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partenaire précieux des acteurs du marais et des collectivités
from RH 262
L’association des étangs et marais accompagne les propriétaires et exploitants du marais, professionnels et récréatifs, participe à une remise en exploitation économique en veillant au respect du cadre environnemental, et est un partenaire essentiel des collectivités. © Nathalie Vauchez
Présidée par Jean-François Beynaud et dirigée par Pierrick François, l’AEMA réalise des travaux de construction, d’entretien, d’amélioration et de gestion des ouvrages du réseau hydraulique. Elle favorise les activités salicoles, conchylicoles et autres cultures marines. La dimension environnementale de ses missions est très prégnante, qu’il s’agisse du respect des conditions de préservation de la biodiversité ou encore de la réglementation en matière de qualité des eaux, sans oublier le traitement des espèces envahissantes ou encore la gestion des algues vertes... Elle assiste ses adhérents dans le montage de leurs dossiers administratifs, leur dispense des conseils en aquaculture ou encore en développement de la biodiversité.
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2022, une année très active
Excédentaire en 2018 et 2019, l’AEMA a connu une année difficile en 2020, liée à une météo négative en début d’année puis à l’absence d’aide liée au chômage partiel dans le contexte de la crise sanitaire, du fait de son statut d’Association Syndicale Autorisée (ASA). Depuis 2021, elle a renoué avec un léger résultat excédentaire : près de 15 K€ en 2021 et un peu plus de 10 K€ en 2022, mais elle n’a pas vocation à dégager des bénéfices. 2022 fut une année très active, avec toutefois deux facteurs perturbateurs : les difficultés d’approvisionnement en matériaux (délais et disponibilité) et l’accroissement des prix des matériaux et des combustibles. L’association investit fortement dans du matériel adapté, permettant d’accroître ses capacités d’intervention : ainsi en 2023 a-t-elle un projet d’acquisition d’une pelleteuse à bras rallongé. Si elle a connu des conditions météorologiques favorables toute l’année en 2022, ce ne fut pas le cas au 1 er trimestre 2023, conduisant à des résultats très négatifs sur ces trois mois. Mais elle peut compter sur un planning de charge chantier rempli à 70% jusqu’à la fin 2023. Son objectif est de terminer l’année avec un résultat excédentaire de 22 500 €, correspondant à son actuel déficit de fonctionnement (7 salariés). Elle a, par contre, une visibilité réduite sur le planning des travaux 2024, même si des projets sont en cours, ils n’en sont pas au stade de commandes.
CTvMA et travaux dans les marais
L’AEMA a effectué pour environ 540 K € de travaux en 2022. Parmi les principaux, figurent ceux réalisés dans le cadre du CTvMA*, sur les chenaux, pour combattre les plantes envahissantes et les animaux envahissants (262 K € ). Travaux subventionnés par la CdC. Les travaux dans les marais salants de l’île de Ré constituent l’autre grand domaine d’intervention (114 K € ). Les divers travaux pour les adhérents (37 K€), le ramassage des algues vertes pour le compte de la mairie de La Flotte (23 K€) et différents travaux pour le compte de celles des Portes-en-Ré (19 K€) et d’Ars-en-Ré (17 K€), ainsi que la réhabilitation d’un marais salant de la Seudre, constituent les principales autres actions menées en 2022. En effet, si le siège de l’AEMA est situé à Ars-en-Ré et que l’île de Ré reste son terrain d’intervention principal, l’AEMA a vocation à intervenir ailleurs en CharenteMaritime, dans les départements voisins et à l’international.
En matière de commandes, 2023 sera la plus grosse année en matière de travaux sur les marais salants de l’île de Ré, avec 205 K € prévus. La réhabilitation d’un ancien marais ostréicole en marais salant à Loix en fait partie, ainsi que celle d’un marais sur Oléron et une quinzaine de dossiers d’entretien déposés sur Ré.
Les travaux pour le compte de la CdC sur les chenaux de Loix et La Couarde et de protection des berges devraient avoisiner les 185 K€ en 2023, tandis que la lutte contre les espèces invasives, toujours pour le compte de la CdC, représentera autour de 105 K€ Baccharis, pampa, ragondins et écrevisses de Louisiane sont combattus sans relâche. Concernant les projets 2023, l’AEMA est dans l’attente de la validation du programme de travaux CTvMA N° 2 budgété à 290 K€ pour 2023, prévoyant des interventions sur les chenaux, sur les plantes invasives et sur la régulation des ragondins. Pour 2024, des projets de réhabilitation et d’entretien de marais salants sur les îles de Ré et d’Oléron sont en cours d’étude : « potentiellement un gros projet sur Oléron et deux petits sur Ré », dixit le président. Le contexte réglementaire est lourd et les délais d’élaboration et d’instruction des dossiers soumis à la Commission départementale de la Nature, des Sites et des Paysages ou encore des dossiers Loi sur l’Eau, compris entre 4 et 12 mois, s’allongent.
L’AEMA regrette que « peu de reprises de marais sont autorisées, entraînant une perte d’identité », et insiste sur « le rôle important joué dans l’entretien des marais par les usagers récréatifs ». Le président a aussi fustigé « le comportement de certains services de l’Etat, peu respectueux ni à l’écoute des acteurs du marais. On devient les larbins des marais ». Pourtant l’AEMA est très vigilante et respecte au mieux les demandes de l’Etat, ce que ne font pas les entreprises extérieures. »
Une volonté forte de la CdC et de ses partenaires Intervenant en fin d’Assemblée, Patrick Rayton, 1er vice-président de la CdC délégué entre autres au littoral et aux grands travaux, a confirmé que le montant alloué au CTvMA 2023-2027 traduit la volonté de la CdC de l’île de Ré et de ses partenaires (Agence de l’Eau, Département) d’intervenir fortement en faveur des marais et de ses acteurs. « Le maintien de la qualité d’alimentation en eau des marais constitue un enjeu, tout comme la préservation de la biodiversité. La présence de l’homme est nécessaire, dans les marais salants qui sont une création humaine. La CdC et les communes entendent que ce travail soit fait au quotidien, travail lancé par la CdC sous Léon Gendre qui a favorisé le retour de sauniers dans les marais salants, et poursuivi par Lionel Quillet. Nous finançons une phase d’entretien chaque année, c’est à vous de nous remonter les urgences, le marais est un élément essentiel de l’île de Ré. » La conseillère départementale, Véronique Richez-Lerouge, a aussi réaffirmé « l’importance que le Département prête au marais, en termes de biodiversité, de zones tampon, et de lutte contre les espèces invasives. »
« L’action politique est faite de compromis »
En réponse aux interventions quelque peu véhémentes de Michel Pelletier (dénonçant l’inévitable maritimisation prochaine d’une partie de la commune des Portes faute d’entretien de la digue située sur la réserve de Lilleau des Niges) et de Gilles Brullon (s’opposant au projet de digue du chemin des Prises, une hérésie à ses yeux pour les activités agricoles du secteur), Patrick Rayton a rappelé qu’il avait fallu accepter des compromis dans le cadre de l’élaboration des Plans d’Action de Prévention des Inondations (PAPI 1 et 2), faute de quoi ils n’auraient pas été validés par l’Etat, que l’action politique locale est faite de compromis en permanence. Le président de la Coopérative des Sauniers, Nicolas Bécaud a réitéré l’inquiétude des sauniers quant à la non protection du Nord de l’île de Ré et au peu d’information sur l’avancée du PAPI 2. Les sauniers d’Ars-en-Ré assurent 60 % de la production salicole de l’île. Patrick Rayton a rappelé la difficulté de protéger les communes du Fier d’Ars, toutes les trois liées les unes aux autres. Concernant le tracé de la nouvelle digue PAPI et le fait que l’actuelle digue n’ait pas été prise en compte, il a confirmé que la LPO avait été mise devant le fait accompli, ce que réfute Michel Pelletier. JeanChristophe Lemesle a pourtant redit que cela ne relève pas d’un choix de la LPO mais d’Etat, dans le cadre d’une politique d’abandon. Véronique Richez-Lerouge a estimé qu’il aurait fallu commencer la protection de l’île de Ré par le Nord, et affirmé que, bien que complexe, le projet PAPI 2 avance. Une réunion de co-pilotage est prévue au mois de juin entre le Département, la CdC et les Maires des trois communes du Nord.
Nicolas Bécaud, a souligné la chance des sauniers d’avoir l’AEMA et, tout comme Jean-François Beynaud, a tenu à remercier la CdC et le Département pour leur volontarisme politique et leur soutien financier.
Nathalie Vauchez