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LA F1 À LA RESCOUSSE des cursus scientifiques
Par Dominique LEMIÈRE, reporter.
F1® in Schools est le plus grand projet éducatif mondial basé sur les STEM (SciencesTechnology- Engineering- Mathematics). Il est aujourd’hui mis en œuvre dans plus de 26 000 écoles réparties dans 51 pays, avec pour objectif d’attirer les jeunes vers les carrières scientifiques.
Retour d’expérience : l’équipe de l’Alamanda K-9 College de Melbourne vient de se qualifier pour la finale mondiale ... et l’équipe n’entend pas en rester là.
Se qualifier pour la finale mondiale à Singapour, la jeune équipe d’Alamanda College n’osait même pas en rêver. Pourtant, leur participation à la compétition mondiale F1 in Schools vient de couronner leurs efforts. Qu’est ce, F1® in Schools ? C’est le nom de la compétition créé en 1999 par Andrew Denford, ancien enseignant et directeur du département Design & Technology au Royaume-Uni.
Ce que souhaitait Denford, c’était créer un programme éducatif qui pourrait inciter les élèves à s’intéresser aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques (STEM ou STIM en français) en disputant une compétition autour d’un projet concret. C’est la popularité des courses de Formule 1 qui a guidé le choix de Denford pour en faire le support glamour de son projet. Le concours vise à promouvoir l’enseignement des STEM en offrant aux élèves une expérience pratique, leur donnant l’occasion d’appliquer les principes de la physique, de l’ingénierie et des mathématiques à un projet concret. Elle encourage également le travail d’équipe, la créativité et l’innovation, puisque les élèves travaillent ensemble à la conception et à la construction de leurs voitures.
Depuis sa création, le programme F1® In Schools s’est développé dans 56 pays. Ce programme est devenu au fil du temps une plateforme mondiale reconnue pour la promotion des cursus scientifiques. Un succès : depuis la création, des centaines d’étudiants forment des équipes pour concevoir et fabriquer des voitures de F1 miniatures, puis les pilotent pour la gloire sur une piste de 20 mètres, 2023 devant marquer la 18e édition d’une finale mondiale.
Je ne suis ni ne veux être la personne qui possède toutes les connaissances et qui donne des réponses. Ma méthode consiste à les guider en leur posant des questions propres à stimuler leur réflexion, puis je les laisse trouver leurs propres solutions. Ces jeunes gens sont pleins d’idées et d’imagination. Il ne faut pas oublier que ce sont eux qui résoudront les problèmes de demain ; nous devons leur faire confiance et les écouter. Ils savent que pour ma part, je suis persuadée qu’ils accompliront de grandes choses...
Le Trophée Aramco en ligne de mire
Les finales mondiales rassemblent les jeunes talents STEM du monde entier - leurs équipes respectives ayant déjà remporté des succès dans des compétitions nationales. À gagner au mois de septembre lors de la finale mondiale à Singapour, le très convoité trophée Aramco F1® in Schools World Champions mais aussi la possibilité de bourses universitaires - ainsi que 18 prix de catégorie, chacun soutenu par des équipes de F1 et des entités de l’industrie - pour reconnaître les réalisations dans les différents éléments de jugement de la compétition. En outre, cerise sur le gâteau, la finale aura lieu en parallèle avec le Grand Prix Automobile de Singapour. Immanquable ! En Australie, la compétition a pu compter sur le soutien de l’industrie de la Formule 1, avec notamment les équipe Red Bull Racing et McLaren qui sponsorisent la compétition. Au niveau national, les soutiens proviennent du ministère de l’éducation et de la formation, de l’université de Nouvelle-Galles du Sud, de l’Australian Grand Prix Corporation mais aussi de divers partenaires industriels comme Bosch, Australian Defence Force Industries, Ford Australia, pour n’en citer que quelques-uns. Il faut noter que les premières finales nationales australiennes se sont tenues à Melbourne en 2004. Depuis lors, des équipes de tout le pays se sont affrontées pour avoir la chance de représenter l’Australie lors de la compétition internationale.
L’Alamanda K-9 College a pourtant relevé un véritable défi en s’alignant dans ce projet. Parce qu’à la complexité intrinsèque de la compétition s’ajoute un contexte socioculturel particulier. L’Alamanda K-9 est une école publique relativement récente, créée pour répondre à la forte croissance démographique de l’ouest de Melbourne, une des zones ouvrières les plus défavorisées du Grand Melbourne. L’école compte actuellement plus de 3 500 élèves, mais ne dispose pas de l’espace nécessaire pour les accueillir convenablement. Pourtant, la directrice fondatrice de l’école, Lyn Jobson, a pour ambition de créer une école qui offrirait le meilleur enseignement possible malgré sa situation géographique. Quartier défavorisé synonyme d’enseignement au rabais ? Elle n’y croit pas. Elle ne le veut pas, et entend bien faire bouger les lignes. Ainsi, grâce au faible coût des enseignants relativement jeunes dans le mé- tier qu’elle a choisi d’engager, la directrice a pu réorienter les fonds vers l’achat d’équipements de pointe, en particulier dans le domaine des STEM. Lyn Jobson avait entendu parler du concours de F1® In Schools. Elle savait qu’au niveau de l’état du Victoria, il était dominé par les écoles privées d’élite du sud-est de Melbourne (où l’inscription ne coûte pas moins de 40 000 dollars australiens par an) et a décidé que ses élèves devaient avoir la même possibilité de participer.
Subvention nationale
Mais c’est aussi, pour le collège d’Alamanda, un autre défi, d’ordre financier cette fois. L’achat des machines nécessaires à la mise en œuvre du programme coûte plus de 150 000 dollars ; les coûts permanents sont de l’ordre de 5 000 à 10 000 dollars pour participer à chaque événement (deux fois par an) – à cela s’ajoute le coût des deux membres du personnel nécessaires à la mise en œuvre du programme, soit la rémunération d’environ 16 heures par semaine au total. La majorité des fonds proviennent de l’école (redirigés à partir d’autres programmes). Lyn Jobson a réussi à obtenir une subvention de 10 000 dollars du gouvernement australien pour participer à la compétition nationale qui s’est déroulée à la fin du mois d’avril de cette année à Sydney, et qui a vu la qualification à la finale mondiale des jeunes de l’Alamanda K-9 College.
Un projet hérissé de contraintes
Ce concours est aussi et avant tout, un véritable challenge. Il s’agit pour l’équipe d’élèves, de concevoir, construire et faire courir « sa » Formule 1 miniaturisée à