il faut être capable de mener sa propre option. Et je pense que cette maturité là, je ne l’ai pas encore acquise mais c’est normal, les études sont un long parcours où toutes les expériences sont bonnes à prendre. Elles nous forgent un avis et une opinion. Si aujourd’hui je devais refaire l’ensemble de mes projets d’architecture, je pense que je ne referais absolument pas les mêmes choses. Entre temps j’ai pu voir, visiter et vivre de nouvelles choses qui m’ont donné envie d’approfondir les questions, qui nous ont été posées, de manière différente. Je pense que le rapport à l’architecture se pense comme un art vivant qui finalement est amené à changer même quand celui-ci est fini. Tout le monde s’est déjà posé la question : « Si je pouvais revenir dans le passé, est ce que je referais les même choses ? ». Je pense que les questions en architecture sont exactement de la même sorte. L’architecture est un art vivant du temps, elle a plusieurs dimensions temporelles. Celle du temps immédiat où nous nous nourrissons de ce que l’on trouve autour de nous. Et elle dispose aussi d’un temps long, celui du retour en arrière et du recul.

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Christelle Julia, Photographie de Rio


Conclusion : Le rapport d’étude vise à mettre en forme et en image nos trois années d’études au sein de l’école d’architecture. Il est en quelque sorte la pièce finale de ces années de licence, retraçant notre parcours, stimulant notre personnalité, témoignant de nos choix et de nos expériences. J’ai choisi ce sujet après mûre réflexion, notamment sur moi-même, et en me basant sur mes expériences.Celles-ci m’ont permis de vivre et de ressentir l’architecture et ont modifié ma personnalité. La question du rapport à la personne, et de son milieu, dans l’architecture, est un thème qui me préoccupe énormément. La sociologie est une notion à part entière dans l’architecture, mais celle-ci se trouve parfois délaissée. Il est important de comprendre pour qui nous agissons et surtout qui nous allons « impacter ». L’architecture est un art de l’intervention, les projets viennent changer le quotidien des individus. Nous venons par nos actes nous immiscer dans la vie de nos congénères. C’est un art temporel qui agit sur les individus lors d’un temps direct, mais qui, par la même occasion, laisse une empreinte pour le futur. Je me suis intéressé à la question des individualités dans les constructions collectives . Je voulais avoir un regard sur plusieurs mouvements architecturaux ayant chacun un rapport différent à l’individu, tant dans leurs approches que dans leur vocabulaire architectural. Il en découle toute une série de choix architecturaux, telle que l’expression de la façade et du plan, qui affirment des idéologies face aux différentes courants socio-politiques. Je ne tire pas forcement de conclusions sur ce qui est le mieux à faire. Le Modernisme et le Post Modernisme ont permis tous deux d’expérimenter des pistes de réflexions riches pour le monde de l’architecture. Ce rapport d’étude m’a permis de me positionner face à ces architectures et de m’éclairer sur le chemin que je souhaiterais prendre en master. Le domaine d’étude Habiter, centré autour de la question du logement, est une possibilité que j’envisage. La fabrication de la vile passe en grande partie par celle de l’habitat et de l’intégration du domicile dans la société. Sans société, il n’y a pas de ville. Mais sans ville, il n’y a pas de domicile et donc pas de société. La notion de l’individu et du respect de son bien être est primordiale pour moi, en tant qu’étudiant. Aujourd’hui, la construction des logements est assurée en majorité par des promoteurs immobiliers produisant des logements standardisés. Le constat est que la fonctionnalité et la qualité insuffisante de la réalisation ne conviennent ni aux propriétaires ni aux locataires. Le domicile est un élément prépondérant dans la vie de l’individu. Il l’englobe totalement et le place donc au centre de la réflexion architecturale.

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Bibliographie

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Photographie Projet Christian Portzamparc ( http://www.domusweb.it/content/dam/domusweb/ en/architecture/2010/06/30/lucien-kroll-utopia-interrupted/rbig/big_313415_4228_DOM100607009_UPD.jpg ). Photographie Centre Saynatsalo ( http://68.media.tumblr.com/3310a0434488a74d2ce8dc465d20dc2b/tumblr_n2bbwszjc61tpxyvmo8_r1_500.jpg ). Photographie Pierre Kauffman ( http://68.media.tumblr.com/3310a0434488a74d2ce8dc465d20dc2b/tumblr_n2bbwszjc61tpxyvmo8_r1_500.jpg ).

Photographie Corn Cob Building ( data:image/jpeg;base64,/9j/4AAQSkZJRgABAQAAAQABAAD/ 2wCEAAkGBxMTEhUTExIVFRUXGB4bGBgYFx8gIRgiGBsaGhkaGyAgHyoiICAlHRgYITEhJSorMC8uHh8zODMtNygtLisBCgoKDg0OGxAQG ).

Photographie Fondation Louis Vitton (https://basedesign.com/base-bru-fondation-louis-vuitton-opening/). Photomontage Fondation Louis Vitton (https://i0.wp.com/www.alfalibra.com/wp-content/ uploads/2015/02/image-fondation-louis-vuitton-54476e642e0a2.jpg?zoom=2). Photographie Maison Moledo (https://divisare.com/projects/287583-eduardo-souto-de-mouraluis-ferreira-alves-house-in-moledo). Photographie Benesse House Museum.(http://archeyes.com/benesse-house-tadao-ando/). Photographie Anapuma Kundoo ( http://www.posts.architecturelive.in/wp-content/uploads/ 2017/04/The-Wall-House-Anupama-Kundoo-Architects-1460C-0526.jpg ). Photographie Christelle Julia (https://static.wixstatic.com/media/ cba107_0648a42a29a14f6c9cb0761ef158f432~mv2_d_3264_1836_s_2.jpg/v1/fill/ w_1892,h_1064,al_c,q_90,usm_0.66_1.00_0.01/ cba107_0648a42a29a14f6c9cb0761ef158f432~mv2_d_3264_1836_s_2.jpg).

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Chronologie

Première année - 2014/2015 - Ensam Montpellier Studio S1 M.HENRY et A.BOURDEAU Analyse Kings Road House Initiation au projet architectural S2 J.LAFOND & N.CREGUT Topographie - Limite - Ombrière Pavillon d’accueil Cours théorique marquants S1 E.NOURRIGAT - La pensée du projet E.NEBOUT - Composer L.VIALA - Portrait de ville S2 L.VIALA - Histoire de la ville et du paysage L.DOUSSON - Espaces Critiques Voyage et architecture visitée Milan, ITALIE - Exposition universelle 2015

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Deuxième année - 2015/2016 - Ensam Montpellier Studio S3 P.BUFFART & S.TAMISIER Analyse Can Lis, Jorn Utzon La maison individuelle S4 L.DUPORT & N.CREGUT Analyse Turégano House, Alberto Campo Baeza - Maison Planeix, Le Corbusier Greffes Urbaines Cours théoriques marquants S3 L.VIALA - Histoire de la ville et du paysage 2 L.DOUSSON - Espaces Critiques S4 C.MORALES - Villes et Territoire A.IZATT - La pensée du projet 2 Expérience Workshop HORS LES MURS - Lieu de vie Voyage et architecture visitée La Vacquerie-et-Saint-Martin-de-Castries - Site Expérimental d’Architecture de Cantercel Bormes les mimosas - Le Gaou Bénat

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Troisième année - 2016/2017 - Ensam Montpellier Studio S5 E.NOURRIGAT & J.LAURE Cluster sportif Analyse des espaces interactifs

S6 B.BOUCHET & T.DALBY 70 logements collectifs Cours théoriques marquants S5 JP.LAURENT - Construction A.SISTEL - Villes et territoire 2 B.BOUCHET - Matières brutes S6 A.IZATT - Habiter / Urbanité P.DEVILLERS - Filière béton Voyage et architecture visitée Bâle, Lausanne, Zurich, SUISSE - Vitra campus, Rolex Learning Center, Fondation Paul Klee. Barcelone, ESPAGNE - Casa Mila, Pavillon de Mies Van Der Rohe, Sagrada Familia Dublin, Irlande - Visite Urbaine Londres, Angleterre - Visite Urbaine

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Curriculum vitae

50


51


Table des matières INTRODUCTION

7

I. Une dualité entre subjectivité et collectivisme.

11

I. Le modernisme: émancipation collective et rationalisation.

11

II. Le Post Modernisme : Kroll et la notion de « Vicinitude ».

17

III. Individualisation ou projection forcée ?

20

IV. L’entre deux entre vernaculaire et mondialisation : Le régionalisme critique.

23

II. L’architecture en tant que résultante d’une esthétique.

25

I. L’architecture à l’image du corps humain.

25

II. L’architecture comme art de dissimulation.

25

III. Politique ? Personne ? Localisation ? Ou mode de construction ? D’où part l’architecture ?

27

I. Partir de la personne c’est aussi partir de la société.

27

II. La non localisation comme base de fondement.

29

III. La localisation comme base identitaire.

33

IV. Le mode de production comme base de différence ou de ressemblance.

34

IV. L’influence architecturale dans nos études.

38

I. Les référents et références directionnelles.

38

II. Le point de vue de l’enseignant.

39

CONCLUSION

42

BIBLIOGRAPHIE

44

CHRONOLOGIE

45

CURRICULUM VITAE

49

52


53



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