PFE Recherche - L'agriculture urbaine, outil de composition d'une société durable et résiliente

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MÉMOIRE ET PFE RECHERCHE MÉTROPOLES DU SUD

DE LA SUÈDE AU JAPON,

L’AGRICULTURE URBAINE

OUTIL DE COMPOSITION D’UNE SOCIÉTÉ DURABLE ET RÉSILIENTE PRÉSENTÉ PAR ROMAIN LAHONDÈS

Sous la direction de Mme Elodie Nourrigat, Architecte DPLG, Professeure TCPAU ENSAM M e m b r e s d u J u r y : N O U R R I G AT É l o d i e - G I R O D G u i l l a u m e D E VA U X F r e d e r i c - P U E C H S a n d r i n e - L E O T O I N G L u c B R I D O N C h r i s t i n e - G É LY- N A R G E O T M a r i e - C h r i s t i n e

École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier - Année universitaire 2020/2021



DE LA SUÈDE AU JAPON, INNOVATION, OUTIL DE DURABILITÉ

L’AGRICULTURE URBAINE

L’INNOVATION COMME OUTIL DE DÉVELOPPEMENT OUTIL DE COMPOSITION D’UNE SOCIÉTÉ

DURABLE ET RÉSILIENTE D’UNE MÉTROPOLE CONTEMPORAINE ENTRE EXCÈS ET DURABILITÉ Dans quelles mesures, l’insertion et le développement de la pratique agricole à travers la conception architecturale et la planification urbaine peut-il permettre En quoi les innovations peuvent transformer durable ? aux métropoles de répondre aux enjeux du développement une métropole d’excès en une métropole durable ?

Mémoire présenté par Soleine ROMERO Romain Mémoire et PFErecherche recherche présenté par LAHONDÈS la direction d’Élodie NOURRIGAT Sous laSous direction de NOURRIGAT Élodie Soutenu 07 juillet Soutenu le 29 leJuin 2021 2020 à L’École Nationale Supérieur d’Architecture de Montpellier à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier

DevantDevant un jury de :de : uncomposé jury composé BRIONÉlodie, Jacques,Architecte, Architecte, Professeur l’ENSA Montpellier NOURRIGAT Docteur, àProfesseur TPCAU ENSAM Frédéric, Architecte, Enseignant à l’ENSA Montpellier GIRODDEVAUX Guillaume, Architecte, Professeur TPCAU ENSAM DEVILLERS Agrégé de Génie Civil, Docteur en Mécanique des DEVAUX Frédéric,Philippe, Architecte, Enseignant TPCAU ENSAM Structures, Professeur HDR à TPCAU l’ENSA Montpellier PUECHMatériaux Sandrine, Architecte, Enseignant ENSAM GIARDI Coline, Architecte LEOTOING Luc, Paysagiste, Maître de Conférence ENSACF LA FENÊTRE Sophie, Architecte, Urbaniste, Directrice de l’EPF LR

BRIDON Christine, Architecte

NOURRIGAT Élodie, Architecte, Docteure en architecture,

GÉLY-NARGEOT Marie-Christine, Professeur HDR Université Paul-Valéry Montpellier Professeure à l’ENSA Montpellier, Directrice du laboratoire HITLAB PERCEBOIS Mathieu, Architecte, Enseignant à l’ENSA Montpellier


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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier en premier lieu ma directrice de mémoire, de parcours recherche et d’études Élodie Nourrigat qui aura su me guider, me conseiller, et me soutenir avec rigueur et constance durant l’intégralité de mon parcours pédagogique recherche.

J’aimerais grandement remercier Jacques Brion pour son accompagnement considérable et son support infaillible.

Mes remerciements s’adressent aussi aux personnes avec qui j’aurais pu discuter ou échanger sur le sujet et qui ont pu me permettre de construire une réflexion critique et nuancée.

Pour finir j’adresse ma gratitude à mes parents ainsi qu’aux membres de mon groupe de studio et amis Julia Allain-Schöning, Martin Pineau, Maxence Fromentin et Pauline Fasciale pour leur soutien et leurs relectures.

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緑の街






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01

LA PENSÉE DE L’AGRICULTURE URBAINE

Cette première partie à dominante théorique

Elle permettra par la suite de mettre en avant

aura pour but de comprendre le développement

les différents enjeux contemporains sociaux

de la pensée d’une agriculture à tendance

et environnementaux associées à la pratique

urbaine,

agricole urbaine.

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 -7-

© Vincent Callebaut Architectures














‑ ‑






22











‑ ‑


46














‑ ‑




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02

DE LA SUÈDE AU JAPON : IDENTIFIER DES ENSEMBLES FONCTIONNELS

Cette seconde partie s’attache à analyser

Trois typologies se démarquent alors des

et comparer différents projet d’agriculture

analyses

urbaine en Suède et au Japon afin d’en dresser

pratiqiuée en pleine-terre extérieure, en toiture,

différentes typologies de pratiques.

ou encore dans l’environnement bâti.

conduites;

l’agriculture

urbaine

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Illustration personnelle






道の駅





























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03

PFE : ASSEMBLER LA VILLE PRODUCTIVE

La dernière partie de ce mémoire propose

Ce projet dont le site d’étude se situe à Tokyo

une approche prospective qui formule une

considère alors une phase urbaine ainsi qu’une

hypothèse sur la mise en relation des différentes

phase de conception qui interrogeront les

typologies d’agriculture urbaine étudiées.

différents éléments mis en, avant.

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Illustration personnelle


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III. 1 - CONTEXTUALISATION – TENDANCES Dans cette dynamique, une contextualisation

une proposition urbaine consiste à faire un état

temporelle permet de mettre en lumière

des lieux des différents enjeux des thématiques

des tendances qui permettront par la suite

liées à l’agriculture urbaine au Japon, et plus

de formuler les opportunités de la pratique

particulièrement à Tokyo.

agricole en milieu urbain à Tokyo.

EMENT

U

T I O N A LI M A M

TION AGR C I U

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Le travail préliminaire effectué pour formuler

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 99 -

Illustration personnelle


I I I.1 . A – D É V E L O P P E M E N T U R B A I N C R O I S S A N T Le Japon est une nation insulaire située au

De fait, la terre y est pleine d’ondulations,

large de la côte orientale du continent eurasien

comprenant

dans l’hémisphère nord. Constitué d’îles,

montagneuses et vallonnés, qui représentaient

ces dernières forment un archipel en forme

en 2020 plus des trois quarts de sa superficie

de croissant qui s’étend sur environ 378 000

totale (soit environ 79% du territoire), répartie

kilomètres carrés.

à travers 254 000 km² de terres forestières

ainsi de nombreuses régions

et champs, ainsi que de 45 000km² de terres agricoles (Fig. 55).

L’archipel japonais étant situé dans une zone au croisement de divers plaques tectoniques nord-américaine,

Du fait de cette géologie atypique, les zones

eurasienne et philippine), il est particulièrement

urbanisées représentent une faible proportion

sujet à divers phénomènes géologiques. Par

du territoire (9%), réparties à travers 19 3000

conséquent, le nombre de tremblements de

km² de zones aménagées et 3 700 km² de

terre dans le pays et la proportion de volcans

routes.

(plaque

pacifique,

actifs y est particulièrement élevé.

400 350 300 250 200 150 100 50 0 1980

1980

forets et champs

terres agricoles

2000 eaux intérieures

2010 Routes

zones aménagées

Figure 55 : Occupations des sols (en milliers de km²) de 1980 à 2020 (D’après le Ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme).

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2020 autres


Près de 80% de la population mondiale

Le Japon est un archipel composé de 4000 îles,

habite à moins de 100km de la mer76. Les

les 4 principales sont Honshu, la plus grande

métropoles et mégalopoles sont d’ailleurs

île, reliée par des tunnels à Kyushu et Shikoku,

bien souvent

situées le long des littoraux

et Hokkaido qui se trouve en marge au Nord. Les

(Buenos Aire, Rio de Janeiro, Lagos, etc.). De

zones montagneuses occupent plus de 80%

fait, ils représentent de véritables zone de

du territoire, les plaines sont rares et étroites

contact entre la terre et la mer et s’illustrent

et soumises à un risque sismique important et

comme des interfaces maritimes qui mettent

au passage de typhons (au Sud). Alors, c’est

en relation l’avant-pays et l’arrière-pays. La

sur les plaines littorales que se concentre la

mondialisation a d’ailleurs encouragé un effet

majorité de la population japonaise, selon une

de littoralisation, concentrant les activités

répartition très inégale (Fig. 56) qui souligne

économiques autour de nouvelles Zones

notamment les différentes métropoles ainsi

Industrielles Portuaires (ZIP), créant ainsi des

que la mégalopole japonaise Taiheiyō Belt (太

façades maritimes dynamiques et essentielles

平洋ベルト).

à l’échelle mondiale .

0 - 50,0 50,0 - 100,0 100,0 - 200,0 200,0 - 300,0 300,0 - 500,0 500,0 - 700,0 700,0 - 1000,0 100,0 - 2000,0 2000,0+

Figure 56 : Densité de population (en habs/km²) par préfecture au Japon en 2010 (2010 Population Census of Japan, Bureau des statistiques du Japon, 2010). Gay-Duverlie, N. (2020, 27 avril). Les littoraux, espaces convoités. le web pedagogique. https://lewebpedagogique. com/histoiregeotruffaut/2019/03/11/les-littoraux-espaces-convoites-et-a-risques/

76

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 101 -


Le pays comptabilise plus de 125 millions

Parmi cette part importante de population

d’habitants, pour une densité de 340 habitants

vivant en milieu urbain, il est intéressant de

au kilomètre carré. Malgré une faible part

noter qu’elle se concentre à raison de 65% dans

de zones urbanisées, le pourcentage de la

les grandes zones métropolitaines (Fig. 58),

population vivant en milieu urbain y est d’environ

dans des proportions comparables aux autres

90% (Fig. 57). Cette répartition de la population

pays du G20 qui ne sont pas situés en Europe

nationale, définie par la proportion d’habitants

(Mexique, Corée, Australie, ou encore Canada).

par type de région (urbaine, intermédiaire,

Cela s’explique notamment par l’important

rurale) s’explique par sa géologie atypique,

étalement horizontal des métropoles de ces

qui décourage l’établissement humain dans

pays (construites plus récemment que les

l’arrière-pays montagneux et favorise la

métropoles européennes), qui s’étendent en

concentration de la population autour de

réalité sur plusieurs villes jusqu’à former des

quelques centres urbains, principalement

mégalopoles (métropole de plus de 10 millions

situés le long des littoraux

d’habitants).

80 70 60 50 40 30 20 10

ni eU

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0

Régions urbaines

Régions intermédiaires

Régions rurales

Figure 57 : Comparaison de la répartition de la population nationale (en %) pour l’année 2014 de différents pays du G20 (Small regions, TL3 : Statistiques démographiques, OECD Library, 2014).

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En 2015, la métropole de Tokyo comptait la

L’agglomération de Tokyo ou Grand Tokyo,

plus grande population urbaine parmi les 47

est la mégalopole la plus peuplée du monde

préfectures du Japon, comptabilisant 13,52

(42,8 millions d’habitants en 2020). Elle est

millions d’habitants. Suivie en ordre décroissant

répartie sur un espace bâti continu (le second

par les préfectures de Kanagawa, Osaka, Aichi

au monde après celui du Grand New York) de 7

et Saitama, qui comptabilisaient chacune une

835 km2, qui correspond à 2% de la surface du

population de 7 millions d’habitants ou plus,

territoire national. Accueillant plus d’un quart

la population urbaine de ces six préfectures

des habitants du Japon (27,9%), la densité

représentait 36,4 % de la population totale. En

bâtie y est d’approximativement 4 553 hab/

outre, la densité de population de la métropole

km². Elle constitue l’hypercentre et la limite

de Tokyo était la plus élevée parmi les

nord-orientale de la mégalopole japonaise,

préfectures japonaises, avec 6168,7 habitants

généralement désignée sous le nom de

au kilomètre carré. Ce chiffre était près de 18,1

Taiheiyō Belt (太平洋ベルト), qui s’étend sur

fois supérieur à la moyenne nationale (340,8

environ 1 200 km sur toute la côte sud de l’île

personnes au kilomètre carré).

principale d’Honshū.

80 70 60 50 40 30 20 10

Petites zones urbaines

Zones urbaines de taille moyenne

i eUn

lie

Zone métropolitaines

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Au

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0

Métropoles

Figure 58 : Comparaison de la répartition de la population urbaine (en %) par taille de ville pour l’année 2014 de différents pays du G20 (Small regions, TL3 : Statistiques démographiques, OECD Library, 2014).

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III.1.B – MODIFICATION DES HABITUDES DE CONSOMMATION ALIMENTAIRE L’ouverture du Japon sur le monde occidental

La forte industrialisation du pays a notamment

n’a pas qu’impacté le développement urbain du

permis d’améliorer le niveau de vie de ses

pays, mais a aussi eu des effets sur l’économie

habitants et ainsi bouleversé leurs habitudes

et les modes de vie de ses habitants.

de consommation. Cela se mesure notamment à travers les dépenses des ménages, puisqu’en

En effet, au cours des années 1960, l’économie

2018,

les

dépenses

de

consommation

japonaise a connu une croissance de plus de

mensuelles moyennes par ménage de deux

10% par an. Cette croissance économique a été

personnes ou plus étaient couvertes à raison

soutenue par l’expansion des investissements

d’un quart (25,7%) par la part des dépenses

privés dans les usines et les équipements, un

alimentaires (Fig.59). Ce chiffre important

important déplacement de la population active

s’explique notamment par l‘occidentalisation

des industries primaires vers les industries

du régime alimentaire japonais qui donne alors

secondaires, ainsi qu’une augmentation de

plus de place aux protéines d’origine animale,

la productivité provoquée par l’adoption et

caractérisées par des prix de production plus

l’amélioration de technologies étrangères.

élevés.

25

20

15

10

5

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550€

436€

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166€

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Figure 59 : dépenses de consommation mensuelles moyennes (environ 287 315 JPY, soit 2 160€) d’un foyer de 2 personnes ou plus au Japon (Statistical handbook of Japan, Statitstic Bureau MIC, 2019).

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Les deux régions dans lesquelles le phénomène

Bien que la consommation de riz (céréales)

de l’occidentalisation du régime alimentaire

demeure

se manifeste le plus sont l’Asie du Sud-Est et

l’alimentation

l’Asie de l’Est. Le Japon s’illustre alors comme

années 2000, elle est en nette chute depuis

l’un des pays qui a connu les changements

les

les plus dramatiques dans les préférences

jour en 1950 à 350g/cap/jour au début des

alimentaires de ses citoyens au cours des

années 2000, ne représentant plus qu’un

dernières décennies. Cela est dû à un ensemble

tiers de la consommation (31%). Parmi les

de facteurs mixtes liés à leur ouverture sur

différences notoires, on remarque notamment

le monde occidental, tels que l’urbanisation,

l’augmentation de la consommation de

l’augmentation des revenus, les changements

produits

dans

d’approvisionnement

(viande, poisson, œufs, produits laitiers) qui

alimentaire (l’augmentation du nombre de

ne représentait que 12% de la consommation

supermarchés et de magasins de proximité),

globale en 1950, mais s’élève à plus de 30%

ainsi que la libéralisation du commerce.

depuis les années 2000 (Fig.60).

chaînes

années

composante japonaise

50,

issus

1975

de

principale au

passant

début

de

l’exploitation

2000

Protéines animales

les

la

Protéines végétales

1950

Céréales

Légumes et féculents

Légumineuses

Fruits

Viande

Poisson

Œufs

Produits laitiers

Figure 60 : modification du régime alimentaires au Japon (en kcal/cap/jour) de 1950 à 2000 (Diet shifts in Japan, FAO, 2013).

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de des

490g/cap/

animale


Une

composante

marquante

de

cette

Pourtant, à Tokyo, le rapport de consommation

transition s’illustre par la diminution de la

entre ces deux denrées est en perpétuel

consommation de poisson par rapport à celle

conflit, et ce depuis les années 70 (Fig. 61). En

de viande. En effet, le Japon est un pays

effet, alors que le Tokyoïte moyen consommait

insulaire qui est situé parmi les plus grandes

en moyenne 5 grammes de viande par jour en

zones de pêche du monde. Dans de telles

1947, il consommerait depuis 2006 près de 90

conditions, l’industrie de la pêche au Japon se

grammes de viande par jour, soit légèrement

développe depuis l’antiquité, ce qui fait du pays

plus que de poisson. De fait, entre 1970 et

l’un des principaux producteurs mondiaux de

2005, la quantité totale de bœuf consommée

poissons. La culture alimentaire du pays s’est

dans la ville a augmenté d’environ 160 % et de

alors basée sur les produits issus de la pêche

90 % pour le porc.

(poissons, fruits de mer), notamment dans la ville de Tokyo, historiquement un ancien village

La popularité d’un régime axé sur la viande et

de pêcheurs (Edo).

la baisse correspondante de la consommation de riz et de poisson ont entraîné des

120

80

40

0 1960

1970

1980

1990

Poisson et fruits de mer

2000

2010

Viande

Figure 61 : consommation de viande et de poisson (en g/personne/jour) par habitant à Tokyo de 1960 à 2010 (Diet shifts in Japan, FAO, 2013).

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changements majeurs du menu japonais

Paradoxalement, malgré un accès constant à

moyen, dont la tendance carnivore à été facilité

des services de restauration rapide, la ville de

par la popularité croissante des restaurants de

Tokyo est marquée par de nombreux déserts

viande grillée - type Yakiniku (焼き肉) - et des

alimentaires (expression qui désigne un

chaînes de restauration rapide.

espace où les habitants ne peuvent se procurer des aliments sains à des prix abordables dans

En parallèle de la restauration rapide, la

une zone proche de leur domicile). En effet,

consommation

alimentaires

la popularité et le nombre grandissant des

est largement monopolisée par la culture

ces infrastructures a conduit à une réduction

du Konbini (コンビニ). Tiré de l’anglais

importante du nombre de point de vente de

«convenience store», les Konbini sont des

denrées alimentaires saines à prix abordables,

commerces de proximité ouverts 24h/24 et

notamment de nombreux supermarchés qui

7j/7, qui proposent de nombreux produits

ont dû fermer à cause de la concurrence.

de

denrées

alimentaires sur emballés, ultra-transformés, aux propriétés caloriques peu qualitatives.

Figure 62 : Carte des zones des désert alimentaire de la ville de Tokyo en 2010 (conférence Tohru HORIGUCHI, 2020).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 107 -


III.1.C – DIMINUTION DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION ALIMENTAIRE D’autre part, l’augmentation fulgurante de

Outre

son

impact

la demande en protéines animales a eu

alimentaire

de lourdes conséquences sur la capacité

l’augmentation de la consommation de viande

du système agricole japonais à fournir les

présente un impact négatif sur l’autosuffisance

aliments consommés.

alimentaire globale. En effet, bien que

des

sur

l’autosuffisance

protéines

animales,

largement dépendant de l’importation pour Alors qu’au début des années 60 le pays était

l’apport de protéines animales, l’élevage se

presque auto-suffisant en production de riz

développe de plus en plus au Japon. Or, la

et de viandes bovines, porcines et de volaille

production de protéine animale (élevage en

(Fig. 63), le Japon n’est désormais plus capable

pâturages) se distingue de la production de

de répondre aux besoins de consommation

protéine végétale (terres cultivées) par une

grandissant des habitants pour les protéines

consommation d’eau et un impact carbone

animales. De fait, le Japon est l’un des

plus élevé, mais surtout par une consommation

premiers importateurs nets mondiaux de

d’espace beaucoup plus importante, parfois

denrées agricoles et de viande.

au détriment des terres arables.

120

80

40

0 1960

1970

Riz

1980

1990

Porc

Boeuf

2000

2010

Poulet

Figure 63 : Ratio d’auto-suffisance du Japon de diverses denrées alimentaires (en %) de 1960 à 2010 (Diet shifts in Japan, FAO, 2013).

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De fait, dans le cas de la viande élevée au

Tributaire de la modification des besoins en

Japon et consommée à Tokyo, le besoin en

consommation, la production agricole est en

surface de pâturage équivaut à la moitié de la

constante baisse au Japon. En effet, depuis

superficie de la ville elle-même (environ 100

les années 1990, on note une diminution

000 hectares). Même si la quantité réelle de

constante de la superficie en terres arables et

terres agricoles nécessaires au Japon pour

cultures permanentes au japon (Fig. 64). Ainsi,

élever la viande domestique consommée à

l’augmentation de la demande en protéines

Tokyo a en fait diminué (environ deux Tokyos

animales a eu des conséquences graves sur

étaient nécessaires en 1970), cela n’a été

la capacité du système agricole japonais à

possible que grâce à l’intensification extrême

fournir les aliments consommés. En effet,

de la production animale (le nombre d’animaux

l’autosuffisance du pays sur la base de l’apport

élevés par hectare de terres agricoles au Japon

caloriques est en constante baisse au Japon

a été multiplié par trois pour le bœuf et par dix

depuis les années 1960 ; alors estimée à 79%,

pour le porc entre 1970 et 2005).

elle n’est depuis 2018 plus que de 37% (l’un des taux les plus bas parmi les pays industrialisés).

4,4k

3,8k

3,2k

2,6k 1990

1995

2000

2005

Japon

2010

2015

2020

Suède

Figure 64 : Comparaison de la superficie en terres arables et cultures permanentes (en milliers d’ha) entre le Japon et la Suède de 1990 à 2020 (Indicateurs environnementaux pour l’agriculture, OECD Library, 2020).

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Bien qu’alarmante à l’échelle nationale, cette

C’est notamment le cas de la ville de Tokyo,

faible auto-suffisance est encore plus marquée

dont des travaux de recherche78 menés en

dans les zones urbaines. En effet, les besoins

2017 attestent d’une insuffisance productive

de consommation des zones urbaines étant

accrue (Fig. 67.1, 67.2 & 67.3). En effet, cette

très importants et la disponibilité de zones de

étude basée une analyse de cellules spatiales

production locales peu importante, leur taux

de 1km² sur la municipalité de Tokyo utilisant

d’autosuffisance est mathématiquement très

un système d’information géographique (GIS),

faible (Fig. 66). Avec une moyenne de 39%

permet de mettre en évidence le contraste

d’autosuffisance à l’échelle du Japon, les zones

entre

urbaines sont largement dépendantes des

référence, répartis de manière inégale entre les

zones rurales pour subvenir à leur besoin. Cette

zones urbaines et rurales. De fait, les espaces

dépendance pose notamment la question de

les plus urbanisés présentent un taux d’auto-

la vulnérabilité alimentaire accrue des zones

suffisance théorique extrêmement faible, voire

urbaines en cas d’urgence (aléas climatiques,

nulle.

consommation

et

production

de

montée des eaux, accident nucléaire).

250 206

200

150 105

100 76

74

50

43 28

17

16

13

Moyenne 39%

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2

1

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11

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30

23

Figure 65 : Comparaison du taux d’autosuffisance alimentaire (base calorique) dans les 15 préfectures japonaises les plus peuplées en 2014 (Ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche, 2014). Sioen, G., Sekiyama, M., Terada, T., & Yokohari, M. (2017). Post-Disaster Food and Nutrition from Urban Agriculture : A Self-Sufficiency Analysis of Nerima Ward, Tokyo. International Journal of Environmental Research and Public Health, 14(7), 748. https://doi.org/10.3390/ijerph14070748

78

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 110 -


Figure 66.1, 66.2 & 66.3 : Données de référence de production, consommation (en kg) et auto-suffisance alimentaire (en %) de la municipalité de Tokyo (Resilience with Mixed Agricultural and Urban Land Uses in Tokyo, International Journal of Environmental Research and Public Health, 2017).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 111 -


ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 112 -


III.2 - INTENTIONS – LE PAYSAGE URBAIN PRODUCTIF CONTINU DE TOKYO Continu

infrastructures urbaines durables. Le concept

(CPUL) est un concept de planification

de CPUL repose sur la création de réseaux

préconisant

urbains ouverts multifonctionnels, y compris

Le

Paysage

Urbain

Productif

l’introduction

cohérente

de

paysages productifs interconnectés dans

l’agriculture

urbaine,

qui

complètent

les villes comme un élément essentiel des

soutiennent l’environnement bâti.

et

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 113 -

Illustration personnelle


I I I. 2 . B – L E S PAY S A G E S P R O D U C T I F S Selon le modèle du Paysage Urbain Productif

travers la carte des différents espaces verts

Continu (CPUL) et en lien avec les typologies

de Tokyo (Fig. 67), où l’on peut constater que

d’agriculture urbaine identifiées dans le

la ville comptabilise une multitude d’espaces

Chapitre II – DE LA SUEDE AU JAPON : IDENTIFIER

verts dispersés inégalement répartis à travers

DES ENSEMBLES FONCTIONNELS, les « paysages

la métropole.

productifs » pourraient, aux premiers abords, s’apparenter aux espaces de pleine-terre

On y retrouve notamment les principaux parcs

extérieure (II.1 – La pleine-terre extérieure).

de Tokyo, situés géographiquement

En effet, cette typologie d’agriculture urbaine

la partie centrale de la ville, qui s’illustrent

témoigne d’un potentiel productif direct dans

comme de large masses végétalisées; les

l’hypothèse de la mise à profit des ressources

jardins du palais impérial (1), le parc Ueno (2), le

présentes dans l’espace public. Cependant,

jardin Hama-Rikyū (3), le parc Yoyogi-kōen (4),

ces espaces précieux ne forment pas un

le parc Shinjuku Gyoen (5), le jardin Koishikawa

paysage « continu » à proprement parler, mais

Korakuen (6), ainsi que le jardin Rikugien (7).

plutôt discontinu qui peut être mis en avant à

7 6 5 4

2

1 3

Figure 67 : Carte des différents espaces verts de Tokyo (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 114 -

dans


Pourtant, il est souvent répandu l’idée que

de ces espaces, il existe d’autres lieux – tels

Tokyo est une véritable « mer de béton»;

que les places, les squares et autres passages

vision qui ne semble pas correspondre avec

– dont la création est encouragée par des

la myriade d’espaces verts présents à travers

dispositifs de développement urbain, et qui

toute la ville. De fait, la perception de ces

permettent à la population de se promener

différents espaces verts semble biaisée,

ou de s’asseoir et de se reposer gratuitement

voire amoindrie dans une ville comme Tokyo,

» (« Outdoor publicly shared spaces, such as

et ce, en lien direct avec un contraste ville/

“Parks”, “Pedestrian Paths”, “River-side Areas”

nature plus important que dans nos capitales

and “River and Canal Recreation Trails” exist

occidentales; « Tokyo fonctionne à deux

which anyone can freely enjoy. In addition

vitesses. D’un côté, les artères immenses,

to such spaces, there are other locations -

les ponts de béton, les marées humaines. De

such as plazas and passageways - which are

l’autre, les quartiers minuscules, les ruelles

encouraged by urban development schemes

obscures flanquées de façades aveugles et de

and which allow the general public to stroll or

bannières flottantes. »79.

sit and relax free of charge. »80).

En concomitance avec ce rapport d’échelle

Si la liberté d’usage est évoquée, notamment

très différent, il est à noter qu’une grande

à travers la notion de « gratuité », la notion de

partie des espaces verts de Tokyo se

domanialité publique/privée n’est pas soulevée

manifestent d’une part par de grands espaces

par la définition donnée, ce qui suggère

verts intégrés à l’espace public, mais aussi

notamment que les kōkai-kūchi sont des

à travers une multitudes de petits espaces

espaces additionnels qui viennent compléter

privés ouverts au public, illustrés à travers la

les espaces verts déjà présents, à dominante

notion de kōkai-kūchi (公開空地) ; « Il existe

« traditionnelle » (parcs et jardins historiques),

des espaces extérieurs ouverts au public

en offrant notamment à la population des

tels que les parcs, les trottoirs, les espaces

infrastructures

offerts par les berges des rivières, ainsi que

dédiées à des activités de plein-air liées à la

les chemins en bordure des rivières et canaux,

santé et au sport, telles que la promenade,

dont chacun peut profiter librement. En plus

le repos, ou encore les activités pysiques,

79 80

et

aménités

de

Kaiken (French Edition) by Jean-Christophe Grange (2014–02-26). (2021). Librairie generale francaise. Institute for Urban Development, The Mori Memorial

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 115 -

confort


dont on comprend qu’elles étaient jusque-

Pourtant, la formation des kōkai-kūchi découle

là déficitaires, voire absentes dans l’espace

de la mise en œuvre de mesures incitant les

public. Ainsi, ces espaces qui, de nature privée

promoteurs immobiliers à créer des lieux

du point de vue de la propriété foncière, se

ouverts

veulent « publics » du point de vue des usages.

de l’espace urbain. Des dérogations à la

qui

contribuent

à

l’amélioration

réglementation constructives (hauteur par par

rapport au prospect, coefficient d’occupation

l’association des caractères 空 (vide, libre)

des sols, surfaces de planchers) sont alors

et 地 (terrain, parcelle) avec les caractères

accordées à ces opérateurs privés, en

公 (public, officiel) et 開 (ouverture). De fait,

contrepartie desquelles ils doivent restituer

l’expression kōkai-kūchi (公開空地) peut être

des espaces ouverts en publics accessibles à

définie littéralement comme « espaces non-

toute heure sur la parcelle règlementaire.

Cette

notion

est

d’ailleurs

formée

bâtis ouverts au public », formule qui ne permet pas cependant de caractériser la notion de domanialité privée.

Figure 68 : Ginza six Garden, jardin de 4 000 m² sur le toit du centre-commercial Ginza (Best rooftop gardens in Tokyo, Timeout, 2020).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 116 -


Ces espaces peuvent alors s’implanter en

immeubles moins hauts et plus larges avec une

pied des immeubles construits, en lien direct

plus petite surface résultante dédiée à l’espace

avec l’espace public, tout comme ils peuvent

public. Ceci soulève de fait une différence de

être implantés à l’intérieur même du bâti, à

perception notoire entre habitants du Japon et

travers notamment l’appropriation des toitures

de pays occidentaux quant à la nature de ce

pour créer de véritables jardins suspendus. La

que l’on considère comme « espace public »,

pratique agricole urbaine pratiquée dans ces

et à ce rapport entre le domaine public et le

espaces rappelle alors les typologies mises en

domaine privé si particulier.

avant dans le Chapitre II – DE LA SUEDE AU JAPON

: IDENTIFIER DES ENSEMBLES FONCTIONNELS, à

D’autre part, quand on s’intéresse aux espaces

travers les espaces productifs associés aux

naturels - « trame verte » - d’une ville comme

toitures (II.2 – Les toitures) et à l’environnement

Tokyo, il est important de le mettre en parallèle

bâti (II.3 – L’environnement bâti). Nombreuses

au réseau hydrographique – « trame bleue » -

des installations citées précédemment ont

de la ville, qui présente des caractéristiques

d’ailleurs su profiter de cette règle, permettant

bien distinctes. En effet, à l’image de

à des associations, des collectifs, ou encore

certains métropoles européennes (Venise,

des entreprises de mobiliser une partie des ces

Copenhague, Amsterdam), Tokyo est une

espaces privés ouverts au public à des coûts

véritable ville d’eau. C’est au XVIIème siècle,

avantageux. C’est le cas de City Farm Tokyo,

à l‘époque d’Edo que la ville a été construite

ou encore de Ginza Honey Bee Project qui

autour de l’eau, avec un important réseau de

mobilisent une partie de la toiture de centres

transport fluvial et d’infrastructures portuaires,

commerciaux (fig. 69).

qui servaient d’interface entre l’océan pacifique et l’arrière-pays. Les marchandises arrivaient

De fait, ce parti pris urbanistique considère alors

dans la ville d’Edo depuis tout le Japon par voie

qu’il est préférable pour les habitants d’évoluer

maritime et étaient ensuite transportées vers

dans un environnement physique comportant

l’intérieur des terres en utilisant le réseau de

des immeubles plus hauts et plus étroits,

voies navigables d’Ieyasu.

avec davantage d’espaces ouverts au public, plutôt qu’un environnement comportant des

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 117 -


Lieu de convergence de 4 grands fleuves

marqué par le mitage pavillonnaire dans les

(Arakawa,

et

noyaux urbains périphériques (notamment est

Tamagawa), maillé de plus de 100 rivières et

et ouest), ainsi que par l’extension d’une partie

canaux sous son bitume et ses néons, Tokyo,

du territoire de la métropole par le biais de

construite sur l’eau, a pour autant longtemps

remblais sur la baie de Tokyo (sud).

Sumidagawa,

Edogawa

ignoré ce patrimoine naturel. En effet, en démographique

Les prémisses du changement apparaissent

(besoins en eau potable) et un développement

dans les années 1970 où l’effort est porté sur

urbain de plus en plus importants (besoins

l’amélioration écologique des voies d’eau. Le

en foncier) au cours du XXème siècle, de

fleuve Tama (多摩川, Tama-gawa), frontière

nombreux canaux et rivières ont été recouverts

naturelle avec la préfecture de Kanagwa au

ou déviés, au profit de la mise en place d’un

sud-ouest, a ainsi connu une métamorphose

système de distribution hydraulique sous-

spectaculaire mais longue, passant d’un état

terrain. Ce recouvrement important du réseau

de véritable égout à ciel ouvert à celui d’un

hydrographique (fig. 69) est principalement

espace de baignade et d’habitat piscicole. Il

raison

d’une

croissance

Figure 69 : Carte du réseau hydrographique de Tokyo (illustration personnelle d’après Walking on water : The underground rivers of Tokyo, thetokyofiles.com, 2020).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 118 -


est alors classé en zone naturelle protégée

l’aménagement des berges (le long des fleuves

en 1969 et des actions ont alors été conduites

et du littoral), ou encore la découverte de

pour améliorer la qualité de l’eau et favoriser

certains canaux. Ces projets de revalorisation

la reproduction piscicole. C’est surtout à partir

urbaine du réseau hydrographique reposent

des années 1980 que la place des cours d’eau

notamment sur un travail paysager important

dans la ville est reconsidérée, cette fois-ci d’un

réalisé le long des cours d’eau grâce au

point de vue plus social, tant par les habitants

développement de nouveaux espaces verts ;

que par l’administration à la fois au niveau de

les berges des canaux et des rivières ont été

l’espace urbain que de leur utilisation.

imaginées comme de véritables promenades le long de l’eau, tandis que de nouveaux parcs ont été crées sur les îles artificielles.

De fait, en lien avec un attrait grandissant pour l’état naturel de ce réseau hydrographique, de nombreux projets de valorisation de celui-ci sont ont été réalisés dans la métropole, parmi lesquels, la réhabilitation de ponts historiques,

Figure 70 : Carte des trames bleues et vertes de Tokyo (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 119 -


Par conséquent, la requalification des réseaux

En outre, la considération de la pratique

hydrographiques associée au développement

agricole comme un outil de requalification

de différents espaces verts semble alors

et de réappropriation des composantes

particulièrement adaptée dans le cadre du

végétales et aquatiques de Tokyo permettrait

développement de la pratique agricole en

alors d’intégrer cette pratique dans le paysage

milieu urbain.

urbain de Tokyo non-pas comme une pratique marginalisée et laissée pour compte mais

D’une part, en raison de la relation intrinsèque

comme une activité encadrée et suivie par les

qu’entretient la production agricole avec la

différents acteurs.

consommation d’eau, il semble méthodique de développer des activités agricoles dans des

En somme, le potentiel productif de Tokyo ne

zones à proximité directe de cours d’eau. Les

semble pas réduit qu’à la simple pleine-terre

besoins en consommation d’eau pouvant étant

extérieure, mais s’étend plus largement aux

couverts par cette ressource, une agriculture

différents éléments constituants des trames

biologique et raisonnée reposant sur des

vertes et bleues de Tokyo. Par conséquent, à

techniques hydroponiques ou aquaponiques

l’image des grandes infrastructures urbaines

(cf. II.3 – L’environnement bâti) pourrait même

de la ville résultant d’un travail d’ingénierie

améliorer considérablement la composition

et de planification urbaine maîtrisés, il est

de l’eau, permettant d’engendrer une boucle

légitime de poser l’hypothèse de leur penchant

de rétroaction positive entre la consommation

à caractère « naturel ». Ainsi, les trames vertes

hydraulique et la production alimentaire.

et bleues existantes pourraient-elles faire l’objet d’une requalification urbaine planifiée,

D’autre part, cela permettait aussi d’agir contre

au profit de la création de paysages productifs

la vulnérabilité de la métropole, notamment

continus. Cette hypothèse de planification

quant à la question la résilience aux scénarios

d’un paysage continu pourrait alors s’illustrer

de montée des eaux (inondations, tsunamis),

à travers la requalification de ces différents

permettant d’accroitre la perméabilité des

espaces (au profit de pratiques agricoles), mais

berges, mais surtout des sols de manière

surtout la mise en relation de ces différents

globale.

espaces par le biais de couloirs verts.

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 120 -


ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 121 -


I I I. 2 . B – L E S PAY S A G E S P R O D U C T I F S C O N T I N U S On appelle couloir vert - ou coulée verte -

Il est alors important d’étudier la période de la

un espace vert aménagé et protégé dans

construction du Grand Tokyo (1923-1939) et de

le cadre d’un plan d’urbanisation. Dans

son système urbanistique complexe, à travers

le cadre d’un paysage continu urbain, les

l’invention d’une nouvelle échelle – l’échelle

couloirs verts pourraient être utilisés pour

métropolitaine. En effet, avec la Restauration

relier différents espaces verts significatifs par

de Meiji en 1868 (renversement du shogunat

l’aménagement du réseau (motorisé ou non)

et recouvrement des pouvoirs de l’Empereur)

qui les traverse. Bien que ce concept semble

qui marque l’avènement d’une nouvelle ère de

très contemporain, en relation directe avec les

transformations majeures de la société, se pose

modes d’habiter du XXIème siècle qui prônent

la question de la modernisation de la capitale

un rapprochement certain de l’homme avec

de l’empire. Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle,

la nature, des perspectives d’aménagement

face au problème de la croissance urbaine

similaires ont déjà été proposé face aux enjeux

accélérée, que le sujet d’une planification

de l’urbanisation croissante de la municipalité

urbaine contrôlée vient se superposer au projet

de Tokyo.

de capitale moderne (Fig. 71).

Figure 71 : le premier plan d’aménagement de la ville de Tōkyō (Tōkyō shiku kaisei sekkei) publié en 1889 (Ville de Tōkyō, Cent ans d’urbanisme à Tōkyō, coll. Bibliothèque municipale de Tōkyō, 1994).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 122 -


L’examen de différents plans d’aménagement

du Grand Tōkyō, le principe d’une organisation

successifs mis au point par les autorités

centrée autour du palais impérial et de la gare

montre que la question d’une nouvelle échelle

centrale (l’équivalent d’une heure de trajet

métropolitaine et de son dessin ne se pose

depuis celle-ci), valide les dessins antérieurs

véritablement qu’à partir du tournant des

d’une

années 1920 (premier recensement municipal),

élargie. En 1932, avec l’annexion de plusieurs

et qu’elle s’accélère après la catastrophe de

villes et villages limitrophes, l’ensemble est

1923 (séisme du Kantō). En effet, les incendies

officiellement dénommé Grand Tōkyō (Dai

consécutifs au séisme du Kantō ayant dévasté

Tōkyō). Si la capitale ne passe officiellement

Tokyo à raison de 3 465 ha (44% de la superficie

du statut de ville (shi) à celui de métropole (to)

du territoire), la question d’une reconstruction

qu’en 1943, par fusion de la préfecture et de

planifiée et rationalisée se pose en urgence.

la commune, il n’en demeure pas moins que

Que ce soit dans le cadre de la reconstruction

plusieurs dessins de sa figure métropolitaine

postérieure au séisme ou plus tard, en 1927,

sont déjà élaborés sous la forme de plans à

avec la publication du Plan du réseau viaire

l’échelle de ce nouveau territoire.

métropole

mono-centrée,

mais

Figure 72 : Plan de reconstruction post-séisme (shinsai fukkō keikaku) élaboré par le ministre de l’Intérieur Gotō Shinpei, 1923 (Plan de reconstruction post-séisme, Process Architecture n° 129, 1996)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 123 -


Le plan des « corridors verts » (Tōkyō ryokuchi

un rayon de 50 km. Ainsi, en relation directe

keikaku) publié en 1939 par le Conseil de

avec une forte croissance démographique (de

planification éponyme préfigure ce futur

4,9 millions d’habitants en 1930 à 6,3 en 1935)

territoire (Fig. 73). Son objectif marque surtout

mais surtout une pression foncière de plus en

un tournant dans l’approche de la périphérie

plus importante, la périphérie n’est désormais

par rapport au centre de la métropole. En effet,

plus envisagée comme la simple extension du

ce plan considère un ensemble de parcs de

centre-historique, et de nouveaux dispositifs

différents types, disséminés sur l’ensemble du

de planification sont développés afin de la «

territoire métropolitain, ainsi que de secteurs

contenir » et d’orienter son développement

entiers à préserver de l’urbanisation. Ces

de manière spécifique. Bien que centré sur

derniers sont situés en limite du territoire

la question des trames bleues et vertes de la

administratif, le long du réseau hydrographique

ville, ce plan annonce alors la question de la

majeur, esquissant une « ceinture verte »

réglementation par occupation du sol, qui forme

(kanjō ryoku chitai) de protection et d’accueil

les prémices de la métropole polycentrique

d’activités récréatives, de près de 1 000 ha dans

que représente Tokyo actuellement.

Figure 73 : Plan des « corridors verts » (Tōkyō ryokuchi keikaku), 1939 (Tōkyō: Urban Growth and Planning, Tōkyō Metropolitan University/Center for Urban Studies, 1988).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 124 -


Bien que l’approche proposée diffère du plan

D’autre part, les couloirs verts à vocation sociale

des « corridors verts » exposé, il est intéressant

s’inscrivent dans un réseau de déplacements

de noter l’utilisation des trames bleues et vertes

doux et favorisent des activités liées au sport

comme outils de planification du paysage

et à la santé. La composante principale de

urbain. Présentés précédemment comme

ce réseau repose alors sur l’aménagement

une ceinture périphérique à la métropole, les

d’un espace public favorable au piéton, et les

couloirs verts proposés dans l’hypothèse du

espaces proposés permettront aux usagers d’

paysage productif continu considèrent plus

« interagir dans la nature » (jouer dans un parc,

largement la mise en relation des différentes

manger au bord d‘un lac). Dans les deux cas,

infrastructures existantes à travers la création

ces espaces se caractérisent par un travail de

d’un nouveau réseau, afin de combiner les

composition avec l’existant et sont illustrés à

outils de réglementations relatifs à l’occupation

travers de nombreux projets de réhabilitation,

des sols, ainsi que ceux associés aux réseaux.

ou de requalification de l’espace public.

Dans cette dynamique, il est alors important

Bien qu’arborant des objectifs différents, ces

de caractériser ce nouveau réseau et d’en

deux typologies de couloir vert ne sont pas

établir les composantes; on distinguera

incompatibles et leur assemblage présente

ainsi les couloirs verts à vocation écologique

alors un potentiel pour permettre aux usagers

des couloirs verts à vocation sociale. D’une

d’interagir « avec la nature » et « dans la nature

part, les couloirs verts à vocation écologique

». De fait, selon le constat mis en avant dans

permettent de mettre en relation les différents

le CHAPITRE I – LA PENSEE DE L’AGRICULTURE

éléments d’un réseau écosystémique, afin de

URBAINE, l’agriculture urbaine s’illustre alors

favoriser le bon développement des espèces

comme l’une des activités qui permets de

animales et végétales. La composante mise

remplir ces deux usages, permettant à la fois

en valeur est de nature biologique (diversité

de remplir des fonctions sociales (I.2 – Un outil

d’espaces verts) et les espaces proposés

de consolidation des fondations sociales),

permettront aux usagers d’« Interagir avec

tout autant que des fonctions écologiques

la nature » (se promener dans une forêt, se

(I.3 – Un outil de régulation du plafond

baigner dans un lac).

environnemental).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 125 -


Dans l’hypothèse où l’on cherche à (re)donner à

En outre, pour des raisons pratiques (échelle

Tokyo sa dimension productive à travers la mise

métropolitaine

en relation des espaces verts, il est important

(modèles et calculs complexes et lourds),

de faire l’état des lieux des composantes

ces analyses seront bornées à l’étude des

déjà présentes, mais surtout de disposer de

23

supports permettant de justifier les choix de

(partie orientale de la préfecture de Tokyo qui

stratégie urbaine adoptés. Pour ce faire, une

comptabilise 9,5 millions d’habitants). Après

cartographie des composantes existantes

une première étape de bornage géographique

ainsi qu’une analyse de leur mise en relation

(conserver uniquement les données des

seront conduites sur le logiciel QGIS, un logiciel

arrondissement spéciaux) et de tri (filtrer

SIG (système d’information géographique).

l’occupation des sols), il est alors possible

Trois « couches », disponibles en open-source,

d’obtenir une carte qui fais l’état des lieux des

seront alors étudiées; l’occupation des sols,

différentes trames vertes et bleues de Tokyo

les réseau hydrographiques, ainsi que les

sélectionnés pour ces analyses et présentés

réseaux motorisés et non-motorisés.

précédemment (cf. Fig. 74).

maîtrisée)

arrondissements

et

spéciaux

Figure 74 : Carte des trames bleues et vertes de Tokyo (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 126 -

techniques

de

Tokyo


Puis, afin de structurer la mise en relation de ces

Une fonctionnalité en particulier sera utilisée;

différents éléments grâce à des couloirs verts

l’ « Attraction Betweenness » (capacité

fonctionnels, cette étude reposera sur les outils

d’attraction entre éléments) qui calcule la

d’analyse de la matrice spatiale développés par

fréquence à laquelle un axe tombe sur le

le groupe de recherche en morphologie urbaine

chemin le plus court pour relier tous les points

et théorie du design Spatial Morphology Group,

d’un réseau, ou combien de chemins les plus

notamment le plugin PST (Place Synthax Tool),

courts passent à travers. En d’autres termes,

un outil open-source développé par KTH School

il permet de mettre en évidence les axes qui

of Architecture, Chalmers School of Architecture

contrôlent et médiatisent le mouvement et

(SMoG) et Spacescape AB. L’emploi de cet

les connexions entre de nombreuses autres

outil repose sur une expérience précédente

axes du système. Ainsi, les trames vertes et

effectuée lors de mon studio de semestre 8 à

bleues étant sélectionnées comme origine

l’Université Technologique Chalmers, dans la

d’attraction, cet outil permet-il déterminer les

matière Spatial Morphology Design Studio (Fig.

axes non-motorisés qui présentent le plus de

75.1, 75.2 & 75.3).

potentiel pour devenir des couloirs verts.

1. Actuel

2. Suppression pont

3. Ajout ponts

Figure 75.1, 75.2 & 75.3 : Travail d’analyse effectué au S8 qui cherchait à évaluer l’efficacité des ponts routiers de la ville de Göteborg pour relier les deux rives en comparant la situation actuelle (1), la suppression d’un pont (2), et l’ajout de 3 ponts (3), (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 127 -


Couloirs verts à fonction écologique L’analyse de l’Attraction Betweenness par

En raison d’une concentration plus importante

un calcul métrique, selon un radius de trois

d’espaces verts et de parcs sur des zones

kilomètres permet alors de mettre en évidence

réduites (résidence impériale au centre, parc

les différents axes du réseau non-motorisé qui

d’Ueno au nord, Shinjuku à l’ouest, Nerima

présentent le potentiel de devenir des couloirs

au nord-ouest), certaines parties du réseau

verts écologiques à l’échelle de la ville (Fig. 76).

agissent d’ores et déjà comme des couloirs verts écologiques naturels. Il est alors

En effet, dans le cas de couloir vert à fonction

important de s’intéresser plus largement à

écologique, les calculs sont effectués en unité

l’étude du réseau qui semble efficace pour

métrique, puisque l’on s’intéresse à la fonction

connecter les différentes centralités végétales

écologique des espaces verts et donc à leur

mises en évidence.

distance physique (ex : la propagation d’une espèce par le pollen sera favorisée si des espaces verts sont situés à 50m plutôt qu’à 500m).

Figure 76 : Résultats de l’analyse des potentiels couloirs verts écologiques (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 128 -


Si l’on prolonge stratégiquement (et de manière

Ce réseau dense qui gravite autour de ces

manuelle) certaines parties de ce réseau à fort

points stratégiques peut s’expliquer par les

potentiel, il est alors possible de simplifier les

différentes caractéristiques de la trame

différents résultats de cette analyse, mais

végétale (dense, central), tandis que la

aussi d’en schématiser le principe (Fig. 77.1 et

propagation peut s’expliquer par la forte/faible

77.2).

concentration d’espaces verts (on parle bien de nombre et non de surface) par quartiers.

De fait, les potentiels couloirs verts écologiques semblent graviter autour de quatre points stratégiques (résidence impériale, Skytree, Ueno et Shinjuku), puis se ramifier de manière tentaculaire à travers la ville, avec une forte concentration

au

nord-ouest

(Nerima),

mais une faible propagation au sud-ouest (Setagaya).

Figure 77.1 et 77.2 : Simplification et schématisation des potentiels couloirs verts écologiques (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 129 -


Couloirs verts à fonction sociale D’autre

part,

l’analyse

de

l’Attraction

De la même manière que pour l’analyse

Betweenness par un calcul angulaire, selon

précédente, il est important de dépasser la

un radius de trois kilomètres permet de mettre

simple simulation et de pouvoir interpréter les

en évidence les différents axes du réseau non-

différents résultats obtenus.

motorisé qui présentent le potentiel de devenir des couloirs verts sociaux (Fig. 78).

En effet, dans le cas de couloir vert social, le calcul est effectué en unité angulaire, puisque l’on s’intéresse à la capacité de fréquentation d’une rue, dans laquelle la déviation angulaire joue un rôle important (ex : une jonction de rue à 145° est moins facilement visible qu’une jonction à 45° et sera donc géométriquement moins fréquentée).

Figure 78 : Résultats de l’analyse des potentiels couloirs verts sociaux (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 130 -


Cette fois-ci, le réseau semble beaucoup plus chaotique que le précédent et il devient plus difficile d’établir un pattern. Cela s’explique par le calcul effectué en unité angulaire qui tend à privilégier les grands axes (présentant moins de déviation angulaire), qui sont très développés à Tokyo. cette

logique

de

Pourtant, on retrouve zones

d’intersections

comprenant certaines des zones évoquées précédemment (résidence impériale, Skytree, Ueno et Shinjuku), ainsi que de nouvelles (Shioiri park au nord-est et Shinagawa au sudouest).

Figure 79.1 et 79.2 : Simplification et schématisation des potentiels couloirs verts écologiques (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 131 -


Couloirs verts à fonction écologique et sociale Une analyse croisée des couloirs verts sociaux et écologiques ne pouvant être réalisée automatiquement (on ne peut calculer à la fois en données angulaires et en données métriques), le choix d’implantation des couloirs verts pouvant remplir des fonctions sociales et/ou économiques se fera par l’addition des valeurs calculées précédemment (Fig. 80). Cette dernière analyse permet encore une fois de valider l’importance des différentes centralités végétalisées (Ueno, Shinjuku, palais impérial, Nerima, etc.). De plus, cette superposition de données permet de mettre en avant de manière plus visible, l’importance de certains axes (notamment les ramifications du centre-ville vers la périphérie).

Figure 80 : Résultats de l’analyse des potentiels couloirs verts sociaux et écologiques (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 132 -


Encore une fois, il est possible de simplifier, ou plutôt de « traiter » les données récoltées, afin de pouvoir se positionner sur les couloirs verts sociaux et/ou écologiques qui formeront le paysage productif continu de Tokyo (Fig. 81.1 et 81².2). On comprend alors qu’à l’image des caractéristiques polycentriques de Tokyo, le nouveau réseau de couloirs verts présentera un maillage dense gravitant autour de la résidence impériale et du complexe d’Ueno, qui se ramifiera à travers la périphérie, permettant ainsi de couvrir et de relier l’ensemble du territoire métropolitain.

Figure 81.1 et 81.2 : Simplification et schématisation des potentiels couloirs verts écologiques et sociaux (illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 133 -


I I I. 2 .C – L E S P Ô L E S D ’A G R I C U LT U R E U R B A I N E Comme évoqué précédemment, ce nouveau

Chacun de ces pôles pourrait s’appuyer sur les

réseau de couloirs verts comporte différentes

caractéristiques de son environnement proche

intersections s’illustrant comme de véritables

afin de répondre aux différents besoins sociaux

nœuds urbains. Ces noeuds présentent

et environnementaux assujettis. Il est alors

alors un potentiel accru pour y développer la

possible de les détailler de manière exhaustive

pratique agricole urbaine à une échelle plus

mais prospective afin de comprendre leur

intense. Ainsi, différentes entités en rapport

intégration vis-à-vis du tissu urbain, ainsi que

avec la pratique agricole urbaine pourraient-

des couloirs verts et d’avoir une idée plus large

elles y être implantées. Dans cette dynamique,

du spectre d’entités bâties pouvant répondre

la création de pôles d’agriculture urbaine

aux enjeux de l’agriculture urbaine. Cela

permettrait de supporter le réseau de couloirs

permet aussi de mettre en avant différents

verts par des entités bâties qui articuleraient

éléments n’ayant pas pu être présentsés lors

et dynamiseraient de manière ponctuelle

de l’écriture de ce mémoire mais qui présentent

les activités pratiquées le long des différents

un potentiel pour intégrer ou promouvoir la

couloirs verts (Fig.82).

pratique agricole en milieu urbain.

Figure 82 : Pôle d’Ueno (上野) - Les différents pôles d’agriculture urbaine de Tokyo (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 134 -


1. Hibiya (日比谷) Le premier pôle d’agriculture urbaine se

De par sa localisation centrale d’un point de

situe en périphérie du parc Hibiya (1), dans

vue géographique mais aussi politique, ainsi

l’arrondissement spécial de Chiyoda-ku. Ce

que de sa proximité directe avec un parc, ce

quartier à proximité

des jardins du palais

site semble particulièrement adapté pour

impérial (2) se caractérise par de nombreux

implanter une instance politique. Le ministère

immeubles de grande hauteur et d’instance

de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche

politiques comprenant les Ministères de

étant déjà présent sur le site (partagé avec le

la Justice (3), de l’Environnement (4), des

Ministère de l’Environnement), il est possible

Affaires Etrangères (5), des Finances (6), de

d’imaginer la reconfiguration ou l’extension de

l’Éducation de la Culture et des Sports (7),

ce ministère afin d’y incorporer des bureaux

des Sciences et de la Technologie (8). Selon

travaillant sur la question de l’agriculture

le tracé établi précédemment, deux couloirs

urbaine à Tokyo comme au Japon. Cette

verts le traversent en longeant le parc Hibiya;

extension pourrait alors prendre la forme d’un

l’un provenant du quartier de Ginza à l’est, et

bâtiment de grande hauteur afin de respecter

l’autre du quartier d’Akasaka à l’ouest.

l’échelle de hauteur instaurée dans le quartier.

Vers Akasaka

8 7 6

5 4 2

3

1

Vers Kokyogaien

Vers Ginza

Figure 83 : Pôle d’Hibiya (日比谷) - Ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 135 -


2. Ueno (上野) Le

second

pôle

d’agriculture

urbaine

En rapport avec une forte activité universitaire,

s’étale sur une large zone répartie entre les

la question de l’agriculture urbaine peut être

arrondissements spéciaux de Bunkyō-ku et

approchée sur ce site par les enjeux universitaires

de Taitō-ku, principalement dans le quartier

liés à la recherche et l’expérimentation. Sur le

d’Hongō. On y retrouve notamment le campus

modèle de nombreux projets existants de «

principal de l’université de Tokyo (1), ainsi que

laboratoires vivants » (HUT, HSB Living Lab), de

la gare (2) et le parc d’Ueno (3). Trois couloirs

nouvelles résidences étudiantes intégrant des

verts le traversent ; d’est en ouest depuis le

systèmes de production agricole pourraient

parc d’Ueno, d’ouest en est depuis le parc

être construites, dans lesquelles les données

Koishikawa Kōraku-en et du nord au sud depuis

seraient récoltées et traitées pour faire avancer

le quartier d’Honkomagome. Les différents

la recherche. Couplé à ce campus, des fermes

couloirs verts se rejoignent au croisement de

urbaines reposant sur des systèmes de

l’avenue Nakesando et de l’avenue Kototoi-

production high-tech pourraient êtres mises

dori, qui marque la séparation entre l’université

en place en partenariat avec l’université.

de Tokyo et son campus résidentiel.

2 Vers Parc d’Ueno 3

1

Vers Koishikawa Kōraku-en

Vers Honkomagome Figure 84 : Pôle d’Ueno (上野) - Ferme urbaine et Ecocampus de l’université de Tokyo (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 136 -


3. Skytree (東京スカイツリ) Du haut de ses 634 mètres, la tour Tokyo

Souffrant du monopole de Skytree, la rive nord

Skytree (1) domine l’arrondissement spécial de

du canal pourrait bénéficier de la construction

Sumida-ku, et plus largement la métropole du

d’un écoquartier centré sur la question de la

Grand Tokyo. Plus haute structure du Japon,

production agricole de haute-technologie.

cette tour de radiodiffusion abrite en son socle

En effet, profitant de la redynamisation des

un complexe commercial. Niché le long de la

bords de canal induite par la création d’un

rivière Sumida (2), le quartier s’articule autour

couloir vert, ce nouveau quartier pourrait

d’un canal désaffecté (3) et comptabilise

profiter et répondre à l’influence de Skytree

notamment le parc Sumida (4), ainsi qu’un

afin de s’imposer comme un nouvel élément

pôle d’affaires (5). Le tracé des couloirs verts

constituant du quartier. Il permettrait en

établi traverse le quartier en se basant sur

outre d’assurer une connexion depuis cette

l’appui d’un couloir vert existant qui provient du

tour décontextualisée vers le parc Sumida, et

quartier de Kinshichō au sud, vers le sanctuaire

plus généralement vers les berges du fleuve

Asakusa de l’autre côté de la rivières Sumida

Sumida.

en longeant le tracé du canal existant.

Vers Asakusa 2 4

5

3 1

Vers Kinshichō

Figure 85 : Pôle de Skytree (日比谷) - Ecoquartier et centre de production (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 137 -


4. Kiyosumi (清澄) de

Les différentes infrastructures liées à la culture

l’arrondissement spécial de Kōtō-ku, le jardin

traditionnelle nipponne (jardin et musée) étant

de Kiyosumi (2) est un jardin japonais de

séparées par un ilot de bâtiments, il semble

déambulation traditionnel, A proximité de ce

opportun, de mettre en relation directe ces

parc, on peut y trouver le musée Fukagawa

deux éléments. Dans cette dynamique, une

Edo (2) qui héberge une reproduction grandeur

extension future du musée Fukagawa sous la

nature du quartier tel qu’il était dans les années

forme d’un musée de l’agriculture au Japon

1830, durant l’ère Edo, ainsi qu’une collection

permettrait de relier ces deux composantes

d’images présentant la vie quotidienne de

significatives. De plus, l’intégration d’une

l’époque. Sur ce site, un couloir vert traverse le

ferme urbaine high-tech dans ce complexe

quartier du sud-ouest au nord-est en longeant

permettrait alors de formuler une passerelle

le parc, tandis que l’autre, provenant du sud-

entre la tradition et la modernité, pouvant alors

ouest, traverse le parc.

présenter l’évolution de l’agriculture depuis

Situé

dans

le

quartier

Fukagawa,

des méthodes de production traditionnelles vers des méthodes plus avancées.

Vers Miyoshi

2 1

Vers Fukagawa

Vers Tokiwa

Figure 86 : Pôle de Kiyosumi (清澄) - Ferme urbaine et musée de l’agriculture traditionnelle (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 138 -


5. Shirokane (白金) Shirokane est un quartier international et

Avec une dominance des programmes liés

fortuné, situé dans la partie sud-ouest de

à l’éducation et à la santé, il est possible

l’arrondissement spécial de Minato-ku. Ce

de considérer une extension de l’hôpital

quartier à tendance résidentiel et calme

universitaire de Kitasato et de l’Institut

regorge d’espaces verts non-aménagés. On

des sciences médicales sur le thème de

y trouve de nombreuses infrastructures liées

l’agriculture. Un ensemble bâti reliant ces

aux domaines de l’éducation et de la santé,

deux infrastructures pourrait alors proposer

comprenant notamment l’Université Kitasato

des activités basées sur le jardinage de plein-

(1) et son hôpital universitaire (2), l’Institut des

air comme activité physique permettant de

sciences médicales de l’université de Tokyo (3),

contribuer au rétablissement des patients

ainsi que l’école du Sacré-Cœur (4), Le quartier

traités. L’inclusion des différentes écoles dans

est entouré par le tracé de trois couloirs verts

cette programmation pourrait permettre de

(l’un n’étant pas visible sur l’illustration),

favoriser l’éducation sur la nutrition, mais aussi

provenant du sud-est, du nord-est et du nord-

créer des liens intergénérationnels.

ouest de l’arrondissement.

Vers Ebisu

3

4 1 2

Vers Shinagawa

Vers Shiba

Figure 87 : Pôle de Shirokane (白金) - Pôle éducation et santé du CHU de Kitasato (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 139 -


6. Nishi Shinjuku (西新宿) Desservi par la gare de Shinjuku (1), la gare

Ce quartier d’affaire très fréquenté, ponctué

ferroviaire la plus fréquentée au monde82,

de gratte-ciels semble indiquer un potentiel

Nishi-Shinjuku est un quartier d’affaires de

pour l’insertion de fermes urbaines verticales

l’arrondissement spécial de Shinjuku-ku. C’est

favorisant une production agricole en grande

l’un des premiers quartiers à avoir accueilli

quantité. Ces tours maraichères reposeraient

des gratte-ciels dans les années 70. Depuis,

alors sur des programmes commerciaux

de nombreux gratte-ciel y ont été édifiés ;

(marchandise de denrée alimentaire) et

les plus emblématiques étant le Siège du

tertiaires (laboratoires de recherches et

gouvernement métropolitain de Tokyo (2), ou

d’expérimentation).

encore, l’école de design et d’architecture

aussi significatifs dans le paysage urbain

Mode Gakuen Cocoon Tower (3) de l’agence

d’une métropole comme Tokyo contribuerait

Tange Associates. A l’instar du site précédent,

notamment à une normalisation ainsi qu’une

Nishi-Shinjuku est ceinturé par le tracé de 3

démocratisation de la pratique agricole en

couloirs verts, se poursuivant vers l’est, le sud-

milieu urbain.

L’insertion

de

projets

ouest et le nord-ouest. Vers Nakano

2

3

Vers Yoyogi 1

Vers Shinjuku Figure 88 : Pôle de Nishi Shinjuku (西新宿) - Centres de recherches en agronomie et fermes urbaines verticales (source : illustration personnelle) Shinjuku Railway Station, Tokyo. (2017, 24 octobre). Railway Technology. https://www.railway-technology.com/ projects/shinjuku-railway/

82

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 140 -


7. Hikarigaoka (光が丘) Hikarigaoka est un quartier de l’arrondissement

Au vu de la tendance résidentielle de ce

spécial de Nerima-ku, l’un des plus peuplés

quartier, l’environnement bâti associé à la

de Tokyo, comptabilisant 721 858 habitants en

pratique agricole urbaine reposerait alors sur

2016. Ce quartier à tendance résidentiel profite

le développement d’un nouvel écoquartier

des larges espaces verts proposés par le parc

comprenant un ensemble de logements «

Hikarigaoka (1), le septième plus grand parc de

productifs », ainsi que les infrastructures

Tokyo, réputé pour ses 1 000 cerisiers qui en

permettant de supporter une augmentation

fait un lieu très prisé par les tokyoïtes lors de la

de la population (commerces, équipements,

période de floraison des cerisiers. Il est traversé

crèches, écoles, etc.). Le couloir vert aurait

d’est en ouest par le tracé du couloir vert

alors dans cette dynamique fonction de

principal qui le relie au centre géographique de

colonne vertébrale permettant de relier les

la métropole, et du nord au sud par l’une des

différents programmes du quartier jusqu’au

ramifications ce couloir principal.

parc Hikarigaoka et de proposer des activités agricoles pratiquées en pleine-terre extérieure.

Vers Akatsukashinmachi

1

Vers Kasugacho

Figure 89 : Pôle d’Hikarigaoka (光が丘) - Ecoquartier et pôle éducation cycle primaire (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 141 -


8. Ogi (扇) Ogi est un quartier de l’arrondissement spécial

Malgré

un

développement

foncier

peu

d’Adachi-ku, situé au nord des rivières Sumida

important à l’échelle du quartier, la proximité

et Arakawa. De manière générale, Adachi-ku

d’une ressource hydraulique aussi importante

est un arrondissement à tendance résidentiel

que le fleuve Arakawa permettrait d’intégrer

et suburbain qui convainc par ses loyers et son

la question de la production de denrées

prix de l’immobilier abordables tout en offrant

alimentaires selon des systèmes d’aquaponie.

une connexion assez pratique avec le reste

Dans cette dynamique, le foncier en bord du

de la métropole. L’un des principaux attraits

fleuve pourrait être rétrocédé par la municipalité

du quartier d’Ogi réside dans son abondance

à des organismes privés afin de créer des

d’espaces verts, notamment les longs des

centres de recherche et de production sur la

berges du fleuve Arakawa. C’est d’ailleurs le

culture aquaponique, mais réglementé afin d’y

long de ces berges que l’un des couloirs verts

intégrer une partie publique (kōkai-kūchi) qui

est planifié, tandis qu’un second traverserait le

participerait à l’intégration de cette pratique

quartier du nord au sud.

dans le paysage urbain de la métropole.

Vers Kohoku

Vers Motoki

Vers Toshima

Vers Odai

Figure 90 : Pôle d’Ogi (扇) - Centre de recherche et production sur la culture aquaponique (source : illustration personnelle)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 142 -


9. Nakagawa (中川) A l’instar de l’arrondissement spécial d’Adachi-

Dans cette dynamique, le campus pourrait

ku, Katsushika-ku est un arrondissement à

s’étendre à travers la création d’un pôle

tendance résidentiel et suburbain, divisé en

agronomique

deux par la rivière Nakagawa (1). A proximité

sur la production agricole pourraient être

du quartier de Kanamachi se trouve le campus

conduits pas les étudiants-chercheurs. En

Katsushika de l’Université de sciences de

plus des infrastructures intérieures créées,

Tokyo (2). Ce campus, porté sur la question de

L’Academic Park pourrait alors être requalifié

la recherche scientifique intègre de nombreux

afin de présenter des zones de production

espaces verts, faisant partie d’un « Academic

et d’expérimentation extérieure. Outre le

park » (3) qui accueille les infrastructures

simple domaine de l’agronomie, de nombreux

nécessaires

universitaires

autres domaines pourrait interagir avec ce

effectués. C’est au pied de ce parc que l’un des

nouveau pôle afin de favoriser la question de

couloirs verts reliant au reste de la métropole

l’interdisciplinarité.

aux

travaux

dans

lequel

des

travaux

se ramifie vers le nord et l’ouest.

Vers Higashimizumoto 1

3 2

Vers Nijuku

Figure 91 : Pôle de Nakagawa (中川) - Pôle agronomique de l’université scientifique Katsushika (source : illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 143 -


10. Komatsugawa (小松川) spécial

En lien avec cet attachement fort de la

d’Edogawa-ku, Komatsugawa se situe à

population japonaise à la floraison des cerisiers,

l’ouest de la rivière Arakawa (1). A l’image de

qui se rapporte de manière plus générale au

l’arrondissement spécial, c’est un quartier

terme « Hanami » (littéralement « regarder

à

de

les fleurs »), ce site semble indiqué afin d’y

larges

développer un pôle centré sur la question de

espaces verts, on y trouve notamment le

la culture horticole. L’environnement bâti se

large parc Ōjima-Komatsugawa (2), ainsi que

composerait alors d’un centre de recherche

la promenade Komatsugawa (3); longue de

et de production sur la culture horticole et

plusieurs kilomètres, elle compte plus de 1000

pourrait superviser l’entretien des cerisiers

cerisiers plantés le long de la rivière. C’est à

de la promenade, mais aussi de participer à

travers cette promenade que se profile le tracé

l’insertion et le développement de vergers

d’un couloir vert du nord au sud, tandis qu’une

fruitiers dans le parc Ōjima-Komatsugawa, ou

second traverse le quartier d’est en ouest.

encore le long du couloir vert.

Situé

dans

tendance

nombreuses

l’arrondissement

résidentiel, écoles.

comprenant

Ponctué

de

Vers Hirai

3

Vers Nishi-Ojima 2

1

Vers Funabori Vers Higashisuna

Figure 92 : Pôle Komatsugawa (中川) - Centre de recherche et production sur la culture horticole (source : illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 144 -


11. Odaiba (お台場) Odaiba est une île artificielle située dans la baie

De par son attractivité touristique, Odaiba

de Tokyo, au sud-est du cœur de la métropole.

semble présenter un potentiel fort pour le

Administrativement, Odaiba appartient aux

développement d’une ferme urbaine verticale,

arrondissements de Minato-ku et de Kōtō-ku.

sur le modèle de celles présentées à Nishi

Constituée majoritairement de bureaux et de

Shinjuku. Composée d’un socle commercial,

centres commerciaux, elle s’illustre comme

cet ensemble permettrait à sa clientèle

une station balnéaire urbaine, et représente

touristique d’acheter les denrées produites

un lieu privilégié pour se divertir les week-

dans la tour. De plus, à l’image du projet City

ends en famille ou entre amis. On y retrouve

Farm Tokyo (II.2.c – La culture pleine-terre), le

notamment des plages (1), une grande roue,

socle pourrait louer des parcelles aux familles

des parcs, ainsi que les bureaux de la société

tokyoïtes qui souhaitent jardiner sur leur

Fuji TV, conçu par l’agence Tange Associates

temps libre. Elle s’illustrerait ainsi comme un

(2). Elle est traversée par le tracé d’un couloir

repère architectural fort qui contribuerait à

vert provenant de l’est qui finit sa course dans

la démocratisation de la pratique agricole en

le parc Shiokaze à l’ouest.

milieu urbain.

Vers Shinonome

Vers Shiokaze park

Figure 93 : Pôle Odaiba (お台場) - Centre commercial et ferme urbaine verticale (source : illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 145 -


ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 146 -


III.3 - RÉALISATION – MIDORI MACHI (緑の街) Ce Projet de Fin d’Études qui se concentre

De manière plus ciblée, il permet de

sur le développement d’un de ces pôles

comprendre

d’agriculture urbaine permet d’explorer et de

fonctions associées à l’agriculture urbaine à

démontrer la mise en pratique des différentes

l’échelle d’un site - Skytree -et de comprendre

théories évoquées précédemment.

les synergies qui peuvent être mises en places.

l’articulation

des

différentes

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 147 -

Aperçu d’un oocument en cours d’élaboration


III.3.A – L’INTÉGRATION AU PAYSAGE URBAIN PRODUCTIF CONTINU Du haut de ses 634 mètres, la tour Tokyo

du pôle d’activité que représente à elle seule

Skytree domine l’arrondissement spécial de

la tour Skytree, ces différents quartiers

Sumida-ku, et plus largement la métropole du

présentent un potentiel fort pour développer

Grand Tokyo. Plus haute structure du Japon,

leur propre dynamique, mais surtout s’ouvrir

cette tour de radiodiffusion abrite en son socle

aux autres pôles d’activité, notamment celui

un complexe commercial. Niché le long de la

d’Asakusa (accessible à moins de 15 min de

rivière Sumida, le quartier s’articule autour d’un

trajet à pied), situé sur la rive ouest du fleuve

canal désaffecté et comptabilise notamment

Sumida-gawa (Fig. 95).

le parc Sumida, ainsi qu’un pôle d’affaires. Par conséquent, sur la base des infrastructures Marqué par le monopole de la tour la plus haute

existantes (couloir vert au sud, canal, fleuve),

de Tokyo, les différents quartiers environnants

l’implantation d’un nouveau couloir vert

(Azumabashi, Mukōjima et Oshiage) arborent

permettant de relier le socle de Skytree au

une logique monofonctionnelle. En effet,

quartier d’Asakusa semble légitime afin

de manière générale, le tissu urbain de ces

d’articuler la planification urbaine ainsi que la

quartiers est majoritairement composé de

requalification du quartier.

bâtiments résidentiels, souvent de faible hauteur (2-3 étages).

Cette faible densité bâtie est ponctuée de nombreux espaces verts, qui s’illustrent notamment à travers le parc Sumida au nord du canal, l’aménagement des berges du fleuve Sumida-gawa à l’ouest, ainsi qu’un couloir vert existant au sud qui relie le socle de Skytree vers la gare ferroviaire de Kinshichō au sud. Bien que fortement dépendants de l’attraction

Figure 94 : Coupe épannelage rive nord du canal (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 148 -


Figure 95 : carte isochrone au départ de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).

Figure 96 : carte des stratégies urbaines développées (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 149 -


3

2

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 150 -


Le travail de planification urbaine abordé lors

employé non-seulement à l’échelle globale

du semestre dernier s’est alors concentré sur

(visiteurs extérieurs), mais surtout à l’échelle

la requalification du quartier autour du nouveau

locale (habitants ou actifs).

couloir vert - nommé Green Line - positionné le long du canal. Afin de supporter le développement

D’est en ouest, il est alors possible de lire

de cette nouvelle mobilité douce et de la

différentes séquences urbaines qui décrivent et

promouvoir en tant que nouvel axe structurant du

illustrent le développement urbain proposé, et

quartier, le développement urbain est concentré

permettent d’apprécier son intégration au couloir

selon une approche multifonctionnelle. En effet,

vert. Ces séquences peuvent être localisées de

cela permet d’intégrer le couloir vert dans une

la manière suivantes; La place centrale (1), l’Îlot

dynamique quotidienne, dans laquelle il est

mixte (2), le Pôle d’activité (3).

1

Figure 97 : Master plan urbain ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 (Illustration issue du projet urbain S9).

- 151 -


1. La Place centrale D’une part, la jonction du couloir vert existant

On peut remarquer que le couloir vert bifurque

et de celui proposé est marquée par la création

avant d’atteindre la place, afin de longer

d’une place centrale qui permet de relier et

les bords du canal et de rejoindre le quartier

connecter les différentes entités du quartier.

d’Asakusa. Il laisse alors place à un traitement

Située au pied de Skytree, c’est ici que sont

minéral sur la place qui permets d’accueillir un

regroupés les bâtiments à forte activité.

flux piéton beaucoup plus important.

On y trouve (Fig. 98) une gare ferroviaire (1), un

Bien que le couloir vert est déployé le long de la

centre de recherche en robotique (2), un centre

rive sud, les quais existants de la rive nord du

culturel (3), un îlot type de logements (4), des

canal ont aussi été requalifiés en espaces verts

échoppes (5), ainsi qu’une halle de production

afin de créer différentes interactions entre les

et de consommation (6), qui permettent

deux rives et de permettre l’intégration de la

d’assurer les fonctions liées à l’habitat, aux

rive nord dans le tracé des couloirs verts établi.

activités commerciales, professionnelles et culturelles, ainsi qu’aux mobilités.

2 3 4 5

1

6

Figure 98 : Axonométrie - Place centrale du projet de planification et d’aménagement urbain du quartier de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 152 -


Figure 99 : Perspective - Vue depuis le socle haut de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).

Figure 100 : Perspective - Vue depuis la scène flottante (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 153 -


2. L’Îlot mixte Bien que moins actif, le reste du couloir vert

Afin de répondre aux besoins du quartier, le

est ponctué de différentes entités bâties qui

couloir vert propose une diversité d’espaces

intègrent la notion de multifonctionnalité

publics en lien avec les entités bâties. Ici, des

(Fig. 101). De par leurs différents rapports

terrains sportifs et des terrasses de restaurant

d’implantation au couloir vert, on distinguera

au pied des îlots de logements et du centre

les ensembles liés aux activités résidentielles,

sportif, une placette et un parking à vélo au

telles que les îlots de logement (1), des autres

pied du pôle éducatif.

ensembles fonctionnels, illustrés par un centre sportif de loisir (2), des échoppes (3), ainsi qu’un

Situé en face du parc Sumida, cette partie

pôle d’éducation (4). A l’inverse des autres

du couloir verte intègre la conception d’une

ensembles, les bâtiments résidentiels sont

passerelle végétalisée qui permet de renforcer

implantés de manière moins frontale, sous la

l’intégration

forme d’îlots, ce qui permet de prolonger les

constitutif du couloir vert, tout en permettant

différents espaces verts à l’intérieur des cœurs

de renforcer les mobilités douces établies de

d’îlots à travers des piqûres végétales.

part et d’autre du canal.

du

parc

comme

élément

2 1 4 3

Figure 101 : Axonométrie - Îlot mixte du projet de planification et d’aménagement urbain du quartier de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 154 -


Figure 102 : Perspective - Vue depuis la Green Line (Illustration issue du projet urbain S9).

Figure 103 : Perspective - Vue depuis la rive nord du canal (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 155 -


3. Le Pôle d’activité Enfin, l’extrémité ouest du quartier, située

La toiture de cette gare se décline par un

sur la rive du fleuve Sumida-gawa, témoigne

espace public qui permet de surélever le

d’une réelle extension et ouverture du quartier

couloir vert et de le prolonger vers le quartier

vers celui d’Asakusa, permettant par la même

d’Asaskusa par la création d’une passerelle

occasion de s’affranchir du monopole de

piétonne végétalisée (3).

Skytree.

Actuellement composé (Fig. 104) d’un centre d’affaires qui comprend notamment l’hôtel de ville (1), une nouvelle gare maritime (2) y est planifiée afin de connecter ce pôle aux autres arrondissements de Tokyo par l’ajout d’une nouvelle ligne de ferry.

1

2

3

Figure 104 : Axonométrie - Pôle d’activité du projet de planification et d’aménagement urbain du quartier de Skytree (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 156 -


Figure 105 : Perspective - Vue depuis le fleuve Sumida-gawa (Illustration issue du projet urbain S9).

Figure 106 : Perspective - Vue depuis la passerelle (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 157 -


Comprenant

une

largeur

d’environ

40m

(irrégulière par endroits), le couloir vert proposé sur le site permet à la fois de proposer des activités à dominantes écologiques, tout comme des activités à dominantes sociales qu’il est possible de détailler.

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 158 -


Figure 107.1 &–107.2 : Coupe Romain et Perspective aérienne - Détails de la Green Line ENSAM – Mémoire et PFE recherche Lahondès - Année 2020/2021 (Illustrations issues du projet urbain S9).

- 159 -


Couloir vert à fonction écologique D’une part, la Green Line intègre de nombreux

Ils seront ainsi plantés d’essences végétales

tronçons favorisant les éléments de nature

locales, comprenant une diversité d’arbres

biologique (Fig. 108). Ces tronçons présentent

(Erable du japon, Cerisier du Japon, Ginko

alors

plus

Biloba), mais aussi d’arbustes et fleurs

importante, permettant de favoriser le bon

(Camélia, Azalées, Bambous, Bambous nains)

développement des espèces animales et

très appréciés dans la culture populaire

végétales.

japonaise.

Ces

ainsi

une

espaces

densité

un

Par conséquent, ces différents tronçons

d’un

permettent de répondre à un besoin des usagers

platelage bois, d’une largeur d’1,60 mètres, et

d’ « interagir dans la nature » et s’inscrivent

ponctué d’assises. Ce cheminement présente

plus largement dans une dynamique de mise

une vocation secondaire, destiné à être

en relation des éléments écosystémiques du

emprunté afin de se promener, de déambuler

quartier (parc Sumida, canal, fleuve, couloir

le long du couloir vert.

vert existant)

cheminement

sont

végétale

traversés

irrégulier

par

constitué

Figure 108 : Perspective - Partie du couloir vert présentant des fonctions à dominantes écologiques (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 160 -


Couloir vert à fonction sociale D’autre part, la Green Line s’illustre comme

On y retrouve de nombreux espaces publics

un réseau de déplacements doux efficace,

permettant la cohésion sociale (places et

permettant de mettre en relation les différents

placettes, scène flottante, terrasses de cafés

ensembles fonctionnels développés (Fig.

et restaurants, quais aménagés, etc.), dont

109).

Destiné à une affluence piétonne

de nombreux liés aux thématiques du sport et

plus importante, ctte partie du réseau plus

de la santé (terrains de badminton, de basket-

importante présente de nombreuses voies

ball, installations de ‘‘street workout’’, aire de

de circulations aux dimensions et aux

yoga, etc.).

fonctions différentes. Il est composé de trois cheminements perméables décrivant

La composante principale de ce réseau repose

successivement une venelle de circulation

alors sur l’aménagement d’un espace public

entre les différents bâtiments, une allée

vibrant et favorable au piéton, et les espaces

commerçante, ainsi qu’une promenade le long

proposés permettront aux usagers d’ « interagir

des quais (qui intègre notamment une piste

dans la nature », tout en conservant une

cyclable).

dynamique de mise en relation des espaces.

Figure 109 : Perspective - Partie du couloir vert présentant des fonctions à dominantes sociales (Illustration issue du projet urbain S9).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 161 -


Bien que les thématiques abordées lors de la

En effet, les typologies mises en avant lors

phase de planification urbaine effectuée au

du chapitre précédent semblent parfaitement

semestre 9 se concentraient sur des notions

indiquées pour être réinterprétées dans ce

de mobilités, de multifonctionnalité,

ainsi

quartier qui saura profiter de l’influence et

que de production d’énergie, il est possible

de la gestion apportée par le nouveau pôle

de réinterroger le travail entrepris au regard

d’agriculture urbaine, développé sur la base du

de l’insertion de la pratique agricole dans ce

quartier établi sur la rive nord qui comprenait

nouveau paysage productif continu.

un ensemble résidentiel et commercial, ainsi qu’une halle marchande (Fig. 110).

58

7 h 30

Figure 110 : Master plan–comprenant lesPFE typologies d’agriculture urbaine et la localisation pôle d’agriculture urbaine ENSAM Mémoire et recherche – Lahondès Romain - Année du 2020/2021 (Illustration issue du projet urbain S9).

- 162 -


LA PLEINE-TERRE EXTÉRIEURE ESPACES INTERSTITIELS

JARDINS COMMUNAUTAIRES

MICRO-FERMES URBAINES

LES TOITURES P d’ag arcelle ricu P lture ôle urba ine

L’APICULTURE

5 h 30

LA CULTURE EN BACS

LA CULTURE PLEINE-TERRE

L’ENVIRONNEMENT BÂTI LE PROGRAMME COMMERCIAL 7 h 45

LE PROGRAMME RÉSIDENTIEL

LE PROGRAMME

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 TERTIAIRE - 163 -


Stratégie productive Dans un premier temps, les typologies

Puis, dans une dynamique de requalification du

associées à la pleine-terre extérieure semblent

quartier, les toitures pourrait être investies par

propices pour proposer des espaces de

la pratique agricole urbaine. Une campagne

production agricole en lien direct avec le couloir

de subvention pourrait alors encourager

vert. Dans cette dynamique, de nombreuses

les habitants des ensembles résidentiels à

séquences de la Green Line pourraient

installer des ruches sur leurs toitures, voire des

arborer des espaces verts productifs (culture

bacs plantés si les conditions le permettent

en bacs, vergers, plantations d’arbustes

(toiture accessible, charge admissible). En

fruitiers, de plantes aromatiques), tandis que

outre, les ensembles fonciers privés pourraient

certaines portions des îlots de logements et

être encouragés à proposer des espaces de

du parc Sumida pourraient abriter des jardins

culture en pleine-terre dans la dynamique de

communautaires, ou encore que les dents

rétrocession d’espaces public des kōkai-kūchi

creuses du quartier pourraient être reconverties

évoquée précédemment (III.2.a – Les paysages

en micro-fermes urbaines.

productifs).

LA PLEINE-TERRE EXTÉRIEURE

LES TOITURES

ESPACES INTERSTITIELS

L’APICULTURE

JARDINS COMMUNAUTAIRES

LA CULTURE EN BACS

MICRO-FERMES URBAINES

LA CULTURE PLEINE-TERRE

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 164 -


Enfin, l’ensemble des bâtiments présentés lors de la phase de planification urbaine pourrait intégrer les différentes typologies d’agriculture urbaine concernant l’environnement bâti, ce qui aurait pour effet de supporter l’activité proposée par le nouveau pôle d’agriculture urbaine. De fait, les îlots de logements pourrait intégrer des espaces de production propres aux ensembles résidentiels, tandis que le pôle sera divisé entre les trois différents programmes, dans une dynamique d’interdépendance qu’il est bonne d’illustrer et de détailler dans la partie suivate.

L’ENVIRONNEMENT BÂTI LE PROGRAMME COMMERCIAL

LE PROGRAMME RÉSIDENTIEL

LE PROGRAMME TERTIAIRE

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 165 -


III.3.B – LE PÔLE D’AGRICULTURE URBAINE Dans cette dynamique, l’approche énoncée des

précédemment (III.1 – Contextualisation –

pôles d’agriculture urbaine s’illustre comme un

Tendances), le Japon est en proie à des

élément structurant permettant d’apporter une

enjeux liées à son fort développement urbain,

réponse coordonnée à ces différents enjeux. En

à la diminution de sa capacité de production

effet, vis-à-vis de l’environnement urbain, ces

alimentaire, ainsi qu’à une modification

enjeux s’apparentent à des questionnements

constante des habitudes alimentaires de ses

relatifs aux fonctions Consommer - Habiter -

habitants.

Produire (Fig. 111).

Outre le fait de poser des problématiques

Ainsi, ce pôle d’agriculture urbaine s’illustrerait-

récurrentes, ces enjeux sont souvent traités

il comme un laboratoire d’expérimentation

de manière indépendante et leur résolution

permettant de traiter ces différentes fonctions

n’intègre pas de dynamique de planification

de manière synchronisée à travers la question

maîtrisée.

de l’agriculture urbaine.

H

Si l’on s’en réfère aux tendances évoqués

IT E R B A

DÉVELOPPEMENT URBAIN CROISSANT

UIR

ER M M

DIMINUTION DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION ALIMENTAIRE

PROD

MODIFICATION DES HABITUDES DE CONSOMMATION ALIMENTAIRE

C ONSO

E

Figure 111 : Diagramme des différents enjeux et fonctions de l’agriculture urbaine au Japon (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 166 -


Par conséquent, les typologies d’agriculture

A la croisée de deux fonctions différentes, il est

urbaine liées à la question de l’environnement

possible d’identifier un assemblage spécifique

bâti identifiées (II.3 – L’environnement bâti)

qui formera la base du pôle. On distinguera

semblent pertinentes pour adresser ces

alors trois assemblages qui seront détaillés

différentes fonctions, à la recherche de

dans cette partie; l’allée marchande, le village

nouveaux assemblages pouvant être explorés

urbain, ainsi que le centre de recherche et

par la question de la pratique agricole urbaine.

production.

Dès lors, il est bon de rappeler, que ce pôle n’a

En outre, à la croisée des trois fonctions,

pas pour vocation de se caractériser par une

il est possible d’identifier un assemblage

production agricole intensive et de grande

qui s’illustrera comme l’axe structurant de

échelle, mais considère plus largement la

ce projet. Celui-ci sera alors calqué sur la

création d’un quartier multifonctionnel qui

présence d’une bâtiment significatif développé

propose des espaces productifs ainsi que des

lors de la phase de la planification urbaine qui

équipement d’habitabilité associés.

est la halle marchande.

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P R O D UI R

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E

CO

Figure 112 : Diagramme des différents enjeux et fonctions de l’agriculture urbaine au Japon (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 167 -


L’allée marchande A la croisée des fonctions Habiter et

Dans le quartier proposé, les fonctions

Consommer se positionne la typologie qu’il est

consommer peuvent être représentées à

possible de qualifier d’ « allée marchande ».

travers des espaces de consommation de

Sur le principe, cette allée se définit comme un

petite échelle (bars, cafés, restaurants,

espace public vibrant ponctué de commerces

pâtisseries, brasseries), ou d’ampleur plus

et de locaux d’équipements publics.

importante (halle marchande).

Composée d’ensembles de faibles hauteurs,

Les fonctions habiter quant à elles peuvent

la typologie de l’allée marchande s’intègre

s’illustrer à travers l’espace public (placettes,

dans le tissu urbain à travers une notion

jardins communautaires, etc.), aussi bien

d’horizontalité. Elle est destinée à offrir une

que dans les bâtiments d’équipement public

succession d’espaces liés aux fonctions habiter

(crèches, écoles, locaux communautaires,

et consommer intégrés à l’environnement

galeries d’exposition, etc.).

dans une dynamique de parcours.

Figure 112 : Axonométrie - L’allée marchande (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 168 -


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CO Figure 113 : Perspective - Vue depuis l’allée marchande (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 169 -


Le village urbain Présentant une fonction dominante liée à

Dans cette dynamique, il se compose d’un

l’habitat, le village urbain se caractérise par

complexe résidentiel qui offre des espaces

un ensemble résidentiel et commercial liés qui

propices à la vie en communauté. Les

inspirent une notion de communauté locale;

appartements (à domanialité privée) arborent

composante propre aux villages.

ainsi de larges terrasses aménagées de jardinières, tandis que le socle et la toiture

Ces espaces se qualifient dans une dimension

offrent des espaces et des équipements

plus verticale, tout en respectant une

publics

perception de densité relative au contexte

potagers, fermes urbaines participatives, etc.).

(locaux

communautaires,

tokyoïote (environ 10 étages). Ils sont implantés sur la bande nord de la parcelle, ce qui permet de conserver un ensoleillement et des vues privilégiés dans le quartier et de supporter la requalification de la ruelle attenante en véritable rue fréquentée.

Figure 114 : Axonométrie - Le village urbain (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 170 -

jardins


BIT E R A H

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Figure 115 : Perspective - Vue depuis un des logements (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 171 -


Le centre de recherche et production Produire Le centre de recherche et de production,

Il se compose alors d’un socle commercial

apparenté aux fonctions consommer et

qui répond aux différents besoins de

produire, se démarque des autres typologies

consommation de l’allée marchande et qui

par une logique de production de plus grande

s’illustre comme une véritable vitrine des

échelle, reposant sur des méthodes de

denrées alimentaires produites dans les

production de haute technologie.

laboratoires.

Il est implanté sur la bande sud de la parcelle,

A l’aplomb de ce socle se déploie une

afin de cadrer l’allée marchande et de

ensemble tertiaire qui comprend des centres

présenter une barrière visuelle et acoustique

de recherche ainsi que des laboratoires de

face aux différentes nuisances de la voie ferrée

production agricole de hautes technologies

attenante.

(hydroponiques, aquaponiques, etc.).

Il est composé d’un ensemble

commercial et tertiaire linéaire de faible hauteur (2-3 étages).

Figure 116 : Axonométrie - Le centre de recherche et production (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 172 -


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Figure 117 : Perspective - Vue depuis un des laboratoires de production (Aperçu d’un document en cours d’élaboration)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 173 -


Consommer - Habiter - Produire Produire Traitée avec une attention particulière, la halle

De fait, elle s’illustre comme l’interface entre

marchande s’illustre comme la composante

les différents éléments constitutifs du quartier

structurante de ce nouveau pôle d’agriculture

et permets de capter et de gérer différents

urbaine. De fait, ce bâtiment permet d’illustrer

types de flux. Cette notion est particulièrement

les trois fonctions étudiées et d’en imaginer les

importante afin d’apporter une visibilité directe

potentielles synergies.

sur les différents éléments du quartier. Ainsi cela

permettrait-il

d’inscrire

l’agriculture

La halle est constituée d’une socle public et

urbaine comme une composante active de

traversant, ce qui en fait un lieu de passage

l’espace public et de l’environnement bâti dans

fréquenté. Elle permet de relier la nouvelle

l’imaginaire collectif.

gare ferroviaire et sa place à l’est jusqu’à l’allée marchande et le parc Sumida à l’ouest, ainsi que le quartier existant au nord jusqu’aux quais et à la Green Line au sud.

Figure 118.1 & 118.2 : Plan RDC et coupe épannelage du quartier (Aperçu d’un document en cours d’élaboration)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 174 -


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Figure 119 : Perspective - Vue de la halle depuis l’allée marchande (Aperçu d’un document en cours d’élaboration)

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 175 -


III.3.C – UNE TYPOLOGIE PARTICULIÈRE – LA HALLE MARCHANDE Bien que le programme initial considère la

Un étage tampon entre les deux entités se

conception d’une halle marchande, cette

distingue afin de mixer les usages et se caractérise

typologie de bâtiment à été remaniée afin

alors par un accueil du public dans les bureaux

d’y inscrire un programme multifonctionnel

supérieurs à une vitrine des laboratoires de

qui correspond aux différentes fonctions

production présentant les différentes méthodes

Consommer - Habiter - Produire.

de production.

Elle est alors divisée en deux entités distinctes,

La thématique évoquée de la visibilité est bien

le socle à dominante publique abritant les

entendue répliquée à l’échelle du bâtiment afin

fonctions conventionnelles d’une halle, ainsi

d’avoir une vision sur les différents ensembles

que les étages supérieurs à dominante privée

proposés. Elle se retrouve à travers le concept

comprenant majoritairement des bureaux

directeur d’atrium qui permet d’avoir une visibilité

et un centre de production agricole de haute

directe entre tous les différents étages du socle,

technologie.

ainsi qu’une percée visuelle sur les bureaux situés dans les espaces supérieurs.

Figure 120 : Perspective - Vue de la halle depuis l’allée marchande (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 176 -


Figure 121 : Coupe AA’ - Distributions verticales (Illustration personnelle).

Figure 122 : Coupe BB’ - Vide sur atrium (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 177 -


Socle - La halle marchande Produire Le rez-de-chaussé s’inscrit dans la continuité

De plus, le deuxième étage comporte l’accueil

directe de l’allée en proposant une large allée

des bureaux, ainsi qu’un parcours dédié à

marchande, ainsi qu’une allée secondaire

une visite guidée des laboratoires. Cette

ponctuées de différentes échoppes. On y trouve

visite comprends une partie muséographique

aussi les différentes circulations verticales

qui retrace la mécanisation de la production

permettant de rejoindre les étages supérieurs,

agricole, une immersion dans les différents

ainsi qu’une bande de locaux techniques qui

étapes de production séparée par une coursive

viennent cloisonner la façade nord.

tampon

(semis,

germination,

croissance,

reproduction récolte, emballage), un atelier Le premier étage intègre de nombreux

cuisine dans lequel les visiteurs pourront

espaces de restauration profitant d’une vue

cuisiner des aliments récoltés sur place, ainsi

surélevée sur le quartier et la Green Line. Puis,

qu’une boutique.

la bande nord de cet étage intègre des cuisines communautaires qui peuvent être mobilisées lors d’ateliers de cuisine.

Figure 123 : Perspective - Vue depuis l’espace visité des laboratoires (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 178 -


PRODUCTION ACCÈS BUREAUX ACCUEIL SALLES DE CULTIVATION VISITE GUIDÉE

ATELIER CUISINE

AIRE DE RESTAURATION

ESPACE TECHNIQUE

ÉCHOPPE

ACCUEIL AIRE DE RESTAURATION

Figure 124 : Axonométrie éclatée - RDC à R+2 (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 179 -


ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 180 -


Figure 125 : Perspective - Vue depuis le premier étage de la halle (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 181 -


Etages supérieurs - Bureaux et loisirs Produire Les étages supérieurs du bâtiment arborent

Dans la même dynamique, le quatrième

une domanialité à tendance privée, composée

étage est divisée selon une partie publique

majoritairement des bureaux et des laboratoires

qui contient un ferme urbaine participative

de production. Pour les différents étages de

potager communautaire, ainsi qu’une partie

bureaux, la partie administrative (bureaux) est

privée qui correspond au niveau supérieur des

séparée de la partie production (laboratoires)

bureaux de et des laboratoires de production.

par un sas étanche qui permet aussi de gérer l’acheminement des marchandises grâce à un

Enfin, le cinquième étage comprend le dernier

monte-charge.

niveau des bureaux de et des laboratoires de production.

Le troisième étage comporte une partie publique composée d’un restaurant panoramique et de larges terrasses, ainsi qu’une partie privée qui comporte la partie principale des bureaux de et des laboratoires de production.

Figure 126 : Perspective - Vue depuis les laboratoires de production (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 182 -


JARDINS

LABOS

BUREAUX

POTAGER LABOS BUREAUX JARDINS POTAGER

LABOS

BUREAUX RESTAURANT

JARDINS

Figure 127 : Axonométrie semi-eclatée des étages supérieurs (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 183 -


ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 184 -


Figure 128 : Perspective - Vue depuis le restaurant (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 185 -


La toiture comme espace public Produire Le premier niveau de toiture (quatrième étage)

Dans la continuité des kōkai-kūchi exposée

paysages

comporte alors un jardin suspendu ainsi que la

productifs), une partie de la toiture est

terrasse du restaurant. Puis, le second niveau,

rétrocédée afin de proposer un espace public

divisé en deux ailes, est réparti entre un

qualitatif qui permets de garder une visibilité

potager communautaire et un second jardin

directe sur les différents programmes du

suspendu. De plus, le troisième niveau présente

bâtiment. Elle est accessible par les différentes

l’extension

circulations verticales ainsi que par une

ainsi qu’une terrasse appropriable pour les

passerelle qui la connecte au reste du quartier.

employés du bureau. Enfin, le dernier niveau

précédemment

(III.2.a

Les

du

potager

communautaire,

propose un large jardin suspendu qui propose Un décalage du bâti d’étages en étages permet

de nombreux espaces de détente dominant le

de séquencer cet espace public sur différents

quartier.

niveaux et de proposer une promenade aux ambiances différentes, profitant d’une vue dégagée sur le reste du quartier.

Figure 129 : Perspective - Vue depuis l’espace public en toiture (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 186 -


JARDINS

POTAGER

JARDINS POTAGER

JARDINS

Figure 130 : Axonométrie semi-eclatée des étages supérieurs (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 187 -


ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 188 -


Figure 131 : Axonométrie - Vue d’ensemble du pôle agriculture urbaine Midori Machi (緑の街) (Aperçu d’un document en cours d’élaboration).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 189 -


CONLUSION ET RÉFLEXIONS Qu’elle soit pratiquée selon une approche

particulièrement pour les personnes devant

réactive ou proactive, l’agriculture pratiquée

faire face à un vide social, comme le sont

en milieu urbain contribue à répondre aux

souvent les personnes âgées, les personnes

différents enjeux sociaux et environnementaux

d’origines minoritaires et les personnes socio-

du Développement Durable.

économiquement défavorisées.

D’un point de vue social, l’agriculture urbaine

D’un point de vue environnemental, l’agriculture

ne s’illustre pas comme une pratique qui a

urbaine s’illustre comme une pratique efficace

pour but de subvertir les structures de pouvoir

afin d’adresser les enjeux liés au changement

implantées dans le système alimentaire

climatique et à la résilience des milieux. En

contemporain,

un

effet, un peu plus de la moitié de la population

outil qui tend à alléger les écarts d’accès

mondiale vit désormais en milieu urbain

aux ressources. De fait, elle participe à

plutôt qu’en milieu rural. À mesure que le taux

l’amélioration des conditions d’habitabilité

d’urbanisation augmente avec le temps, les

de l’espace urbain, notamment à travers les

sites de production alimentaire devraient être

enjeux de santé, d’éducation et de loisirs.

de plus en plus situés à proximité des principaux

Puis, elle présente une myriade d’initiatives

centres de consommation. Par conséquent,

d’inclusion sociale qui favorisent les liens

l’agriculture urbaine gagne de la pertinence

communautaires et encouragent la diversité

partout dans le monde et il est nécessaire

dans les zones productives et évitent donc

d’élaborer de nouvelles stratégies pour assurer

d’exclure ou de stigmatiser certains groupes

l’approvisionnement alimentaire et la sécurité

de personnes. Dans cette dynamique, les

alimentaire de ceux qui vivent en milieu urbain.

projets d’agriculture urbaine représentent un

De fait, le paradigme du développement

levier d’avancée sociétale, ainsi qu’un moyen

durable met en question à la fois les modes

privilégié pour développer un sentiment

d’approvisionnement alimentaire des citadins

d’appartenance et un sentiment de propriété

et l’étalement urbain. Il s’impose dans l’agenda

collective qui facilitent les échanges non-

des politiques publiques, mais il rencontre

seulement au sein du groupe mais aussi entre

aussi l’engouement d’acteurs multiples pour

le groupe et le reste de la communauté et ceci

des initiatives locales plaidant pour un retour

mais

plutôt

comme

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 190 -


à la proximité entre ville et nature, entre ville

Cependant, le modèle du Paysage Urbain

et agriculture, entre ville et alimentation qui

Productif

permettrait par railleurs de se prémunir de la

théorique dont l’application est soumise à de

vulnérabilité accrue des villes aux risques de

nombreuses contraintes et limites (foncier

pénurie alimentaire.

disponible, coût, faisabilité, etc.). Néanmoins,

Continu

demeure

un

modèle

l’approche empirique effectuée par simulation Dans cette dynamique, l’intégration des

sur logiciel SIG s’illustre comme un outil

différents enjeux de l’agriculture urbaine

de planification cohérent pour traiter une

comme composante structurante de la

première phase de planification des différents

planification urbaine et de la conception

couloirs verts. Cette première phase devrait

architecturale dans une métropole comme

bien entendu être approfondie afin de vérifier

Tokyo aura permis de mettre en évidence de

la faisabilité des tracés proposés et de les

nombreux points évoqués lors de ce mémoire.

adapter au besoin.

D’une part, le modèle du Paysage Urbain

Sur l’hypothèse de l’application concrète du

Productif Continu semble particulièrement

schéma directeur que représente ce modèle,

indiqué pour structurer l’insertion et le

se pose alors de nouvelles interrogations quant

développement de l’agriculture à une échelle

à leur domanialité, leur entretien, ou encore

urbaine - celle de la métropole. Il permet en

leur efficacité. Afin de régler ces différents

outre une requalification et une revitalisation

facteurs, la recherche doit alors laisser place

de l’espace public en apportant de la valeur

à l’expérimentation et des tronçons pourraient

ajoutée à celui-ci. De plus, la mise en relation

être réalisés grandeur nature afin de vérifier

des différents espaces productifs à travers les

leur application dans l’espace urbain et de

couloirs verts témoigne d’un réel potentiel pour

constater l’efficacité du système. Les données

supporter des fonctions environnementales

récoltées devront alors être réinterprétées et

et sociales affirmées dans l’espace public. Ils

réutilisées afin de perfectionner le système et

permettraient en outre de s’inscrire dans une

de prévoir un aménagement plus efficace des

dynamique urbaine contemporaine biophilique

prochains tronçons.

qui pousse les villes à se végétaliser.

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 191 -


D’autre part, la conception d’un pôle sous la

comme une composante active de la ville

forme d’assemblage de différentes typologies

(au même titre que les mobilités, ou encore

relatives à la pratique agricole urbaine nous

la mixité fonctionnelle). Cette superposition

renseigne sur les potentialités de cette

de programmes, déjà ancrée dans la culture

pratique comme un élément constituant

nippone, semble attrayante pour concevoir la

de

ville bâtie de demain.

l’environnement

urbain.

Bien

qu’aux

premiers abords cette pratique peut sembler marginalisée quand elle est étudiée de manière

La pratique agricole urbaine peut alors

indépendante, il est possible de remarquer

être

qu’elle s’intègre particulièrement bien dans

contemporains par le biais de construction

le paysage urbain. Précisément, c’est en

de nouveaux ensembles significatifs (ex :

étant intégrée à l’environnement urbain par

écoquartier), autant qu’elle peut se greffer au

l’intégration des processus Consommer -

tissu urbain existant à travers des notions de

Habiter - Produire qu’elle est le plus efficace

requalification ou encore de réhabilitation (ex :

et contribue réellement à sa démocratisation

reconversion de friche industrielle).

intégrée

à

nos

paysages

BIT E R A H

P R O D UI R

SO M ME N O

R

E

C

Figure 132 : Diagramme des différents enjeux et fonctions de l’agriculture urbaine au Japon (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 192 -

urbains


des

Nonobstant, il semble difficile, voire erroné de

différentes analyses, la fonction produire

considérer un ensemble fonctionnel unique

associée à l’agriculture urbaine interroge

comme composante de la ville durable et

quant à l’entretien et à la consommation

résiliente. En effet, le développement de la

de

hydraulique,

pratique agricole en milieu urbain semble

énergétique). En effet, pratiqués à grande

dépendre de l’intégration de ces différentes

échelle, les espaces de production extérieurs

composantes aux échelles et programmes

requièrent

variés et contextualisés (Fig. 133). Ainsi ces

Néanmoins,

comme

ressources

soulevé

(foncière,

lors

du foncier, la mobilisation des

toitures dépend des charges admissibles, et

pratiques

doivent-elles

être

développées

les ensembles concernant l’environnement

en concertation avec les acteurs de la ville

bâti témoignent d’une production de haute

à travers la mise en place d’un schéma de

technologie particulièrement énergivore.

cohérence urbain qui intègre et formule de potentielles synergies comme formulé lors de la phase urbaine avec le modèle des Paysages Urbains Productifs Continus.

Figure 133 : Diagramme des typologies d’agriculture urbaine comme réponses variées à l’implantation de la pratique agricole en milieu urbain (Illustration personnelle).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 193 -


En somme, l’évocation de « pôle » pour

entendu les problématiques liées à l’étalement

structurer l’implantation de la pratique agricole

urbain horizontal en périphérie (spéculation

dans l’environnement urbain permet d’offrir

foncière, migrations pendulaires, ségrégation

une perspective plus large quant au devenir

spatiale, etc.).

des métropoles. En effet, en raison d’un développement croissant des zones urbaines,

Par conséquent, l’étalement urbain étant

les métropoles font face à des enjeux des plus

de plus en plus problématique et pouvant

en plus complexes qui montrent parfois les

porter atteinte au bon fonctionnement d’une

limites de leur configuration urbaine. De fait,

métropole, il est légitime de formuler leur

de nombreuses métropoles contemporaines

développement à travers un nouveau modèle

peuvent être décrites selon des modèles

urbain. La notion de « pôle » évoquée dans ce

monocentriques ou polycentriques83 (Fig.134.1

mémoire semble alors formuler une hypothèse

& 134.2), dans lesquelles l’étalement urbain est

viable pour permettre aux grandes aires

caractérisé par la présence de pôle d’intensité

urbaines de s’affranchir d’un monopole localisé

unique ou multiples. Cette situation décrit bien

et de son étalement urbain périphérique induit.

Figure 134.1 & 134.2 : schématisation des modèles de ville monocentriques et polycentriques. (From monocentric to network cities, and related urban structures, Lehman, 2012). Lehmann, S. (2012). Can rapid urbanisation ever lead to low carbon cities? The case of Shanghai in comparison to Potsdamer Platz Berlin. Sustain. Cities Soc. 3, 1–12. doi:10.1016/j.scs.2011.08.001 83

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 194 -


Dans cette dynamique, l’hypothèse de la

Il est à noter que certaines métropoles

« ville-réseau » (Fig.135) permettrait alors de

correspondent aujourd’hui à un modèle

mettre en relation un nombre plus important

similaire. C’est notamment le cas de la

de pôles, aux caractéristiques spécialisées.

métropole tokyoïte dont la reconstruction

Permettant de s’affranchir du monopole de

relativement récente (séisme du kanto en

certaines zones isolées, le tissu urbain pourrait

1923), atteste d’une multiplication de zones

alors arborer un étalement plus diffus, ce qui

spécialisées de forte intensité, qui peuvent

aurait pour effet d’adresser de nombreuses

être associés aux pôles mentionnés. Ainsi

problématiques

contemporaines.

la ville-réseau permettrait-elle d’apporter

Les pôles agriculture urbaine pourrait alors

une dimension d’autonomie et d’équité aux

s’illustrer comme l’une des composantes

métropoles, ce qui leur permettrait de répondre

de cette ville-réseau au même titre que des

à de nombreuses enjeux du Dévelopement

pôles spécialisées dans la technologie et

Durable.

urbaines

l’innovation, la pratique sportive, l’éducation, ou encore la santé.

Figure 135 : schématisation du modèle de la ville-réseau .(From monocentric to network cities, and related urban structures, Lehman, 2012).

ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 - 195 -










ENSAM – Mémoire et PFE recherche – Lahondès Romain - Année 2020/2021 École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier - 202 -

© Sasaki


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