Le mystere de kilamba Romana Nanga

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PETITE HISTOIRE ANGOLAISE DU LOGEMENT SOCIAL

OU LE MYSTERE DE

KILAMBA


décembre 2016

© ROMANA M. NANGA


Une dĂŠcouverte insolite


Une après midi alors que je m’étais rendue à la Cité de l’Architecture pour voir une exposition sur Viollet-le-Duc.


J’ai profité de l’occasion pour m’accorder un petit détour par la librairie.


En parcourant les rayonnages, un livre au titre mystérieux retint mon attention ; « L’Atlas des Cités Perdues ».


En le feuilletant, quelle ne fût pas ma surprise, quand parmi Carthage, Pompéi et Babylone, j’ai trouvé la Nova Cidade de Kilamba, une ville nouvelle située à 20 kilomètres de Luanda, la capitale de l’Angola. Celle-ci n’a d’ailleurs guère eu le temps de disparaître puisqu’elle vient tout juste de voir le jour en 2011.


Alors que faisait-elle là ?


Quelque temps après son inauguration la nouvelle ville de Kilamba a beaucoup fait parler d’elle, notamment quand la presse étrangère a décidé de s’y intéresser.


Ne comptant que quelques occupants éparses pour ses 82 000 logements, quelques mois après son inauguration, les journalistes ont qualifié l’opération immobilière d’échec, décrivant une ville fantôme, monotone et coupé du monde, qui aurait poussé du jour au lendemain au beau milieu de nul part.


Le gouvernement lui se devait bien de dĂŠfendre ce projet, le plus ambitieux jamais menĂŠ dans la capitale.


Selon le Ministère de l’Habitation, tout les logements avaient trouvé preneur, et l’investissement avait été couvert


La vérité est un peu plus complexe, et se trouve quelque part à mi-chemin.


MUSSEQUE

KILAMBA

La nouvelle ville de Kilamba, avait été présentée comme étant une opération immobilière sociale, qui permettrait de reloger une partie de la population vivant dans les bidonvilles, communément appelés Musseques.


120 000 $ A 200 000 $

Cependant les prix des logements de cette opĂŠration soit-disant sociale oscillait entre 120 000 et 200 000 dollars.


Les habitants des Musseques eux, gagnent pour beaucoup moins de 2 dollars par jour, en exerçant des métiers tels que femme de ménage, chauffeur de taxi ou vendeur ambulant, ce qui de plus les rend inaptes au credit bancaire.


Ils n’étaient donc aucunement en mesure de s’offrir un appartement à Kilamba et demeurèrent dans les Musseques.


Il a fallu ĂŠlaborer un plan B, pour vendre les appartements.


Si les plus démunis ne pouvaient pas acheter, les riches eux restaient une valeur sûre. L’ État a donc tenté de convaincre la petite minorité qui se partage les grosses parts du gâteau tandis que le reste du peuple se contente des miettes, d’acquérir 1 ou 2 appartements à Kilamba.


Toutefois ceux-ci n’étaient guère intéressés par des habitation bon marché situé à 20 kilomètres et plusieurs heures d’embouteillage de là où est l’argent, soit le quartier des affaires de Luanda.


La situation devenait compliquée, comment faire pour écouler ces 82 000 logements, qui avaient coute 3,5 milliards de dollars à l’Angola, qu’elle devait à présent rembourser à la Chine sous forme de barils de pétrole.


Le temps ĂŠtĂŠ venu de passer au plan C.


Il fût décidé que l’ État distribuerait les appartements aux Ministères. Eux-même les repartirait parmi leurs employés et les entreprises et institutions sous leur tutelle. Ces dernières les attribueraient à leurs salariés. Les Ministères et les entreprises couvriraient une partie des frais et les paiements se feraient par petits pourcentages prélevés sur chaque salaire,


Et c’est ainsi que Kilamba se peupla et cessa d’être une ville fantôme


Les problèmes ne sont pas tous résolus pour autant, et dans cette ville construite en toute hâte en seulement 3 ans, le système de récupération des eaux de pluies est déjà défectueux. Quand il pleut les rues sont inondées.


De plus la planification même de la ville, en fait un véritable labyrinthe dans lequel il est très difficile de se repérer.


Mais les Angolais savent saisir une opportunité là où il y en a une, et c’est ainsi que les moto-guides ont vu le jour. Ces jeunes hommes à moto, qui ont mémorisé chaque recoins de Kilamba, vous guident jusqu’à bon port quand vous êtes perdu, contre une petite rémunération .


FIN


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