Presences dart

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Colori compositi

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de Rimini et de son territoire

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Présences d’art dans les édifices sacrés

I - 47900 Rimini, piazza Malatesta 28 tél. +39 0541 716371 - fax +39 0541 783808

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Provincia di Rimini Assessorato alla Cultura Assessorato al Turismo

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edizione francese

Riviera di Rimini Travel Notes


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Rimini Eglise paroissiale San Salvatore Eglise paroissiale San Giuliano Eglise paroissiale San Fortunato Eglise Sant’Agostino Temple de Malatesta Eglise de la Madonna delle Grazie Eglise de la Madonna della Colonnella Sanctuaire de la Madonna della Misericordia / Eglise Santa Chiara Eglise des Servites (dite dei Servi) Verucchio Eglise paroissiale San Martino Eglise Santa Croce (Villa Verucchio) Collégiale de Verucchio San Giovanni in Marignano Eglise Santa Maria in Pietrafitta Eglise paroissiale San Pietro

Colori compositi

Santarcangelo di Romagna Eglise paroissiale de Santarcangelo di Romagna Collégiale de Santarcangelo di Romagna Morciano di Romagna Abbaye San Gregorio Montescudo Eglise paroissiale Santa Maria del Soccorso (Valliano) Montefiore Conca Sanctuaire de la Madonna di Montefiore Petite église de l’Hôpital - Madonna della Misericordia Montegridolfo Petite église San Rocco Sanctuaire de la Beata Vergine delle Grazie (Trebbio) Saludecio Eglise paroissiale San Biagio

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Provincia di Rimini Assessorato alla Cultura Assessorato al Turismo Agenzia marketing turistico Riviera di Rimini

Pier Giorgio Pasini Présences d’art dans les édifices sacrés de Rimini et de son territoire

en collaboration avec


Coordination: Valerio Lessi Conception graphique: Relè - Leonardo Sonnoli Photographies extraites des Archives photographiques de la Province de Rimini Nous remercions les photographes: L. Bottaro, P. Cuccurese, P. Delucca, S. Di Bartolo, L. Fabbrini, R. Gallini, L. Liuzzi, G. Mazzanti, T. Mosconi, Paritani, V. Raggi, E. Salvatori, R. Sanchini, F. Taccola, R. Urbinati Traduction: Béatrice Provençal Link-up, Rimini Révision et mise à jour de: Marino Campana, Caterina Polcari Mise en page et équipements: Litoincisa87, Rimini Licia Romani Première édition 2003 Réimpression 2008


Sommaire

Introduction >

4

Une diffusion ramifiée

Itinéraire 1 >

7

Les anciennes églises paroissiales

Itinéraire 2 >

11

Les monastères

Itinéraire 3 >

15

Les couvents

Itinéraire 4 >

19

Sur les traces de saint François

Itinéraire 5 >

25

Les églises de la Sainte Vierge

Itinéraire 6 >

31

Les petites cathédrales

Approfondissements >

37

Les saints locaux Art et mémoire

Bibliographie >

38

Pour en savoir plus

www >

Avant de partir visitez www.riviera.rimini.it


Introduction > Une diffusion ramifiée

L’arrière-pays de Rimini doit sa conformation très variée à la présence d’un ensemble de collines et de deux fleuves (le Marecchia et le Conca) aux vastes vallées pittoresques. Il s’agit d’un territoire fertile, fréquenté par l’homme dès la préhistoire, principalement dans les zones caractérisées par un paysage varié et mouvementé. Il est riche en centres habités de toutes dimensions et parcouru par un dense réseau de routes qui le relie aux régions voisines. Grâce à sa position - entre les Apennins et la mer, et aux abords de la plaine émilienne il a toujours constitué une zone de passage, et donc de rencontre entre cultures diverses, mais aussi de querelles et de conflits. En fait, son paysage est visiblement caractérisé par les traces de cette condition inquiétante. Ces traces sont essentiellement celles d’un Moyen Age belliqueux et éclatant, qui habite encore le rocher de Saint-Marin et qui, encore, couronne les collines de vestiges, encercle les villages de murs en ruine et signale par des fragments de tours les passages stratégiques. Mais l’aspect même de ces traces, tant décadent que pittoresque, démontre qu’elles sont le résultat d’histoires définitivement conclues et désormais lointaines. Moins visibles, moins décadents, mais, à bien regarder, plus fréquents, sont des témoignages de nature différente: ceux d’une religiosité diffuse, dont les racines se perdent parfois dans l’antiquité (comme le démontre une certaine stratification d’éléments dans le “lieu sacré” et parfois dans l’édifice lui-même), mais qui est aujourd’hui encore vive et vitale; des témoignages qui se mêlent et qui sont même étroitement liés aux signes d’une pacifique et séculaire ardeur au travail. Sur les collines, parmi les champs cultivés et sur les bords des routes de campagne, il n’est pas rare de tomber sur de petites chapelles votives que la dévotion renouvelle constamment, alors qu’à la sortie des villages nous trouverons souvent des oratoires construits à côté de petits hôpitaux pour les pèlerins, et, dans les bourgs et les petits pays, des églises paroissiales de forme et de grandeur variées, ou encore des sanctuaires dédiés à la Sainte Vierge. Durant la dernière guerre mondiale, cette zone, aux limites de la “Ligne gothique”, a été le théâtre de combats éprouvants qui ont provoqué de nombreuses victimes et causé de très graves dommages à tous les centres habités et, naturellement, aux édifices de caractère religieux, ceux-ci conservant souvent d’importants témoignages mais étant aussi eux-mêmes de précieux témoignages d’histoire et de tradition, de foi et d’art. Le dépeuplement des campagnes, qui a connu sa période de pointe au début des années soixante, a eu lui aussi une 4


incidence sur la conservation des édifices de caractère religieux du territoire. Mais, malgré cela, les clochers, qui sont encore très nombreux, restent dans un certain sens les éléments les plus caractéristiques du paysage: ils soulignent la présence d’édifices de culte plus ou moins modestes, plus ou moins bien restaurés et conservés. Ceux qui veulent parcourir ce territoire y trouveront partout d’intéressants, voire plaisants, témoignages d’art sacré, et, parfois, de véritables chefs-d’oeuvre, dont la signification et la beauté sont exaltées par le fait d’avoir été conservés dans leur lieu original et de remplir encore leur fonction originale.

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Itinéraire 1 > Les anciennes églises paroissiales

Santarcangelo di Romagna Eglise paroissiale San Michele via Celletta dell’Olio tél. 0541 626109 visite sur demande

L’église paroissiale byzantine San Michele de Santarcangelo. 7

La diffusion du christianisme à Rimini et dans son territoire est entourée, comme partout, d’histoires fabuleuses, de légendes dans lesquelles il est difficile de distinguer la réalité du fantastique. Elle fut probablement assez précoce, étant donné le rôle non secondaire de la ville et de son port dans le commerce avec l’Afrique et avec l’Orient vers la fin de l’époque romaine: c’est justement pour l’importance de la ville et de son port que Rimini fut choisie par l’empereur Constance en 359, comme siège d’un Concile des évêques d’Occident. D’autre part, les rapports très étroits qui existaient entre la ville romaine et son territoire laissent également supposer une diffusion assez rapide du christianisme dans l’arrière-pays. En fait, les documents antérieurs au Xe siècle nous présentent un réseau assez dense d’églises paroissiales (au moins seize), celles-ci protégeant les lieux les plus populeux et les plus importants. Mais tout témoignage monumental a été détruit depuis de nombreux siècles; de certaines églises paroissiales, il a même été perdu la mémoire topographique, alors que nous n’avons que des reconstructions relativement modernes de certaines autres. Il en est de même pour l’intérieur de la ville, où tous les plus anciens édifices sacrés ont complètement disparu, jusqu’à la cathédrale elle-même, dédiée à Santa Colomba, désaffectée et démolie à l’époque napoléonienne. L’église paroissiale de Santarcangelo di Romagna, dédiée à saint Michel archange, est le plus ancien et le plus fascinant des édifices sacrés subsistants. Elle se dresse à un kilomètre du pays, dans une zone plate, et se présente comme un édifice à une seule nef, aux proportions très équilibrées et à l’intérieur lumineux offrant les caractéristiques de l’art byzantin de Ravenne du VIe siècle; son abside extérieurement polygonale, ses murs en briques minces et son harmonieuse série de fenêtres cintrées rappellent eux aussi l’art de Ravenne. Mais cela ne doit pas nous étonner si l’on considère, d’une part, que tout le territoire de Rimini était inclu dans la pentapole byzantine et qu’il a longtemps été défendu contre les barbares, et de l’autre, que l’Eglise de Ravenne a possédé pendant des siècles de nombreuses propriétés en Romagne et dans les Marches. L’une des rares traces subsistantes de cet état de fait est constituée par l’existence de plusieurs dédicaces de ces églises à des saints byzantins et lombards (saint Michel archange est également l’un d’entre eux). Aujourd’hui, cette église ne contient plus de décorations, mais des fouilles récentes ont permis de récupérer des fragments de mosaïques de pavement et d’incrustations de marbre qui attestent une remarquable richesse décorative. Au fil du temps, l’église a toujours été utilisée; c’est ce dont


Rimini Eglise San Salvatore via San Salvatore, 24 tél. 0541 730159 visite sur demande Verucchio Eglise paroissiale San Martino via Marconi, 1 tél. 0541 670197 visite sur demande Saiano di Torriana Eglise de la Madonna di Saiano via Saiano, 14 tél. 0541 675107 • ouverture: été 8h30-19h; hiver: 8h30-17h

En haut, à gauche, façade de l’église romane San Salvatore; à droite, l’abside de l’église paroissiale de Verucchio. En bas, la tour cylindrique et la petite église de Notre Dame de Saiano. 8

témoignent le campanile construit devant la façade au XIIe/XIIIe siècle, une fresque détachée représentant saint Sébastien (XVe siècle), un splendide crucifix du XIVe siècle (désormais dans la collégiale) et le cippe sur lequel repose encore la table de l’unique autel: une sculpture du Haut Moyen Age, représentant des sarments feuillus et un rapace soulevant entre ses serres un petit quadrupède, dont les traits sommaires et la dure gravure traduisent le goût barbare. Les sculptures médiévales d’une telle ancienneté sont rares dans le territoire de Rimini, mais l’on peut toutefois rappeler le beau pluteus fragmentaire de l’église Santa Maria in Pietrafitta (commune de San Giovanni in Marignano), retrouvé récemment, et plusieurs chapiteaux de l’église paroissiale San Salvatore (commune de Rimini, vers Coriano): le premier du VIIIe/IXe siècle, les autres probablement plus tardifs, mais imitant les chapiteaux byzantins dont ils reprennent les formes et les entrelacs décoratifs. Il faut rappeler qu’une belle collection de sculptures médiévales, y compris du Haut Moyen Age, dont la plupart des pièces sont fragmentaires et de provenance incertaine, est conservée auprès du Musée de la Ville. San Salvatore est une église intéressante, qui conserve un aspect pittoresque malgré de nombreuses reconstructions et restaurations; elle offre un air de solide église “romane”, grâce à ses formes simples et à ses maçonneries désordonnées, caractérisées par des rangées de pierres et de briques, des arcatures latérales, de petites fenêtres à meurtrière et quelques fragments de rebuts de marbre, voire romains, réutilisés. Les collines de l’arrière-pays de Rimini abritent des édifices qui conservent les petits témoignages d’une haute antiquité, englobés dans des constructions plutôt récentes. Mais pour retrouver d’anciens monuments d’architecture sacrée entiers, voire intacts, il faut remonter la vallée du Marecchia: dès la sortie de Villa Verucchio, sur un coteau recouvert d’oliviers au pied du rocher de Verucchio, l’on peut admirer l’église paroissiale San Martino et son architecture rustique de style roman-gothique; un peu plus loin, au-delà du fleuve, l’on peut apercevoir sur un rocher escarpé la pittoresque église à plan tréflé (dont la structure plutôt rare se compose de trois chapelles absidiales) de Notre Dame de Saiano; elle est flanquée d’une tour cylindrique en pierre rappelant les tours byzantines; plus loin encore, sur le territoire du Montefeltro, les églises de San Leo (église paroissiale et cathédrale) et de Ponte Messa, qui constituent un précieux noyau architectural remontant aux XIe - XIIIe siècles.




Itinéraire 2 > Les monastères

Rimini Eglise San Giuliano via San Giuliano, 16 tél. 0541 25761 • ouverture: 7h-12h/16h-19h Rimini Eglise San Fortunato via Covignano, 257 tél. 0541 751761 • ouverture: été 9h-12h/15h20h; hiver 9h-12h/15h-18h

En haut, le retable de Paolo Veronese du Martyre de saint Julien (1587) dans l’église San Giuliano à Rimini. En bas, à gauche, intérieur de l’église San Fortunato du col de Covignano de Rimini, exabbaye olivétaine; à droite, le retable de Giorgio Vasari représentant l’Adoration des Mages (1547) dans l’abside de l’église San Fortunato du col de Covignano de Rimini. 11

Les documents historiques du Haut Moyen Age relatifs à Rimini attestent souvent la présence de monastères; mais ceux-ci n’étaient généralement que de petites églises, ainsi dénommées parce qu’elles étaient confiées à un seul prêtre, ou, s’il s’agissait d’édifices situés dans les campagnes, de petits ermitages. Dans ce territoire, les premières communautés de moines à avoir fait une vie “réglée” furent celles des Bénédictins. Rimini vantait en effet deux abbayes bénédictines importantes, placées à la sortie de la ville mais à côté de ses deux entrées principales: celle de San Pietro, au centre du faubourg San Giuliano, au début de la via Emilia, et celle de San Gaudenzo, à l’extrémité du faubourg San Giovanni, à la fin de la via Flaminia. De la seconde construite à côté d’une ancienne nécropole païenne et chrétienne - il ne reste aucune trace, à la suite des démolitions dues aux suppressions napoléoniennes. De la première, il reste l’église, dénommée aujourd’hui église San Giuliano: de goût nettement vénitien, elle est caractérisée par une grande voûte en berceau qui donne à l’espace une remarquable solennité. Elle a été complètement refaite au XVIe siècle par les moines de San Giorgio in Alga, auxquels on doit aussi le retable de Véronèse représentant le martyre du Saint (1587), conservé dans l’abside au centre d’un imposant cadre architectural en bois entièrement doré. La troisième chapelle de gauche abrite un splendide polyptyque de Bittino da Faenza (1409) qui raconte la légende de saint Julien et de la translation de son corps dans une grande arche romaine (encore conservée derrière l’autel) de l’Istrie jusqu’à la côte de Rimini. Les autres chapelles renferment de précieux tableaux du XVIIe siècle, dont deux retables de Elisabetta Sirani (L’Annonciation) et de Pietro Ricchi (La remise des clés à saint Pierre, 1649). Il existait une troisième abbaye bénédictine bien moins ancienne, mais du “rameau” des Olivétains (les “moines blancs”), sur le col de Covignano, près de Rimini; il n’en reste que l’église, connue aujourd’hui sous le nom de San Fortunato. Elle avait été créée au début du XVe siècle par Carlo Malatesta, et grâce à la protection de cette puissante famille, elle avait rapidement étendu ses droits et ses propriétés en de nombreux points du territoire, acquérant également l’ancien monastère de San Gregorio in Conca ainsi que toutes ses appartenances. L’église, qui a subi au cours des siècles d’importants remaniements, conserve encore la structure et la façade du XVe siècle, un beau plafond Renaissance et une chapelle aux superbes fresques de 1512, attribuables au peintre Girolamo Marchesi da Cotignola: à la même année, le pape Jules II fut accueilli dans le monastère adjacent à l’église. Mais l’on ne peut ne pas rappeler un autre hôte important:


En haut, les restes de l’abbaye bénédictine San Giorgio in Conca à Morciano. En bas, l’abside de l’église paroissiale de San Giovanni in Marignano, ex-église bénédictine. 12

le peintre Giorgio Vasari qui y séjourna en 1547. Pendant qu’un moine “lettré” lui transcrivait et lui corrigeait le manuscrit des Vite de’ più eccellenti architetti, pittori et scultori italiani (imprimé par la suite à Florence en 1550), il exécutait des tableaux pour l’église abbatiale, en compagnie de nombreux aides: l’abside du XVIIe siècle de cette même église conserve encore une splendide Adoration des Mages, le chef-d’oeuvre de l’artiste et l’un des plus beaux tableaux du maniérisme italien. L’origine bénédictine de l’église est également rappelée par la présence de quatre imposantes statues en stuc de saints olivétains qui animent la nef lumineuse, modelées par père Tommaso da Bologna en 1650, et de deux magnifiques retables peints vers la moitié du XVIIe siècle par père Cesare Pronti, représentant des saints moines aux habits immaculés et le même saint Benoît. Dans le territoire, seule la vallée du Conca conserve encore quelques traces des nombreuses abbayes bénédictines qui y avaient été construites au Moyen Age et auxquelles l’on doit une première bonification ainsi qu’un premier aménagement de la vallée. De la plus ancienne, dédiée à saint Grégoire et fondée par San Pier Damiani vers 1060, il ne reste que de nobles ruines, aujourd’hui presque suffoquées par de modernes constructions, à la périphérie de Morciano. Ce pays, qui était le siège d’un gros marché pour toute la vallée, doit probablement son origine à la protection de l’abbaye; il s’y tient encore une importante foire pendant la semaine de la Saint-Grégoire (12 mars). Parmi les églises d’origine monastique subsistant dans la vallée, il faut signaler l’église paroissiale de San Giovanni in Marignano, dédiée à saint Pierre, qui était autrefois des Bénédictins noirs (de l’ordre du Mont Cassin) et dépendait du monastère de San Vitale de Ravenne. Elle présente aujourd’hui des formes du XVIIIe siècle et conserve de belles oeuvres d’art; elle a toutefois perdu toute caractérisation monastique et tout souvenir bénédictin, exception faite pour le retable du second autel de gauche représentant les Saints Benoît et Maur, peint par Gian Andrea Lazzarini en 1753. Les campagnes de Napoléon ont entraîné la suppression, à la fin du XVIII e siècle, de toutes les communautés religieuses de la Romagne: aucun des nombreux monastères bénédictins du territoire de Rimini n’a été reconstruit sous la Restauration, leurs édifices ayant d’ailleurs été rapidement démolis ou radicalement transformés, et leurs objets vendus ou détruits. De nombreux autres ordres, précédemment florissants et fréquents, ne retournèrent également jamais plus dans ce territoire.




Itinéraire 3 > Les couvents

Rimini Eglise Sant’Agostino via Cairoli, 14 tél. 0541 781268 • ouverture: hiver 9h-12h/ 15h30-17h30; été 9h-12h/ 15h30-18h

Verucchio Eglise Sant’Agostino via Sant’Agostino

En haut, l’église Saint-Jeanl’Evangéliste (dite Sant’Agostino) à Rimini. En bas, à gauche, détail d’une fresque du XIVe siècle dans l’abside de Sant’Agostino à Rimini; à droite, détail d’une autre fresque du XIVe siècle représentant le Jugement dernier et provenant de l’église Sant’Agostino de Rimini, conservée au Musée de la Ville. 15

Parmi les ordres ayant existé à Rimini jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, il faut mentionner celui des Augustins; ces religieux y étaient présents depuis la moitié du XIIIe siècle et possédaient une grande église dans le centre de la ville, à côté de laquelle ils avaient à peine entrepris la construction d’un imposant couvent à l’époque à laquelle l’armée napoléonienne envahit les légations et le gouvernement italien fit supprimer ces communautés. L’église, dédiée à saint Jean l’Evangéliste, est connue sous le nom d’église Sant’Agostino. C’est l’une des plus grandes de la ville; l’abside et la chapelle du campanile conservent les principaux et meilleurs témoignages de l’”école” de peinture de Rimini, cette dernière constituant l’un des mouvements artistiques les plus importants du XIVe siècle de l’Italie du Nord, avec, pour initiateurs, le miniaturiste Neri et les peintres Giuliano et Giovanni da Rimini. Il s’agit de fresques dédiées à la Vie de la Vierge et à la Vie de saint Jean l’Evangéliste, et, en outre, sur la paroi du fond de l’abside, aux représentations du Christ et de la Vierge en Majestés. Les mêmes peintres sont les auteurs d’un Crucifix peint sur bois, sur la paroi droite de la nef, et d’une scène grandiose représentant le Jugement Dernier qui se trouvait sur l’arc triomphal et qui est à présent conservée dans le Musée de la Ville. L’église a subi de nombreux remaniements au cours des XVIIe et XVIIIe siècles et présente actuellement un aspect baroque. Outre de nombreux retables du XVIIIe siècle, elle conserve des statues en stuc de Carlo Sarti (env. 1750), un beau plafond plat de Ferdinando Bibiena décoré de peintures de Vittorio Bigari (1722), et surtout, dans le premier autel de droite, une belle statue en bois du XIIIe siècle représentant Jésus descendu de la croix (qui devait initialement faire partie d’un Calvaire) et provenant de l’ancienne cathédrale Santa Colomba. Le territoire conserve une autre structure augustinienne, représentée par le monastère et l’église de Verucchio, ceux-ci ayant été construits dans une magnifique position panoramique, à l’extrémité du rocher sur lequel se dresse le pays. Le couvent, qui est à présent une propriété municipale, est caractérisé par une structure architecturale nette et simple, récemment restaurée pour accueillir l’important musée de la civilisation villanovienne de Verucchio; l’église adjacente (en attente d’être restaurée) est plaisante pour ses stucs baroques et pour ses retables dorés originaux qui présentent de belles peintures des XVIIe et XVIIIe siècles. Les Dominicains possédaient également à Rimini depuis le XIIIe siècle un couvent important flanqué d’une grande église dédiée à San Cataldo, aujourd’hui complètement détruite. C’est de l’une de ses chapelles que provient le beau tableau malatestien de Ghirlandaio


conservé dans le Musée de la Ville et représentant les Saints Vincent Ferreri, Sébastien et Roch vénérés par Pandolfo IV Malatesta avec sa famille (1494). Les Dominicains de Rimini possédaient la modeste et solitaire église paroissiale de Valliano (Santa Maria del Soccorso), cachée dans les replis d’une petite vallée ensoleillée entre Coriano et Montescudo. Son abside est décorée de quelques fresques de l’époque de la Renaissance, représentant des Vierges à l’Enfant, des saints et des docteurs de l’Eglise, exécutées dans la dernière décennie du XVe siècle par un artiste toscan dont le langage aux riches inflexions populaires est agréable et des plus accessible. A côté de l’abside, deux fresques votives, d’un autre auteur, représentent Saint Antoine et le Mariage mystique de sainte Catherine.

En haut, l’église augustinienne de Verucchio. En bas, fresques de la fin du XVe siècle représentant les docteurs de l’Eglise dans l’église de Valliano. 16




Itinéraire 4 > Sur les traces de saint François

Villa Verucchio Couvent franciscain et église Santa Croce via del Convento, 150 tél. 0541 678417 • ouverture: 7h-12h/15h-18h

En haut, le cloître du couvent franciscain de Villa Verucchio, avec le cyprès de saint François. En bas, Crucifixion, fresque de l’école de Rimini du XIVe siècle dans l’église franciscaine Santa Croce, également à Villa Verucchio. 19

Plus profondément enraciné dans la société locale et plus conforme à la mentalité et à l’esprit dévotionnel populaires, le mouvement franciscain a réussi à conserver, ou à reconquérir, une bonne partie des couvents qu’il possédait avant les suppressions. Par ailleurs, le message franciscain a dans cette zone des racines qui remontent à la présence de saint François lui-même: selon la tradition, le saint aurait en effet traversé ces lieux en mai 1213, descendant la vallée du Marecchia après avoir reçu à San Leo, de la part de messire Orlando de’ Cattanei da Chiusi, la donation du mont de la Verna. Sur la route qui le conduisait à Rimini, il se serait arrêté dans une forêt au pied du col de Verucchio et aurait accompli quelques miracles à l’endroit où se dressait un petit ermitage dédié à la Sainte Croix; il aurait ainsi ordonné aux moineaux de ne pas déranger son recueillement par leur chant, il aurait fait jaillir une source d’eau salutaire et aurait planté et fait reverdir son sec bourdon de cyprès. Bien vite, le petit ermitage fut transformé en couvent et il y fut également construit une église dédiée à la Sainte Croix, église qui existe encore à Villa Verucchio (il s’agit de la plus ancienne fondation de la Province franciscaine de Bologne). Elle se dresse dans un lieu isolé, peuplé d’oliviers et de cyprès, qui est encore particulièrement suggestif; les eaux curatives qui jaillissent à proximité rappellent le miracle de la source, alors que le cloître du couvent abrite encore le cyprès planté par saint François: un colossal “monument végétal” très rare auquel les botanistes, confirmant la légende séraphique, attribuent l’âge d’au moins sept cents ans. Outre ce cyprès (qui mesure actuellement 25 m - la cime de l’arbre étant tombée le 6 décembre 1980 - et présente un tronc d’une circonférence maximale de 7,37 m), on peut voir dans le couvent le lieu où, selon la tradition, se dressait la cabane de saint François. Mais l’on ne peut en sortir sans avoir admiré l’église au beau portail du XIVe siècle, son vaste intérieur néoclassique et son choeur Renaissance, splendide pour sa marqueterie raffinée; entre les arcs du XIXe siècle, le mur de gauche est décoré par une fresque aux couleurs claires, peuplée de nombreuses figures: peinte dans la première moitié du XIVe siècle par un brillant artiste de l’“école de Rimini”, elle représente la Crucifixion. Poursuivant sa route vers Rimini, le saint se serait arrêté pour dormir après quelques milles: ce lieu est lui aussi très bien indiqué à Vergiano; on peut facilement le localiser grâce à deux rangées de cyprès qui bordent un court sentier reliant la route à une ferme, dont la façade, à proximité d’une pièce ancienne, est décorée d’éléments pseudo-médiévaux. Ce modeste décor franciscain, plaisant et pittoresque, remonte en effet à 1925.


Santarcangelo di Romagna Collégiale piazza Balacchi, 7 tél. 0541 626109 • ouverture: 7h30-12h/15h19h Rimini Temple de Malatesta via IV Novembre, 35 tél. 0541 51130 (sacristie) 0541 439098 (secrétariat diocésain) www.diocesi.rimini.it diocesi@diocesi.rimini.it C’est la cathédrale du diocèse de Rimini. • ouverture: ouvrables 8h30-12h30/15h30-19h; fériés 9h-13h/15h30-19h

En haut, Jacobello di Bonomo, polyptyque de 1385 provenant de l’église SaintFrançois aujourd’hui détruite, conservé dans la collégiale de Santarcangelo. En bas, la façade du Temple de Malatesta de Rimini (1450), œuvre de Leon Battista Alberti. 20

Le territoire de Rimini accueille, entre Verucchio, Rimini, Santarcangelo, Montefiore et Cattolica, les trois ordres de Franciscains (conventuels, mineurs et capucins); naturellement, chacun de leur couvent est flanqué d’une église, intéressante pour son architecture et ses objets sacrés. Parmi les églises franciscaines détruites, il faut au moins rappeler celle des frères conventuels de Santarcangelo, qui était très imposante et riche en oeuvres d’art; c’est de cette église que provient le somptueux polyptyque placé actuellement dans l’abside de la collégiale de Santarcangelo, une oeuvre célèbre du vénitien Jacobello di Bonomo (1385): son encadrement gothique finement travaillé renferme seize volets sur lesquels sont représentés, sur fond doré, la Crucifixion et la Vierge à l’Enfant parmi de nombreuses figures de saints. Nombre de mémoires franciscaines de Rimini concernent saint Antoine de Padoue, qui y aurait accompli le miracle des poissons et celui de la mule, pour confondre et convertir les Patarins. En souvenir de ce dernier miracle, un petit temple, le temple de Saint-Antoine, a été construit sur la place principale de la ville, l’actuelle piazza Tre Martiri. Mais l’édifice franciscain le plus célèbre est certainement le Temple des Malatesta, celui-ci ayant été exclusivement dédié à saint François avant de devenir cathédrale, à une époque assez récente, sur la volonté de Napoléon (1809). Construit au cours du XIIIe siècle, il accueillit bien vite les tombes des personnages les plus illustres de la famille Malatesta, famille qui nourrit une grande dévotion pour saint François et fut très favorable à l’activité pacificatrice des Franciscains. A la fin du XIIIe siècle ou au début du siècle successif, Giotto y peint l’abside à fresque, sur commission des Malatesta (selon Vasari); mais des travaux du grand peintre toscan, il ne subsiste que le grand tableau sur bois d’un Crucifix, mutilé des extrémités. En 1447, Sigismondo Malatesta commença à y faire construire deux chapelles funéraires privées, pour lui et pour sa maîtresse (qu’il épousera) Isotta degli Atti; en 1448, il fit le voeu de le transformer complètement, et en 1450 ou peu après, il commença les travaux, suivant un projet de Leon Battista Alberti pour l’extérieur, mais maintenant le style gothique traditionnel des deux premières chapelles pour l’intérieur, celui-ci ayant été confié à Matteo de’ Pasti et à Agostino du Duccio. L’édifice, qui devait être surmonté d’une grande rotonde à coupole, resta inachevé après l’excommunication (1461), la défaite (1463) et la mort même de Sigismondo (1468). L’abside actuelle est le fruit des travaux de complètement du XVIIIe siècle et des restructurations de l’après-guerre (les bombardements ont en effet durement touché le temple, détrui-




De haut en bas et de gauche à droite. Détails de l’intérieur du Temple de Malatesta: le sarcophage des ancêtres, un pilier avec des éléphants, un bas-relief de Agostino di Duccio, le portrait de Sigismond de Piero della Francesca (1451), les Stigmates de saint François de Giorgio Vasari (1548), le Crucifix de Giotto (1300 env.) dans l’abside. 23

sant l’abside, le toit et les sacristies et endommageant le parement extérieur en pierre). Malgré sa structure inachevée, c’est l’un des monuments les plus célèbres et les plus importants du début de la Renaissance, tant pour son architecture extérieure, s’inspirant de l’antiquité, que pour son riche intérieur orné de splendides sculptures de Agostino di Duccio. A l’instar des antiques monuments romains, il est revêtu de pierres blanches. La façade solennelle, formée de trois arcs flanqués de demi-colonnes, reflète une étude attentive de l’arc romain de Rimini. Les côtés, extraordinairement sévères et d’une simplicité harmonieuse, se composent d’une série de piliers et d’arcs sous lesquels auraient dû être placés les tombeaux des personnalités les plus illustres de la cour (mais ce projet ne fut que partiellement réalisé sur le côté droit). L’on peut remarquer, entre les piliers et le mur du temple, un certain espace vide ainsi qu’une certaine indifférence quant à la correspondance des ouvertures: une indifférence, en ce cas et dans d’autres, dont se plaignait Pasti, auquel Alberti écrivait en 1454: “en ce qui concerne les piliers dans mon modèle, rappelle-toi que je te dis alors que cette façade devait être une oeuvre en ellemême, car les largeurs et les hauteurs de ces chapelles me contrarient... Il faut laisser ce qui a été fait et ne pas modifier ce qui devra être fait. Tu vois bien pourquoi les dimensions et les proportions ont ainsi été faites: ce que tu changes ne s’accorde plus avec cette “musique””. Ces phrases confirment la clarté de vision des problèmes architectoniques d’Alberti et sa conception de l’architecture comme une harmonie logique. D’autres passages de cette même lettre contiennent des déclarations explicites de sa foi dans la raison et dans l’exemplarité de l’architecture classique. Tout l’édifice se dresse sur un soubassement couronné d’une bande sur laquelle figurent de nombreux éléments héraldiques malatestiens, éléments qui sont aussi largement reproduits à l’intérieur: du véritable écusson de la famille, avec ses bandes à carreaux, à celui portant les initiales personnelles de Sigismondo (S et I), aux armoiries représentant une rose quadripétale et un éléphant. A l’intérieur, l’éléphant est également utilisé pour soutenir les piliers et les sarcophages, pour couronner les écussons traditionnels, pour former le siège de la statue de saint Sigismond: animal symbolique aux nombreuses significations, ce fut l’un des préférés de Sigismondo et de son frère Malatesta Novello, qui lui ajouta la devise: “L’éléphant indien ne craint pas les moustiques”. Leon Battista Alberti fournit probablement de nombreux conseils pour la décoration intérieure de l’édifice, celui-ci étant


dépourvu de tout cycle de fresque, conformément à sa conception décorative. Cette conception, qui est toutefois de goût nettement gothique, est explicitement exprimée dans le traité d’architecture qu’il composait à la même époque. Les chapelles malatestiennes sont protégées par de hautes balustrades et sont caractérisées par des piliers en marbre; la première à gauche abrite le tombeau “des Ancêtres et des Descendants”; la seconde à droite est celle d’Isotta; le sépulcre de Sigismondo se trouve dans la tombe à côté de la porte, à droite en entrant. Les chapelles les plus admirées sont celles dites des Planètes (ou du Zodiaque) et des Arts Libéraux (ou des Muses), initialement dédiées aux pères Girolamo et Augustin. A l’intérieur de la Cellule des Reliques, entre la première et la seconde chapelle de droite, se trouvait la célèbre fresque représentant Sigismondo agenouillé devant saint Sigismond, signée par Piero della Francesca et datée de 1451, fresque actuellement placée dans la chapelle de droite, près du maître-autel. Parmi les oeuvres postérieures à la phase malatestienne, il faut signaler dans la dernière chapelle de gauche un grand tableau, particulièrement remarquable, sur lequel Giorgio Vasari représenta Saint François recevant les stigmates (1548); il était initialement placé audessus du maître-autel, à l’endroit où se trouve à présent le Crucifix de Giotto.

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Itinéraire 5 > Les églises de la Sainte Vierge

Rimini Sanctuaire de la Madonna delle Grazie via delle Grazie, 10 tél. 0541 751061 • ouverture: 7h-12h30/16h18h30 Montefiore Conca Sanctuaire de la Madonna di Bonora via Santuario, 116 tél. 0541 980053 • ouverture: 8h-19h

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Nombreuses sont les églises franciscaines dédiées à la Sainte Vierge; franciscain est également le sanctuaire marial le plus ancien du diocèse et du territoire de Rimini. Il s’agit de l’église de la Madonna delle Grazie, qui se dresse à proximité de Rimini, sur le col de Covignano. Comme pour de nombreux autres cas, ses origines sont entourées de faits miraculeux et légendaires. En 1286, un petit berger qui surveillait son troupeau sur ce col, grava une Vierge dans le tronc d’un arbre, dont le visage fut cependant achevé par les anges, qui durent ainsi suppléer à l’inexpérience de l’artiste-berger improvisé. Le simulacre ainsi prodigieusement terminé gagna Venise par la mer, où il est encore vénéré dans l’église San Marziale comme “Vierge de Rimini”. Sur le col de Covignano, à l’endroit ou eut lieu le miracle, une chapelle et une église (1391) furent construites; cette dernière, portant le nom de Madonna delle Grazie, fut agrandie (ou mieux “doublée”) au XVIe siècle. Le maître-autel est surmonté d’une belle Annonciation exécutée par le peintre ombrien Ottaviano Nelli au début du XVe siècle (longtemps attribuée à Giotto). Le sanctuaire et le couvent ont été gravement endommagés pendant la dernière guerre, mais le petit cloître, bien que reconstruit, a gardé la pureté et la chaleur de toutes les simples architectures franciscaines; la nef gauche de l’église - coiffée d’un beau plafond en carène de style vénitien - conserve de remarquables oeuvres d’art et une série de petites tablettes votives. Sous le porche du XVIIe siècle, la façade, qui remonte à la construction primitive, offre un beau portail gothique flanqué de fragments de fresques représentant l’Annonciation, oeuvre attribuable à Ottaviano Nelli. Le sanctuaire de Notre Dame de Montefiore, le plus célèbre de la vallée du Conca, a lui aussi été confié aux franciscains pendant plus de deux siècles. Ses origines remontent au début du XVe siècle, lorsqu’un certain Bonora Ondidei fit peindre à fresque une image de la Vierge allaitant Jésus sur un mur de la cellule qu’il s’était construite dans les bois. De cette petite construction, que l’ermite laissa aux Franciscains en 1409, il subsiste le mur portant l’image sacrée, encore dénommée Madonna di Bonora. Le sanctuaire est né progressivement autour de cette image, solennellement sacrée en 1926; mais il a été restauré et radicalement transformé dans les premières décennies du XXe siècle. Dans la vallée du Conca, traversée par une route qu’empruntaient les pèlerins pour se rendre à Loreto, les églises dédiées à la Sainte Vierge sont nombreuses; il s’agit souvent de constructions modestes, mais qui révèlent toutefois la grande diffusion du culte marial dans cette zone. Toujours à Montefiore, la petite



Montegridolfo Eglise San Rocco via Borgo tél. 0541 855059 • ouverture: 8h-12h/14h-18h

En haut, détail de l’Annonciation de Ottaviano Nelli, dans l’abside de l’église de la Madonna delle Grazie du col de Covignano de Rimini. En bas, à gauche, détail d’une fresque du XVe siècle dans l’église de l’Hôpital à Montefiore; à droite, retable de Guido Cagnacci (1620 env.) dans l’église San Rocco de Montegridolfo. 27

église de l’hôpital construit au XVe siècle à la périphérie de la localité est elle aussi dédiée à la Sainte Vierge, invoquée sous le nom “de la Miséricorde”: elle conserve de nombreux fragments de fresques qui revêtent tous les murs de la nef et de l’abside et qui représentent le Jugement dernier, la Résurrection des morts, l’Enfer et le Paradis, les quatre Evangélistes; elles ont été exécutées vers 1475-80 par un brillant peintre provenant de Urbin. Un retable de 1485 placé dans l’abside dominait le petit intérieur, représentant la Madonna della Misericordia ainsi que les patrons du pays; probablement peint par l’artiste qui avait également effectué les fresques, il a été attribué à Giovanni Santi, puis, plus récemment, à Bartolomeo di Gentile et enfin à Bernardino Dolci; depuis l’après-guerre, il se trouve sur le maître-autel de l’église paroissiale, celle-ci conservant surtout de son originale structure gothique un splendide portail en pierre, d’anciens objets sacrés et un grand Crucifix peint sur bois, oeuvre d’un peintre inconnu de Rimini du XIVe siècle. Sur les collines de la partie méridionale du territoire de Rimini, mais de l’autre côté de la vallée du Conca et à proximité du Foglia et de la frontière avec les Marches, Montegridolfo offre de nombreux motifs d’intérêt liés au culte marial. Là aussi, nous trouvons à la périphérie du village une petite église dont la position et la dédicace (saint Roch) témoignent de sa construction près d’un hôpital pour pèlerins. Dans la seconde moitié du XV e siècle, un peintre des Marches peignit à fresque dans son abside une Vierge à l’Enfant entre les saints Roch et Sébastien; un siècle après, les fidèles voulurent refaire complètement l’image: celle-ci fut ainsi repeinte à fresque sur la précédente par un peintre de l’école d’Ombrie et des Marches, qui n’en modifia pas l’iconographie mais lui donna une dimension et des formes conformes aux canons du classicisme du XVIe siècle. La même opération se répéta une troisième fois un siècle plus tard et l’image reçut alors, de la main de Guido Cagnacci, les formes adaptées au pathétique esprit dévotionnel du XVIIe siècle; l’artiste la peignit sur toile en lui ajoutant un autre saint (saint Hyacinthe) et en en modifiant sensiblement les rapports entre les figures. Une délicate opération de détachement a permis de récupérer récemment les fresques qui ont ensuite été restaurées et mises en valeur: les trois oeuvres sont à présent exposées dans la petite église, et, outre à se présenter dans toute leur harmonieuse beauté, elles nous invitent à méditer sur la persistance du culte, sur la fonction des images, sur les subtiles variations de l’iconographie liée à la dévotion et sur les changements de goût et de style. Toujours à Montegridolfo, dans la localité de Trebbio, se dresse


Trebbio di Montegridolfo Sanctuaire de la Beata Vergine delle Grazie via B.V. delle Grazie, 13 tél. 0541 855037 • ouverture: 9h-18h Rimini Eglise de la Madonna della Colonnella via Flaminia tél. 0541 384545 • ouverture: 8h-12h/16h-18h

En haut, détail du retable de Pompeo Morganti (1549) dans l’église de la Beata Vergine delle Grazie de Montegridolfo. En bas, intérieur et détail de l’église Santa Maria della Colonnella du XVIe siècle, à Rimini. 28

un sanctuaire marial dédié à la Beata Vergine delle Grazie. Ses origines sont liées à l’apparition de la Sainte Vierge à Lucantonio di Filippo, le 25 juin 1548, et à Antonia Ondidei, le 7 juillet de la même année; quelques mois plus tard, une bulle de Paul III autorisait la construction d’une chapelle, qui fut plus tard reconstruite et agrandie grâce à la contribution de nombreux fidèles. Il ne reste que peu de traces de la construction primitive, mais sur le maître-autel existe encore le tableau exécuté en 1549 par un peintre de Fano, Pompeo Morganti, qui se basa sur les témoignages des deux voyants: il représente l’apparition de la Vierge à Antonia, ancienne dame de soixante ans, et, à l’arrière-plan (occupé par une reproduction fidèle de Montegridolfo et du paysage rural environnant), la rencontre miraculeuse entre Lucantonio et “la plus belle et plus grande femme que j’ai jamais vue”. Le sanctuaire marial de Montegridolfo n’est pas le seul à avoir été construit dans le territoire de Rimini au XVIe siècle consécutivement à un événement miraculeux. En effet, d’autres édifices de ce genre furent également édifiés à Fiumicino, dans la commune de Savignano (1524, reconstruit et agrandi en 1729 et après la guerre), à Casale di San Vito, dans la commune de Santarcangelo (1593, agrandi en 1603, complètement détruit par la guerre et reconstruit sous une forme moderne), et à la Colonnella, sur la via Flaminia, à un mille de Rimini. L’église de la Madonna della Colonnella est chronologiquement le premier des sanctuaires marials du XVIe siècle; elle a en effet été construite par la Commune vers 1510 en l’honneur d’une image de la Vierge à l’Enfant (1483) peinte dans une petite chapelle sur le bord de la route et devenue célèbre en 1506 pour avoir sauvé de la pendaison un pèlerin injustement accusé de meurtre. L’édifice, gravement endommagé pendant la guerre, a été parfaitement restauré. L’harmonie de sa structure architecturale jointe à la richesse sobre de ses décorations, constituées par des pilastres et des corniches en terre cuite finement ornés de grotesques, font de lui un véritable chefd’oeuvre de la Renaissance. Le ravennate Bernardino Gueritti, auteur de ces ornements, est également le constructeur de cet édifice singulièrement semblable à plusieurs architectures importantes de la zone de Forlì, conçues par Marco Palmezzano ou reproduisant l’art harmonieux et riche en décorations de cet artiste auquel peut être rapportée la création architecturale de l’ensemble de la Colonnella. Le centre historique de Rimini abrite également un autre sanctuaire marial important dédié à la Vierge sous le nom “de la Miséricorde”. C’est l’un des plus récents, celui-ci ayant été construit



Rimini Sanctuaire Santa Chiara via Santa Chiara, 28 tél. 0541 785560 • ouverture: 12h-16h

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consécutivement au prodigieux mouvement des yeux d’une image de la Vierge, observé pour la première fois le 11 mai 1850. L’église, connue sous le nom de “Santa Chiara”, présente un style éclectique dû à l’architecte de Rimini Giovanni Benedettini; l’image miraculeuse, placée au centre de l’abside et exécutée par le peintre Giuseppe Soleri Brancaleoni, est une copie d’une autre image miraculeuse pour un prodige identique s’étant manifesté un demi-siècle plus tôt conservée par la confrérie de San Girolamo dans l’oratoire de San Giovannino.


Itinéraire 6 > Les petites cathédrales

Rimini Eglise des Servites (dite dei Servi) corso d’Augusto, 200 tél. 0541 27930 • ouverture: 8h30-11h30/ 15h30-17h30

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La période baroque a laissé de nombreuses traces dans l’art religieux de ce territoire. Alors qu’au XVIIe siècle la plupart des retables furent refaits pour de sincères nécessités de dévotion et d’adhésion aux prescriptions de la contre-réforme, au XVIIIe siècle, de nombreux édifices de culte furent entièrement transformés ou refaits dans des formes souvent grandioses et traduisant une attention toute particulière pour la décoration et l’élégance. La peinture sacrée entre le XVIIe et le XVIIIe siècle passe des forts accents naturalistes de Cagnacci et de Centino, peintres de la première moitié du XVIIe siècle exerçant leur art tant en ville que sur le territoire, aux compositions pieuses imitant les classiques du Guerchin et des peintres bolonais et aux archaïsantes académies baroques de Giovan Battista Costa (un peintre local très actif en tout lieu jusqu’en 1767); mais elle est également riche en chefsd’oeuvre importés de Rome, de Venise et de Urbin. Quant à l’architecture, elle évite les excès du baroque le plus fantaisiste et le plus fastueux et adopte une ligne romano-bolonaise, empreinte de quelques traits rationalistes dans la seconde moitié du XVIIIe siècle; son histoire se concentre toutefois essentiellement sur le XVIIIe siècle. C’est en effet au XVIIIe siècle que les principales églises du territoire et de la ville furent refaites. Rimini vit la construction de l’église des Jésuites et la reconstruction ou la profonde modification de ses églises principales, dont celles des Augustins, des Carmes et des Servites, qui furent également dotées de nouveaux retables et de stucs. L’église des Servites, reconstruite d’après un dessin de l’architecte bolonais Gaetano Stegani, fut enrichie, entre 1777 et 1779, de magnifiques stucs rococo réalisés par le modeleur Antonio Trentanove et dorés en 1887; elle conserve des tableaux de Francesco Albani (1621), Lucio Massari (1620), Ubaldo Gandolfi (1779) et Giovan Battista Costa (1440). L’ensemble du territoire regorge d’oratoires, aux formes modestes mais raffinées, et de paroisses rurales extérieurement pauvres mais recélant des stucs et des tableaux précieux. L’oratoire dit “de l’école”, à San Giovanni in Marignano, l’église paroissiale de Mondaino et celle de San Vito, l’église des religieuses de Santarcangelo et celle du Suffrage de Verucchio sont par exemple des édifices délicieux et des monuments d’un grand intérêt artistique pour leur architecture et pour les oeuvres d’art qu’ils renferment. Mais la liste en serait bien trop longue, pour ne pas dire inutile. Il nous faut plutôt signaler la tentative, effectuée dans les principaux centres du diocèse au XVIIIe siècle, de valoriser et de rationaliser l’exercice du culte et la vie du clergé, unifiant et réduisant le nombre des édifices sacrés par la création d’églises collégiales. A Savignano,



Santarcangelo di Romagna Collégiale piazza Balacchi, 7 tél. 0541 626109 • ouverture: 7h30-12h/15h19h Verucchio Collégiale via San Martino tél. 0541 670197 • ouverture: 7h30-12h/15h19h

En haut, intérieur de l’église dei Servi du XVIIIe siècle de Rimini, œuvre de Gaetano Stegani. En bas, détail de l’église dite de l’Ecole, à San Giovanni in Marignano. 33

la Collégiale fut constituée en 1732, à Santarcangelo en 1744, à Verucchio en 1796, cette dernière, pour une série de retards et d’hésitations, n’ayant toutefois été construite qu’entre 1865 et 1874. Ces églises furent pratiquement conçues commes des cathédrales, non pas pour la présence constante du choeur pour les chanoines mais pour leurs remarquables dimensions et leurs formes recherchées. La Collégiale de Santarcangelo est l’un des édifices du XVIIIe siècle les plus importants de tout le territoire de Rimini; construite entre 1744 et 1758 par Giovan Francesco Buonamici, architecte “public” et auteur de la cathédrale de Ravenne, elle offre un intérieur grandiose et raffiné, qui rappelle avec sobriété des formes romaines et bolonaises. La vaste cuvette de son abside conserve un beau retable représentant les saints patrons du pays, oeuvre de Giovan Gioseffo Dal Sole; les sombres chapelles latérales et les autels des diverses confréries, aux devants en stuc polychrome du XVIIIe siècle, conservent des retables de grande beauté (à remarquer, entre autre, celui du second autel de gauche, exécuté pour la confrérie des menuisiers et des forgerons par Guido Cagnacci en 1635: il représente saint Joseph, Jésus et saint Eligio). La grande chapelle de droite renferme par contre un Crucifix, peint sur bois par un peintre inconnu de Rimini dans le second quart du XIVe siècle, provenant de l’église paroissiale. L’extérieur de cette église est également remarquable pour sa stéréométrie sévère et calibrée. Plus recherchée et plus maniérée, bien que toujours aussi imposante et solennelle, la collégiale de Verucchio a été construite très tard pour toute une série de circonstances adverses (dont l’occupation napoléonienne et le Risorgimento, avec les multiples suppressions et les séquelles correspondantes au niveau des rancunes et des difficultés dans la récupération des biens patrimoniaux indispensables pour la construction). Le projet de cette église est de Antonio Tondini, artiste érudit et brillant de Verucchio aux goûts éclectiques et architecte semi-amateur (le projet fut en fait signé en 1863 par l’architecte de Rimini Giovanni Morolli, le premier ne possédant pas de “permis”). La structure intérieure, aux motifs baroques et Renaissance, était initialement toute bleue et blanche et ornée de décorations dorées; elle présentait alors un style nettement plus néoclassique, voire “empire”, que maintenant; les modernes peintures ont fini par en altérer également la spatialité, celle-ci étant précédemment exaltée par les froids reflets de la lumière sur les enduits colorés et sur les moulures découpées. La collégiale renferme plusieurs retables et objets sacrés provenant d’autres églises de Verucchio; il



Saludecio Eglise San Biagio piazza Beato Amato tél. 0541 982100 • ouverture: 8h-12h/15h-18h

En haut, Guido Cagnacci, Saint Joseph, Jésus et saint Eligio (1635) dans la collégiale de Santarcangelo. En bas, à gauche, intérieur de la collégiale de Verucchio; à droite, Giovan Francesco Nagli dit le Centino, la Charité de saint Martin (1650), retable du maître-autel de la collégiale de Verucchio. 35

faut remarquer, entre autre, la splendide toile du maître-autel représentant saint Martin donnant son manteau au pauvre de Giovan Francesco Nagli, dit le Centino (approx. 1650). Mais les véritables chefs-d’oeuvre de cette église sont deux Crucifix peints sur bois: le premier, placé dans le presbytère, est d’un artiste inconnu de Rimini de la première moitié du XIVe siècle (dénommé “Maître de Verucchio”); le second est une oeuvre vénitienne de Catarino (pour la charpente en bois) et de Nicolò di Pietro (pour la partie picturale); les signatures de Catarino et de Nicolò, portant la date de 1404, figurent à la base de la croix. La Collégiale de Verucchio semble avoir été conçue comme une sorte de “cathédrale” de la moyenne vallée du Marecchia. La vallée du Conca possède elle aussi une église pouvant être considérée comme la “cathédrale” du site: il s’agit de l’église paroissiale de Saludecio, dédiée à saint Blaise. Elle a été réalisée entre 1794 et 1802 (des années particulièrement difficiles de grave crise économique et politique) grâce au courage et à la constance d’un illustre curé local, don Antonio Fronzoni, ainsi qu’à l’enthousiasme suscité par la béatification officielle (1776) de Amato Ronconi, vénéré dès le XIVe siècle comme patron du village. Cette église, proclamée “sanctuaire” en 1930, présente des formes élégantes et harmonieuses, fruit d’une réélaboration et d’une rationalisation savantes de schémas centralisés de style baroque. Chef-d’oeuvre de Giuseppe Achilli, architecte de Cesena, elle s’affirme sans doute comme le chefd’oeuvre de toute l’architecture du XVIIIe siècle finissant du territoire de Rimini. Les stucs de l’église, distribués avec une grande sobriété pour enrichir la structure architecturale, sont de Antonio Trentanove, un modeleur de Rimini, alors que les tableaux ont été exécutés par de brillants artistes de la Romagne et des Marches des XVIIe et XVIIIe siècles. A remarquer en particulier, deux splendides retables de Guido Cagnacci représentant Le Pape saint Sixte et La procession du SaintSacrement (1628). La sacristie conserve une riche collection d’ornements sacerdotaux, d’objets sacrés, de tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles provenant d’églises et d’oratoires locaux ayant été supprimés à la fin du XVIIIe siècle et divers témoignages concernant le culte du Bienheureux Aimé.



Approfondissements > Les saints locaux

Le procès de canonisation du Bienheureux Aimé est actuellement en cours; mais ce n’est pas le seul bienheureux du territoire, car ici, chaque pays en a un, plus ou moins ancien et vénéré, plus ou moins officiellement reconnu par l’Eglise: il faut rappeler, entre autre, les bienheureux Giovanni Gueruli, Gregorio Celli et Bionda da Verucchio (de Verucchio), le bienheureux Alessio Monaldi (de Riccione), le bienheureux Simone Balacchi (de Santarcangelo), le bienheureux Cipriano Mosconi (de Saludecio) et le bienheureux Enrico Ungaro (de Passano di Coriano). De petites ou de grandes chapelles, ou les simples autels des églises paroissiales des localités respectives, en conservent les reliques et en rappellent la vie et les prodiges. Leur culte, dont l’extension territoriale est très limitée, est souvent entouré de légendes ingénues et de récits populaires riches en miracles dans lesquels s’entremêlent foi, poésie et fantaisie. Il en est de même pour les anciens saints de la ville, comme Arduino et Chiara da Rimini, et pour les plus anciens patrons, les saints Innocente, Gaudence et Julien. Les temps modernes ont également fourni des hommes d’une vie édifiante, dont les exemples de sainteté sont par contre très connus et bien attestés: parmi eux, on distingue le frère Pio Campidelli et la soeur Elisabetta Renzi; sont également en cours de béatification les vénérables Alberto Marvelli et Carla Ronci, tous deux laïques, et les soeurs Angela Molari, Faustina Zavagli et Bruna Pellesi.

En haut, intérieur de l’église paroissiale San Biagio de Saludecio, œuvre de Giuseppe Achilli. En bas, Guido Cagnacci, détail du tableau représentant la Procession du SaintSacrement (1628), dans le musée de Saludecio. 37


Approfondissements > Art et mémoire

Ce petit ouvrage veut être une simple invitation à découvrir Rimini et son territoire suivant les traces d’une religiosité qui a laissé, dans tous les édifices de culte, de remarquables et précieux témoignages. Le thème choisi pour le parcours établi n’est pas uniquement un prétexte extérieur ou occasionnel, mais permet d’embrasser l’histoire, l’art et la culture. L’on pourra bien sûr, à l’intérieur de ce même thème, effectuer des distinctions et élucider des préférences, surtout en ce qui concerne les sujets artistiques. Quoi qu’il en soit, pour pouvoir lier dans un discours historique d’une certaine largeur de vues des éléments en eux-mêmes fragmentaires, il faudra avoir soin de compléter ces derniers par les riches collections du Musée de la Ville de Rimini, celui-ci conservant des oeuvres dont la quasi-totalité provient du territoire et se rattache au thème religieux. Nous suggèrerons ainsi brièvement deux thèmes conducteurs d’un certain intérêt artistique qui mériteraient d’être approfondis. Le premier est celui de la peinture de Rimini du XIVe siècle, qui constitue un phénomène de grande importance dans le cadre de la culture artistique italienne du Moyen Age; de remarquables oeuvres liées à cette “école” de peinture se trouvent à Villa Verucchio et à Verucchio, à Santarcangelo et à Montefiore, à Misano et à Rimini. Le deuxième thème est celui de la peinture de Rimini du XVIIe siècle, celle-ci ayant eu une certaine originalité et un rôle remarquable dans le cadre du naturalisme italien grâce à l’activité de Guido Cagnacci et de Giovan Francesco Nagli, dit le Centino. Leurs oeuvres sont conservées à Saludecio et à Montegridolfo, à Montefiore et à Santarcangelo, à San Vito et à Verucchio, à Rimini. Mais nous pourrons également nous intéresser, par exemple, à la recherche des reflets de la Renaissance élaborée dans les centres principaux, à Venise à Florence et à Rome, ou découvrir les importations et les influences des capitales de l’art baroque, comme Rome et Bologne. Dans tous les cas, il ne faudra pas oublier que tant en ville que sur tout le reste du territoire, sur la côte comme dans les premiers replis annonçant la proximité des Apennins ou dans la zone ouvrant sur la grande plaine du Pô, les églises “sont de gigantesques amas de travail et d’histoire du travail, des concentrations de piété individuelle et collective, des témoignages de dévotion mais aussi de grande qualité esthétique”, comme l’a écrit Andrea Emiliani soulignant “la très haute dignité culturelle et artistique” qui distingue les édifices du culte, si fréquents et si riches en souvenirs; ces édifices “incorporés 38


et enracinés dans l’”épaisseur” très vitale que les techniciens appellent territoire, mais que nous, nous devrions plutôt appeler ville et campagne, dyarchie si délicieusement italienne, opposition de pouvoirs et de fonctions...”. Prenant en considération cette “densité” de souvenirs et leur valeur pour la conservation et la valorisation de chaque identité culturelle spécifique, et dans le but de compléter et de développer les interventions de la direction générale des Beaux-Arts et du Diocèse, la Province de Rimini a financé toute une série de restaurations des oeuvres d’art présentes dans les églises du territoire, accordant une attention particulière aux plus petits centres.

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Bibliographie > Pour en savoir plus

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