Histoire

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RIEUPEYROUX « HISTOIRE ET LEGENDES »


L’ancien pays de Modulance, devenu aujourd’hui RIEUPEYROUX, nous réserve beaucoup de surprises et de bonheur, à qui sait le parcourir et le comprendre. Berceau d’une vieille civilisation, refuge d’une nature encore préservée, notre ville ravit les visiteurs qui découvrent son riche passé historique, architectural, ses racines, qui façonnent l’âme d’un pays. L’historien Paul RAYET a puisé aux meilleures sources documentaires pour nous raconter ce bourg millénaire avec un style qui reflète un vrai culte pour son terroir et l’histoire de nos ancêtres rouergats. Ses recherches apportent une contribution enrichissante au patrimoine de RIEUPEYROUX, dans lequel le Rouergue a puisé une partie de son histoire. Peut‐être les quelques notes qui vont suivre vous aideront à mieux connaître notre région et vous donneront envie de venir à la rencontre de ce coin de terre de l’Aveyron, cher à tous ceux qui y sont nés ou qui l’habitent.


Sommaire Situation de Rieupeyroux ................................................................................................................ 4 Les origines de notre Ville .............................................................................................................. 5 Ischafrède et sa donation aux moines de Limoges ................................................................. 7 La fondation de Rieupeyroux La vie et les activités du Monastère ................................... 8 La Sauveté de RIVO PETROSO (RIEUPEYROUX) ......................................................................... 9 Les Limites de la Sauveté .............................................................................................................. 10 La Prospérité économique et la Vie urbaine ........................................................................... 12 Le Pouvoir Royal, Seigneurial ‐ Judiciaire et Civil ‐ .............................................................. 13 Le blason de Rieupeyroux ............................................................................................................. 14 Le Blason D’après le sceau d’un acte de 1388 ....................................................................... 15 La Guerre de Cent ans .................................................................................................................... 16 Les Guerres de Religion ‐ Le siège de Rieupeyroux ‐ ............................................................ 17 Les épidémies ................................................................................................................................... 18 La Révolte des Croquants ............................................................................................................. 18 Grandeur et Décadence du Monastère ..................................................................................... 19 La Route des Intendants ................................................................................................................ 20 LA SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE A LA FIN DU XVIII° SIECLE............................... 21 La période révolutionnaire ........................................................................................................... 22 Centre Historique ............................................................................................................................ 23 L'Eglise Médiévale Saint Martial (11e – 15e siècles) ........................................................... 24 LA FONTAINE DU GRIFFOUL « (SOURCE JAILLISSANTE) » ................................................... 25 Le GITAT ............................................................................................................................................. 26 La Fontaine St Martial ................................................................................................................... 28 Modulance ......................................................................................................................................... 28 La Chapelle Saint Jean et le site de Modulance..................................................................... 29 Los Bentres Negres (Les Ventres Noirs).................................................................................... 30 Apostolat et légende de Saint Martial La légende d’Ischafrède ...................................... 31 La Légende de GARGANTUA ......................................................................................................... 32 Un ossement auréole d'histoire et de légende ....................................................................... 34 Poème de l'Historien « MON SEGALA » .................................................................................... 35 SAUVETES ET BASTIDES ............................................................................................................... 36


Situation de Rieupeyroux

Après l’abrupt qui domine Villefranche de Rouergue, telle une échine dorsale servant au partage des eaux, l’ancienne route royale des « Intendants » devenue aujourd’hui D ‐ 911 traverse l’immense plateau du Ségala. C’est un pays où se succèdent des « puechs » bien individualisés, mamelons qui plongent brusquement et dominent des centaines de vallées qui constituent le lit d’une multitude de ruisseaux qui se déversent vers les rivières du Viaur et de l’Aveyron. C’est au cœur de ce pays vert, que la route qui se dirige vers Rodez emprunte le passage d’un sillon qui sépare les deux collines de la BADE (776m) et celle de MODULANCE (804m), en traversant les Avenues du Ségala et du Rouergue (anciens quartiers de la Borie d’Hibert), de la Baraque Bayol et de Lhom. Rieupeyroux, curieusement disposé en étoile autour du Centre historique allonge également ses bras autour de la route de la Salvetat‐Carmaux qui la traverse. De cet ensemble ressort la seule harmonie de ses toitures de lauzes et d’ardoises sombres, de maisons qui se soutiennent et s’accotent pour descendre vers l’ancienne ville, dans une dégringolade de toits. Sa situation géographique privilégiée au cœur du Haut Ségala, dans un environnement de collines, de bocages, de cultures lui fait prévaloir un certain attrait touristique. C’est un lieu de séjour et villégiature particulièrement agréable, où le passé et le présent sont en parfaite harmonie et qui ne manque pas de consacrer à l’histoire de la cuisine du terroir un contexte social et culturel autour de la table… Un doux pays de la plus vieille France.


Les origines de notre Ville Les origines de Rieupeyroux semblent très lointaines bien qu’aucun document officiel précis ne fasse état d’une longue période entourée d’obscurité. De l’âge du cuivre aux présences celtes et romaines certains éléments suggèrent fortement l’existence d’une civilisation paysanne et pastorale qui répugne la zone schisteuse et froide du haut plateau du Ségala pour se fixer dans les vallées étroites et gorges profondes où coulent de nombreux ruisseaux qui alimentent les rivières du Viaur et de l’Aveyron. L’étude et la superposition des toponymes indiquent bien la présence d’une antique forêt à Rieupeyroux qui subsistait de l’époque préceltique à la période gallo‐ romaine. De cette forêt deux espèces d’arbres seulement sont désignés avec précision : le chêne (cassanéa) qui se tr ouve dans Cassan, Cassanis, Castan, Castanet, Lacassagne, le hêtre (fagus) donne la Fage, la Fageole, Négrefoyt, le bois (lucus) devient Luc. Le Luc broglium, qui devient Bruel, Le Bruel, Delbruel, clairière (iola) ialou, Bruèjouls, Maruéjouls etc…. Vers le IV°siècle avant notre ère, notre région est envahie par une nouvelle peuplade. Ce sont les celtes Ruthènes venus d’Europe continentale à la recherche d’un pays plus ensoleillé et plus riche. Ils vont identifier leurs propres frontières au territoire actuel du Rouergue. Des fouilles entreprises au cours de nombreuses constructions permettent de mieux comprendre l’origine de Rieupeyroux à l’époque gallo‐romaine. On découvrit de nombreux tracés de voies celtes et romaines. Ces routes furent un objet principal de pénétration des romains dans le pays. On les appelait dans l’idiome patois « Cami‐grand, Cami roumieu, Cami de César, Cami forrat mais aussi Drayos, estrados. » D’autres vestiges enfouis profondément, tels que arceaux, murs calcinés, aqueducs, débris de poterie, sarcophages prouvaient bien qu’indépendamment des populations agricoles et pastorales, il existait bien une vie urbaine. Un cimetière très ancien découvert au sommet de la montagne de MODULANCE indiquait bien que les hommes de cette époque se faisaient inhumer auprès d’édifices de cultes païens ou plus tard religieux.


La présence de gisement de minerais, commune de La Bastide et mine à Négrefoyt (Rieupeyroux) exploités par les celtes et ensuite par les Romains est riche d’enseignements. Les invasions et dévastations des Wisigoths et celles des terribles vikings, vont obliger les seigneurs du Rouergue et leurs vassaux à ériger leurs châteaux sur des pitons. Ils présentent encore leur constructions, parfois leurs ruines ainsi que la sauvagerie de leurs sites : Roumegous, Castelmary, Castelnau, le Cayla, Peyrolles… C’est à partir de ce dernier lieu que l’histoire de Rieupeyroux va prendre naissance.


Ischafrède et sa donation aux moines de Limoges Avant l’an 1000, la vieille terre de MODULANCE était sous la protection du seigneur de PEYROLLES, dont la seigneurie était une des plus puissante de Rouergue. Elle étendait ses possessions sur les régions de la Salvetat‐ Peyrales, une partie des terres de Sauveterre, Carcenac Peyrales, Castanet, Naucelle, Najac. ISCHAFEDE né à Peyrolles, av ait épousé RIXENDIS, l’héritière de l’immense région de MODULANCE . Comme il n’était qu’un fils cadet, il vint habiter Meudou (Mutore). Très épris de croyance chrétienne, il résolut d’aller en pèlerinage à Limoges, où se trouvait le tombeau de Saint Martial apôtre d’Aquitaine qui avait évangelisé le Rouergue au III°siècle. Il décida de faire donation de ses biens, au cas où son fils DEUSDET viendrait à mourir sans lignée légitime. Etait cependant exclus la part d’héritage revenant à ses deux filles : l’une RICARDIS devait se faire religieuse, l’autre ALPASIA devait épouser le seigneur Guy DE CASTELMARY. Peu après la mort du seigneur de MODULANCE, son fils Deusdet mourut accidentellement et on l’ensevelit près de son père à la chapelle de Meudou. L’abbé ODOLRIC de Limoges envoya le moine SIMPLICIUS prendre possession de l’héritage d’ISCHAFREDE. Ceci se passait sous le règne du Roi ROBERT. Vers 1025‐1031 les héritiers naturels d’ISCHAFREDE, de Peyrolles et Castelmary ne tardèrent pas à contester cette donation, en faisant également obstacle à la construction de l’église et du monastère. L’entente n’ayant pu se faire le tribunal du Seigneur évêque Arnald, du comte HUGUES de Rodez donna finalement raison aux moines de Limoges. AMELIUS évêque d’Albi fit lever l’excommunication qui frappait Guy de Castelmary, qui à la suite de son repentir donna quelques métairies aux moines de ST MARTIAL , se réservant le droit d’ être inhumé à l’église de RIEUPEYROUX. Quand aux autres contestataires, ils abandonnèrent leurs prétentions, et ajoutèrent à la donation primitive, biens et terres.


La fondation de Rieupeyroux La vie et les activités du Monastère En 1031, après la mort de l’évêque Arnald, de Rodez une petite colonie de douze moines de Limoges, vint s’installer a Rieupeyroux. Comme il était coutume à l’époque, il fut dressé une croix à l’emplacement de la future église et monastère auprès des trois voies (TRESVIAS) et les travaux de construction commencèrent aussitôt. Le nom de RIVO PETROSO (ruisseau pierreux) fut donné au lieu d’implantation, traduisant cette vocation d’appeler ici la terre et la localité du nom d’un petit ruisseau coulant tout autour. Les moines bénédictins de Limoges, n’étaient pas venus dans cette région famélique pour apaiser seulement une règle de silence, mais pou r extérioriser leur foi missionnaire autour d’eux, et consacrer une plus grande partie de leur activité à la prospérité de la communauté. C’est ainsi qu’ils assuraient l’instruction et l’enseignement des habitants, et s’employaient au travail de la terre défrichant et faisant reculer la forêt pour installer des cultures et prairies nécessaires à la nourriture des hommes et des animaux. La vitalité des bénédictins eut pour conséquence l’extension de leur influence religieuse, du territoire de modulance qui comprenait les limites actuelles du Théron, Rivière, La Capelle Bleys et certains villages des paroisses voisines. Ils augmentèrent leurs entreprise, ainsi que leurs revenus en établissant des filiales et prieurés pourvus d’édifices religieux à : LA GARDE (région de Réquista), ALBAGNAC, FLOYRAC, VILLELONGUE, ASPRIERES, NAUSSAC, TIZAC, TAUSSAC, SAVIGNAC. Ils percevaient des rentes et bénéfices de CABANES, LA BASTIDE, CADOURS, TEULIERES, PREVINQUIERES, PRADINAS, VABRE, COMBROUZE, CASTANET, ROMETTE, LESCURE. Ainsi les revenus et bénéfices qu’ils percevaient constituaient des ressources financières capables d’assurer la vie et la pérennité du monastère.


La Sauveté de RIVO PETROSO (RIEUPEYROUX) Dès le début du XI° siècle, des mouvements sociaux apparaissent avec les premiers conciles provinciaux qui cherchent d’imposer la « paix de Dieu » Ce mouvement fait très rapidement tâche d’huile dans le Rouergue, encouragé par l’évêque de Rodez Deusdevit. Le principe du droit d’asile avait été étendu des temples païens, aux églises et à leur pourtour, spécialement aux cimetières. D’où l’idée de créer un habitat dans cette zone protégée qui a suivi naturellement celui des bourgs formés autour des abbayes, monastères, et des dévotions aux saints protecteurs de la région. C’est ainsi que l’évêque ARNAL et le comte HUGUES, de Rodez favorisèrent la fondation du monastère de Rieupeyroux, avec l’arrivée des Bénédictins de St Martial de Limoges. (1025‐ 1031) Le bourg rural de Rieupeyroux bénéficiait alors du droit d’asile sacré, limité en premier lieu à l’église, au monastère et à son enclos. Très rapidement, la « Sauveté » devint un lieu de colonisation, les nouveaux habitants recevaient une parcelle de terrain. Elle représentait pour la population l’assurance d’un dynamisme agricole, spirituel, culturel, ainsi qu’un refuge en cas de pillage, sièges et guerres. D’autre part les seigneurs voisins devaient garantir cette sécurité en cessant les guerres ou autres calamités, faisant même des donations aux moines de Rieupeyroux pour obtenir « la paix de leur âme ». L’esprit formateur et entreprenant des moines devait leur permettre : 9 d’organiser le territoire dans lequel ils allaient pratiquer leur mission religieuse, ainsi que l’établissement de nombreux prieurés et paroisses. 9 consacrer une partie de leur temps à l’enseignement, à l’instruction des habitants de la région. 9 défricher et mettre en valeur les terres pour favoriser des productions agricoles locales.


9 de créer la formation de hameaux ramassés sur eux mêmes, typiques de l’habitat de clairière. 9 encourager l’artisanat, le commerce, les marchands, les foires, ainsi que les services d’administration du bourg (consuls – justice – notariat…) facteurs du développement économique.

Les Limites de la Sauveté A chaque entrée de la ville, des pierres rondes massives délimitaient l’enceinte de la Sauveté et constituaient le socle de support de croix. Celle de l’Esplanade fut choisie par la légende fabuleuse de GARGANTUA, pour détruire l’église. Il la serra si fort dans sa main qu’elle garde encore l’empreinte de ses doigts. La croix de la Caminade, auparavant située au croisement du quartier de la Calquière et de la route de Panassac, a été déplacée lors de la construction de l’actuel foirail. C’est la troisième pierre citée dans la légende du géant. A l’emplacement actuel de la fontaine de la vierge, au départ de la rue de la Mairie, (anciennement rue St Antoine), une troisième pierre servait de limite à la Sauveté. Elle aurait disparu lors de la mise en place de la statue de la vierge en 1887. Après les premières « Sauvetés » vinrent les « Castelnaux », véritables villages fortifiés, bâtis autour des châteaux, afin de protéger les habitants qui vivaient autour. Les seigneurs de la région firent construire de véritables forteresses, à l’architecture assez simple, dominant les vallées, sur les crêtes des collines ou promontoires rocheux : Roumégous – Castelmary – Castelnau – Le Cayla – et Najac, le plus important ; fin du XI° début du XII° siècle. Enfin, les « Bastides » vont s’implanter dans le Rouergue à partir du XII° et XIV° siècles. Les rois de France, aussi bien que les notables de la région désiraient s’attacher le plus grand nombre possible d’habitants. Pour cela tous les moyens étaient utilisés pour les attirer vers eux (terres, logement ou même exemption de taxes, impôts). Elles sont encore présentes dans notre région :


9 Villefranche de Rouergue, semble être la plus vieille Bastide, puisque fondée en 1252, par Alphonse de Poitiers, frère du roi St Louis. Mais en 1099, Raymond IV, Comte de Toulouse, y avait fondé une ville neuve, dont il voulait faire la nouvelle capitale du Rouergue. 9 Sauveterre, Bastide crée en 1281, par Guillaume de Vienne et de Macon, sénéchal du Rouergue, à la demande du roi de France, désireux de s’implanter dans la province. 9 Villeneuve, ancienne Sauveté, siège d’une abbaye du St Sépulcre, fondée en 1053, possession de l’évêque de Rodez, et de l’abbaye de Moissac. En 1231, s’implante une Bastide fondée par le comte de Toulouse. 9 La Bastide L’Evêque, Bastide fondée en 1280 par l’évêque de Rodez, Raymond de Calmont, pour limiter l’importance de Villefranche de Rouergue. 9 Najac, Place forte fondée par les comtes de Toulouse, reconstruite à partir de 1253 par Alphonse de Poitiers, Châtellenie Royale à partir de 1271. Le tracé linéaire du bourg central, puis la Bastide, épouse l’arête rocheuse.


La Prospérité économique et la Vie urbaine Rieupeyroux « fief religieux » poursuivit son développement, prenant l’aspect d’un gros bourg, doté d’une enceinte fortifiée. La présence du monastère représentait pour les populations un « îlot serein » ainsi qu’un pôle d’attraction pour le voisinage. L’économie locale était très active car la terre n’était pas la seule ressource de richesse, la présence de l’artisanat et du commerce, créa une nouvelle classe de petite bourgeoisie. Ses membres étaient des tisserands, teinturiers, marchands de toiles (chanvre), tanneurs au quartier de le CALQUIERE, maçons, charpentiers, charrons forgerons, cloutiers verriers, mais aussi fonctionnaires seigneuriaux, notaires, juges, bailes avocats. D’autre part le passage de la route du pastel vers l’Albigeois, après un péage à Prévinquières et une étape à Rieupeyroux favorisa l’hôtellerie. La route du safran était liée à celle du pastel. Rieupeyroux eut son marché hebdomadaire, cinq grandes foires annuelles, ses foirails Saint Marc –Lhom ‐ foirail des Anes, son marché couvert LE GITAT‐ sa fontaine LE GRIFFOUL, sa tour (hôtel de ville) et sa prison. La situation des paysans était souvent misérable, et le Doyen Seigneur des terres, abolit le servage attribuant des baux à fiefs, en reconnaissance ( champart‐censive‐ dime‐ prémices – lods‐acapte). Mais la survivance des charges qu’ils devaient subir jusqu’après la Révolution empêchèrent le plus souvent l’accès à la propriété des terres ! Avant l’extinction du monastère (XVIII° siècle) quelques rares paysans obtinrent la propriété de moulins créés par les moines et qui avaient fait la richesse du pays. A l’origine ils étaient des « martinets »; qui plus tard se transformèrent à Moulin à foulon, à papier, aiguiser, farine, scieries. Citons : Le Prieur, Bournhounet, Sauzet, le Bouscal, Retauly, Le Paraire, Martinet, Ayres, Le Liort.


Le Pouvoir Royal, Seigneurial ‐ Judiciaire et Civil ‐ Dès 1065, le Rouergue était rattaché à Raymond IV comte de TOULOUSE. Pourtant quelques Seigneurs firent figurer le fief de Rieupeyroux dans leurs titres en raison de terres et de propriétés qu’ils possédaient dans l’immense Doyenné. Les premiers connus étaient les Seigneurs de VALETTE –PARIZOT (1141), dont l’un d’entre eux, Jean de VALETTE, fut ordonné Grand Maître de l’ordre de MALTE (1494‐1568). C’est à partir du XV° siècle, que les terres de Rieupeyroux ne figurent plus dans la seigneuraie des Valette, celles de Prévinquières devenant l’appartenance des Cardaillac au XIII° siècle Dès le XIII° siècle, une branche de la famille des RAFFIN de la Raffinie, près de Lédergues (Réquista) vint s’installer à GRILLERES en contractant un bail à fief et reconnaissance avec les moines. Une fâcheuse affaire avec le Doyen donna lieu à un long procès qui se prolongea au‐ delà de l’extinction du nom des Raffin dans les premières années du XIX° siècle. La famille des MORLHON‐SANVENSA, brilla dans l’ancienne chevalerie dès le début de la féodalité, jusqu’au XVII° siècle où cette branche s’éteignit. Elle possédait de nombreux fiefs dans le Villefranchois, le Peyralès et le Quercy. A la suite de la guerre des Albigeois, les Morlhon, vassaux des comtes de TOULOUSE, furent spoliés de la plus grande partie de leurs biens. Dès le début du XII° siècle, l’autorité Royale s’était imposée à la féodalité. A Rieupeyroux, le roi de France avait la justice en paréage avec le Doyen, qui était Seigneur haut justicier, justice moyenne et basse justice. La communauté religieuse devint communauté militaire puis politique. Les premières franchises furent accordées aux villes et bourgs et c’est ainsi que s’affirma l’établissement des consuls qui partageaient une partie de l’autorité du Doyen. Rieupeyroux était un siège de justice Royale à l’exemple de Villefranche‐ Sauveterre‐ Najac‐ Peyrusse. Il possédait des fourches patibulaires dressées au « Puech des Fourques » quartier Bayol‐Bernussou,

pouvaient

être

exécutées

tortures

et

pendaisons.


Le blason de Rieupeyroux Le sceau de Rieupeyroux « authentique » figure au bas d’un acte de 1388, conservé au Archives Départementales de l’Aveyron, sous la cote C.1526. La description en Est Sceau rond de 25 portant SIGILLIM DE RIVOPETROSO (signifiant sceau de Rieupeyroux). « Ecu tiercé en pairle, en chef à trois fleurs de lys, à dextre à une crosse, à senestre à une mitre ». Le pourtour de l’écu est garni par des épis de seigle (ségol) qui évoquent la flore locale, mais aussi la région du SEGALA. Les murs crénelés figurent les anciennes murailles de la sauveté fortifiée sur ordre de Jean 1 e r , Comte d’Armagnac et de Rodez, le 1 e r octobre 1356. Interprétation Les fleurs de lys rappellent que le Roi de France avait la justice en paréage avec le Doyen de la communauté bénédictine de Rieupeyroux, depuis la fin du 13 è m e siècle. Le partage était le suivant : un tiers pour le Roi et les deux tiers pour le Doyen. Jusqu’au début du 18 è m e siècle, Rieupeyroux était un siège de justice royale. Le Doyen des bénédictins avait la fonction de seigneur haut justicier. Cela lui donnait le privilège de posséder également le droit de justice basse et moyenne, qu’il exerçait avec l’aide des consuls, officiers royaux. De même, il occupait le pouvoir civil. Explication de l’armoirie Les « bénéfices réguliers » constituaient des droits qui permettaient aux religieux d’une abbaye de percevoir des revenus provenant de biens temporels. Ces « bénéfices réguliers » accordaient aux titulaires qui avaient reçu la bénédiction abbatiale le droit de porter les insignes épiscopaux. C’était le cas pour le Doyen de Rieupeyroux qui relevait de l’autorité de l’abbaye St Martial de Limoges.


Le Blason D’après le sceau d’un acte de 1388


La Guerre de Cent ans Les troupes anglaises, occupant le Bas Rouergue à Saint ANTONIN, avaient créé un climat d’insécurité auprès des populations. Elles firent une incursion à Rieupeyroux en 1352, ou elles pillèrent et incendièrent le monastère, l’église et la Chapelle Saint Jean. En 1356, Jean 1° comte d’ARMAGNAC et de RODEZ, ainsi que Gouverneur du LANGUEDOC, donna l’ordre au Doyen de Rieupeyroux de réparer les murs de l’enceinte, de mieux les fortifier et les entourer de fossés. Mais le traité de BRETIGNY, signé en 1360, faisait du Rouergue une province Anglaise. Les Consuls de Rieupeyroux Antoine VALETTE‐ Hugues de BROS et Pierre MARTIN firent soumission à Jean CHANDOS, lieutenant général du roi d’Angleterre le 10 février 1362. Une garnison militaire s’installa à la maison de la Tour qui garda jusqu'à sa démolition en 1963, le nom de « Tour des Anglais » Après leur départ, Rieupeyroux eut à souffrir de l’attaque d’une compagnie de soldats «routiers» anglais pour la plupart, qui rançonnaient les populations , pillaient , brûlaient, maisons et même les récoltes. Jean 1° d’Armagnac, comte de RODEZ impuissant à réduire leurs méfaits, livra Rieupeyroux (1426) à leur capitaine André de RIBES.


Les Guerres de Religion ‐ Le siège de Rieupeyroux ‐ Les idées de la réforme prêchées pat LUTHER et CALVIN pénétrèrent en Rouergue en 1558. Les Calvinistes installèrent un temple à Rieupeyroux avec quelques adeptes, principalement parmi la classe des petits bourgeois. Les habitants de Rieupeyroux s’étaient rebellés contre le pouvoir Royal, persuadés que le Roi Henri IV allait les obliger à adopter par la force la nouvelle religion protestante, celle des HUGUENOTS. Ils prirent parti pour la ligue et entrèrent donc en lutte contre le service du Roi. Les évènements se précipitèrent et le Sire Antoine de BUISSON, sénéchal du Rouergue, fut chargé d’attaquer la place fortifiée de Rieupeyroux . Il était soutenu par le Maréchal de CHATILLON «COLIGNY» à la tête d’une armée de 4000 hommes. La place était défendue par Pierre de FARAMOND et de nombreux Seigneurs du Rouergue, le Consul RICARDY, et les troupes les plus importantes de Jean de MORLHON, ancien sénéchal du Rouergue déchu par le Roi. La ville fut investie dès le 15 mai 1590 et lors de l’attaque du 26 mai, 515 coups de canons créèrent des brèches et lézardes importantes sur les remparts. Tous les assauts furent repoussés et les défenseurs plus déterminés que jamais menacèrent à leur tour les positions adverses. Le Maréchal de CHATILLON leva le siège le 28 Mai. L’abjuration de Henri IV et son absolution par le Pape en 1595 enlevèrent aux ligueurs leur s dernières raisons de se battre et le Roi eut l’Habileté de rétablir Jean de Morlhon au titre du Sénéchal du Rouergue.


Les épidémies Une peste terrible arrivée d’Orient par les Croisés se propagea rapidement en Rouergue en 1248, causant de grandes hécatombes et ravages parmi la population. Elle sévit longtemps à l'état endémique avec plusieurs sursauts, notamment la grande peste noire de 1348‐1515 ‐ 1529‐1547‐1558‐1628‐1653. L’une d’elle valut à Rieupeyroux d’être le siège de la sénéchaussée du Rouergue (1521) qui était établi à Villefranche où le mal faisait rage. On nommait vulgairement cette maladie « miquelle », également « bosse ». Les malades étaient isolés dans des cabanes, qui portaient le nom de léproseries, maladreries, bodomies. Le souvenir de cette peste resta longtemps vivace à COMBROUZE, où il existait dans l’église, la Chapelle des Lépreux. La peste ne devait cesser ces ravages que vers 1720.

La Révolte des Croquants Les paysans du Ségala, souffrirent plus que les autres de la charge des impôts, hors de proportion avec leurs revenus. Ils se soulevèrent en une violente Jacquerie, au nombre de 12000 hommes dont 800 de Rieupeyroux. C’était des paysans, artisans, bourgeois, notaires, curés, armés de faux, serpes, vielles hallebardes. Ils entrèrent dans Villefranche le 2 Juin 1643, obligeant l’intendant du roi Mr de la TERRIERE et le receveur des tailles Mr de Pomairols à signer un dégrèvement des tailles. Les promesses ne furent pas tenues longtemps et c’est ainsi que les « Croquants » se révoltèrent une nouvelle fois menaçant Villefranche où campaient les troupes Royales du Sénéchal de Noailles (Août 1643). Les représailles furent terribles et des chefs rebelles : Jean PETIT, Guillaume BRASC dit « Lapaille », Bernard CALMELS dit « LAFFOURGUE » furent rompus vifs et exécutés. Le château de la Brousse (Saint Salvadou) qui servait de refuge aux révoltes fut détruit et les croquants pendus sur la place de ce village. Ainsi la révolte populaire des croquants achevée tragiquement avait échoué et les impôts devaient continuer d’accabler les paysans du Ségala.


Grandeur et Décadence du Monastère Vers la seconde moitié du XVII° et début du XVIII° siècle après que les épidémies et guerres de Religion eurent laissé des cicatrices profondes dans le Rouergue, une reprise de l’activité permit une amélioration de la société, ainsi qu’un mouvement de renaissance religieuse. Les moines de Rieupeyroux percevaient de nombreux dons et testaments qui augmentèrent leurs revenus. Beaucoup d’habitants aisés ou modestes, offraient des messes pour le repos de leurs âmes. Tous les jours après les messes de l’obit, les religieux procédaient à la cérémonie d’une messe votive. En conséquence du voeu de RIEUPEYROUX. Il y avait quatorze Chapelles ou « chapellenies » au chapitre de l’église Saint Martial. Un état dressé sur les bénéfices du Diocèse, mentionnait que le Doyen du monastère était à la tête d’une des plus belle collation en prieurés simples et cures du Rouergue. Les bénédictins s’évertuaient à lutter contre la misère en distribuant aux personnes les plus indigentes des Aumônes de Noël à la Saint Jean. Pourtant, dès 1693 de terribles hivers se succédèrent entraînant la perte des récoltes – la disette – ainsi qu’une grande mortalité infantile. Les paysans ne pouvant plus faire face à leurs dettes, les moines furent contraints de réduire voir même d’annuler les impôts prélevés sur les récoltes. La situation du Doyenné devenait précaire au cours des années écoulées. Les revenus de l’église n’ étaient plus suffisants pour pallier aux nombreuses charges d’entretien des bâtiments, ainsi qu’aux obligations et fonctions que nécessitait leur état. L’office Divin n’était plus célébré avec la dignité convenable dans une église considérée comme une des plus anciennes du Royaume. La discipline s’était d’ailleurs relâchée et le monastère commençant à menacer de vétusté, les moines logeaient très souvent chez les habitants


Par un acte capitulaire du 15 juillet 1752, le prieur Jean de Montesquiou avait été obligé de recourir auprès du Roi de France. Une longue procédure s’ensuivit, suscitant bien des difficultés car habitants et religieux se trouvaient lésés dans leurs intérêts avec la suppression du monastère qui fût définitivement consignée en novembre 1774. Le démembrement successif du Doyenné permettra la création de nouvelles paroisses à La Capelle Bleys, Le Théron, Rivière, Miquels, Pradials. Ainsi plus de sept siècles de présence monastique s’étaient confondus avec l’histoire de Rieupeyroux. Le long chemin parcouru par les bénédictins et les habitants avaient connus les pires moments, ainsi que des bouleversements considérables. Rieupeyroux, terre austère et inculte était devenu un pays exploitable, pour des populations qui suivant l’exemple des moines avaient voulu transformer la région tourmentée par la faim pour améliorer leur existence.

La Route des Intendants Vers le début du XVIII° siècle, l’assemblée provinciale de haute Guyenne avait décidé d’améliorer et favoriser le développement économique de la Province. En 1740, l’intendant de Montauban Charles LESCALOPIER, soutenu par la politique routière des ministres de Louis XVI, NECKER et TRUDAINE entreprit l’aménagement des routes Royale du Rouergue. La route Royale n°5 reliant Montauban, Villefranche, Pont de Salars, Millau, Montpellier, passait vers le haut du faubourg de l’Hom. Cette voie royale du Ségala lançait un appel et offrait un avantage inespéré pour le développement de Rieupeyroux. La baraque BAYOL était un relais très important servant de halte aux attelages d’écurie pour le remplacement des chevaux fatigués, ainsi qu’un lieu de restauration pour les voyageurs.


LA SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE A LA FIN DU XVIII° SIECLE LES ENQUETES DE CHAMPION DE CICE ET HENRI DE RICHEPREY En 1771, l’évêque de RODEZ CHAMPION DE CICE procéda à une enquête auprès de 457 paroisses du Diocèse. Les curés dressèrent un tableau lugubre de l’état des paroisses, de la condition sociale et économique du Rouergue. Rieupeyroux s’était abstenu de répondre à cette enq uête car le procédé de suppression du monastère était en cours ce qui ne facilitait pas les relations du Doyen avec l’évéché. Il est vrai que les Doyens, avaient toujours adoptés une attitude d’indépendance vis‐à‐vis de l’autorité épiscopale, contestant souvent ses décisions ou prérogatives. En 1780, l’enquête de Henri de RICHEPREY Intendant de la Guyenne, devait s’attacher à la réforme fiscale et touchait également au domaine de l’agriculture, de l’artisanat, du commerce, de l’enseignement et de la santé. L’accueil de la population de Rieupeyroux fut plutôt soupçonneux et peu favorable à cette mission. Le rapport de Henri de Richeprey faisait état de nombreuses injustices et anomalies, des charges royales et seigneuriales qui grevaient trop lourdement les paysans. L’état de pauvreté de beaucoup d’habitants les réduisaient à l’aumône encourageant « la fainéantise ». La décadence de la communauté continuait à se manifester depuis l’extinction du monastère qui procurait auparavant des retombées financières dans le pays Pourtant son voyage à Rieupeyroux ne fut pas complètement négatif. Il en résulta quelques progrès en matière d’amélioration du réseau routier, d’assolement triennal des cultures, d’enrichissement des sols, développement de quelques productions susceptibles d’améliorer l’ordinaire notamment les « petits pois » déjà célèbres à la cour des Rois de France. Si tous les objectifs visés n’aboutirent pas dans le sens souhaité par l’Intendant aucune réforme de grande ampleur ne suivit. Les habitants de Rieupeyroux continuèrent à être accablés d’impôts et il en résulta un état d’esprit pré‐révolutionnaire


La période révolutionnaire Depuis les guerres de religion (1590) et la révolte des croquants (1643) aucun événement tragique n’était venu bouleverser avec autant de répercussions la cité de Rieupeyroux. Si la petite bourgeoisie n’était pas entièrement réfractaire aux idées de la révolution, le peuple des campagnes souhaitait être délivré de la tutelle des seigneurs. Des réactions de vindicte populaire contre les châteaux et la propriété ecclésiastique se manifestèrent au château de Castelnau Peyralès, La Planque (Pradinas), Castelmary, Villelongue, Le Bosc. Le passage à Rieupeyroux d’émeutiers et pillards fut vite réprimandé par une force armée installée à Sauveterre. La majorité des habitants de Rieupeyroux traduisait plutôt un souci d’apaisement que de guerre ouverte. L’évolution des événements prit une tournure fatale lorsque quelques fougueux révolutionnaires s’en prirent à l’église et aux objets religieux en pillant et incendiant. L’église de Rieupeyroux fut même transformée en fabrique à salpêtre. La constitution civile du clergé, en juillet 1790, procéda à la cessation du culte et on substitua le culte à la Déesse Raison, au culte divin. La réquisition des cloches pour les expédier à la fonderie de Montauban, provoqua de vives protestations et incidents. Les prêtres réfractaires, qui refusaient de prêter le serment de fidélité à la constitution, furent déportés aux galères et certains subirent même la peine de mort. Les habitants de Rieupeyroux restèrent très attachés à ces curés « bartassiers » qui officiaient clandestinement dans les granges et dans les bois. La confiscation, puis la vente des biens du clergé avaient commencé en 1791. Elles profitèrent essentiellement à la petite bourgeoisie locale ou « robins », qui furent par la suite plus conciliants avec un régime qui les avait enrichis. Le retour de la liberté religieuse en 1795 n’engendra pas la paix dans les esprits à la suite des passions, calomnies, persécutions, qui faisaient que, la place de Rieupeyroux « était peu sure ». En définitive, les paysans et catégories sociales les plus pauvres ne furent pas bénéficiaires de la vente de ces biens, dont l’idée initiale voulait qu’un plus grand nombre de personnes puissent avoir accès à la propriété des biens de la nation. La paix devint effective avec la conclusion du concordat en 1801.


Centre Historique Enceinte fortifiée de Rieupeyroux L’enceinte de Rieupeyroux entourant les maisons groupées autour de l’église Saint‐Martial (1031) bien que totalement détruite est encore parfaitement identifiable. Elle affecte la forme d’un rectangle irrégulier dont le grand axe est orienté Est‐Ouest. Une rue axiale, appelée Rue Droite, qui ne débouche pas sur les murailles est coupée de rues perpendiculaires, aboutissant sur l’enceinte, déterminant cinq îlots redivisés par des ruelles. La ville close entourée de fossés (balat) possédait cinq portes d’accès surmontées d’une tour en saillie sur les courtines. C’est à l’extrémité ouest, que se trouvait le monastère dont il ne subsiste que l’église et un tronçon de muraille de l’enceinte. L’église fortifiée possède une couronne de machicoulis au XIVème siècle, avec des archères cruciformes de la même époque. Ce n’est que vers la fin du XVIIIème siècle que le crénelage et le parapet élevés à l’aplomb des arcs de coursière qui faisait le tour de l’édifice furent démolis, ainsi que les murailles de la bastide.


L'Eglise Médiévale Saint Martial (11e – 15e siècles) (Classée Monument historique le 30 mai 1923) « Cathédrale du SEGALA » Vers 1031, les Bénédictions de Limoges, bâtirent une Première église à caractère roman. Puis une prospérité accrue permit au début du XIIème siècle, la construction d'un vaste sanctuaire à transept. De cette époque ne demeure en place que deux piliers cruciformes recevant la retombée de la coupole en avant de l'édifice. Ils reposent sur des « terrasses » ou socles circulaires et moulures. D'autres éléments : voûtes, demi‐colonnes engagées, chapiteaux sculptes caractéristiques de l'art Roman, ont été déplacé lors de transformations ultérieures. Incendiée par les Anglais en 1352, et menaçant ruines, l'église fut reprise et dotée d'une nouvelle nef de trois travées avec collatéraux. Les absidioles Romanes disparurent et une belle coupole octogonale vint couronner l'édifice. Le 1er octobre 1356, Jean 1er comte de Rodez et d'Armagnac, gouverneur du Languedoc, donna l'ordre formel au Doyen, de transformer l'église en refuge fortifié. De massifs contreforts rectangulaires servirent de points d'appui à de puissants arceaux soutenant, un chemin de Ronde percé de mâchicoulis ainsi qu'un parapet pourvu de créneaux. La tour lanterne ne fut ajoutée qu'au XV ème siècle. Près du portail d'entrée spécifiquement limousin (colonnes et formerets) un enfeu du XIV ème siècle termine l'environnement du sanctuaire. Particularités : reliquaire de Saint‐Martial (ancien voeu de Rieupeyroux‐ Fragment de croix processionnelle du XV ème siècle (M.H) ‐ Plats de quête en cuivre repoussé XIV ème siècle, avec inscription en dialecte allemand – autel monolithique d’époque romane, avec baptismale de pierre frustre – bénitier monolithe (17 e siècle)‐ vitraux renouant la tradition bénédictine (œuvre d’un maître verrier de Limoges) – chemin de croix en relief (19 e siècle) – sceau monochrome d’après l’ancienne armoisie des Bénédictins (1388). Curiosités : L'omoplate géante de Gargantua dite de « Samson » Aux environs : La fontaine Saint‐Martial, possède une eau à laquelle on attribut des vertus curatives (eczéma‐impétigos).


LA FONTAINE DU GRIFFOUL « (SOURCE JAILLISSANTE) » Cette construction du XIV ème siècle, occupe une position centrale à l’intérieur du Centre historique (ancienne enceinte fortifiée). Ce n’est pas par hasard, car en cas de siège, l’eau était l’élément vital de la population et des animaux. La fontaine présente encore sa beauté de grande simplicité, son eau limpide et jaillissante faisant apprécier le mariage de la pierre et de l’eau. Elle témoigne encore le souvenir d’une histoire qui s’est tenue auprès d’elle mais aussi une partie de l’âme, de la vie de RIEUPEYROUX .


Le GITAT ( ancien marché couvert) Il entourait jadis toute la place qui porte son nom, à l’exemple de beaucoup de bastides du Rouergue, qui avaient réservé à leurs marchés des proportions plus importantes. Les seules traces visibles, sont occupées par les bâtiments de la Mairie et de l’Hôtel de la Poste. Les caves superposées sur lesquelles il est bâti constituaient des réserves de vivres, et abris sûrs en cas de siège.


Enceinte fortifiée


La Fontaine St Martial La fontaine qui porte son nom et qui faisait partie des dépendances de l‘ancien monastère (XI°‐ XVIII° siècles) fournit toujours une eau abondante à laquelle les pèlerins et habitants de la région attribuaient des valeurs curatives contre diverses affections de la peau. Avec le modernisme, si la fontaine a perdu son ancienne fonction, elle offre toujours le spectacle de son animation permanente dans un écrin de pierres, de verdure et de fleurs. Les promeneurs apprécient son eau fraîche et limpide, sous le regard d’un ermite qui semble attendre leurs questions pour évoquer l’histoire et la tradition d’une légende toujours vivace.

Modulance Le nom de MODULANCE tire son origine du hameau de MUTORE (Meudou) où demeurait, il y a plus de mille ans le chevalier ISCHAFREDE et sa belle épouse RIXENDE. Ils possédaient une immense étendue de terres désignées sous le titre de MODULANCES, (Modulancia). L’étymologie du mot Modulance s’attache à l’évocation de la source, ou même de la terre, mère de la source. Toujours vivace à l’esprit des Rieupeyrousains, ce nom évoque encore aujourd’hui la fierté d’un vieux terroir, celui d’une montagne et d’une chapelle (Saint Jean de Modulance) qui dominent toute la région du Haut‐Ségala. MODULANCE ! Ce nom n’est‐il pas charmant et divin…


La Chapelle Saint Jean et le site de Modulance L’antique chapelle Saint‐Jean, domine la montagne de Modulance (côte 804m) ainsi que toute la région du haut plateau de Ségala. De ce belvédère semblable à un balcon, la vision circulaire incomparable ne rencontre aucun écran et se perd dans des paysages où la vue s’éblouit d’horizons. Une ample succession de vallonnements conduit aux limites de la chaîne des Pyrénées, Montagne Noire, Cévennes, Levézou, Palanges, Aubrac, Puys du Cantal. La Chapelle Saint‐Jean, semble avoir été construite pour surveiller tous les horizons de cette immense région et épier les dangers de l’ennemi venus à travers les siècles. Cette construction immuable est campée sur des murailles basses et épaisses, supportant un toit de lauzes grises. Le sanctuaire se présente comme un édifice à nef unique, au chevet rond voûté en cul de four (origine pré‐romane). Le clocher porche a été ajouté au XVIII ème siècle, puis rebâti en 1820. La tradition orale indique que cette chapelle a remplacé un sanctuaire de sommet « un fanum » où l’on célébrait des cultes païens. Une autre tradition, indique que Saint MARTIAL apôtre d’Aquitaine et du Limousin (III ème siècle) aurait fondé en ce lieu un oratoire pour les premiers chrétiens de la région. A la légende de Saint‐Martial s’ajoute celle du seigneur Ischafrède, qui au retour d’un pèlerinage à Limoges fut attaqué par une bande de brigands. Il promit à Saint‐Jean Baptiste de construire un nouvel édifice s’il arrivait à se défaire de ses assaillants. Ses prières furent exaucées et Ischafrède tint ses promesses. A voir :

9 fresque du baptême du Christ (XV‐XVII ème siècles) 9 écusson du clocher porche 9 table d’orientation ‐ borne géodésique.


Los Bentres Negres (Les Ventres Noirs) Jusqu’au milieu du 19ème siècle, les historiens ont toujours fait le rapprochement de ce «qualificatif», avec la condition humaine de ces paysans miséreux, pauvres hères frappés de maladies et victimes d’une malnutrition à l’usage alimentaire de pain noir, de seigle, et de châtaignes. Leurs voisins plus riches des plateaux des Causses les désignaient sous le nom de « Bentrès Nègres ». Ce sarcasme était une suprême injure… Mais quelques décennies plus tard, la révolution agricole opérée dans le Ségala devait métamorphoser cette région devenue un « pays riche », jardin de l’Aveyron et donner ainsi une image plus flatteuse de ses habitants. Selon une vieille tradition, le sobriquet de «Bentrès Négrès» était également attribué à nos aïeux qui eurent à se défendre dans la passé aux attaques des Anglais, Routiers, des Calvanistes et Royalistes (guerres de Religions et siège de Rieupeyroux) puis au soulèvement massif de la Révolte des Croquants. Afin de se différencier des autres mouvements de lutte contre l’occupant, les habitants arboraient un tablier de peau de chèvre noir, au dessous de leur ceinture, ce qui les faisait désigner : Los Bentrès Negrès de Roupéïdous. Surnom guerrier qui aujourd’hui encore est un symbole de fierté pour les Rieupeyrousains.


Apostolat et légende de Saint Martial La légende d’Ischafrède Les Rieupeyrousains ont toujours remonté très loin dans le temps l’histoire de la chapelle Saint Jean Baptiste et celle de l’église Saint Martial en citant des récits à caractères merveilleux de leurs héros légendaires. C’est ainsi qu’à la première légende de St Martial, s’ajoute celle du seigneur Ischafrède, seigneur de Meudou et des terres de Modulance. En revenant d’un pèlerinage au tombeau de St Martial à Limoges, Ischafrède et sa troupe furent attaqués par une bande de brigands, non loin de l’oratoire de Saint Jean, au passage de Fontinelle. Ils se réfugièrent sur la colline auprès du petit sanctuaire pour livrer bataille aux agresseurs. Les hommes d’Ischafrède étaient vaillants et bons guerriers, mais mieux valait demander aide et protection aux deux saints vénérés de la région : Saint Jean Baptiste et Saint Martial. Le seigneur de Modulance promit, s’il sortait vainqueur de cette embuscade, il ferait construire un nouvel édifice en l’honneur de St Jean et une église dédiée à Saint Martial. Ses prières et sa foi en la divinité furent exaucées, les brigands vaincus, lui et son escorte furent sauvés. Ischafrède tint ses promesses et les deux monuments furent construits. On sait que très souvent, les pieux souvenirs qui se rattachent aux premiers sanctuaires chrétiens arrivent à confondre la légende et l’histoire. L’une et l’autre n’en sont que plus belles… C’était le cas à Rieupeyroux.


La Légende de GARGANTUA Une tradition orale bien vivante… Il y a plus de mille ans, quand la région de RIEUPEYROUX s’appelait MODULANCE le seigneur ISCHAFREDE (Escaffre) avait fait vœu de bâtir une église qui serait la plus belle de toute la région. Le géant GARGANTUA, qui aimait venir dans notre pays pour faire de grandes ripailles, proposa ses services pour construire l’édifice en cent jours. Un prix fut convenu, mais quand vint le jour du règlement, notre géant demanda une somme supérieure pour trois jours supplémentaires nécessaires à l’achèvement du clocher. Le seigneur Ischafrède fut catégorique : il n’aurait pas un sou de plus que prévu. Devant l’intransigeance du seigneur et les menaces des habitants, Gargantua très en colère décida de se venger. Pour se faire justice, il se rendit la nuit tombée sur la montagne de Modulance, pour détruire l’église à l’aide de grosses pierres. Heureusement, aucun de ces projectiles ne devaient atteindre l’édifice qu’il venait de construire. Il lança une première pierre qui tomba tout près de l’église, au pré de la Caminade. Une deuxième pierre, qu’il avait serrée si fort puisqu’elle garde encore l’empreinte de ses doigts, passa au dessus du clocher et chuta à l’Esplanade. La troisième tomba dans l’étang de la Calquière « l’estanquiol ». Attention, l’histoire n’est pas finie ! Le seigneur Escaffre et les habitants craignant que le géant ne détruise leur village, décidèrent de tuer Gargantua par ruse et par surprise pendant son sommeil. Le géant fut enterré dans le plus grand secret, près du hameau de Roubis, au pied de la colline de Modulance. Malgré les recherches entreprises pour retrouver le géant au pays des Ruthènes, ainsi qu’au royaume de France, la consigne de garder le secret fut scrupuleusement observée. Tout semblait oublié, quand 300 ans plus tard, un laboureur de Roubis déterra un os énorme, semblable à celui d’un Mammouth. Il fit part de cette découverte (pour le moins dérangeante) aux moines qui connaissaient bien le secret de Gargantua.


Mais les Bénédictins ne pouvaient pas laisser entrer dans un lien sacré, l’os d’un païen. Ainsi ils persuadèrent les habitants que cet os ne pouvait être que celui d’un descendant d’un personnage mentionné dans la sainte bible : SAMSON ! L’os fut porté à l’église, béni dévotement et suspendu à un pilier afin que tout le monde puisse le voir, en reconnaissance des services rendus aux chrétiens de son époque. Et depuis des siècles, sans le savoir, quand les fidèles venaient faire leurs dévotions, quand l’encens s’élevait vers le ciel, prières et encens allaient au passage caresser l’omoplate « lo platèlo » du pauvre Gargantua que le seigneur, les moines et les habitants de Rieupeyroux, avaient assassinés par action et par dévotion. Paul RAYET En sortant de l’église ne manquez pas d’aller toucher la pierre ronde de l’Esplanade, puisqu’on peut encore l’y apercevoir. C’est la seule pierre d’origine qui subsiste de cette surprenante légende. Nos bons Ségalis sont très attachés au caractère merveilleux de ce récit où les faits historiques ont été transformés et embellis par l’imagination et la tradition populaire d’un héros légendaire.


Un ossement auréole d'histoire et de légende Omoplate de Gargantua, épaule de Samson, os de baleine ? Quelle signification peut bien prendre un ossement insolite dans un édifice religieux, fondé au début du XI ème siècle (1025‐1031) par les Bénédictins de Saint Martial de Limoges. La naissance de l’histoire de Rieupeyroux nous révèle comment ce fossile est parvenu dans ce coin de terre des Ruthènes, désigné alors sous le nom de RIVO‐PETROSO. Lors de la III ème croisade entreprise par Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste (1195), Fortune de Valette, seigneur de Rieupeyroux, combattait sous la bannière du roi de France. Il est parfaitement vraisemblable, que cet os de baleine a été rapporté par ses compagnons et suspendu par eux à l’église Saint Martial, comme vœu et remerciement d’une grâce obtenue, lors de leur expédition en Terre Sainte. Du reste Monsieur GENNEVAUX, ancien conservateur du musée de Montpellier et savant paléontologue, avait entrepris des recherches sur les os de baleine rapportés de Terre Sainte par les Croisés. Il avait pu ainsi identifier facilement, l’omoplate de l’église Saint‐ Martial comme étant une omoplate de baleine commune en Méditerranée. De son côté Monsieur BALSAN de la société des lettres de l’Aveyron, expert en la matière, affirmait la même chose lui qui disposait d’un grenier rempli d’ossements. Ainsi, ce fossile de baleine, ayant fait l’objet de bien de curiosités et d’expertises, avait connu des heures de gloire dans le chœur de l’église comme ex‐voto, puis suspendu à un pilier, à la vue de tous les fidèles avant de terminer son parcours dans la pénombre du portail d’entrée et la plus grande indifférence. Cette curieuse page d’histoire laissée par nos lointains prédécesseurs vient de ressortir de l’oubli. L’exposition de cette omoplate provoque la curiosité des visiteurs et ravive également la mémoire de nos « bons Ségalis » préoccupés de connaître leurs origines.


Poème de l'Historien « MON SEGALA »

D e R ie up ey r o ux , l' é gl ise go th iq ue ,

L es tr ou pe au x s e gr is ent d ’ her b e

F ort er es se a l ti èr e, a u c lo c h er p ui s s a nt

p a r f um ée ,

L an ce l ' a p pe l symbolique,

En a s s em b lé e gr a ve m en t i ls ruminent,

D e n ot r e Ségala r ay o n na n t

S ou s le soleil d u pr in tem p s e m ba um é.

D e r ich es ses n at ur el le s , t o uri st iq ue s

I n vi ta nt à vi s it er :

S ur n ot r e ha u t pl at ea u a us t èr e

S es m on t a gn es

O ù le s e i gl e on d ul e au vent,

S es campagnes

Genêts, hê tr es e t bruy èr es ,

S es vieux ponts et ses c hâ te a ux

D e s la nd es s o n t l' or nem e nt

S es c o ll i nes

L e S ég a la p lu s in ti me,

S es ravines

O f f r e de s r ec oi ns char mants :

S es vil1ages e t s es h ame au x ,

S es b oc ag es

A r a ma ge s,

A S ai nt Je an de Mo du lanc e , un b ai n d e

S es ruis seaux vifs e t c h a nt on na nt s ;

l u mi èr e,

S ur l a mo uss e

Et d ' ai r p ur vivifie l es po u mo ns ,

L 'o m bre d ou c e

S a mo nt a gne est u n hau t b el v éd ère ,

D e s c hâ t a i gn i er s s ur vi va n ts.

D'où l a vue s 'é b lo ui t d'h or i zons .

V ie i ll e t er re d e n ot r e Franc e.

F id è le à son cher p as s é,

N os rivières ca pr ic ie us es ,

l s c ha f r èd e, B én éd ic ti ns, pa r le ur pré s e nc e,

O nt d e r ia nt es va ll ée s,

R i eu pey r o ux a h ér it é

D e s pe nt es vertigineuses,

D e s s ou v en ir s où s'ar rêt e

P ar l 'é r o s i on e t le t emp s ciselés.

L e pa ss an t é m er ve i ll é :

L es couleurs e t les l u mi èr es ,

S a v ie il l e c it é

En c on tr aste o u p ar f a it ac cor d :

S es r u el l es ,

M ar es qu es ,

S on Gi ta t et le Gr iff o ul

S ér èn es

S ai nt M ar tia l

Et Ja ou l , L éz e rt , L i o rt

Et s a f o nt ain e

L es Gorges

S on pays a u char me s i d o ux.

Q u i ens er ren t

Aveyron, Viaur, et l e urs ondula tion s.

P oè m e à la gloi re d e not re p et it e pa tr i e

Dans l es pré s ou t in te nt l es clar ines ,

P a ul R ay e t


SAUVETES ET BASTIDES 9 Les raisons d’intégrer la Sauveté de RIEUPEYROUX dans l’Association des Bastides du Rouergue, paraissent se conformer aux écrits des historiens qui ont noté que les Statuts ont souvent évolué des Sauvetés aux Bastides qui reconnues comme telles, n’étaient pas à l’origine des Bastides (Jean DELMAS). 9 RIEUPEYROUX fut incontestablement une Sauveté de Saint Martial de Limoges, fondée vers 1030, même si le « cartulaire » (encore connu avant la Révolution, mais aujourd’hui disparu ou brûlé) aurait permis d’étayer ce propos. 9 Le récit des « pierres du géant » est l’écho légendaire de la mise en place de la Sauveté, chaque pierre portant une croix bornait les limites (Jean DELMAS). 9 La structure urbaine de RIEUPEYROUX semble avoir répondu dès l’origine à presque tous les écrits qui servaient à définir les Bastides : •

un plan orthogonal, avec rue centrale rue Droite (comme beaucoup de bastides) des rues perpendiculaires, quatre portes principales, sans compter celle de la Prison, un parcellaire régulier correspondant à un lotissement, donc à un programme de peuplement

une place avec couverts dit « Gitat », il en subsiste encore une partie qui mériterait une restauration dans l’esprit des origines

une fontaine jaillissante dite « Griffoul » (XIV siècle).

Ajoutant un paréage conclu entre le Roi de France et les moines de Saint Martial, selon le partage, un tiers pour le Roi, deux tiers pour le Doyen, répartition évoquée par le sceau au blason tripartite de 1388. Il apparaît que RIEUPEYROUX présente un cas intermédiaire dans son premier état de Sauveté et les bastides créées par la suite, celles de Villefranche, la Bastide l’Evêque et Sauveterre (Jean DELMAS). L’intégration dans l’Association des Bastides du Rouergue serait sans aucun doute profitable aux deux parties, l’ensemble s’enrichirait d’un nouveau type et RIEUPEYROUX redécouvrirait sa spécificité de « ville neuve » médiévale.


Pierre Alechinsky à Rieupeyroux Lave émaillée – Fronton de l'école Pierre Alechinsky

En 1942, la famille Alechinsky, fuyant la Belgique occupée, trouve refuge quelques semaines à Rieupeyroux. Le jeune Pierre fréquentera l’école publique et sera marqué par la tranquillité du village et par la beauté de la nature, notamment les grands châtaigniers du Ségala. A la Libération et après diverses expériences, il se livre entièrement à la peinture. Il rejoint en 1949 le groupe Cobra qui regroupe des artistes belges, danois et hollandais (Dotremont, Jorn, Appel…). C’est le début d’une série d’amitiés au long cours avec de nombreux peintres, poètes ou écrivains. Il développe ses talents de peintre, de graveur, d’illustrateur et d’écrivain en étant ouvert sur le monde ( Japon, Mexique, New York, pays de l’Europe du Nord…). Pierre Alechinsky peintre à la créativité féconde offre une œuvre originale et variée. Il joue avec les lignes, les traits, les taches, les couleurs et varie les supports et techniques. L’humour est souvent présent, notamment lorsqu’il peint sur de vieux documents. “Central Park “ première peinture à remarques marginales de 1965 est certainement son tableau le plus connu. Il expose dans les plus grands musées du monde ( le Guggenheim à New York en 1987, Pékin en 1988 ). Il travaille souvent avec d’autres créateurs et amis et publie de nombreux ouvrages. 1998 : rétrospective à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris et exposition


“Alechinsky au pays de l’encre “ au Centre d’art contemporain de Cajarc dans le Lot. C’est à cette occasion qu’aura lieu la rencontre avec Monsieur Alauzet, maire de Rieupeyroux. De leur côté, des enfants de l’école publique visitent l’exposition de Cajarc et réalisent un livret avec textes et peintures inspirés par les œuvres du peintre. Pierre Alechinsky les remerciera de leur envoi par une lithographie « L’image entre les lignes » sur laquelle il a annoté tous les noms des enfants et de leur maître. 1999 : Pierre Alechinsky fait don à la Médiathèque de Rieupeyroux d’un ensemble d’ouvrages dont il est souvent l’auteur. Cet espace accueille également les 6 gravures offertes

par

l’artiste

à

la

commune.

Juin 2000 : Monsieur Alauzet inaugure une magnifique exposition d’œuvres de Pierre Alechinsky dans les locaux de l’école en présence de l’artiste. Juin 2004 : Micky et Pierre Alechinsky passent une journée entière avec les enfants de l’école qui devient l’Ecole Publique Pierre Alechinsky . L’inauguration a lieu en présence du maire Monsieur Belloc, du Député Serge Roques et du Président du Conseil Général de l’Aveyron Jean Puech ainsi que de nombreux parents et habitants de Rieupeyroux.. Sur le fronton de l’école seront fixées des créations en pierre de lave émaillée ( un arbre, les quatre éléments ), dons de l’artiste.

Sa première œuvre destinée à l’école ayant souffert lors du transport a été transformée en table et est visible au Centre culturel.


Mars 2004 : lors d’une classe découverte à Paris, Micky et Pierre Alechinsky accueillent les CM1 et CM2 et leurs accompagnateurs dans le salon d’attente du ministère de la Culture décoré en 1985 par lui‐même. Ce fut un merveilleux moment partagé avec l’artiste et son épouse dans un décor extraordinaire. Septembre 2006 : voyage à l’Isle‐sur‐la Sorgue pour découvrir l’exposition “ Sources et résurgences “ qui motivera un travail de création dans les classes et permettra la réalisation d’une vidéo sur la visite et le travail des enfants. Aujourd’hui, les promeneurs et amateurs d’art peuvent faire à Rieupeyroux une "balade Pierre Alechinsky" en découvrant le pignon de l’école, les gravures à la Médiathèque et la table au Centre culturel.


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