Colori compositi
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Parcours archéologiques entre terre et mer
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Rimini antique
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Provincia di Rimini Assessorato alla Cultura Assessorato al Turismo
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edizione francese
Riviera di Rimini Travel Notes
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Provincia di Rimini Assessorato alla Cultura Assessorato al Turismo
Angela Fontemaggi Orietta Piolanti
Rimini antique Parcours archĂŠologiques entre terre et mer
Coordination: Valerio Lessi, Sonia Vico, Marino Campana, Francesca Sancisi Conception graphique: Relè/Tassinari Vetta Crédits photographiques: archives photographiques de la Division du Tourisme de la Province de Rimini archives photographiques des musées figurant dans cet ouvrage Fernando Casadei, Emilio Salvatori, Pierluigi Siena En couverture: Rimini, arc d’Auguste; Orphée (détail de la mosaïque de la domus du chirurgien) Mise en page et équipements: Litoincisa87, Rimini Licia Romani Traduction: Béatrice Provençal, Link-up, Rimini Imprimé en 2009 Nous remercions la Direction des Biens archéologiques de l’Emilie-Romagne
Sommaire
Présentation Angela Fontemaggi, Orietta Piolanti
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Les marques de l’histoire Angela Fontemaggi
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Sur les traces de l’homme primitif Les princes étrusques de la vallée du Marecchia Ariminum: la fondation Caput viarum Le territoire La ville d’Ariminum Les domus d’Ariminum
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Les itinéraires Orietta Piolanti
pag. 22
1. Sur les traces de l’homme primitif 2. Les marques du pouvoir: les princes étrusques de la vallée du Marecchia 3. Les marques du pouvoir: condottieri et empereurs romains dans l’histoire d’Ariminum 4. Caput viarum 5. Le site archéologique de la piazza Ferrari: une petite Pompéi au cœur de Rimini 6. De domus en domus 7. Ressources de la nature et travail de l’homme: une économie entre tradition et actualité
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pag. 57
Le Festival du Monde Antique
pag. 62
Musées et sites archéologiques de la province de Rimini rencontrés dans les itinéraires
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Rimini antique. Parcours archéologiques entre terre et mer. Présentation Angela Fontemaggi, Orietta Piolanti Les itinéraires traversent l’histoire et la géographie du territoire de Rimini, dépassant parfois les frontières de la province pour jouir d’un plus vaste horizon de contacts humains et culturels. Les routes de l’archéologie croisent des parcours naturalistes et œnogastronomiques, rencontrent des réalités économiques et productives riches en traditions, dévoilant, pas après pas, l’identité de lieux célèbres dans le monde pour leur industrie touristique. Les traces laissées par l’homme, sur le long chemin de la Préhistoire à l’Antiquité tardive, permettent de pénétrer l’âme la plus authentique de Rimini et de son arrière-pays (l’Ariminum romain), d’en comprendre les traits physionomiques et le caractère voué à l’hospitalité, cette terre se proposant tour à tour comme lieu de transit et de croisement de cultures, comme porte ouverte à la conquête de l’empire et à la vivacité des commerces, comme nœud routier entre le nord et le sud, tête de pont entre Rome et l’Europe! Aujourd’hui, outre à retrouver ces «traces», il est également surprenant de pouvoir admirer les monuments confiés aux manuels d’histoire et d’architecture, reparcourir les routes tracées par d’anciennes populations, observer des ponts qui traduisent une maîtrise parfaite des techniques d’ingénierie, découvrir les trésors, petits et grands, qui font de chaque musée du territoire le protagoniste d’une page de notre histoire, entrer dans les domus pour en connaître les secrets et les curiosités! Et, s’arrêtant dans l’un des nombreux lieux de restauration, il est difficile de ne pas penser au riche réseau d’auberges et de stations de poste qui caractérisait les centres urbains et les parcours routiers à l’époque romaine, savourant de nouveau le plaisir de l’hospitalité ancienne et le goût de la tradition. Les itinéraires composent une mosaïque d’occasions qui favorisent la rencontre avec la culture du territoire, exaltent les ressources humaines et naturelles, mettent l’accent sur l’actualité de l’ancien et offrent, dans le cadre de visites et d’expériences de laboratoire organisées par les musées, des espaces à la fois dédiés à la connaissance, au jeu, au divertissement et à la socialisation. Des occasions tour à tour réservées aux familles, aux plus jeunes, à un public adulte ou aux passionnés de cyclotourisme, mais qui concernent également, lorsqu’il y en a la possibilité, les non-voyants et les hypo-voyants. La proposition n’entend ni ne pourrait épuiser les énormes potentialités archéologiques de la province mais a plutôt pour but de mettre en évidence des réalités particulièrement vitales et originales, de suggérer les sentiers d’une exploration profonde des origines et de l’esprit le plus authentique de cette extrême partie de la Romagne.
En haut: cadre de la mosaïque “d’Anubis” (détail). En bas: mosaïque avec scène
de procession, du palais Gioia (détail). Rimini, Museo della Città.
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Rimini antique. Parcours archéologiques entre terre et mer. Les marques de l’histoire Angela Fontemaggi
Sur les traces de l’homme primitif L’histoire de Rimini commence sur la plage! Essayons de nous laisser engloutir par le temps, de fermer les yeux, l’espace d’un instant, pour les rouvrir… un million d’années en arrière: nous nous retrouverions dans un paysage lagunaire, sur un lido sablonneux mouvementé de dunes et interrompu par les embouchures graveleuses de fleuves et de torrents. Derrière nous, de noirs profils boisés, des fourrés de pins et de sapins alternant avec une végétation herbacée touffue, et puis des chênes, des peupliers, des bouleaux et de vastes clairières le long de la côte, indices d’un climat tempéré et humide: un milieu dans lequel évoluent les ombres de grands mammifères (éléphants, rhinocéros, bisons), poursuivis par des groupes d’hommes “chasseurs”. Le voyage à la découverte des racines du plus ancien peuplement nous projette dans l’arrière-pays, sur les premiers contreforts des Apennins romagnols, sur l’actuel col de Covignano, lieu dans lequel, il y a environ un million d’années, s’étendait la côte bordée par la mer qui envahissait la plaine dans laquelle se serait plus tard développée la ville de Rimini. Par leur action, entre avancées et régressions, les eaux ont dessiné la morphologie et la géologie de ces lieux, stratifiés en sédiments sableux et graveleux. Avec ce décor pour arrière-fond, nous suivons les traces de l’homme de l’âge de la pierre, le Paléolithique inférieur: elles sont attestées par des “preuves” retrouvées lors de la découverte, en 1968, par Stefano Sabattini, d’un important gisement de pierres taillées. Une découverte qui présente de nombreux aspects, cohérents avec les connaissances paléontologiques acquises successivement à l’étude de sites régionaux, dont, notamment, celui de Monte Poggiolo, dans le territoire de Forlì. Les pierres taillées sur une ou deux faces (choppers et chopper-tools) sont le fruit d’une véritable “industrie” mise en œuvre par l’homo erectus, très habile dans le travail du silex: c’est ce que démontrent les nombreux éclats, obtenus grâce aux coups violents et décidés de mains qui savaient transformer de simples galets en d’efficaces instruments de chasse et en outils rudimentaires. Les choppers et les éclats détachés du nucléus deviennent des armes et des outils utiles à la survie, à
Silex taillés. Riccione, Musée du Territoire.
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une époque où l’homme était chasseur et cueilleur. Les marques de la présence de l’homme dans le territoire riminais traversent tout l’âge de la pierre, un vaste espace temporel marqué par des changements climatiques et environnementaux. Les objets en pierre taillée mis au jour entre Riccione et la Valconca, remontant à une phase avancée du Paléolithique inférieur (de 200 à 150 mille ans en arrière), témoignent de techniques de débitage plus évoluées, visant l’obtention d’instruments différenciés pour les activités quotidiennes: de la chasse à l’abattage des viandes, du broyage des os au travail des peaux, de la cueillette des fruits et des racines à l’aménagement des premiers abris… Le nouvel âge de la pierre (Néolithique) qui, à partir de la fin du VIe millénaire av. J.-C., intéresse également la zone romagnole, le long des rivages de l’Adriatique, accompagne la révolution culturelle mise en œuvre par des modes innovants de se procurer la nourriture, grâce à de nouvelles techniques de travail de la pierre, désormais non plus seulement taillée mais aussi polie et tranchante, ainsi que par l’introduction de la céramique. Une expérience de chasseur et de prédateur millénaire a enseigné à l’homme les pratiques de l’élevage et des premières formes d’agriculture: alternant des périodes de nomadisme et de stabilité, liées aux rythmes de l’élevage et des cultures, les individus donnent naissance à de minuscules communautés, simples groupements de cabanes, équipées pour l’abri du bétail. Au sein des petits villages construits le long des cours d’eau se développent l’activité fromagère, la culture des champs, l’industrie de la pierre, la fabrication de la céramique, désormais indispensable à la conservation et au transport du lait, des fromages et des semences… De fragmentaires mais significatifs témoignages nous racontent des morceaux de vie des groupes néolithiques: céramique “imprimée” et à décor incisé, argile cocuite (l’enduit des cabanes soutenues par des squelettes en bois), outils en silex (lames, pointes, racloirs), valves de coquillages employées comme éléments de colliers et pendentifs… Attestant la présence de l’homme le long de la côte (notamment sur l’ancienne ligne de la rive, l’ainsi dite «falaise morte»), la documentation archéologique relative au Néolithique confirme la vocation du territoire au sud de Rimini comme zone de charnière entre la tradition culturelle de l’aire du Pô et la tradition péninsulaire, une réalité vivace dans laquelle, dès la préhistoire, des populations
Coupe en céramique de l’âge du bronze Riccione, Musée du Territoire.
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porteuses de traditions diverses se rencontrent. Le caractère interculturel tend à se consolider à l’âge du bronze (IIIe millénaire - IXe s. av. J.-C.), parallèlement à la technique mise en place par l’introduction du métal et à une économie toujours plus dynamique, soutenue par le commerce du cuivre et de l’étain ainsi que par l’agriculture et l’élevage. Le peuplement continue d’intéresser la bande côtière - où il est plus aisé de cultiver les champs et possible d’exploiter les ressources marines - et les collines de l’arrière-pays, riches en prés. Le long des anciennes “pistes”, les rapports avec la zone du moyen Adriatique, et donc avec les cultures «apennine» et «subapennine», s’intensifient. Souvent liée à des découvertes de surface, la connaissance de ce vaste horizon culturel est confiée à des fragments de vaisselle, à des objets en pierre, en os et en métal, parfois à des restes d’établissements; des traces de cabanes et d’habitations à plan carré sont signalées à Covignano, à Misano et à Riccione, le long de la voie Flaminia. L’importance et le niveau atteints par la métallurgie à la fin de l’âge du bronze sont confirmés par les amas de Camerano di Poggio Berni et de Casalecchio di Verucchio, deux dépôts d’objets en bronze intentionnellement dissimulés pour être refondus. Ces découvertes confirment que la zone collinaire derrière Rimini se trouvait déjà, vers le Xe s. av. J.-C., à l’intérieur de routes commerciales offrant une ouverture vers le nord, l’aire égéenne et le versant tyrrhénien. Les princes étrusques de la vallée du Marecchia C’est de l’expérience étrusque qu’auraient été précocement empruntées les techniques métallurgiques les plus avancées, contact qui annonce la formation de la civilisation villanovienne de Verucchio. Cette hauteur, de par sa position dominante et stratégique le long de l’itinéraire qui, par le col de Viamaggio, relie la Romagne à l’Etrurie, devient, du IXe au VIe s. av. J.-C., le pôle de la nouvelle culture de l’âge du fer. Situé dans l’arrière-pays, tel une sentinelle à l’entrée de la vallée du Marecchia, tout en s’ouvrant sur la mer par l’embouchure du fleuve, le centre de Verucchio irradie son influence sur un vaste rayon. La culture villanovienne de Verucchio pénètre les petites vallées parallèles, parvenant au Rubicon, au nord, et au Marano, au sud, où elle s’estompe dans la rencontre avec les caractères propres
Paire de boucles d’oreille en or et ambre. Verucchio, Musée Civique Archéologique.
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à l’“île” villanovienne de Fermo et à l’aire picénienne. Protagonistes d’une nouvelle civilisation, les Villanoviens de Verucchio héritent de la longue expérience agricole, adoptant tout d’abord le système consolidé de l’écobuage, qui permet de fertiliser les terrains avec les cendres de chaumes et de feuilles brûlés sur place, puis introduisant la pratique de la jachère, qui prévoit la rotation des cultures et le repos des champs. Mais, grâce à la diffusion du fer et aux progrès de la métallurgie, l’agriculture se dote également de nouveaux instruments, tels que la faux à foin, et semble désormais disposer davantage d’animaux de travail et de transport. Mais ce sont surtout les nombreuses sépultures des nécropoles, découvertes à proximité de Verucchio, qui nous parlent de ces populations de langue étrusque: c’est ici, en effet, sur les versants de l’éperon rocheux, que se développe la ville des morts, une véritable mine d’informations sur le mode de vie d’alors. Les fouilles archéologiques, l’étude du matériel et un intense effort de muséalisation, qui fait aujourd’hui du musée local l’une des réalités les plus originales et les plus importantes à l’échelon européen, nous offrent un magnifique portrait de la société villanovienne: celui-ci nous révèle une prépondérance de groupes aristocratiques dont le haut rang est tour à tour fondé sur l’activité guerrière, sur le gouvernement et le contrôle du territoire ou sur les commerces les plus lucratifs comme celui de l’ambre. Les riches trousseaux, retrouvés parmi les cendres des défunts, recueillies dans les ossuaires de typique forme biconique, ou récupérés entre les grands doliums qui accueillaient les sépultures, offrent toute une série de notices utiles pour tracer une sorte de carte d’identité de l’individu: les armes (lances, épées, casques à crête ou en calotte, haches...) caractérisent le guerrier; les bijoux, les accessoires d’habillement, les objets pour le soin du corps et les instruments de tra-
A gauche, casque à crête de la tombe Lippi 89. Verucchio, Musée Civique Archéologique.
A droite, vase attique à figures rouges avec chouette. Riccione, Musée du Territoire.
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vail renvoient aux univers féminin (colliers, boucles d’oreille, bracelets pour poignets et chevilles, fibules, ceinturons, quenouilles et pesons…) et masculin (épingles, rasoirs, armes, éléments d’harnachements pour chevaux et de chars…); les précieux services de vaisselle en bronze et les meubles en bois, décorés et finement travaillés, déclarent leur appartenance à des maisons de haut rang. Les objets du trousseau funèbre permettent donc de composer le profil des individus: la richesse et la position des tombes dans les nécropoles sont les indicateurs des rôles et des fonctions recouverts par les personnages les plus en vue de l’échelle sociale, dont parfois de véritables “princes”. Ces indicateurs se réfèrent souvent à la sphère équestre, au prestige des armes ou à la fortune des commerces. Les individus qui se sont distingués dans les cadres civil, religieux et militaire sont enterrés avec leurs biens personnels les plus précieux et les plus raffinés: bijoux d’orfèvrerie réalisés selon des techniques évoluées et dans des matériaux de plus grande valeur (du bronze à l’argent, à l’or, à l’ambre); casques à panache et armes de parade, chars de guerre et objets-symboles des activités les plus appréciées, signes charismatiques du pouvoir; vaisselle en bronze et élégants éléments d’ameublement en bois pour banquets, moments conviviaux à l’occasion desquels l’excellence de l’individu se manifeste dans le cadre de la communauté. Des rôles de prestige qui, dans la vie comme dans la mort, sont également réservés aux femmes, et ce, non seulement à un niveau domestique. Les investigations archéologiques présentent une civilisation qui évolue et s’enrichit grâce au contrôle du territoire, aux trafics commerciaux et à la distribution des produits, notamment de l’ambre, cette matière précieuse parvenant des routes lointaines de la Baltique et de certaines zones de la Méditerranée. Ce n’est qu’au VIe s. av. J.-C. que le Verucchio villanovien voit s’estomper son ancienne splendeur pour céder son hégémonie au port sur le Marecchia, revitalisé
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par la nouvelle politique des Etrusques dans la zone adriatique. Lors du processus de projection vers la vallée et vers la côte, les Etrusques rencontrent un tissu ethnique alimenté par plusieurs influences culturelles, rattachées tour à tour aux contextes ombrien et picénien ou au plus vaste horizon hellénique. Ce “Rimini avant Rimini”, à l’instar de tout le littoral, des Marches au Pô, du VIe au IVe s. av. J.-C., est animé par les échanges avec les villes grecques, dont Athènes, d’où provient la célèbre céramique attique. La stipe de la Villa Ruffi, un dépôt votif découvert sur le col de Covignano que le commerce des antiquités a dispersé au XIXe s. dans plusieurs musées d’Europe et d’Amérique, est représentative du panorama multiculturel caractérisant le territoire du Ve s. à la romanité: cette sorte de panthéon réunit en effet des éléments étrusques, ombriens-italiques et helléniques. Mais, au IVe s. av. J.-C., Ariminum (dont le territoire coïncide approximativement à celui de l’actuelle province) est également concerné par la descente des Gaulois dans la plaine du Pô, au détriment de la domination étrusque. Et ces redoutables guerriers, provenant de la Gaule, seront justement les ennemis que les Romains rencontreront au cours de la conquête des terres au nord des Apennins. Ariminum: la fondation 268 av. J.-C., un contingent de 6000 paysans-soldats avec leurs familles, après avoir franchi les Apennins, arrive dans la vallée de l’Ariminus, notre Marecchia. Poussés par la soif de terres, ils ont abandonné le Latium et la Campanie pour entreprendre le long voyage qui les a conduits dans la partie septentrionale de l’Ager Picenus et Gallicus, le territoire entre la Romagne et les Marches assuré à l’expansion romaine par la bataille de Sentino (295 av. J.-C.) et par la défaite des Gaulois Sénons. Ils doivent y accomplir la mission qui leur a été confiée par le Sénat de Rome: fonder la colonie latine d’Ariminum, d’après le nom du fleuve, un Etat autonome allié à la mère patrie, compris entre les torrents du Conca et du Rubicon. En un peu plus d’un siècle, ces pionniers et leurs descendants transformeront ce paysage “naturel” en un milieu anthropisé, qui présente aujourd’hui encore les traits d’alors: la géométrie ordonnée de la campagne cultivée, parsemée de petits centres, un
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E F 4 5 1
D 3
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B
A. Arc d’Auguste B. Porte Montanara C. Forum D. Théâtre E. Pont de Tibère F. Port G. Amphithéâtre
Les domus des itinéraires: 1. Palais Massani, Préfecture 2. Palais Arpesella 3. Chambre de commerce 4. Domus du chirurgien 5. Palais Diotallevi
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réseau de routes qui se développe dans toutes les directions, à partir d’un centre urbain serti par le contour bleu de la mer et des fleuves et par la ligne grise de ses murs. Dans leur stratégie d’occupation du territoire, les colons s’inspirent de choix réalisés par les populations qui les ont précédés. La ville est ainsi fondée sur l’embouchure du Marecchia, escale naturelle pour la navigation de cabotage, qui avait favorisé la naissance d’un établissement préalablement fréquenté par les Villanoviens, les Etrusques, les Grecs et les Ombriens. Caput viarum Dans la zone du port aboutissent la route préhistorique de la Valmarecchia (via Arretina), la piste qui longe les montagnes vers le nord et les itinéraires de la côte. Une position privilégiée que les Romains valorisent en faisant d’Ariminum un important port militaire et commercial, un nœud stratégique pour les liaisons entre le nord et le centre de la péninsule ainsi que le point de départ pour de longs parcours vers le centre et l’est de l’Europe. Les anciens tracés, à l’exception de la via Arretina, sont investis de la dignité de voies consulaires, les autoroutes de l’époque, vecteurs du processus de conquête et des intérêts économiques de l’Etat romain: la voie Flaminia (220-219 av. J.-C.), qui, du pont Milvio, à Rome, achève son parcours à la porte Romana, l’entrée méridionale d’Ariminum, valorisée en 27 av. J.-C. par l’arc d’Auguste; la voie Aemilia (187 av. J.-C.), qui débute de la partie opposée de la ville en enjambant l’Ariminus, traverse la plaine du Pô vers le nord-ouest et relie les centres au croisement des vallées apennines jusqu’à Milan; la voie Popillia (132 av. J.-C.), prolongement naturel vers le nord de la Flaminia, qui suit un parcours littoral pour rejoindre Aquileia. Le dessin de ce réseau est entrepris par le consul Caius Flaminius, premier leader des Populares, opposants de l’hégémonie sénatoriale, tels que Marius et César, qui firent d’Ariminum le protagoniste de pages célèbres de l’histoire de la Rome républicaine: grâce à la voie Flaminia, la colonie se transforma de cadenas contre les incursions gauloises en porte ouverte sur la grande plaine du nord, tremplin pour la conquête de la Cisalpine.
Le pont de Tibère, Rimini.
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Les routes consulaires du territoire de Rimini présentent un parcours très semblable à celui d’aujourd’hui, marqué par un fond artificiel, essentiellement composé de couches de gravier, et par de solides structures, telles que les ponts. Le voyage acquiert sécurité et confort grâce à des infrastructures analogues à celles que nous rencontrons lors de nos déplacements: les colonnes milliaires, panneaux routiers en pierre indiquant les distances, les mutationes, “stations de service” pour le changement des chevaux, et les mansiones, lieux d’arrêt également équipés pour la nuit. Le système routier, complété par le réseau local, devient très vite un pôle d’agrégation pour les plus petits centres habités présentant une forte vocation commerciale ou productive. Selon une coutume typiquement romaine, les nécropoles, villes des morts, sont elles aussi disposées au bord des routes principales, immédiatement hors des établissements, afin que les monuments funéraires attirent le regard des voyageurs, perpétuant le souvenir des défunts. Le territoire Les routes consulaires représentent l’épine dorsale de l’organisation du territoire réalisée grâce à la centuriation, le processus de bonification et de rationalisation du terrain agricole qui prévoit la division en parcelles régulières d’environ 710 m de côté, dessinées par des droites orthogonales. Le réticulé tracé par les fossés, les canaux, les haies, les murets et les sentiers constitue la trame pour l’exploitation intense d’un sol généreux en fruits, même dans les zones épargnées par la centuriation: la partie montagneuse fournit des pierres, du bois et des produits d’élevage alors que, descendant vers la vallée, les bois de chênes alimentent l’élevage du porc, avec le travail de ses viandes. L’arrière-pays riche et varié ainsi que la mer poissonneuse (comment ne pas rappeler le savoureux poisson de l’Adriatique!) assurent le bien-être des habitants de la ville grâce à des productions qui satisfont le marché intérieur et les commerces. Les cultures du blé, des légumes et des arbres fruitiers se répandent dans
Ci-contre: amphore à fond plat. Rimini, Museo della Città; Modèle de four. Santarcangelo di Romagna, MUSAS.
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la plaine alors que sur les collines s’affirment l’olivier et la vigne, celle-ci étant cultivée selon la méthode de la taille longue et du tuteur vivant, vraisemblablement apprise des Gaulois mais de tradition étrusque. Des sources anciennes louent l’exceptionnelle production vinicole des terrains au sud d’Ariminum: 10 outres par jugère, égalant à environ 210 hectolitres par hectare! Le vin est également exporté à travers un réseau commercial qui alimente notamment les marchés populaires de la capitale. L’intense activité agricole, à son apogée aux IIe et IIIe s. apr. J.-C., entraîne la fabrication de récipients spéciaux, les typiques amphores de dimensions réduites et à fond plat, cette particularité en permettant le transport sur chars pour une distribution qui devait préférer les itinéraires terrestres. Des briqueteries produisant ce type d’amphores ont été mises en lumière dans le territoire de Riccione, mais surtout à Santarcangelo, localité qui, à l’époque impériale, se présente comme un “centre industriel” spécialisé dans le travail de la céramique pour la production d’amphores, de vaisselle, de lampes à huile et de matériaux de construction. L’organisation agricole fractionnée en domaines de petite ou moyenne dimension - destinée à durer dans le temps sans laisser de place au latifundium - favorise le peuplement des campagnes, celui-ci atteignant sa prospérité maximale de la fin du Ier s. av. J.-C. au IIe s. apr. J.-C. Le modèle d’habitation est la ferme: construite avec des briques et des matériaux pauvres, elle comprend des magasins à céréales, des étables et des structures pour le travail des produits ou de petits laboratoires artisanaux. Au sud de Rimini, nombreux sont les indices de villas rustiques, résidences de campagne comprenant une partie réservée au patron, semblable aux habitations citadines pour le raffinement de leurs matériaux et pour leurs conforts, et le secteur des installations de transformation et du matériel artisanal. Les villages, pagi (circonscriptions) et vici (hameaux), complètent la physionomie de l’habitat, alimentés par la richesse en ressources et par la position le long du réseau routier. Les témoignages archéologiques découverts dans la plaine de San Pietro in Cotto, le long de la vallée du Conca, entre Gemmano et Montefiore, concernent un village ou une grande villa rustique, privilégiée pour sa position surélevée et pour son appartenance à un circuit de routes entre la Romagne et les Marches: les matériaux tracent les
Camée avec profil de Dionysos, dieu du vin, et cornaline avec Cérès, déesse des moissons. Rimini, Museo della Città.
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contours d’un important établissement, lié à l’exploitation intense des ressources agricoles, voire de vastes propriétés impériales, doté de structures résidentielles de haut niveau et, probablement, même d’un lieu de culte. La ville d’Ariminum Nœud de convergence routier et point de référence pour la vivace économie du territoire, la ville d’Ariminum prend, dès sa fondation, la physionomie que le centre historique présente encore aujourd’hui: un quadrillage ordonné de rues orthogonales (cardos et décumanus) dessine un ensemble d’îlots rectangulaires (insulae) destinés à accueillir les édifices publics et privés. Les axes initiaux du plan de la ville sont le cardo maximus (via Garibaldi-via IV Novembre), le parcours qui relie la via Arretina au port d’embouchure (situé à proximité du piazzale Clementini), et le décumanus maximus (corso d’Augusto), la route qui relie la voie Flaminia et la voie Emilia. A leur croisée, à la hauteur de l’actuelle piazza Tre Martiri, s’ouvre le forum, cœur de la vie publique et économique. La documentation archéologique offre d’intéressantes suggestions pour esquisser l’image de cette place, qui s’étendait alors, sur le côté mer, jusqu’à l’actuelle via San Michelino in foro: elle était bordée d’importants édifices tels que la basilique, destinée à l’administration de la justice et à l’exercice des affaires, et le théâtre, construit à l’époque augustéenne, dans la première insula au nord. Ce décor prestigieux se prêtait également à accueillir les monuments honoraires, statues et inscriptions en mémoire d’importants personnages, empereurs et bienfaiteurs de la communauté. Enfin, il faut rappeler que, selon la tradition, le célèbre discours que Jules César aurait tenu à ses soldats, lorsqu’il marcha contre la capitale après avoir franchi la frontière de l’Etat romain sur le Rubicon, aurait eu lieu dans le forum d’Ariminum.
L’arc d’Auguste, Rimini.
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Bordée sur trois côtés par les eaux du fleuve Ariminus, du torrent de l’Ausa (son cours, aujourd’hui dévié, s’identifie au parc Cervi) et de la mer (qui atteignait à l’époque l’actuelle ligne de chemin de fer), la colonie présente bien vite les contours qui délimiteront le périmètre urbain, sans agrandissements significatifs, jusqu’au seuil du XXe s. Son rôle d’avant-poste militaire requiert rapidement l’organisation d’un appareil défensif adéquat: un imposant mur d’enceinte, aux longues lignes droites et aux tours quadrangulaires, est construit en blocs de pierre arénaire locale irrégulièrement équarris. Des interventions de restauration conservent l’efficacité de la structure au Ier s. av. J.-C., pendant la difficile période des guerres civiles, lorsque Rimini, prenant parti pour Marius, est victime des rétorsions de Silla. La paix augustéenne ayant épuisé la fonction des vieux murs, ce n’est qu’au IIIe s. apr. J.-C., sous la menace des premières incursions barbares, que sera érigée une nouvelle muraille en briques tout autour de la ville. Les portes de la ville sont ouvertes dans l’enceinte à la hauteur des principales artères intérieures: la porte Montanara, à l’extrémité du cardo maximus, sur lequel se rattache la via Arretina, et la porte Romana, à la jonction de la voie Flaminia avec le décumanus maximus. Cette dernière sera plus tard abattue, en 27 av. J.-C., pour laisser sa place à l’arc d’Auguste, érigé par le Sénat romain en l’honneur d’Octavien, pour célébrer la restauration des routes principales. C’est sous Auguste qu’Ariminum, municipium de l’Etat romain dès le début du 1er s. av. J.-C., assume le rôle et la dignité d’une splendide ville de l’empire: outre à la monumentalisation des entrées par la construction de l’arc d’Auguste et du pont sur le Marecchia, achevé par Tibère, Octavien propose le pavage des routes urbaines, le développement du système d’adduction d’eau et du réseau d’égouts, la bonification d’un quartier entier dans la partie sud de la ville, la restauration de la voie Emilia, la restructuration des édifices privés… L’arrivée des colons, vétérans fidèles au Princeps qui alimentent une nouvelle classe dirigeante, contribue également à
A gauche, l’amphithéâtre romain, Rimini. A droite, l’entrée des bateaux dans le port (détail de la mosaïque du palais Diotallevi). Rimini, Museo della Città.
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revitaliser la ville et le territoire, les transformant en un grand chantier ouvert. Mais c’est sur l’espace du forum que se concentre le programme urbanistique voulu par Auguste pour exprimer, dans des formes monumentales, la culture, le pouvoir et l’ordre civique de l’empire: l’entrée, provenant de Rome, est marquée par un grand arc qui crée une “île piétonne”, empêchant le passage des chars, alors que le côté opposé de la place accueille le théâtre. Bien différents sont le climat et les buts poursuivis par l’empereur, très probablement Hadrien, qui, au IIe s. soutient la construction de l’amphithéâtre, la dernière grande structure urbaine caractérisant l’aspect de la ville impériale. Erigé à la périphérie est d’Ariminum pour accueillir les jeux de gladiateurs, qui attirent un public nombreux et passionné, l’édifice se présente comme un instrument d’intégration tant entre les habitants de la ville et du territoire qu’entre les différents sujets provenant des régions de l’empire. Grâce à cette intervention, l’empereur vise à assurer, à lui-même et à la dévote aristocratie citadine, le consentement populaire, accordant aux foules le divertissement demandé. Mais ce divertissement ne durera pas. En effet, en l’espace d’une centaine d’années, la crise de l’Etat et la terreur provoquée par les Barbares mettront fin aux jeux de l’amphithéâtre qui sera englobé dans les murs de la ville et transformé en forteresse militaire. Les domus d’Ariminum Si les monuments ébauchent le visage public de la ville, les habitations nous décrivent par contre la vie privée d’une société qui ne cesse d’évoluer au cours des huit siècles de romanité. En période républicaine, les édifices simples et fonctionnels sont l’expression d'un style de vie austère. En revanche, le Ier s. de l’empire voit l’affirmation de domus (résidences monofamiliales à un ou deux étages), composées d’un atrium et d’un peristylium (respectivement une entrée à toit ouvert pour la collecte des eaux de pluie et un jardin à arcades), qui reflètent le contact avec la culture grecque et la diffusion des plaisirs de l’otium; vers le milieu de l’époque impériale, les domus se transforment, destinant de vastes espaces aux triclinia, prestigieuses salles de banquet, et aux jardins ornés de bassins et de mobilier, et ce, sur le fond d’une ville florissante, désormais multiethnique et multiculturelle;
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enfin, du Ve au VIe s., les luxueuses résidences de hauts fonctionnaires et d’officiers de la cour de Ravenne émergent dans un panorama de dégradation, ostentation de faste et de pouvoir dans une société qui pousse les distances entre classes à l’extrême. Les dernières domus, réparties en taches de léopard dans un tissu habitatif qui se démaille, s’inspirent du modèle du palais impérial: elles présentent de vastes cours et des salles de représentation à plan composite, souvent avec abside, auxquelles on accède suivant un parcours étudié en fonction de complexes protocoles de visite. Mais entrons dans une habitation du Rimini impérial: notre regard est aussitôt capturé par les couleurs vivaces des fresques peintes sur les murs et sur les plafonds, vastes toiles de fond monochromes, souvent réparties en panneaux, entre lesquels sont dessinés des motifs variés ou des compositions semblables à de modernes tapisseries. Quant aux pavements, ils caractérisent la hiérarchie et la fonction des pièces ainsi que la distribution des espaces intérieurs: dans les pièces découvertes ou de service, ils sont fonctionnels et résistants, en terre cuite ou en «cocciopesto» - mortier composé d’un mélange de fragments de briques et de pierres - parfois ornés de tesselles de mosaïque, alors que les pièces habitées par le dominus et par sa famille présentent des tapis en mosaïque, noire et blanche ou polychrome, ou de précieux revêtements en marbre. Riche est le répertoire de motifs ornementaux, géométriques ou figurés, présenté par la centaine d’exemplaires de mosaïques conservés dans les sites archéologiques et dans le musée. Le niveau de vie à l’intérieur des domus nous est révélé par le mobilier, les statues, les objets, les accessoires pour le soin et l’ornement de la personne, ces éléments nous parlant du goût ainsi que de la culture et de la religiosité des habitants.
A gauche, statuette d’Orphée, probable élément de décoration de jardin. Rimini, Museo della Città.
A droite, mosaïque du cubiculum. Rimini, complexe archéologique de la domus du chirurgien.
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Exceptionnel est le site découvert lors des fouilles de la piazza Ferrari: le complexe archéologique, récemment ouvert au public, raconte la vie de ce petit coin de la ville romaine, à l’extrémité nord de la localité, du Ier s. av. J.-C. au Moyen Age. La découverte la plus éclatante concerne la domus d’époque impériale qui abritait une taberna medica, documentée par la mise au jour de plus de 150 instruments chirurgicaux. La “domus du chirurgien” cesse brusquement de vivre à la suite d’un incendie, lié peut-être aux premières incursions barbares qui, vers la moitié du IIIe s., mettent des quartiers entiers des villes de la Romagne à feu et à sang. Ariminum n’échappe pas à ce climat d’instabilité et d’inquiétude: l’abandon de la domus ensevelie sous les décombres et la construction des murs de protection du périmètre urbain en témoignent. Le moment de reprise vécu par la ville du Ve au VIe s., à l’ombre du centre voisin de Ravenne, capitale de l’empire romain d’occident depuis 402, est documenté par l’habitation palatiale, aux grandes pièces chauffées et aux pavements en mosaïque, construite à proximité de la domus du chirurgien, dont les ruines, désormais recouvertes de tas de terre, restent presque intactes. Mais la vie de ce palais sera courte: l’édifice subit une rapide décadence puis est abandonné vers le milieu du VIe s., lorsque Rimini devient le théâtre de la terrible guerre entre Goths et Byzantins, guerre qui marque la fin de la romanité, emblématiquement représentée par les sépultures qui dénaturent les splendides mosaïques.
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Rimini antique. Parcours archéologiques entre terre et mer. Les itinéraires Orietta Piolanti
Les parcours s’adressent à un public adulte (itinéraire rouge), s’adaptant, grâce à des méthodologies et à des propositions de laboratoire, dans les cas signalés, aux enfants (itinéraire bleu) et, dans un cas, aux non-voyants (itinéraire violet), en une sorte de musée à toucher. Deux itinéraires ont également été conçus pour les cyclotouristes (itinéraire vert). parcours pour un public adulte parcours pour enfants parcours pour non-voyants parcours pour cyclotouristes
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1. Sur les traces de l’homme primitif 1 ou 2 journées L’itinéraire: Rimini, Museo della Città (Musée de la Ville) - Atelier de taille de la pierre - Laboratoire: Modeler l’argile, comme dans un village néolithique; Riccione, Musée du Territoire - Section préhistorique - Laboratoire: Os, dents et coquillages: amulettes et bijoux de la Préhistoire. A14
Atelier de taille de la pierre Organisé par Stefano Sabattini Durée 2 heures Pour enfants à partir de 8 ans et pour adultes Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 704421-704426 Comment nos plus lointains ancêtres vivaient-ils? Comment se défendaient-ils? De quelle manière se procuraient-ils la nourriture? Et quelle était la pierre la plus utilisée? Nombreuses sont les curiosités sur un monde dans lequel l’homme suivait les rythmes et les lois de la nature, dans un milieu non encore modifié. Et nombreuses sont les réponses parvenant justement de la pierre, le silex recueilli le long des cours d’eau et des plages graveleuses qui constituait la matière première la plus utilisée au Paléolithique, outre à d’autres res-
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sources périssables telles que le bois, la peau, l’os… Lors de l’atelier, l’expert guide le public dans la fascinante expérience de la taille, simulant les techniques les plus en usage: la percussion directe, consistant à frapper avec une pierre le galet à tailler tenu dans la main, et la percussion bipolaire, le nucléus à frapper étant posé sur un rocher. Sous les coups décidés, les éclats et les lames se détachent du nucléus. Avec l’évolution de l’industrie lithique, l’homme apprendra, grâce à l’art de la retouche, à transformer ces objets en instruments toujours plus affilés et tranchants. L’opérateur répète les gestes que l’homme primitif exécutait pour se doter d’instruments indispensables à sa survie. L’observation des objets produits permet d’en remarquer les caractéristiques (non casuelles), révélant que la forme et la taille répondent à un projet précis.
L’atelier de la taille de la pierre: la retouche du silex et l’emmanchement d’une pointe.
Plusieurs typologies d’armes et d’instruments prennent forme, des plus simples aux plus complexes, taillés sur les deux faces, voire retouchés. A travers l’expérimentation, les différents instruments (chopper, chopper-tool, éclat, lame, racloir...) utilisés pour frapper, broyer, creuser, déraciner, sectionner, décortiquer et écorcher, démontrent leur efficacité dans les actions nécessaires à l’homme primitif pour chasser, abattre, couper les arbres et arracher les racines. On peut également comprendre pourquoi, plus tard, l’homme dota les instruments d’un manche, en les fixant à des bâtons ou à des os. A l’avenir, le parcours sera complété par la visite des salles du Musée de la Ville de Rimini consacrées à la Préhistoire. Une excursion sur le col de Covignano permettra d’observer certaines caractéristiques géologiques - telles que les Sables Jaunes -
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du lieu qui a vu le premier établissement humain sur le territoire de Rimini. Imaginant, l’espace d’un jour, d’être des hommes-cueilleurs, les excursionnistes pourront parcourir d’anciens sentiers des collines et des vallées romagnoles, à la recherche de fruits sauvages, d’herbes et de germes (qui poussent spontanément et dont la cueillette n’est pas interdite!).
Modeler l’argile, comme dans un village néolithique Organisé par Francesca Minak et par Erika Franca Tonni Durée 2 heures Pour enfants à partir de 8 ans et pour adultes Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 704421-704426 L’un des facteurs de base du long processus innovant défini comme “révolution néolithique” est l’introduction de la céramique, la fabrication de récipients utiles à la conservation et au transport de liquides et de produits de la terre. La céramique fait son entrée dans une société qui change grâce à la domestication des plantes et à l’élevage, à de toujours plus longues périodes de sédentarité, à la formation de petites communautés, à la technique de polissage de la pierre, à la maîtrise de l’allumage du feu, à l’usage de l’échange. Dans ce contexte, le travail de la céramique gagne une grande importance, s’adaptant à une économie basée sur les premières formes d’agriculture et sur la production de produits laitiers. Fabriquée à la main (l’emploi du tour ne se répandra en Italie qu’à l’âge du fer), la céramique exploite les ressources du lieu: argile, eau et bois pour les fours rudimentaires dans lesquels les récipients sont soumis à la cuisson. Des matières premières donc très faciles à trouver, à la base d’une “industrie” de niveau familial, liée aux besoins du village. Utilisant des pains d’argile (l’argile trouvée à l’état naturel nécessite d’une phase de décantation dans de l’eau pour l’élimination des impuretés), il est possible de simuler des formes de vaisselle produites à l’époque néolithique, tant à main libre que selon la technique du “colombin” ou “boudin”. Dans le premier cas, le récipient est modelé dans la portion d’argile prélevée en creusant la masse plastique avec la main; dans le second, les longs cordons prélevés sont enroulés en spirales puis soudés sur un fond plat. Ces méthodes de façonnage permettent de réaliser des
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formes simples (vases, tasses et coupes), dont les caractéristiques permettent parfois de les associer à des activités spécifiques comme l’activité fromagère. Une fois le vase modelé et les parois lissées, la décoration est réalisée selon la technique “à impression”, le motif
Le laboratoire de la céramique: décoration d’un bol.
étant obtenu par simple pression des doigts ou des ongles sur la surface encore malléable, ou par gravure, les motifs étant alors incisés à l’aide d’outils pointus. Chaque récipient est une pièce unique, fruit de l’habileté et de la créativité de son modeleur: les participants au laboratoire peuvent emporter, en souvenir de l’expérience, l’objet original, reproduit suivant les modèles et les techniques répandus en Romagne au Néolithique. Le laboratoire laisse de côté les phases conclusives du procédé de production: le séchage lent, procédé à travers lequel l’argile perd de l’humidité et devient dure et consistante, et la cuisson des objets dans des fours spéciaux.
Le Musée du Territoire de Riccione: un voyage dans la Préhistoire Plusieurs salles du Musée de Riccione, installé depuis 1990 auprès du Centre Culturel de la Pesa, sont consacrées à l’histoire de l’évolution géologique et du plus ancien peuplement du territoire au sud de Rimini: une histoire de millions d’années finissant par aboutir à l’expérience romaine et par se rattacher au destin de la colonie d’Ariminum. Le parcours illustre la transformation de la zone côtière et de la vallée du Conca, reconstruit des paléomilieux, documente la présence de l’homme à la Préhistoire. Des pierres taillées selon une technique évoluée (concept Levallois) rattachent les premières traces de peuplement à la fin du Paléolithique inférieur, époque à laquelle les
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racloirs sont fréquents. Des vestiges de groupements de cabanes (tels que ceux retrouvés lors de la construction de l’autodrome de Santa Monica, le long du ruisseau de l’Agina) offrent d’intéressants aperçus sur l’époque néolithique, sur les premiers habitats stables et
Hache à ailettes et poignard de l’âge du bronze. En-dessous, trousseau d'une tombe gauloise. Riccione, Musée du Territoire.
sur la nouvelle économie agro-pastorale: la vie entre quotidien et formes archaïques de spiritualité nous est encore “racontée” par des silex façonnés, des vaisselles en terre cuite et des objets en os. Parallèlement aux timides témoignages de l’Enéolithique - période à laquelle la métallurgie apparaît, les échanges commerciaux se développent et les formes de travail sont toujours plus articulées - nous trouvons la documentation de l’âge du bronze et de l’âge du fer, entre production céramique et artisanat des métaux. Les matériaux illustrent un horizon culturel empreint de culture apennine (et donc d’une économie liée à l’élevage et aux rythmes de la transhumance) mais également influencé par la culture des Terramares (celle des villages de la grande plaine du nord, où l’agriculture connut un grand développement). Le rapport avec les deux cultures s’exprime dans les céramiques de tradition apennine et dans les instruments pour le travail des champs, petites houes et faux, en os et en métal.
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Et, si lors du premier âge du fer, le territoire de Riccione semble «périphérique» par rapport à la centralité présentée par la Valmarecchia grâce à l’épicentre étrusque- villanovien de Verucchio, le Ve s. av. J.-C. offre de significatifs indices de la présence grecque dans la zone, dans le sillage des riches commerces maritimes, alors que des signes de culture celtique sont tangibles dans le trousseau d’une tombe gauloise datable du IIIe s. av. J.-C., découverte à Misano.
Os, dents et coquillages: amulettes et bijoux de la Préhistoire Organisé par Vanessa Delvecchio Durée 1 heure et 15 minutes Pour enfants de 8 à 12 ans Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 600113 Les hommes primitifs aimaient eux aussi s’orner de bijoux, et ce, non seulement pour un plaisir esthétique: ils leur attribuaient en effet une fonction de porte-bonheur et des pouvoirs magiques en mesure d’éloigner les esprits du mal. Utilisant les matériaux pauvres disponibles sur son chemin, l’homme du Néolithique réalisait et portait des colliers et des amulettes dont il demandait la protection lors des battues de chasse et des événements de la vie, en une sorte de “sentiment religieux” qui le liait étroitement à la nature et à ses lois. Disposant de coquillages percés (ceux que la mer nous offre aujourd’hui encore sur la plage), de bois, de plumes ou d’argile (plutôt que d’os et de pierres quoi qu’il en soit très utilisés pour la confection de bijoux pendant la Préhistoire), le laboratoire invite à “créer” un bijou ou une amulette, unissant fantaisie et sens esthétique. Avec l’aide de l’opérateur, chacun pourra réaliser “son” ornement, après avoir acquis, après la visite du musée et une courte introduction, les éléments utiles à cette activité. Chaque création, unique et originale, restera le souvenir “personnel” d’une expérience vécue dans le sillage d’une tradition très ancienne, qui puise ses matières premières dans le milieu environnant, aime traduire en symboles les forces de la nature et exorcise, à travers l’objet, des sentiments de peur et de mort.
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2. Les marques du pouvoir: les princes étrusques de la vallée du Marecchia 1 journée L’itinéraire: Verucchio, Museo Civico Archeologico (Musée Civique Archéologique) A14
La visite guidée de l’exposition comprend la projection d’un vidéo animé qui présente la cérémonie du rite funèbre du “seigneur” de la tombe Lippi 89, dont le trousseau est exposé dans la Salle du trône. Les parcours conseillés pour les enfants sont le parcours à thème Le trône du Prince et ses symboles et le parcours narratif Le trône magique Infos: tél. 0541 670222 De Rimini, il faut remonter le cours du Marecchia sur 18 km pour rencontrer Verucchio, un rocher qui domine la vallée du haut de ses 330 m. Situé sur la frontière avec le Montefeltro et la République de SaintMarin, position stratégique tant d’un point de vue défensif que relativement aux liaisons avec la vallée du Tibre et le versant tyrrhénien, Verucchio présente encore les marques glorieuses d’une histoire dont les pages les plus intenses remontent au début de l’âge du fer, avec l’épanouissement de la culture villanovienne, et au Moyen Age, lorsqu’il devint le berceau de la seigneurie des Malatesta. Si la puissance
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Trône en bois de la nécropole Lippi (détail). Verucchio, Musée Civique Archéologique.
de la famille malatestienne y est évoquée par l’imposante forteresse, la longue expérience des Villanoviens, qui surent exprimer en ces lieux originalité et pouvoir, est recueillie et valorisée dans le Musée Archéologique aménagé dans l’ancien monastère de Sant’Agostino. Cet édifice du XIIe s., qui fut agrandi au XVIIe s. lors de la construction de l’église et des filatures, se dresse hors des murs médiévaux et abrite une splendide documentation archéologique des riches sépultures de Verucchio, ainsi que des pièces dont l’intérêt et la rareté témoignent la suprématie d’une élite de princes guerriers. Si chaque salle raconte cette splendide civilisation au travers des pièces conservées dans les nécropoles construites sur les versants du col, nombreuses sont les vitrines devant lesquelles le visiteur peut s’arrêter, en une sorte de rencontre virtuelle avec les princes étrusques qui vécurent en ces lieux du VIIIe au VIIe s. Un support didactique aide à tracer la figure de personnages de haute lignée, de princes dont les fonctions comprenaient également l’engagement militaire, comme le démontrent les armes de parade et les armes d’attaque et de défense retrouvées dans les sépultures. La tombe 85 et la tombe 89 de la nécropole Lippi (la plus consistante parmi celles de Verucchio) sont particulièrement représentatives quant aux trousseaux qui accompagnaient les individus de rang princier, tant hommes que femmes. Le rite funèbre, mine d’informations sur
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Perle d’ambre décorée. Verucchio, Musée Civique Archéologique.
l’“identité” et la personnalité du défunt, offre en ce cas une incomparable ostentation de richesse, au travers d’objets de grande valeur. Il suffit de penser aux trônes en bois (exceptionnellement préservés grâce à la composition chimique des terrains) et, notamment, à l’exemplaire entièrement décoré de la tombe 89 dont le schéma complexe de motifs ornementaux présente la narration de scènes liées au cycle du travail de la laine, du filage et du tissage, finement gravée sur le haut dossier. Le niveau social atteint par les seigneurs de Verucchio est également traduit par l’habillement et les objets personnels, par les éléments de chars et les harnachements pour chevaux ainsi que par les précieux services de vases en bronze. Des objets qui expriment une familiarité avec le monde étrusque et qui, associés à l’organisation de l’espace funéraire et à la composition de tout le rituel funèbre, mettent en évidence des rôles importants au sein de la société, de hautes relations et une position économique et culturelle élevée. Emblématique est le cas du double “habillage” de l’urne cinéraire et du dolium de la tombe 26 de la nécropole MoroniSemprini, message évident, outre à d’autres éléments significatifs du trousseau, du niveau social atteint par l’individu. Les nombreuses marques de richesse et de pouvoir des “princes” de Verucchio comprennent des produits d’orfèvrerie, un artisanat qui atteint son apogée du VIIIe au VIIe s.: l’or, travaillé selon les techniques les plus avancées de l’époque, brille de tous ses éclats sur de splendides fibules et de surprenantes boucles d’oreille! Les reflets des pâtes vitreuses des colliers et des pendentifs côtoient les teintes chaudes de l’ambre, mythique matériau donné par les dieux comme consolation de la mort de Phaéton, fils du Soleil. Sur les routes de l’ambre grandit également la fortune de Verucchio, centre de distribution et de travail de la résine fossile qui, pour sa transparence, son intensité chromatique et ses propriétés thérapeutiques, était destinée à appartenir aux seigneurs de la communauté locale.
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3. Les marques du pouvoir: condottieri et empereurs romains dans l’histoire d’Ariminum 1 journée L’itinéraire: Rimini, Museo della Città (Musée de la Ville) - Section archéologique - Epigraphie romaine (parcours également adapté aux non-voyants) Arc d’Auguste/piazza Tre Martiri/pont de Tibère/amphithéâtre. Ponte di Tiberio Piazzale Boscovich Palazzo Arengo
Museo della Città Lapidario Romano
Grand Hotel
Rocca Malatestiana Palazzo del Podestà
Teatro degli Atti
via Sigism
Camera di Commercio
Palazzo del Turismo
Biblioteca Gambalunga Vecchia Pescheria Piazza Tre Martiri
Porta Montanara
ex Consorzio Agrario
IAT
XXIII
ondo
ni Ufficio info Corso Giovan comunale Domus del chirurgo
Palazzo Massani Prefettura
IAT
Tempio Malatestiano
Arco d’Augusto
Anfiteatro Romano
De célèbres personnages de l’histoire de Rome lient leur nom à Ariminum: outre à Flaminius et à Marius, Jules César, le grand général qui, par sa phrase “les dés sont jetés”, confia le passage du Rubicon au futur; Octavien Auguste, le prince qui tint à la grandeur de l’antique Rimini; enfin, Hadrien, l’empereur qui aimait les arts et voulut donner à la ville le monument symbole de la romanité, l’amphithéâtre. Le parcours commence par le Museo della Città, gardien du patrimoine historique, artistique et archéologique de Rimini, installé dans un collège de Jésuites du XVIIIe s. Ici, nous “rencontrons” Octavien Auguste, dont le visage, à la caractéristique touffe de cheveux, est immortalisé par la tête portrait en marbre, probablement posthume, qui reproduit une image idéalisée de l’empereur surpris dans une expression pathétique. En revanche, les monuments et les témoi-
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Tête portrait d’Auguste et épigraphe relative au pavage des routes. Rimini, Museo della Città.
gnages archéologiques présentent la figure d’un homme politique engagé dans un programme organique d’ouvrages urbains et routiers: dans la section d’épigraphie romaine, une pierre milliaire, récupérée en 1949 vers le pont sur l’Uso, à San Vito, et originairement placée au mille VII de la ville, rappelle la restauration de la voie Emilia effectuée en l’an 2 av. J.-C., alors qu’un cippe en marbre célèbre le pavage des routes urbaines réalisé par son neveu, Caïus César, en l’an 1 apr. J.-C. Le processus de renouvellement amorcé par Octavien investit également le domaine privé: des idéals de l’art augustéen s’inspire la stèle funéraire de Egnazia Chila, un des exemples de sculpture les plus élégants du début de l’époque impériale. Emblématiques de l’architecture résidentielle sont les domus de la zone de l’arc d’Auguste, demeures raffinées, équipées d’installations de chauffage, de fontaines ornementales et d’espaces dotés d’absides, dont les pavements mosaïques enrichis de marbres seront prochainement exposés dans les salles de la section archéologique. C’est à Octavien que l’on doit la construction des deux monumentssymboles de la ville: l’arc à la fin de la voie Flaminia et, à l’extrémité opposée du décumanus maximus (corso d’Augusto), le pont sur le Marecchia. L’arc d’Auguste est le premier grand ouvrage réalisé par l’empereur à Ariminum. Erigé en 27 av. J.-C., comme porte de la ville, il rend honneur à la figure et à la politique d’Octavien, à commencer par l’inscription qui se réfère à la restauration de la voie Flaminia. Toute la structure, en maçonnerie à sec revêtue de pierres d’Istrie, est emprein-
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Le dieu Neptune (détail de l’arc d’Auguste). Rimini.
te d’un caractère religieux et propagandiste marqué: l’architecture évoque un temple, alors que l’ouverture de la porte, grande au point de ne pas pouvoir être fermée par des battants, proclame la paix obtenue en 31 av. J.-C., à la bataille d’Azio. L’appareil décoratif est chargé de symboles célébratifs qui occupent également les panneaux du tympan; les divinités des médaillons (Jupiter et Apollon vers l’extérieur, Neptune et Rome vers la ville) exaltent la puissance de Rome et la grandeur d’Auguste. A l’origine, l’arc faisait partie de l’ancienne enceinte en pierre, dont il reste quelques ruines, et était surmonté d’un attique avec la statue de l’empereur, à cheval ou sur un quadrige; au Moyen Age, le sommet fut bordé de créneaux, encore visibles. Sur l’ancien forum, l’actuelle piazza Tre Martiri, ce sont les restes archéologiques visibles dans les espaces non pavés qui évoquent l’époque d’Auguste. Alors, le pavement en pierres calcaires recouvrait toute la place, bordée au nord par le théâtre en briques et, au sud, par l’arc qui en marquait l’entrée; plus loin, la base de l’un des nombreux monuments honoraires célébrant la magnificence de la classe dominante se dressait en position surélevée, alors que le côté mer, à la hauteur de l’actuelle via San Michelino in foro, était bordé par la basilique. Un autre personnage apparaît impérieusement sur la place: Jules Cécar, évoqué par deux témoignages modernes, la statue en bronze et le cippe en pierre au coin de la via IV Novembre. Selon une ancienne tradition (qui ne correspond toutefois pas au récit écrit par le même général), il aurait harangué son armée sur le forum d’Ariminum, après avoir franchi le Rubicon. D’où la légende de la
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pierre sur laquelle César serait monté pour parler à ses troupes, pierre qui, jusqu’à la dernière guerre, était placée sur le cippe érigé en 1555, en souvenir de l’événement. Le voyage sur les traces d’Octavien reprend au pont de Tibère. En réalité, c’est Auguste qui le commença en 14 apr. J.-C., année de sa mort, en en laissant l’héritage à son successeur, qui l’acheva en 21 apr. J.-C., tel que le rappelle l’inscription des parapets intérieurs. En pierres d’Istrie, il se développe sur une longueur de plus de 70 m, sur 5 arches supportées par des piles massives dotées d’éperons briselames, obliques par rapport à l’axe de la route, pour atténuer la force du courant et seconder le cours du fleuve. Point de départ des voies Aemilia et Popillia et liaison avec le faubourg, le pont s’impose grâce à une conception technique et à un dessin architectural qui associent la fonction utilitaire à l’harmonie des formes et à l’exaltation des empereurs. Exaltation confiée à l’inscription et à un appareil décoratif sobre, qui évoque le pouvoir civil (la couronne de laurier et le bouclier) et religieux (le lituus ou bâton du prêtre, la cruche et la patère pour les sacrifices). La dernière arche, vers le faubourg San Giuliano, porte les blessures de la guerre entre Goths et Byzantins, l’un des nombreux épisodes qui, au cours des siècles, a risqué de le détruire. Si les interventions d’Auguste rentrent dans un projet systématique s’inspirant d'idéals politiques et d’une culture qui puise dans l’ancienne tradition romaine, la construction de l’amphithéâtre par l’empereur Hadrien, au IIe s. apr. J.-C., est le symbole de la politique du panem et circensem, visant un plus vaste consentement et le relâchement des tensions sociales grâce à la concession de moments d’évasion collective. Les vestiges de l’imposant édifice qui abritait les combats entre gladiateurs, les chasses d’animaux et les exécutions spectaculaires, sont les plus significatifs de toute le région. Le monument se dressait dans une zone périphérique, près du port et bien insérée dans le système routier, pour faciliter l’affluence d’un vaste public. Constitué d’un sandwich de béton et de briques, il se composait de deux rangs superposés de 60 arcades, pour une hauteur de plus de 15 m, et pouvait accueillir plus de 10 000 spectateurs; de forme elliptique, il disposait d’une arène en terre battue dont les dimensions étaient légèrement inférieures à celles du Colisée. Il reste aujourd’hui le secteur nord-est, avec l’une des entrées principales; d’autres entrées permettaient d’accéder au couloir conduisant aux escaliers qui montaient aux gradins en pierre numérotés. Après presque un siècle de vie, la structure perdit sa fonction pour être englobée dans les murs construits pour protéger la ville contre les incursions des Barbares.
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4. Caput viarum 1 ou 2 journées L’itinéraire: Cattolica, Zone archéologique de l’ex-marché aux fruits et légumes/ Museo della Regina; Riccione, Pont sur le ruisseau du Melo/Zone archéologique des Pharmacies Communales/Musée du Territoire; Rimini, Arc d’Auguste/Porte Montanara/ Museo della Città/Pont de Tibère; San Vito. San Vito
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Le parcours peut être effectué tant en voiture qu’en vélo, privilégiant en ce cas le réseau de pistes cyclables en voie d’aménagement dans la province de Rimini. Infos: www.ciclo.emila-romagna.it ou www.piste-ciclabili.com/provincia-rimini Pour les enfants avec leur famille, nous conseillons le laboratoire réalisé auprès du Museo della Regina de Cattolica: Tabernae et hospitalité dans le monde romain: lieux d’arrêt pour les voyageurs, organisé par Maria Luisa Stoppioni, d’une durée d’environ 1 heure et 30 minutes, pour enfants à partir de 9 ans Infos et réservations: tél. 0541 966577
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Qui provenait du sud, le long de la voie Flaminia, rencontrait le premier centre habité du territoire riminais à la hauteur de l’actuelle Cattolica. Ici, à la fin du Ier s. av. J.-C., période à laquelle Auguste fit exécuter les travaux de restauration de la même route, une mansio ou “station de service” naissait à mi-chemin entre Pisaurum et Ariminum, afin d’offrir l’hospitalité aux voyageurs et à leurs chevaux. Des vestiges, dont des structures de travail, mis au jour lors de fouilles archéologiques effectuées à partir des années 60, sont visibles dans la zone de l’ancienne place du marché aux fruits et légumes: des vasques aux pavements en terre cuite, un système de canalisations pour l’écoulement des eaux et un puits, de 8 m de profondeur, utilisé jusqu’à la moitié du IIIe s. apr. J.-C., lorsqu’un incendie, datant des premières incursions barbares, marqua le déclin du centre habité. Le matériel, de ces fouilles et d’autres sites, est réuni auprès du Museo della Regina (Musée de la Reine), installé dans l’ancien hôpital des Pèlerins et organisé en deux sections, dont une archéologique et une marine. La visite des salles archéologiques permet d’entrer dans la vie quotidienne du petit établissement: les récipients dans lesquels étaient servies les boissons évoquent la taberna dans la mansio, une mosaïque rustique aux tesselles irrégulières en pierre calcaire rappelle la vocation artisanale de l’installation, les pièces retrouvées dans le puits font allusion aux gestes et à la fatigue de l’approvisionnement en eau alors que des peintures murales raffinées, des marbres travaillés et d’autres précieux objets décrivent le style de vie aisé du bourg proche de ce lieu d’arrêt. La route pour Rimini passe par Misano et par la localité de Fontanelle, d’où semblent provenir respectivement la pierre milliaire placée au mille 211, depuis Rome, et l’inscription qui célèbre les ouvrages d’art promus par Domitien en 93 apr. J.-C. Poursuivant
Mosaïque à tesselles de coupe irrégulière et fragment d’une peinture murale avec pied. Cattolica, Museo della Regina.
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notre route, nombreux sont les témoignages archéologiques marquant le tracé de la dernière partie de la voie romaine, celle-ci coïncidant presque avec l’actuelle route nationale. Immédiatement après le cimetière de Riccione, quelques mètres endessous du pont sur le ruisseau du Melo, une arche de l’ancien pont romain en maçonnerie est encore visible. Le parcours continue en s’enfonçant vers l’intérieur, jusqu’à San Lorenzo in Strada, où le tracé, par un tournant presque à angle droit, aujourd’hui masqué par un rond-point, repart vers la mer; la déviation du parcours littoral est tour à tour attribuée à la nécessité d’éviter les paludes côtières ou à la présence d’un lieu de culte important. Les successives découvertes archéologiques de cette zone confirment l’existence, à proximité du tournant, d’un village - traditionnellement identifié comme Vicus Popilius - spécialisé, du IIe s. av. J.-C. à la première époque impériale, dans la production de terres cuites architecturales pour la décoration d’édifices religieux ou civils. Le site archéologique des «Pharmacies Communales» mérite une visite: les vestiges des structures y prennent vie grâce à des dessins qui reconstruisent les différentes phases du site, des premières présences de l’âge du fer à l’installation de production associée à la construction de la route, de la régularisation du complexe sous Auguste à la nécropole impériale et à son utilisation comme four à chaux dans l’Antiquité tardive.
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A gauche, le pont romain sur le ruisseau du Melo, Riccione. A droite: terre cuite avec Satyre et Ménade, de San Lorenzo in Strada, Rimini, Museo della Città, et tombe en forme de puits, de la nécropole de la via Flaminia, Riccione, Musée du Territoire.
Le matériel mis au jour dans l’arrière-pays, dans le village de San Lorenzo in Strada et dans la nécropole le long de la voie Flaminia, est conservé auprès du Musée du Territoire de Riccione. Originale est la documentation des rites de sépulture: une tombe à crémation à caisse, avec tuile de couverture percée pour l’introduction d’une amphore contenant les offres rituelles pour le défunt; une grande caisse en maçonnerie, à l’intérieur de laquelle avait été allumé le bûcher funéraire et qui contenait les cendres avec les objets du trousseau; les restes brûlés d’un lit funèbre en os décoré, où l’on peut reconnaître des amours ailés, des figures drapées et un cheval. Le chemin reprend, marqué par les toponymes des localités (al Terzo, Colonnella) et par l’existence de milliaires placés au troisième et au premier mille de Rimini: dépourvus de texte, ils sont encore visibles, l’un étant à Miramare, à environ 1 km de l’aéroport, et l’autre à proximité de l’église de la Colonnella. Par contre, il ne reste aucune trace évidente des anciennes nécropoles, les plus monumentales d’Ariminum, qui déployaient sur plus d’un mille, hors des murs, leurs imposants édifices sépulcraux, de solennels monuments funéraires ou de plus humbles symboles, distribués selon un critère hiérarchique de visibilité. La voie Flaminia s’achève majestueusement sur l’arc construit par Auguste il y a plus de deux mille ans (v. Itinéraire n° 3). Accueillant l’invitation à entrer que semble nous adresser la grande arcade, nous passons l’accès pour rejoindre la porte Montanara, à l’extrémité du cardo maximus (via Garibaldi). Ses vestiges, placés en 2004 à proximité de la position originaire, mise en évidence par le pavement de la
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Porte Montanara, Rimini.
route, appartiennent à la porte en pierre arénaire construite vers la fin du Ier s. av. J.-C., pour marquer l’entrée depuis la via Arretina. Dotée d’une double arcade et d’une cour de garde intérieure avec contre-porte, la construction fut réduite à une seule arche, pour la fermeture de l’un des passages, dès le IIe s. apr. J.-C. L’itinéraire touche maintenant le jardin de la section d’épigraphie romaine, à l’intérieur du Museo della Città. Notre regard est aussitôt attiré par les plus anciens monuments funéraires des nécropoles de la voie Flaminia, avec leur typique pierre en forme “de dé”: les sépulcres des Ovii et des Maecii offrent une mine d’informations sur l’Ariminum du début du Ier s. av. J.-C., une ville économiquement vivace et une société multiethnique des plus dynamique. Les dédicaces des épigraphies funéraires, dont le musée conserve une riche collection, émeuvent comme alors le lecteur, s’adressant à lui par des formules de salut, l’invitant à s’arrêter par de touchantes expressions de douleur pour la personne aimée ou par le souvenir déchirant d’une mort précoce. Cette section expose également la plaque en marbre préalablement mentionnée, provenant de Fontanelle di Riccione, sur laquelle le nom de l’empereur Domitien a été effacé suite à sa condamnation posthume pour les crimes lui ayant été attribués (damnatio memoriae), et une collection de milliaires inscrits, affiches éloquentes de la propagande impériale: de la pierre colossale placée par Auguste, en l’an 2 av. J.-C., au mille VII de la voie Aemilia, à proximité du pont sur le torrent de l’Uso, à celle qui indiquait le mille 211 de la voie Flaminia, érigée par Maxence au IVe s. et réutilisée par Constantin et par Magnus
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Monument funéraire en forme de dé et milliaire, de la via Flaminia. Rimini, Museo della Città.
Maximus, et à celle qui mentionne les empereurs Valentinien, Valens et Gratien, engagés dans la restauration des routes à la fin du IVe s. La plaque représentant Satyre et Ménade, qui anticipe la collection complète qui sera bientôt exposée dans les salles de la Section archéologique, appartient au groupe de terres cuites architecturales découvert à San Lorenzo in Strada, en 1866. L’exposition comprendra également de remarquables trousseaux funéraires provenant des nécropoles qui étaient situées le long des routes, en dehors du centre urbain. L’itinéraire nous ramène dans la rue, sur les traces de la voie Aemilia, qui sortait de la ville, avec la voie Popillia, enjambant le Marecchia par le pont de Tibère (v. Itinéraire n° 3). La première partie de la route consulaire, probablement pavée lors des interventions de monumentalisation effectuées par Auguste, se développait en ligne droite, dans l’axe du même pont, traversant le faubourg habité jusqu’au IIIe s. apr. J.-C. avant d’être destiné à devenir une nécropole. Après s’être détachée de la route littorale Popillia, probablement dans la localité «Le Celle», l’Aemilia s’enfonçait, alors comme aujourd’hui, dans la plaine du nord, serpentant au pied des collines et traversant un territoire habité qui faisait partie du réticulé de la centuriation poursuivie le long de la même route. A la hauteur de S. Giustina, l’artère de la via Emilia Vecchia se détache du tracé principal jusqu’à Savignano. Cette déviation est associée aux travaux d’aménagement effectués par Auguste en l’an 2 av. J.-C., tel que le rappelle le milliaire retrouvé à San Vito, au mille VII d’Ariminum; les raisons qui poussèrent l’empereur à modifier le parcours par rapport à l’ancienne voie, qui coïncide avec l’actuelle nationale, ne sont pas encore claires. La route consulaire aurait ainsi probablement évité la zone de l’actuel Santarcangelo, un centre artisanal
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pour la production de matériaux de construction, d’amphores et de céramiques. La colonne milliaire a été découverte à proximité de l’ancien pont sur le torrent de l’Uso, pont dont il reste quelques vestiges, non loin de l’église paroissiale. De récentes investigations archéologiques ont établi que les arches en briques encore existantes remontent à l’époque malatestienne mais qu’elles reposent sur les restes d’un pont romain en blocs de pierre. Sur la base des mesures effectuées sur la partie effondrée encore sur place, le pont, qui était probablement d’époque augustéenne, devait présenter des formes monumentales et des dimensions supérieures à celles du pont de Tibère de Rimini (environ 8 ou 9 arches!). Cet ouvrage devait sans doute présenter une valeur symbolique et propagandiste très importante. Cette interprétation s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle le torrent de l’Uso est identifié comme l’ancien Rubicon; ce fleuve, rendu célèbre par César, marquait la frontière de l’Etat romain pendant la période républicaine, frontière qui avait été déplacée aux Alpes par Auguste après l’union de l’antique Italie avec la Gaule cisalpine. Une union politique que l’empereur voulut peut-être célébrer en érigeant cet imposant pont pour relier physiquement les deux régions.
Le pont romain sur le cours du Marecchia, à Rimini, et les restes du pont sur le torrent de l’Uso, à San Vito.
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5. Le site archéologique de la piazza Ferrari: une petite Pompéi au cœur de Rimini 1 journée L’itinéraire: Rimini, Complexe archéologique de la domus du chirurgien de la piazza Ferrari/Museo della Città - Section archéologique Interview impossible - Laboratoire La pelle de l’Archéologue. Ponte di Tiberio
Palazzo Arengo
Museo della Città
Rocca Malatestiana Palazzo del Podestà
Teatro degli Atti
via Sigism
Camera di Commercio
Biblioteca Gambalunga Vecchia Pescheria Piazza Tre Martiri
Porta Montanara
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ondo
anni Ufficio info Corso Giov comunale Domus del chirurgo
Palazzo Massani Prefettura
IAT
Ce site archéologique muséalisé, un espace de plus de 700 m2 qui raconte 2000 ans d’histoire de la ville, est ouvert au public depuis décembre 2007. Il s’affirme comme un authentique “trésor” en mesure de motiver à lui-seul, pour son exceptionnalité, une visite à Rimini. La structure architecturale, conçue pour assurer la protection et la conservation du site, valorise les vestiges archéologiques en en permettant une vision panoramique, qui respecte l’intégrité du complexe, ainsi que la lecture unitaire des différents contextes. Les fouilles, entreprises en 1989 par la Direction des Biens archéologiques d’Emilie-Romagne, ont mis au jour une domus d’époque romaine, une résidence palatiale de l’Antiquité tardive, des sépultures et des traces d’habitations du haut Moyen Age, des maçonneries du bas Moyen Age et d’époque moderne. La visite équivaut à un voyage dans le passé: entre émotions et suggestions, nous nous projetons dans la ville romaine pour en écouter les voix, y réentendre le bruit de la mer qui bordait la côte proche du centre et en saisir les aspects de la vie au quotidien.
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C’est en effet ici, au IIe s. apr. J.-C., que se dressait une habitation que les spécialistes ont dénommée “domus du chirurgien”, selon la profession de son dernier propriétaire, un médecin de culture grecque. Détruite à la moitié du IIIe s. par un incendie attribuable aux incursions des premiers Barbares, les ruines de la domus ont dévoilé des structures, des mosaïques, des peintures, des meubles et des objets qui offrent une “photographie” de la vie dans le Rimini antique. Les prestigieux pavements en mosaïque et les ouvrages de maçonnerie, encore partiellement revêtus de fresques vivaces, décrivent une résidence à usage privé et professionnel, abritant un cabinet, la taberna medica, dont l’élégant pavement en mosaïque polychrome accueille en son centre la représentation d’Orphée. Enfouie sous les ruines, la pièce a conservé jusqu’à nos jours un exceptionnel trousseau chirurgico-pharmaceutique, le plus riche nous étant parvenu de l’Antiquité. Mais l’histoire du site ne prit pas pour autant fin avec l’incendie: les restes d’un édifice palatial de l’Antiquité tardive, construit sur la partie antérieure de la domus au Ve s., le démontrent. Des mosaïques polychromes aux motifs géométriques élaborés et la technique de chauffage de certaines pièces témoignent la richesse de la résidence, dont la vie s’acheva toutefois au VIe s. apr. J.-C. Par la suite, tel qu’un groupe de tombes le documente, le lieu fut destiné à devenir une zone de sépulture. Plus tard, probablement au VIIe s., la zone ouest fut intéressée par une nouvelle construction en matériaux pauvres (bois et argile crue) et de réemploi. La destruction
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A gauche, le complexe archéologique de la domus du chirurgien. Rimini. A droite, de haut en bas: Mosaïque d’Orphée dans la taberna medica et mosaïque du palais de l’Antiquité tardive (détail). Rimini, complexe archéologique de la domus du chirurgien.
de ce même édifice, dès le haut Moyen Age, fit probablement place à un espace ouvert. La Section archéologique du Museo della Città tout proche consacre un espace particulier à la domus du chirurgien: il y est possible d’entrer dans la taberna medica, reconstruite à une échelle proche de l’original, et d’admirer les pièces les plus significatives retrouvées dans les ruines. Tout à fait extraordinaire est le panneau en verre qui ornait une paroi du triclinium: le disque central représente, d’une
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A gauche, panneau en verre, de la domus du chirurgien. A droite, mortiers avec pilons, pots à médicaments et main votive en bronze, de la domus du chirurgien. Rimini, Museo della Città.
manière naturaliste, sur le bleu de la mer, une daurade, un maquereau et un dauphin en mosaïque, ces animaux s’insérant dans la plaque de verre gravée. Nous sommes devant un tableau mural rare et précieux (en grec, pinax) de tradition hellénistique, très semblable à un exemplaire produit à Corynthe, à la moitié du IIIe s. Une pièce en mesure d’évoquer les lumières et les horizons marins à l’intérieur de la domus qui se dressait, comme nous l’avons dit, à courte distance de la côte adriatique. Nous voici devant l’exceptionnel trousseau chirurgico-pharmaceutique: parmi plus de 150 instruments en bronze, nous pouvons remarquer des groupes de fers soudés sous l’effet de la chaleur de l’incendie. Outre aux bistouris, sondes, pinces, forceps et tenailles odontologiques, la vitrine expose une tenaille pour chirurgie osseuse, un fer pour l’ablation des calculs urinaires, un trépan à bras
Instruments chirurgicaux avec restes du contenant, de la domus du chirurgien. Rimini, Museo della Città.
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mobiles et un levier orthopédique. La même vitrine contient une plaque en bronze offrant la représentation de Diane chasseresse: il s’agit du couvercle d’une petite trousse médicale, probablement en bois, dotée d’une fermeture à coulisse. Notre attention est ensuite attirée par de grands mortiers et pilons en pierre, utilisés pour le broyage et la mouture d’herbes et de minéraux dans la préparation des médicaments. Les formes et les matériaux différents sont les indices d’une spécialisation dans la trituration des diverses substances. L’un des objets éveille notamment notre curiosité: un vase en forme de pied, doté d’une double paroi, utilisé comme bouillotte ou poche à glace, selon les nécessités. Tout aussi intéressants sont les petits récipients portant, en grec ou en latin, l’indication de leur contenu! De la taberna provient également la main votive en bronze, une sculpture qui se rattache au culte oriental de Jupiter Dolichenus, pratiqué à Rimini du IIe au IIIe s. A la fin du parcours expositif, il est intéressant de remarquer un graffiti, sur le mur proche du lit placé dans la pièce de la taberna destinée à l’hospitalisation des patients: il s’agit du nom du médecin (interprété comme Eutyches), écrit peut-être par un malade en signe de gratitude, en le définissant comme homo bonus. La vitrine opposée expose un groupe de plus de quatre-vingts pièces de monnaie (la menue monnaie pour la vie quotidienne), tombées à terre de l’étage supérieur lors de l’écroulement de la domus, ainsi que les armes (une pointe de lance et un javelot) retrouvées sur le pavement du cabinet du chirurgien, souvenir des événements de guerre qui aboutirent à la destruction de l’habitation.
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Interview impossible à un personnage qui vécut au IIIe s. apr. J.-C. dans la domus du chirurgien Organisé par Francesca Minak et par Marina Della Pasqua Durée 1 heure et 15 minutes Pour enfants à partir de 9 ans Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 704421-26 La visite est animée par la rencontre avec une personne qui connut de près le chirurgien de la domus de la piazza Ferrari, interprété à cette occasion par le guide qui en portera symboliquement les vêtements. Qui était le médecin qui habita dans la domus au IIIe s.? Quel était son nom? D’où venait-il? Quelles maladies savait-il soigner et quelles interventions effectuait-il? Nombreuses sont les curiosités qui émergeront de la visite du site archéologique et de la rencontre avec le personnage, nombreuses les questions qui pourront être posées et auxquelles pourront être suggérées une réponse ou une hypothèse avancée par les archéologues et les spécialistes! Lors de cette “interview impossible”, les enfants auront la sensation d’être projetés dans le passé, dans les premiers siècles de l’empire, dans une ville riche et florissante, ouverte aux personnes, marchandises et cultures venant de l’orient mais déjà menacée par les hordes barbares. La valse entre présent et passé ainsi que le dialogue avec le médecin permettent de composer des pages d’histoire et de vie vécue, de dévoiler le quotidien d’alors, des connaissances sur l’ancienne science de la médecine, sur les croyances et sur les goûts de nos ancêtres. Les propositions pour les plus jeunes comprennent des fables s’inspirant du complexe archéologique ainsi qu’une sympathique et éducative expérience de fouilles, la “pelle de l’archéologue”. Parmi les histoires animées, nous suggérons: Il était une fois… une domus (de 3 à 6 ans) Pinax. Histoire sonore de la mer (de 3 à 8 ans) Le chirurgien et le temple secret d’Anubis (de 7 à 12 ans) Le chirurgien et le cas bizarre du rhume d’amour (de 3 à 6 ans) Organisé par Cristina Sedioli Durée 1 heure et 15 minutes Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 704421-26
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La pelle de l’archéologue Organisé par Ilaria Balena Durée 2 heures Pour enfants de 7 à 11 ans Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 704421-26 Le laboratoire, qui se rattache à une expérience de fouille archéologique effectuée sur la plage (donc avec une pelle!), est organisé par adArte sas: un espace aménagé dans le jardin qui accueille la Section d’épigraphie romaine, à l’intérieur du Museo della Città, permet aux enfants, sous la conduite de l’archéologue, d’éprouver l’émotion de la découverte, devenant eux-mêmes de «petits archéologues». La simulation de fouilles offre aux enfants une approche divertissante et stimulante de l’archéologie, guidant les petits chercheurs sur les traces du passé, entre jeu, curiosité et émerveillement! Les phases d’une recherche archéologique y sont reparcourues en en adoptant les critères et la méthodologie et en utilisant les instruments du métier: des fouilles à l’observation du terrain et des traces qu’il conserve, de la récupération de matériel à la documentation… pour comprendre le concept de stratigraphie, la signification du travail de l’archéologue, l’importance de respecter ce que le temps a enterré. La rencontre avec l’archéologie représente ainsi une approche de l’histoire, où les pages des livres sont les couches de terrain et où les mots écrits sont interprétés par les objets découverts et mis en lumière! L’engagement personnel associé à la réalisation d’un travail de groupe permettent aux enfants de devenir les protagonistes d’une émotionnante aventure qui les rendra plus conscients de la valeur de l’histoire et plus respectueux envers ses héritages.
Daim, détail de la mosaïque d’Orphée. Rimini, complexe archéologique de la domus du chirurgien.
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6. De domus en domus 1 ou 2 journées L’itinéraire: Rimini, Palais Massani, Préfecture/Chambre de commerce/ Museo della Città - Section archéologique - Atelier de la fresque.
Palazzo Arengo
Museo della Città
Rocca Malatestiana Palazzo del Podestà
Teatro degli Atti
via Sigism
Camera di Commercio
Biblioteca Gambalunga Vecchia Pescheria Piazza Tre Martiri
Porta Montanara
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anni Ufficio info Corso Giov comunale Domus del chirurgo
Palazzo Massani Prefettura
Le Rimini souterrain se dévoile, montrant au visiteur les trésors de la ville antique sur laquelle le centre actuel s’est progressivement développé. Une richesse qui émerge chaque fois que l’on pénètre le soussol, dessinant d’une manière toujours plus définie un tissu citadin qui entrecroisait ses fils tout autour des émergences monumentales. De nombreux sites archéologiques, localisés au cœur de Rimini grâce à des fouilles conduites dès l’après-guerre, ont restitué de significatifs témoignages des domus, les prestigieuses habitations, miroir de la position sociale et des activités des domini, les patrons de la maison. Trois d’entre eux ont été muséalisés in situ: l’aire du palais Massani (actuel siège de la Préfecture), celle de la Chambre de commerce et le complexe de la piazza Ferrari (v. Itinéraire n° 5). Construite sur le cardo maximus, dans une position prestigieuse, l’habitation mise au jour dans l’aire du palais Massani est un exemple clair de l’évolution des domus d’Ariminum: les fouilles, effectuées de 1998 à 2000, ont documenté au moins six interventions, des premières structures modestes de la moitié du IVe s. av. J.-C. (donc antérieures à la fondation de la colonie!) à leur abandon, au Ve s. apr. J.-C.
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Les vestiges visibles appartiennent à la luxueuse demeure du début du Ier s. apr. J.-C. L’édifice, conçu sur le modèle des maisons de l’aire vésuvienne, s’ouvrait sur un superbe décor qui, de l’entrée, embrassait l’atrium, le tablinum (salle de réception) et le peristylium (jardin à arcades), pièces de représentation dans lesquelles le dominus traitait ses affaires et entretenait ses hôtes. Le tablinum était enrichi d’un pavement en dalles de marbre polychrome délimité par un cadre de mosaïques; le centre était occupé par une fontaine dont il reste l’empreinte. Le peristylium était orné d’un grand bassin - au fond revêtu d’une mosaïque noire et aux parois finies par une couche imperméabilisante de «cocciopesto» qui, grâce au murmure de l’eau, rendait le séjour dans le jardin plus agréable encore. Ce bassin, enfoui lors des restructurations effectuées dès la fin du Ier s. apr. J.-C., disposait d’escaliers en maçonnerie et d’un fond en pente pour les opérations d’entretien. Le site archéologique visitable dans le sous-sol du siège de la Chambre de commerce démontre également la succession de restructurations ayant eu lieu au cours de l’histoire d’Ariminum. Les structures, mises en lumière de 1995 à 1996, documentent la vie d’au moins trois domus, situées dans un îlot du secteur occidental de la ville romaine à vocation essentiellement résidentielle. Dans cette situation archéologique d’aspect complexe, ce sont les
Pavements en «cocciopesto», en mosaïque et en dalles de marbre. Rimini, site archéologique de la Chambre de commerce.
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Gemme gravée avec représentation de Mars et oscillum avec lièvre. Rimini, Museo della Città.
pavements qui attirent le regard: le «cocciopesto» raffiné, aux méandres dessinés par des tesselles de mosaïque, relatif à une domus du Ier s. av. J.-C. dotée d’un jardin à arcades; le précieux pavement en dalles de marbre noir et blanc, se rapportant à une autre habitation d’époque impériale; l’originale mosaïque polychrome, ornée de motifs géométriques et d’éléments végétaux stylisés, attribuée à une restructuration du IIIe s. apr. J.-C.; le luxueux dallage en marbre polychrome, de l’Antiquité tardive, qui s’étendait dans la grande salle à abside surélevée. Nombreux sont les marbres qui firent alors l’objet de spoliations, lorsque, à la crise de l’empire, les matériaux les plus coûteux commencèrent à manquer, et dont il ne reste que des empreintes bien visibles dans le hourdis des planchers. Dans la partie centrale de l’aire de fouille, il est intéressant de remarquer les traces d’une ruelle qui coupait longitudinalement l’îlot; une conduite d’égouts en briques (encore très visible), dans laquelle se déversaient les effluents des habitations voisines, longeait ce passage en terre. Cette ruelle, qui fut envahie de petites boutiques dès la fin de l’époque républicaine, perdit sa fonctionnalité dans l’Antiquité tardive, lorsque l’abside de l’édifice palatial fut superposée au tracé. Les centaines de milliers de pièces récupérées lors des campagnes de fouilles sont conservées au Museo della Città, gardien de l’un des patrimoines les plus riches et les plus intéressants de la région en attente d’être prochainement exposé dans la Section archéologique. Le segment consacré au Rimini des IIe et IIIe s. apr. J.-C., qui est actuellement visitable, réserve un vaste espace aux domus et à la vie quotidienne d’alors. Le parcours expositif plonge le visiteur dans l’intimité des murs domestiques grâce à la reproposition de l’une des pièces des fouilles du palais Arpesella: sur le plancher, une copie du «cocciopesto» comprenant des portions de mosaïque, sur les murs et sur le plafond, des peintures aux compositions semblables aux tapisseries
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Base avec figures et scène d’école, du palais Diotallevi. Rimini, Museo della Città.
modernes, répétant des motifs géométriques et floraux, tels que la représentation de roses et de boutons sur fond bleu clair. Les objets exposés dans les vitrines évoquent des suggestions des anciennes pièces dans lesquelles la domina partageait ses journées, filant et tissant, ou se confiant aux mains expérimentées des esclaves pour l’exécution de coiffures compliquées, pour se maquiller le visage, se parfumer, s’enduire le corps d’huiles et s’orner de bijoux. Les hommes aimaient également s’enduire de baumes et se parfumer, porter des objets précieux comme des anneaux, ceux-ci pouvant être enrichis de pierres dures, à utiliser comme des sceaux, avec la représentation de symboles et de divinités protectrices. Un sens de mystère régnait dans toute la maison, pleine de statues, de mobilier, d’objets décoratifs et d’amulettes… auxquelles était attribué le magique pouvoir d’éloigner le mal: ainsi, le tintement aigu des tintinnabula résonnait dans les pièces et, sous les portiques, les oscilla, disques en marbre décorés de bas-reliefs, pendus entre les colonnes, émettaient de doux bruissements. Les pions en os et en pâte de verre, les osselets et les dés évoquent les moments d’otium et les jeux de hasard ou sur échiquiers, alors que la vaisselle en céramique et en verre rappelle l’ambiance de la table et l’activité de la cuisine. Après avoir traversé les salles consacrées à la taberna medica et aux fouilles de la piazza Ferrari (v. Itinéraire n° 5), le visiteur “entre” dans la luxueuse domus du palais Diotallevi, construite à quelques pas du forum et donnant sur le décumanus dominé par le théâtre. La plupart
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Hercule (détail de la mosaïque des bateaux) et statuette d’un lare dansant, du palais Diotallevi. Rimini, Museo della Città.
des pièces se rapportent au milieu de l’époque impériale, la phase la mieux documentée du site qui fut habité de l’époque républicaine jusqu’au IIIe s. apr. J.-C. De cette époque date l’incendie - probablement en rapport avec celui de la domus du chirurgien - qui détruisit l’édifice en en provoquant l’abandon. Restructuré entre le IIe et le IIIe s., il accordait de vastes espaces aux salles de réception et devait peut-être abriter une école privée, avec entrée indépendante, dont il reste encore l’enseigne sur la petite base en pierre représentant un maître et son élève. L’habitation se composait de salles élégantes: un triclinium (salle pour banquets) d’hiver et un d’été, pavés de splendides mosaïques géométriques, donnaient sur la grande cour-jardin ornée d’un bassin dans lequel étaient ménagées des niches. L’une d’entre elles devait sans doute accueillir la statue d’athlète, probable copie du discobole de Polyclète, dont nous avons retrouvé les fragments. Mais c’est à la grandiose mosaïque en noir et blanc représentant l’entrée des bateaux dans le port que le dominus, probablement un armateur, confiait son image. L’originale et complexe composition de ce tapis en mosaïque qui recouvrait la plus grande salle de représentation, dont le centre représentait Hercule levant sa coupe, devait susciter de l’admiration et de l’étonnement chez les hôtes: ceux que le visiteur éprouve aujourd’hui encore devant la mosaïque qui nous transmet, grâce à cette image du port, la première «photographie» de Rimini. La fonction de la pièce, destinée à accueillir de somptueux banquets, est rappelée par le kantharos, grande coupe à vin qui en marquait le seuil, et par la vaisselle figurant dans le cadre le plus extérieur de l’emblème centrale.
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Mosaïque “d’Anubis” et hermès de Dionysos. Rimini, Museo della Città.
Le niveau de vie aisé est également suggéré par la splendeur de la table sur laquelle trônait le service en bronze retrouvé parmi les restes d’une armoire carbonisée par l’incendie qui détruisit la domus. Le service se composait, entre autres, de cruches, de casseroles, d’un plat, d’un porte-lampe et d’un lare dansant, divinité protectrice de la maison et du foyer, placé sur la table des offrandes rituelles pendant le banquet. Les représentations de dieux et de personnages mythologiques envahissaient les domus, notamment à l’époque impériale, lorsqu’elles devinrent plus les expressions du goût artistique et de la mode que celles d’une véritable dévotion: tel est le cas de la scène centrale de la mosaïque “d’Anubis”, manifestation de la passion déferlante pour l’exotique plutôt qu’exemple de la diffusion des cultes orientaux. Remarquable est la fortune des divinités du cortège dionysiaque: les sculptures d’Eros, de Dionysos, de Priape et de Silène, qui interprétaient les plaisirs conviviaux et les forces propitiatoires de la nature, s’adaptaient bien au milieu domestique et à l’agencement des jardins. Imaginons-nous, à l’intérieur d’une niche, probablement en guise de décoration, la statue d’Orphée jouant de la lyre, alors que le groupe de statuettes de divinités en bronze, retrouvé dans les années cinquante, devait être destiné au culte des dieux d’un laraire.
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L’Atelier de la fresque Organisé par Lorenza Angelini Durée 3 heures Pour enfants à partir de 10 ans et pour adultes Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 704421-26 Le parcours est complété par une proposition qui permet d’approfondir la connaissance du riche patrimoine de peintures murales d’époque romaine, conservées dans le musée et dans la domus du chirurgien, et de comprendre les secrets de l’une des techniques de peinture les plus anciennes et les plus fascinantes utilisées par de grands artistes. La fresque est une peinture murale exécutée sur une surface encore “fraîche”, afin que la réaction entre la chaux du mortier et l’atmosphère fixe les couleurs: c’est le traité “De Architectura”, de Vitruve, qui nous fournit les informations les plus détaillées sur cette technique que les Latins dénomment “udo tectorio“. L’expérience commence par la vision des originaux, sous la conduite de l’expert: de vastes fonds monochromes aux couleurs vivaces, souvent distribués en panneaux, entre lesquels sont dessinés des éléments floraux stylisés, des volatiles et des vues, ou des compositions «en tapisseries», aux motifs géométriques et végétaux. Des fresques de petites dimensions sont ensuite réalisées selon les anciennes techniques. Les instruments et le matériel nécessaires permettent de tracer d’abord le poncif, dessin préparatoire reproduisant l’un des sujets admirés lors de la visite et réélaboré selon l’interprétation de l’exécutant. Les contours de l’image transférée grâce au poncif apparaissent sur le fond uniforme de l’enduit, étendu sur le support préalablement préparé, puis, avec l’application des pigments, les sujets prennent forme, animés par les couleurs et par la définition des détails, selon la créativité personnelle. A la fin, chacun emmènera sa fresque chez soi, en souvenir de l’expérience.
Fresque avec roses, du palais Arpesella. Rimini, Museo della Città.
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7. Ressources de la nature et travail de l’homme: une économie entre tradition et actualité 2 journées L’itinéraire: Rimini, site archéologique de l’ex-Consortium Agraire/ Museo della Città - Section archéologique; Santarcangelo di Romagna, MUSAS.
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Le parcours peut être effectué tant en voiture qu’en vélo, privilégiant en ce cas le réseau de pistes cyclables en voie d’aménagement dans la province de Rimini. (infos: www.ciclo.emila-romagna.it ou www.piste-ciclabili.com/provincia-rimini). L’itinéraire pourra ensuite rejoindre d’actuelles structures du territoire (Routes des vins, agritourismes, huileries, poissonneries…) et découvrir le paysage agricole et les bois (nous suggérons de parcourir la Valconca, suivant la plaine de San Pietro in Cotto, pour arriver jusqu’aux premiers reliefs du Montefeltro). Ceux qui désirent vivre une expérience au contact direct de la nature peuvent visiter le Musée naturaliste multimédia et les Grottes d’Onferno (infos: tél. 0541 984694). Le musée présente la géologie du territoire, de ses formations gypseuses à ses «calanchi» et à ses grottes caractéristiques. Le voyage dans l’histoire de la formation du territoire peut se poursuivre dans les salles du Musée de Mondaino (infos: tél. 0541 981674), celui-ci réunissant la documentation du patrimoine paléontologique local.
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Pour les enfants, nous conseillons des activités organisées auprès du MUSAS de Santarcangelo di Romagna, à savoir: Les amphores et le vin Grâce à un parcours de jeu, ce laboratoire permet d’expérimenter toute la filière de production, du vignoble au marché. Organisé par Cristina Giovagnetti Durée 2 heures Pour enfants à partir de 9 ans et pour adultes Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 624703 Le géant Fuocargilla La fable raconte l’histoire fantastique du potier Mario, qui devint l’ami du terrible géant Fuocargilla et apprit à fabriquer d’incroyables amphores, avec la construction du Pantin géant Fuocargilla. Organisé par Cristina Sedioli Durée 1 heure et 15 minutes Pour enfants de 3 à 7 ans Payant, sur réservation Infos: tél. 0541 624703 Ariminum ne ressuscite pas seulement grâce aux monuments, aux routes consulaires, aux ponts et aux domus: les fouilles ont également mis en lumière des installations de production qui nous dévoilent des aspects de l’organisation du travail, des restes de villae rustiques et de structures de fabrication de produits locaux (de l’huile au vin), caractéristiques de la zone rurale. A Rimini, sur l’artère de la Circonvallazione Meridionale qui longe l’enceinte de murs, à quelques pas de l’arc de la porte Montanara, à l’endroit où un complexe résidentiel a remplacé l’ex-Consortium Agraire, une structure de muséalisation in situ permet de visiter une partie d’un site de production découvert entre 2002 et 2003, lors des travaux de construction. Il abrite une grande vasque au pavement de briques en terre cuite disposées en chevrons (le classique opus spicatum) et aux parois imperméabilisées par une couche de «cocciopesto»: il est curieux de remarquer que l’accès au bassin n’est pas assuré par des marches mais par une rampe, caractéristique certainement liée à l’utilisation à laquelle était destinée la vasque dans le contexte manufacturier, d’époque impériale, dont elle faisait partie (à
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rattacher peut-être au travail de l’argile ou de fibres textiles). Une situation archéologique qui peut symboliquement constituer la “porte d’accès” à la vocation artisanale du territoire de Rimini. Essayons maintenant de suivre les différents itinéraires entre terre et mer, entre vallées et collines, où il sera facile de retrouver l’authenticité de notre histoire dans le travail des champs, dans l’artisanat et dans les saveurs les plus sincères de la tradition. Dans les nombreux établissements des riantes localités de la côte, dans les ruelles des anciens petits villages, dans une succession de paysages colorés où les vignes rencontrent les oliviers, les potagers glissent vers la mer et les bois font place aux prés… de toutes parts, il y a la joie d’un bon verre de vin sangiovese, produit selon de modernes méthodes œnologiques, dans le respect d’une culture millénaire, évoquée par les sources historiques et archéologiques. Le vin romain local, d’une qualité probablement non exceptionnelle, était vendu à bas prix, ceci favorisant son exportation jusqu’à Rome, où il était destiné aux tables populaires. Sur les routes du vin, nous découvrons qu’à la vente du produit romagnol était associée la fabrication d’amphores de petite taille au typique fond plat, adaptées aux transports par voie de terre. Forlimpopoli et Santarcangelo s’affirment comme les principaux centres de production de ces récipients très répandus à l’époque impériale. Le Musée Historique Archéologique de Santarcangelo (MUSAS), installé depuis 2005 dans le palais Cenci, interprète magnifiquement la vocation d’un territoire agricole très fertile, qui a associé aux routes du commerce l’activité de la poterie et des terres cuites, sachant par la suite transformer celle-ci dans la tradition artistique médiévale et dans l’industrie moderne. Et si les fours à briques de ce musée rendent hommage au travail de l’argile, en en témoignant la technologie et la continuité dans
A gauche, amphores à vin à fond plat. Santarcangelo di Romagna, MUSAS. A droite, champs cultivés et oliviers de la Valconca.
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le temps, sa documentation relative aux villae rustiques romaines, liées au travail des champs, nous dévoile une brillante économie agricole, économie qui était non seulement axée sur la vigne mais aussi sur la culture des céréales, des légumes, des arbres fruitiers et de l’olivier. Aujourd’hui encore, la saveur des plats est exaltée par l’huile de nos collines, fruit d’un travail savant qui, plus récemment, a appris à valoriser un produit d’excellence pour son degré d’acidité, sa couleur, son parfum et sa saveur. Mais voici que le parfum de la «piada» se répand de tous côtés: cette simple galette, enrichie par l’ajout de saindoux ou d’huile, est travaillée par des mains qui répètent les mêmes gestes archaïques (pratiqués dès le Néolithique) et cuite sur la typique plaque en terre cuite réfractaire, descendante du testum utilisé alors par les Romains. Elle se mange avec des herbes de campagne (cassoni), de la charcuterie et de tendres fromages romagnols tels que le squacquerone, le raviggiolo et la ricotta, ou avec de savoureuses tommes de brebis ou du fromage «de fosse», produit à Sogliano al Rubicone, à Talamello et à Mondaino, affiné dans des fosses pendant des mois. Typiques des vallées des provinces de Rimini, Cesena et Forlì et du Montefeltro voisin, ces fromages constituent un hommage à l’économie agricolo-pastorale de l’arrière-pays romagnol et à une tradition fromagère dont les origines remontent à l’époque préhistorique. Très répandu, l’élevage des ovins a en effet toujours représenté l’une des principales ressources du territoire régional: comment ne pas rappeler, dès les Romains, la production du fromage “doc” de Sarsina, évoqué par Pline l’Ancien, dont la caciotta romagnole est aujourd’hui l’héritière? Le territoire boisé et l’abondante production de céréales favorisèrent, dès l’époque romano-républicaine, l’élevage du porc et le travail de ses viandes. Avec les sangliers, qui peuplent les zones les plus sauvages, riches en chênes, les porcs alimentent encore une véritable “industrie”. Ces zones proposent une charcuterie aux saveurs authentiques alors que le jambon du Montefeltro vante la distinction de produit d’excellence. La cuisine territoriale entrecroise des saveurs anciennes dans les plats de viande, tels que le cochon de lait rôti, dérivant des contacts avec les régions centrales de la péninsule, perpétués dans le temps à travers les routes apennines. Des champs et des potagers qui exploitent la fertilité des sols proviennent les salutaires herbes sauvages et les savoureux légumes, comme les asperges, déjà connues et appréciées par les Romains: les premières deviennent les reines des plats de Saludecio, petit centre de la Valconca; les seconds colorent les marchés et les tables, accompagnant les viandes et le poisson de l’Adriatique. Les nombreuses fêtes de pays vantent de savoureux produits tels que le miel (célébré
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Poissons, mollusques et crustacés de l’Adriatique (détail de la mosaïque de la via Cairoli). Rimini, Museo della Città.
à Montebello di Torriana) ou les châtaignes, nourriture des pauvres d’autrefois, reines actuelles de chaudes atmosphères automnales, comme celles du village de Montefiore. Le territoire de Rimini est à la fois lié à la terre et à la mer: renommé dès l’Antiquité pour ses eaux poissonneuses, l’Adriatique offre de savoureuses variétés de poissons qui sont le secret de joyeuses grillades, d’appétissantes salades et de délicieuses soupes… Les poissons gras sont les variétés qui triomphent pour leur saveur et leurs propriétés diététiques, une pêche “pauvre” qui mérite d’être revalorisée par les nombreuses recettes de la gastronomie locale. Dans le Rimini contemporain, qui prend toujours plus les contours d’une métropole, comme dans le territoire de la province, au sein d’une société dans laquelle l’industrie - et non seulement celle du tourisme et le tertiaire redessinent le rapport homme/environnement, il est surprenant de remarquer que, dans le tissu populaire du marché, les économies agricole, pastorale et marine vivent côte à côte, dans la tradition atavique des produits du potager, des laitages et de la pêche. Des images de terre et de mer caractérisent l’iconographie publique et domestique du Rimini romain: animaux sauvages, grappes de raisin, branches d’olivier et poissons frétillants lorgnent des carreaux du tympan de l’arc augustéen et animent le répertoire des mosaïques et les objets décoratifs. La salle consacrée à la mer de la Section archéologique du Museo della Città de Rimini conserve de splendides mosaïques sur lesquelles d’habiles artisans ont représenté des poissons, des mollusques et des crustacés de l’Adriatique. La mer, telle un mince fil bleu sur l’horizon, accompagne tour à tour notre voyage dans les témoignages archéologiques et dans les suggestions d’un paysage qui a pour protagoniste la longue plage dorée et, au loin, le raide promontoire de Gabicce.
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Le Festival du Monde Antique
«Antico/Presente» représente un itinéraire spécial, ou mieux encore, un “contenant d’itinéraires”, d’une durée de 4 jours. Cette manifestation, formulée comme Festival du Monde Antique, se déroule chaque année à Rimini, au mois de juin. Elle est organisée par la Bibliothèque Gambalunga et par les Musées municipaux de Rimini, en collaboration avec d’autres partenaires de la Province de Rimini. Cet événement, qui a toujours remporté un énorme succès, s’articule autour d’une structure de base et d’initiatives aux contenus variants. Son calendrier prévoit des commentaires magistraux, des présentations de livres, des itinéraires archéologiques, des séminaires et des congrès de nature historique, scientifique, anthropologique et religieuse, ainsi que des jeux et des initiatives pour enfants et adultes, des reconstructions historiques, etc. Le tout forme un riche programme de rendez-vous, utiles à satisfaire les curiosités et les intérêts qui vont de l’archéologie à la politique, de l’histoire au droit, de la littérature à la technique, au jeu, aux coutumes, à la religion, à la médecine… D’autre part, Rimini et son territoire constituent un cadre digne de foi, loin des schémas les plus communs: pour les monuments millénaires, pour les musées, gardiens de patrimoines originaux, sinon uniques, pour les nombreuses émergences du monde antique et pour les structures de muséalisation en voie d’accomplissement dans ce domaine, à partir du complexe archéologique de la “domus du chirurgien” à Rimini et de l’agencement des nouveaux espaces de la Section archéologique du Museo della Città qui intéressera quarante salles. Info: http://antico.comune.rimini.it
Un moment du festival: le campement romain dans la reconstruction de la Legio XXX Ulpia Traiana Victrix.
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Musées et sites archéologiques de la province de Rimini rencontrés dans les itinéraires
Cattolica, Museo della Regina (Musée de la Reine) Via Pascoli, 23 47841 Cattolica Infos: tél. 0541 966577 museo@cattolica.net www.cattolica.net/retecivica/italiano/cultura Horaires: l’hiver du mardi au jeudi: 9h30-12h30 vendredi et samedi: 9h30-13h30 et 15h30-19h00 dimanche: 15h30-19h00 fermé le lundi l’été mardi: 9h30-12h30 du mercredi au dimanche: 17h30-23h00 fermé le lundi Cattolica, site archéologique de l’ex-place du marché aux fruits et légumes Piazzetta Mercato 47841 Cattolica Infos: tél. 0541 966577 Museo della Regina Le site, à ciel ouvert, est visible de l’extérieur. Visites sur réservation Riccione, Museo del Territorio (Musée du Territoire) Centro Culturale della Pesa Via Lazio, 10 47838 Riccione Infos: tél. 0541 600113 museo@comune.riccione.rn.it Horaires: l’hiver (du 1er septembre au 20 juin) du mardi au samedi: 9h00-12h00 l’été (du 21 juin au 31 août) mardi, mercredi, vendredi: 9h00-12h00 et 21h00-23h00 jeudi et samedi: 9h00-12h00 fermé le dimanche et le lundi
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Riccione, site archéologique de San Lorenzo in Strada Via Flaminia, 25 47838 Riccione Infos: tél. 0541 600113 Museo del Territorio Le site, intégré dans la structure même de l’édifice de la Pharmacie Communale n° 2, est visible en permanence. Visites guidées sur réservation Rimini, Museo della Città (Musée de la Ville) et site archéologique de la piazza Ferrari (domus du chirurgien) Via L. Tonini, 1 et piazza Ferrari 47900 Rimini Infos: tél. 0541 21482-704421/26 musei@comune.rimini.it www.comune.rimini.it Horaires: l’hiver (du 16 septembre au 15 juin) du mardi au samedi: 8h30-12h30 et 17h00-19h00 dimanche et jours fériés: 10h00-12h30 et 15h00-19h00 fermé les lundis non fériés l’été (du 16 juin au 15 septembre) du mardi au samedi: 10h00-12h30 et 16h30-19h30 dimanche et jours fériés: 16h30-19h30 mardi et vendredi en juillet et en août: nocturne 21h00-23h00 fermé les lundis non fériés Rimini, site archéologique de la Chambre de commerce Via Sigismondo, 28 47900 Rimini Infos: tél. 0541 704421-704426 Musei Comunali Visites guidées sur réservation à effectuer au moins une semaine à l’avance Rimini, site archéologique du palais Massani (siège de la Préfecture de Rimini, Bureau Territorial du Gouvernement) Via IV Novembre, 40 47900 Rimini Infos: tél. 0541 704421-704426 Musei Comunali www.prefettura.rimini.it Visites sur réservation
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Rimini, aire archéologique de l’ex-Consortium Agraire Via Circonvallazione Meridionale, 82 47900 Rimini Le site est visible en permanence. Santarcangelo, MUSAS-Museo Storico Archeologico (Musée Historique Archéologique) Via della Costa, 26 47822 Santarcangelo di Romagna Infos: tél. 0541 625212-624703 servizi@metweb.org www.metweb.org/musas Horaires: l’hiver (du 1er novembre au 30 avril) samedi: 10h30-12h30 et 15h30-17h30 dimanche: 15h30-17h30 Visites guidées sur réservation, les autres jours également l’été (du 1er mai au 31 octobre) du mardi au dimanche: 16h30-19h30 samedi: 10h30-12h30 également mardi et vendredi (uniquement de juin à septembre): nocturne 21h00-23h00 fermé le lundi Verucchio, Museo Civico Archeologico (Musée Civique Archéologique) Via S. Agostino 47826 Verucchio Infos: tél. 0541 670222 iat.verucchio@iper.net www.comunediverucchio.it Horaires: l’hiver du lundi au vendredi: sur réservation samedi: 14h30-18h30 dimanche: 10h00-13h00 et 14h30-18h00 l’été (du 30 mars au 30 septembre) du lundi au dimanche: 9h30-12h30 et 14h30-19h30 N.B. Les périodes d’ouverture, les entrées et les horaires peuvent être soumis à des variations.
La hauteur de Verucchio, berceau de la civilisation villanovienne, et le promontoire de Gabicce.
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La beauté Notre pétrole, c’est la beauté La beauté nous permet des pensées élevées Et nous, nous la jetons comme si c’était de l’argent dans des poches trouées La beauté crie ses douleurs d’une manière silencieuse. Il faut soigner les oreilles de ceux qui commandent pour qu’ils puissent l’entendre La beauté est la nourriture de l’esprit La beauté, en Italie, tu peux même la rencontrer dans la rue et elle te remplit aussitôt de stupeur Mais dans les petits mondes, grande est la beauté en train de mourir. Si nous la sauvons, nous sauvons nous-mêmes. Tonino Guerra
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Colori compositi
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Colori compositi
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Parcours archéologiques entre terre et mer
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Rimini antique
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Provincia di Rimini Assessorato alla Cultura Assessorato al Turismo
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