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Formation, relocalisation et réindustrialisation, recul de la productivité !
Selon une étude d’Ipsos, un Français sur deux n’a jamais entendu parler du plan de l’Union Européenne mis en place pour relocaliser la fabrication des semi-conducteurs. Mais ils y sont favorables et affirment même être prêts à payer plus chers pour des produits électroniques incluant des composants produits sur le vieux continent. Un Français sur deux ? L’étude ne dit pas si les acheteurs des entreprises confiant la fabrication de leurs systèmes électroniques aux sous-traitants, qui contestent encore aujourd’hui la réalité de la pénurie et l’inflation des coûts de transport font partie de cette catégorie.
Le plan de l’UE a pour objectif de favoriser la relocalisation de la fabrication des semi-conducteurs – vœu pieux mais aussi la réindustrialisation en accompagnant la R&D et la fabrication locale des nouvelles générations de composants. C’est la voie choisie par le groupe Perrier Industrie – à découvrir dans ce numéro des Cahiers.
Cette étude Ipsos nous apprend aussi que 82% des Français ne savent pas vraiment ce qu’est un semi-conducteur. Logique si on rapproche cet état de fait de la disparition de l’enseignement de l’électronique depuis 2016. Mais la situation devrait évoluer rapidement puisque cet enseignement revient dès la rentrée 2023 avec deux nouveaux diplômes à la clé, un Bac Pro et un BTS dont le nom de baptême est Cybersécurité, Informatique et réseaux, ÉLectronique et un BTS. Les puristes noteront que l’électronique, mère de la cybersécurité, de l’informatique et des réseaux est citée en troisième rang. Mais ne boudons pas le plaisir que procure l’achèvement d’un véritable combat qui a débuté bien avant 2006.
Autre sujet de réflexion, traité par monsieur Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis et relayé par Les Échos : la productivité recule en France … par moindre goût de l’effort. La croissance tendancielle de la productivité du travail en France a été de 1.3% dans les années 90, 8.8% dans les années 2000 et 0.2% dans les années 2010 jusqu’en 2022. Ainsi donc notre productivité a reculé de 2.8% chez nous mais seulement de 0.1% en Allemagne et 2.1% en Espagne. Et contre toute attente elle a progressé de 1.7% en Italie ! Un recul de la productivité du travail est une évolution inquiétante. Il implique un recul de la capacité de production même quand l’emploi progresse comme c’est le cas actuellement.
D’où peut venir ce recul ? Un tiers seulement provient du recul de la durée du temps de travail par salarié. Et ce temps de travail est très certainement surestimé puisqu’on ne mesure pas la durée du travail effectif des salariés en télétravail. Le recul de la productivité ne vient pas non plus de la structure des emplois. En effet il est plus élevé dans l’industrie manufacturière qui enregistre une baisse de 6% que dans les services aux particuliers ou aux entreprises (2% de baisse). Faut-il y voir déjà le premier effet du droit à la paresse promu par madame Sandrine Rousseau, députée Nupes et néanmoins écoféministe ?
Pour compenser cette perte, les entreprises embauchent davantage et semblent accorder encore peu d’importance aux bénéfices obtenus en recourant de manière plus intensive à la robotisation. Avec pour conséquences inéluctables : la compétitivité-coût des entreprises françaises va continuer à se dégrader et les recettes fiscales vont diminuer du fait du recul des salaires réels ou bien de la profitabilité.