Ros emonde
CLI ENT:: CLIENT MUSÉE J OURSDE DELA LACIVILISATION TERRE Jean-Claude Poitras - mode et inspirations
Septembre 2019 datedel’ é vénement: 22AVRI L201 2 ROSEMONDE COMMUNICATIONS Service des relations publiques et de presse
C : 514-458-8355 B : 514.819.9023
593, avenue Notre-Dame Saint-Lambert, Québec, Canada J4P 2K8
COMMUNIQUÉ
Pour diffusion immédiate
JEAN-CLAUDE POITRAS DÉFILE AU MUSÉE DE LA CIVILISATION LE TEMPS D’UN ÉTÉ Québec, le 19 juin 2019 – Du 20 juin au 15 septembre, le Musée de la civilisation présente une exposition entièrement consacrée au travail de création et aux inspirations du grand créateur de mode québécois, JeanClaude Poitras. Réalisée conjointement par le Musée de la civilisation et le Musée McCord, l’exposition JeanClaude Poitras – mode et inspirations sera également présentée au Musée McCord du 24 octobre 2019 au 26 avril 2020. La passion Jean-Claude Poitras Dès son enfance, Jean-Claude Poitras est interpellé par les textures, le mouvement des tissus, leur nature et leur couleur. Cette attirance tactile et visuelle envers la matière s’est érigée en fil conducteur de sa vie professionnelle. L’instinct créatif de Poitras puise dans les réminiscences de l’enfance, les ambiances cinématographiques et l’exotisme de nouvelles textures aux coloris intenses. L’idée des formes et des matières surgit sous la pulsion d’une impression, d’une émotion vibrante, d’instants de passion inattendue qui touchent au cœur. Tout au long de sa carrière – des années 1970 aux années 2000 –, Jean-Claude Poitras influence la scène québécoise grâce à sa griffe distinctive et sa démarche intuitive et sensible. Sa vision de la mode, à l’écoute de ses émotions propres, lui fait connaître une voie jalonnée de succès et de moments marquants. Dans cette exposition, le visiteur découvre les créations de Jean-Claude Poitras ainsi que ses univers d'inspiration à travers un parcours ponctué de vêtements, d'objets, de documents d'archives et de dispositifs multimédias. Campée dans une ambiance épurée, la présentation des collections se décline donc selon les trois grandes sources d’inspiration du créateur : la famille et la religion, les muses et le cinéma ainsi que les voyages. La première zone de l'exposition explore les créations rattachées aux souvenirs d’enfance de Poitras, à l’église et aux rituels catholiques, de même qu’à la jeunesse. La seconde zone met en lumière l’influence du cinéma sur le travail de Jean-Claude Poitras, mais aussi celle des personnalités publiques et de sa muse incontestée, Colette Chicoine. Enfin, la dernière zone, dédiée aux voyages du créateur, propose des pièces inspirées des cultures et traditions de grandes villes du monde.
L'étoffe d'un grand créateur Célèbre créateur de mode québécois, Jean-Claude Poitras marque l'univers du prêt-à-porter au Québec et ailleurs au Canada. En s'associant à de nombreux manufacturiers, il crée plusieurs griffes à succès, dont Parenthèse, BOF!, Jean-Claude Poitras et Qui m'aime me suive. Au cours de sa carrière, ses créations lui valent de nombreux et prestigieux prix, dont le Fil d'or de Monte-Carlo, deux Griffes d'Or, le titre de membre de l'Ordre du Canada, le titre d’officier de l'Ordre national du Québec et celui de chevalier de l'Ordre de Montréal, ainsi que la Griffe d'Or Hommage. En plus de ses nombreux prix et distinctions, Jean-Claude Poitras se distingue également par ses diverses implications auprès d'institutions culturelles et de la communauté. Encore aujourd'hui, Jean-Claude Poitras est actif dans divers domaines, dont ceux du design, des communications, de l’enseignement et des arts visuels.
Citations : « À l’avant-scène de la mode québécoise depuis le début des années 1970, Jean-Claude Poitras a su faire sa marque au Québec et ailleurs dans le monde par son savoir-faire exceptionnel et son originalité. Nous sommes ravis de présenter cette exposition, conjointement avec le Musée McCord, puisque nos deux institutions ont le privilège de conserver au sein de leurs collections plusieurs de ses créations empreintes de cette finesse et de cette élégance unique à sa signature. » Stéphan La Roche, directeur général, Musée de la civilisation
« Cette exposition propose une immersion dans l’univers d’un créateur montréalais qui occupe une place de choix parmi les grands noms de la mode québécoise depuis bientôt 50 ans. Comme musée de la mode de Montréal, le Musée McCord est fier de mettre en lumière – de pair avec le Musée de la civilisation - le travail et les inspirations de Jean-Claude Poitras, une figure incontournable de notre histoire de la mode. »
Suzanne Sauvage, présidente et cheffe de la direction, Musée McCord
« Dans cette exposition, vous constaterez que la mode n’aura pas été que mon métier, mais le fil conducteur de ma vie. Tout au long de mes chemins de traverse, j’ai eu le bonheur d’avoir été bercé et guidé par mes muses et mes petites mains, les gens de l’ombre et ceux de la lumière, des coulisses aux podiums, hors des sentiers battus. Je me souviens aujourd’hui qu’au-delà des apparences, nos regards croisés et nos rêves complices ont su tisser une belle histoire, toujours inachevée. » Jean-Claude Poitras, créateur de mode
Faits saillants : •
L’exposition réunit près de 160 objets et documents d’archives issus des dons de Jean-Claude Poitras au Musée de la civilisation et au Musée McCord, effectués entre 2001 et 2017, soit : -
81 objets, dont 63 sont des vêtements; 76 documents d’archives (lettres, photographies, publicités, affiches, etc.);
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Une sélection de ses plus belles créations provenant des collections des deux musées et de JeanClaude Poitras a été réalisée en concertation pour cette exposition;
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Des dispositifs multimédias et interactifs agrémentent le parcours de l’exposition. Parmi ceux-ci, notons des capsules audiovisuelles (dont des entrevues avec Jean-Claude Poitras), des projections illustrant les grandes inspirations de M. Poitras, ainsi que des iPad diffusant du contenu supplémentaire à propos des collaborateurs du créateur.
PRESS RELEASE
For immediate release
JEAN-CLAUDE POITRAS TAKES OVER THE MUSÉE DE LA CIVILISATION RUNWAY FOR THE SUMMER Québec City, June 19, 2019 – From June 20 to September 15, Musée de la civilisation is presenting an exhibition devoted entirely to the creative work and inspiration of the great Québec fashion designer, JeanClaude Poitras. Jointly produced by Musée de la civilisation and the McCord Museum, the exhibition JeanClaude Poitras: Fashion and Inspiration will then run at the McCord Museum from October 24, 2019, to April 26, 2020. A passion for fashion Even as a child, Jean-Claude Poitras was drawn to fabrics and their texture, movement, and color. This tactile and visual fascination with the material became the lifeblood of his career. Poitras’s creative instinct draws on childhood memories, the silver screen, and exotic new textures in vibrant colors. His inspirations for shapes and materials spring from fleeting impressions, intense emotions, and moments of sudden passion that touch the heart. Throughout his career, which has spanned more than four decades (1970s to 2000s), Jean-Claude Poitras has shaped the Québec fashion scene with his distinctive brand and intuitive, sensitive approach. His vision of fashion, fueled by his own emotions, led to a career punctuated by successes and defining moments. This exhibition lets visitors discover the creations and inspirations of Jean-Claude Poitras through clothing, objects, archival documents, and multimedia content. Minimalist in their presentation, the collections are organized around three of the designer’s biggest sources of inspiration: family and religion, muses and film, and travel. The first part of the exhibition explores designs inspired by Poitras’s memories of childhood, the church and Catholic rituals, and youth. The second highlights the influence the cinema had on Jean-Claude Poitras’s work, but also that of public figures and his true muse, Colette Chicoine. The last part of the exhibition is dedicated to the designer’s travels, with pieces inspired by the cultures and traditions of the world’s great cities. Cut from a designer’s cloth Renowned Québec fashion designer Jean-Claude Poitras is a key figure in the world of ready-to-wear in Québec and the rest of Canada. By partnering with many different manufacturers, he has created numerous successful brands, including Parenthèse, BOF!, Jean-Claude Poitras, and Qui m’aime me suive.
Over the course of his career, his designs have earned him many prestigious accolades, including the Fil d’or de Monte-Carlo, two Griffes d’Or, the Griffe d’Or Hommage, and the titles of Member of the Order of Canada, Officer of the National Order of Québec, and Knight of the Order of Montréal. In addition to winning numerous awards and distinctions, Jean-Claude Poitras is also known for his extensive work with cultural institutions and in the community. Mr. Poitras is still active in many fields, including design, communications, teaching, and visual arts. Quotes: “At the forefront of fashion in Québec since the early 1970s, Jean-Claude Poitras has made his mark in Québec and around the world through his exceptional talent and original perspective. We are thrilled to present this exhibition jointly with the McCord Museum. Our two institutions share the privilege of having many of his designs in our collections—designs that reflect his signature finesse and elegance.” Stéphan La Roche, Executive Director, Musée de la civilisation
“This exhibition immerses visitors in the universe of a Montréal designer who has been one of the leading names in Québec fashion for nearly 50 years. As Montréal’s fashion museum, the McCord Museum is proud to partner with Musée de la civilisation to highlight the designs and inspirations of Jean-Claude Poitras, an iconic figure in the history of fashion.” Suzanne Sauvage, President and Chief Executive Officer, McCord Museum
“In this exhibition, you will see that fashion has not only been my profession, but my lifeblood. Throughout my journey, I’ve had the good fortune of being nurtured and guided by my muses and little hands, the people behind the scenes and those of the spotlight, from the wings to the podiums, off the beaten track. Today I remember that, beneath the surface, our intersecting visions and shared dreams have woven a beautiful story that continues to unfold.” Jean-Claude Poitras, Fashion Designer
Highlights: •
The exhibition presents nearly 160 objects and archival documents from donations made by JeanClaude Poitras to Musée de la civilisation and the McCord Museum between 2001 and 2017, including: -
81 objects, 63 of which are articles of clothing 76 archival documents (letters, photographs, advertisements, posters, etc.)
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A selection of the most beautiful designs from the two museums’ collections and from Jean-Claude Poitras’s personal collection was chosen for this exhibition.
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Multimedia and interactive content enhance the experience with audiovisual vignettes (including interviews with Jean-Claude Poitras), screenings of some of Mr. Poitras’s greatest inspirations, and iPads with additional content about the people who collaborated with the designer.
The exhibition Jean-Claude Poitras: Fashion and Inspiration is a joint production of Musée de la civilisation and the McCord Museum. It runs at Musée de la civilisation from June 20 to September 15, 2019, in partnership with the Fairmont Le Château Frontenac as the official hotel, and then will be at the McCord Museum in Montréal from October 24, 2019, to April 26, 2020.
Related links: Musée de la civilisation: www.mcq.org and www.youtube.com/user/mcqpromo McCord Museum: www.musee-mccord.qc.ca/en/ – 30 – Media Relations: Québec City: Valérie Denuzière, 418-643-2158, ext. 206; Email: valerie.denuziere@mcq.org Montréal: Rosemonde Gingras, 514-458-8355; Email: rosemonde@rosemondecommunications.com
L’exposition Jean-Claude Poitras – mode et inspirations est une réalisation conjointe du Musée de la civilisation et du Musée McCord. Elle est présentée au Musée de la civilisation du 20 juin au 15 septembre 2019, avec la collaboration du Fairmont Le Château Frontenac à titre d’hôtel officiel, puis au Musée McCord à Montréal du 24 octobre 2019 au 26 avril 2020.
Liens connexes : Musée de la civilisation : www.mcq.org et www.youtube.com/user/mcqpromo Musée McCord : www.musee-mccord.qc.ca Jean-Claude Poitras : www.jeanclaudepoitras.com – 30 – Relations de presse : Québec : Valérie Denuzière : 418 643-2158, poste 206; courriel : valerie.denuziere@mcq.org Montréal : Rosemonde Gingras : 514 458-8355; courriel : rosemonde@rosemondecommunications.com
Document d'information
À propos de l’exposition
Sensible à différentes formes d’art, Jean-Claude Poitras révèle une nature passionnée. La mode constitue son premier moyen d’expression et oriente son parcours professionnel. L’instinct créatif de Poitras puise dans les réminiscences de l’enfance, les ambiances cinématographiques et l’exotisme de nouvelles textures aux coloris intenses. L’idée des formes et des matières surgit sous la pulsion d’une impression, d’une émotion vibrante, d’instants de passion inattendue qui touchent au cœur. Créateur de mode contemporain aux multiples talents, Jean-Claude Poitras convie à l’exploration de ses riches univers, sur une voie jalonnée de succès qui a aussi connu des détours, inhérents aux soubresauts d’une industrie capricieuse. Dans cette exposition, le visiteur découvre les créations de Jean-Claude Poitras ainsi que ses univers d’inspiration à travers un parcours ponctué d’objets, de documents d’archives et de dispositifs multimédias. Campée dans une ambiance épurée, la présentation des collections se décline donc selon les trois grandes sources d’inspiration du créateur : la famille et la religion, les muses et le cinéma, ainsi que les voyages. L’exposition Jean-Claude Poitras – mode et inspirations est une réalisation conjointe du Musée de la civilisation et du Musée McCord. Elle est présentée au Musée de la civilisation du 20 juin au 15 septembre 2019, avec la collaboration du Fairmont Le Château Frontenac à titre d’hôtel officiel, puis au Musée McCord à Montréal du 24 octobre 2019 au 26 avril 2020. Zone 1 Les débuts Zone 2 Les muses et le cinéma Zone 3 Les voyages
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À propos des collections
Le Musée de la civilisation et le Musée McCord ont tous deux acquis durant les dernières années des vêtements du designer de mode Jean-Claude Poitras. La collaboration entre les deux institutions muséales s’est imposée naturellement, permettant une meilleure mise en valeur des collections respectives des deux musées, tout en présentant un portrait plus complet du travail de Jean-Claude Poitras. Une sélection d’objets provenant des collections des deux musées a été réalisée en concertation.
Le Musée McCord La collection du Musée McCord, fusionnée avec celle du Musée de la mode, compte quant à elle un fonds d’archives de 276 cm de documents textuels et sonores, ainsi qu’une collection d’une cinquantaine de pièces de vêtement, dont des ensembles. Il s’agit de dons de Jean-Claude Poitras et de particuliers répartis entre 2005 et 2017.
Le Musée de la civilisation En 2001, Jean-Claude Poitras a offert au Musée de la civilisation un corpus de 140 vêtements et accessoires de sa collection personnelle, ainsi que 50 boîtes provenant de ses archives. En 2010, il a effectué une seconde donation de 55 vêtements et accessoires. Puis, en 2013, ont suivi quelques petites donations de monsieur Poitras ainsi que de particuliers. La collection du Musée de la civilisation s’est dès lors enrichie d’un des plus importants fonds d’un créateur de mode québécois ayant marqué le 20e siècle.
Deux pièces de deuil 1997 Jean-Claude Poitras Soie, métal Musée de la civilisation, 1999-25
Ce vêtement a été créé pour l’exposition Mode et collections du Musée de la civilisation (19971999). En s’inspirant d’un corpus d’objets de la collection du Musée, des designers invités développent une création originale. JeanClaude Poitras choisit des trousseaux de baptême et des robes de communiante. Sa robe de deuil, audacieuse et théâtrale, contraste par son noir profond et sa transparence.
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À propos de Jean-Claude Poitras
Jean-Claude Poitras est un important créateur de mode québécois. Né à Montréal en 1949, il termine ses études en design de mode à l’École des métiers commerciaux en 1969, puis des études en graphisme au Studio Salette en 1971. Au cours de sa carrière, il s’associe à de nombreux manufacturiers — Beverini, Importations Franck, Amsel & Amsel, International Trademarks Apparel, Irving Samuel et Fashion Société Design — et crée plusieurs griffes dont Parenthèse, BOF!, Jean-Claude Poitras et Qui m’aime me suive. Ses créations lui valent de nombreux prix prestigieux, dont le Fil d’or de Monte-Carlo en 1989, et deux Griffes d’Or au Québec en 1991. Il devient ainsi le tout premier créateur de mode à recevoir deux Griffes d’or à la fois pour sa collection féminine et sa collection masculine. En plus de ses nombreuses lignes de prêt-à-porter, Jean-Claude Poitras dessine des uniformes pour plusieurs entreprises. Pour couronner sa réussite, il reçoit le titre de membre de l’Ordre du Canada en 1995, pour ensuite être nommé officier de l’Ordre national du Québec en 1996, puis promu officier en 2012. Il se voit également décerner la Griffe d’Or Hommage en 2000. En plus de ses nombreux prix et distinctions, Jean-Claude Poitras se distingue également par ses diverses implications. En 2014, il est élu président du conseil d’administration du Musée du costume et du textile du Québec, qui deviendra par la suite le Musée de la mode de Montréal en 2016. Depuis l’annexion de ce dernier au Musée McCord, Jean-Claude Poitras siège au conseil d’administration de l’institution muséale.
Encore aujourd’hui, Jean-Claude Poitras est actif dans divers domaines, dont ceux du design, des communications, de l’enseignement et des arts visuels. En octobre 2018, il publie son livre Quand la vie défile, où il raconte son riche parcours et dans lequel il pose un regard sur la mode au Québec, des années 1950 à aujourd’hui. Plus récemment, en mai 2019, il reçoit le titre de chevalier de l’Ordre de Montréal, la plus haute distinction montréalaise qui rend hommage aux femmes et aux hommes qui contribuent de manière remarquable au développement et au rayonnement de la métropole.
Photo : Alexis K. Laflamme, photographe
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Zone 1 | Les débuts
La famille, Cartierville et le parc Belmont forment le creuset d’une créativité en devenir, nourrie de souvenirs d’enfance. Marie-Jeanne, la grand-mère aimante, incarne la figure marquante de cette période. L’odeur du bleu de lavande émanant de sa lessive, les passages du guenillou, personnage oublié récupérant les vieux vêtements, d’autres personnages fabuleux colporteurs d’un savoir singulier sur les chiffons du voisinage, conservent toute leur prégnance dans l’esprit du créateur.
La famille Manteau 1992 Griffe : Jean Claude Poitras Design Manufacturier : Poitras Design-Irving Samuel Canada inc. Laine, acétate, fourrure synthétique Musée de la civilisation, don de Jean-Claude Poitras, 2001-416-1 Photo : Jérôme Bourque – Icône
Les manteaux signés JeanClaude Poitras sont reconnus pour leur élégance et l’originalité de leur coupe. Les fourrures, les étoles que portent les femmes de sa famille pour la messe du dimanche influencent le créateur. Sa renommée amène des commandes uniques. Ainsi, à la demande de Madeleine Des Rosiers, épouse du peintre Jean Paul Lemieux (19041990), il crée ce manteau crème inspiré des paysages d’hiver de l’artiste. Sa coupe rappelle aussi les lignes des vêtements religieux.
À l’image du Québec des années 1950, Montréal est catholique et pratiquante. Les messes et la communion inspirent au jeune Jean-Claude ses premiers défilés. Les rituels religieux et les processions ordonnées laissent sur lui une empreinte durable, compatible avec une curiosité et une attirance irrépressible pour les cultures étrangères. Son désir le plus cher pour ses 7 ans : un repas dans le premier restaurant japonais de Montréal.
« J’aimais beaucoup tout ce qui était cérémonial. Lorsque j’assistais à la messe, j’y voyais un défilé de mode. » —Jean-Claude Poitras
Description de la zone
La religion
Dès l’introduction, le visiteur est accueilli par Jean-Claude Poitras à travers une ligne du temps soulignant l’importance de la contribution de celui-ci dans le milieu de la mode au Québec. Des documents d’archives présentent les éléments importants de sa carrière.
Robe 1992 Griffe : Jean Claude Poitras Design Manufacturier: Poitras Design-Irving Samuel Canada inc. Laine, velours et acétate Musée de la civilisation, don de JeanClaude Poitras, 2001-369 Photo : Jérôme Bourque – Icône
La zone 1 de l’exposition met en scène la famille et la religion comme première source d’inspiration dans le parcours du créateur. Dans une ambiance impressionniste, le visiteur découvre les créations rattachées aux souvenirs d’enfance de Jean-Claude Poitras, à l’église et aux rituels catholiques, de même qu’à la jeunesse.
Le noir est intimement lié à la foi et aux rituels catholiques ; il peut symboliser l’humilité, la pénitence ou le deuil. Le noir joue un rôle de premier plan dans les créations de Poitras : « Le noir est le symbole de l’élégance absolue… le noir est une couleur de lumière. »
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Zone 2 | Les muses et le cinéma
Amoureux du cinéma, Jean-Claude Poitras s’en inspire librement. De la séduction célébrée par Hollywood à la nouvelle vague du cinéma français, Poitras collectionne les images fortes empreintes d’un certain romantisme. Impressionniste, il explore une palette d’ambiances, de sensualité, de styles. Le couple Ingrid Bergman et Humphrey Bogart dans Casablanca (1942) marque à jamais ses imperméables. Sa première collection, BOF! pour Beverini, emprunte à Annie Hall (1977) une allure masculine adaptée pour la femme. Les Marlene Dietrich et Katherine Hepburn nourrissent ce répertoire androgyne. Du registre cinématographique, il tire aussi la transparence de l’organza, les drapés audacieux, les dos nus à la Marilyn. Ses muses sont Romy Schneider, Audrey Hepburn, Anouk Aimée, Jeanne Moreau... Outre ses idoles du 7e art, Poitras se nourrit d’autres formes d’expression : la chanson française, le jazz, la danse, la poésie, la peinture et la littérature.
« Pour moi, l’élégance aura toujours meilleur goût. » —Jean-Claude Poitras
Description de la zone Le glamour du cinéma américain classique est une source d’inspiration importante pour Jean-Claude Poitras. La seconde zone met en évidence l’influence du cinéma sur le travail du créateur, mais aussi celle des personnalités publiques et de sa muse incontestée, Colette Chicoine. Robes de soirée, trenchs très masculins, tailleurs et pièces d’archives de collection se côtoient dans une ambiance épurée afin d’évoquer l’importance du 7e art dans la vie de M. Poitras.
Colette, la muse Robe 1991 Griffe : Jean Claude Poitras Manufacturier : Poitras Design-Irving Samuel Canada inc. Soie Musée de la civilisation, don de Jean-Claude Poitras, 2001-398 Photo : Jérôme Bourque – Icône
Poitras crée cette robe exclusivement pour Colette à l’occasion du gala de la Griffe d’Or, prix étant décerné à ce dernier en 1991. Elle la porte à nouveau pour célébrer son 40e anniversaire, alors que JeanClaude la surprend avec une fête mémorable.
Femmes d’influence Tailleur 1995 Griffe : Jean Claude Poitras Manufacturier : Poitras Design-Irving Samuel Canada inc. Viscose et acétate Musée de la civilisation, don de Jean-Claude Poitras, 2001-429-1 et 2 Photo : Jérôme Bourque – Icône
Tailleur porté par Lisette Lapointe alors première dame du Québec, épouse de l’ancien premier ministre du Québec Jacques Parizeau.
La mode masculine d’Hollywood Photographie de Jean-Claude Poitras 1991 Photographie couleur sur papier Fujicolor Musée McCord, don de Jean-Claude Poitras, M2005.78.1148
Poitras pose dans un fauteuil de réalisateur devant des bandes de film suspendues, des bobines de film et une grande affiche de Humphrey Bogart. Sa signature au bas de la photo évoque les photos autographiées des vedettes hollywoodiennes.
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Zone 3 | Les voyages La Dolce Vita Robe 1993 Griffe : Jean Claude Poitras Design Manufacturier : Poitras Design-Irving Samuel Canada inc. Soie et lin Musée de la civilisation, don de Jean-Claude Poitras, 2001-344-01 Photo : Jérôme Bourque – Icône
À 20 ans, Jean-Claude Poitras entreprend, aidé par ses parents, un premier séjour en Europe. De Paris à Carcassonne, en Bretagne ou sur la Côte d’Azur, il apprend à cultiver l’émerveillement. Porté plus tard aux quatre coins du monde par sa carrière, il conserve bien vivant son émoi de l’exotisme. La démarche d’une Balinaise en sarong mouvant et fluide qu’il aperçoit demeure un moment de grâce, une épiphanie pour le créateur. Cette vision suscite un changement observable dans sa création : l’utilisation du jersey favorisant la souplesse et le mouvement. D’autres influences s’invitent dans les coupes, les matières, les couleurs, les styles. Voyager est non seulement une passion, mais devient bientôt pour Poitras une nécessité. Stimuler son imaginaire, s’évader, se ressourcer, autant de raisons de s’offrir ces répits salutaires et inspirants.
« Partir très loin pour me déconnecter complètement de mes habitudes de vie a toujours été important pour moi, c’était sacré. » —Jean-Claude Poitras
Description de la zone Dans une ambiance évoquant l’exotisme et les couleurs chaudes, la troisième zone est dédiée aux voyages du créateur. De l’Italie au Maroc, en passant par Hong Kong et le Japon, le visiteur y découvre des créations inspirées des cultures et traditions de grandes villes du monde. Ainsi, coloris flamboyants, motifs bigarrés, coupes démesurées et tissus raffinés composent les vitrines de cette zone. En conclusion de l’exposition, une robe de mariée somptueuse termine ce parcours riche et empreint des émotions suscitées par les différentes sources d’inspiration du créateur. Celleci fait écho à la robe de deuil présentée en introduction de l’exposition, et créée pour l’exposition Mode et collections présentée en 1997-1998 au Musée de la civilisation.
L’Afrique et l’Asie du Sud-Est Corsage et jupe 2000 Griffe : Jean Claude Poitras Coton Musée de la civilisation, don de Jean-Claude Poitras, 2010-1098-1 et -2 Photo : Jérôme Bourque – Icône
Cet ensemble a été créé pour l’événement Tissage et métissage présenté à Québec du 7 au 10 juillet 2000. L’événement, organisé par le bureau de l’UNESCO à Québec, incluait des démonstrations de techniques traditionnelles de tissage, un symposium international et un défilé de mode mettant en vedette les créations de designers canadiens et étrangers. Poitras a été jumelé à une artisane du Mali pour créer cet ensemble.
Robe de mariée 1994 Griffe : Jean Claude Poitras Manufacturier : Poitras Design-Irving Samuel Canada inc. Viscose Musée de la civilisation, don de Jean-Claude Poitras, 2001-438 Photo : Jérôme Bourque – Icône
Le Japon Gilet Vers 1980 Griffe : Jean Claude Poitras Design Manufacturier : Les Modes Jean-Claude Poitras inc. Laine et coton Musée de la civilisation, don de Jean-Claude Poitras, 2010-1062 Photo : Jérôme Bourque – Icône
Cette pièce se veut un hommage de Poitras à Kyoto. Sur place, il achète des échantillons de tissus et réinterprète à sa manière l’approche traditionnelle du vêtement japonais. La coupe, le style et l’assemblage des textiles proprement japonais traduisent cet esprit qui l’inspire depuis toujours.
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Jean-Claude Poitras, l’étoffe d’un grand couturier Publié le vendredi 5 juillet 2019
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Jean-Claude Poitras choisit des textiles dans son atelier (1989). PHOTO : RADIO-CANADA
Radio-Canada Les œuvres du couturier Jean-Claude Poitras seront présentées tout l'été dans le cadre de l'exposition Mode et inspiration qui s'ouvre au Musée de la civilisation, à Québec. Nos journalistes sont allés à la rencontre du créateur à différents moments de sa prolifique carrière. Revoyez quelques entrevues des années 1980 où il propose sa conception de la mode et de son métier.
La recherche constante de la qualité et de l’authenticité À l’émission Première page du 19 juillet 1983, Jean-Pierre Fournier rencontre Jean-Claude Poitras, alors jeune couturier en pleine ascension.
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Il lui demande comment il entend se démarquer pour atteindre le marché international, alors qu’il entrera en compétition avec d’autres grands créateurs.
! Ça se bâtit le prestige et je pense qu’il faut savoir jouer le jeu […] C’est possible de bâtir ça autour d’une image canadienne. […] C’est très important que je n’essaie pas d’être italien, ou américain ou français ou japonais, parce que je suis de Montréal et je veux rester ce que je suis. Je ne jouerai jamais la carte du folklore. " — Jean-Claude Poitras 1983
Dès le départ, Jean-Claude Poitras veut travailler avec des textiles qui se distinguent par leur qualité. Cela l’amène à trouver ailleurs dans le monde la matière pour confectionner ses créations. Il affirme ne pas avoir la possibilité de travailler ici ses coloris et ses imprimés. Pour cet artiste de la mode, les tissus fabriqués au Canada sont quelconques et ne l’intéressent pas.
! Je veux offrir de nouvelles textures aux gens. Je veux offrir des matières nobles, des matières pures. Malheureusement, je les trouve en Italie, en France, en Angleterre… " — Jean-Claude Poitras 1983
Le créateur aime se sentir entouré de son équipe. Il passe beaucoup de temps dans son atelier à être présent à chacune des étapes de la confection. Le designer se refuse à imposer à qui que ce soit les dictats de la mode. Il se perçoit plus comme un guide.
! Si la femme ne porte pas nécessairement la longueur de la saison, cela n’a aucune importance. La mode est une façon de vous exprimer vous-même. Soyez le plus personnel possible […] La mode est une seconde peau qui doit vous aller comme un gant. " — Jean Claude Poitras 1983
Se renouveler chaque saison tout en demeurant intemporel
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Le 28 avril 1987 à Arts Plus, la journaliste Danie Béliveau présente un reportage sur le couturier, de passage à Toronto pour le Salon de la mode canadienne. Poitras y célèbre alors dix ans de carrière en haute couture.
! J’ai longtemps eu la réputation d’être le créateur canadien le plus cher. J’étais tellement quelqu’un qui croyait à la qualité, quand j’allais en Italie que je voyais des cachemires superbes, des mohairs magnifiques, je ne pouvais pas y résister. " — Jean-Claude Poitras
Sur son style, il mentionne que certains le qualifient d’avant-gardiste, d’autres
de classique. À cette époque, la renommée de Jean-Claude Poitras est grandissante, on parle même d’une $ silhouette Poitras % avec ses lignes amples tant pour les femmes que pour les hommes. Le créateur s’inspire de personnalités comme Jeanne Moreau, Andrée Lachapelle et la chanteuse Barbara de qui il admire le côté classique et intemporel.
! Je ne pourrai jamais renoncer à mes grandes jupes à plis. Je les renouvelle chaque saison, mais elles me sont fidèles. […] J’aimerais arriver à un côté intemporel et que les gens puissent dire "Ça c’est du Poitras! Est-ce que c’est du 1979? Du 1986?" " — Jean-Claude Poitras 1987
La journaliste explique que seulement 4 % des créateurs canadiens réussissent à pénétrer le marché international. Jean-Claude Poitras fait partie de ce maigre pourcentage.
! Si j’ai réussi à percer ça été fait d’acharnement, de passion pour ce métier. Et d’y croire parfois désespérément. " — Jean-Claude Poitras 1987
La reconnaissance sur le plan international
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En 1989 alors âgé de 39 ans, il rafle le prestigieux prix Fil d’Or. C’est la première fois qu’un modiste canadien remporte cet honneur. Ce prix international lui est remis à Monte-Carlo des mains du célèbre couturier Karl Lagerfeld. Cette reconnaissance le hisse aux côtés des Gianni Versace et Giorgio Armani, également lauréats de cette récompense, qui $ couronne chaque année un couturier talentueux. %. Au Montréal ce soir du 6 mars 1989, la journaliste Catherine Kovacs le rencontre à cette occasion qu’il qualifie de moment décisif dans sa carrière.
! Ça m’a complètement étonné et sachant l’importance d’un tel événement, c’est absolument incroyable et inespéré. […] Ça me dit en quelque sorte : "Tu as eu raison de croire en la qualité." " — Jean-Claude Poitras 1989
Publié le 02 juillet 2019 à 16h00 | Mis à jour le 02 juillet 2019 à 16h00
Coquilles de soi: cocon de vêtements
Iris Gagnon-Paradis La Presse L'exposition Coquilles de soi, actuellement présentée au Musée de la civilisation, à Québec, met en lumière le travail fascinant de l'artiste visuelle canadienne Libby Oliver, où le vêtement, matière identitaire et sociale, devient un cocon dans lequel on se cache et se dévoile tout à la fois.
L'artiste Libby Oliver pose devant son exposition au Musée de la civilisation, à Québec. PHOTO FRANÇOIS OZAN, FOURNIE PAR LE MUSÉE DE LA CIVILISATION
Originaire de Toronto, Libby Oliver a fait de l'île de Vancouver sa maison depuis six ans ; elle y a fait son baccalauréat en arts à l'Université de Victoria. Âgée de 28 ans, elle porte un intérêt aux objets comme vecteurs d'intimité et porteurs de sens social, objets qu'elle explore dans son travail photographique et installatif.
« J'essaie de voir comment on peut comprendre les personnes à partir des objets, comment on communique socialement à travers les choses que nous possédons, qui sont à la fois significatives pour nous et dénuées de sens. » Bref, un « paradoxe culturel » auquel personne ne peut échapper vraiment, et qu'elle met en évidence dans ses créations. Sa démarche artistique entre ainsi dans l'intimité des gens, des amis, mais aussi des inconnus. Ainsi, un de ses projets consiste à visiter une chambre à coucher et à photographier les objets qui s'y trouvent, sans mise en scène, dénués de leur contexte et de leur histoire. Objet d'identité Son projet Soft Shells, actuellement exposé au Musée de la civilisation sous le nom Coquilles de soi, résonne fortement auprès des visiteurs, car il touche aux vêtements, un sujet à la fois très intime et fortement d'actualité avec tout ce qui entoure l'industrie de la fast-fashion et le gaspillage qu'elle génère. « Je crois que [le gaspillage] est la première chose qui vient en tête lorsque les gens voient mes photos, et oui, cela fait partie de la conservation. Mais mon but n'est pas de faire en sorte que les gens se sentent mal ou de les encourager à se débarrasser de leurs vêtements ! » Le vêtement, ici, se révèle avant tout comme objet porteur d'identité des 19 sujets pris en photo, issus de tous les horizons et dont l'âge varie de 6 jours à 89 ans. « On utilise souvent le vêtement pour essayer de comprendre quelqu'un, et c'est à travers lui qu'on communique aux autres, ce qui crée différents systèmes de catégorisation dans la société, ajoute-t-elle. C'est aussi un objet qu'on ne peut éviter ; même si une personne dit ne pas suivre la mode, elle doit quand même s'habiller. »
Coquilles de soi tente ainsi de présenter « une personne dans son entièreté », à travers ses vêtements, mais pose aussi la question de la possibilité même de cette démarche, en mettant en lumière les différents niveaux de perception qui peuvent exister par rapport à un individu.
Safia Nolin fait partie des participants au projet Coquilles de soi. PHOTO LIBBY OLIVER, FOURNIE PAR LE MUSÉE DE LA CIVILISATION
Photographiés dans des « coquilles » composées de leurs propres vêtements, les sujets, méconnaissables, dévoilent un oeil, une main, un pied, une bouche colorée. Pour arriver au résultat final, l'artiste fouille dans leur garde-robe, sélectionne des morceaux, puis vient pour ainsi dire « sculpter » les pièces choisies autour de la personne, créant autour d'elle un cocon éphémère de vêtements, organisés ici par couleur, là par texture. Un processus qui peut être éprouvant - les vêtements sont lourds, il fait chaud et il faut rester immobile durant environ 45 minutes. Certaines personnes paniquent ou expérimentent un état de grande vulnérabilité ; d'autres, au contraire, se sentent bercées, enveloppées, remarque-t-elle. Ce fut le cas du designer Jean-Claude Poitras (qui fait aussi l'objet d'une exposition au Musée actuellement), dont elle a fait le portrait lors d'une résidence d'un mois, à Québec, où elle a aussi photographié quatre autres personnes, dont Safia Nolin. « Je ne me suis pas senti disparaître sous tous ces habits de mon passé et de mon présent. Au contraire, je me suis senti habillé, porté et habité par le voyage de ma vie. »
Le designer Jean-Claude Poitras a participé au projet Coquilles de soi. PHOTO LIBBY OLIVER, FOURNIE PAR LE MUSÉE DE LA CIVILISATION
Au bout du compte, l'artiste espère que l'exposition fera également réfléchir à la façon dont nous jugeons les autres en nous arrêtant à leur apparence, un sujet qui s'impose avec notamment la nouvelle loi sur la laïcité qui induit un climat de « surveillance sociale », croit-elle. « Je crois que l'exposition arrive dans un moment opportun au Québec, alors qu'on dit aux gens ce qu'ils peuvent porter ou pas, en ciblant particulièrement des minorités. Paradoxalement, on célèbre l'expression de soi, la mode et la liberté de choisir son style... Pour moi, c'est inquiétant. » Coquilles de soi est présentée au Musée de la civilisation, à Québec, jusqu'au 15 septembre.
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Jean-Claude Poitras: la fabuleuse histoire d’un grand couturier
Photo: François Ozan, Agence Icône Plusieurs formes d’expression nourrissent l’inspiration du designer Jean-Claude Poitras: cinéma, chanson française, jazz, danse, poésie, peinture, littérature...
Hélène Clément à Québec Collaboratrice 21 juin 2019
Culture
Le Musée de la civilisation à Québec présente jusqu’au 15 septembre Jean-Claude Poitras – Mode et inspirations. L’exposition, consacrée au travail de création et aux inspirations du designer de mode québécois, rassemble 160 objets, dont des vêtements et des documents d’archives. Une sélection de ses plus belles réalisations. « Sensible, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit pour résumer la personnalité de Jean-Claude Poitras », précisait mercredi Stéphan La Roche, directeur du Musée de la civilisation, pour l’inauguration de l’exposition. Un bref tour de la galerie en compagnie du célèbre couturier a suffi pour être en phase avec le sympathique directeur du musée, qui a visiblement eu du plaisir à travailler avec l’artiste. « Oui, JeanClaude Poitras est animé d’une grande sensibilité qui n’a d’égale que la passion et la curiosité qui l’animent depuis qu’il est tout jeune. » À l’image du Québec des années 1950, Montréal est catholique pratiquante. Les rituels religieux inspirent l’artiste et laissent une empreinte durable, compatible avec une curiosité et une attirance pour les cultures étrangères qu’il développe au fil de sa carrière. Ses premiers défilés de mode, c’est donc à la messe qu’il les a imaginés : « La communion m’inspirait, je voyais valser dans les allées visons et castors. » Le côté liturgique un peu soutane et cérémonial que l’on reconnaît, entre autres dans les formes de ses manteaux, souffle comme une brise fraîche à travers son oeuvre. Les femmes ont aussi marqué sa vie : « Ma grand-mère Marie-Jeanne, mais aussi les tantes, cousines et amies de la famille qui venaient tricoter et crocheter le dimanche soir. »
Photo: François Ozan, Agence Icône «Le noir est le symbole de l’élégance absolue. Le noir est une couleur de lumière.» - Jean-Claude Poitras
Une capsule audiovisuelle raconte que sa grand-mère, qui était sage-femme — c’est elle qui l’a mis au monde —, lui a offert à l’âge de trois ou quatre ans une poupée. « Je l’adorais, cette poupée. Je l’habillais, je lui imaginais un destin, une vie. Mais je faisais honte à mon père et j’ai dû m’en séparer. Puis, un jour, elle a disparu. Ce n’est qu’à l’été 2018, lors d’un samedi de canicule, alors que je visitais ma tante Aline, qu’elle m’a dit : “J’ai quelque chose à te remettre.” Elle est allée chercher cette poupée qui avait marqué mon enfance et qui allait également marquer mon destin. » La jolie poupée, vêtue d’une robe rose pâle, fait partie de cette exposition qui réunit quelque 160 objets, dont des vêtements et des documents d’archives (lettres, photographies, publicités, affiches) issus des dons de Jean-Claude Poitras aux musées de la civilisation et McCord. Les grandes créations C’est donc dans un parcours ponctué d’objets, d’artefacts et de dispositifs multimédias, le tout campé dans une ambiance épurée et de défilé de mode, que le visiteur découvre l’univers qui a orienté le parcours professionnel de l’artiste.
L’exposition Jean-Claude Poitras – Mode et inspirations se décline en trois zones. La première présente la famille et la religion comme premières sources d’inspiration dans le parcours du créateur québécois. On y découvre notamment les créations rattachées à ses souvenirs d’enfance à l’église et aux rituels catholiques. Le noir joue un rôle de premier plan dans le travail du couturier. En témoigne une robe de deuil. « Le noir est le symbole de l’élégance absolue. Le noir est une couleur de lumière », précise-t-il. La seconde zone met en évidence l’influence du cinéma, dont M. Poitras est friand, ainsi que des personnalités publiques qu’il a habillées sur demande. Le couple Ingrid Bergman et Humphrey Bogart, dans Casablanca (1942), a marqué à jamais ses imperméables. « D’ailleurs, si Humphrey Bogart était encore vivant, il porterait sûrement un de mes trenchs », dit-il. Sa première collection BOF ! pour Beverini a emprunté à Annie Hall (1977) une allure masculine adaptée pour la femme. Si le glamour cinématographique et ses idoles du 7e art classique (Romy Schneider, Audrey Hepburn, Anouk Aimé, Jeanne Moreau) ont été une grande source d’inspiration pour l’artiste, il s’est aussi nourri d’autres formes d’expression, dont la chanson française, le jazz, la danse, la poésie, la peinture et la littérature. La troisième zone est consacrée à ses voyages. « Partir très loin pour me déconnecter complètement de mes habitudes de vie a toujours été important pour moi, c’était sacré. » On découvre dans cette section coloris flamboyants, motifs bigarrés et tissus raffinés. Loin de nous, ici, le noir. On craque pour ses kimonos, sa jupe en tissu du Mali et ses vêtements en soie qui ressemblent à du cuir. Et toujours cette élégance dans la création. « L’élégance aura toujours meilleur goût », aime à dire l’artiste, né à Montréal en 1949 et dont les créations lui ont valu plusieurs prix prestigieux, entre autres le Fil d’or de Monte-Carlo en 1989 et deux griffes d’or, à la fois pour sa collection féminine et masculine.
Photo: François Ozan, Agence Icône
Et si l’habit faisait le moine « On me connaît pour ma facette minimaliste, mais j’ai un petit côté fou », dit-il en racontant l’histoire du fameux blouson pizza qu’il a créé pour les animateurs de la télévision de Radio-Canada lors des Jeux olympiques de 1976 à Montréal.
Autre côté fou : il a servi de modèle à la jeune artiste et photographe canadienne Libby Oliver, dont l’exposition Coquilles de soi, également inaugurée mercredi, affiche une vingtaine de photographies d’individus enveloppés dans les vêtements qui constituent leur garde-robe et dont l’âge des sujets varie de 9 jours à 88 ans. « Le vêtement est-il un mode authentique d’expression de soi, alors qu’il a toujours été un symbole de positionnement social ? » s’interroge Libby Oliver. Peut-être ne s’habille-t-on que pour se protéger ou se délayer dans une communauté de son choix ? Quoi qu’il en soit, cette exposition originale de photos d’individus, connus ou pas, croupissant sous des amas de vêtements, les leurs, ne laisse pas indifférent. Ah oui, il semble toujours y avoir un petit élément, une particularité propre à l’individu qui fait en sorte que vous le reconnaîtrez. Jean-Claude Poitras ? Ses lunettes, peut-être.
Édition du 20 juin 2019 - Section ARTS ET ÊTRE - Écrans 1 et 15
ICI Québec
Le Musée de la civilisation, le nouveau podium de Jean-Claude Poitras Publié le mercredi 19 juin 2019
Radio-Canada Dans une des salles du Musée de la civilisation de Québec défileront cet été les créations de Jean-Claude Poitras. Conçue en collaboration avec le Musée McCord, l’exposition sur la mode et les inspirations du créateur se veut une incursion dans la carrière de ce passionné de textures, de tissus, de couleurs et de design. Le créateur était présent mercredi à Québec pour souligner l'ouverture de l'exposition. ! Je suis très fier d'avoir été cet homme libre qui n'a obéi à aucune règle et qui n'a fait qu'à sa tête #, a-t-il affirmé lors d'un point de presse. Dès 1972, Jean-Claude Poitras ouvre son premier atelier de création dans le Vieux-Montréal et propose du prêt-à-porter féminin et masculin. Au cours des années suivantes, il continuera de se faire découvrir pour ses manteaux élégants, ses montres, ses uniformes. Ses collections feront le tour du monde. Justement, l’aspect voyage est présent dans l’exposition du Musée de la civilisation, présentée du 20 juin au 15 septembre. Les collections se déplaceront ensuite à Montréal, au Musée McCord d’octobre à avril. Une des zones de l’exposition propose des créations
inspirées par le monde, avec des tissus qui évoquent les traditions d’ailleurs et des couleurs exotiques.
Les deux musées ont pris soin de bien sélectionner les conceptions du créateur parmi une large sélection de pièces et d'objets. Photo : Radio-Canada
! Je dois avouer que je dois toute ma vie et toute ma carrière à toutes les femmes que j'ai croisées. " — Jean-Claude Poitras
En plus d’une saveur internationale, l’exposition Jean- Claude Poitras – mode et inspirations permet également d’en apprendre sur les débuts de l’artiste, en commençant par son enfance, mais aussi à travers son intérêt pour le cinéma. Le parcours du visiteur inclut des vêtements, des objets, des documents d’archives et des dispositifs multimédias. L’exposition qui ouvre cette semaine à Québec est le résultat de dons faits par le créateur entre 2001 et 2017 au Musée de la civilisation et au Musée McCord. Les plus belles créations ont été sélectionnées en collaboration avec les deux musées pour mettre sur pied Jean- Claude Poitras – mode et inspirations.
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métrs (!) 22.:59 19 ju·n 2019
Pa : Charlotte Merc il le
Métro
Jean,-,Claude Pait.ras:l'étoff'e d·''un1créateur sensible
Photo : Gracieuseté/Musée de la ci11ilisationd Québ c
Jean~Claude Paitras
1 .:étésera complètement: mode au Musée de la cîvil~sationde-Québec qui présente-une irétri-o ,spec1:îvedu desi,gner Jeana Claude-Poirtrns,aocompag1née des cliché,s de Ubb.yOliver.
c~es:tun .Jean-Claude Poirtrns,à, f\1eu:r de peau qu
11
a dévoilé Ia première expo,sition consacrée à sa carrière en mode des
années 1970 ,à 2000. Et:pou r ,cause: l'ensemble de son œuvre est:marqué par une girandesensîbilîrté.Sa démarche intuitive a prnfondément influencé le prêt-à-porter québécois et charmé de nombreus:es pers,o,nnalités comme .Andrée Lachaipelle., IDanyLaferrière a ns1que sa muse încontes:tée., ûoleUe Ch.~coine . Homme de style plutôt que de tendances:.,
il dit être «né pour n-obéir à aucune règ1Ie et creuser dienouveaux. sillons:». A:près ses études en desigrnde mode et en g1raphismei iI amorce sa carrîère de designe'.r en signa nt notamment Ie
fameux veston pi.z.zades. an·mateurs radio-canadiens aux Jeux olympiques: de Montréal.
Les créations subséquentes de Jean -Claude Poitras sont divisées entre ses trois sources principa les d'inspiration : les petites mains et les ritue ls catholiques de son enfance à Cartierville, l'élégance de ses muses du cinéma, y compris de son ex-compagne Colette Chicoine, et sa fascination pour les t issus et les coupes du monde , dont ceux du Japon et du Mali. «Un designer de mode est là pour traduire l'air du temps . Il doit avoir une vaste cu lture générale, un goût pour les voyages, le cinéma ou encore la danse. Il faut cet éveil pour qu'en mode, on puisse offr ir quelque chose qui ait un supplément d'âme», soutient M. Poitras. Aux créateurs fraîchement diplômés, Jean -Claude Poit ras conseille de se faire confiance avant tou t. «En sortant de l'école, on pense parfois qu'il faut absolument prendre la voie difficile en travaillant pour un manufacturier, ma is si on sent profondément qu'.on a quelque chose d'unique à apporter, c'est important d'aller au bout de ce talent.» L'.expérimentation dans toutes sortes de stages représente pour lui la meilleure formation . Le couturier voit aussi l'avenir de la mo,de d'un bon œil. Il applaudit les élans de cocréat.ion et la conscience de plus en plus écoresponsable de l'industrie . «Les jeunes ont ce devoir de montrer le beau visage de la mode, qu'elle ne se définit plus seulement par la fast-fashion avec les ateliers du Bangladesh . Les manufacturiers d'importance emboîtent le pas en recyclant de plus en plus les matériaux pour les vêtements neufs, et la jeune génération peut faire toute la différence à cet égard», observe+il.
Édition du 23 mai 2019