MÉMOIRE ET PFE RECHERCHE MÉTROPOLES DU SUD
DE LA SUÈDE AU JAPON,
L’AGRICULTURE URBAINE
OUTIL DE COMPOSITION D’UNE SOCIÉTÉ DURABLE ET RÉSILIENTE PRÉSENTÉ PAR ROMAIN LAHONDÈS
Sous la direction de Mme Elodie Nourrigat, Architecte DPLG, Professeure TCPAU ENSAM M e m b r e s d u J u r y : N O U R R I G AT É l o d i e - G I R O D G u i l l a u m e D E VA U X F r e d e r i c - P U E C H S a n d r i n e - L E O T O I N G L u c B R I D O N C h r i s t i n e - G É LY- N A R G E O T M a r i e - C h r i s t i n e
École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier - Année universitaire 2020/2021
DE LA SUÈDE AU JAPON, INNOVATION, OUTIL DE DURABILITÉ
L’AGRICULTURE URBAINE
L’INNOVATION COMME OUTIL DE DÉVELOPPEMENT OUTIL DE COMPOSITION D’UNE SOCIÉTÉ
DURABLE ET RÉSILIENTE D’UNE MÉTROPOLE CONTEMPORAINE ENTRE EXCÈS ET DURABILITÉ Dans quelles mesures, l’insertion et le développement de la pratique agricole à travers la conception architecturale et la planification urbaine peut-il permettre En quoi les innovations peuvent transformer durable ? aux métropoles de répondre aux enjeux du développement une métropole d’excès en une métropole durable ?
Mémoire présenté par Soleine ROMERO Romain Mémoire et PFErecherche recherche présenté par LAHONDÈS la direction d’Élodie NOURRIGAT Sous laSous direction de NOURRIGAT Élodie Soutenu 07 juillet Soutenu le 29 leJuin 2021 2020 à L’École Nationale Supérieur d’Architecture de Montpellier à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier
DevantDevant un jury de :de : uncomposé jury composé BRIONÉlodie, Jacques,Architecte, Architecte, Professeur l’ENSA Montpellier NOURRIGAT Docteur, àProfesseur TPCAU ENSAM Frédéric, Architecte, Enseignant à l’ENSA Montpellier GIRODDEVAUX Guillaume, Architecte, Professeur TPCAU ENSAM DEVILLERS Agrégé de Génie Civil, Docteur en Mécanique des DEVAUX Frédéric,Philippe, Architecte, Enseignant TPCAU ENSAM Structures, Professeur HDR à TPCAU l’ENSA Montpellier PUECHMatériaux Sandrine, Architecte, Enseignant ENSAM GIARDI Coline, Architecte LEOTOING Luc, Paysagiste, Maître de Conférence ENSACF LA FENÊTRE Sophie, Architecte, Urbaniste, Directrice de l’EPF LR
BRIDON Christine, Architecte
NOURRIGAT Élodie, Architecte, Docteure en architecture,
GÉLY-NARGEOT Marie-Christine, Professeur HDR Université Paul-Valéry Montpellier Professeure à l’ENSA Montpellier, Directrice du laboratoire HITLAB PERCEBOIS Mathieu, Architecte, Enseignant à l’ENSA Montpellier
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 -4-
REMERCIEMENTS Je tiens à remercier en premier lieu ma directrice de mémoire, de parcours recherche et d’études Élodie Nourrigat qui aura su me guider, me conseiller, et me soutenir avec rigueur et constance durant l’intégralité de mon parcours pédagogique recherche.
J’aimerais grandement remercier Jacques Brion pour son accompagnement considérable et son support infaillible.
Mes remerciements s’adressent aussi aux personnes avec qui j’aurais pu discuter ou échanger sur le sujet et qui ont pu me permettre de construire une réflexion critique et nuancée.
Pour finir j’adresse ma gratitude à mes parents ainsi qu’aux membres de mon groupe de studio et amis Julia Allain-Schöning, Martin Pineau, Maxence Fromentin et Pauline Fasciale pour leur soutien et leurs relectures.
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 -5-
緑の街
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 -6-
01
LA PENSÉE DE L’AGRICULTURE URBAINE
Cette première partie à dominante théorique
Elle permettra par la suite de mettre en avant
aura pour but de comprendre le développement
les différents enjeux contemporains sociaux
de la pensée d’une agriculture à tendance
et environnementaux associées à la pratique
urbaine,
agricole urbaine.
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 -7-
© Vincent Callebaut Architectures
‑ ‑
22
‑
‑ ‑
46
‑
‑
‑
‑
‑
‑
•
•
•
‑ ‑
‑
‑
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 -8-
02
DE LA SUÈDE AU JAPON : IDENTIFIER DES ENSEMBLES FONCTIONNELS
Cette seconde partie s’attache à analyser
Trois typologies se démarquent alors des
et comparer différents projet d’agriculture
analyses
urbaine en Suède et au Japon afin d’en dresser
pratiqiuée en pleine-terre extérieure, en toiture,
différentes typologies de pratiques.
ou encore dans l’environnement bâti.
conduites;
l’agriculture
urbaine
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 -9-
Illustration personnelle
道の駅
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 96 -
03
PFE : ASSEMBLER LA VILLE PRODUCTIVE
La dernière partie de ce mémoire propose
Ce projet dont le site d’étude se situe à Tokyo
une approche prospective qui formule une
considère alors une phase urbaine ainsi qu’une
hypothèse sur la mise en relation des différentes
phase de conception qui interrogeront les
typologies d’agriculture urbaine étudiées.
différents éléments mis en, avant.
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 97 -
Illustration personnelle
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 98 -
III. 1 - CONTEXTUALISATION – TENDANCES Dans cette dynamique, une contextualisation
une proposition urbaine consiste à faire un état
temporelle permet de mettre en lumière
des lieux des différents enjeux des thématiques
des tendances qui permettront par la suite
liées à l’agriculture urbaine au Japon, et plus
de formuler les opportunités de la pratique
particulièrement à Tokyo.
agricole en milieu urbain à Tokyo.
EMENT
U
T I O N A LI M A M
TION AGR C I U
LE CO
PRO D
TA I R E
CONSO
EN
M
AIN
DÉV
P OP
RB
EL
Le travail préliminaire effectué pour formuler
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 99 -
Illustration personnelle
I I I.1 . A – D É V E L O P P E M E N T U R B A I N C R O I S S A N T Le Japon est une nation insulaire située au
De fait, la terre y est pleine d’ondulations,
large de la côte orientale du continent eurasien
comprenant
dans l’hémisphère nord. Constitué d’îles,
montagneuses et vallonnés, qui représentaient
ces dernières forment un archipel en forme
en 2020 plus des trois quarts de sa superficie
de croissant qui s’étend sur environ 378 000
totale (soit environ 79% du territoire), répartie
kilomètres carrés.
à travers 254 000 km² de terres forestières
ainsi de nombreuses régions
et champs, ainsi que de 45 000km² de terres agricoles (Fig. 55).
L’archipel japonais étant situé dans une zone au croisement de divers plaques tectoniques nord-américaine,
Du fait de cette géologie atypique, les zones
eurasienne et philippine), il est particulièrement
urbanisées représentent une faible proportion
sujet à divers phénomènes géologiques. Par
du territoire (9%), réparties à travers 19 3000
conséquent, le nombre de tremblements de
km² de zones aménagées et 3 700 km² de
terre dans le pays et la proportion de volcans
routes.
(plaque
pacifique,
actifs y est particulièrement élevé.
400 350 300 250 200 150 100 50 0 1980
1980
forets et champs
terres agricoles
2000 eaux intérieures
2010 Routes
zones aménagées
Figure 55 : Occupations des sols (en milliers de km²) de 1980 à 2020 (D’après le Ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 100 -
2020 autres
Près de 80% de la population mondiale
Le Japon est un archipel composé de 4000 îles,
habite à moins de 100km de la mer76. Les
les 4 principales sont Honshu, la plus grande
métropoles et mégalopoles sont d’ailleurs
île, reliée par des tunnels à Kyushu et Shikoku,
bien souvent
situées le long des littoraux
et Hokkaido qui se trouve en marge au Nord. Les
(Buenos Aire, Rio de Janeiro, Lagos, etc.). De
zones montagneuses occupent plus de 80%
fait, ils représentent de véritables zone de
du territoire, les plaines sont rares et étroites
contact entre la terre et la mer et s’illustrent
et soumises à un risque sismique important et
comme des interfaces maritimes qui mettent
au passage de typhons (au Sud). Alors, c’est
en relation l’avant-pays et l’arrière-pays. La
sur les plaines littorales que se concentre la
mondialisation a d’ailleurs encouragé un effet
majorité de la population japonaise, selon une
de littoralisation, concentrant les activités
répartition très inégale (Fig. 56) qui souligne
économiques autour de nouvelles Zones
notamment les différentes métropoles ainsi
Industrielles Portuaires (ZIP), créant ainsi des
que la mégalopole japonaise Taiheiyō Belt (太
façades maritimes dynamiques et essentielles
平洋ベルト).
à l’échelle mondiale .
0 - 50,0 50,0 - 100,0 100,0 - 200,0 200,0 - 300,0 300,0 - 500,0 500,0 - 700,0 700,0 - 1000,0 100,0 - 2000,0 2000,0+
Figure 56 : Densité de population (en habs/km²) par préfecture au Japon en 2010 (2010 Population Census of Japan, Bureau des statistiques du Japon, 2010). Gay-Duverlie, N. (2020, 27 avril). Les littoraux, espaces convoités. le web pedagogique. https://lewebpedagogique. com/histoiregeotruffaut/2019/03/11/les-littoraux-espaces-convoites-et-a-risques/
76
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 101 -
Le pays comptabilise plus de 125 millions
Parmi cette part importante de population
d’habitants, pour une densité de 340 habitants
vivant en milieu urbain, il est intéressant de
au kilomètre carré. Malgré une faible part
noter qu’elle se concentre à raison de 65% dans
de zones urbanisées, le pourcentage de la
les grandes zones métropolitaines (Fig. 58),
population vivant en milieu urbain y est d’environ
dans des proportions comparables aux autres
90% (Fig. 57). Cette répartition de la population
pays du G20 qui ne sont pas situés en Europe
nationale, définie par la proportion d’habitants
(Mexique, Corée, Australie, ou encore Canada).
par type de région (urbaine, intermédiaire,
Cela s’explique notamment par l’important
rurale) s’explique par sa géologie atypique,
étalement horizontal des métropoles de ces
qui décourage l’établissement humain dans
pays (construites plus récemment que les
l’arrière-pays montagneux et favorise la
métropoles européennes), qui s’étendent en
concentration de la population autour de
réalité sur plusieurs villes jusqu’à former des
quelques centres urbains, principalement
mégalopoles (métropole de plus de 10 millions
situés le long des littoraux
d’habitants).
80 70 60 50 40 30 20 10
ni eU
lie
um Ro
ya
ée
ra st Au
m ag Al
le
Ja
Co r
ne
n po
a ad Ca n
lie Ita
e ui rq Tu
Me x
iq
ue
ce an Fr
Su
èd e
0
Régions urbaines
Régions intermédiaires
Régions rurales
Figure 57 : Comparaison de la répartition de la population nationale (en %) pour l’année 2014 de différents pays du G20 (Small regions, TL3 : Statistiques démographiques, OECD Library, 2014).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 102 -
En 2015, la métropole de Tokyo comptait la
L’agglomération de Tokyo ou Grand Tokyo,
plus grande population urbaine parmi les 47
est la mégalopole la plus peuplée du monde
préfectures du Japon, comptabilisant 13,52
(42,8 millions d’habitants en 2020). Elle est
millions d’habitants. Suivie en ordre décroissant
répartie sur un espace bâti continu (le second
par les préfectures de Kanagawa, Osaka, Aichi
au monde après celui du Grand New York) de 7
et Saitama, qui comptabilisaient chacune une
835 km2, qui correspond à 2% de la surface du
population de 7 millions d’habitants ou plus,
territoire national. Accueillant plus d’un quart
la population urbaine de ces six préfectures
des habitants du Japon (27,9%), la densité
représentait 36,4 % de la population totale. En
bâtie y est d’approximativement 4 553 hab/
outre, la densité de population de la métropole
km². Elle constitue l’hypercentre et la limite
de Tokyo était la plus élevée parmi les
nord-orientale de la mégalopole japonaise,
préfectures japonaises, avec 6168,7 habitants
généralement désignée sous le nom de
au kilomètre carré. Ce chiffre était près de 18,1
Taiheiyō Belt (太平洋ベルト), qui s’étend sur
fois supérieur à la moyenne nationale (340,8
environ 1 200 km sur toute la côte sud de l’île
personnes au kilomètre carré).
principale d’Honshū.
80 70 60 50 40 30 20 10
Petites zones urbaines
Zones urbaines de taille moyenne
i eUn
lie
Zone métropolitaines
m au Ro y
Au
st
ra
ée Co r
ne Al
le
m ag
n Ja
po
a ad Ca n
lie Ita
e ui rq Tu
ue Me xiq
ce an Fr
Su
èd
e
0
Métropoles
Figure 58 : Comparaison de la répartition de la population urbaine (en %) par taille de ville pour l’année 2014 de différents pays du G20 (Small regions, TL3 : Statistiques démographiques, OECD Library, 2014).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 103 -
III.1.B – MODIFICATION DES HABITUDES DE CONSOMMATION ALIMENTAIRE L’ouverture du Japon sur le monde occidental
La forte industrialisation du pays a notamment
n’a pas qu’impacté le développement urbain du
permis d’améliorer le niveau de vie de ses
pays, mais a aussi eu des effets sur l’économie
habitants et ainsi bouleversé leurs habitudes
et les modes de vie de ses habitants.
de consommation. Cela se mesure notamment à travers les dépenses des ménages, puisqu’en
En effet, au cours des années 1960, l’économie
2018,
les
dépenses
de
consommation
japonaise a connu une croissance de plus de
mensuelles moyennes par ménage de deux
10% par an. Cette croissance économique a été
personnes ou plus étaient couvertes à raison
soutenue par l’expansion des investissements
d’un quart (25,7%) par la part des dépenses
privés dans les usines et les équipements, un
alimentaires (Fig.59). Ce chiffre important
important déplacement de la population active
s’explique notamment par l‘occidentalisation
des industries primaires vers les industries
du régime alimentaire japonais qui donne alors
secondaires, ainsi qu’une augmentation de
plus de place aux protéines d’origine animale,
la productivité provoquée par l’adoption et
caractérisées par des prix de production plus
l’amélioration de technologies étrangères.
élevés.
25
20
15
10
5
t
rs
ur e
s tre Au
pl ac
em
lo et
en
isi
té ci
550€
436€
317€
No ur rit
280€
Cu ltu re
él
ec tri
t en m ge
Ea u,
in
s
m
éd
ic
n So
uc at io
m te Vê
Ed
en t
en m bl e eu Am
166€
128€
Dé
99€
au x
88€
t
82€
Lo
82€
0
Figure 59 : dépenses de consommation mensuelles moyennes (environ 287 315 JPY, soit 2 160€) d’un foyer de 2 personnes ou plus au Japon (Statistical handbook of Japan, Statitstic Bureau MIC, 2019).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 104 -
Les deux régions dans lesquelles le phénomène
Bien que la consommation de riz (céréales)
de l’occidentalisation du régime alimentaire
demeure
se manifeste le plus sont l’Asie du Sud-Est et
l’alimentation
l’Asie de l’Est. Le Japon s’illustre alors comme
années 2000, elle est en nette chute depuis
l’un des pays qui a connu les changements
les
les plus dramatiques dans les préférences
jour en 1950 à 350g/cap/jour au début des
alimentaires de ses citoyens au cours des
années 2000, ne représentant plus qu’un
dernières décennies. Cela est dû à un ensemble
tiers de la consommation (31%). Parmi les
de facteurs mixtes liés à leur ouverture sur
différences notoires, on remarque notamment
le monde occidental, tels que l’urbanisation,
l’augmentation de la consommation de
l’augmentation des revenus, les changements
produits
dans
d’approvisionnement
(viande, poisson, œufs, produits laitiers) qui
alimentaire (l’augmentation du nombre de
ne représentait que 12% de la consommation
supermarchés et de magasins de proximité),
globale en 1950, mais s’élève à plus de 30%
ainsi que la libéralisation du commerce.
depuis les années 2000 (Fig.60).
chaînes
années
composante japonaise
50,
issus
1975
de
principale au
passant
début
de
l’exploitation
2000
Protéines animales
les
la
Protéines végétales
1950
Céréales
Légumes et féculents
Légumineuses
Fruits
Viande
Poisson
Œufs
Produits laitiers
Figure 60 : modification du régime alimentaires au Japon (en kcal/cap/jour) de 1950 à 2000 (Diet shifts in Japan, FAO, 2013).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 105 -
de des
490g/cap/
animale
Une
composante
marquante
de
cette
Pourtant, à Tokyo, le rapport de consommation
transition s’illustre par la diminution de la
entre ces deux denrées est en perpétuel
consommation de poisson par rapport à celle
conflit, et ce depuis les années 70 (Fig. 61). En
de viande. En effet, le Japon est un pays
effet, alors que le Tokyoïte moyen consommait
insulaire qui est situé parmi les plus grandes
en moyenne 5 grammes de viande par jour en
zones de pêche du monde. Dans de telles
1947, il consommerait depuis 2006 près de 90
conditions, l’industrie de la pêche au Japon se
grammes de viande par jour, soit légèrement
développe depuis l’antiquité, ce qui fait du pays
plus que de poisson. De fait, entre 1970 et
l’un des principaux producteurs mondiaux de
2005, la quantité totale de bœuf consommée
poissons. La culture alimentaire du pays s’est
dans la ville a augmenté d’environ 160 % et de
alors basée sur les produits issus de la pêche
90 % pour le porc.
(poissons, fruits de mer), notamment dans la ville de Tokyo, historiquement un ancien village
La popularité d’un régime axé sur la viande et
de pêcheurs (Edo).
la baisse correspondante de la consommation de riz et de poisson ont entraîné des
120
80
40
0 1960
1970
1980
1990
Poisson et fruits de mer
2000
2010
Viande
Figure 61 : consommation de viande et de poisson (en g/personne/jour) par habitant à Tokyo de 1960 à 2010 (Diet shifts in Japan, FAO, 2013).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 106 -
changements majeurs du menu japonais
Paradoxalement, malgré un accès constant à
moyen, dont la tendance carnivore à été facilité
des services de restauration rapide, la ville de
par la popularité croissante des restaurants de
Tokyo est marquée par de nombreux déserts
viande grillée - type Yakiniku (焼き肉) - et des
alimentaires (expression qui désigne un
chaînes de restauration rapide.
espace où les habitants ne peuvent se procurer des aliments sains à des prix abordables dans
En parallèle de la restauration rapide, la
une zone proche de leur domicile). En effet,
consommation
alimentaires
la popularité et le nombre grandissant des
est largement monopolisée par la culture
ces infrastructures a conduit à une réduction
du Konbini (コンビニ). Tiré de l’anglais
importante du nombre de point de vente de
«convenience store», les Konbini sont des
denrées alimentaires saines à prix abordables,
commerces de proximité ouverts 24h/24 et
notamment de nombreux supermarchés qui
7j/7, qui proposent de nombreux produits
ont dû fermer à cause de la concurrence.
de
denrées
alimentaires sur emballés, ultra-transformés, aux propriétés caloriques peu qualitatives.
Figure 62 : Carte des zones des désert alimentaire de la ville de Tokyo en 2010 (conférence Tohru HORIGUCHI, 2020).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 107 -
III.1.C – DIMINUTION DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION ALIMENTAIRE D’autre part, l’augmentation fulgurante de
Outre
son
impact
la demande en protéines animales a eu
alimentaire
de lourdes conséquences sur la capacité
l’augmentation de la consommation de viande
du système agricole japonais à fournir les
présente un impact négatif sur l’autosuffisance
aliments consommés.
alimentaire globale. En effet, bien que
des
sur
l’autosuffisance
protéines
animales,
largement dépendant de l’importation pour Alors qu’au début des années 60 le pays était
l’apport de protéines animales, l’élevage se
presque auto-suffisant en production de riz
développe de plus en plus au Japon. Or, la
et de viandes bovines, porcines et de volaille
production de protéine animale (élevage en
(Fig. 63), le Japon n’est désormais plus capable
pâturages) se distingue de la production de
de répondre aux besoins de consommation
protéine végétale (terres cultivées) par une
grandissant des habitants pour les protéines
consommation d’eau et un impact carbone
animales. De fait, le Japon est l’un des
plus élevé, mais surtout par une consommation
premiers importateurs nets mondiaux de
d’espace beaucoup plus importante, parfois
denrées agricoles et de viande.
au détriment des terres arables.
120
80
40
0 1960
1970
Riz
1980
1990
Porc
Boeuf
2000
2010
Poulet
Figure 63 : Ratio d’auto-suffisance du Japon de diverses denrées alimentaires (en %) de 1960 à 2010 (Diet shifts in Japan, FAO, 2013).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 108 -
De fait, dans le cas de la viande élevée au
Tributaire de la modification des besoins en
Japon et consommée à Tokyo, le besoin en
consommation, la production agricole est en
surface de pâturage équivaut à la moitié de la
constante baisse au Japon. En effet, depuis
superficie de la ville elle-même (environ 100
les années 1990, on note une diminution
000 hectares). Même si la quantité réelle de
constante de la superficie en terres arables et
terres agricoles nécessaires au Japon pour
cultures permanentes au japon (Fig. 64). Ainsi,
élever la viande domestique consommée à
l’augmentation de la demande en protéines
Tokyo a en fait diminué (environ deux Tokyos
animales a eu des conséquences graves sur
étaient nécessaires en 1970), cela n’a été
la capacité du système agricole japonais à
possible que grâce à l’intensification extrême
fournir les aliments consommés. En effet,
de la production animale (le nombre d’animaux
l’autosuffisance du pays sur la base de l’apport
élevés par hectare de terres agricoles au Japon
caloriques est en constante baisse au Japon
a été multiplié par trois pour le bœuf et par dix
depuis les années 1960 ; alors estimée à 79%,
pour le porc entre 1970 et 2005).
elle n’est depuis 2018 plus que de 37% (l’un des taux les plus bas parmi les pays industrialisés).
4,4k
3,8k
3,2k
2,6k 1990
1995
2000
2005
Japon
2010
2015
2020
Suède
Figure 64 : Comparaison de la superficie en terres arables et cultures permanentes (en milliers d’ha) entre le Japon et la Suède de 1990 à 2020 (Indicateurs environnementaux pour l’agriculture, OECD Library, 2020).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 109 -
Bien qu’alarmante à l’échelle nationale, cette
C’est notamment le cas de la ville de Tokyo,
faible auto-suffisance est encore plus marquée
dont des travaux de recherche78 menés en
dans les zones urbaines. En effet, les besoins
2017 attestent d’une insuffisance productive
de consommation des zones urbaines étant
accrue (Fig. 67.1, 67.2 & 67.3). En effet, cette
très importants et la disponibilité de zones de
étude basée une analyse de cellules spatiales
production locales peu importante, leur taux
de 1km² sur la municipalité de Tokyo utilisant
d’autosuffisance est mathématiquement très
un système d’information géographique (GIS),
faible (Fig. 66). Avec une moyenne de 39%
permet de mettre en évidence le contraste
d’autosuffisance à l’échelle du Japon, les zones
entre
urbaines sont largement dépendantes des
référence, répartis de manière inégale entre les
zones rurales pour subvenir à leur besoin. Cette
zones urbaines et rurales. De fait, les espaces
dépendance pose notamment la question de
les plus urbanisés présentent un taux d’auto-
la vulnérabilité alimentaire accrue des zones
suffisance théorique extrêmement faible, voire
urbaines en cas d’urgence (aléas climatiques,
nulle.
consommation
et
production
de
montée des eaux, accident nucléaire).
250 206
200
150 105
100 76
74
50
43 28
17
16
13
Moyenne 39%
o ot Ky
ku
ok
a
im a Fu
sh ro
og
o Hi
Hy
i
ak a Os
sh
izu Sh
Ni
ig
at
a
ok a
a
1
ag aw
o
Ka n
ky To
ib
a
a Sh
m
i
ita Sa
gi
do
ak ar Ib
ya Mi
kk ai Ho
2
1
Ai
11
0
30
23
Figure 65 : Comparaison du taux d’autosuffisance alimentaire (base calorique) dans les 15 préfectures japonaises les plus peuplées en 2014 (Ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche, 2014). Sioen, G., Sekiyama, M., Terada, T., & Yokohari, M. (2017). Post-Disaster Food and Nutrition from Urban Agriculture : A Self-Sufficiency Analysis of Nerima Ward, Tokyo. International Journal of Environmental Research and Public Health, 14(7), 748. https://doi.org/10.3390/ijerph14070748
78
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 110 -
Figure 66.1, 66.2 & 66.3 : Données de référence de production, consommation (en kg) et auto-suffisance alimentaire (en %) de la municipalité de Tokyo (Resilience with Mixed Agricultural and Urban Land Uses in Tokyo, International Journal of Environmental Research and Public Health, 2017).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 111 -
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 112 -
III.2 - INTENTIONS – LE PAYSAGE URBAIN PRODUCTIF CONTINU DE TOKYO Continu
infrastructures urbaines durables. Le concept
(CPUL) est un concept de planification
de CPUL repose sur la création de réseaux
préconisant
urbains ouverts multifonctionnels, y compris
Le
Paysage
Urbain
Productif
l’introduction
cohérente
de
paysages productifs interconnectés dans
l’agriculture
urbaine,
qui
complètent
les villes comme un élément essentiel des
soutiennent l’environnement bâti.
et
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 113 -
Illustration personnelle
I I I. 2 . B – L E S PAY S A G E S P R O D U C T I F S Selon le modèle du Paysage Urbain Productif
travers la carte des différents espaces verts
Continu (CPUL) et en lien avec les typologies
de Tokyo (Fig. 67), où l’on peut constater que
d’agriculture urbaine identifiées dans le
la ville comptabilise une multitude d’espaces
Chapitre II – DE LA SUEDE AU JAPON : IDENTIFIER
verts dispersés inégalement répartis à travers
DES ENSEMBLES FONCTIONNELS, les « paysages
la métropole.
productifs » pourraient, aux premiers abords, s’apparenter aux espaces de pleine-terre
On y retrouve notamment les principaux parcs
extérieure (II.1 – La pleine-terre extérieure).
de Tokyo, situés géographiquement
En effet, cette typologie d’agriculture urbaine
la partie centrale de la ville, qui s’illustrent
témoigne d’un potentiel productif direct dans
comme de large masses végétalisées; les
l’hypothèse de la mise à profit des ressources
jardins du palais impérial (1), le parc Ueno (2), le
présentes dans l’espace public. Cependant,
jardin Hama-Rikyū (3), le parc Yoyogi-kōen (4),
ces espaces précieux ne forment pas un
le parc Shinjuku Gyoen (5), le jardin Koishikawa
paysage « continu » à proprement parler, mais
Korakuen (6), ainsi que le jardin Rikugien (7).
plutôt discontinu qui peut être mis en avant à
7 6 5 4
2
1 3
Figure 67 : Carte des différents espaces verts de Tokyo (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 114 -
dans
Pourtant, il est souvent répandu l’idée que
de ces espaces, il existe d’autres lieux – tels
Tokyo est une véritable « mer de béton»;
que les places, les squares et autres passages
vision qui ne semble pas correspondre avec
– dont la création est encouragée par des
la myriade d’espaces verts présents à travers
dispositifs de développement urbain, et qui
toute la ville. De fait, la perception de ces
permettent à la population de se promener
différents espaces verts semble biaisée,
ou de s’asseoir et de se reposer gratuitement
voire amoindrie dans une ville comme Tokyo,
» (« Outdoor publicly shared spaces, such as
et ce, en lien direct avec un contraste ville/
“Parks”, “Pedestrian Paths”, “River-side Areas”
nature plus important que dans nos capitales
and “River and Canal Recreation Trails” exist
occidentales; « Tokyo fonctionne à deux
which anyone can freely enjoy. In addition
vitesses. D’un côté, les artères immenses,
to such spaces, there are other locations -
les ponts de béton, les marées humaines. De
such as plazas and passageways - which are
l’autre, les quartiers minuscules, les ruelles
encouraged by urban development schemes
obscures flanquées de façades aveugles et de
and which allow the general public to stroll or
bannières flottantes. »79.
sit and relax free of charge. »80).
En concomitance avec ce rapport d’échelle
Si la liberté d’usage est évoquée, notamment
très différent, il est à noter qu’une grande
à travers la notion de « gratuité », la notion de
partie des espaces verts de Tokyo se
domanialité publique/privée n’est pas soulevée
manifestent d’une part par de grands espaces
par la définition donnée, ce qui suggère
verts intégrés à l’espace public, mais aussi
notamment que les kōkai-kūchi sont des
à travers une multitudes de petits espaces
espaces additionnels qui viennent compléter
privés ouverts au public, illustrés à travers la
les espaces verts déjà présents, à dominante
notion de kōkai-kūchi (公開空地) ; « Il existe
« traditionnelle » (parcs et jardins historiques),
des espaces extérieurs ouverts au public
en offrant notamment à la population des
tels que les parcs, les trottoirs, les espaces
infrastructures
offerts par les berges des rivières, ainsi que
dédiées à des activités de plein-air liées à la
les chemins en bordure des rivières et canaux,
santé et au sport, telles que la promenade,
dont chacun peut profiter librement. En plus
le repos, ou encore les activités pysiques,
79 80
et
aménités
de
Kaiken (French Edition) by Jean-Christophe Grange (2014–02-26). (2021). Librairie generale francaise. Institute for Urban Development, The Mori Memorial
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 115 -
confort
dont on comprend qu’elles étaient jusque-
Pourtant, la formation des kōkai-kūchi découle
là déficitaires, voire absentes dans l’espace
de la mise en œuvre de mesures incitant les
public. Ainsi, ces espaces qui, de nature privée
promoteurs immobiliers à créer des lieux
du point de vue de la propriété foncière, se
ouverts
veulent « publics » du point de vue des usages.
de l’espace urbain. Des dérogations à la
qui
contribuent
à
l’amélioration
réglementation constructives (hauteur par par
rapport au prospect, coefficient d’occupation
l’association des caractères 空 (vide, libre)
des sols, surfaces de planchers) sont alors
et 地 (terrain, parcelle) avec les caractères
accordées à ces opérateurs privés, en
公 (public, officiel) et 開 (ouverture). De fait,
contrepartie desquelles ils doivent restituer
l’expression kōkai-kūchi (公開空地) peut être
des espaces ouverts en publics accessibles à
définie littéralement comme « espaces non-
toute heure sur la parcelle règlementaire.
Cette
notion
est
d’ailleurs
formée
bâtis ouverts au public », formule qui ne permet pas cependant de caractériser la notion de domanialité privée.
Figure 68 : Ginza six Garden, jardin de 4 000 m² sur le toit du centre-commercial Ginza (Best rooftop gardens in Tokyo, Timeout, 2020).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 116 -
Ces espaces peuvent alors s’implanter en
immeubles moins hauts et plus larges avec une
pied des immeubles construits, en lien direct
plus petite surface résultante dédiée à l’espace
avec l’espace public, tout comme ils peuvent
public. Ceci soulève de fait une différence de
être implantés à l’intérieur même du bâti, à
perception notoire entre habitants du Japon et
travers notamment l’appropriation des toitures
de pays occidentaux quant à la nature de ce
pour créer de véritables jardins suspendus. La
que l’on considère comme « espace public »,
pratique agricole urbaine pratiquée dans ces
et à ce rapport entre le domaine public et le
espaces rappelle alors les typologies mises en
domaine privé si particulier.
avant dans le Chapitre II – DE LA SUEDE AU JAPON
: IDENTIFIER DES ENSEMBLES FONCTIONNELS, à
D’autre part, quand on s’intéresse aux espaces
travers les espaces productifs associés aux
naturels - « trame verte » - d’une ville comme
toitures (II.2 – Les toitures) et à l’environnement
Tokyo, il est important de le mettre en parallèle
bâti (II.3 – L’environnement bâti). Nombreuses
au réseau hydrographique – « trame bleue » -
des installations citées précédemment ont
de la ville, qui présente des caractéristiques
d’ailleurs su profiter de cette règle, permettant
bien distinctes. En effet, à l’image de
à des associations, des collectifs, ou encore
certains métropoles européennes (Venise,
des entreprises de mobiliser une partie des ces
Copenhague, Amsterdam), Tokyo est une
espaces privés ouverts au public à des coûts
véritable ville d’eau. C’est au XVIIème siècle,
avantageux. C’est le cas de City Farm Tokyo,
à l‘époque d’Edo que la ville a été construite
ou encore de Ginza Honey Bee Project qui
autour de l’eau, avec un important réseau de
mobilisent une partie de la toiture de centres
transport fluvial et d’infrastructures portuaires,
commerciaux (fig. 69).
qui servaient d’interface entre l’océan pacifique et l’arrière-pays. Les marchandises arrivaient
De fait, ce parti pris urbanistique considère alors
dans la ville d’Edo depuis tout le Japon par voie
qu’il est préférable pour les habitants d’évoluer
maritime et étaient ensuite transportées vers
dans un environnement physique comportant
l’intérieur des terres en utilisant le réseau de
des immeubles plus hauts et plus étroits,
voies navigables d’Ieyasu.
avec davantage d’espaces ouverts au public, plutôt qu’un environnement comportant des
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 117 -
Lieu de convergence de 4 grands fleuves
marqué par le mitage pavillonnaire dans les
(Arakawa,
et
noyaux urbains périphériques (notamment est
Tamagawa), maillé de plus de 100 rivières et
et ouest), ainsi que par l’extension d’une partie
canaux sous son bitume et ses néons, Tokyo,
du territoire de la métropole par le biais de
construite sur l’eau, a pour autant longtemps
remblais sur la baie de Tokyo (sud).
Sumidagawa,
Edogawa
ignoré ce patrimoine naturel. En effet, en démographique
Les prémisses du changement apparaissent
(besoins en eau potable) et un développement
dans les années 1970 où l’effort est porté sur
urbain de plus en plus importants (besoins
l’amélioration écologique des voies d’eau. Le
en foncier) au cours du XXème siècle, de
fleuve Tama (多摩川, Tama-gawa), frontière
nombreux canaux et rivières ont été recouverts
naturelle avec la préfecture de Kanagwa au
ou déviés, au profit de la mise en place d’un
sud-ouest, a ainsi connu une métamorphose
système de distribution hydraulique sous-
spectaculaire mais longue, passant d’un état
terrain. Ce recouvrement important du réseau
de véritable égout à ciel ouvert à celui d’un
hydrographique (fig. 69) est principalement
espace de baignade et d’habitat piscicole. Il
raison
d’une
croissance
Figure 69 : Carte du réseau hydrographique de Tokyo (illustration personnelle d’après Walking on water : The underground rivers of Tokyo, thetokyofiles.com, 2020).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 118 -
est alors classé en zone naturelle protégée
l’aménagement des berges (le long des fleuves
en 1969 et des actions ont alors été conduites
et du littoral), ou encore la découverte de
pour améliorer la qualité de l’eau et favoriser
certains canaux. Ces projets de revalorisation
la reproduction piscicole. C’est surtout à partir
urbaine du réseau hydrographique reposent
des années 1980 que la place des cours d’eau
notamment sur un travail paysager important
dans la ville est reconsidérée, cette fois-ci d’un
réalisé le long des cours d’eau grâce au
point de vue plus social, tant par les habitants
développement de nouveaux espaces verts ;
que par l’administration à la fois au niveau de
les berges des canaux et des rivières ont été
l’espace urbain que de leur utilisation.
imaginées comme de véritables promenades le long de l’eau, tandis que de nouveaux parcs ont été crées sur les îles artificielles.
De fait, en lien avec un attrait grandissant pour l’état naturel de ce réseau hydrographique, de nombreux projets de valorisation de celui-ci sont ont été réalisés dans la métropole, parmi lesquels, la réhabilitation de ponts historiques,
Figure 70 : Carte des trames bleues et vertes de Tokyo (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 119 -
Par conséquent, la requalification des réseaux
En outre, la considération de la pratique
hydrographiques associée au développement
agricole comme un outil de requalification
de différents espaces verts semble alors
et de réappropriation des composantes
particulièrement adaptée dans le cadre du
végétales et aquatiques de Tokyo permettrait
développement de la pratique agricole en
alors d’intégrer cette pratique dans le paysage
milieu urbain.
urbain de Tokyo non-pas comme une pratique marginalisée et laissée pour compte mais
D’une part, en raison de la relation intrinsèque
comme une activité encadrée et suivie par les
qu’entretient la production agricole avec la
différents acteurs.
consommation d’eau, il semble méthodique de développer des activités agricoles dans des
En somme, le potentiel productif de Tokyo ne
zones à proximité directe de cours d’eau. Les
semble pas réduit qu’à la simple pleine-terre
besoins en consommation d’eau pouvant étant
extérieure, mais s’étend plus largement aux
couverts par cette ressource, une agriculture
différents éléments constituants des trames
biologique et raisonnée reposant sur des
vertes et bleues de Tokyo. Par conséquent, à
techniques hydroponiques ou aquaponiques
l’image des grandes infrastructures urbaines
(cf. II.3 – L’environnement bâti) pourrait même
de la ville résultant d’un travail d’ingénierie
améliorer considérablement la composition
et de planification urbaine maîtrisés, il est
de l’eau, permettant d’engendrer une boucle
légitime de poser l’hypothèse de leur penchant
de rétroaction positive entre la consommation
à caractère « naturel ». Ainsi, les trames vertes
hydraulique et la production alimentaire.
et bleues existantes pourraient-elles faire l’objet d’une requalification urbaine planifiée,
D’autre part, cela permettait aussi d’agir contre
au profit de la création de paysages productifs
la vulnérabilité de la métropole, notamment
continus. Cette hypothèse de planification
quant à la question la résilience aux scénarios
d’un paysage continu pourrait alors s’illustrer
de montée des eaux (inondations, tsunamis),
à travers la requalification de ces différents
permettant d’accroitre la perméabilité des
espaces (au profit de pratiques agricoles), mais
berges, mais surtout des sols de manière
surtout la mise en relation de ces différents
globale.
espaces par le biais de couloirs verts.
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 120 -
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 121 -
I I I. 2 . B – L E S PAY S A G E S P R O D U C T I F S C O N T I N U S On appelle couloir vert - ou coulée verte -
Il est alors important d’étudier la période de la
un espace vert aménagé et protégé dans
construction du Grand Tokyo (1923-1939) et de
le cadre d’un plan d’urbanisation. Dans
son système urbanistique complexe, à travers
le cadre d’un paysage continu urbain, les
l’invention d’une nouvelle échelle – l’échelle
couloirs verts pourraient être utilisés pour
métropolitaine. En effet, avec la Restauration
relier différents espaces verts significatifs par
de Meiji en 1868 (renversement du shogunat
l’aménagement du réseau (motorisé ou non)
et recouvrement des pouvoirs de l’Empereur)
qui les traverse. Bien que ce concept semble
qui marque l’avènement d’une nouvelle ère de
très contemporain, en relation directe avec les
transformations majeures de la société, se pose
modes d’habiter du XXIème siècle qui prônent
la question de la modernisation de la capitale
un rapprochement certain de l’homme avec
de l’empire. Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle,
la nature, des perspectives d’aménagement
face au problème de la croissance urbaine
similaires ont déjà été proposé face aux enjeux
accélérée, que le sujet d’une planification
de l’urbanisation croissante de la municipalité
urbaine contrôlée vient se superposer au projet
de Tokyo.
de capitale moderne (Fig. 71).
Figure 71 : le premier plan d’aménagement de la ville de Tōkyō (Tōkyō shiku kaisei sekkei) publié en 1889 (Ville de Tōkyō, Cent ans d’urbanisme à Tōkyō, coll. Bibliothèque municipale de Tōkyō, 1994).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 122 -
L’examen de différents plans d’aménagement
du Grand Tōkyō, le principe d’une organisation
successifs mis au point par les autorités
centrée autour du palais impérial et de la gare
montre que la question d’une nouvelle échelle
centrale (l’équivalent d’une heure de trajet
métropolitaine et de son dessin ne se pose
depuis celle-ci), valide les dessins antérieurs
véritablement qu’à partir du tournant des
d’une
années 1920 (premier recensement municipal),
élargie. En 1932, avec l’annexion de plusieurs
et qu’elle s’accélère après la catastrophe de
villes et villages limitrophes, l’ensemble est
1923 (séisme du Kantō). En effet, les incendies
officiellement dénommé Grand Tōkyō (Dai
consécutifs au séisme du Kantō ayant dévasté
Tōkyō). Si la capitale ne passe officiellement
Tokyo à raison de 3 465 ha (44% de la superficie
du statut de ville (shi) à celui de métropole (to)
du territoire), la question d’une reconstruction
qu’en 1943, par fusion de la préfecture et de
planifiée et rationalisée se pose en urgence.
la commune, il n’en demeure pas moins que
Que ce soit dans le cadre de la reconstruction
plusieurs dessins de sa figure métropolitaine
postérieure au séisme ou plus tard, en 1927,
sont déjà élaborés sous la forme de plans à
avec la publication du Plan du réseau viaire
l’échelle de ce nouveau territoire.
métropole
mono-centrée,
mais
Figure 72 : Plan de reconstruction post-séisme (shinsai fukkō keikaku) élaboré par le ministre de l’Intérieur Gotō Shinpei, 1923 (Plan de reconstruction post-séisme, Process Architecture n° 129, 1996)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 123 -
Le plan des « corridors verts » (Tōkyō ryokuchi
un rayon de 50 km. Ainsi, en relation directe
keikaku) publié en 1939 par le Conseil de
avec une forte croissance démographique (de
planification éponyme préfigure ce futur
4,9 millions d’habitants en 1930 à 6,3 en 1935)
territoire (Fig. 73). Son objectif marque surtout
mais surtout une pression foncière de plus en
un tournant dans l’approche de la périphérie
plus importante, la périphérie n’est désormais
par rapport au centre de la métropole. En effet,
plus envisagée comme la simple extension du
ce plan considère un ensemble de parcs de
centre-historique, et de nouveaux dispositifs
différents types, disséminés sur l’ensemble du
de planification sont développés afin de la «
territoire métropolitain, ainsi que de secteurs
contenir » et d’orienter son développement
entiers à préserver de l’urbanisation. Ces
de manière spécifique. Bien que centré sur
derniers sont situés en limite du territoire
la question des trames bleues et vertes de la
administratif, le long du réseau hydrographique
ville, ce plan annonce alors la question de la
majeur, esquissant une « ceinture verte »
réglementation par occupation du sol, qui forme
(kanjō ryoku chitai) de protection et d’accueil
les prémices de la métropole polycentrique
d’activités récréatives, de près de 1 000 ha dans
que représente Tokyo actuellement.
Figure 73 : Plan des « corridors verts » (Tōkyō ryokuchi keikaku), 1939 (Tōkyō: Urban Growth and Planning, Tōkyō Metropolitan University/Center for Urban Studies, 1988).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 124 -
Bien que l’approche proposée diffère du plan
D’autre part, les couloirs verts à vocation sociale
des « corridors verts » exposé, il est intéressant
s’inscrivent dans un réseau de déplacements
de noter l’utilisation des trames bleues et vertes
doux et favorisent des activités liées au sport
comme outils de planification du paysage
et à la santé. La composante principale de
urbain. Présentés précédemment comme
ce réseau repose alors sur l’aménagement
une ceinture périphérique à la métropole, les
d’un espace public favorable au piéton, et les
couloirs verts proposés dans l’hypothèse du
espaces proposés permettront aux usagers d’
paysage productif continu considèrent plus
« interagir dans la nature » (jouer dans un parc,
largement la mise en relation des différentes
manger au bord d‘un lac). Dans les deux cas,
infrastructures existantes à travers la création
ces espaces se caractérisent par un travail de
d’un nouveau réseau, afin de combiner les
composition avec l’existant et sont illustrés à
outils de réglementations relatifs à l’occupation
travers de nombreux projets de réhabilitation,
des sols, ainsi que ceux associés aux réseaux.
ou de requalification de l’espace public.
Dans cette dynamique, il est alors important
Bien qu’arborant des objectifs différents, ces
de caractériser ce nouveau réseau et d’en
deux typologies de couloir vert ne sont pas
établir les composantes; on distinguera
incompatibles et leur assemblage présente
ainsi les couloirs verts à vocation écologique
alors un potentiel pour permettre aux usagers
des couloirs verts à vocation sociale. D’une
d’interagir « avec la nature » et « dans la nature
part, les couloirs verts à vocation écologique
». De fait, selon le constat mis en avant dans
permettent de mettre en relation les différents
le CHAPITRE I – LA PENSEE DE L’AGRICULTURE
éléments d’un réseau écosystémique, afin de
URBAINE, l’agriculture urbaine s’illustre alors
favoriser le bon développement des espèces
comme l’une des activités qui permets de
animales et végétales. La composante mise
remplir ces deux usages, permettant à la fois
en valeur est de nature biologique (diversité
de remplir des fonctions sociales (I.2 – Un outil
d’espaces verts) et les espaces proposés
de consolidation des fondations sociales),
permettront aux usagers d’« Interagir avec
tout autant que des fonctions écologiques
la nature » (se promener dans une forêt, se
(I.3 – Un outil de régulation du plafond
baigner dans un lac).
environnemental).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 125 -
Dans l’hypothèse où l’on cherche à (re)donner à
En outre, pour des raisons pratiques (échelle
Tokyo sa dimension productive à travers la mise
métropolitaine
en relation des espaces verts, il est important
(modèles et calculs complexes et lourds),
de faire l’état des lieux des composantes
ces analyses seront bornées à l’étude des
déjà présentes, mais surtout de disposer de
23
supports permettant de justifier les choix de
(partie orientale de la préfecture de Tokyo qui
stratégie urbaine adoptés. Pour ce faire, une
comptabilise 9,5 millions d’habitants). Après
cartographie des composantes existantes
une première étape de bornage géographique
ainsi qu’une analyse de leur mise en relation
(conserver uniquement les données des
seront conduites sur le logiciel QGIS, un logiciel
arrondissement spéciaux) et de tri (filtrer
SIG (système d’information géographique).
l’occupation des sols), il est alors possible
Trois « couches », disponibles en open-source,
d’obtenir une carte qui fais l’état des lieux des
seront alors étudiées; l’occupation des sols,
différentes trames vertes et bleues de Tokyo
les réseau hydrographiques, ainsi que les
sélectionnés pour ces analyses et présentés
réseaux motorisés et non-motorisés.
précédemment (cf. Fig. 74).
maîtrisée)
arrondissements
et
spéciaux
Figure 74 : Carte des trames bleues et vertes de Tokyo (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 126 -
techniques
de
Tokyo
Puis, afin de structurer la mise en relation de ces
Une fonctionnalité en particulier sera utilisée;
différents éléments grâce à des couloirs verts
l’ « Attraction Betweenness » (capacité
fonctionnels, cette étude reposera sur les outils
d’attraction entre éléments) qui calcule la
d’analyse de la matrice spatiale développés par
fréquence à laquelle un axe tombe sur le
le groupe de recherche en morphologie urbaine
chemin le plus court pour relier tous les points
et théorie du design Spatial Morphology Group,
d’un réseau, ou combien de chemins les plus
notamment le plugin PST (Place Synthax Tool),
courts passent à travers. En d’autres termes,
un outil open-source développé par KTH School
il permet de mettre en évidence les axes qui
of Architecture, Chalmers School of Architecture
contrôlent et médiatisent le mouvement et
(SMoG) et Spacescape AB. L’emploi de cet
les connexions entre de nombreuses autres
outil repose sur une expérience précédente
axes du système. Ainsi, les trames vertes et
effectuée lors de mon studio de semestre 8 à
bleues étant sélectionnées comme origine
l’Université Technologique Chalmers, dans la
d’attraction, cet outil permet-il déterminer les
matière Spatial Morphology Design Studio (Fig.
axes non-motorisés qui présentent le plus de
75.1, 75.2 & 75.3).
potentiel pour devenir des couloirs verts.
1. Actuel
2. Suppression pont
3. Ajout ponts
Figure 75.1, 75.2 & 75.3 : Travail d’analyse effectué au S8 qui cherchait à évaluer l’efficacité des ponts routiers de la ville de Göteborg pour relier les deux rives en comparant la situation actuelle (1), la suppression d’un pont (2), et l’ajout de 3 ponts (3), (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 127 -
Couloirs verts à fonction écologique L’analyse de l’Attraction Betweenness par
En raison d’une concentration plus importante
un calcul métrique, selon un radius de trois
d’espaces verts et de parcs sur des zones
kilomètres permet alors de mettre en évidence
réduites (résidence impériale au centre, parc
les différents axes du réseau non-motorisé qui
d’Ueno au nord, Shinjuku à l’ouest, Nerima
présentent le potentiel de devenir des couloirs
au nord-ouest), certaines parties du réseau
verts écologiques à l’échelle de la ville (Fig. 76).
agissent d’ores et déjà comme des couloirs verts écologiques naturels. Il est alors
En effet, dans le cas de couloir vert à fonction
important de s’intéresser plus largement à
écologique, les calculs sont effectués en unité
l’étude du réseau qui semble efficace pour
métrique, puisque l’on s’intéresse à la fonction
connecter les différentes centralités végétales
écologique des espaces verts et donc à leur
mises en évidence.
distance physique (ex : la propagation d’une espèce par le pollen sera favorisée si des espaces verts sont situés à 50m plutôt qu’à 500m).
Figure 76 : Résultats de l’analyse des potentiels couloirs verts écologiques (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 128 -
Si l’on prolonge stratégiquement (et de manière
Ce réseau dense qui gravite autour de ces
manuelle) certaines parties de ce réseau à fort
points stratégiques peut s’expliquer par les
potentiel, il est alors possible de simplifier les
différentes caractéristiques de la trame
différents résultats de cette analyse, mais
végétale (dense, central), tandis que la
aussi d’en schématiser le principe (Fig. 77.1 et
propagation peut s’expliquer par la forte/faible
77.2).
concentration d’espaces verts (on parle bien de nombre et non de surface) par quartiers.
De fait, les potentiels couloirs verts écologiques semblent graviter autour de quatre points stratégiques (résidence impériale, Skytree, Ueno et Shinjuku), puis se ramifier de manière tentaculaire à travers la ville, avec une forte concentration
au
nord-ouest
(Nerima),
mais une faible propagation au sud-ouest (Setagaya).
Figure 77.1 et 77.2 : Simplification et schématisation des potentiels couloirs verts écologiques (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 129 -
Couloirs verts à fonction sociale D’autre
part,
l’analyse
de
l’Attraction
De la même manière que pour l’analyse
Betweenness par un calcul angulaire, selon
précédente, il est important de dépasser la
un radius de trois kilomètres permet de mettre
simple simulation et de pouvoir interpréter les
en évidence les différents axes du réseau non-
différents résultats obtenus.
motorisé qui présentent le potentiel de devenir des couloirs verts sociaux (Fig. 78).
En effet, dans le cas de couloir vert social, le calcul est effectué en unité angulaire, puisque l’on s’intéresse à la capacité de fréquentation d’une rue, dans laquelle la déviation angulaire joue un rôle important (ex : une jonction de rue à 145° est moins facilement visible qu’une jonction à 45° et sera donc géométriquement moins fréquentée).
Figure 78 : Résultats de l’analyse des potentiels couloirs verts sociaux (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 130 -
Cette fois-ci, le réseau semble beaucoup plus chaotique que le précédent et il devient plus difficile d’établir un pattern. Cela s’explique par le calcul effectué en unité angulaire qui tend à privilégier les grands axes (présentant moins de déviation angulaire), qui sont très développés à Tokyo. cette
logique
de
Pourtant, on retrouve zones
d’intersections
comprenant certaines des zones évoquées précédemment (résidence impériale, Skytree, Ueno et Shinjuku), ainsi que de nouvelles (Shioiri park au nord-est et Shinagawa au sudouest).
Figure 79.1 et 79.2 : Simplification et schématisation des potentiels couloirs verts écologiques (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 131 -
Couloirs verts à fonction écologique et sociale Une analyse croisée des couloirs verts sociaux et écologiques ne pouvant être réalisée automatiquement (on ne peut calculer à la fois en données angulaires et en données métriques), le choix d’implantation des couloirs verts pouvant remplir des fonctions sociales et/ou économiques se fera par l’addition des valeurs calculées précédemment (Fig. 80). Cette dernière analyse permet encore une fois de valider l’importance des différentes centralités végétalisées (Ueno, Shinjuku, palais impérial, Nerima, etc.). De plus, cette superposition de données permet de mettre en avant de manière plus visible, l’importance de certains axes (notamment les ramifications du centre-ville vers la périphérie).
Figure 80 : Résultats de l’analyse des potentiels couloirs verts sociaux et écologiques (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 132 -
Encore une fois, il est possible de simplifier, ou plutôt de « traiter » les données récoltées, afin de pouvoir se positionner sur les couloirs verts sociaux et/ou écologiques qui formeront le paysage productif continu de Tokyo (Fig. 81.1 et 81².2). On comprend alors qu’à l’image des caractéristiques polycentriques de Tokyo, le nouveau réseau de couloirs verts présentera un maillage dense gravitant autour de la résidence impériale et du complexe d’Ueno, qui se ramifiera à travers la périphérie, permettant ainsi de couvrir et de relier l’ensemble du territoire métropolitain.
Figure 81.1 et 81.2 : Simplification et schématisation des potentiels couloirs verts écologiques et sociaux (illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 133 -
I I I. 2 .C – L E S P Ô L E S D ’A G R I C U LT U R E U R B A I N E Comme évoqué précédemment, ce nouveau
Chacun de ces pôles pourrait s’appuyer sur les
réseau de couloirs verts comporte différentes
caractéristiques de son environnement proche
intersections s’illustrant comme de véritables
afin de répondre aux différents besoins sociaux
nœuds urbains. Ces noeuds présentent
et environnementaux assujettis. Il est alors
alors un potentiel accru pour y développer la
possible de les détailler de manière exhaustive
pratique agricole urbaine à une échelle plus
mais prospective afin de comprendre leur
intense. Ainsi, différentes entités en rapport
intégration vis-à-vis du tissu urbain, ainsi que
avec la pratique agricole urbaine pourraient-
des couloirs verts et d’avoir une idée plus large
elles y être implantées. Dans cette dynamique,
du spectre d’entités bâties pouvant répondre
la création de pôles d’agriculture urbaine
aux enjeux de l’agriculture urbaine. Cela
permettrait de supporter le réseau de couloirs
permet aussi de mettre en avant différents
verts par des entités bâties qui articuleraient
éléments n’ayant pas pu être présentsés lors
et dynamiseraient de manière ponctuelle
de l’écriture de ce mémoire mais qui présentent
les activités pratiquées le long des différents
un potentiel pour intégrer ou promouvoir la
couloirs verts (Fig.82).
pratique agricole en milieu urbain.
Figure 82 : Pôle d’Ueno (上野) - Les différents pôles d’agriculture urbaine de Tokyo (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 134 -
1. Hibiya (日比谷) Le premier pôle d’agriculture urbaine se
De par sa localisation centrale d’un point de
situe en périphérie du parc Hibiya (1), dans
vue géographique mais aussi politique, ainsi
l’arrondissement spécial de Chiyoda-ku. Ce
que de sa proximité directe avec un parc, ce
quartier à proximité
des jardins du palais
site semble particulièrement adapté pour
impérial (2) se caractérise par de nombreux
implanter une instance politique. Le ministère
immeubles de grande hauteur et d’instance
de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche
politiques comprenant les Ministères de
étant déjà présent sur le site (partagé avec le
la Justice (3), de l’Environnement (4), des
Ministère de l’Environnement), il est possible
Affaires Etrangères (5), des Finances (6), de
d’imaginer la reconfiguration ou l’extension de
l’Éducation de la Culture et des Sports (7),
ce ministère afin d’y incorporer des bureaux
des Sciences et de la Technologie (8). Selon
travaillant sur la question de l’agriculture
le tracé établi précédemment, deux couloirs
urbaine à Tokyo comme au Japon. Cette
verts le traversent en longeant le parc Hibiya;
extension pourrait alors prendre la forme d’un
l’un provenant du quartier de Ginza à l’est, et
bâtiment de grande hauteur afin de respecter
l’autre du quartier d’Akasaka à l’ouest.
l’échelle de hauteur instaurée dans le quartier.
Vers Akasaka
8 7 6
5 4 2
3
1
Vers Kokyogaien
Vers Ginza
Figure 83 : Pôle d’Hibiya (日比谷) - Ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 135 -
2. Ueno (上野) Le
second
pôle
d’agriculture
urbaine
En rapport avec une forte activité universitaire,
s’étale sur une large zone répartie entre les
la question de l’agriculture urbaine peut être
arrondissements spéciaux de Bunkyō-ku et
approchée sur ce site par les enjeux universitaires
de Taitō-ku, principalement dans le quartier
liés à la recherche et l’expérimentation. Sur le
d’Hongō. On y retrouve notamment le campus
modèle de nombreux projets existants de «
principal de l’université de Tokyo (1), ainsi que
laboratoires vivants » (HUT, HSB Living Lab), de
la gare (2) et le parc d’Ueno (3). Trois couloirs
nouvelles résidences étudiantes intégrant des
verts le traversent ; d’est en ouest depuis le
systèmes de production agricole pourraient
parc d’Ueno, d’ouest en est depuis le parc
être construites, dans lesquelles les données
Koishikawa Kōraku-en et du nord au sud depuis
seraient récoltées et traitées pour faire avancer
le quartier d’Honkomagome. Les différents
la recherche. Couplé à ce campus, des fermes
couloirs verts se rejoignent au croisement de
urbaines reposant sur des systèmes de
l’avenue Nakesando et de l’avenue Kototoi-
production high-tech pourraient êtres mises
dori, qui marque la séparation entre l’université
en place en partenariat avec l’université.
de Tokyo et son campus résidentiel.
2 Vers Parc d’Ueno 3
1
Vers Koishikawa Kōraku-en
Vers Honkomagome Figure 84 : Pôle d’Ueno (上野) - Ferme urbaine et Ecocampus de l’université de Tokyo (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 136 -
3. Skytree (東京スカイツリ) Du haut de ses 634 mètres, la tour Tokyo
Souffrant du monopole de Skytree, la rive nord
Skytree (1) domine l’arrondissement spécial de
du canal pourrait bénéficier de la construction
Sumida-ku, et plus largement la métropole du
d’un écoquartier centré sur la question de la
Grand Tokyo. Plus haute structure du Japon,
production agricole de haute-technologie.
cette tour de radiodiffusion abrite en son socle
En effet, profitant de la redynamisation des
un complexe commercial. Niché le long de la
bords de canal induite par la création d’un
rivière Sumida (2), le quartier s’articule autour
couloir vert, ce nouveau quartier pourrait
d’un canal désaffecté (3) et comptabilise
profiter et répondre à l’influence de Skytree
notamment le parc Sumida (4), ainsi qu’un
afin de s’imposer comme un nouvel élément
pôle d’affaires (5). Le tracé des couloirs verts
constituant du quartier. Il permettrait en
établi traverse le quartier en se basant sur
outre d’assurer une connexion depuis cette
l’appui d’un couloir vert existant qui provient du
tour décontextualisée vers le parc Sumida, et
quartier de Kinshichō au sud, vers le sanctuaire
plus généralement vers les berges du fleuve
Asakusa de l’autre côté de la rivières Sumida
Sumida.
en longeant le tracé du canal existant.
Vers Asakusa 2 4
5
3 1
Vers Kinshichō
Figure 85 : Pôle de Skytree (日比谷) - Ecoquartier et centre de production (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 137 -
4. Kiyosumi (清澄) de
Les différentes infrastructures liées à la culture
l’arrondissement spécial de Kōtō-ku, le jardin
traditionnelle nipponne (jardin et musée) étant
de Kiyosumi (2) est un jardin japonais de
séparées par un ilot de bâtiments, il semble
déambulation traditionnel, A proximité de ce
opportun, de mettre en relation directe ces
parc, on peut y trouver le musée Fukagawa
deux éléments. Dans cette dynamique, une
Edo (2) qui héberge une reproduction grandeur
extension future du musée Fukagawa sous la
nature du quartier tel qu’il était dans les années
forme d’un musée de l’agriculture au Japon
1830, durant l’ère Edo, ainsi qu’une collection
permettrait de relier ces deux composantes
d’images présentant la vie quotidienne de
significatives. De plus, l’intégration d’une
l’époque. Sur ce site, un couloir vert traverse le
ferme urbaine high-tech dans ce complexe
quartier du sud-ouest au nord-est en longeant
permettrait alors de formuler une passerelle
le parc, tandis que l’autre, provenant du sud-
entre la tradition et la modernité, pouvant alors
ouest, traverse le parc.
présenter l’évolution de l’agriculture depuis
Situé
dans
le
quartier
Fukagawa,
des méthodes de production traditionnelles vers des méthodes plus avancées.
Vers Miyoshi
2 1
Vers Fukagawa
Vers Tokiwa
Figure 86 : Pôle de Kiyosumi (清澄) - Ferme urbaine et musée de l’agriculture traditionnelle (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 138 -
5. Shirokane (白金) Shirokane est un quartier international et
Avec une dominance des programmes liés
fortuné, situé dans la partie sud-ouest de
à l’éducation et à la santé, il est possible
l’arrondissement spécial de Minato-ku. Ce
de considérer une extension de l’hôpital
quartier à tendance résidentiel et calme
universitaire de Kitasato et de l’Institut
regorge d’espaces verts non-aménagés. On
des sciences médicales sur le thème de
y trouve de nombreuses infrastructures liées
l’agriculture. Un ensemble bâti reliant ces
aux domaines de l’éducation et de la santé,
deux infrastructures pourrait alors proposer
comprenant notamment l’Université Kitasato
des activités basées sur le jardinage de plein-
(1) et son hôpital universitaire (2), l’Institut des
air comme activité physique permettant de
sciences médicales de l’université de Tokyo (3),
contribuer au rétablissement des patients
ainsi que l’école du Sacré-Cœur (4), Le quartier
traités. L’inclusion des différentes écoles dans
est entouré par le tracé de trois couloirs verts
cette programmation pourrait permettre de
(l’un n’étant pas visible sur l’illustration),
favoriser l’éducation sur la nutrition, mais aussi
provenant du sud-est, du nord-est et du nord-
créer des liens intergénérationnels.
ouest de l’arrondissement.
Vers Ebisu
3
4 1 2
Vers Shinagawa
Vers Shiba
Figure 87 : Pôle de Shirokane (白金) - Pôle éducation et santé du CHU de Kitasato (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 139 -
6. Nishi Shinjuku (西新宿) Desservi par la gare de Shinjuku (1), la gare
Ce quartier d’affaire très fréquenté, ponctué
ferroviaire la plus fréquentée au monde82,
de gratte-ciels semble indiquer un potentiel
Nishi-Shinjuku est un quartier d’affaires de
pour l’insertion de fermes urbaines verticales
l’arrondissement spécial de Shinjuku-ku. C’est
favorisant une production agricole en grande
l’un des premiers quartiers à avoir accueilli
quantité. Ces tours maraichères reposeraient
des gratte-ciels dans les années 70. Depuis,
alors sur des programmes commerciaux
de nombreux gratte-ciel y ont été édifiés ;
(marchandise de denrée alimentaire) et
les plus emblématiques étant le Siège du
tertiaires (laboratoires de recherches et
gouvernement métropolitain de Tokyo (2), ou
d’expérimentation).
encore, l’école de design et d’architecture
aussi significatifs dans le paysage urbain
Mode Gakuen Cocoon Tower (3) de l’agence
d’une métropole comme Tokyo contribuerait
Tange Associates. A l’instar du site précédent,
notamment à une normalisation ainsi qu’une
Nishi-Shinjuku est ceinturé par le tracé de 3
démocratisation de la pratique agricole en
couloirs verts, se poursuivant vers l’est, le sud-
milieu urbain.
L’insertion
de
projets
ouest et le nord-ouest. Vers Nakano
2
3
Vers Yoyogi 1
Vers Shinjuku Figure 88 : Pôle de Nishi Shinjuku (西新宿) - Centres de recherches en agronomie et fermes urbaines verticales (source : illustration personnelle) Shinjuku Railway Station, Tokyo. (2017, 24 octobre). Railway Technology. https://www.railway-technology.com/ projects/shinjuku-railway/
82
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 140 -
7. Hikarigaoka (光が丘) Hikarigaoka est un quartier de l’arrondissement
Au vu de la tendance résidentielle de ce
spécial de Nerima-ku, l’un des plus peuplés
quartier, l’environnement bâti associé à la
de Tokyo, comptabilisant 721 858 habitants en
pratique agricole urbaine reposerait alors sur
2016. Ce quartier à tendance résidentiel profite
le développement d’un nouvel écoquartier
des larges espaces verts proposés par le parc
comprenant un ensemble de logements «
Hikarigaoka (1), le septième plus grand parc de
productifs », ainsi que les infrastructures
Tokyo, réputé pour ses 1 000 cerisiers qui en
permettant de supporter une augmentation
fait un lieu très prisé par les tokyoïtes lors de la
de la population (commerces, équipements,
période de floraison des cerisiers. Il est traversé
crèches, écoles, etc.). Le couloir vert aurait
d’est en ouest par le tracé du couloir vert
alors dans cette dynamique fonction de
principal qui le relie au centre géographique de
colonne vertébrale permettant de relier les
la métropole, et du nord au sud par l’une des
différents programmes du quartier jusqu’au
ramifications ce couloir principal.
parc Hikarigaoka et de proposer des activités agricoles pratiquées en pleine-terre extérieure.
Vers Akatsukashinmachi
1
Vers Kasugacho
Figure 89 : Pôle d’Hikarigaoka (光が丘) - Ecoquartier et pôle éducation cycle primaire (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 141 -
8. Ogi (扇) Ogi est un quartier de l’arrondissement spécial
Malgré
un
développement
foncier
peu
d’Adachi-ku, situé au nord des rivières Sumida
important à l’échelle du quartier, la proximité
et Arakawa. De manière générale, Adachi-ku
d’une ressource hydraulique aussi importante
est un arrondissement à tendance résidentiel
que le fleuve Arakawa permettrait d’intégrer
et suburbain qui convainc par ses loyers et son
la question de la production de denrées
prix de l’immobilier abordables tout en offrant
alimentaires selon des systèmes d’aquaponie.
une connexion assez pratique avec le reste
Dans cette dynamique, le foncier en bord du
de la métropole. L’un des principaux attraits
fleuve pourrait être rétrocédé par la municipalité
du quartier d’Ogi réside dans son abondance
à des organismes privés afin de créer des
d’espaces verts, notamment les longs des
centres de recherche et de production sur la
berges du fleuve Arakawa. C’est d’ailleurs le
culture aquaponique, mais réglementé afin d’y
long de ces berges que l’un des couloirs verts
intégrer une partie publique (kōkai-kūchi) qui
est planifié, tandis qu’un second traverserait le
participerait à l’intégration de cette pratique
quartier du nord au sud.
dans le paysage urbain de la métropole.
Vers Kohoku
Vers Motoki
Vers Toshima
Vers Odai
Figure 90 : Pôle d’Ogi (扇) - Centre de recherche et production sur la culture aquaponique (source : illustration personnelle)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 142 -
9. Nakagawa (中川) A l’instar de l’arrondissement spécial d’Adachi-
Dans cette dynamique, le campus pourrait
ku, Katsushika-ku est un arrondissement à
s’étendre à travers la création d’un pôle
tendance résidentiel et suburbain, divisé en
agronomique
deux par la rivière Nakagawa (1). A proximité
sur la production agricole pourraient être
du quartier de Kanamachi se trouve le campus
conduits pas les étudiants-chercheurs. En
Katsushika de l’Université de sciences de
plus des infrastructures intérieures créées,
Tokyo (2). Ce campus, porté sur la question de
L’Academic Park pourrait alors être requalifié
la recherche scientifique intègre de nombreux
afin de présenter des zones de production
espaces verts, faisant partie d’un « Academic
et d’expérimentation extérieure. Outre le
park » (3) qui accueille les infrastructures
simple domaine de l’agronomie, de nombreux
nécessaires
universitaires
autres domaines pourrait interagir avec ce
effectués. C’est au pied de ce parc que l’un des
nouveau pôle afin de favoriser la question de
couloirs verts reliant au reste de la métropole
l’interdisciplinarité.
aux
travaux
dans
lequel
des
travaux
se ramifie vers le nord et l’ouest.
Vers Higashimizumoto 1
3 2
Vers Nijuku
Figure 91 : Pôle de Nakagawa (中川) - Pôle agronomique de l’université scientifique Katsushika (source : illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 143 -
10. Komatsugawa (小松川) spécial
En lien avec cet attachement fort de la
d’Edogawa-ku, Komatsugawa se situe à
population japonaise à la floraison des cerisiers,
l’ouest de la rivière Arakawa (1). A l’image de
qui se rapporte de manière plus générale au
l’arrondissement spécial, c’est un quartier
terme « Hanami » (littéralement « regarder
à
de
les fleurs »), ce site semble indiqué afin d’y
larges
développer un pôle centré sur la question de
espaces verts, on y trouve notamment le
la culture horticole. L’environnement bâti se
large parc Ōjima-Komatsugawa (2), ainsi que
composerait alors d’un centre de recherche
la promenade Komatsugawa (3); longue de
et de production sur la culture horticole et
plusieurs kilomètres, elle compte plus de 1000
pourrait superviser l’entretien des cerisiers
cerisiers plantés le long de la rivière. C’est à
de la promenade, mais aussi de participer à
travers cette promenade que se profile le tracé
l’insertion et le développement de vergers
d’un couloir vert du nord au sud, tandis qu’une
fruitiers dans le parc Ōjima-Komatsugawa, ou
second traverse le quartier d’est en ouest.
encore le long du couloir vert.
Situé
dans
tendance
nombreuses
l’arrondissement
résidentiel, écoles.
comprenant
Ponctué
de
Vers Hirai
3
Vers Nishi-Ojima 2
1
Vers Funabori Vers Higashisuna
Figure 92 : Pôle Komatsugawa (中川) - Centre de recherche et production sur la culture horticole (source : illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 144 -
11. Odaiba (お台場) Odaiba est une île artificielle située dans la baie
De par son attractivité touristique, Odaiba
de Tokyo, au sud-est du cœur de la métropole.
semble présenter un potentiel fort pour le
Administrativement, Odaiba appartient aux
développement d’une ferme urbaine verticale,
arrondissements de Minato-ku et de Kōtō-ku.
sur le modèle de celles présentées à Nishi
Constituée majoritairement de bureaux et de
Shinjuku. Composée d’un socle commercial,
centres commerciaux, elle s’illustre comme
cet ensemble permettrait à sa clientèle
une station balnéaire urbaine, et représente
touristique d’acheter les denrées produites
un lieu privilégié pour se divertir les week-
dans la tour. De plus, à l’image du projet City
ends en famille ou entre amis. On y retrouve
Farm Tokyo (II.2.c – La culture pleine-terre), le
notamment des plages (1), une grande roue,
socle pourrait louer des parcelles aux familles
des parcs, ainsi que les bureaux de la société
tokyoïtes qui souhaitent jardiner sur leur
Fuji TV, conçu par l’agence Tange Associates
temps libre. Elle s’illustrerait ainsi comme un
(2). Elle est traversée par le tracé d’un couloir
repère architectural fort qui contribuerait à
vert provenant de l’est qui finit sa course dans
la démocratisation de la pratique agricole en
le parc Shiokaze à l’ouest.
milieu urbain.
Vers Shinonome
Vers Shiokaze park
Figure 93 : Pôle Odaiba (お台場) - Centre commercial et ferme urbaine verticale (source : illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 145 -
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 146 -
III.3 - RÉALISATION – MIDORI MACHI (緑の街) Ce Projet de Fin d’Études qui se concentre
De manière plus ciblée, il permet de
sur le développement d’un de ces pôles
comprendre
d’agriculture urbaine permet d’explorer et de
fonctions associées à l’agriculture urbaine à
démontrer la mise en pratique des différentes
l’échelle d’un site - Skytree -et de comprendre
théories évoquées précédemment.
les synergies qui peuvent être mises en places.
l’articulation
des
différentes
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 147 -
Aperçu d’un oocument en cours d’élaboration
III.3.A – L’INTÉGRATION AU PAYSAGE URBAIN PRODUCTIF CONTINU Du haut de ses 634 mètres, la tour Tokyo
du pôle d’activité que représente à elle seule
Skytree domine l’arrondissement spécial de
la tour Skytree, ces différents quartiers
Sumida-ku, et plus largement la métropole du
présentent un potentiel fort pour développer
Grand Tokyo. Plus haute structure du Japon,
leur propre dynamique, mais surtout s’ouvrir
cette tour de radiodiffusion abrite en son socle
aux autres pôles d’activité, notamment celui
un complexe commercial. Niché le long de la
d’Asakusa (accessible à moins de 15 min de
rivière Sumida, le quartier s’articule autour d’un
trajet à pied), situé sur la rive ouest du fleuve
canal désaffecté et comptabilise notamment
Sumida-gawa (Fig. 95).
le parc Sumida, ainsi qu’un pôle d’affaires. Par conséquent, sur la base des infrastructures Marqué par le monopole de la tour la plus haute
existantes (couloir vert au sud, canal, fleuve),
de Tokyo, les différents quartiers environnants
l’implantation d’un nouveau couloir vert
(Azumabashi, Mukōjima et Oshiage) arborent
permettant de relier le socle de Skytree au
une logique monofonctionnelle. En effet,
quartier d’Asakusa semble légitime afin
de manière générale, le tissu urbain de ces
d’articuler la planification urbaine ainsi que la
quartiers est majoritairement composé de
requalification du quartier.
bâtiments résidentiels, souvent de faible hauteur (2-3 étages).
Cette faible densité bâtie est ponctuée de nombreux espaces verts, qui s’illustrent notamment à travers le parc Sumida au nord du canal, l’aménagement des berges du fleuve Sumida-gawa à l’ouest, ainsi qu’un couloir vert existant au sud qui relie le socle de Skytree vers la gare ferroviaire de Kinshichō au sud. Bien que fortement dépendants de l’attraction
Figure 94 : Coupe épannelage rive nord du canal (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 148 -
Figure 95 : carte isochrone au départ de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).
Figure 96 : carte des stratégies urbaines développées (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 149 -
3
2
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 150 -
Le travail de planification urbaine abordé lors
employé non-seulement à l’échelle globale
du semestre dernier s’est alors concentré sur
(visiteurs extérieurs), mais surtout à l’échelle
la requalification du quartier autour du nouveau
locale (habitants ou actifs).
couloir vert - nommé Green Line - positionné le long du canal. Afin de supporter le développement
D’est en ouest, il est alors possible de lire
de cette nouvelle mobilité douce et de la
différentes séquences urbaines qui décrivent et
promouvoir en tant que nouvel axe structurant du
illustrent le développement urbain proposé, et
quartier, le développement urbain est concentré
permettent d’apprécier son intégration au couloir
selon une approche multifonctionnelle. En effet,
vert. Ces séquences peuvent être localisées de
cela permet d’intégrer le couloir vert dans une
la manière suivantes; La place centrale (1), l’Îlot
dynamique quotidienne, dans laquelle il est
mixte (2), le Pôle d’activité (3).
1
Figure 97 : Master plan urbain ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 (Illustration issue du projet urbain S9).
- 151 -
1. La Place centrale D’une part, la jonction du couloir vert existant
On peut remarquer que le couloir vert bifurque
et de celui proposé est marquée par la création
avant d’atteindre la place, afin de longer
d’une place centrale qui permet de relier et
les bords du canal et de rejoindre le quartier
connecter les différentes entités du quartier.
d’Asakusa. Il laisse alors place à un traitement
Située au pied de Skytree, c’est ici que sont
minéral sur la place qui permets d’accueillir un
regroupés les bâtiments à forte activité.
flux piéton beaucoup plus important.
On y trouve (Fig. 98) une gare ferroviaire (1), un
Bien que le couloir vert est déployé le long de la
centre de recherche en robotique (2), un centre
rive sud, les quais existants de la rive nord du
culturel (3), un îlot type de logements (4), des
canal ont aussi été requalifiés en espaces verts
échoppes (5), ainsi qu’une halle de production
afin de créer différentes interactions entre les
et de consommation (6), qui permettent
deux rives et de permettre l’intégration de la
d’assurer les fonctions liées à l’habitat, aux
rive nord dans le tracé des couloirs verts établi.
activités commerciales, professionnelles et culturelles, ainsi qu’aux mobilités.
2 3 4 5
1
6
Figure 98 : Axonométrie - Place centrale du projet de planification et d’aménagement urbain du quartier de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 152 -
Figure 99 : Perspective - Vue depuis le socle haut de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).
Figure 100 : Perspective - Vue depuis la scène flottante (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 153 -
2. L’Îlot mixte Bien que moins actif, le reste du couloir vert
Afin de répondre aux besoins du quartier, le
est ponctué de différentes entités bâties qui
couloir vert propose une diversité d’espaces
intègrent la notion de multifonctionnalité
publics en lien avec les entités bâties. Ici, des
(Fig. 101). De par leurs différents rapports
terrains sportifs et des terrasses de restaurant
d’implantation au couloir vert, on distinguera
au pied des îlots de logements et du centre
les ensembles liés aux activités résidentielles,
sportif, une placette et un parking à vélo au
telles que les îlots de logement (1), des autres
pied du pôle éducatif.
ensembles fonctionnels, illustrés par un centre sportif de loisir (2), des échoppes (3), ainsi qu’un
Situé en face du parc Sumida, cette partie
pôle d’éducation (4). A l’inverse des autres
du couloir verte intègre la conception d’une
ensembles, les bâtiments résidentiels sont
passerelle végétalisée qui permet de renforcer
implantés de manière moins frontale, sous la
l’intégration
forme d’îlots, ce qui permet de prolonger les
constitutif du couloir vert, tout en permettant
différents espaces verts à l’intérieur des cœurs
de renforcer les mobilités douces établies de
d’îlots à travers des piqûres végétales.
part et d’autre du canal.
du
parc
comme
élément
2 1 4 3
Figure 101 : Axonométrie - Îlot mixte du projet de planification et d’aménagement urbain du quartier de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 154 -
Figure 102 : Perspective - Vue depuis la Green Line (Illustration issue du projet urbain S9).
Figure 103 : Perspective - Vue depuis la rive nord du canal (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 155 -
3. Le Pôle d’activité Enfin, l’extrémité ouest du quartier, située
La toiture de cette gare se décline par un
sur la rive du fleuve Sumida-gawa, témoigne
espace public qui permet de surélever le
d’une réelle extension et ouverture du quartier
couloir vert et de le prolonger vers le quartier
vers celui d’Asakusa, permettant par la même
d’Asaskusa par la création d’une passerelle
occasion de s’affranchir du monopole de
piétonne végétalisée (3).
Skytree.
Actuellement composé (Fig. 104) d’un centre d’affaires qui comprend notamment l’hôtel de ville (1), une nouvelle gare maritime (2) y est planifiée afin de connecter ce pôle aux autres arrondissements de Tokyo par l’ajout d’une nouvelle ligne de ferry.
1
2
3
Figure 104 : Axonométrie - Pôle d’activité du projet de planification et d’aménagement urbain du quartier de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 156 -
Figure 105 : Perspective - Vue depuis le fleuve Sumida-gawa (Illustration issue du projet urbain S9).
Figure 106 : Perspective - Vue depuis la passerelle (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 157 -
Comprenant
une
largeur
d’environ
40m
(irrégulière par endroits), le couloir vert proposé sur le site permet à la fois de proposer des activités à dominantes écologiques, tout comme des activités à dominantes sociales qu’il est possible de détailler.
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 158 -
Figure 107.1 &–107.2 : Coupe Romain et Perspective aérienne - Détails de la Green Line ENSAM – Mémoire et PFE recherche Lahondès - Année 2020/2021 (Illustrations issues du projet urbain S9).
- 159 -
Couloir vert à fonction écologique D’une part, la Green Line intègre de nombreux
Ils seront ainsi plantés d’essences végétales
tronçons favorisant les éléments de nature
locales, comprenant une diversité d’arbres
biologique (Fig. 108). Ces tronçons présentent
(Erable du japon, Cerisier du Japon, Ginko
alors
plus
Biloba), mais aussi d’arbustes et fleurs
importante, permettant de favoriser le bon
(Camélia, Azalées, Bambous, Bambous nains)
développement des espèces animales et
très appréciés dans la culture populaire
végétales.
japonaise.
Ces
ainsi
une
espaces
densité
un
Par conséquent, ces différents tronçons
d’un
permettent de répondre à un besoin des usagers
platelage bois, d’une largeur d’1,60 mètres, et
d’ « interagir dans la nature » et s’inscrivent
ponctué d’assises. Ce cheminement présente
plus largement dans une dynamique de mise
une vocation secondaire, destiné à être
en relation des éléments écosystémiques du
emprunté afin de se promener, de déambuler
quartier (parc Sumida, canal, fleuve, couloir
le long du couloir vert.
vert existant)
cheminement
sont
végétale
traversés
irrégulier
par
constitué
Figure 108 : Perspective - Partie du couloir vert présentant des fonctions à dominantes écologiques (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 160 -
Couloir vert à fonction sociale D’autre part, la Green Line s’illustre comme
On y retrouve de nombreux espaces publics
un réseau de déplacements doux efficace,
permettant la cohésion sociale (places et
permettant de mettre en relation les différents
placettes, scène flottante, terrasses de cafés
ensembles fonctionnels développés (Fig.
et restaurants, quais aménagés, etc.), dont
109).
Destiné à une affluence piétonne
de nombreux liés aux thématiques du sport et
plus importante, ctte partie du réseau plus
de la santé (terrains de badminton, de basket-
importante présente de nombreuses voies
ball, installations de ‘‘street workout’’, aire de
de circulations aux dimensions et aux
yoga, etc.).
fonctions différentes. Il est composé de trois cheminements perméables décrivant
La composante principale de ce réseau repose
successivement une venelle de circulation
alors sur l’aménagement d’un espace public
entre les différents bâtiments, une allée
vibrant et favorable au piéton, et les espaces
commerçante, ainsi qu’une promenade le long
proposés permettront aux usagers d’ « interagir
des quais (qui intègre notamment une piste
dans la nature », tout en conservant une
cyclable).
dynamique de mise en relation des espaces.
Figure 109 : Perspective - Partie du couloir vert présentant des fonctions à dominantes sociales (Illustration issue du projet urbain S9).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 161 -
Bien que les thématiques abordées lors de la
En effet, les typologies mises en avant lors
phase de planification urbaine effectuée au
du chapitre précédent semblent parfaitement
semestre 9 se concentraient sur des notions
indiquées pour être réinterprétées dans ce
de mobilités, de multifonctionnalité,
ainsi
quartier qui saura profiter de l’influence et
que de production d’énergie, il est possible
de la gestion apportée par le nouveau pôle
de réinterroger le travail entrepris au regard
d’agriculture urbaine, développé sur la base du
de l’insertion de la pratique agricole dans ce
quartier établi sur la rive nord qui comprenait
nouveau paysage productif continu.
un ensemble résidentiel et commercial, ainsi qu’une halle marchande (Fig. 110).
58
7 h 30
Figure 110 : Master plan–comprenant lesPFE typologies d’agriculture urbaine et la localisation pôle d’agriculture urbaine ENSAM Mémoire et recherche – Lahondès Romain - Année du 2020/2021 (Illustration issue du projet urbain S9).
- 162 -
LA PLEINE-TERRE EXTÉRIEURE ESPACES INTERSTITIELS
JARDINS COMMUNAUTAIRES
MICRO-FERMES URBAINES
LES TOITURES P d’ag arcelle ricu P lture ôle urba ine
L’APICULTURE
5 h 30
LA CULTURE EN BACS
LA CULTURE PLEINE-TERRE
L’ENVIRONNEMENT BÂTI LE PROGRAMME COMMERCIAL 7 h 45
LE PROGRAMME RÉSIDENTIEL
LE PROGRAMME
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 TERTIAIRE - 163 -
Stratégie productive Dans un premier temps, les typologies
Puis, dans une dynamique de requalification du
associées à la pleine-terre extérieure semblent
quartier, les toitures pourrait être investies par
propices pour proposer des espaces de
la pratique agricole urbaine. Une campagne
production agricole en lien direct avec le couloir
de subvention pourrait alors encourager
vert. Dans cette dynamique, de nombreuses
les habitants des ensembles résidentiels à
séquences de la Green Line pourraient
installer des ruches sur leurs toitures, voire des
arborer des espaces verts productifs (culture
bacs plantés si les conditions le permettent
en bacs, vergers, plantations d’arbustes
(toiture accessible, charge admissible). En
fruitiers, de plantes aromatiques), tandis que
outre, les ensembles fonciers privés pourraient
certaines portions des îlots de logements et
être encouragés à proposer des espaces de
du parc Sumida pourraient abriter des jardins
culture en pleine-terre dans la dynamique de
communautaires, ou encore que les dents
rétrocession d’espaces public des kōkai-kūchi
creuses du quartier pourraient être reconverties
évoquée précédemment (III.2.a – Les paysages
en micro-fermes urbaines.
productifs).
LA PLEINE-TERRE EXTÉRIEURE
LES TOITURES
ESPACES INTERSTITIELS
L’APICULTURE
JARDINS COMMUNAUTAIRES
LA CULTURE EN BACS
MICRO-FERMES URBAINES
LA CULTURE PLEINE-TERRE
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 164 -
Enfin, l’ensemble des bâtiments présentés lors de la phase de planification urbaine pourrait intégrer les différentes typologies d’agriculture urbaine concernant l’environnement bâti, ce qui aurait pour effet de supporter l’activité proposée par le nouveau pôle d’agriculture urbaine. De fait, les îlots de logements pourrait intégrer des espaces de production propres aux ensembles résidentiels, tandis que le pôle sera divisé entre les trois différents programmes, dans une dynamique d’interdépendance qu’il est bonne d’illustrer et de détailler dans la partie suivate.
L’ENVIRONNEMENT BÂTI LE PROGRAMME COMMERCIAL
LE PROGRAMME RÉSIDENTIEL
LE PROGRAMME TERTIAIRE
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 165 -
III.3.B – LE PÔLE D’AGRICULTURE URBAINE Dans cette dynamique, l’approche énoncée des
précédemment (III.1 – Contextualisation –
pôles d’agriculture urbaine s’illustre comme un
Tendances), le Japon est en proie à des
élément structurant permettant d’apporter une
enjeux liées à son fort développement urbain,
réponse coordonnée à ces différents enjeux. En
à la diminution de sa capacité de production
effet, vis-à-vis de l’environnement urbain, ces
alimentaire, ainsi qu’à une modification
enjeux s’apparentent à des questionnements
constante des habitudes alimentaires de ses
relatifs aux fonctions Consommer - Habiter -
habitants.
Produire (Fig. 111).
Outre le fait de poser des problématiques
Ainsi, ce pôle d’agriculture urbaine s’illustrerait-
récurrentes, ces enjeux sont souvent traités
il comme un laboratoire d’expérimentation
de manière indépendante et leur résolution
permettant de traiter ces différentes fonctions
n’intègre pas de dynamique de planification
de manière synchronisée à travers la question
maîtrisée.
de l’agriculture urbaine.
H
Si l’on s’en réfère aux tendances évoqués
IT E R B A
DÉVELOPPEMENT URBAIN CROISSANT
UIR
ER M M
DIMINUTION DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION ALIMENTAIRE
PROD
MODIFICATION DES HABITUDES DE CONSOMMATION ALIMENTAIRE
C ONSO
E
Figure 111 : Diagramme des différents enjeux et fonctions de l’agriculture urbaine au Japon (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 166 -
Par conséquent, les typologies d’agriculture
A la croisée de deux fonctions différentes, il est
urbaine liées à la question de l’environnement
possible d’identifier un assemblage spécifique
bâti identifiées (II.3 – L’environnement bâti)
qui formera la base du pôle. On distinguera
semblent pertinentes pour adresser ces
alors trois assemblages qui seront détaillés
différentes fonctions, à la recherche de
dans cette partie; l’allée marchande, le village
nouveaux assemblages pouvant être explorés
urbain, ainsi que le centre de recherche et
par la question de la pratique agricole urbaine.
production.
Dès lors, il est bon de rappeler, que ce pôle n’a
En outre, à la croisée des trois fonctions,
pas pour vocation de se caractériser par une
il est possible d’identifier un assemblage
production agricole intensive et de grande
qui s’illustrera comme l’axe structurant de
échelle, mais considère plus largement la
ce projet. Celui-ci sera alors calqué sur la
création d’un quartier multifonctionnel qui
présence d’une bâtiment significatif développé
propose des espaces productifs ainsi que des
lors de la phase de la planification urbaine qui
équipement d’habitabilité associés.
est la halle marchande.
N
P R O D UI R
M MER O S
BIT E R A H
E
CO
Figure 112 : Diagramme des différents enjeux et fonctions de l’agriculture urbaine au Japon (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 167 -
L’allée marchande A la croisée des fonctions Habiter et
Dans le quartier proposé, les fonctions
Consommer se positionne la typologie qu’il est
consommer peuvent être représentées à
possible de qualifier d’ « allée marchande ».
travers des espaces de consommation de
Sur le principe, cette allée se définit comme un
petite échelle (bars, cafés, restaurants,
espace public vibrant ponctué de commerces
pâtisseries, brasseries), ou d’ampleur plus
et de locaux d’équipements publics.
importante (halle marchande).
Composée d’ensembles de faibles hauteurs,
Les fonctions habiter quant à elles peuvent
la typologie de l’allée marchande s’intègre
s’illustrer à travers l’espace public (placettes,
dans le tissu urbain à travers une notion
jardins communautaires, etc.), aussi bien
d’horizontalité. Elle est destinée à offrir une
que dans les bâtiments d’équipement public
succession d’espaces liés aux fonctions habiter
(crèches, écoles, locaux communautaires,
et consommer intégrés à l’environnement
galeries d’exposition, etc.).
dans une dynamique de parcours.
Figure 112 : Axonométrie - L’allée marchande (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 168 -
N
M MER O S
BIT E R A H
CO Figure 113 : Perspective - Vue depuis l’allée marchande (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 169 -
Le village urbain Présentant une fonction dominante liée à
Dans cette dynamique, il se compose d’un
l’habitat, le village urbain se caractérise par
complexe résidentiel qui offre des espaces
un ensemble résidentiel et commercial liés qui
propices à la vie en communauté. Les
inspirent une notion de communauté locale;
appartements (à domanialité privée) arborent
composante propre aux villages.
ainsi de larges terrasses aménagées de jardinières, tandis que le socle et la toiture
Ces espaces se qualifient dans une dimension
offrent des espaces et des équipements
plus verticale, tout en respectant une
publics
perception de densité relative au contexte
potagers, fermes urbaines participatives, etc.).
(locaux
communautaires,
tokyoïote (environ 10 étages). Ils sont implantés sur la bande nord de la parcelle, ce qui permet de conserver un ensoleillement et des vues privilégiés dans le quartier et de supporter la requalification de la ruelle attenante en véritable rue fréquentée.
Figure 114 : Axonométrie - Le village urbain (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 170 -
jardins
BIT E R A H
P R O D UI R
E
Figure 115 : Perspective - Vue depuis un des logements (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 171 -
Le centre de recherche et production Produire Le centre de recherche et de production,
Il se compose alors d’un socle commercial
apparenté aux fonctions consommer et
qui répond aux différents besoins de
produire, se démarque des autres typologies
consommation de l’allée marchande et qui
par une logique de production de plus grande
s’illustre comme une véritable vitrine des
échelle, reposant sur des méthodes de
denrées alimentaires produites dans les
production de haute technologie.
laboratoires.
Il est implanté sur la bande sud de la parcelle,
A l’aplomb de ce socle se déploie une
afin de cadrer l’allée marchande et de
ensemble tertiaire qui comprend des centres
présenter une barrière visuelle et acoustique
de recherche ainsi que des laboratoires de
face aux différentes nuisances de la voie ferrée
production agricole de hautes technologies
attenante.
(hydroponiques, aquaponiques, etc.).
Il est composé d’un ensemble
commercial et tertiaire linéaire de faible hauteur (2-3 étages).
Figure 116 : Axonométrie - Le centre de recherche et production (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 172 -
N
M MER O S
P R O D UI R
E
CO
Figure 117 : Perspective - Vue depuis un des laboratoires de production (Aperçu d’un document en cours d’élaboration)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 173 -
Consommer - Habiter - Produire Produire Traitée avec une attention particulière, la halle
De fait, elle s’illustre comme l’interface entre
marchande s’illustre comme la composante
les différents éléments constitutifs du quartier
structurante de ce nouveau pôle d’agriculture
et permets de capter et de gérer différents
urbaine. De fait, ce bâtiment permet d’illustrer
types de flux. Cette notion est particulièrement
les trois fonctions étudiées et d’en imaginer les
importante afin d’apporter une visibilité directe
potentielles synergies.
sur les différents éléments du quartier. Ainsi cela
permettrait-il
d’inscrire
l’agriculture
La halle est constituée d’une socle public et
urbaine comme une composante active de
traversant, ce qui en fait un lieu de passage
l’espace public et de l’environnement bâti dans
fréquenté. Elle permet de relier la nouvelle
l’imaginaire collectif.
gare ferroviaire et sa place à l’est jusqu’à l’allée marchande et le parc Sumida à l’ouest, ainsi que le quartier existant au nord jusqu’aux quais et à la Green Line au sud.
Figure 118.1 & 118.2 : Plan RDC et coupe épannelage du quartier (Aperçu d’un document en cours d’élaboration)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 174 -
N
P R O D UI R
M MER O S
BIT E R A H
E
CO
Figure 119 : Perspective - Vue de la halle depuis l’allée marchande (Aperçu d’un document en cours d’élaboration)
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 175 -
III.3.C – UNE TYPOLOGIE PARTICULIÈRE – LA HALLE MARCHANDE Bien que le programme initial considère la
Un étage tampon entre les deux entités se
conception d’une halle marchande, cette
distingue afin de mixer les usages et se caractérise
typologie de bâtiment à été remaniée afin
alors par un accueil du public dans les bureaux
d’y inscrire un programme multifonctionnel
supérieurs à une vitrine des laboratoires de
qui correspond aux différentes fonctions
production présentant les différentes méthodes
Consommer - Habiter - Produire.
de production.
Elle est alors divisée en deux entités distinctes,
La thématique évoquée de la visibilité est bien
le socle à dominante publique abritant les
entendue répliquée à l’échelle du bâtiment afin
fonctions conventionnelles d’une halle, ainsi
d’avoir une vision sur les différents ensembles
que les étages supérieurs à dominante privée
proposés. Elle se retrouve à travers le concept
comprenant majoritairement des bureaux
directeur d’atrium qui permet d’avoir une visibilité
et un centre de production agricole de haute
directe entre tous les différents étages du socle,
technologie.
ainsi qu’une percée visuelle sur les bureaux situés dans les espaces supérieurs.
Figure 120 : Perspective - Vue de la halle depuis l’allée marchande (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 176 -
Figure 121 : Coupe AA’ - Distributions verticales (Illustration personnelle).
Figure 122 : Coupe BB’ - Vide sur atrium (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 177 -
Socle - La halle marchande Produire Le rez-de-chaussé s’inscrit dans la continuité
De plus, le deuxième étage comporte l’accueil
directe de l’allée en proposant une large allée
des bureaux, ainsi qu’un parcours dédié à
marchande, ainsi qu’une allée secondaire
une visite guidée des laboratoires. Cette
ponctuées de différentes échoppes. On y trouve
visite comprends une partie muséographique
aussi les différentes circulations verticales
qui retrace la mécanisation de la production
permettant de rejoindre les étages supérieurs,
agricole, une immersion dans les différents
ainsi qu’une bande de locaux techniques qui
étapes de production séparée par une coursive
viennent cloisonner la façade nord.
tampon
(semis,
germination,
croissance,
reproduction récolte, emballage), un atelier Le premier étage intègre de nombreux
cuisine dans lequel les visiteurs pourront
espaces de restauration profitant d’une vue
cuisiner des aliments récoltés sur place, ainsi
surélevée sur le quartier et la Green Line. Puis,
qu’une boutique.
la bande nord de cet étage intègre des cuisines communautaires qui peuvent être mobilisées lors d’ateliers de cuisine.
Figure 123 : Perspective - Vue depuis l’espace visité des laboratoires (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 178 -
PRODUCTION ACCÈS BUREAUX ACCUEIL SALLES DE CULTIVATION VISITE GUIDÉE
ATELIER CUISINE
AIRE DE RESTAURATION
ESPACE TECHNIQUE
ÉCHOPPE
ACCUEIL AIRE DE RESTAURATION
Figure 124 : Axonométrie éclatée - RDC à R+2 (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 179 -
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 180 -
Figure 125 : Perspective - Vue depuis le premier étage de la halle (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 181 -
Etages supérieurs - Bureaux et loisirs Produire Les étages supérieurs du bâtiment arborent
Dans la même dynamique, le quatrième
une domanialité à tendance privée, composée
étage est divisée selon une partie publique
majoritairement des bureaux et des laboratoires
qui contient un ferme urbaine participative
de production. Pour les différents étages de
potager communautaire, ainsi qu’une partie
bureaux, la partie administrative (bureaux) est
privée qui correspond au niveau supérieur des
séparée de la partie production (laboratoires)
bureaux de et des laboratoires de production.
par un sas étanche qui permet aussi de gérer l’acheminement des marchandises grâce à un
Enfin, le cinquième étage comprend le dernier
monte-charge.
niveau des bureaux de et des laboratoires de production.
Le troisième étage comporte une partie publique composée d’un restaurant panoramique et de larges terrasses, ainsi qu’une partie privée qui comporte la partie principale des bureaux de et des laboratoires de production.
Figure 126 : Perspective - Vue depuis les laboratoires de production (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 182 -
JARDINS
LABOS
BUREAUX
POTAGER LABOS BUREAUX JARDINS POTAGER
LABOS
BUREAUX RESTAURANT
JARDINS
Figure 127 : Axonométrie semi-eclatée des étages supérieurs (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 183 -
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 184 -
Figure 128 : Perspective - Vue depuis le restaurant (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 185 -
La toiture comme espace public Produire Le premier niveau de toiture (quatrième étage)
Dans la continuité des kōkai-kūchi exposée
paysages
comporte alors un jardin suspendu ainsi que la
productifs), une partie de la toiture est
terrasse du restaurant. Puis, le second niveau,
rétrocédée afin de proposer un espace public
divisé en deux ailes, est réparti entre un
qualitatif qui permets de garder une visibilité
potager communautaire et un second jardin
directe sur les différents programmes du
suspendu. De plus, le troisième niveau présente
bâtiment. Elle est accessible par les différentes
l’extension
circulations verticales ainsi que par une
ainsi qu’une terrasse appropriable pour les
passerelle qui la connecte au reste du quartier.
employés du bureau. Enfin, le dernier niveau
précédemment
(III.2.a
–
Les
du
potager
communautaire,
propose un large jardin suspendu qui propose Un décalage du bâti d’étages en étages permet
de nombreux espaces de détente dominant le
de séquencer cet espace public sur différents
quartier.
niveaux et de proposer une promenade aux ambiances différentes, profitant d’une vue dégagée sur le reste du quartier.
Figure 129 : Perspective - Vue depuis l’espace public en toiture (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 186 -
JARDINS
POTAGER
JARDINS POTAGER
JARDINS
Figure 130 : Axonométrie semi-eclatée des étages supérieurs (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 187 -
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 188 -
Figure 131 : Axonométrie - Vue d’ensemble du pôle agriculture urbaine Midori Machi (緑の街) (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 189 -
CONLUSION ET RÉFLEXIONS Qu’elle soit pratiquée selon une approche
particulièrement pour les personnes devant
réactive ou proactive, l’agriculture pratiquée
faire face à un vide social, comme le sont
en milieu urbain contribue à répondre aux
souvent les personnes âgées, les personnes
différents enjeux sociaux et environnementaux
d’origines minoritaires et les personnes socio-
du Développement Durable.
économiquement défavorisées.
D’un point de vue social, l’agriculture urbaine
D’un point de vue environnemental, l’agriculture
ne s’illustre pas comme une pratique qui a
urbaine s’illustre comme une pratique efficace
pour but de subvertir les structures de pouvoir
afin d’adresser les enjeux liés au changement
implantées dans le système alimentaire
climatique et à la résilience des milieux. En
contemporain,
un
effet, un peu plus de la moitié de la population
outil qui tend à alléger les écarts d’accès
mondiale vit désormais en milieu urbain
aux ressources. De fait, elle participe à
plutôt qu’en milieu rural. À mesure que le taux
l’amélioration des conditions d’habitabilité
d’urbanisation augmente avec le temps, les
de l’espace urbain, notamment à travers les
sites de production alimentaire devraient être
enjeux de santé, d’éducation et de loisirs.
de plus en plus situés à proximité des principaux
Puis, elle présente une myriade d’initiatives
centres de consommation. Par conséquent,
d’inclusion sociale qui favorisent les liens
l’agriculture urbaine gagne de la pertinence
communautaires et encouragent la diversité
partout dans le monde et il est nécessaire
dans les zones productives et évitent donc
d’élaborer de nouvelles stratégies pour assurer
d’exclure ou de stigmatiser certains groupes
l’approvisionnement alimentaire et la sécurité
de personnes. Dans cette dynamique, les
alimentaire de ceux qui vivent en milieu urbain.
projets d’agriculture urbaine représentent un
De fait, le paradigme du développement
levier d’avancée sociétale, ainsi qu’un moyen
durable met en question à la fois les modes
privilégié pour développer un sentiment
d’approvisionnement alimentaire des citadins
d’appartenance et un sentiment de propriété
et l’étalement urbain. Il s’impose dans l’agenda
collective qui facilitent les échanges non-
des politiques publiques, mais il rencontre
seulement au sein du groupe mais aussi entre
aussi l’engouement d’acteurs multiples pour
le groupe et le reste de la communauté et ceci
des initiatives locales plaidant pour un retour
mais
plutôt
comme
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 190 -
à la proximité entre ville et nature, entre ville
Cependant, le modèle du Paysage Urbain
et agriculture, entre ville et alimentation qui
Productif
permettrait par railleurs de se prémunir de la
théorique dont l’application est soumise à de
vulnérabilité accrue des villes aux risques de
nombreuses contraintes et limites (foncier
pénurie alimentaire.
disponible, coût, faisabilité, etc.). Néanmoins,
Continu
demeure
un
modèle
l’approche empirique effectuée par simulation Dans cette dynamique, l’intégration des
sur logiciel SIG s’illustre comme un outil
différents enjeux de l’agriculture urbaine
de planification cohérent pour traiter une
comme composante structurante de la
première phase de planification des différents
planification urbaine et de la conception
couloirs verts. Cette première phase devrait
architecturale dans une métropole comme
bien entendu être approfondie afin de vérifier
Tokyo aura permis de mettre en évidence de
la faisabilité des tracés proposés et de les
nombreux points évoqués lors de ce mémoire.
adapter au besoin.
D’une part, le modèle du Paysage Urbain
Sur l’hypothèse de l’application concrète du
Productif Continu semble particulièrement
schéma directeur que représente ce modèle,
indiqué pour structurer l’insertion et le
se pose alors de nouvelles interrogations quant
développement de l’agriculture à une échelle
à leur domanialité, leur entretien, ou encore
urbaine - celle de la métropole. Il permet en
leur efficacité. Afin de régler ces différents
outre une requalification et une revitalisation
facteurs, la recherche doit alors laisser place
de l’espace public en apportant de la valeur
à l’expérimentation et des tronçons pourraient
ajoutée à celui-ci. De plus, la mise en relation
être réalisés grandeur nature afin de vérifier
des différents espaces productifs à travers les
leur application dans l’espace urbain et de
couloirs verts témoigne d’un réel potentiel pour
constater l’efficacité du système. Les données
supporter des fonctions environnementales
récoltées devront alors être réinterprétées et
et sociales affirmées dans l’espace public. Ils
réutilisées afin de perfectionner le système et
permettraient en outre de s’inscrire dans une
de prévoir un aménagement plus efficace des
dynamique urbaine contemporaine biophilique
prochains tronçons.
qui pousse les villes à se végétaliser.
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 191 -
D’autre part, la conception d’un pôle sous la
comme une composante active de la ville
forme d’assemblage de différentes typologies
(au même titre que les mobilités, ou encore
relatives à la pratique agricole urbaine nous
la mixité fonctionnelle). Cette superposition
renseigne sur les potentialités de cette
de programmes, déjà ancrée dans la culture
pratique comme un élément constituant
nippone, semble attrayante pour concevoir la
de
ville bâtie de demain.
l’environnement
urbain.
Bien
qu’aux
premiers abords cette pratique peut sembler marginalisée quand elle est étudiée de manière
La pratique agricole urbaine peut alors
indépendante, il est possible de remarquer
être
qu’elle s’intègre particulièrement bien dans
contemporains par le biais de construction
le paysage urbain. Précisément, c’est en
de nouveaux ensembles significatifs (ex :
étant intégrée à l’environnement urbain par
écoquartier), autant qu’elle peut se greffer au
l’intégration des processus Consommer -
tissu urbain existant à travers des notions de
Habiter - Produire qu’elle est le plus efficace
requalification ou encore de réhabilitation (ex :
et contribue réellement à sa démocratisation
reconversion de friche industrielle).
intégrée
à
nos
paysages
BIT E R A H
P R O D UI R
SO M ME N O
R
E
C
Figure 132 : Diagramme des différents enjeux et fonctions de l’agriculture urbaine au Japon (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 192 -
urbains
des
Nonobstant, il semble difficile, voire erroné de
différentes analyses, la fonction produire
considérer un ensemble fonctionnel unique
associée à l’agriculture urbaine interroge
comme composante de la ville durable et
quant à l’entretien et à la consommation
résiliente. En effet, le développement de la
de
hydraulique,
pratique agricole en milieu urbain semble
énergétique). En effet, pratiqués à grande
dépendre de l’intégration de ces différentes
échelle, les espaces de production extérieurs
composantes aux échelles et programmes
requièrent
variés et contextualisés (Fig. 133). Ainsi ces
Néanmoins,
comme
ressources
soulevé
(foncière,
lors
du foncier, la mobilisation des
toitures dépend des charges admissibles, et
pratiques
doivent-elles
être
développées
les ensembles concernant l’environnement
en concertation avec les acteurs de la ville
bâti témoignent d’une production de haute
à travers la mise en place d’un schéma de
technologie particulièrement énergivore.
cohérence urbain qui intègre et formule de potentielles synergies comme formulé lors de la phase urbaine avec le modèle des Paysages Urbains Productifs Continus.
Figure 133 : Diagramme des typologies d’agriculture urbaine comme réponses variées à l’implantation de la pratique agricole en milieu urbain (Illustration personnelle).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 193 -
En somme, l’évocation de « pôle » pour
entendu les problématiques liées à l’étalement
structurer l’implantation de la pratique agricole
urbain horizontal en périphérie (spéculation
dans l’environnement urbain permet d’offrir
foncière, migrations pendulaires, ségrégation
une perspective plus large quant au devenir
spatiale, etc.).
des métropoles. En effet, en raison d’un développement croissant des zones urbaines,
Par conséquent, l’étalement urbain étant
les métropoles font face à des enjeux des plus
de plus en plus problématique et pouvant
en plus complexes qui montrent parfois les
porter atteinte au bon fonctionnement d’une
limites de leur configuration urbaine. De fait,
métropole, il est légitime de formuler leur
de nombreuses métropoles contemporaines
développement à travers un nouveau modèle
peuvent être décrites selon des modèles
urbain. La notion de « pôle » évoquée dans ce
monocentriques ou polycentriques83 (Fig.134.1
mémoire semble alors formuler une hypothèse
& 134.2), dans lesquelles l’étalement urbain est
viable pour permettre aux grandes aires
caractérisé par la présence de pôle d’intensité
urbaines de s’affranchir d’un monopole localisé
unique ou multiples. Cette situation décrit bien
et de son étalement urbain périphérique induit.
Figure 134.1 & 134.2 : schématisation des modèles de ville monocentriques et polycentriques. (From monocentric to network cities, and related urban structures, Lehman, 2012). Lehmann, S. (2012). Can rapid urbanisation ever lead to low carbon cities? The case of Shanghai in comparison to Potsdamer Platz Berlin. Sustain. Cities Soc. 3, 1–12. doi:10.1016/j.scs.2011.08.001 83
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 194 -
Dans cette dynamique, l’hypothèse de la
Il est à noter que certaines métropoles
« ville-réseau » (Fig.135) permettrait alors de
correspondent aujourd’hui à un modèle
mettre en relation un nombre plus important
similaire. C’est notamment le cas de la
de pôles, aux caractéristiques spécialisées.
métropole tokyoïte dont la reconstruction
Permettant de s’affranchir du monopole de
relativement récente (séisme du kanto en
certaines zones isolées, le tissu urbain pourrait
1923), atteste d’une multiplication de zones
alors arborer un étalement plus diffus, ce qui
spécialisées de forte intensité, qui peuvent
aurait pour effet d’adresser de nombreuses
être associés aux pôles mentionnés. Ainsi
problématiques
contemporaines.
la ville-réseau permettrait-elle d’apporter
Les pôles agriculture urbaine pourrait alors
une dimension d’autonomie et d’équité aux
s’illustrer comme l’une des composantes
métropoles, ce qui leur permettrait de répondre
de cette ville-réseau au même titre que des
à de nombreuses enjeux du Dévelopement
pôles spécialisées dans la technologie et
Durable.
urbaines
l’innovation, la pratique sportive, l’éducation, ou encore la santé.
Figure 135 : schématisation du modèle de la ville-réseau .(From monocentric to network cities, and related urban structures, Lehman, 2012).
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 195 -
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
‑
ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier - 202 -
© Sasaki