Projet : Pour les arts vivants Lettre à Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications du Québec
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Communiqué Pour diffusion immédiate
Pour les arts vivants Lettre à Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications du Québec
Montréal 26 mai 2020. Neuf semaines. Les artistes ont attendu neuf semaines, pendant lesquelles, du côté du gouvernement québécois, ce fut, pour rester poli, la grande discrétion, et pour être franc, le silence complet. Lors des conférences de presse, les arts de la scène n’étaient jamais mentionnés. Au Conseil des arts et des lettres du Québec – notre interlocuteur auprès du gouvernement –, on semble naviguer entre ce même silence et l’opacité : des programmes viennent d’être suspendus sans que les artistes aient été consultés. Nos associations professionnelles, dont le Conseil québécois du théâtre (CQT), se démènent pour faire circuler auprès des autorités des plans de relance et de sauvetage. Mais nous n’avons toujours pas reçu de retour. La seule manifestation de soutien concret provient de notre raison même d’exister : le public. Il est là, il nous écrit chaque jour pour savoir quand nos portes ouvriront. Notre lien avec lui n’est pas rompu, et c’est aussi pour ne pas l’abandonner que nous exigeons de notre gouvernement un canal de communication clair, ainsi qu’une rencontre avec le ministère de la Culture. Au début, nous comprenions. Les urgences se logeaient en d’autres lieux de la société : les hôpitaux, le personnel, l’équipement, les résidences pour aînés, l’éducation. L’économie. Nous nous sommes tus, et les rares fois où nous parlions, c’était pour exprimer toute notre solidarité, notre compassion. Plusieurs d’entre nous ont mis leur talent à contribution, bénévolement : ils ont offert une chanson, une danse, un poème. Les combats ont continué, rapidement les CHSLD ont été frappés de plein fouet, les morts ont continué à déferler, la contagion s’est propagée dans la collectivité, Montréal a été atteinte en son cœur. Elle est encore meurtrie. Personne parmi nous ne l’ignore : comme tout le monde, nous avons des parents dans des résidences, des enfants qui ne peuvent pas aller à l’école, des amis malades, des proches qui meurent. Nous avons été bouleversés, nous le sommes encore, nous le serons longtemps – nous qui jouons parfois des pièces vieilles de plus de mille ans, nous n’avons pas l’amnésie facile.
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Il était de mise de se taire, par décence : l’urgence de la situation le commandait. Plusieurs d’entre nous ont vécu des deuils artistiques importants, qui ne sont certes rien aux côtés des deuils d’êtres vivants. Néanmoins, des années de travail ont été balayées par le souffle mortel de la pandémie : des spectacles en cours, en répétition, en gestation. Nos programmations, qui se bâtissent sur plusieurs années, ont été déchiquetées par la tornade. Et puis, assez rapidement, certaines mesures de déconfinement ont été proposées pour les écoles et les commerces en région. Nous avons même eu l’espoir d’assister à la réouverture des classes du primaire dans le Grand Montréal. On se prépare à la remise en marche de nombreux autres secteurs essentiels de notre société. Et nous, et nous ? Prenez votre mal en patience, les artistes, votre tour s’en vient. Le jour tant attendu est arrivé : le vendredi 22 mai 2020. Alléluia ! Nous serions sans doute de mauvaise foi de constater que la première annonce destinée au milieu culturel s’est faite sans la présence du premier ministre, car de bonnes nouvelles vont être enfin dévoilées à notre secteur. L’annonce : mettez deux ou trois kodaks dans le coin de la scène, ça devrait faire l’affaire en attendant. Pour le reste, il y a les ciné-parcs. Captations et blockbusters : tel est le plan culturel du Québec proposé au monde du spectacle vivant vendredi dernier. Nous en avons été profondément consternés. Le milieu des arts de la scène est unanime : cette conférence de presse a été vécue comme un affront. Car c’est ce que nous sentons, de la part de notre gouvernement : que nous ne sommes pas pris au sérieux. Qu’on nous dira plus tard quand nous pourrons distraire la foule à nouveau, et en attendant, il y a en provenance d’Ottawa la PCU…, qui, au bout de quatre demandes, s’éteint. Que deviendront les artistes par la suite ? Nul ne le sait, rien n’a été dit à leur sujet. Nous méritons plus que ces « non-annonces », artistes interprètes et concepteurs, techniciennes de scène et travailleurs culturels, chorégraphes et metteurs en scène, spectatrices et spectateurs. Nous méritons plus qu’une possibilité de réaliser des captations dès le 1er juin avec cinq techniciens. Mais de quoi parle-t-on exactement ici ? De quel genre de captations ? Et devant qui ? Sait-on que l’accueil du public n’est pas qu’une question de rentabilité ? Que sans sa présence physique, son énergie, son retour immédiat et palpable, les arts de la scène n’ont pas de sens ? Que les actrices, les danseurs, les musiciennes se nourrissent de cette humanité rassemblée pour jouer leur partition ? Qu’en se contentant de seulement diffuser des œuvres scéniques sur un écran, on nous coupe du lien direct, essentiel avec le public ? Que cette diffusion, si elle se substitue à la représentation devant des spectateurs, nous met en face du vide, de la profonde solitude qui fait déjà des ravages dans notre population ? Non, le numérique n’est pas la panacée des arts vivants. Sait-on qu’un spectacle prend plus que deux petites semaines à mettre sur pied ? Que nous avons besoin d’édifier ensemble un calendrier afin de prévoir des programmations alternatives
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qui aient du sens ? Le milieu de l’éducation a eu droit à ce calendrier, ainsi qu’à des modalités et à des ressources, certes perfectibles, mais annoncées. Nous contribuons, parfois loin des projecteurs médiatiques, mais sans jamais défaillir, à l’affirmation d’un peuple. C’est par l’art que se définit l’âme d’une population. C’est dans nos salles que se trouve l’agora. C’est par le corps des danseurs et des acteurs que s’exprime notre désir de liberté, d’élévation, de dépassement. Les temps tragiques que traversent nos sociétés, c’est nous qui les raconterons aux générations futures. Nous pouvons amener du réconfort, oui, mais aussi de la critique, du recul, de la pensée : nous sommes un rouage essentiel à la vie démocratique du pays. Nous sommes les témoins, les opposantes, les subversives, les esprits libres, les chagrineurs, les satiristes, les philosophes, les poètes, les objecteurs de conscience. Nous sommes les taons qui piquent sans relâche le cheval du corps social : la piqûre ne fait pas toujours du bien, et elle n’a pas valeur de vaccin, mais elle reste essentielle. Car sans cette piqûre, l’attelage n’avance pas. À quoi bon guérir si nous n’avons plus rien à nous dire ? À quoi bon venir à bout de ce fléau si c’est pour se réfugier dans la consommation vidée de sens, de beau ? Nous ne désirons pas la lune, mais un dialogue, une visibilité, une écoute. Personne parmi nous n’a la prétention de vivre dans une bulle séparée du reste de la société : nous souhaitons être considérés, un point c’est tout. Les arts de la scène québécois constituent un milieu vaste, complexe, diversifié. Il n’est pas donné à tous et à toutes de posséder les connaissances requises pour comprendre tous ses rouages et son fonctionnement, c’est pourquoi nous, les artistes, demandons à être consultés à titre d’experts. Il s’agit de pouvoir accompagner dignement, à notre mesure, avec nos armes, la bataille collective qui a lieu : nous avons notre mot à dire sur le futur que nous dessinerons tous ensemble. Cette vision du monde, ce regard franc, libre, nous en avons besoin plus que jamais. Des rencontres entre des chefs d’État et des artistes ont eu lieu dans de nombreux pays. En France, une pétition de plus de 40 000 signataires a réussi à mobiliser le président Macron au sujet de la culture, le poussant à recevoir treize artistes issus du spectacle vivant et du cinéma. Des mesures concrètes ont été annoncées. Des promesses ont été faites. Et un argument de taille a été prononcé par les artistes, qu’il n’est pas inutile de rappeler ici : la réinvention, l’expérimentation, le rejet de l’ancien monde, les nouvelles technologies, l’explosion de la normalité et la relation au public repensée, nous n’avons pas attendu la crise actuelle pour les mettre en œuvre. Nous y travaillons depuis très exactement deux mille cinq cents ans. Nous exigeons de toute urgence une rencontre avec la ministre de la Culture Nathalie Roy. Plusieurs de nos revendications circulent dans nos plans de relance. Il nous est primordial de les faire entendre. Parmi celles-ci : l’assurance qu’un filet social vienne sauver d’innombrables artistes, pour qui la PCU à ce jour n’est pas reconduite au-delà des quatre demandes; des mesures de soutien pour les jeunes compagnies qui ne peuvent se prévaloir de la subvention salariale; un calendrier évolutif d’ouverture des salles de répétition et des salles de spectacle; un plan de sauvetage arrimé à ce calendrier.
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Madame la ministre, n’ayez crainte : nous travaillons déjà et continuerons de travailler d’arrache-pied avec la Santé publique sur les mesures qui précisent comment assurer la distanciation physique, où mettre le gel hydroalcoolique, combien de masques sont nécessaires, avec quel produit désinfectant laverons-nous les sièges. Mais cela ne sera pas suffisant, car ces mesures ne disent rien de notre art. De ce que les artistes veulent faire, de ce que le public veut recevoir. Il est donc impératif que nous participions au processus décisionnel, afin que nous puissions nous adresser à nouveau à nos sœurs, à nos frères, à nos parents, à nos enfants, à nos aînés, à nos amis. À nos contemporains. La crise que nous subissons est terrible, mais l’humanité a connu pire, hélas. L’art vivant a résisté à tous les épisodes tragiques de l’Histoire, il n’a jamais pu être éradiqué, au fond de la nuit concentrationnaire comme à l’ombre des dictatures, au milieu des ruines de la guerre comme au creux des épidémies les plus dévastatrices. Pas un seul virus sur cette planète, aussi virulent soit-il, n’en viendra à bout. Oui, bien sûr, nous suivrons le calendrier proposé par la Santé publique, envers qui nous réitérons toute notre confiance. Nous tenons simplement à rappeler qu’en maintenant les salles fermées, nous ne faisons pas que mettre des milliers de gens sur la paille : nous mettons collectivement en berne le drapeau de l’imagination. Dans les arts de la scène, la fiction et la création ne peuvent se déployer que par la convocation et la rencontre. Tant que nous ne pourrons rouvrir nos salles, nous n’arriverons pas à nous projeter dans un ailleurs, dans un futur, dans un monde meilleur. Nous sommes en train d’entraver la capacité de rêver. Et si nous ne pouvons plus rêver, nous ne sortirons jamais de ce cauchemar. Olivier Kemeid Auteur, metteur en scène En concertation avec : Sylvain Bélanger Metteur en scène Martin Faucher Metteur en scène Brigitte Haentjens Metteure en scène Stéphanie Jasmin Autrice, metteure en scène et conceptrice vidéo Denis Marleau Metteur en scène, scénographe
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Ginette Noiseux Conceptrice de costumes Claude Poissant Metteur en scène Et avec l’appui des 250 premiers signataires : Marie-Anne Alepin, actrice, metteure en scène; Quincy Armorer, actor, director; Lionel Arnould, concepteur vidéo; Sylvio Arriola, acteur, concepteur vidéo; Olivier Arteau, acteur, metteur en scène; Fred Auger, concepteur design sonore; Paule Baillargeon, actrice, réalisatrice, scénariste; Anaïs Barbeau-Lavalette, autrice, cinéaste; Angelo Barsetti, concepteur maquilleur; Marie-Josée Bastien, actrice, metteure en scène; Jérémie Battaglia, concepteur vidéo; Lucie Bazzo, conceptrice d'éclairages; Christine Beaulieu, actrice, autrice; Félix Beaulieu-Duchesneau, acteur, metteur en scène; Martine Beaulne, metteure en scène, actrice; Christian Bégin, acteur; Marc Béland, acteur; Nini Bélanger, metteure en scène; Eudore Belzile, acteur, metteur en scène; Charles Bender, acteur, metteur en scène; Amélie Bergeron, metteure en scène; Pierre Bernard, metteur en scène; Sarah Berthiaume, autrice, actrice; Olivier Bertrand, directeur artistique; Véronique Bertrand, scénographe; Marie-Louise Bibish Mumbu, autrice; Amy Blackmore, artistic director; Florence Blain Mbaye, actrice, musicienne; JeanFrançois Blanchard, acteur; Elsa Bolam, former director artistic; Céline Bonnier, actrice; Mario Borges, metteur en scène; Véronique Bossé, artistic director; Michel Marc Bouchard, auteur, scénariste; Simon Boudreault, acteur, auteur, metteur en scène; Dany Boudreault, acteur, auteur, metteur en scène; Catherine Bourgeois, autrice, metteure en scène, scénographe; André Brassard, metteur en scène, homme de théâtre; Marie Brassard, autrice, metteure en scène, actrice; Fanny Britt, autrice, traductrice; Éric Bruneau, acteur; Virginie Brunelle, chorégraphe; Linda Brunelle, conceptrice de costumes; Alexia Bürger, metteure en scène, autrice, actrice; Sophie Cadieux, actrice, metteure en scène; Anne-Marie Cadieux, actrice; Stéphanie Capistran-Lalonde, assistante à la mise en scène; Maxime Carbonneau, acteur, metteur en scène; Carol Cassistat, acteur, metteur en scène; France Castel, chanteuse, actrice; Lise Castonguay, actrice, metteure en scène; Catherine Chabot, autrice, actrice; Dominic Champagne, auteur, metteur en scène; Patrice Charbonneau-Brunelle, scénographe; Julie Charland, conceptrice de costumes; Normand Chaurette, auteur; Violette Chauveau, actrice; Micheline Chevrier, artistic director; Olivier Choinière, auteur, metteur en scène; Estelle Clareton, chorégraphe; Nathalie Claude, actrice; Guillaume Corbeil, auteur, scénariste; Michelle Corbeil, directrice artistique; Larissa Corriveau, actrice, cinéaste, réalisatrice; Sophie Corriveau, interprète, chorégraphe; René Richard Cyr, metteur en scène, acteur; Philippe Cyr, metteur en scène; Félix Dagenais, concepteur; Jean Marc Dalpé, auteur, acteur; Alison Darcy, artistic director; Laurence Dauphinais, actrice, autrice, metteure en scène; Louise de Beaumont, actrice; Danièle de Fontenay, directrice artistique; Evelyne de la Chenelière, autrice, actrice; Mélanie Demers, chorégraphe, interprète; Serge Denoncourt, metteur en scène; Rebecca Déraspe, autrice; Jean Derome, musicien; Nicolas Descoteaux, concepteur d'éclairages; Mireille Deyglun, actrice; Sébastien Dionne, concepteur de costumes; Sébastien Dodge, auteur, acteur, metteur en scène; Jasmine Dubé, autrice, actrice; Marcelle Dubois, autrice, metteure en scène; Frédéric Dubois, metteur en scène; Patrice Dubois, acteur, metteur en scène; Olivier Ducas, acteur, auteur; Francis Ducharme, acteur, danseur; Philippe Ducros, auteur, metteur en scène; Alix Dufresne, metteure en scène; Mélanie Dumont, dramaturge; Louise Dupré, autrice; Ève Duranceau, actrice; D.Kimm, directrice artistique; Elen Ewing, conceptrice de costumes; Michel F.Côté, musicien, compositeur; Romain Fabre, scénographe, concepteur de costumes; Marie-Hélène Falcon, directrice artistique, femme de théâtre; Max-Otto Fauteux, scénographe; Alexandre Fecteau, metteur en scène; Caroline Ferland, assistante à la mise en scène; Dean Fleming, artistic director; Monique Forest, writer; Paul-André Fortier, chorégraphe; MarieThérèse Fortin, actrice, metteure en scène; Carole Fréchette, autrice; Linda Gaboriau, traductrice;
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Nathalie Gadouas, actrice; Geoffrey Gaquère, acteur, metteur en scène; Annette Garant, actrice; Maxim Gaudette, acteur; Jean Gaudreau, concepteur sonore; Sébastien Gauthier, metteur en scène; Marie-Hélène Gendreau, actrice, metteure en scène; Nicolas Gendron, acteur, metteur en scène; Marie Gignac, metteure en scène, actrice; Bernard Gilbert, auteur, programmateur; François Girard, cinéaste, metteur en scène; Denis Gougeon, compositeur; Antonin Gougeon, concepteur vidéo; Michel Goulet, sculpteur, scénographe; Marc Gourdeau, directeur artistique; Rachel Graton, actrice, autrice; Geneviève Gratton, actrice; Jean-François Guilbault, metteur en scène, acteur, auteur; Johanne Haberlin, actrice; Jeffrey Hall, danseur, chorégraphe; Lorraine Hébert, recherchiste, rédactrice, animatrice en arts et en culture; Eda Holmes, artistic director; Xavier Huard, acteur, metteur en scène; Marie-Eve Huot, metteure en scène; James Hyndman, acteur; Eric Jean, metteur en scène; Dave Jenniss, auteur, metteur en scène, scénariste; Carmen Jolin, directrice artistique; Amanda Kellock, actor, director, writer; Émanuelle Kirouac-Sanche, assistante à la mise en scène; Angela Konrad, metteure en scène; Anick La Bissonnière, scénographe; Roger La Rue, acteur; Sophie Labelle, directrice artistique; Yves Labelle, concepteur vidéo; Maureen Labonté, traductrice; Martin Labrecque, concepteur d'éclairages; Émilie Laforest, musicienne, actrice; Catherine La Frenière, assistante à la mise en scène; Benoît Lagrandeur, acteur; Robert Lalonde, acteur, auteur; Philippe Lambert, metteur en scène; Marie-France Lambert, actrice; Benoit Landry, metteur en scène, acteur; Christian Lapointe, metteur en scène; Louise Laprade, actrice, metteure en scène; Justin Laramée, acteur, metteur en scène; Louise Latraverse, actrice, metteure en scène; Soleil Launière, artiste multidisciplinaire; David Laurin, acteur; Caroline LaurinBeaucage, chorégraphe; Frédéric Lavallée, acteur; Denis Lavalou, acteur, auteur; Julie Le Breton, actrice; Pierre Lebeau, acteur; Louise Lecavalier, danseuse, chorégraphe; Dominique Leclerc, actrice, autrice; Annick Lefebvre, autrice; Paul Lefebvre, dramaturge; Michel-Maxime Legault, acteur, metteur en scène; Karl Lemieux, cinéaste, concepteur vidéo; Sylvie Léonard, actrice; Robert Lepage, metteur en scène, scénographe, auteur, acteur; Magalie Lépine-Blondeau, actrice; Daniel Léveillé, chorégraphe; Macha Limonchik, actrice; Pierre-Étienne Locas, scénographe; Stéphane Longpré, scénographe; Debbie LynchWhite, autrice, actrice; Sara Marchand, autrice, metteure en scène; Jean Marchand, acteur, musicien; Audrey Marchand, interprète, metteure en scène, dramaturge; Alexis Martin, acteur, auteur; Dany Michaud, acteur, metteur en scène; Monique Miller, actrice; Marie-Ève Milot, actrice, metteure en scène, autrice; Jérôme Minière, auteur, compositeur, interprète; Emilie Monnet, artiste multidisciplinaire; Pascale Montpetit, actrice; Francis Monty, auteur, acteur; Marie-Laurence Moreau, actrice; Michel Nadeau, acteur, metteur en scène; Gaétan Nadeau, acteur; Michel Nadeau, auteur, acteur, metteur en scène; Guy Nadon, acteur; Jane Needles, administrator, professor; Jérémie Niel, metteur en scène; Robert Normandeau, compositeur; Anne-Marie Olivier, actrice, autrice, metteure en scène; Olivia Palacci, actrice, metteure en scène; Édith Paquet, actrice; Solène Paré, metteure en scène; Marc Parent, concepteur d'éclairages; Leni Parker, actrice; Alice Pascual, actrice; Christiane Pasquier, actrice; Édith Patenaude, metteure en scène, actrice; Isabelle Payant, créatrice; Mike Payette, director; Luce Pelletier, metteure en scène; Mat Perron, artistic director; Béatrice Picard, actrice; Étienne Pilon, acteur; Alexandre Pilon-Guay, concepteur d'éclairages; Lorraine Pintal, metteure en scène; Denis Plante, compositeur, auteur; Émile Proulx-Cloutier, acteur, auteur-compositeur; Dominique Quesnel, actrice; Philippe Racine, acteur, metteur en scène; Robert Reid, metteur en scène; Gilles Renaud, acteur; Sébastien Ricard, acteur, musicien; Évelyne Rompré, actrice; Caroline Ross, conceptrice d'éclairages; Lisa Rubin, director; Patricia Ruel, scénographe; Karine Sauvé, autrice, metteure en scène; Paul Savoie, acteur; Emmanuel Schwartz, acteur; Jeremy Segal, artistic director; Marc Senécal, concepteur de costumes, scénographe; Guy Simard, concepteur d'éclairages; Mani Soleymanlou, acteur, auteur, metteur en scène; Sonoyo Nishikawa, conceptrice d'éclairages; Annabel Soutar, autrice, dramaturge; Monique Spaziani, actrice; Guy Sprung, director, writer, actor; Alexandra Sutto, assistante à la mise en scène; Elkhana Talbi, artiste de spoken word, poétesse, actrice; Ines Talbi, autrice, compositrice-interprète; Audrey Talbot, actrice, autrice; Julie Tamiko Manning, multidisciplinary artist;
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Emma Tibaldo, director, playwright; Nancy Tobin, conceptrice design sonore; Michael Toppings, artistic director; Jean-Simon Traversy, metteur en scène; Michel Tremblay, auteur, romancier, scénariste; Guylaine Tremblay, actrice; Larry Tremblay, auteur, romancier; Louis-Karl Tremblay, metteur en scène; Érika Tremblay-Roy, autrice, metteure en scène; Anne Trudel, actrice; Louise Turcot, actrice; Lise Vaillancourt, autrice; Rahul Varma, director, playwright; Benoît Vermeulen, metteur en scène, acteur; Christian Vézina, auteur, interprète; Catherine Vidal , metteure en scène, actrice; Sonia Vigneault, actrice; Tatiana Zinga Botao, actrice
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SOURCE : Pour les arts vivants Facebook : https://www.facebook.com/pourlesartsvivants/ Pétition : http://www.change.org/PourLesArtsVivants MÉDIAS : Rosemonde Communications, Rosemonde Gingras Rosemonde@rosemondecommunications.com 514.458.8355
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For the sake of the live performing arts Nine weeks! Artists have waited nine weeks, during which time the Quebec government has been, to put it mildly, discrete while frankly, ultimately keeping complete silence. At press conferences, the performing arts were never mentioned. In terms of the Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), our intermediary with the government, we seem to be continually navigating between that same silence and opaqueness. For example - programs have just been suspended without the artists even being consulted. Our professional associations, including the Conseil québécois du théâtre (CQT), are scrambling to share and circulate recovery and rescue plans to the various authorities. But still we have not received any answers. The only concrete expression of support comes from our very raison d'être - the public. They are here and extant. They write to us every day to find out when our doors will open. Our relationship with them is not disconnected, and so it is within this context of not abandoning our major stakeholders that we demand our government provide us with a clear channel of communication, including an immediate meeting with the Ministry of Culture. At the outset we understood of all of this. Emergency requirements were focused on other parts of society; hospitals, staff, equipment, seniors' residences, education and ultimately, the economy. So we remained silent, and the few times we spoke, it was to express our collective solidarity and compassion. Many of us put our talents to work voluntarily, including offering songs and music, dance, or a poem, etc., and the battle continued. Very quickly the CHSLDs were hard hit and the death counts continued to pour in as the contagion persisted in spreading throughout the community. Montreal was struck to its very core and is still reeling. Each one of us, just like everyone else, have parents in residences, children who cannot go to school, sick friends, and loved ones who are dying. We have been devastated and still are, and we're going to continue this way for a long time — we who sometimes even perform pieces that are over a thousand years old – we will not forget! Out of decency we felt it was necessary to maintain our silence; the urgency of the situation demanded that. Certainly, many of us have experienced our own significant and personal artistic grief, which of course, is nothing in comparison to the mourning of those individuals who are lost to us. Nevertheless, years of work have been swept away by the deadly force of the pandemic - shows in progress, in rehearsal, in development - our programming, which has taken years to create has been destroyed by this tsunami. However, quite quickly, some measures of deconfinement have been proposed for schools and businesses in the regions. We even had the hope of witnessing the reopening of primary school classes in Greater Montreal. We continue to prepare for the re-starting of many other key sectors of our society. But what about us? The artists! Be patient, artists, your turn is coming we are told. At long last, May 22, 2020 arrived. An announcement for our community. Hallelujah! It might be sour grapes to note that the first announcement to the cultural community was made without the presence of the Prime Minister, even as good news was finally being 1 | P a g e
revealed to our sector. The big announcement? Put two or three cameras on the corner of the stage and record a performance of sorts – that should do the trick for the time being. As for the rest – well there are drive-in movie theatres! On-stage video recordings and blockbusters: this is Quebec's proposed cultural plan to the world of live entertainment last Friday! We were stunned by this announcement. And the performing arts community is unanimous in making this statement! This press conference was received as an affront by each and every one of us. We feel that this government is not taking us at all seriously. We now have the sense that we will be told later when we can “amuse” the crowds again, but in the meantime, there are the CERB funds from Ottawa that we will have to be satisfied with, (but, at the present time, after four applications for this financial help, they run out). What will become of the artists later? No one knows, and nothing has been said about them. We deserve more than these "non-announcements". We, the performers and designers, stage technicians and cultural workers, choreographers and directors, and audiences. We deserve more than an opportunity to videotape as of June 1st with five technicians. But what exactly are we talking about here? What kind of taping? And in front of whom? Is it understood that welcoming the public is not just a matter of profitability? That without its physical presence, its energy, its immediate and palpable participation, the performing arts have no meaning? That the actors, dancers, and musicians feed on this humanity who assemble to participate in this work and creation? That by simply broadcasting live performances on a screen, we the artists, are cut off from the direct and essential link with the public? That this “broadcast”, if it replaces appearances in front of spectators, puts us in front of emptiness, and of deep isolation which is already wreaking havoc within our populace? No, digital is not the panacea for the living arts. Is it understood that a show takes more than a mere two weeks to put together? That we need to build a timetable together in order to provide alternative programming that makes sense? Yet, the educational community has been given this type of timetable, as well as modalities and resources, which are certainly capable of being improved upon, but nevertheless, there is a stated plan. We contribute, many times far from the media spotlight, and without wavering, an affirmation to people. It is through the arts that the soul of a population is defined. It is in our spaces that the public forum is found. It is through the bodies of dancers and actors that our desire for freedom, elevation and surpassing is expressed. It is our artists who will continue communicate tragic times to future generations. We can bring comfort, yes, but also criticism, hindsight, and thought. We are an essential cog in the democratic life of the country. We are witnesses, opponents, subversives, free spirits, bringers of sadness, satirists, philosophers, poets, and conscientious objectors. We are the gadflies who relentlessly sting the social body: the sting does not always feel good, and it does not have the value of a vaccine, but it remains essential. Because without this sting, the process does not advance. What is the point of healing if we have nothing more to say to each other? 2 | P a g e
What is the point of overcoming this scourge if it is to take refuge in consumption emptied of sense or beautiful meaning? We are not asking for the moon, but merely a conversation, a visibility, and someone to listen to us. None of us profess to live in a bubble detached from the rest of society. We want to be acknowledged, that is all. Quebec's performing arts are a vast, complex and diverse milieu. Not everyone has the knowledge required to understand all its mechanisms and how it works, which is why we, the artists, ask to be consulted as professional experts. It is a question of being able to share our counsel with respect, share our methods, and share our experience in order to fight the collective battle that is currently taking place. We need to have a say in the future which we can all outline together. A vision of our world. An honest and uninhibited look. We need this now more than ever. Meetings between heads of state and artists have taken place in many countries. In France, a petition of more than 40,000 signatories succeeded in mobilizing President Macron to pay attention to the cultural sector, prompting him to request the input of thirteen artists from live entertainment and cinema. Concrete measures were announced. Promises were made. And it is worth mentioning that a major situation identified by the artists was formulated in which they were speaking about reinvention, experimentation, elimination of old traditions, new technologies, increase of normality and a reshaping of the relationship with the public. It is worth noting that we have not waited for the current crisis to initiate these actions. Rather, we have actually been working on them for over twenty-five hundred years! We urgently request a meeting with Culture Minister Nathalie Roy. Many of our demands are already being shared through our stimulus plans. It is important for us that these be heard. We note specifically amongst these the assurance that a social safety net will be put in place in order to protect countless artists for whom the CERB program has not been extended beyond the four requests in its current status. Support measures for young companies that cannot benefit from the wage subsidy. An evolving schedule for the opening of rehearsal halls and theatres. And above all a rescue plan that is clearly referenced in relation with this timetable. Madam Minister, fear not. We are already working and will continue to work hard with Public Health on measures that will specify how to ensure physical distancing, where to put disinfectant gels, how many masks are needed, and how will we clean the seats and with what. But that will not be enough as these measures say nothing about our art. They say nothing about what artists want to do or what the public wants to participate in. Therefore, it is imperative that we take part in the decision-making process so that once again we can address our sisters, brothers, parents, children, seniors, and friends and also address our contemporaries. The crisis we are experiencing is catastrophic, but sadly, humanity has seen worse. Living art has withstood all the tragic chapters of history, yet has never been eradicated, despite the threats or efforts to eliminate it, as have been demonstrated in the form of dictatorships, or the results of destruction of war and even in the most devastating of epidemics. Not a single virus on this planet, as virulent as it is, will overcome the arts. 3 | P a g e
Yes, of course, we will follow the timetable proposed by Public Health, for which we guarantee our full backing and support. We just want to remind you that by keeping the venues closed, we are not just putting thousands of artists at risk, but we are collectively flying the flag of imagination at half-mast. In the performing arts, fiction and creation can only be deployed through gatherings and encounters. Until we can reopen our venues, we will not be able to project ourselves into another space and into a better world of the future. We are hindering the ability to dream. And if we can't dream anymore, we'll never clamber out of this nightmare. Olivier Kemeid Author, director In consultation with : Sylvain BĂŠlanger Director Martin Faucher Director Brigitte Haentjens Director StĂŠphanie Jasmin Writter, director and video designer Denis Marleau Director, scenographer Ginette Noiseux Costum Designer Claude Poissant Director Translated by Jane Needles Arts Administrator, consultant and professor 4 | P a g e
With the support of the first 250 signatories : Marie-Anne Alepin, actrice, metteure en scène; Quincy Armorer, actor, director; Lionel Arnould, concepteur vidéo; Sylvio Arriola, acteur, concepteur vidéo; Olivier Arteau, acteur, metteur en scène; Fred Auger, concepteur design sonore; Paule Baillargeon, actrice, réalisatrice, scénariste; Anaïs Barbeau-Lavalette, autrice, cinéaste; Angelo Barsetti, concepteur maquilleur; Marie-Josée Bastien, actrice, metteure en scène; Jérémie Battaglia, concepteur vidéo; Lucie Bazzo, conceptrice d'éclairages; Christine Beaulieu, actrice, autrice; Félix Beaulieu-Duchesneau, acteur, metteur en scène; Martine Beaulne, metteure en scène, actrice; Christian Bégin, acteur; Marc Béland, acteur; Nini Bélanger, metteure en scène; Eudore Belzile, acteur, metteur en scène; Charles Bender, acteur, metteur en scène; Amélie Bergeron, metteure en scène; Pierre Bernard, metteur en scène; Sarah Berthiaume, autrice, actrice; Olivier Bertrand, directeur artistique; Véronique Bertrand, scénographe; Marie-Louise Bibish Mumbu, autrice; Amy Blackmore, artistic director; Florence Blain Mbaye, actrice, musicienne; Jean-François Blanchard, acteur; Elsa Bolam, former director artistic; Céline Bonnier, actrice; Mario Borges, metteur en scène; Véronique Bossé, artistic director; Michel Marc Bouchard, auteur, scénariste; Simon Boudreault, acteur, auteur, metteur en scène; Dany Boudreault, acteur, auteur, metteur en scène; Catherine Bourgeois, autrice, metteure en scène, scénographe; André Brassard, metteur en scène, homme de théâtre; Marie Brassard, autrice, metteure en scène, actrice; Fanny Britt, autrice, traductrice; Éric Bruneau, acteur; Virginie Brunelle, chorégraphe; Linda Brunelle, conceptrice de costumes; Alexia Bürger, metteure en scène, autrice, actrice; Sophie Cadieux, actrice, metteure en scène; AnneMarie Cadieux, actrice; Stéphanie Capistran-Lalonde, assistante à la mise en scène; Maxime Carbonneau, acteur, metteur en scène; Carol Cassistat, acteur, metteur en scène; France Castel, chanteuse, actrice; Lise Castonguay, actrice, metteure en scène; Catherine Chabot, autrice, actrice; Dominic Champagne, auteur, metteur en scène; Patrice Charbonneau-Brunelle, scénographe; Julie Charland, conceptrice de costumes; Normand Chaurette, auteur; Violette Chauveau, actrice; Micheline Chevrier, artistic director; Olivier Choinière, auteur, metteur en scène; Estelle Clareton, chorégraphe; Nathalie Claude, actrice; Guillaume Corbeil, auteur, scénariste; Michelle Corbeil, directrice artistique; Larissa Corriveau, actrice, cinéaste, réalisatrice; Sophie Corriveau, interprète, chorégraphe; René Richard Cyr, metteur en scène, acteur; Philippe Cyr, metteur en scène; Félix Dagenais, concepteur; Jean Marc Dalpé, auteur, acteur; Alison Darcy, artistic director; Laurence Dauphinais, actrice, autrice, metteure en scène; Louise de Beaumont, actrice; Danièle de Fontenay, directrice artistique; Evelyne de la Chenelière, autrice, actrice; Mélanie Demers, chorégraphe, interprète; Serge Denoncourt, metteur en scène; Rebecca Déraspe, autrice; Jean Derome, musicien; Nicolas Descoteaux, concepteur d'éclairages; Mireille Deyglun, actrice; Sébastien Dionne, concepteur de costumes; Sébastien Dodge, auteur, acteur, metteur en scène; Jasmine Dubé, autrice, actrice; Marcelle Dubois, autrice, metteure en scène; Frédéric Dubois, metteur en scène; Patrice Dubois, acteur, metteur en scène; Olivier Ducas, acteur, auteur; Francis Ducharme, acteur, danseur; Philippe Ducros, auteur, metteur en scène; Alix Dufresne, metteure en scène; Mélanie Dumont, dramaturge; Louise Dupré, autrice; Ève Duranceau, actrice; D.Kimm, directrice artistique; Elen Ewing, conceptrice de costumes; Michel F.Côté, musicien, compositeur; Romain Fabre, scénographe, concepteur de costumes; Marie5 | P a g e
Hélène Falcon, directrice artistique, femme de théâtre; Max-Otto Fauteux, scénographe; Alexandre Fecteau, metteur en scène; Caroline Ferland, assistante à la mise en scène; Dean Fleming, artistic director; Monique Forest, writer; Paul-André Fortier, chorégraphe; Marie-Thérèse Fortin, actrice, metteure en scène; Carole Fréchette, autrice; Linda Gaboriau, traductrice; Nathalie Gadouas, actrice; Geoffrey Gaquère, acteur, metteur en scène; Annette Garant, actrice; Maxim Gaudette, acteur; Jean Gaudreau, concepteur sonore; Sébastien Gauthier, metteur en scène; Marie-Hélène Gendreau, actrice, metteure en scène; Nicolas Gendron, acteur, metteur en scène; Marie Gignac, metteure en scène, actrice; Bernard Gilbert, auteur, programmateur; François Girard, cinéaste, metteur en scène; Denis Gougeon, compositeur; Antonin Gougeon, concepteur vidéo; Michel Goulet, sculpteur, scénographe; Marc Gourdeau, directeur artistique; Rachel Graton, actrice, autrice; Geneviève Gratton, actrice; Jean-François Guilbault, metteur en scène, acteur, auteur; Johanne Haberlin, actrice; Jeffrey Hall, danseur, chorégraphe; Lorraine Hébert, recherchiste, rédactrice, animatrice en arts et en culture; Eda Holmes, artistic director; Xavier Huard, acteur, metteur en scène; Marie-Eve Huot, metteure en scène; James Hyndman, acteur; Eric Jean, metteur en scène; Dave Jenniss, auteur, metteur en scène, scénariste; Carmen Jolin, directrice artistique; Amanda Kellock, actor, director, writer; Émanuelle Kirouac-Sanche, assistante à la mise en scène; Angela Konrad, metteure en scène; Anick La Bissonnière, scénographe; Roger La Rue, acteur; Sophie Labelle, directrice artistique; Yves Labelle, concepteur vidéo; Maureen Labonté, traductrice; Martin Labrecque, concepteur d'éclairages; Émilie Laforest, musicienne, actrice; Catherine La Frenière, assistante à la mise en scène; Benoît Lagrandeur, acteur; Robert Lalonde, acteur, auteur; Philippe Lambert, metteur en scène; Marie-France Lambert, actrice; Benoit Landry, metteur en scène, acteur; Christian Lapointe, metteur en scène; Louise Laprade, actrice, metteure en scène; Justin Laramée, acteur, metteur en scène; Louise Latraverse, actrice, metteure en scène; Soleil Launière, artiste multidisciplinaire; David Laurin, acteur; Caroline Laurin-Beaucage, chorégraphe; Frédéric Lavallée, acteur; Denis Lavalou, acteur, auteur; Julie Le Breton, actrice; Pierre Lebeau, acteur; Louise Lecavalier, danseuse, chorégraphe; Dominique Leclerc, actrice, autrice; Annick Lefebvre, autrice; Paul Lefebvre, dramaturge; Michel-Maxime Legault, acteur, metteur en scène; Karl Lemieux, cinéaste, concepteur vidéo; Sylvie Léonard, actrice; Robert Lepage, metteur en scène, scénographe, auteur, acteur; Magalie LépineBlondeau, actrice; Daniel Léveillé, chorégraphe; Macha Limonchik, actrice; PierreÉtienne Locas, scénographe; Stéphane Longpré, scénographe; Debbie Lynch-White, autrice, actrice; Sara Marchand, autrice, metteure en scène; Jean Marchand, acteur, musicien; Audrey Marchand, interprète, metteure en scène, dramaturge; Alexis Martin, acteur, auteur; Dany Michaud, acteur, metteur en scène; Monique Miller, actrice; MarieÈve Milot, actrice, metteure en scène, autrice; Jérôme Minière, auteur, compositeur, interprète; Emilie Monnet, artiste multidisciplinaire; Pascale Montpetit, actrice; Francis Monty, auteur, acteur; Marie-Laurence Moreau, actrice; Michel Nadeau, acteur, metteur en scène; Gaétan Nadeau, acteur; Michel Nadeau, auteur, acteur, metteur en scène; Guy Nadon, acteur; Jane Needles, administrator, professor; Jérémie Niel, metteur en scène; Robert Normandeau, compositeur; Anne-Marie Olivier, actrice, autrice, metteure en scène; Olivia Palacci, actrice, metteure en scène; Édith Paquet, actrice; Solène Paré, metteure en scène; Marc Parent, concepteur d'éclairages; Leni Parker, actrice; Alice Pascual, actrice; Christiane Pasquier, actrice; Édith Patenaude, metteure en scène, 6 | P a g e
actrice; Isabelle Payant, créatrice; Mike Payette, director; Luce Pelletier, metteure en scène; Mathieu Murphy-Perron, artistic director; Béatrice Picard, actrice; Étienne Pilon, acteur; Alexandre Pilon-Guay, concepteur d'éclairages; Lorraine Pintal, metteure en scène; Denis Plante, compositeur, auteur; Émile Proulx-Cloutier, acteur, auteurcompositeur; Dominique Quesnel, actrice; Philippe Racine, acteur, metteur en scène; Robert Reid, metteur en scène; Gilles Renaud, acteur; Sébastien Ricard, acteur, musicien; Évelyne Rompré, actrice; Caroline Ross, conceptrice d'éclairages; Lisa Rubin, director; Patricia Ruel, scénographe; Karine Sauvé, autrice, metteure en scène; Paul Savoie, acteur; Emmanuel Schwartz, acteur; Jeremy Segal, artistic director; Marc Senécal, concepteur de costumes, scénographe; Guy Simard, concepteur d'éclairages; Mani Soleymanlou, acteur, auteur, metteur en scène; Sonoyo Nishikawa, conceptrice d'éclairages; Annabel Soutar, autrice, dramaturge; Monique Spaziani, actrice; Guy Sprung, director, writer, actor; Alexandra Sutto, assistante à la mise en scène; Elkahna Talbi, artiste de spoken word, poétesse, actrice; Ines Talbi, autrice, compositrice-interprète; Audrey Talbot, actrice, autrice; Julie Tamiko Manning, multidisciplinary artist; Emma Tibaldo, director, playwright; Nancy Tobin, conceptrice design sonore; Michael Toppings, artistic director; Jean-Simon Traversy, metteur en scène; Michel Tremblay, auteur, romancier, scénariste; Guylaine Tremblay, actrice; Larry Tremblay, auteur, romancier; Louis-Karl Tremblay, metteur en scène; Érika Tremblay-Roy, autrice, metteure en scène; Anne Trudel, actrice; Louise Turcot, actrice; Lise Vaillancourt, autrice; Rahul Varma, director, playwright; Benoît Vermeulen, metteur en scène, acteur; Christian Vézina, auteur, interprète; Catherine Vidal , metteure en scène, actrice; Sonia Vigneault, actrice; Tatiana Zinga Botao, actrice
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Édition du jeudi 4 juin 2020 Section Arts et Être - Écran 6
Soulagement dans les arts vivants
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy
Natalia Wysocka 4 juin 2020 Théâtre
Les arts vivants le réclamaient depuis un moment. Ils l’ont enfin obtenu mercredi. Un échange avec la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy. Une rencontre de cinquante-cinq minutes durant laquelle des représentants du milieu ont pu présenter les spécificités et les
inquiétudes liées à leur domaine. Le tout a été suivi d’une discussion avec le directeur du cabinet, Sandy Boutin. « Nous avons pu nous retrouver, face à face, avec d’autres humains. Nous avons bien entendu les préoccupations de la ministre, et je crois qu’elle a bien entendu les nôtres, remarque avec soulagement la présidente du Conseil québécois du théâtre (CQT), Anne Trudel. Oui, il reste beaucoup de travail à faire. Mais tant que le dialogue est là, ce travail ne me fait pas peur. » Ce qui faisait peur avant : l’annonce gouvernementale du 22 mai. Celle consacrée à la réouverture des bibliothèques, des ciné-parcs et des musées, de laquelle les arts vivants avaient été évacués. La déception, extrêmement vive, avait bien été exprimée dans une lettre ouverte portée par « le groupe Kemeid », comme l’appelle amicalement Lorraine Pintal. Appuyée par plus de 32 000 signatures, cette missive intitulée Pour les arts vivants demandait à madame la ministre de, s’il vous plaît, échanger, écouter, dialoguer.
D’avoir un lien plus direct a permis de calmer la fougue — Mélanie Demers C’est aux membres de ce même groupe, composé du directeur artistique du Quat’Sous, Olivier Kemeid, donc, ainsi que de Sylvain Bélanger, de Martin Faucher, de Brigitte Haentjens, de Stéphanie Jasmin, de Denis Marleau, de Ginette Noiseux et de Claude Poissant que Nathalie Roy a accordé du temps mercredi matin. Se sont jointes à eux Anne Trudel du CQT et la chorégraphe et interprète Mélanie Demers. Lorraine Pintal n’était pas présente à la rencontre, mais comme tous dans le milieu, elle attendait son issue. La directrice artistique et générale du Théâtre du Nouveau Monde considérait en effet que le plan de relance dévoilé par Nathalie Roy le 1er juin ne répondait pas aux recommandations préalables. Tant d’interrogations demeuraient encore en suspens… « Qu’est-ce qu’on fait avec la saison prochaine ? Que va-t-il arriver avec les contrats signés avec les acteurs, les artistes, les concepteurs, les auteurs ? Et qui va compenser pour ces pertes d’emploi ? » Il y avait aussi, bien sûr, la question du numérique, et de ces fameuses captations proposées à répétition par le ministère. Un procédé qui risque de miner la charge et l’expérience que suppose de l’art vivant. « C’était ça, l’insatisfaction, dit Lorraine Pintal. Ce n’est pas que nous boudions l’argent neuf, pas du tout. C’est simplement que nous voulions avoir plus de précisions. Même si je sais que le diable se niche dans les détails ! » Ces détails n’ont pas tous été éclaircis lors de la rencontre, remarque Mélanie Demers, seule professionnelle de la danse qui était présente. « Mais ça bouge ! D’avoir un lien plus direct a permis de calmer la fougue. »
À lire aussi «Un milieu culturel perplexe» (https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/580133/un-milieu-culturel-perplexe), la chronique d'Odile Tremblay Brouillard à dissiper Rappelons que ce sont 400 millions de dollars, dont 250 millions d’argent frais, qui ont été annoncés le 1er juin. De cela, une enveloppe de 50,9 millions était destinée au cirque, au théâtre, et à la danse. Un certain flou demeurait néanmoins, et demeure encore, ajoute Anne Trudel. « Notamment en ce qui a trait aux contrats et aux engagements pris pour l’automne ». Tout comme en ce qui concerne la marche « à suivre pour monter des saisons alternatives ». Il y a aussi la question de ces 6,5 millions de dollars, destinés à la fois à des bourses et à un fonds d’urgence pour les artistes « en situation extrême », qui inquiète. Notamment puisque ce Fonds doit être administré par l’Union des artistes et la Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec. « Nous avons proposé à la ministre d’ouvrir la porte de ces programmes aux artistes qui ne sont pas membres de l’UDA et de la Guilde », souligne Anne Trudel. La réponse reste à venir. Une des meilleures nouvelles à souligner, selon la présidente du CQT, c’est la question des lieux. Bien sûr, « on attend encore le guide sanitaire (de la CNESST). Mais on sent une ouverture pour nous permettre de nous réapproprier nos espaces, nos locaux, nos salles de répétition. » Et cette ouverture, elle signifie beaucoup. « Tout n’est pas figé. Le dialogue sera toujours notre meilleur allié. » Des rencontres subséquentes avec le ministère de la Culture et des Communications devraient suivre. Les dates n’ont pas encore été confirmées.
LE DEVOIR
LIBRE DE PENSER
Un milieu culturel perplexe
Odile Tremblay 4 juin 2020 Chronique Chroniques
Ils semblaient heureux à l’unisson lundi dernier d’annoncer enfin une aide substantielle au milieu culturel, lundi dernier lors du point de presse. Tant François Legault (https://www.ledevoir.com/francoislegault), que le docteur Arruda, la ministre en titre Nathalie Roy et même sa collègue McCann y allaient d’une profession de foi envers les arts, soudain essentiels. Un bon point pour eux. La lettre incendiaire d’Olivier Kemeid du Quat’Sous, portée la semaine précédente par 30 000 signataires issus surtout du milieu des arts vivants leur était rentrée dans le flanc. Il fallait par ailleurs calmer ces grandes gueules, et vite. Du coup, pas un mot sur la réouverture des cinémas. Présumons qu’à moins d’une résurgence de la COVID-19, elle se fera avant le 24 juin, date avancée pour la renaissance des lieux de diffusion en général. C’est vraiment le domaine le plus apte à se remettre en selle presto, sans artistes sur scène, sans besoin de salles trop remplies. Espérons que les distributeurs et les exploitants de salles obscures, éprouvés durant la crise, seront bien épaulés. Après les annonces de lundi, les critiques ont fusé. Pourquoi chialent-ils encore, tous ces « cultureux », — enfin, pas tous, mais un grand nombre d’entre eux — ?, se demandaient certains. Après tout, une injection de 400 millions dans leur bas de laine, dont 250 millions de dollars d’argent frais, c’est la manne. Les premiers concernés s’en réjouissaient aussi. Mais tout n’est pas si simple et bien des questions demeuraient vraiment sans réponses. Sur la survie des artistes après la fin de la prestation d’urgence venue d’Ottawa, notamment. Et que faire avec les projets annulés et les programmes de l’automne déjà sur leurs rails ? Des éclaircissements devraient être apportés par la ministre de la Culture ces jours-ci. Les tournages télé et cinématographiques reprennent dès le 8 juin, sous restrictions sanitaires (mais sans assurances pour les nouvelles productions face à d’éventuelles contaminations au coronavirus (https://www.ledevoir.com/coronavirus)). Sans baisers non plus, ni empoignades au menu, sinon à travers des contorsions numériques. Difficile voie, surtout pour la fiction ! Certains attendront des jours meilleurs avant de s’y frotter… Tout voir au foyer
On demande aux créateurs des arts de la scène de présenter des projets novateurs. Mais les signaux de la ministre de la Culture clignotent vers la captation et le virage numérique à tout vent. « Allez en ligne ! », grand mot d’ordre, allant à l’encontre de leur vocation première du corps à corps avec le public. Le monde du théâtre et de la danse en particulier a l’impression de scier la branche sur laquelle il est posé et répugne à s’y plier, faute d’expertise en la matière aussi. Nourrir massivement les spectacles dématérialisés, c’est se dévitaliser pour longtemps, même dans l’aprèsCOVID. Des habitudes seront prises de tout voir du foyer, avec retours aux face-à-face hasardeux. Il est évident que le contexte de la pandémie chamboule l’univers des planches comme celui de tous, mais mieux vaudrait sans doute pousser plus tard et mieux la roue des œuvres devant public, adaptées aux normes, plutôt que celle des multiples captations. Cette ouverture des salles à l’horizon de la Fête nationale avec des spectacles sous le signe de la distanciation semble à de nombreux acteurs du milieu théâtral irréaliste. Les comédiens n’ont pas eu l’occasion de répéter durant le confinement. Ça prend trois mois au minimum. En outre, il est à craindre que les appels aux nouveaux projets ne favorisent du côté des arts vivants les one man show. Ceux-ci sont plus faciles à gérer sans considération d’écarts entre les artistes. Au risque de propulser plus haut encore certaines disciplines déjà triomphantes aux dépens des autres. Au théâtre, un artiste comme Robert Lepage avec Vinci, La face cachée de la lune et 887, avait épousé le genre solo avec brio, à travers une grosse mécanique aux décors, que d’autres pourraient alléger dans leurs créations propres. Sauf qu’en général, la plupart des pièces et chorégraphies réclament la présence de plusieurs artistes et techniciens privés à l’avenir de contacts sur scène et sans préparation collective en amont. C’est le domaine de l’humour qui devrait le mieux répondre aux nouvelles restrictions culturelles, un secteur prolifique, mais occupant depuis longtemps un espace démesuré au Québec dans le champ du spectacle. Un ou une humoriste peuvent très bien, après avoir répété à domicile durant le confinement, se produire sans décor, musiciens, ni partenaire, même devant peu de spectateurs. Ainsi, ce vaste empire du rire pourrait se développer encore davantage, porté par la vague, créant de nouveaux déséquilibres avec les intervenants plus fragiles. Aujourd’hui, l’avenir des arts vivants se joue. D’où les réticences du milieu à sauter en foule dans le train du jour, fut-il cousu d’or.
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Édition du mardi 2 juin Section Arts et être - Écrans 1 et 2
Édition du mardi 2 juin Section Arts et être - Écran 3
Édition du mardi 2 juin Section Arts et être - Écran 4
Québec promet près de 400 millions de dollars à l’industrie culturelle québécoise
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne Le premier ministre, François Legault, et la ministre de la Culture, Nathalie Roy (à droite), se sont adressés aux représentants du milieu culturel présents lors de la conférence de presse, Sophie Prégent, la présidente de l’Union des artistes, Luc Fortin, le président de la Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec, ainsi que le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin, lundi après-midi à Montréal.
Marco Bélair-Cirino et Natalia Wysocka 2 juin 2020 Culture
Le premier ministre François Legault (https://www.ledevoir.com/francois-legault) a dévoilé lundi un plan de relance culturel, assorti de nouveaux investissements gouvernementaux, visant à « remettre au travail » les artistes québécois au temps de la COVID-19.
« On veut que les Québécois voient leurs artistes », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’intérieur de la Cinquième salle de la Place des Arts lundi après-midi. Le plan de relance du milieu culturel prévoit des investissements totaux de 400 millions de dollars sur deux ans — dont certains déjà annoncés. Il porte le budget de la culture à 971 millions de dollars en 2020-2021, soit 26 % de plus que celui de l’année précédente. On compte 33,5 millions pour permettre à l’industrie de la musique de relever les défis engendrés par les nouvelles habitudes de distanciation, mais également les nouvelles habitudes d’écoute des Québécois, 5,9 millions pour relancer les festivals et événements artistiques et culturels, ainsi que 2,2 millions pour documenter les effets de la pandémie sur le milieu culturel et soutenir les projets immobiliers et d’acquisition de matériel. « Je ne sais pas si je devrais dire ça, mais j’ose le dire : s’il n’y en a pas assez, on regardera ça ! » a précisé M. Legault, soulignant du même souffle que « la culture, c’est l’âme du peuple québécois ». « L’argent est là pour vous payer pour créer en attendant de pouvoir revenir à la normale », a déclaré la ministre de la Culture, Nathalie Roy, avant de remercier les artistes de leur « patience ». La présidente de l’Union des artistes, Sophie Prégent, le président de la Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec, Luc Fortin, ainsi que le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin, présents lors de l’annonce, ont tous acquiescé d’un signe de tête. M. Nézet-Séguin s’est dit « encouragé » par l’« excellent premier pas » fait par le gouvernement Legault. « La rapidité est clé. Pour nous, ce qui est important, c’est de recommencer tout de suite à travailler », a-t-il ajouté. Cela dit, il « faudra », aux yeux du chef principal de l’Orchestre Métropolitain, « qu’il y ait autre chose » pour garder le milieu culturel à flot pendant la pandémie. L’aide gouvernementale retire de la « pression » sur le secteur culturel, a affirmé Mme Prégent. « De façon générale, [le plan de relance] répond aux attentes », a-t-elle dit, soulagée que « le tour » des artistes soit enfin venu. « Réinvention » et « numérique » Depuis le début de la crise, du côté des arts vivants, l’usage de deux mots a été vertement critiqué : « réinvention » et « numérique ». Ils ont été nombreux à insister : le propre de l’artiste n’est-il pas de se réinventer sans cesse ? Celui des arts vivants n’est-il pas de, justement, exister de manière non numérique ? Lors de la conférence, les deux mots honnis ont néanmoins été employés. Et le second se retrouve, sur le site du ministère, dans la section réservée aux appels de projets. Accompagné du mot-clic « #RelanceCultureQuébec », ledit appel, qui s’ouvrira le 8 juin, est divisé en deux sections. À savoir : rayonnement numérique et ambition numérique. La première vise à « multiplier les initiatives de création, d’adaptation, de diffusion et de mise en valeur des manifestations et des contenus culturels en ligne ». La seconde est destinée à « augmenter la découvrabilité des contenus et des produits culturels québécois ainsi que leur consommation en ligne », tout comme à « accroître les revenus liés à leur exploitation ». Parmi les critères d’admissibilité, on trouve : « être ancré dans une approche numérique ».
Dans les deux cas, les termes qui ressortent sont : « en ligne ». « Le contexte actuel exceptionnel remet à l’avant-plan le rôle d’Internet comme outil indispensable de communication », peut-on lire sur le site du ministère. « Si les 250 millions [d’argent frais annoncés] doivent uniquement aller vers l’audiovisuel et le numérique, ce chiffre ne m’impressionne nullement. Il me fait même peur », réagit à ce sujet le dramaturge et directeur artistique du Théâtre de Quat’Sous, Olivier Kemeid. Rappelons qu’il est l’instigateur de la lettre ouverte des arts vivants envoyée à la ministre Nathalie Roy mardi dernier. Ayant fait grand bruit, cette missive a été portée par quelque 30 000 signatures d’appui. « Je vois avec satisfaction que la culture a enfin repris ses droits. Et qu’elle compose l’essentiel d’un point de presse en la présence du premier ministre. Il était temps », ajoute-t-il. Reste que le metteur en scène déplore « une certaine confusion ». « Nous avons été bombardés de chiffres à la dernière minute. » Parmi ces derniers : 91,5 millions de dollars pour la production cinématographique et télévisuelle ; 50,9 millions pour les arts de la scène ; 6,5 millions pour les artistes et écrivains. La question des billets vendus pour des œuvres qui n’ont jamais pu être présentées a également été évacuée. « Il manque encore d’énormes réponses. Des précisions quant aux contrats annulés, aux engagements suspendus. » Tout comme ce qu’il adviendra une fois venue la fin de la Prestation canadienne d’urgence, le 4 juillet, pour ceux qui l’ont demandée dès le début du confinement, en mars. Qu’en sera-t-il pour les techniciens de son en salle, éclairagistes et autres travailleurs du milieu culturel n’étant pas des « artistes-créateurs » au sens où l’entend la ministre ? Réouverture des salles avant une seconde vague Nathalie Roy a évoqué lundi une réouverture des lieux de diffusion culturelle avant la Fête nationale, le 24 juin prochain. « Évidemment, cette réouverture se fera avec un nombre restreint de spectateurs, on le comprend bien, pour respecter la distanciation sociale », a averti l’élue caquiste. Le gouvernement prêtera main-forte aux maisons de théâtre, de danse, de musique qui présenteront des spectacles devant des salles dégarnies en raison des règles de la Santé publique, a-t-elle aussitôt ajouté. « Nous voulons aider parce que, dans la mesure où la Santé publique ne va rouvrir qu’à 50 ou à 60 % une salle, on le prive [le producteur] de 100 % de sa capacité [et de ses revenus de billetterie], il faut faire quelque chose. Alors, tout est sur la table, à l’étude, actuellement. » Considréant que « l’art soigne l’âme », le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, s’est dit disposé à donner sa bénédiction à la réouverture des salles de spectacle d’ici la fin du mois. « Il ne faudrait pas non plus que nos artistes tombent malades […], mais oui, je pense qu’il faut rouvrir cet élément-là, qui va nous permettre de nous ressourcer pour affronter ce qui pourrait venir un peu plus tard », soit une deuxième vague de COVID-19. De 35 à 40 musiciens pourraient ainsi se retrouver, à deux mètres les uns des autres, sur la scène de la Maison symphonique, plutôt que les 150 habituellement présents. « Il ne faut pas s’attendre à voir la Maison symphonique remplie à craquer avec la 9e Symphonie de Beethoven
et les chœurs le 24 juin. On n’en est pas là », a dit M. Fortin après avoir pris connaissance de l’ébauche du « Guide COVID-19 » destiné au milieu du spectacle et élaboré par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. « Moi, j’ai envie de l’essayer », a dit le maestro Nézet-Séguin, qui mettra de côté ses partitions de Mahler au profit de celles de compositeurs plus classiques, comme Mozart, Haydn ou Beethoven. « Ça vaut le coup de s’écouter d’une autre façon. Ça fait partie de la créativité des artistes dont on parle tout le temps », a-t-il ajouté. De son côté, Olivier Kemeid se désole que la question de la répétition, dans le sens de préparation, n’ait pas été considérée. « On a parlé du 24 juin pour une possible réouverture des salles de spectacle, mais on ne m’a même pas dit que je pouvais rouvrir ma salle de répétition. On va donc… accueillir le public avant les artistes ? »
Un plan de 400 M $ pour la relance de l'industrie culturelle Par La Presse Canadienne Publié le 01/06/2020 à 13:55, mis à jour le 01/06/2020 à 16:23
Après tout près de trois mois de crise sanitaire, les artistes s’impatientaient de voir le gouvernement Legault annoncer ses couleurs pour relancer le secteur culturel, durement frappé par la pandémie de COVID-19.
Lundi, ils sont restés sur leur faim, en prenant connaissance du plan rendu public en conférence de presse par la ministre de la Culture, Nathalie Roy, accompagnée du premier ministre François Legault, un plan assorti de 400 millions $ de fonds publics, dont 250 millions $ d’argent neuf.
Beaucoup d’argent, sauf qu’il manque un élément essentiel à ce plan, selon les artistes: un calendrier leur permettant de planifier la réouverture des lieux de diffusion de leurs œuvres, soit les salles de spectacles et de théâtre.
La ministre Roy a évoqué la date du 24 juin, comme scénario possible, mais non confirmé.
Les gens qui font vivre le secteur culturel disent avoir également besoin de savoir dès maintenant quelles seront les nouvelles configurations de salles qui seront autorisées en fonction des normes sanitaires, à savoir le pourcentage de sièges jugé désormais acceptable.
Mais Québec n’est pas prêt à livrer cette information. « Quel sera le nombre de personnes qui pourront entrer dans une salle? Je l’ignore », a admis la ministre Roy, qui attend le feu vert et les consignes définies par la santé publique.
Elle a cependant dit espérer pouvoir faire une annonce à ce sujet « dans les prochains jours ».
En entrevue téléphonique, l’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid n’a pas caché sa déception, après avoir pris connaissance de l’annonce de la ministre, fort attendue.
Insulté par le silence du gouvernement sur la culture depuis le début de la crise, il avait écrit une lettre à la ministre la semaine dernière pour exprimer ses frustrations et énumérer les revendications du milieu. La lettre a été endossée par plusieurs artistes. Devenue pétition, elle a été signée par 30 000 personnes en quelques jours.
« On n’a pas de calendrier précis », a-t-il déploré, rappelant qu’il faut au moins trois mois pour monter un spectacle.
Il réserve ses commentaires sur les sommes nouvelles injectées par Québec, pour prendre le temps de les analyser, mais il dit craindre que le secteur numérique soit démesurément avantagé, au détriment des arts vivants. « Je ne suis pas impressionné » par l’annonce de la ministre, a-t-il résumé.
De tout temps fragile, le monde culturel craint le pire. Depuis le mois de mars, les différentes mesures de confinement ont mené à la fermeture de salles de spectacles et de plateaux de tournages. Tout événement culturel attirant des foules nombreuses, comme les festivals, a été frappé d’interdit.
Le plan présenté lundi inclut 150 millions $ tirés d’un réaménagement du budget de la culture, auquel s’ajoutent 250 millions $ de nouvelles sommes.
Grâce à ces nouvelles sources de financement public accordées au secteur culturel, 91,5 millions $ seront dégagés pour la production cinématographique et télévisuelle, ainsi que 71,9 millions $ pour les entreprises et organismes culturels qui ont dû fermer leurs portes en raison des mesures de confinement.
L’industrie des arts de la scène bénéficiera de 50,9 millions $ pour la diffusion de projets, tandis que l’industrie de la musique aura droit à 33,5 millions $ pour que ses artistes et artisans puissent relever les défis liés aux nouvelles habitudes d’écoute, a indiqué la ministre.
Voilà « de puissants outils pour créer », a commenté la ministre.
Nathalie Roy a de plus annoncé que le domaine de la production audiovisuelle pourra reprendre ses activités dès le 8 juin, en tenant compte des mesures sanitaires et de distanciation émises par la santé publique.
En parlant du soutien financier de son gouvernement aux arts, le premier ministre Legault a ouvert une porte, en disant que « s’il n’y en a pas assez, on regardera ça ».
Québec a aussi mis de côté 13 millions $ pour des budgets de publicité destinés à ramener le public en salle.
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La culture en saura bientôt plus sur son déconfinement
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Nathalie Roy, titulaire du ministère de la Culture et des Communications (MCCQ)
Stéphane Baillargeon 1 juin 2020 Culture
C’est au tour de la culture et des communications de recevoir de Québec un plan d’aide financière et un programme de déconfinement pour les spectacles des arts de la scène et les tournages. L’annonce de mesures de soutien adaptées aux secteurs concernés sera faite ce lundi dans le cadre de la conférence de 13 h du premier ministre. François Legault (https://www.ledevoir.com /francois-legault) sera accompagné pour l’occasion de Nathalie Roy, titulaire du ministère de la Culture et des Communications (MCCQ). La ministre Roy va présenter les grandes lignes de son plan d’urgence, assorties des sommes totales proposées. Les détails des budgets par secteurs d’activité seront annoncés après la conférence de presse par voie de communiqué. Par contre, toujours selon les informations obtenues par Le Devoir, Québec ne prévoit pas de compensations pour les pertes de ventes de billets à la suite de l’annulation des spectacles depuis la mi-mars. Ces seules sommes totalisent des millions de dollars. Les consignes et exigences concernant la reprise des activités de groupe, notamment pour les tournages d’émissions de télévision ou de films comme pour les répétitions de spectacle, seront aussi connues cette semaines. Le secteur des arts de la scène doit recevoir jeudi les consignes précises des spécialistes de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). « Nous avons été convoqués par les gens de la CNESST le 4 juin, indique au Devoir Christine Bouchard, directrice générale d’En Piste. Dans le milieu, les artistes ont hâte de réintégrer les studios, de répéter, de créer. La situation leur donne envie de le faire. » « Quand on pratique un art du corps, il est fondamental d’être en studio, remarque-t-elle. Ça fait trois mois que les artistes n’y sont plus. » Les dommages seront grands, précise-t-elle. « La remise en forme prendra du temps. » Mais les balises annoncées cette semaine ne devraient pas permettre à court terme la reprise de répétitions de spectacles ou de tournages ne pouvant respecter les mesures de distanciation physique. Le plan culturel de Québec arrive après de récentes sorties critiques de personnalités du milieu. Une lettre ouverte à la ministre Roy du metteur en scène Olivier Kemeid, déplorant ne pas être appuyé ou pris au sérieux par Québec, a été appuyée par des centaines de signataires. « Neuf semaines. Les artistes ont attendu neuf semaines, pendant lesquelles, du côté du gouvernement québécois, ce fut, pour rester poli, la grande discrétion, et pour être franc, le silence complet », mentionne la lettre publiée la semaine dernière. Du travail se faisait tout de même en coulisse. Le MCCQ a mis en place une structure de consultation pour comprendre les effets de la crise et les actions souhaitées pour la relance. Six comités ont été créés dans les secteurs suivants : arts de la scène et diffusion ; audiovisuel ; musées, métiers d’art et galeries d’art ; livre, médias ; et finalement, patrimoine. Au total, les agents du ministère ont tenu une quinzaine de rencontres avec des délégués de ces secteurs depuis le début avril.
Le Conseil des arts et des lettres du Québec et la Société de développement des entreprises culturelles ont recueilli des données « sur les pertes anticipées, les incidences sur la programmation, les contraintes des mesures sanitaires sur l’audiovisuel, ou sur les ventes de disques ou de livres », selon les informations transmises par le MCCQ. Le réseau professionnel des arts du cirque, qui regroupe plus de 400 membres au Canada, faisait partie du comité de consultation arts de la scène et diffusion. En début de semaine dernière, un plan a été déposé au ministère de la Culture et des Communications. Auparavant, un comité de travail a été formé, afin de maximiser les chances de réussite. « Le Cirque du Soleil était avec nous, Les 7 Doigts, le Cirque Éloize, la TOHU, l’École nationale, l’École de Québec… Nous avons presque écrit un protocole, un guide de gestion sanitaire, en nous disant que cela pourrait aider à favoriser un retour », explique Christine Bouchard. Le ministère a lancé ces chantiers pour élaborer des guides visant à encadrer la reprise des activités tout en veillant à la sécurité des employés et du public. Au moins une représentante de la Santé publique et des experts de la CNESST ont participé aux réunions préparatoires. Un de ces guides encadre la reprise des visites dans les musées et les bibliothèques depuis le week-end. Deux autres guides sont en préparation, un pour le secteur de l’audiovisuel et un autre pour les arts de la scène. C’est ce dernier qui pourrait être dévoilé à la fin de la semaine. Entre quinze et trente organismes ont siégé à cette table de concertation. Le Conseil québécois du théâtre (CQT) en faisait partie. L’organisme, regroupant toutes les forces vives du secteur, a proposé le 15 mai ses propres scénarios de reprise (à court terme) et de relance (à moyen terme) pour la saison 2020-2021. La planification se fait en quatre phases, liant en cascade la réouverture des espaces de travail (1), puis la reprise des espaces de recherche et d’innovation (2), la réouverture progressive des lieux de diffusion (3) et, finalement, la relance complète (4), pour ainsi dire le retour à la normale d’avant la crise de la COVID-19. Pour le CQT, les phases 1 et 2 pourraient s’entreprendre en même temps, très prochainement. La troisième phase nécessiterait l’annulation ou le report de portions des programmations prévues impossibles à adapter aux mesures sanitaires. En clair : le solo, oui ; une pièce de Shakespeare à quinze sur scène, non. « L’annonce d’une réouverture progressive des salles de spectacles insufflerait un vent d’optimisme, d’autant plus que les arts et la culture jouent un rôle primordial pour la santé mentale et spirituelle de toute la population », dit le document du CQT (https://cqt.ca/files /900dc2219a287d09d5057a7d861e7ff1.pdf). La quatrième phase, celle sans règles de distanciation, nécessiterait une campagne nationale de communication orchestrée par le MCCQ, exigence qui serait déjà entérinée par le ministère. Le projet demande de huit à douze semaines d’avis et de préparation en amont de la date officielle de reprise. Reste à voir si la Santé publique ou la CNESST permettront le retour à la normale. La représentante de la Santé publique a répété que la distanciation physique dans les salles et sur la scène serait non négociable jusqu’à l’arrivée d’un vaccin, selon des déclarations de la présidente du CQT (https://www.ledevoir.com/culture/579316/coronavirus-du-theatre-dans-le-plexiglas) la semaine dernière. Cette exigence pourrait reporter la réouverture de deux ans, voire plus. Avec Natalia Wysocka
Lundi 1 juin 2020 • 18:32:02 UTC -0400 Source name
La Presse Canadienne • 927 mots
La Presse Canadienne Source type Press • News Wires Periodicity Daily Geographical coverage National Origin Montreal, Quebec, Canada
Culture: 400 millions $ pour la relance, mais toujours pas de calendrier Jocelyne Richer La Presse canadienne
A
près tout près de trois mois de crise sanitaire, les artistes s'impatientaient de voir le gouvernement Legault annoncer ses couleurs pour relancer le secteur culturel, durement frappé par la pandémie de COVID-19. Lundi, ils sont restés sur leur faim, en prenant connaissance du plan d'action rendu public en conférence de presse par la ministre de la Culture, Nathalie Roy, accompagnée du premier ministre François Legault, un plan assorti de 400 millions $ de fonds publics, dont 250 millions $ d'argent neuf. Beaucoup d'argent, sauf qu'il manque un élément essentiel à ce plan, selon les artistes: un calendrier leur permettant de planifier la réouverture des lieux de diffusion de leurs oeuvres, soit les salles de spectacles et de théâtre. La ministre Roy a évoqué la date du 24 juin, comme scénario possible mais non confirmé. Les gens qui font vivre le secteur culturel disent avoir également besoin de savoir dès maintenant quelles seront les nouvelles configurations de salles qui seront autorisées en fonction des normes sanitaires, à savoir le pourcentage de sièges jugé désormais acceptable.
Mais Québec n'est pas prêt à livrer cette information. « Quel sera le nombre de personnes qui pourront entrer dans une salle? Je l'ignore » , a admis la ministre Roy, qui attend le feu vert et les consignes définies par la santé publique. Elle a cependant dit espérer pouvoir faire une annonce à ce sujet « dans les prochains jours » . En entrevue téléphonique, l'auteur et metteur en scène Olivier Kemeid n'a pas caché sa déception, après avoir pris connaissance de l'annonce de la ministre, fort attendue. Insulté par le silence du gouvernement sur la culture depuis le début de la crise, il avait écrit une lettre à la ministre la semaine dernière pour exprimer ses frustrations et énumérer les revendications du milieu. La lettre a été endossée par plusieurs artistes. Devenue pétition, elle a été signée par 30 000 personnes en quelques jours. « On n'a pas de calendrier précis » , a-til déploré, rappelant qu'il faut au moins trois mois pour monter un spectacle. Il réserve ses commentaires sur les sommes nouvelles injectées par Québec, pour prendre le temps de les analyser, mais il dit craindre que le secteur numérique soit démesurément avantagé,
au détriment des arts vivants. « Je ne suis pas impressionné » par l'annonce de la ministre, a-t-il résumé. De tout temps fragile, le monde culturel craint le pire. Depuis le mois de mars, les différentes mesures de confinement ont mené à la fermeture de salles de spectacles et de plateaux de tournages. Tout événement culturel attirant des foules nombreuses, comme les festivals, a été frappé d'interdit. Le plan présenté lundi inclut 150 millions $ tirés d'un réaménagement du budget de la culture, auquel s'ajoutent 250 millions $ de nouvelles sommes. Grâce à ces nouvelles sources de financement public accordées au secteur culturel, 91,5 millions $ seront dégagés pour la production cinématographique et télévisuelle, ainsi que 71,9 millions $ pour les entreprises et organismes culturels qui ont dû fermer leurs portes en raison des mesures de confinement.
ant que « s'il n'y en a pas assez, on regardera ça » .
pandémie ne seraient pas honorés.
Québec a aussi mis de côté 13 millions $ pour des budgets de publicité destinés à ramener le public en salle.
Mme Melançon reproche également à la ministre Roy d'avoir élaboré son plan sans jamais s'asseoir avec les artistes de la scène, qui réclamaient une telle rencontre pour exposer leurs attentes.
La présidente de l'Union des artistes (UDA), Sophie Prégent, a dit comprendre « le cri du coeur » lancé la semaine dernière par le secteur des arts de la scène. Cependant, elle estime que « de façon générale » le plan de relance annoncé lundi « répond aux attentes » du milieu.
La porte-parole de Québec solidaire, la députée Catherine Dorion, a jugé de son côté que le plan était « un bon premier pas » , tout en déplorant l'absence de mesures pour le patrimoine bâti et le patrimoine vivant. Note(s) :
Elle note que l'avenir ne s'annonce pas facile pour autant. Un exemple: le respect de la consigne de la distanciation lors des tournages va beaucoup compliquer les choses. On n'a qu'à penser aux scènes d'amour ou de bagarres.
L'industrie des arts de la scène bénéficiera de 50,9 millions $ pour la diffusion de projets, tandis que l'industrie de la musique aura droit à 33,5 millions $ pour que ses artistes et artisans puissent relever les défis liés aux nouvelles habitudes d'écoute, a indiqué la ministre.
Le directeur de l'Orchestre métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, s'est dit agréablement surpris de constater que les musiciens vont pouvoir recommencer à travailler dès cet été. « Les musiciens sont prêts » , a-t-il fait valoir, en ajoutant qu'il s'agissait d'un « excellent premier pas » , qui devra cependant être suivi par d'autres dans un avenir rapproché. Il a dit souhaiter un meilleur arrimage entre Ottawa et Québec.
Voilà « de puissants outils pour créer » , a commenté la ministre.
Les partis d'opposition sont restés eux aussi sur leur faim.
Nathalie Roy a de plus annoncé que le domaine de la production audiovisuelle pourra reprendre ses activités dès le 8 juin, en tenant compte des mesures sanitaires et de distanciation émises par la santé publique.
La porte-parole libérale, la députée Isabelle Melançon, s'interroge à savoir si les sommes annoncées seront dépensées au bon endroit. Elle note qu'on semble privilégier les créateurs, producteurs et diffuseurs, au détriment des interprètes.
En parlant du soutien financier de son gouvernement aux arts, le premier ministre Legault a ouvert une porte, en dis-
Elle a dit aussi éprouver « une immense déception » en apprenant que les contrats conclus par les artistes avant la
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Lundi 1 juin 2020 • 21:00 Source name ICI Radio-Canada Télé - Le Téléjournal Source type
ICI Radio-Canada Télé - Le Téléjournal • 610 mots
Un total d'un peu plus de 51000 cas
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C
ÉLINE GALIPEAU (SRCTV):
Sur le front du coronavirus, 295 nouveaux cas ont été enregistrés au Québec au cours des dernières 24 heures, pour un total d'un peu plus de 51000 cas. 20 nouveaux décès sont survenus depuis hier. C'est le nombre le plus faible de morts en une journée depuis le début du mois d'avril. Des nouvelles encourageantes aussi pour le milieu culturel québécois, qui pourra bénéficier d'un coup de pouce de 400 millions du gouvernement. Les tournages vont reprendre graduellement dans une semaine et les salles de spectacles pourraient rouvrir d'ici la fête nationale! Les précisions de Louis Philippe Ouimet. FRANÇOIS LEGAULT (PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC): C'est avec beaucoup de plaisir que j'annonce aujourd'hui un projet , des projets, un plan de 400 millions de dollars en culture. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): Cette aide était attendue depuis longtemps par le milieu artistique, qui avait interpellé à maintes reprises la ministre de la Culture, Nathalie Roy. NATHALIE ROY (MINISTRE DE LA CULTURE): Ce plan-là, c'est un début, c'est un gros début, comme monsieur le premier min-
istre le disait, il y aura des ajustements à faire. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): Au total, sur ces 400 millions, c'est 250 millions de dollars d'argent neuf pour aider les entreprises touchées par la pandémie et pour stimuler la création dans les arts de la scène, dans l'industrie de la musique et dans les productions cinématographiques et télévisuelles. FRANÇOIS LEGAULT (PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC): Les Québécois adorent leurs artistes. Ils se sont ennuyés de leurs artistes. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): Le déconfinement commence lentement. Les tournages de film et de série télé pourront reprendre le 8 juin prochain. Il faudra être un peu plus patient en ce qui concerne les spectacles en salle. NATHALIE ROY (MINISTRE DE LA CULTURE): On est confiant, je regarde le docteur Arruda, de pouvoir rouvrir les lieux de diffusion avant la fête nationale. Du moins, c'est ce qu'on espère. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): Dès la fin de la conférence de presse, on saluait l'aide apportée par Québec.
YANNICK NÉZET-SÉGUIN (DIRECTEUR ARTISTIQUE ET CHEF PRINCIPAL, ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN): Disons que moi, je m'orientais, on s'orientait tous vers un été où il n'y aurait rien. Et là, ce qu'on vient de nous dire, c'est: cet été, vous pouvez avoir accès à de l'argent immédiatement pour créer des concerts. Donc, ça veut dire qu'on va pouvoir faire travailler nos musiciens. SOPHIE PRÉGENT (COMÉDIENNE ET PRÉSIDENTE DE L'UNION DS ARTISTES): Aujourd'hui, je sens que c'est une pression qu'on enlève dans le milieu de la culture. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): La productrice Fabienne Larouche rêve déjà à la reprise du tournage de District 31. FABIENNE LAROUCHE (PRODUCTRICE): Je pense que notre saison de tournage va commencer comme d'habitude. Et là, on a pris la décision tantôt, le 13 juillet, on commence le tournage de District et on va rouler jusqu'à la deuxième vague. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): Mais pour une partie du milieu théâtral, ce plan est décevant. GINETTE NOISEUX (DIRECTRICE ARTISTIQUE DU THÉÂTRE ESPACE GO): Ils ont voulu trouver une solution miracle, spectaculaire, et... le spectacle, c'est
notre domaine. LORRAINE PINTAL (DIRECTRICE ARTISTIQUE DU THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE): Je crois que c'est une vraie volonté d'aider le milieu culturel et artistique, mais il manque encore des pièces au puzzle. FRANÇOIS LEGAULT (PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC): La culture, c'est l'âme du peuple québécois. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): Le premier ministre du Québec affirme qu'au besoin, il n'hésitera pas à mettre encore plus d'argent sur la table pour favoriser la reprise des activités culturelles. FRANÇOIS LEGAULT (PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC): S'il n'y en a pas assez, on regardera ça. LOUIS-PHILIPPE OUIMET (REPORTEUR): Ici Louis-Philippe Ouimet, Radio-Canada, Montréal.
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Édition du samedi 30 mai 2020 Section Arts et être - Écrans 1 et 5
Être à deux mètres ou ne pas être, là est la question
Photo: iStock / Montage Le Devoir Comment enseigner, s’entraîner, chorégraphier, danser quand les rapprochements sont interdits?
Stéphane Baillargeon 30 mai 2020 Culture
Déjà soumise à de profondes mutations, la culture, reine de la communion et de la proximité, a vu son monde brutalement mis sous cloche avec la pandémie. Sa remise en branle, prochaine ou lointaine, annonce de gigantesques chantiers que Le Devoir essaiera d’anticiper dans ces pages. Cette semaine, les arts vivants, ou la catastrophe de la distanciation physique au moins jusqu’en 2021.
La femme de théâtre Marie-Hélène Gendreau se rappelle très bien le soir où la pandémie a pulvérisé son monde. C’était le 12 mars, on dirait il y a une éternité. Elle était à Montréal pour une discussion avec le public avant une représentation de sa mise en scène de la pièce Les enfants chez Duceppe. Soit dit en passant, cette œuvre traite de la réclusion forcée de deux ingénieurs nucléaires après un accident dans un réacteur atomique. Quelqu’un a dit que l’art imite la vie, ou vice-versa ? « On se lavait bien les mains, on ne touchait pas notre micro, explique Mme Gendreau, coordonnatrice artistique du Périscope. Il y avait déjà un souci sanitaire inquiétant, mais on ne s’attendait pas à l’annonce à venir qui a tout bousculé. » La soirée terminée, elle a pris le dernier autocar pour Québec, vers 23 h 30. Il était rempli de voyageurs arrivés à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Beaucoup portaient un masque parce qu’ils venaient de pays déjà infectés. « J’ai été prise d’angoisse. Je me suis mise en boule sous mon manteau d’hiver, j’ai souhaité ne rien attraper et je suis allée me confiner chez moi au plus vite. » Elle y demeure, ou presque, depuis plus de dix semaines. La production chez Duceppe a cassé net. Le Périscope a vite abandonné les trois dernières pièces de sa programmation 2019-2020. Les neuf permanents du théâtre, dont Mme Gendreau, conservent leur emploi avec l’aide de la subvention salariale fédérale, mais les artistes contractuels ont perdu leurs contrats. Les répétitions ne se font plus. Le dévoilement de la prochaine saison attend toujours. Et si Le Périscope rouvre, cette année ou l’an prochain, les règles de la Santé publique pourraient diviser par cinq ou six sa capacité d’accueil d’un peu plus de 200 places. Flou théâtral Est-ce seulement la nouvelle catastrophe annoncée ? Le milieu des arts vivants aimerait bien le savoir au plus vite. « Nous aurons besoin d’un calendrier clair et de plusieurs semaines de préavis pour reprendre nos activités et proposer des œuvres abouties et nécessaires », résume Mme Gendreau. Anne Trudel, présidente du Conseil québécois du théâtre, distingue la « relance », en 2021 ou 2022, après la découverte d’un vaccin, de la « reprise », d’ici quelques mois ou quelques semaines, en respectant la distanciation physique. La directrice générale de la Maison-Théâtre, Isabelle Boisclair, également trésorière du CQT, ajoute que des artistes souhaitent créer, y compris dans ces conditions contraignantes. « On travaille en ce moment, résume-t-elle. On fait des scénarios pour reprendre à telle ou telle date, en distanciation ou pas. On se demande comment renouer avec le milieu scolaire. On est très, très, très créatifs et proactifs en fonction des mesures sanitaires qu’on imagine devoir respecter. Mais là, on est rendus au bout de ce qu’on peut faire. Ça nous prend des balises claires. » La grogne monte parce que le gouvernement du Québec ne les fournit pas encore. La présidente Trudel dit avoir ressenti « une grande maladresse, une incompréhension totale du milieu des arts vivants » quand la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a fait quelques ouvertures de reprise bien mal reçues par les milieux artistiques. L’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid a aussi critiqué sévèrement la première sortie ministérielle en temps de pandémie, jugée insignifiante, dans une lettre ouverte (https://www.ledevoir.com/culture/theatre/579666/coronaviruspas-la-lune-juste-l-ecoute) signée par des milliers de personnes.
« J’ai bien entendu les revendications du milieu des arts de la scène et je suis consciente de son empressement à reprendre ses activités », dit une déclaration de la ministre Roy transmise au Devoir par son attachée de presse. La ministre rappelle que le CQT et d’autres syndicats ont participé à des rencontres pour trouver des solutions à la reprise des activités artistiques dans le respect des règles énoncées par la Santé publique. Au total, la ministre et le ministère ont tenu une quinzaine de rencontres de ce types avec six secteurs artistiques, dont les arts de la scène, depuis le début de la crise. « Ma réflexion sur le plan de relance est par ailleurs très avancée. Elle s’inspire largement des demandes du milieu culturel et de la vision présentée dans le dernier budget. Nous sommes en train de peaufiner tout ça en vue d’une annonce très prochaine. » Le ministère affirme aussi que des enquêtes commandées à la CALQ et à la SODEC, les deux organismes de soutien aux arts et aux industries culturelles, vont établir l’ampleur de pertes et des besoins. Le CQT compile ses propres données à partir d’un sondage qualitatif auprès de ses membres. Une enquête quantitative suivra. Petites formes Patrick Corrigan, directeur général de l’Opéra de Montréal (OdeM), expose un cas concret, la production de La Traviata programmée théoriquement pour septembre. Le spectacle emploie 60 chanteurs sur scène et encore plus de musiciens en fosse et des techniciens. « Derrière le rideau, il y a au moins 200 personnes, dit-il. On doit planifier des répétitions, ce sera difficile pour nos grands spectacles à la Place des Arts. Il nous faut aussi trois mois pour reporter une production comme celle-là. En fait, nous avons besoin de projections sur au moins six ou sept mois pour bien faire les choses. » L’OdeM a déjà annulé le programme double L’hiver attend beaucoup de moi et La voix humaine, de même que le projet d’une sixième représentation de La flûte enchantée. La perte d’un million aux guichets a été en partie épongée quand le tiers des détenteurs de billets les a remis en dons de solidarité. La compagnie envisage un déficit annuel allant de 300 000 à 400 000 $ au moment des bilans de l’année financière, fin août. Les rencontres (en ligne) vont bon train avec des mécènes pour tenter de l’éponger. Le directeur Corrigan comprend déjà que la crise va forcer sa compagnie à revoir la taille de ses productions et des lieux de diffusion. L’opéra mise aussi sur des créations nationales. Des capsules et des captations relaieront les travaux de formation ou de création. « Je dirais que beaucoup de personnes vont essayer de protéger le statu quo et ce n’est pas la bonne façon d’avancer, dit le directeur Corrigan de l’Opéra. Ce n’est ni le moment de tout jeter ni le moment de tout garder. Nous, on mise sur l’adaptation. Les œuvres de chambre sont devenues une réalité il y a deux ou trois ans. Elles nous permettent de faire plus de créations, de diversifier l’auditoire, de travailler avec de nouveaux partenaires. Ce virage nous sert très bien en ce moment. Si je peux prédire une chose, c’est que la proportion d’opéras offerts en salles intimes va augmenter et probablement que les spectacles offerts dans les grandes salles vont diminuer. » Champ de coexistence La crise en développement ne touche pas que les spectacles. « La catastrophe touche l’ensemble de ce qu’on appelle la chaîne danse », explique Fabienne Cabado, directrice générale du Regroupement québécois de la danse (RQD), organisme parapluie du secteur qui en représente tous les maillons. « Ça va de l’enseignement à la diffusion, en passant par la création et des enjeux organisationnels. La COVID touche le corps, et la danse, c’est l’art du corps, l’art de la présence, du toucher. On est frappés de plein fouet. »
Elle reprend chacun des éléments en détail, chaque fois avec des exemples crève-cœur. Que des questions de fond, sans aucune réponse. Comment enseigner, s’entraîner, chorégraphier, danser quand les rapprochements sont interdits ? Qu’arrivera-t-il à la prochaine rentrée avec les étudiants étrangers attirés ici par les grandes écoles ? Dans quelles formes sortiront les interprètes après des mois d’inactivité ? Les enseignants contractuels reviendront-ils ou choisiront-ils de se reconvertir ? Et si les compagnies se replient vers des solos ou des duos, le grand public attiré par les grandes formes suivra-t-il ? Et qu’arrivera-t-il aux tournées comme aux coproductions internationales, vitales pour certaines troupes ? Et après la crise, le financement privé sera-t-il détourné vers le mécénat en santé ou en éducation ? La crise pandémique exacerbe les inégalités en culture comme dans la société. « Tout art mérite d’être soutenu à la hauteur de ses besoins, mais pour la danse, le drapeau rouge qu’on agite depuis des années devient écarlate. Tout le monde se bat et se débat pour survivre, mais avec toute l’incertitude actuelle, il y a zéro perspective. Le milieu est à terre et je ne sais pas ce qu’il va advenir », dit la d.g. qui, cette semaine, a néanmoins vu un premier encouragement sur le front des modes de consultation, au sortir d’une rencontre avec le MCC. Pièces à thèse Au théâtre, l’effet de distanciation à la Brecht cherche à perturber l’illusion artistique pour obtenir une attitude critique et politique. La distanciation sociale semble mener à une sorte d’effet de distanciation dans le milieu des arts vivants. Tout ce qui semblait solide et un tant soit peu assuré se dissipe comme illusion, à commencer par la coprésence. Cette catastrophe se produit alors que des mutations profondes affectent les arts de la scène, tout aussi marqués que les autres secteurs culturels par la numérisation, la concurrence des écrans, le vieillissement des publics, l’homogénéité des voix et des visages, le sous-financement, la montréalisation des productions ou la course à l’achalandage. Le metteur en scène franco-libanoquébécois Wajdi Mouawad, en entrevue à France Culture, a résumé le problème en disant qu’en gros il ne souhaitait pas non plus revenir au « monde d’avant », obsédé par le volume et les rendements, et que cette crise était au moins l’occasion de réfléchir au problème. « En ce moment, on en est encore à gérer l’urgence et le très court terme. Éventuellement, il va falloir passer en deuxième vitesse et mettre en place une réflexion en profondeur parce qu’évidemment, il y avait des choses qui nous préoccupaient avant la crise qui vient les exacerber », dit la présidente Anne, du CQT. Son organisme préparait un plan directeur pour la prochaine décennie quand tout s’est effondré avec la fin de la coprésence. Cette crise profonde semble justifier une réaction aussi fondamentale aux yeux de Mme Cabado, peut-être jusqu’à réexaminer la Politique culturelle du Québec tout juste adoptée. « La façon dont la crise est gérée ne me laisse pas croire pour l’instant que les arts auront le financement dont ils ont besoin, dit-elle. Je ne doute pas qu’on nous accompagnera et qu’on nous en donnera un peu. Mais l’essentiel ira à la Santé et à l’Éducation. » Marie-Hélène Gendreau, comme tous les autres professionnels de la culture interviewés, élargit encore davantage cette perspective pour embrasser la raison d’être de son monde disparu depuis la mi-mars. « Quand notre gouvernement nous donnera nos balises et la teneur de ses aides compensatoires, nous mettrons en œuvre nos plans réfléchis et trouverons des solutions pour continuer de faire du bien aux âmes humaines grandement bouleversées et en manque de beauté, écrit la coordonnatrice du Périscope, après l’entrevue téléphonique. Ce besoin de prendre soin, de continuer de nourrir l’identité d’un peuple et sa culture en est un essentiel. Nous faisons partie du processus de guérison. »
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Être à deux mètres ou ne pas être Comment les arts de la scène subissent la pandémie et espèrent en sortir Le Devoir · 30 mai 2020 · 8 · STÉPHANE BAILLARGEON
Déjà soumise à de profondes mutations, la culture, reine de la communion et de la proximité, a vu son monde brutalement mis sous cloche avec la pandémie. Sa remise en branle, prochaine ou lointaine, annonce de gigantesques chantiers que Le Devoir essaiera d’anticiper dans ces pages. Cette semaine, les arts vivants, ou la catastrophe de la distanciation physique au moins jusqu’en 2021.
La femme de théâtre Marie-Hélène Gendreau se rappelle très bien le soir où la pandémie a pulvérisé son monde. C’était le 12 mars, on dirait il y a une éternité. Elle était à Montréal pour une discussion avec le public avant une représentation de sa mise en scène de la pièce Les enfants chez Duceppe. Soit dit en passant, cette oeuvre traite de la réclusion forcée de deux ingénieurs nucléaires après un accident dans un réacteur atomique. Quelqu’un a dit que l’art
imite la vie, ou vice-versa ? « On se lavait bien les mains, on ne touchait pas notre micro, explique Mme Gendreau, coordonnatrice artistique du Périscope. Il y avait déjà un souci sanitaire inquiétant, mais on ne s’attendait pas à l’annonce à venir qui a tout bousculé. » La soirée terminée, elle a pris le dernier autocar pour Québec, vers 23 h 30. Il était rempli de voyageurs arrivés à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Beaucoup portaient un masque parce qu’ils venaient de pays déjà infectés. « J’ai été prise d’angoisse. Je me suis mise en boule sous mon manteau d’hiver, j’ai souhaité ne rien attraper et je suis allée me confiner chez moi au plus vite. » Elle y demeure, ou presque, depuis plus de dix semaines. La production chez Duceppe a cassé net. Le Périscope a vite abandonné les trois dernières pièces de sa programmation 2019-2020. Les neuf permanents du théâtre, dont Mme Gendreau, conservent leur emploi avec l’aide de la subvention salariale fédérale, mais les artistes contractuels ont perdu leurs contrats. Les répétitions ne se font plus. Le dévoilement de la prochaine saison attend toujours. Et si Le Périscope rouvre, cette année ou l’an prochain, les règles de la Santé publique pourraient diviser par cinq ou six sa capacité d’accueil d’un peu plus de 200 places. Flou théâtral Est-ce seulement la nouvelle catastrophe annoncée ? Le milieu des arts vivants aimerait bien le savoir au plus vite. « Nous aurons besoin d’un calendrier clair et de plusieurs semaines de préavis pour reprendre nos activités et proposer des oeuvres abouties et nécessaires », résume Mme Gendreau. Anne Trudel, présidente du Conseil québécois du théâtre, distingue la « relance », en 2021 ou 2022, après la découverte d’un vaccin, de la « reprise », d’ici quelques mois ou quelques semaines, en respectant la distanciation physique. La directrice générale de la MaisonThéâtre, Isabelle Boisclair, également trésorière du CQT, ajoute que des artistes souhaitent créer, y compris dans ces conditions contraignantes. « On travaille en ce moment, résume-t-elle. On fait des scénarios pour reprendre à telle ou telle date, en distanciation ou pas. On se demande comment renouer avec le milieu scolaire. On est très, très, très créatifs et proactifs en fonction des mesures sanitaires qu’on imagine devoir respecter. Mais là, on est rendus au bout de ce qu’on peut faire. Ça nous prend des balises claires. » La grogne monte parce que le gouvernement du Québec ne les fournit pas encore. La présidente Trudel dit avoir ressenti « une grande maladresse, une incompréhension totale du milieu des arts vivants » quand la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a fait quelques ouvertures de reprise bien mal reçues par les milieux artistiques. L’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid a aussi critiqué sévèrement la première sortie ministérielle en temps de pandémie, jugée insignifiante, dans une lettre ouverte signée par des milliers de personnes. « J’ai bien entendu les revendications du milieu des arts de la scène et je suis consciente de son empressement à reprendre ses activités », dit une déclaration de la ministre Roy transmise au Devoir par son attachée de presse. La ministre rappelle que le CQT et d’autres syndi-
cats ont participé à des rencontres pour trouver des solutions à la reprise des activités artistiques dans le respect des règles énoncées par la Santé publique. Au total, la ministre et le ministère ont tenu une quinzaine de rencontres de ce types avec six secteurs artistiques, dont les arts de la scène, depuis le début de la crise. « Ma réflexion sur le plan de relance est par ailleurs très avancée. Elle s’inspire largement des demandes du milieu culturel et de la vision présentée dans le dernier budget. Nous sommes en train de peaufiner tout ça en vue d’une annonce très prochaine. » Le ministère affirme aussi que des enquêtes commandées à la CALQ et à la SODEC, les deux organismes de soutien aux arts et aux industries culturelles, vont établir l’ampleur de pertes et des besoins. Le CQT compile ses propres données à partir d’un sondage qualitatif auprès de ses membres. Une enquête quantitative suivra. Petites formes Patrick Corrigan, directeur général de l’Opéra de Montréal (OdeM), expose un cas concret, la production de La Traviata programmée théoriquement pour septembre. Le spectacle emploie 60 chanteurs sur scène et encore plus de musiciens en fosse et des techniciens. « Derrière le rideau, il y a au moins 200 personnes, dit-il. On doit planifier des répétitions, ce sera difficile pour nos grands spectacles à la Place des Arts. Il nous faut aussi trois mois pour reporter une production comme celle-là. En fait, nous avons besoin de projections sur au moins six ou sept mois pour bien faire les choses. » L’OdeM a déjà annulé le programme double L’hiver attend beaucoup de moi et La voix humaine, de même que le projet d’une sixième représentation de La flûte enchantée. La perte d’un million aux guichets a été en partie épongée quand le tiers des détenteurs de billets les a remis en dons de solidarité. La compagnie envisage un déficit annuel allant de 300 000 à 400 000 $ au moment des bilans de l’année financière, fin août. Les rencontres (en ligne) vont bon train avec des mécènes pour tenter de l’éponger. Le directeur Corrigan comprend déjà que la crise va forcer sa compagnie à revoir la taille de ses productions et des lieux de diffusion. L’opéra mise aussi sur des créations nationales. Des capsules et des captations relaieront les travaux de formation ou de création. « Je dirais que beaucoup de personnes vont essayer de protéger le statu quo et ce n’est pas la bonne façon d’avancer, dit le directeur Corrigan de l’Opéra. Ce n’est ni le moment de tout jeter ni le moment de tout garder. Nous, on mise sur l’adaptation. Les oeuvres de chambre sont devenues une réalité il y a deux ou trois ans. Elles nous permettent de faire plus de créations, de diversifier l’auditoire, de travailler avec de nouveaux partenaires. Ce virage nous sert très bien en ce moment. Si je peux prédire une chose, c’est que la proportion d’opéras offerts en salles intimes va augmenter et probablement que les spectacles offerts dans les grandes salles vont diminuer. » Champ de coexistence La crise en développement ne touche pas que les spectacles. « La catastrophe touche l’ensemble de ce qu’on appelle la chaîne danse », explique Fabienne Cabado, directrice générale du Regroupement québécois de la danse (RQD), organisme parapluie du secteur qui en repré-
sente tous les maillons. « Ça va de l’enseignement à la diffusion, en passant par la création et des enjeux organisationnels. La COVID touche le corps, et la danse, c’est l’art du corps, l’art de la présence, du toucher. On est frappés de plein fouet. » Elle reprend chacun des éléments en détail, chaque fois avec des exemples crève-coeur. Que des questions de fond, sans aucune réponse. Comment enseigner, s’entraîner, chorégraphier, danser quand les rapprochements sont interdits ? Qu’arrivera-t-il à la prochaine rentrée avec les étudiants étrangers attirés ici par les grandes écoles ? Dans quelles formes sortiront les interprètes après des mois d’inactivité ? Les enseignants contractuels reviendront-ils ou choisiront-ils de se reconvertir ? Et si les compagnies se replient vers des solos ou des duos, le grand public attiré par les grandes formes suivra-t-il ? Et qu’arrivera-t-il aux tournées comme aux coproductions internationales, vitales pour certaines troupes ? Et après la crise, le financement privé sera-t-il détourné vers le mécénat en santé ou en éducation ? La crise pandémique exacerbe les inégalités en culture comme dans la société. « Tout art mérite d’être soutenu à la hauteur de ses besoins, mais pour la danse, le drapeau rouge qu’on agite depuis des années devient écarlate. Tout le monde se bat et se débat pour survivre, mais avec toute l’incertitude actuelle, il y a zéro perspective. Le milieu est à terre et je ne sais pas ce qu’il va advenir », dit la d.g. qui, cette semaine, a néanmoins vu un premier encouragement sur le front des modes de consultation, au sortir d’une rencontre avec le MCC. Pièces à thèse Au théâtre, l’effet de distanciation à la Brecht cherche à perturber l’illusion artistique pour obtenir une attitude critique et politique. La distanciation sociale semble mener à une sorte d’effet de distanciation dans le milieu des arts vivants. Tout ce qui semblait solide et un tant soit peu assuré se dissipe comme illusion, à commencer par la coprésence. Cette catastrophe se produit alors que des mutations profondes affectent les arts de la scène, tout aussi marqués que les autres secteurs culturels par la numérisation, la concurrence des écrans, le vieillissement des publics, l’homogénéité des voix et des visages, le sous-financement, la montréalisation des productions ou la course à l’achalandage. Le metteur en scène franco-libano-québécois Wajdi Mouawad, en entrevue à France Culture, a résumé le problème en disant qu’en gros il ne souhaitait pas non plus revenir au « monde d’avant », obsédé par le volume et les rendements, et que cette crise était au moins l’occasion de réfléchir au problème. « En ce moment, on en est encore à gérer l’urgence et le très court terme. Éventuellement, il va falloir passer en deuxième vitesse et mettre en place une réflexion en profondeur parce qu’évidemment, il y avait des choses qui nous préoccupaient avant la crise qui vient les exacerber », dit la présidente Anne, du CQT. Son organisme préparait un plan directeur pour la prochaine décennie quand tout s’est effondré avec la fin de la coprésence. Cette crise profonde semble justifier une réaction aussi fondamentale aux yeux de Mme Cabado, peut-être jusqu’à réexaminer la Politique culturelle du Québec tout juste adoptée. « La façon dont la crise est gérée ne me laisse pas croire pour l’instant que les arts auront le financement dont ils ont besoin, dit-elle. Je ne doute pas qu’on nous accompagnera et qu’on nous en donnera un peu. Mais l’essentiel ira à la Santé et à l’Éducation. »
Marie-Hélène Gendreau, comme tous les autres professionnels de la culture interviewés, élargit encore davantage cette perspective pour embrasser la raison d’être de son monde disparu depuis la mi-mars. « Quand notre gouvernement nous donnera nos balises et la teneur de ses aides compensatoires, nous mettrons en oeuvre nos plans réfléchis et trouverons des solutions pour continuer de faire du bien aux âmes humaines grandement bouleversées et en manque de beauté, écrit la coordonnatrice du Périscope, après l’entrevue téléphonique. Ce besoin de prendre soin, de continuer de nourrir l’identité d’un peuple et sa culture en est un essentiel. Nous faisons partie du processus de guérison. »
LE DEVOIR
LIBRE DE PENSER
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Libérez l’audace
Brian Myles 30 mai 2020 Éditorial Éditoriaux
L’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid a résumé avec verve et éloquence la finalité des artistes dans une lettre ouverte appuyée par quelque 250 signataires indignés. « Nous contribuons, parfois loin des projecteurs médiatiques, mais sans jamais défaillir, à l’affirmation d’un peuple. C’est par l’art que se définit l’âme d’une population. C’est dans nos salles que se trouve l’agora. […] Nous sommes les témoins, les opposantes, les subversives, les esprits libres, les chagrineurs, les satiristes, les philosophes, les poètes, les objecteurs de conscience. Nous sommes les taons qui piquent sans relâche le cheval du corps social. » Ces curieux oiseaux créatifs, vous ne les verrez pas au ciné-parc cet été. À moins que la prochaine vague de superhéros américains à déferler sur nos écrans se convertisse à l’ontologie critique et au soliloque existentiel, ce dont il est permis de douter raisonnablement, les préoccupations et la vision du monde des artistes seront reléguées à l’abîme. Vous ne les voyez nulle part depuis le début de la pandémie. Le rideau est tombé sur toutes les scènes, à raison d’ailleurs, pour freiner la propagation de la COVID-19. Les arts vivants sont tombés en état d’hibernation dans un esprit de compréhension et de collaboration de la part du milieu. Maintenant que l’heure de la relance a sonné, les arts vivants sont morts. La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, s’est attiré les foudres des créateurs, il y a une semaine, en annonçant le déconfinement des musées, des bibliothèques et de ces hauts lieux de la culture que sont les ciné-parcs. Les artistes de la scène ne demandaient pas d’empiler les spectateurs en double et en triple dans les salles de spectacles à partir de juin, mais seulement l’ombre du début d’un plan pour leur secteur fragile. Pourraient-ils remonter sur scène, à guichets fermés, afin d’explorer et d’expérimenter de nouvelles façons de présenter des spectacles respectueux des exigences de distanciation physique ? Pourraient-ils connaître les plans de sauvetage et de relance destinés à leur secteur ? Le calendrier de reprise ? Pourraient-ils avoir l’assurance qu’ils existent eux aussi ? Autant de questions demeurées sans réponses depuis neuf semaines. Les arts de la scène ne sont pas dans le champ de vision de la ministre de la Culture et des Communications, du moins est-ce l’impression durable entrevue par les créateurs. La conférence de presse de Mme Roy représentait l’affront de trop. Comment pourrait-on leur reprocher de penser qu’ils subissent une injustice ? Dépourvus d’écoute, ils sont dans le dernier wagon de la reprise. Il ne semble pas y avoir de plan pour les arts vivants. La captation et la diffusion des performances sur les plateformes numériques constituent un succédané pour des contacts avec le public. Elles mettent
un baume temporaire sur nos plaies collectives et encore plus d’argent en banque pour les entreprises du GAFAM qui jouent le rôle de diffuseur mondial. Aujourd’hui, dans un texte publié sur nos plateformes numériques (https://www.ledevoir.com/opinion /libre-opinion/579886/pour-un-grand-programme-de-commandes-publiques-enculture?token=21dd727a01cdf0bf62a39ae1c30b1362), le sénateur Serge Joyal déplore à sa façon le
manque de vision de la ministre de la Culture et de son homologue fédéral, le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault. « Pouvez-vous de grâce oser agir dans le temps présent, sortez de votre torpeur, allez au-delà des programmes conçus dans un temps dit “normal” et lancez un grand programme de commandes publiques pour tous les jeunes artistes », suggèret-il. Le sénateur et passionné des arts propose la création d’un grand programme de commandes publiques semblable à celui que le président américain Franklin Delano Roosevelt avait mis en place, en 1933, dans le cadre du New Deal. Les fonds fédéraux ont fait travailler 7000 écrivains, 16 000 musiciens et 13 000 comédiens, contribuant à la création de monuments de la culture vivante dont nous vantons encore le talent aujourd’hui. Voilà une proposition visionnaire et inspirante. Le gouvernement Legault a procédé à des investissements massifs en culture, totalisant 750 millions de dollars en nouveaux projets sur un horizon de cinq ans. Le ministre des Finances, Eric Girard, a rappelé lors de son allocution à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, vendredi, qu’il fallait épuiser les crédits budgétaires existants avant d’envisager le déblocage de fonds d’urgence. Traduction libre ? Il faudra peut-être que le ministère de la Culture et les organismes de financement (le CALQ et la SODEC) déploient des trésors d’imagination pour soutenir le milieu et débloquer les fonds disponibles. La condition préalable est que la ministre de la Culture et des Communications prenne l’initiative. Personne ne lui demande de devancer la Santé publique, mais pour regagner la confiance du milieu, elle ne doit pas demeurer à la remorque des événements. Une scène. Un artiste. Un public. C’est cette trilogie qu’il faut reconstituer avec une juste touche de distanciation sociale. Accompagnez les artistes, libérez l’audace, Madame la Ministre. Les créateurs seront assez ingénieux pour toucher les cœurs et les esprits sans ruiner la santé publique.
Pour un grand programme de commandes publiques en culture
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir «Dans tous les domaines de la création, il est urgent de remettre nos artistes au travail», insiste l'auteur.
Serge Joyal Sénateur 30 mai 2020 Libre opinion Libre opinion
Les artistes ont raison : les laisser dériver à l’abandon, c’est nous condamner à perdre espoir dans ce que l’homme fait de mieux, c’est-à-dire donner un sens à l’enfouissement dans le néant quand nous sommes condamnés à vivre dans l’isolement.
Ce qu’il faut, immédiatement, c’est un grand programme de commandes publiques. Pas dans deux ans, tout de suite ! Ça s’est déjà fait dans le passé, lors de la Grande Dépression aux États-Unis au début des années 1930, quand tout le monde était à l’arrêt et que ceux et celles dont le métier est d’exploiter leur talent créateur étaient condamnés à s’abîmer dans l’oisiveté.
Le Federal Art Project (WPA), ou le Programme d’art public, lancé par le gouvernement du président Roosevelt en 1933 dans le cadre du New Deal proposé aux Américains, a ouvert un incroyable chantier. Les fonds mis à la disposition des créateurs furent massifs : le gouvernement de Washington a fait travailler 7000 écrivains, 16 000 musiciens et 13 000 comédiens. Il a soutenu à fond le cinéma. Des centaines de peintres se sont vu commander des murales, des sculptures, des œuvres pour les édifices publics, les parcs. C’est à compter de ce moment que les Américains ont commencé à prendre confiance dans leur capacité d’exprimer leur pays, leur monde, comme ils ne l’avaient jamais aperçu auparavant. Il s’en est suivi un mouvement qui depuis lors ne s’est jamais arrêté et qui a fait exploser le talent et donné à la peinture américaine ses lettres de noblesse, bien distincte de ses émules européennes qui avaient jusque-là imposé leur influence dominante. Qu’on en juge par les chantiers ouverts par le WPA et les artistes qui ont par la suite marqué la culture américaine. Dans le théâtre, ce furent entre autres Arthur Miller, Orson Welles et Elia Kazan. Les auteurs, les dramaturges jeunes ou vieux, des troupes de théâtre en herbe ou professionnelles se mirent au travail dans une frénésie de création, dans des œuvres qui sont restées des phares dans l’imaginaire américain. Le jeune Eugene O’Neill a vu pour la première fois ses œuvres percer à New York. Dans la peinture, ce fut l’éclosion d’une pléthore de talents qui ont fait entrer l’école américaine dans la modernité : Jackson Pollock, Willem de Kooning (le Musée des beaux-arts de Montréal vient d’acquérir une de ses œuvres), Mark Rothko, Harry Gottlieb, Arshile Gorky, Louise Nevelson, Diego Rivera et tant d’autres, ceux et celles qui, actuellement, dominent le marché de l’art moderne dans les ventes publiques, que les collectionneurs s’arrachent et que les musées convoitent. Sans compter les milliers d’œuvres que les designers et les artistes d’art graphique ont été invités à créer et qui sont devenues les prototypes d’un style et d’un esprit qui a marqué l’époque. Dans le domaine de la musique, le WPA a fait ressortir entre autres les accents et la tonalité des interprètes du folk de Nashville, qui dominent aujourd’hui un pan entier de la culture musicale contemporaine. Des compositeurs sont apparus, comme Charles Faulkner Bryan, des milliers de
jeunes interprètes se firent entendre par un public enthousiaste et purent s’ouvrir ainsi à une nouvelle carrière. La musique afro-américaine perça alors pour de bon. En fait, le WPA donna à toutes les voix la possibilité de se faire découvrir et apprécier. Seulement, au Canada, au Québec, il faut vouloir « agir », sortir des formulaires longs et alambiqués et faire confiance aux artistes et artisans, auteurs et écrivains, comédiens et dramaturges, designers et couturiers, musiciens et interprètes, photographes et architectes, toutes ces personnes dont le talent et l’imagination n’attendent qu’un coup de pouce pour se mettre à l’œuvre. Sortons des ornières et constatons qu’on vit à une époque qui ne peut plus s’empêtrer dans les vérifications et contre-vérifications. Donnons la chance à toutes ces mains qui ne demandent qu’à agir. La PCU et la PCUE sont sorties en trois semaines ! Le gouvernement a pris deux semaines pour dégager 280 millions pour sortir le Cirque du Soleil du trou. Pourquoi alors faudrait-il argumenter deux ans pour sortir 50 millions afin d’aider tous ceux et celles qui font vivre ce que nous sommes et qui poussent plus loin les horizons de nos possibles et de notre compréhension du monde ? Comme le chantait prophétiquement Félix Leclerc : « La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire. » M. Guilbeault, Mme Roy, pouvez-vous de grâce oser agir dans le temps présent ? Sortez de votre torpeur, allez au-delà des programmes conçus dans un temps dit « normal » et lancez un grand programme de commandes publiques pour tous les jeunes artistes, quels qu’ils soient. De grâce, pouvez-vous croire que notre culture dépasse les hyperécrans des ciné-parcs qui nous présentent les blockbusters de ce que Hollywood fait de plus nave ? N’en jetez plus, la cour est pleine !
Édition du vendredi 29 mai 2020 Écran principal et section Arts et être - Écrans 1 et 2
Édition du vendredi 29 mai 2020 Section Arts et être - Écran 3
Édition du vendredi 29 mai 2020 Section Arts et être - Écran 8
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Point de presse de Mme Catherine Dorion, porteparole du deuxième groupe d’opposition en matière de culture, de communications et de langue française Version finale Le vendredi 29 mai 2020, 10 h Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement (Dix heures deux minutes) Mme Dorion : Bonjour. Merci d'être là. Aujourd'hui, ici, on est le 29 mai, c'est jour de réouverture des ciné-parcs, des bibliothèques. La ministre avait l'air bien contente d'annoncer ça, la semaine dernière, mais, tu sais, il faut quand même se dire que, si c'est bon pour le public qui va pouvoir aller voir des choses, il n'y a pas un artiste ou un créateur qui s'est remis en action avec une annonce comme celle-là. Évidemment, moi, je le savais, quand je l'ai entendu, le milieu culturel a été super déçu, un milieu qui est vraiment patient depuis le début. Parce qu'ils sont super compréhensifs de... il y a des urgences ailleurs, il y a des besoins très, très grands. Ils sont touchés par ce qui arrive dans les CHSLD, par ce qui arrive dans d'autres milieux. Mais, à un moment donné, de n'avoir aucune indication, une espèce de black-out total non seulement pour maintenant, qu'est-ce qui se passe, mais aussi pour dans 3 mois, dans 6 mois, c'est dur à faire tenir plus longtemps que ça. Ça commence à être vraiment urgent qu'on ait du contenu, qu'on ait du concret. Et, puisque je voyais que
rien ne sortait de la ministre par rapport à ça, on s'est dit : Bon, bien, on va prendre le taureau par les cornes, on va consulter le milieu, on va fouiller, on va faire de la recherche puis on va proposer un plan à nous pour donner des idées. C'est un plan qui vient avec 10 mesures, ça fait que c'est assez touffu parce que le milieu est très divers. Ça fait que je vous invite à suivre sur le communiqué qu'on vous a envoyé, vous aurez l'esprit plus clair, parce qu'évidemment ça va être quelque chose, un peu, à expliquer. D'abord, côté déconfinement. Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas donner aux artistes la responsabilité de respecter les règles de la Santé publique? Pourquoi on n'est pas capable de leur dire : Voici ce qui doit être respecté, voici ce qui, à l'intérieur, doit être fait, ce qui, à l'extérieur, doit être fait, toutes les mesures, le nombre de personnes par mètre carré, et etc.? Les artistes, c'est leur job à temps plein depuis toujours de créer et de trouver des solutions à l'intérieur de balises. C'est clair que les artistes vont être 1 000 fois plus créatifs dans cette entreprise-là que la ministre de la Culture. Donc, côté déconfinement, là, faites leur confiance, les idées pullulent sur le terrain, ils ont besoin d'avoir des balises claires, et c'est des gens bien élevés, c'est des gens intelligents, ils vont être capables de les respecter. Deuxièmement, côté relance, et c'est là que nos 10 mesures arrivent, on propose 10 leviers pour relancer le milieu puis pour le faire passer à travers la crise. C'est une aide ponctuelle, donc ça serait vraiment un stimulus, là, qu'on donnerait sur l'année et qui servirait à relancer et à stimuler le milieu culturel. Pas seulement les institutions comme les bibliothèques, comme les musées, qui ne sont pas nécessairement celles qui sont le plus dans le trouble en ce moment. Et c'est cohérent avec toute idée de relance économique. On a beaucoup parlé de consommer local, retour au local, commerces locaux depuis le début de la crise. La culture fait partie de ça. Il faut recommencer à consommer localement la culture. Mais la culture, c'est un des meilleurs propulseurs d'économie locale. Chaque dollar investi en culture rapporte presque deux dollars dans l'économie. Un festival de théâtre de rue, n'importe quel évènement stimule directement tous les commerces locaux, toute l'économie locale dans une ville, dans une localité, dans un quartier. C'est intimement lié.
Et donc c'est un plan... mais ce n'est pas juste un plan pour relancer l'économie, c'est un plan pour relancer la conversation collective des Québécois entre eux. On s'en rend compte plus que jamais, on a besoin de se voir, on a besoin de se sentir, et, même si on sait qu'il faut respecter des règles strictes de distanciation et sanitaires, on est en train d'avoir absolument besoin d'inventer toutes sortes de manières de pouvoir le faire. Et donc il y a deux grands objectifs à notre plan : reconnecter le public québécois à la création de chez nous, comme on l'a fait pour les commerces locaux, etc., ça, c'est super important; et deux, stimuler la relance du milieu culturel. Donc, dans ce qui est de reconnecter le public québécois à la création artistique de chez nous, on a une mesure phare qu'on a appelée les bons culturels. L'idée, ce serait d'offrir... que l'État offre un bon culturel de 60 $ par personne à dépenser en création québécoise non numérique. Et on donnerait ça à 1,5 million de personnes qui seraient déterminées parmi les moins grands consommateurs de culture au Québec. Ça pourrait être selon... il faudrait voir c'est qui, il faudrait voir selon l'âge, selon le revenu, selon les régions. L'idée, ça serait de dire : Vous avez ça. Et c'est du public qui est ajouté au public déjà amateur d'art au Québec et qui peut développer des nouvelles habitudes, chez eux, qui pourront durer bien après la crise, 10 ans, 20 ans et pour toujours idéalement. Deuxième solution pour reconnecter le public québécois à sa création culturelle : régler le problème de la découvrabilité de la création québécoise sur le Web. On consomme de l'art sur le Web comme jamais en ce moment. L'affaire, c'est que les grandes plateformes qui, du point de vue économique, ont gagné puis font qu'on va beaucoup sur Spotify, Apple, vous les connaissez, ce n'est pas ces plateformes-là qui vont mettre de l'avant l'art québécois, la création québécoise. Et on a un problème de découvrabilité. Comment on fait, quand on veut voir un film québécois, écouter de la musique québécoise? Où on va? Donc, le milieu a fait ses devoirs. Ils ont créé toutes sortes de sites et d'initiatives qui répondent à ce problème-là. Leurs initiatives ont besoin d'être connues. Les Québécois ne les connaissent pas bien, ne savent pas qu'ils existent. Donc, nous, on s'est dit : On va investir en publicité pour ces initiatives-là, pour qu'elles deviennent connues nationalement dans les médias québécois indépendants.
Donc, ça aide à la fois les médias québécois indépendants et les artistes d'ici. Donc, on ferait connaître des sites comme aimetoncinema.ca, comme leslibraires.ca, des initiatives comme #musiquebleue, des artistes ont réussi à convaincre Apple et Stingray d'embarquer là-dedans, ils vont continuer leur travail. Donc, nous, la moindre des choses qu'on peut faire, c'est dire : Regardez, Québécois, il y a ça qui existe, habituez-vous, allez-y, faites-en une habitude. Deuxième objectif : stimuler la relance du milieu culturel. Le milieu culturel file un mauvais coton depuis le début de la crise. Ça ne va pas super bien pour eux autres, on le sait, ils vont avoir besoin d'aide pour passer à travers. Et aussi, on peut en profiter pour dire : Bien, il y a certaines choses qu'on va pouvoir même améliorer grâce à cette crise-là, à travers cette crise-là. Donc, on propose un meilleur plan d'aide aux médias, première affaire, meilleur plan d'aide aux médias pour inclure aussi des crédits à la masse salariale des travailleurs de l'information dans des médias autres que la presse écrite. On veut un élargissement de la mesure du 1 %. Donc, on connaît la mesure du 1 %, quand un bâtiment public est construit, 1 % doit aller à de la création culturelle, toutes sortes de choses qui peuvent se faire sur le bâtiment ou autour. On veut étendre ça au privé pour que le privé fasse sa part aussi. Ça serait pour tous les bâtiments commerciaux, industriels et aussi pour des bâtiments résidentiels, des gros projets résidentiels. Une grosse bonification des projets, de l'argent au CALQ et à la SODEC. Pourquoi? Parce qu'en ce moment tous les organismes ont une baisse de revenus, puis il n'y a plus d'entrée d'argent privé, il n'y a plus d'entrée de billetterie, ils vont avoir besoin d'argent pour passer à travers la crise. Appelons ça un fonds d'urgence pandémie. Des mesures pour soutenir le cinéma indépendant. Donc, un fonds qui irait à ça, dont la moitié devrait aller à des créateurs hors Montréal pour stimuler la production cinématographique indépendante dans toutes les régions du Québec, pour qu'ils puissent exprimer une identité plus diverse et plus représentative de ce qu'est réellement le Québec. Et aussi un fonds pour les salles indépendantes. Chaque fois qu'ils vont propulser, diffuser, mettre de l'avant de la culture locale ou hyperlocale, ce fonds-là pourrait leur servir. Ensuite, il y aurait une aide pour le patrimoine, donc des subventions pour la
rénovation de bâtiments patrimoniaux, et aussi de l'aide pour le patrimoine vivant. Là, c'est là où le savoir se passe, où les gens se rencontrent. Finalement, j'arrive à la fin, dernière mesure, mais non la moindre. Ce n'est pas juste aux contribuables de financer le milieu de la culture. Il faut aller chercher l'argent là où il a fui, dans les dernières décennies, dans les dernières années, et où il continue de fuir à vitesse grand V : dans les grandes entreprises numériques. On a décidé d'aller chercher la TVQ sur les produits qui passent à travers ces plateformes-là. Le fédéral a décidé de ne pas aller chercher la TPS. Donc, nous, on propose d'aller chercher l'équivalent de la TPS dans ce domaine-là. Puisque le fédéral ne le fait pas, on va le faire à sa place, et ça va être de l'argent qu'on va pouvoir investir en culture. Et on veut aussi aller chercher une taxe de 3 % sur le chiffre d'affaires des GAFAM réalisé au Québec. C'est une demande qui commence à se faire, mondialement, dans toutes sortes de pays du monde. Il y a des pays qui avancent sans attendre la décision de l'OCDE. Je rappelle qu'on ne sait pas ce que l'OCDE va faire. Ça se peut qu'elle accouche d'une souris. Donc, c'est à nous de décider est-ce qu'on fait partie de cette mouvance-là ou est-ce qu'on s'écrase, puis on attend, puis on demeure passifs. Donc, voilà. On a travaillé fort avec des recherchistes, avec des gens sur le terrain pour trouver des mesures qui pouvaient aider toute sorte de monde en même temps et surtout nous reconnecter à nous-mêmes. Donc, on a vu dans les sorties de la ministre, dans les idées de la ministre assez peu de créativité, c'est assez inquiétant, puis très peu de visibilité aussi. Donc, nous, ce qu'on fait, c'est offrir humblement cette tonne d'idées là à la ministre en disant : C'est le temps, là, il y a déjà plein d'idées sur le terrain, c'est là qu'on est allés chercher certaines des nôtres, il y a plein d'idées aussi chez nous, go, il faut que ça embarque, il faut que ça embraie. Voilà. La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre vos questions sur le sujet pour commencer. M. Bossé (Olivier) : Bonjour. Bien évidemment, la question classique : Où est-ce que vous allez prendre tout cet argent-là? Est-ce que ça va coûter plus que 130 millions d'après vous? Mme Dorion : Oui. Comme on dit, c'est un «one-shot deal», là, c'est une fois, ce
serait pendant la pandémie. Ça va développer des nouvelles habitudes aussi qui vont rester pour longtemps par contre. M. Bossé (Olivier) : …ça, c'est 90 millions, si je ne me trompe pas? Mme Dorion : Oui. En gros, ce serait 332 millions une fois, et on est capable d'aller chercher 130 millions avec l'argent qu'on exigerait des GAFAM. Il y a des mesures qui sont gratuites aussi, comme étendre la mesure du 1 % aux bâtiments privés, qui ne coûtent rien à l'État. Mais l'idée, c'est que c'est une fois. Par contre, l'argent des GAFAM, lui, ça va être à chaque année. Ça fait qu'on est dans une période de crise. Qu'est-ce qu'on fait en période de crise? On investit. C'est à ça que sert l'État. C'est ça qu'on fait, c'est comme ça que ça marche. Donc, l'idée, c'est ça : oui, on stimule, et c'est un investissement, puis l'argent, espérons-le, des consommateurs de culture va se revirer plus vers les créateurs de culture grâce à ces mesures-là entre autres. Une culture forte fait qu'on va avoir plus envie de la consommer aussi. M. Bossé (Olivier) : …ce 60 $ là, vous dites de le distribuer à des gens qui fréquentent moins. Comment ça pourrait être fait? Je comprends que vous n'avez pas encore déterminé les personnes, là, mais ça pourrait se passer comment? Mme Dorion : Bien, on pourrait étudier… il faudrait faire une évaluation de qui sont ceux qui n'en consomment pas du tout ou qui sont… Tu sais, il y a beaucoup de monde, là, qui ne vont pas consommer d'art vivant ou d'art non numérique. Ça ne fait juste pas partie de leurs habitudes, ou ils sont allés une fois à l'école, ils n'ont pas aimé ça, puis c'est tout. Donc, quand on leur dit : Voici, avec ça, va essayer ce que tu veux, bien, ils y vont selon leurs goûts, puis ils développent un goût pour l'art, et ça ajoute du nouveau public. Comment les déterminer? Là, c'est un travail qui resterait à faire. Est-ce que c'est un mixte de revenus, d'âge, d'où tu habites, de toutes sortes de choses? Ça fait que ce serait à déterminer comme ça, mais ce serait quand même 1,5 million de Québécois qui en profiteraient. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde, là, tu sais? Donc, on ratisse très, très large. M. Bossé (Olivier) : On a eu, en France... Emmanuel Macron, qui a rencontré des représentants de la culture et des arts, puis ensuite ils ont émis des consignes, des
recommandations pour le déconfinement. Alors, ça ne s'est pas fait au Québec, pourquoi vous pensez?, même si les gens de la culture le réclament. Mme Dorion : Bien, ça a été la même chose en France, hein, les gens de la culture ont dû se choquer pas mal avant d'avoir… puis ça, on a été en contact beaucoup avec eux, avant d'avoir ce qu'ils ont eu et d'avoir même une écoute. Ils sont en avance sur nous dans la pandémie, dans le sens où ça a commencé plus tôt chez eux. Je pense que c'est un peu le même scénario qui se produit ici. Le gouvernement de la CAQ a l'air à considérer la culture comme quelque chose de pas tellement important, comme si ça ne faisait pas partie de l'économie et comme si ça ne faisait pas partie de la santé collective d'un peuple. Parce que, là, on parle beaucoup santé, économie. Ils ont l'air à mettre ça de côté. Quand la pression monte, à un moment donné, un gouvernement est obligé de dire : Woups! ça a l'air d'être important, puis, si on ne fait rien puis si on ne prend pas ça au sérieux, ça va nous coûter cher politiquement. Donc, le milieu fait bien son travail de ce côté-là, comme le milieu français l'a fait. M. Bossé (Olivier) : Donc, vous pensez que ça peut encore arriver? Mme Dorion : Bien oui, bien oui. Ce n'est pas pour rien qu'on... sinon, on ne ferait pas ça, là. On est vraiment en... on essaie de faire comprendre à la ministre : Non, non, ce n'est pas un petit enjeu pas important sur le côté, là, c'est fondamental, là, on a besoin de ça. Puis, en plus, c'est tout un milieu qui a besoin de ça, mais même les Québécois en général ont besoin de ça, ils ont besoin de sortir de chez eux, là. Ça fait que trouvez-nous des façons qui nous permettent de le faire en respectant les consignes de la Santé publique, puis ça va se passer, là. M. Bossé (Olivier) : ...les consignes de la Santé publique, ça devient un problème. Je peux concevoir que, dans les cinémas, ils vont rouler à 10 %, 15 %, 20 %, je pense qu'ils peuvent... Mme Dorion : Ça peut être 25 %, ça dépend. On peut estimer... M. Bossé (Olivier) : ...les salles de spectacle ou, je ne sais pas, moi, les théâtres ne peuvent pas rouler à 25 %, là.
Mme Dorion : Ils peuvent. Ils peuvent rouler à 25 % si l'État est là pour dire : Bon, bien, trouvez les meilleures façons, qu'est-ce que vous allez faire avec ces mesures, ces consignes de Santé publique là. Les théâtres, par exemple, il y a plein d'autres arts vivants, vont proposer des choses. Puis, quand nous, on dit : Il faut qu'il y ait une grosse bonification des budgets du CALQ et de la SODEC, c'est ça. C'est de dire : O.K., il faut passer à travers la pandémie, vos revenus de billetterie vont baisser pas mal, ça fait que, tu sais, faites des appels. Puis oui, c'est un fonds d'urgence pandémie, ce n'est pas de votre faute, là, vous avez juste 25 % de la salle ou 15 % de la salle ou... tu sais? Mais les artistes sont vraiment... Et ça ne fonctionnera peut-être pas juste comme ça fonctionnait avant, tu sais? On a vu Dear Criminals, des musiciens, là, ils n'ont pas attendu, ils ont dit : O.K., on va faire un show — c'est des musiciens — une toune, deux personnes maximum, qui sont en couple, ou une personne à la fois, puis ils sont passés un après l'autre en respectant toutes les consignes. Ils sont capables de... on ne peut même pas imaginer jusqu'où ils sont créatifs. C'est leur job à temps plein, là, de créer, ça fait qu'ils vont trouver des manières, là, puis le public ne sera peut-être même pas moins nombreux. Il y a toutes sortes de manières d'imaginer des choses. M. Bossé (Olivier) : Une autre question sur l'église Saint-Sacrement, qu'il a été annoncé ce matin qui sera protégée, vraisemblablement. C'est quoi votre... Mme Dorion : Bien, c'est une intention d'avis de classement, ça, c'est... Il y a beaucoup de mots, mais c'est vraiment une bonne nouvelle, c'est un bon pas. Mais, encore une fois, tantôt, je parlais de la pression du milieu, là, il y a eu... Les citoyens, dans Saint-Sacrement, ils ont été hallucinants, là, ils ont fait une grosse pétition, ils ont fait des études, ils ont demandé à tout le quartier : Est-ce que vous voulez la garder? Ils ont fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Ils ont envoyé des lettres, j'ai donné personnellement de leurs lettres à la ministre. Beaucoup de monde font partie de cette victoire-là qui n'en est pas une encore, il faut rester vigilants, parce que, là, c'est un avis d'une intention de classement, là. Ça fait qu'il faut regarder ça. Mais c'est excellent, c'est une super bonne nouvelle. Que serait le quartier SaintSacrement sans l'église Saint-Sacrement? Je veux dire, c'est... M. Bossé (Olivier) : Qu'est-ce qu'ils vont faire avec ça? Qui va payer pour ça, là? C'est un OBNL?
Mme Dorion : Oui, ça, c'est... Oui, c'est ça. Mais c'est pour ça que, dans notre plan, on propose une aide aux municipalités pour le patrimoine bâti, parce qu'il y a plein de choses... Tu sais, ils vont en annoncer, là, ils ont dit : On va mettre de l'argent dans les infrastructures. Bien, O.K. Il y a plein d'idées, là, qui... On en a besoin, de toute façon. Dans Saint-Jean-Baptiste, que faire avec l'église Saint-Jean-Baptiste? Elle est collée sur une école, comme beaucoup d'églises. L'école manque de place. Ils sont en train de trouver la solution : l'église va servir à l'école. Il suffit, encore une fois, d'être créatif et intelligent. Une voix : Merci. Mme Senay (Cathy) : Good morning. One of the only appearances of Nathalie Roy was last week, when she announced in Montréal that drive-in theaters will open tonight. How do you see this? Well, first of all, what do you think about the fact that drive-in theaters will open tonight, about the experience that people may get from this? Mme Dorion : It's an announcement for the public : Oh! You're going to be able to go see films outside. But it's not an announcement that is in any way related to any creation. Which artists will be put in action because of this announcement? Same thing for the libraries and the... If she mixes the two things to such a point that she says this is an announcement for the cultural people, and that's what she announces, it's problematic. We have to... I mean, that's why we just say, like : Look, this could really help the milieu. Mme Senay (Cathy) : When they announced that the libraries will reopen, and then you had authors that were saying... Because there is this inclination to go to digital, and you see books going to the digital, and you have authors saying: Well, we still exist. And then you have Olivier Kemeid who wrote this letter this week saying : We need this emergency meeting with you, Nathalie Roy, we need to plan ahead. Because you know what it is in theaters, for representations, the calendars... Mme Dorion : Yes, it takes at least three months to be able to present a show. You have to know when it is, when it is going to be in order to be able to rehearse right now, so you can build something. Yes, she... Well, how to say that? What is your question, again?
Mme Senay (Cathy) : Do you have the impression that she has the leadership to bring artists and Québec to another level in this pandemic context? Mme Dorion : I don't think she has enough knowledge of how it really works to invent herself solutions. But she can really be... she can listen. All the solutions, all the ideas are there. And, if she's able to just really listen... Because even the artists that were invited to her multiple tables she put, like, they said : What's the point? we're just speaking like five minutes each, and there's nothing there. OK, so there's no... it's not really creative, you know? We're not trying to fix things, we're just expressing what's on our sheet, and then that's all. So she has to really, really just listen, but in the human sense, like : OK, now I can understand what the problem is and so I can choose, between different solutions that are being proposed, which one we're going to push. Mme Senay (Cathy) : And did you see what Premier Legault said this week? I'm going to go back to... Because the question was asked about the cultural sector. He says that it's going to take time, we're going to need months before we go ahead with shows. We have to respect the two meters, we have to... there's no way that, like, a show can happen at 50% of its capacity. OK, knowing this, there is a... Sorel-Tracy, there is this kind of pilot project they're trying to put together, like a theatre room and to have shows with distances. Do you have the impression that the Québec Government was so imaginative for... You know, they took risks, they started the reopening of the province faster and earlier than the rest of Canada. So we were able to take risks. And do you have the impression that they're lacking some mindset for the culture to find idea and say : Go ahead and take risks? Mme Dorion : They're able to take risks if we're talking about the economy, like, if it's going to help the economy in their vision. Because I think they really think that culture is not a plus for the economy. It's just like : Oh! that's people asking for money, and it's for nothing, you know? They don't realize how it structures a local economy too. I don't like talking about culture just with the economy lens, but to speak their language, even with these lenses it's a really good idea. So you are not doing that. Why? It's... Comment on dit ça, «angle mort»?
Mme Senay (Cathy) : It's not in their vision, they don't see it. Mme Dorion : Yes, they just don't see it, it's not in their vision, it's not in their experience. You can see that it's not. They don't really know what artists... why we need it, why it is so important. So when... Mme Senay (Cathy) : They don't see the innovations, you think? Mme Dorion : No. And they also think that they live in a world where, in their minds, most Quebeckers don't care. That's why they are so easily speaking about : Oh! look, it won't happen before long, and no, it's impossible, and... They live in this world where people... in their minds, people don't care. It's not true. A lot of people care. A lot of people need it. And a lot of people work in these milieus. So there is really a big, a huge blind spot that they don't see. And this can harm them in the long term, for real. Mme Senay (Cathy) : One last clarification. In having this plan that you propose, would you like Nathalie Roy to bounce back soon and come up with a plan like this? Mme Dorion : We've spoken with so many people, really, on the phone and to have this, and the point is also to say : Why aren't you able to do this? You're a minister, why is it not happening? It doesn't have to be that ambitious, but why nothing at all, except : We are speaking with people, we are arranging tables? No, no, that's absolutely not the way it should happen if you are to show that you respect this part of our life. La ModĂŠratrice : Merci beaucoup. (Fin Ă 10 h 26)
Participants Dorion, Catherine
Point de presse de Mme Catherine Dorion, porte-parole du deuxième g…munications et de langue française - Assemblée nationale du Québec
20-06-11 19:09
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Édition du jeudi 28 mai 2020 Section Arts et être - Écrans 1 et 3
Quand les planches craquent et crient
Odile Tremblay 28 mai 2020 Chronique Chroniques
Le milieu des arts de la scène québécois en a assez. Assez d’être tassé du pied à l’heure des déconfinements — neuf semaines de silence gouvernemental, c’est long. Assez de se voir exclu de la société de demain appelée pourtant à épouser de nouvelles valeurs hors du champ de la consommation à tout-va. Assez de s’entendre sommé de se réinventer alors que le théâtre, la danse, la musique, les spectacles ne font que ça, en plus de porter la mémoire. Car sous l’expression « se réinventer » — les artistes ne sont pas dupes — se cache l’invitation à se jeter corps et âme dans l’aventure du « tout au numérique », à se concentrer sur les captations, à oublier le contact avec le public, qui est le sang et la chair de l’art vivant comme son esprit. Ce secteur numérique, déjà glorieux, devenu triomphant et indispensable durant la crise du coronavirus (https://www.ledevoir.com/coronavirus), a moins besoin de soutien que le vivier des énergies en communion. Tout le crie. Et l’avenir devant nos seuls écrans maison recèle ses pièges et ses appauvrissements intérieurs et sociétaux. Plaçons devant lui un drapeau rouge. Bien sûr, l’univers des arts de la scène s’est mis en pause pendant la pandémie, comme l’ensemble des activités culturelles et commerciales. Bien sûr, il a besoin aujourd’hui d’un calendrier de réouverture pour ses spectacles et d’aide aux artistes laissés en plan, mais il veut avant tout se sentir un partenaire respecté, attendu, consulté pour des lendemains meilleurs en sa compagnie. Car il faudra bien réapprendre le vivre-ensemble. Et si possible, le faire mieux qu’avant, en tenant compte des protestations de la nature et de valeurs plus humaines et culturelles que la trépidante course du rat de nos vies d’hier. En un temps jadis, nos gouvernements nationalistes s’alliaient aux forces vives de la création, pour galvaniser et inspirer leur peuple, pour l’attirer en de hautes sphères vers quelque chose qui dépassait le pain et les jeux. Appelons ça une aspiration collective et individuelle à un épanouissement toutes voiles dehors. Car la culture n’est pas réservée à une élite, mais à tout un chacun qui veut voler avec ses ailes. Désormais, on sent à la CAQ le terme « culture » se confondre avec celui de « divertissement » — une partie de sa mission, bien sûr, mais une partie seulement. L’art n’est pas qu’une industrie porteuse à mettre en ondes. Il secoue aussi les consciences et réveille les morts. De ses coups de boutoir, nos temps troublés ont bien besoin. Quand la ministre de la Culture, Nathalie Roy, est venue vendredi dernier tendre en point de
presse quelques hochets au milieu culturel si éprouvé — timide réouverture des bibliothèques et des musées, bras ouverts aux cinéparcs —, le monde de la scène s’est senti largué et trahi. Quand lundi, sur la même tribune, les artistes Pier-Luc Funk et Sarah-Jeanne Labrosse se sont adressés à la jeunesse — riche idée — sans néanmoins parler de culture, il a encore frémi. Alors, oui, lire la missive de l’homme de théâtre Olivier Kemeid portée par sept créateurs québécois à l’adresse de la ministre, cosignée par tant d’artistes mardi dernier, c’était partager la tragédie d’un monde privé de ses sources. Ils ne vivent pas dans une tour d’ivoire, ces porteurs de culture là. La distanciation sociale, ils en comprennent la nécessité, travaillant déjà aux mesures sanitaires à mettre en place dans leurs temples et leurs agoras : « Nous avons été bouleversés, nous le sommes encore, nous le serons longtemps — nous qui jouons parfois des pièces vieilles de plus de mille ans, nous n’avons pas l’amnésie facile », lancent les voix derrière la lettre de Kemeid, mais les créateurs se sentent déchiquetés par la tornade et réclament une rencontre et un dialogue avec la ministre. Car sans leur concours à l’heure de pousser la roue, que valent les projections étatiques pour l’horizon des bardes, des baladins, des comédiens et du public nourri de leur sève ? Il faut écouter les cris vibrants des créateurs tant ils sont beaux et se propagent au loin : « C’est par l’art que se définit l’âme d’une population. […] Nous sommes les témoins, les opposantes, les subversives, les esprits libres, les chagrineurs, les satiristes, les philosophes, les poètes, les objecteurs de conscience. Nous sommes les taons qui piquent sans relâche le cheval du corps social. » La relance des salles de spectacles n’est pas pour demain, a fait entendre François Legault (https://www.ledevoir.com/francois-legault). Mais on souhaite de tout cœur à son gouvernement, à la veille de proposer de nouvelles mesures de soutien à la culture, de porter haut l’avenir des arts vivants, baumes et témoins des lendemains à étreindre. « Les temps tragiques que traversent nos sociétés, c’est nous qui les raconterons aux générations futures », présagent-ils d’une seule voix.
CTV News at Six - 27 mai 2020 Cliquez ici pour voir le reportage à 11:46
CTV News at 11:30 - 27 mai 2020 Cliquez ici pour voir le reportage Ă 10:07
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OPINIONS
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Soutenir les artistes, soutenir la culture
PHOTO IEN PELOSSE
Nathalie Roy, ministre de la Culture 1
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Le monde d'après ne sera pas une simple reprise du monde d'avant, revenant à la normale après une épreuve terrible vite mise entre parenthèses.
Édition du mercredi 27 mai 2020 Section Arts et être - Écrans 1 et 8
Pas la lune, juste l’écoute
Annik MH de Carufel Archives Le Devoir La missive est portée par le dramaturge et directeur artistique du Théâtre de Quat’Sous, Olivier Kemeid.
Natalia Wysocka 27 mai 2020 Théâtre
« Ce n’est pas parce que nous sommes dans l’inconnu que nous devons être plongés dans le vide. » Dans une lettre ouverte envoyée mardi à la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, les artistes de la scène demandent un dialogue, une visibilité. Pas la lune, disent-ils. Juste l’écoute. La missive (https://www.ledevoir.com/opinion/idees/579622/lettre-a-la-ministre-nathalie-roy-pour-les-arts-vivants), doublée d’une pétition déjà signée de milliers de noms, est portée par le dramaturge et directeur
artistique du Théâtre de Quat’Sous, Olivier Kemeid. En concertation avec, notamment, Brigitte Haentjens, Claude Poissant et Ginette Noiseux. « C’est important de le dire. La grogne, elle est née récemment. Pas au début, insiste Olivier Kemeid au bout du fil. Il aurait été indécent, au jour trois, de faire une sortie. » Mais au jour soixante-quatorze, la sortie s’imposait. « Après avoir fait front commun, il importe de réarrimer la vie démocratique. De questionner. De critiquer. De remettre en question. J’ai remarqué que les complotistes font florès quand on n’entend qu’une seule voix. Quand le discours se fait uniforme. » Le déclencheur de la missive : le point de presse des autorités du 22 mai. Celui annonçant la première phase du déconfinement dans le milieu culturel. Qui a donné le go aux musées. Aux bibliothèques. Aux ciné-parcs. C’est tout.
Nous sommes capables de nous adapter, nous sommes souples. Mais nous vivons un moment qui exige une profondeur, une pensée. — Olivier Kemeid Plusieurs fois, Olivier Kemeid le redit : « Nous réitérerons notre confiance envers la santé publique. Jamais, nous ne nous mettrons au-devant des mesures sanitaires. Notre lettre, ce n’est pas “NOUS EXIGEONS QUE LES THÉÂTRES SOIENT OUVERTS DEMAIN, BON”. Nous voulons simplement avoir voix au chapitre. » Sans oublier l’importance d’aborder la question du numérique, omniprésente depuis le début du confinement. Combien d’Instagram Live peut-on regarder avant de ressentir un certain engourdissement ? D’avoir soif d’autre chose ? Car précisément : les arts de la scène sont autre chose. Et sans public, ils ne sont, tout simplement, pas des arts de la scène. « Si je n’ai pas cette présence physique devant moi, je ne joue pas de la même manière. Je n’écris pas de la même manière. Je ne danse pas de la même manière. » Tout est dans la manière, d’ailleurs, avance Olivier Keimed : « On s’entend : jouer devant public n’est pas un mince défi en temps de pandémie. Mais on a des idées. Et on aimerait les échanger avec le ministère. » Parmi les idées soulevées, l’importance du temps. De réflexion, de répétition, de planification. « Nous sommes capables de nous adapter, nous sommes souples. Mais nous vivons un moment qui exige une profondeur, une pensée. » Le temps devant soi, il n’est pas marqué de balises claires, déplore le metteur en scène. Si ce n’est que pour ceux qui ont demandé la PCU au début du confinement, les paiements s’arrêteront en juillet. Quatre mois seront passés. « Je ne sais pas quel sera le pourcentage des artistes qui seront sur la paille à ce moment, mais ce sera une maudite gang. J’ai envie de dire à la ministre : si vous ouvrez, mais que tous les travailleurs culturels ont changé de carrière, désœuvrés, parce qu’ils ne pouvaient plus manger, nous ne serons pas plus avancés. Rendu là, les dégâts seront tellement considérables, que peu me chaut une date. »
C’est pourquoi Olivier Kemeid souhaite un plan. Fût-il « évolutif et fluctuant ». Mais surtout des discussions. Des échanges. « Je ne demande pas un calendrier bétonné ou une boule de cristal à mon gouvernement. Je demande seulement : si on ne peut pas ouvrir avant janvier 2021, que me proposez-vous pour l’automne ? À part mettre deux Kodaks sur une scène et aller au ciné-parc ? (Entendons-nous, j’y vais au ciné-parc. J’ai deux enfants, j’adore ça. La question n’est pas là.) » Questionnée à ce sujet, Geneviève Gouin, attachée politique de Nathalie Roy, a souhaité préciser : « Madame la Ministre a bien reçu la lettre et accusé réception. Elle est consciente que le milieu réclame un échéancier clair, mais ce n’est pas elle qui le fixe. Elle respecte les avis de la Santé publique et souhaite s’assurer qu’on ne se retrouve pas avec une résurgence du virus et un retour à la case départ. » Et pour ce qui est de la deuxième phase du déconfinement dans le milieu culturel ? « Nous n’avons pas encore de date. » Multiples scénarios Anne Trudel a signé la lettre en tant qu’artiste. En tant que présidente du Conseil québécois du théâtre (CQT), toutefois, il y a un moment déjà qu’elle se bat pour obtenir des balises claires du gouvernement. « Tous les secteurs ont été invités à déposer un plan de reprise le 15 mai », rappelle-t-elle. De multiples scénarios ont alors été proposés. En plusieurs phases. D’abord, la réouverture des lieux. « Pour que les artistes et les travailleurs culturels puissent faire des laboratoires, explorer, se parler. Voir ce que la distanciation sociale suscite chez eux. Dans la logique économique du gouvernement, il faut voir cette phase de recherche un peu comme de la recherche fondamentale en science. » Ce n’est qu’à la phase trois que le CQT parle d’accueillir le public. Et ce dernier, assure la présidente, est impatient de retrouver les arts vivants « en vrai ». « À la quantité de rencontres que l’on fait sur Zoom, on se rend compte que ça n’a rien à voir avec le contact humain. Rien à voir avec une œuvre que l’on voit physiquement, directement devant nous. » Rien à voir.
Activité de prédilection de plusieurs citadins depuis le début de la pandémie, la marche peut aussi servir à appréhender différemment l’expérience du théâtre. Avec sa compagnie L’activité, l’auteur et metteur en scène Olivier Choinière (Zoé, Mommy, Ennemi public) s’était déjà fait une spécialité des déambulations sonores, ces parcours théâtraux qui amenaient le spectateur à l’extérieur des murs du théâtre avec l’aide d’acteurs ou d’audioguides. Trois de ses déambulations sont maintenant adaptées en fichiers audio téléchargeables, qui peuvent être écoutés à leur guise par les spectateurs sur leurs téléphones. La marche est toutefois hautement recommandée lors de l’écoute. «Le débit, le rythme, la construction sonore: tout est fait pour être écouté en marchant. Le format prend en compte la pensée vagabonde du marcheur, qui crée des liens entre ce qu’il voit, ce qu’il entend et les sons accidentels, qui viennent interférer avec la bande sonore, explique Olivier Choinière. Ça n’a pas de sens d’écouter ça à la maison.»
On est donc loin du balado traditionnel et de son format léché et beaucoup plus près de l’immersion. Parmi les trois déambulations offertes, une seule, Ascension, pèlerinage sonore sur le mont Royal, est associée à un lieu précis. Les deux autres, Beauté intérieure, interprétée par Marc Beaupré, et Bienvenue à – (une ville dont vous êtes le touriste), qui met le spectateur dans la peau d’un visiteur dans une ville étrangère, s’apprécient dans n’importe quel environnement, pourvu qu’on mette un pied devant l’autre. «Le processus d’adaptation a permis de ramener ça à l’essentiel. Ce qui est raconté gagne en clarté. On a coupé du texte et des interventions des acteurs. Ça permet une interaction avec l’extérieur qui est moins contrôlée, moins mis en scène et plus accidentelle», soutient Olivier Choinière. «J’ai toujours voulu m’adresser intiment au spectateur et le rendre actif. Alors quoi de plus actif que de le faire marcher?» Olivier Choinière, dramaturge et metteur en scène Le dramaturge de 46 ans croit également que ce nouveau format apporte une plus grande marge de manœuvre aux spectateurs/auditeurs. «Soudainement, en tant que spectateur, je suis plongé dans un autre univers grâce à la bande sonore. On me fait des propositions et j’ai la liberté de les accepter, de m’y plonger, sans avoir à penser aux détails concrets.» Encore là, la marche joue encore un rôle important pour apprécier cette liberté. «Lorsqu’on marche, on écoute d’une autre manière que lorsqu’on est dans une salle devant une scène. Dehors, on est dans une situation réelle. La pensée est très active. Ne serait-ce que pour traverser la rue sans se faire frapper, regarder les vitrines ou faire des liens entre ce qu’on entend dans nos écouteurs et l’environnement qui nous entoure. C’est beaucoup d’informations qu’il n’y a pas au théâtre, où tout est construit pour qu’on se concentre uniquement sur l’action présentée sur scène», illustre l’auteur de Manifeste de la jeune-fille. Mais ce type de formats, où le spectateur est seul avec son téléphone, coupé des acteurs et du public, est-il encore du théâtre? Olivier Choinière croit que oui. «Selon moi, le fondement du théâtre, c’est la rencontre. Dans ce contexte, elle est différente, d’une autre nature, mais elle est toujours là. On est dans la rencontre d’un texte en action, d’un personnage et de ses actions.» Les déambulations sonores sont offertes sur le site lactivite.com. Une contribution volontaire de 3$ par téléchargement est suggérée. Prise de parole Olivier Choinière fait partie des 250 artistes qui ont appuyé la lettre ouverte Pour les arts vivants, publiée hier par le dramaturge Olivier Kemeid.
Les signataires y dénoncent le peu d’attention accordée aux arts de la scène par la ministre de la Culture Nathalie Roy dans la relance du milieu culturel. «On nous dit de nous adapter aux canaux qu’on veut bien nous donner. Mais ce n’est pas au Conseil des arts, aux subventionnaires ou au gouvernement de dire aux artistes comment pratiquer leur art», plaide Olivier Choinière. «Un théâtre, ce n’est pas qu’une salle avec des sièges et une billetterie. C’est un lieu de prise de paroles à travers la fiction. En ce moment, cette parole de citoyens dans une démocratie nous est enlevée. Ce n’est pas anodin.»
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Point de presse de Mme Isabelle Melançon, porteparole de l’opposition officielle en matière de culture et de communications Version finale Le mercredi 27 mai 2020, 8 h Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement (Huit heures quatre minutes) Mme Melançon : Merci beaucoup. Alors, bonjour, tout le monde. Heureuse de vous retrouver ce matin. Alors, comme vous le savez, la COVID-19 a chamboulé nos vies dans les derniers mois. Depuis la mi-mars, le Québec est sur pause, et on a perdu des êtres chers, on soigne nos malades actuellement, et les gens sont en confinement, toujours, en tout cas, à Montréal, bien qu'on commence à ouvrir tranquillement. Je dois vous dire qu'à Verdun c'est extrêmement difficile, je veux vous le dire, on est encore en zone rouge, on perd beaucoup de gens. Et, pendant le confinement, j'ai fait de nombreux appels, et j'ai constaté à quel point les gens, durant le confinement, ont consommé beaucoup de culture. La culture a fait partie de la vie des Québécois et des Québécoises lors des derniers mois. Tout le monde a écouté une série, un film, un livre, hein, on a lu plus que jamais, dans certains cas. On a aussi regardé... virtuellement, là, on a visité des musées. Bref, la culture a fait partie de nos vies, et c'est tant mieux. Mais, malheureusement, la culture aujourd'hui est encore le grand oublié du gouvernement du Québec. Et pour preuve, il y a une lettre, avec 250 artistes, qui a été publiée, c'est Pour les arts vivants. Cette
lettre-là a été signée par 250 personnes, dont des personnes que vous connaissez très bien, par exemple, Guylaine Tremblay, par exemple, Julie Le Breton, on pense à M. Lepage. Bref, vous irez trouver la liste de ces personnes qui ont signé cette lettre. Et il y a 14 000 signataires en date d'aujourd'hui. Ça a été mis hier, là, sur le site... sur Facebook. Il y a 14 000 signataires actuellement qui ont signé la pétition. Vous savez, les artistes qui ont signé ça, ils ne demandent pas de l'argent au gouvernement, ils demandent d'être entendus par la ministre de la Culture, ils veulent être écoutés. Moi, ce qui me trouble dans tout ça, c'est que les artistes ont été les premiers à avoir cessé leurs activités et ils vont sûrement être les derniers à reprendre le boulot. Et comme vous le savez, c'est difficile actuellement, il y a la PCU qui va terminer en juillet pour eux. Il n'y a pas de plan. Les artistes ont été fâchés du point de presse qui a eu lieu vendredi le 22 mai. Un vendredi après-midi, sans la présence du premier ministre, la ministre a assisté, participé à un point de presse avec la santé publique. Puis dans le fond, là, la santé publique, ils ont déconfiné les cinéparcs, cinq cinéparcs. Et je n'ai rien contre les cinéparcs, là, j'ai des enfants, je vais au cinéparc. Ils ont aussi déconfiné les musées puis les studios d'enregistrement. Ça, ce n'est pas une annonce, ce n'est pas un plan pour la culture. Donc, les artistes sont fâchés parce que la ministre avait elle-même créé en disant qu'elle avait de grandes annonces pour le milieu culturel, puis finalement, bien, on a vu ce qu'on a vu vendredi le 22. Je veux aussi que les diffuseurs, RIDEAU, le ROSEQ pour l'Est-du-Québec sont aussi fâchés actuellement. C'est difficile de faire une programmation. Vous savez que ça prend plus qu'un an faire une programmation dans les théâtres. Bien, là, actuellement, ils ne savent pas à quoi s'en tenir. Ils ont énormément de pression. Puis pour préparer un spectacle, là, pour les mois à venir, bien, ça prend aussi des mois de préparation. Donc, aujourd'hui, ce que je souhaite, c'est que la ministre enfin puisse entendre le milieu, veuille rencontrer les signataires de cette lettre-là pour pouvoir faire un vrai plan parce qu'elle doit prendre la main tendue. Moi, j'ai tendu la main à plusieurs reprises dans... les derniers mois, pardonnez-moi, j'ai tendu la main. Ils tendent la main, et honnêtement, aujourd'hui, je pense qu'elle doit prendre l'aide. Elle a besoin d'aide, la ministre, et c'est qu'ils proposent. Alors, j'espère qu'elle va accepter de
rencontrer les gens du milieu. M. Laforest (Alain) : Mme Melançon, comment on fait pour rentrer 60 personnes dans une salle de 80 en situation de COVID actuellement pour faire des spectacles? Parce que c'est beau de dire, oui, ils sont oubliés, mais le problème, c'est la proximité. Est-ce qu'on peut faire des spectacles à deux mètres dans une petite salle? Mme Melançon : Bien, c'est encore en rencontrant les gens qu'on va avoir ces réponses-là. Une chose est sûre, M. Laforest, c'est que, dans une proposition que RIDEAU a faite, ils ne demandent pas nécessairement de dire : On veut ouvrir aujourd'hui les théâtres et les salles de diffusion, ce n'est pas ce qu'ils demandent, c'est de dire : Est-ce qu'on peut justement avoir, comme on l'a fait pour les festivals. Les festivals savent que, jusqu'au 31 août, il n'y a pas de festivals. Alors là, ça donne du temps justement d'arrêter les productions, de pouvoir voir venir. Vous savez, si on a envie d'aller voir Mariana Mazza au théâtre de Saint-Jérôme, bien, souvent on va acheter nos billets un an à l'avance parce que les programmations, c'est comme ça que ça fonctionne. Là, actuellement, non seulement ils perdent de l'argent chaque jour, mais en plus, ils ne sont pas capables de prévoir, de prédire. Au moins, s'ils avaient des dates, en disant : On arrête jusqu'au 31 août, puis, par la suite, là, on va commencer à voir venir. Déjà, ce serait une annonce pour eux. M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais ça semble, excusez-moi, ça semble déjà assez clair, là, que jusqu'au 31 août, il ne se passera rien, là. S'il n'y a pas de festival, il n'y aura pas de spectacle. En fait, vous dites que la ministre a besoin d'aide, mais franchement, qu'est-ce qu'elle peut faire? Je veux dire, personne ici, dans cette salle, on ne sait ce qui va se passer avec la pandémie au cours des prochaines semaines, des prochains mois. Donc réellement, là, qu'est-ce que c'est qu'elle peut faire? Mme Melançon : Bien, actuellement, là, les diffuseurs disent l'inverse de ce que vous me dites. Parce que tant et aussi longtemps qu'ils n'auront pas un moment d'arrêt, ils ont des contrats liant des artistes actuellement. Alors, ce n'est pas aussi simple que vous le prétendez. Elle a besoin d'aide, oui, parce que les gens veulent dire à la ministre : Voici ce que nous, là, on peut proposer actuellement. La ministre ne cesse de dire qu'elle rencontre les artisans, les artistes, qu'il y a des tables. Moi, hier, là, on m'a raconté que chaque rencontre, il y a 35 ou 45 personnes autour d'une table par visioconférence ou par téléphone, là, puis que les gens ont deux minutes et
demie pour parler. Pensez-vous vraiment qu'on peut entendre les problématiques du milieu en deux minutes et demie? La réponse est non. Mme Crête (Mylène) : Bien, ça prendrait quoi, comme plan, à ce moment-là? Vous dites qu'ils ne demandent pas d'argent, mais ça va en revenir à ça éventuellement. Mme Melançon : Bien, probablement qu'il va y avoir, bien sûr, une demande financière à un moment donné, mais ils n'en sont pas là. Ils veulent être entendus, ils veulent être écoutés, et ça, c'est urgent. Et là, honnêtement, après neuf semaines, que la ministre n'ait pas eu le temps de rencontrer ces gens-là, je suis un peu surprise. Le premier ministre a enlevé la langue française à la ministre Roy pour qu'elle ait plus de temps. Là, elle pourrait rencontrer les gens du milieu. Ça fait neuf semaines, là, puis on n'est même pas obligés de se déplacer, là, on peut le faire par téléphone ou par visioconférence. M. Bellerose (Patrick) : J'aimerais vous entendre sur l'aide accordée par Québec au Cirque du Soleil. Qu'est-ce que vous pensez du fait qu'on aide, justement, des fonds milliardaires et que cette aide-là aussi va aider des entreprises qui sont placées dans les îles Caïmans? Mme Melançon : Bien, j'ai beaucoup de difficulté à vous répondre ce matin parce qu'il y a beaucoup... c'est nébuleux. Il n'y a pas beaucoup de transparence dans l'annonce qui a été faite hier par le ministre Fitzgibbon. Je veux vous dire une chose, 200 millions $ US, là, ça représente 276 millions $ CAN. Bien, j'espère que le gouvernement a aussi pensé qu'il y a des super beaux joyaux en cirque qui sont aussi Québécois et qui vont avoir besoin d'aide. Je pense aux 7 Doigts, je pense à Éloize, je pense ici, à Québec, à Flip Fabrique. Ce sont des joyaux québécois puis, vous savez, 92 % de leurs revenus autonomes, c'est les tournées internationales. Actuellement, là, on s'entend, il n'y en aura pas de tournées internationales dans les prochains mois. Alors, j'espère que ce qui sera bon pour pitou sera aussi bon pour minou, et tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas de réponse... Est-ce que l'argent va servir à payer les artistes du Cirque du Soleil qui n'ont pas été payés? On n'a pas de réponse actuellement. M. Bellerose (Patrick) : Mais est-ce que c'est acceptable d'aider des entreprises qui font affaire à travers des paradis fiscaux?
Mme Melançon : Bien, ce qui est encore une fois troublant, c'est qu'on n'a pas beaucoup de réponses quant à où va aller l'argent. C'est pour ça que je vous dis, moi, c'est de savoir où va aller l'argent. Est-ce que ça va aller directement aux îles Caïmans? Si c'est le cas, on doit se poser de sérieuses questions. M. Laforest (Alain) : Est-ce qu'on aurait dû aider ou se concentrer davantage sur les repreneurs québécois? Mme Melançon : Bien, comme je vous dis, au moment où on se parle... puis là, on a appris dimanche que Guy Laliberté veut reprendre, on sait que Québecor aussi faisait partie des gens qui étaient intéressés par le Cirque du Soleil. Moi, je ne fais pas partie des rencontres actuellement. Une chose est sûre, qu'on veuille sauver, qu'on veuille aider... Puis, vous savez, le nationalisme, là, il est à géométrie variable dans ce gouvernement-là, hein, parfois on veut aider, parfois on ne veut pas aider. Je vais vous donner l'exemple du 45 millions $, là, pour la publicité qui a été octroyé, le contrat qui a été octroyé, là, bien, c'est à une firme qui est américaine. Le gouvernement veut sauver, mais de l'autre côté, il donne à des Américains pour, par exemple, de la publicité, 45 millions de contrats en publicité pour Cossette, qui appartient aux Américains. Donc, c'est pour ça que je parle de géométrie variable à ce moment-ci. Le Modérateur : Une dernière question. M. Lacroix (Louis) : Vous venez de dire : Est-ce que l'argent du Cirque du Soleil va aller directement aux îles Caïmans? Vous avez dit ça, il y a 30 secondes. Qu'est-ce qui vous permet de penser ça? Mme Melançon : Non, j'ai posé la question. J'ai... M. Lacroix (Louis) : Quand on pose une question comme ça, c'est qu'on sous-entend que ça pourrait arriver, là. On ne dit pas ça dans l'air comme ça, là. Qu'est-ce qui... Mme Melançon : Non, non, mais c'est votre collègue. Si vous aviez écouté la question de votre collègue, il m'a demandé si ça va aller aux îles Caïmans ou pas. Moi, je dis, c'est une excellente question, il faut vraiment voir, moi, j'espère que l'argent va aller d'abord à payer ceux et celles qui sont les...
M. Lacroix (Louis) : Avez-vous des indications comme quoi ces gens-là cachent de l'argent dans les paradis fiscaux? Mme Melançon : Non, bien, j'ai... non, je n'ai rien à annoncer en ce sens-là ce matin. Le Modérateur : Merci, c'est tout le temps qu'on a. Merci à vous. Mme Melançon : Merci beaucoup, tout le monde. Je vous souhaite une belle journée. (Fin à 8 h 15)
Participants Melançon, Isabelle
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! C'est la femme invisible! " dit Eudore Belzile au sujet de la ministre de la Culture
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Le directeur général du Théâtre du Bic, Eudore Belzile (archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ÉDITH DROUIN
Laurence Royer Publié hier à 11 h 01
Le directeur artistique du Théâtre du Bic, Eudore Belzile, joint sa voix à celles de 250 artistes qui dénoncent, dans une lettre ouverte, l’inaction de la ministre de la Culture et des Communications concernant la reprise des arts vivants, comme les arts de la scène. ! C’est la femme invisible! " a affirmé Eudore Belzile lorsqu’il a été interrogé sur l’implication de la ministre Nathalie Roy
pour la reprise des arts de la scène à l’émission Info-réveil. ! Vendredi dernier, on était probablement quelques milliers suspendus à ses lèvres en conférence de presse […] Elle fait quelques annonces en cinq minutes, qui sont toutes heureuses, mais rien pour les arts vivants ", a-t-il déploré. La lettre ouverte publiée mardi par l’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid et des centaines d'artistes, dont Eudore Belzile, fait le même constat. Après avoir attendu neuf semaines dans le brouillard, les artistes de la scène ont l’impression d’avoir encore une fois été oubliés par le gouvernement québécois. ! L’annonce : mettez deux ou trois kodaks dans le coin de la scène, ça devrait faire l’affaire en attendant. Pour le reste, il y a les ciné-parcs […], nous en avons été profondément consternés. Le milieu des arts de la scène est unanime : cette conférence de presse a été vécue comme un affront ", peuton lire dans la lettre.
Le directeur artistique du Théâtre de Quat'Sous, Olivier Kemeid, a fait paraître une lettre ouverte à l'intention de la ministre Roy mardi dernier (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / HAMZA ABOUELOUAFAA
Ses signataires soutiennent d’ailleurs que les arts vivants ne peuvent dépendre que du web, notamment parce que ce
n’est pas un lieu de diffusion payant pour les artistes.
! C’est du beau bénévolat et ça donne aussi l’idée que [l’art] tombe un peu du ciel. " — Eudore Belzile, directeur artistique du Théâtre du Bic
Pas de réouverture prochaine demandée Les artistes sont toutefois conscients que la situation actuelle de la COVID-19 ne permet pas une réouverture imminente des salles de spectacles. ! Il ne s’agit pas de demander la réouverture des salles de spectacle la semaine prochaine, ni même dans deux semaines, précise Eudore Belzile. Les conditions ne sont absolument pas réunies. "
Des artistes sur la scène du Théâtre du Bic (archives). PHOTO : CATH LANGLOIS
Les signataires de la lettre réclament plutôt une rencontre avec la ministre pour être écoutés et participer à l’élaboration
de solutions.
! Nous exigeons de toute urgence une rencontre avec la ministre de la Culture Nathalie Roy. Plusieurs de nos revendications circulent dans nos plans de relance. Il nous est primordial de les faire entendre. " — Extrait de la lettre ouverte
! Il faut être partie prenante de la solution ", ajoute Eudore Belzile. Il explique que les diffuseurs prévoient leur programmation plus d’un an à l’avance et qu’ils ont besoin, au minimum, d’un calendrier évolutif de relance de l’industrie. ! Les artistes qu’on met sous contrat, les pigistes, il faut s’y prendre très longtemps à l’avance. [...] Il faut avoir un dialogue avec la ministre pour nous permettre de poser les bons gestes. " Les signataires de la lettre ouverte demandent aussi un filet social pour les artistes pigistes qui ne pourront compter indéfiniment sur la Prestation canadienne d'urgence (PCU), ainsi que des mesures d’aide financière pour les compagnies artistiques.
Laurence Royer
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Édition du mardi 26 mai 2020 Section Arts et être - Écrans 1 et 3
Texte aussi paru le 27 mai 2020 dans : La Tribune Le Nouvelliste Le Quotidien La Voix de l'Est Le Soleil
OPINION / Neuf semaines. Les artistes ont attendu neuf semaines, pendant lesquelles, du côté du gouvernement québécois, ce fut, pour rester poli, la grande discrétion, et pour être franc, le silence complet. Lors des conférences de presse, les arts de la scène n’étaient jamais mentionnés. Au Conseil des arts et des lettres du Québec – notre interlocuteur auprès du gouvernement
–, on semble naviguer entre ce même silence et l’opacité : des programmes viennent d’être suspendus sans que les artistes aient été consultés. Nos associations professionnelles, dont le Conseil québécois du théâtre (CQT), se démènent pour faire circuler auprès des autorités des plans de relance et de sauvetage. Mais nous n’avons toujours pas reçu de retour. La seule manifestation de soutien concret provient de notre raison même d’exister : le public. Il est là, il nous écrit chaque jour pour savoir quand nos portes ouvriront. Notre lien avec lui n’est pas rompu, et c’est aussi pour ne pas l’abandonner que nous exigeons de notre gouvernement un canal de communication clair, ainsi qu’une rencontre avec le ministère de la Culture. Au début, nous comprenions. Les urgences se logeaient en d’autres lieux de la société : les hôpitaux, le personnel, l’équipement, les résidences pour aînés, l’éducation. L’économie. Nous nous sommes tus, et les rares fois où nous parlions, c’était pour exprimer toute notre solidarité, notre compassion. P lusieurs d’entre nous ont mis leur talent à contribution, bénévolement : ils ont offert une chanson, une danse, un poème. Les combats ont continué, rapidement les CHSLD ont été frappés de plein fouet, les morts ont continué à déferler, la contagion s’est propagée dans la collectivité, Montréal a été atteinte en son cœur. Elle est encore meurtrie. Personne parmi nous ne l’ignore : comme tout le monde, nous avons des parents dans des résidences, des enfants qui ne peuvent pas aller à l’école, des amis malades, des proches qui meurent. Nous avons été bouleversés, nous le sommes encore, nous le serons longtemps – nous qui jouons parfois des pièces vieilles de plus de mille ans, nous n’avons pas l’amnésie facile. Il était de mise de se taire, par décence : l’urgence de la situation le commandait. Plusieurs d’entre nous ont vécu des deuils artistiques importants, qui ne sont certes rien aux côtés des deuils 2 d’êtres vivants. Néanmoins, des années de travail ont été balayées par le souffle mortel de la pandémie : des spectacles en cours, en répétition, en gestation. Nos programmations, qui se bâtissent sur plusieurs années, ont été déchiquetées par la tornade. Et puis, assez rapidement, certaines mesures de déconfinement ont été proposées pour les écoles et les commerces en région. Nous avons même eu l’espoir d’assister à la réouverture des classes du primaire dans le Grand Montréal. On se prépare à la remise en marche de nombreux autres secteurs essentiels de notre société. Et nous, et nous ? Prenez votre mal en patience, les artistes, votre tour s’en vient. Le jour tant attendu est arrivé : le vendredi 22 mai 2020. Alléluia ! Nous serions sans doute de mauvaise foi de constater que la première annonce destinée au milieu culturel s’est faite sans la présence du premier ministre, car de bonnes nouvelles vont être enfin dévoilées à notre secteur.
L’annonce : mettez deux ou trois kodaks dans le coin de la scène, ça devrait faire l’affaire en attendant. Pour le reste, il y a les ciné-parcs. Captations et blockbusters : tel est le plan culturel du Québec proposé au monde du spectacle vivant vendredi dernier. Nous en avons été profondément consternés. Le milieu des arts de la scène est unanime : cette conférence de presse a été vécue comme un affront. Car c’est ce que nous sentons, de la part de notre gouvernement : que nous ne sommes pas pris au sérieux. Qu’on nous dira plus tard quand nous pourrons distraire la foule à nouveau, et en attendant, il y a en provenance d’Ottawa la PCU…, qui, au bout de quatre demandes, s’éteint. Que deviendront les artistes par la suite ? Nul ne le sait, rien n’a été dit à leur sujet. Nous méritons plus que ces « non-annonces », artistes interprètes et concepteurs, techniciennes de scène et travailleurs culturels, chorégraphes et metteurs en scène, spectatrices et spectateurs. Nous méritons plus qu’une possibilité de réaliser des captations dès le 1er juin avec cinq techniciens. Mais de quoi parle-t-on exactement ici ? De quel genre de captations ? Et devant qui ? Sait-on que l’accueil du public n’est pas qu’une question de rentabilité ? Que sans sa présence physique, son énergie, son retour immédiat et palpable, les arts de la scène n’ont pas de sens ? Que les actrices, les danseurs, les musiciennes se nourrissent de cette humanité rassemblée pour jouer leur partition ? Qu’en se contentant de seulement diffuser des œuvres scéniques sur un écran, on nous coupe du lien direct, essentiel avec le public ? Que cette diffusion, si elle se substitue à la représentation devant des spectateurs, nous met en face du vide, de la profonde solitude qui fait déjà des ravages dans notre population ? Non, le numérique n’est pas la panacée des arts vivants. Saiton qu’un spectacle prend plus que deux petites semaines à mettre sur pied ? Que nous avons besoin d’édifier ensemble un calendrier afin de prévoir des programmations alternatives qui aient du sens ? Le milieu de l’éducation a eu droit à ce calendrier, ainsi qu’à des modalités et à des ressources, certes perfectibles, mais annoncées. Nous contribuons, parfois loin des projecteurs médiatiques, mais sans jamais défaillir, à l’affirmation d’un peuple. C’est par l’art que se définit l’âme d’une population. C’est dans nos salles que se trouve l’agora. C’est par le corps des danseurs et des acteurs que s’exprime notre désir de liberté, d’élévation, de dépassement. Les temps tragiques que traversent nos sociétés, c’est nous qui les raconterons aux générations futures. Nous pouvons amener du réconfort, oui, mais aussi de la critique, du recul, de la pensée : nous sommes un rouage essentiel à la vie démocratique du pays. Nous sommes les témoins, les opposantes, les subversives, les esprits libres, les chagrineurs, les satiristes, les philosophes, les poètes, les objecteurs de conscience. Nous sommes les taons qui piquent sans relâche le cheval du corps social : la piqûre ne fait pas toujours du bien, et elle n’a pas valeur de vaccin, mais elle reste essentielle. Car sans cette piqûre, l’attelage n’avance pas.
À quoi bon guérir si nous n’avons plus rien à nous dire ? À quoi bon venir à bout de ce fléau si c’est pour se réfugier dans la consommation vidée de sens, de beau ? Nous ne désirons pas la lune, mais un dialogue, une visibilité, une écoute. Personne parmi nous n’a la prétention de vivre dans une bulle séparée du reste de la société : nous souhaitons être considérés, un point c’est tout. Les arts de la scène québécois constituent un milieu vaste, complexe, diversifié. Il n’est pas donné à tous et à toutes de posséder les connaissances requises pour comprendre tous ses rouages et son fonctionnement, c’est pourquoi nous, les artistes, demandons à être consultés à titre d’experts. Il s’agit de pouvoir accompagner dignement, à notre mesure, avec nos armes, la bataille collective qui a lieu : nous avons notre mot à dire sur le futur que nous dessinerons tous ensemble. Cette vision du monde, ce regard franc, libre, nous en avons besoin plus que jamais. Des rencontres entre des chefs d’État et des artistes ont eu lieu dans de nombreux pays. En France, une pétition de plus de 40 000 signataires a réussi à mobiliser le président Macron au sujet de la culture, le poussant à recevoir treize artistes issus du spectacle vivant et du cinéma. Des mesures concrètes ont été annoncées. Des promesses ont été faites. Et un argument de taille a été prononcé par les artistes, qu’il n’est pas inutile de rappeler ici : la réinvention, l’expérimentation, le rejet de l’ancien monde, les nouvelles technologies, l’explosion de la normalité et la relation au public repensée, nous n’avons pas attendu la crise actuelle pour les mettre en œuvre. Nous y travaillons depuis très exactement deux mille cinq cents ans. Nous exigeons de toute urgence une rencontre avec la ministre de la Culture Nathalie Roy. Plusieurs de nos revendications circulent dans nos plans de relance. Il nous est primordial de les faire entendre. Parmi celles-ci : l’assurance qu’un filet social vienne sauver d’innombrables artistes, pour qui la PCU à ce jour n’est pas reconduite au-delà des quatre demandes; des mesures de soutien pour les jeunes compagnies qui ne peuvent se prévaloir de la subvention salariale; un calendrier évolutif d’ouverture des salles de répétition et des salles de spectacle; un plan de sauvetage arrimé à ce calendrier. Madame la ministre, n’ayez crainte : nous travaillons déjà et continuerons de travailler d’arrachepied avec la Santé publique sur les mesures qui précisent comment assurer la distanciation physique, où mettre le gel hydroalcoolique, combien de masques sont nécessaires, avec quel produit désinfectant laverons-nous les sièges. Mais cela ne sera pas suffisant, car ces mesures ne 4 disent rien de notre art. De ce que les artistes veulent faire, de ce que le public veut recevoir. Il est donc impératif que nous participions au processus décisionnel, afin que nous puissions nous adresser à nouveau à nos sœurs, à nos frères, à nos parents, à nos enfants, à nos aînés, à nos amis. À nos contemporains. La crise que nous subissons est terrible, mais l’humanité a connu pire, hélas. L’art vivant a résisté à tous les épisodes tragiques de l’Histoire, il n’a jamais pu être éradiqué, au fond de la nuit concentrationnaire comme à
l’ombre des dictatures, au milieu des ruines de la guerre comme au creux des épidémies les plus dévastatrices. Pas un seul virus sur cette planète, aussi virulent soit-il, n’en viendra à bout. Oui, bien sûr, nous suivrons le calendrier proposé par la Santé publique, envers qui nous réitérons toute notre confiance. Nous tenons simplement à rappeler qu’en maintenant les salles fermées, nous ne faisons pas que mettre des milliers de gens sur la paille : nous mettons collectivement en berne le drapeau de l’imagination. Dans les arts de la scène, la fiction et la création ne peuvent se déployer que par la convocation et la rencontre. Tant que nous ne pourrons rouvrir nos salles, nous n’arriverons pas à nous projeter dans un ailleurs, dans un futur, dans un monde meilleur. Nous sommes en train d’entraver la cap. Les auteurs du texte sont : Olivier Kemeid, Auteur, metteur en scène Sylvain Bélanger, Metteur en scène Martin Faucher, Metteur en scène Brigitte Haentjens, Metteure en scène Stéphanie Jasmin, Autrice, metteure en scène et conceptrice vidéo Denis Marleau, Metteur en scène, scénographe Ginette Noiseux, Conceptrice de costumes Claude Poissant, Metteur en scène
Pour les arts vivants
Photo: iStock «Le milieu des arts de la scène est unanime: cette conférence de presse a été vécue comme un affront.»
Olivier Kemeid Auteur, metteur en scène. En concertation avec Sylvain Bélanger, Martin Faucher, Brigitte Haentjens, Stéphanie Jasmin, Denis Marleau, Ginette Noiseux et Claude Poissant. Et l’appui de 250 premiers signataires.* 26 mai 2020 Idées Idées
Neuf semaines. Les artistes ont attendu neuf semaines, pendant lesquelles, du côté du gouvernement québécois, ce fut, pour rester poli, la grande discrétion, et pour être franc, le silence complet. Lors des conférences de presse, les arts de la scène n’étaient jamais mentionnés. Au Conseil des arts et des lettres du Québec — notre interlocuteur auprès du gouvernement —, on semble naviguer entre ce même silence et l’opacité : des programmes viennent d’être suspendus sans que les artistes aient été consultés. Nos associations professionnelles, dont le Conseil québécois du théâtre (CQT), se démènent pour faire circuler auprès des autorités des plans de relance et de sauvetage. Mais nous n’avons toujours pas reçu de retour. La seule manifestation de soutien concret provient de notre raison même d’exister : le public. Il est là, il nous écrit chaque jour pour savoir quand nos portes ouvriront. Notre lien avec lui n’est pas rompu, et c’est aussi pour ne pas l’abandonner que nous exigeons de notre gouvernement un canal de communication clair, ainsi qu’une rencontre avec le ministère de la Culture. Au début, nous comprenions. Les urgences se logeaient en d’autres lieux de la société : les hôpitaux, le personnel, l’équipement, les résidences pour aînés, l’éducation. L’économie. Nous nous sommes tus, et les rares fois où nous parlions, c’était pour exprimer toute notre solidarité, notre compassion. Plusieurs d’entre nous ont mis leur talent à contribution, bénévolement : ils ont offert une chanson, une danse, un poème. Les combats ont continué, rapidement les CHSLD ont été frappés de plein fouet, les morts ont continué à déferler, la contagion s’est propagée dans la collectivité, Montréal a été atteinte en son cœur. Elle est encore meurtrie. Personne parmi nous ne l’ignore : comme tout le monde, nous avons des parents dans des résidences, des enfants qui ne peuvent pas aller à l’école, des amis malades, des proches qui meurent. Nous avons été bouleversés, nous le sommes encore, nous le serons longtemps — nous qui jouons parfois des pièces vieilles de plus de mille ans, nous n’avons pas l’amnésie facile. Captations et blockbusters Il était de mise de se taire, par décence : l’urgence de la situation le commandait. Plusieurs d’entre nous ont vécu des deuils artistiques importants, qui ne sont certes rien aux côtés des deuils d’êtres vivants. Néanmoins, des années de travail ont été balayées par le souffle mortel de la pandémie : des spectacles en cours, en répétition, en gestation. Nos programmations, qui se bâtissent sur plusieurs années, ont été déchiquetées par la tornade. Et puis, assez rapidement, certaines mesures de déconfinement ont été proposées pour les écoles et les commerces en région. Nous avons même eu l’espoir d’assister à la réouverture des classes du primaire dans le Grand Montréal. On se prépare à la remise en marche de nombreux autres secteurs essentiels de notre société. Et nous, et nous ? Prenez votre mal en patience, les artistes, votre tour s’en vient. Le jour tant attendu est arrivé : le vendredi 22 mai 2020. Alléluia ! Nous serions sans doute de mauvaise foi de constater que la première annonce destinée au milieu culturel s’est faite sans la présence du premier ministre, car de bonnes nouvelles vont être enfin dévoilées à notre secteur. L’annonce : mettez deux ou trois kodaks dans le coin de la scène, ça devrait faire l’affaire en attendant. Pour le reste, il y a les ciné-parcs.
Captations et blockbusters : tel est le plan culturel du Québec proposé au monde du spectacle vivant vendredi dernier. Nous en avons été profondément consternés. Le milieu des arts de la scène est unanime : cette conférence de presse a été vécue comme un affront. Car c’est ce que nous sentons, de la part de notre gouvernement : que nous ne sommes pas pris au sérieux. Qu’on nous dira plus tard quand nous pourrons distraire la foule à nouveau, et en attendant, il y a en provenance d’Ottawa la PCU…, qui, au bout de quatre demandes, s’éteint. Que deviendront les artistes par la suite ? Nul ne le sait, rien n’a été dit à leur sujet. Nous méritons plus que ces « non-annonces », artistes interprètes et concepteurs, techniciennes de scène et travailleurs culturels, chorégraphes et metteurs en scène, spectatrices et spectateurs. Nous méritons plus qu’une possibilité de réaliser des captations dès le 1er juin avec cinq techniciens. Mais de quoi parle-t-on exactement ici ? De quel genre de captations ? Et devant qui ? Sait-on que l’accueil du public n’est pas qu’une question de rentabilité ? Que sans sa présence physique, son énergie, son retour immédiat et palpable, les arts de la scène n’ont pas de sens ? Que les actrices, les danseurs, les musiciennes se nourrissent de cette humanité rassemblée pour jouer leur partition ? Qu’en se contentant de seulement diffuser des œuvres scéniques sur un écran, on nous coupe du lien direct, essentiel avec le public ? Que cette diffusion, si elle se substitue à la représentation devant des spectateurs, nous met en face du vide, de la profonde solitude qui fait déjà des ravages dans notre population ? Un rouage essentiel à la vie démocratique Non, le numérique n’est pas la panacée des arts vivants. Sait-on qu’un spectacle prend plus que deux petites semaines à mettre sur pied ? Que nous avons besoin d’édifier ensemble un calendrier afin de prévoir des programmations alternatives qui aient du sens ? Le milieu de l’éducation a eu droit à ce calendrier, ainsi qu’à des modalités et à des ressources, certes perfectibles, mais annoncées. Nous contribuons, parfois loin des projecteurs médiatiques, mais sans jamais défaillir, à l’affirmation d’un peuple. C’est par l’art que se définit l’âme d’une population. C’est dans nos salles que se trouve l’agora. C’est par le corps des danseurs et des acteurs que s’exprime notre désir de liberté, d’élévation, de dépassement. Les temps tragiques que traversent nos sociétés, c’est nous qui les raconterons aux générations futures. Nous pouvons amener du réconfort, oui, mais aussi de la critique, du recul, de la pensée : nous sommes un rouage essentiel à la vie démocratique du pays. Nous sommes les témoins, les opposantes, les subversives, les esprits libres, les chagrineurs, les satiristes, les philosophes, les poètes, les objecteurs de conscience. Nous sommes les taons qui piquent sans relâche le cheval du corps social : la piqûre ne fait pas toujours du bien, et elle n’a pas valeur de vaccin, mais elle reste essentielle. Car sans cette piqûre, l’attelage n’avance pas. À quoi bon guérir si nous n’avons plus rien à nous dire ? À quoi bon venir à bout de ce fléau si c’est pour se réfugier dans la consommation vidée de sens, de beau ? Notre mot à dire sur le futur Nous ne désirons pas la lune, mais un dialogue, une visibilité, une écoute. Personne parmi nous n’a la prétention de vivre dans une bulle séparée du reste de la société : nous souhaitons être considérés, un point c’est tout. Les arts de la scène québécois constituent un milieu vaste, complexe,
diversifié. Il n’est pas donné à tous et à toutes de posséder les connaissances requises pour comprendre tous ses rouages et son fonctionnement, c’est pourquoi nous, les artistes, demandons à être consultés à titre d’experts. Il s’agit de pouvoir accompagner dignement, à notre mesure, avec nos armes, la bataille collective qui a lieu : nous avons notre mot à dire sur le futur que nous dessinerons tous ensemble. Cette vision du monde, ce regard franc, libre, nous en avons besoin plus que jamais. Des rencontres entre des chefs d’État et des artistes ont eu lieu dans de nombreux pays. En France, une pétition de plus de 40 000 signataires a réussi à mobiliser le président Macron au sujet de la culture, le poussant à recevoir treize artistes issus du spectacle vivant et du cinéma. Des mesures concrètes ont été annoncées. Des promesses ont été faites. Et un argument de taille a été prononcé par les artistes, qu’il n’est pas inutile de rappeler ici : la réinvention, l’expérimentation, le rejet de l’ancien monde, les nouvelles technologies, l’explosion de la normalité et la relation au public repensée, nous n’avons pas attendu la crise actuelle pour les mettre en œuvre. Nous y travaillons depuis très exactement deux mille cinq cents ans. Se faire entendre Nous exigeons de toute urgence une rencontre avec la ministre de la Culture Nathalie Roy. Plusieurs de nos revendications circulent dans nos plans de relance. Il nous est primordial de les faire entendre. Parmi celles-ci : l’assurance qu’un filet social vienne sauver d’innombrables artistes, pour qui la PCU à ce jour n’est pas reconduite au-delà des quatre demandes ; des mesures de soutien pour les jeunes compagnies qui ne peuvent se prévaloir de la subvention salariale ; un calendrier évolutif d’ouverture des salles de répétition et des salles de spectacle ; un plan de sauvetage arrimé à ce calendrier. Madame la ministre, n’ayez crainte : nous travaillons déjà et continuerons de travailler d’arrachepied avec la Santé publique sur les mesures qui précisent comment assurer la distanciation physique, où mettre le gel hydroalcoolique, combien de masques sont nécessaires, avec quel produit désinfectant laverons-nous les sièges. Mais cela ne sera pas suffisant, car ces mesures ne disent rien de notre art. De ce que les artistes veulent faire, de ce que le public veut recevoir. Il est donc impératif que nous participions au processus décisionnel, afin que nous puissions nous adresser à nouveau à nos sœurs, à nos frères, à nos parents, à nos enfants, à nos aînés, à nos amis. À nos contemporains. La crise que nous subissons est terrible, mais l’humanité a connu pire, hélas. L’art vivant a résisté à tous les épisodes tragiques de l’Histoire, il n’a jamais pu être éradiqué, au fond de la nuit concentrationnaire comme à l’ombre des dictatures, au milieu des ruines de la guerre comme au creux des épidémies les plus dévastatrices. Pas un seul virus sur cette planète, aussi virulent soit-il, n’en viendra à bout. Oui, bien sûr, nous suivrons le calendrier proposé par la Santé publique, envers qui nous réitérons toute notre confiance. Nous tenons simplement à rappeler qu’en maintenant les salles fermées, nous ne faisons pas que mettre des milliers de gens sur la paille : nous mettons collectivement en berne le drapeau de l’imagination. Dans les arts de la scène, la fiction et la création ne peuvent se déployer que par la convocation et la rencontre. Tant que nous ne pourrons rouvrir nos salles, nous n’arriverons pas à nous projeter dans un ailleurs, dans un futur, dans un monde meilleur.
Nous sommes en train d’entraver la capacité de rêver. Et si nous ne pouvons plus rêver, nous ne sortirons jamais de ce cauchemar. *Et avec l’appui des 250 premiers signataires :
Marie-Anne Alepin, actrice, metteure en scène ; Quincy Armorer, actor, director ; Lionel Arnould, concepteur vidéo ; Sylvio Arriola, acteur, concepteur vidéo ; Olivier Arteau, acteur, metteur en scène ; Fred Auger, concepteur design sonore ; Paule Baillargeon, actrice, réalisatrice, scénariste ; Anaïs Barbeau-Lavalette, autrice, cinéaste ; Angelo Barsetti, concepteur maquilleur ; Marie-Josée Bastien, actrice, metteure en scène ; Jérémie Battaglia, concepteur vidéo ; Lucie Bazzo, conceptrice d’éclairages ; Christine Beaulieu, actrice, autrice ; Félix Beaulieu-Duchesneau, acteur, metteur en scène ; Martine Beaulne, metteure en scène, actrice ; Christian Bégin, acteur ; Marc Béland, acteur ; Nini Bélanger, metteure en scène ; Eudore Belzile, acteur, metteur en scène ; Charles Bender, acteur, metteur en scène ; Amélie Bergeron, metteure en scène ; Pierre Bernard, metteur en scène ; Sarah Berthiaume, autrice, actrice ; Olivier Bertrand, directeur artistique ; Véronique Bertrand, scénographe ; Marie-Louise Bibish Mumbu, autrice ; Amy Blackmore, artistic director ; Florence Blain Mbaye, actrice, musicienne ; JeanFrançois Blanchard, acteur ; Elsa Bolam, former director artistic ; Céline Bonnier, actrice ; Mario Borges, metteur en scène ; Véronique Bossé, artistic director ; Michel Marc Bouchard, auteur, scénariste ; Simon Boudreault, acteur, auteur, metteur en scène ; Dany Boudreault, acteur, auteur, metteur en scène ; Catherine Bourgeois, autrice, metteure en scène, scénographe ; André Brassard, metteur en scène, homme de théâtre ; Marie Brassard, autrice, metteure en scène, actrice ; Fanny Britt, autrice, traductrice ; Éric Bruneau, acteur ; Virginie Brunelle, chorégraphe ; Linda Brunelle, conceptrice de costumes ; Alexia Bürger, metteure en scène, autrice, actrice ; Sophie Cadieux, actrice, metteure en scène ; Anne-Marie Cadieux, actrice ; Stéphanie Capistran-Lalonde, assistante à la mise en scène ; Maxime Carbonneau, acteur, metteur en scène ; Carol Cassistat, acteur, metteur en scène ; France Castel, chanteuse, actrice ; Lise Castonguay, actrice, metteure en scène ; Catherine Chabot, autrice, actrice ; Dominic Champagne, auteur, metteur en scène ; Patrice Charbonneau-Brunelle, scénographe ; Julie Charland, conceptrice de costumes ; Normand Chaurette, auteur ; Violette Chauveau, actrice ; Micheline Chevrier, artistic director ; Olivier Choinière, auteur, metteur en scène ; Estelle Clareton, chorégraphe ; Nathalie Claude, actrice ; Guillaume Corbeil, auteur, scénariste ; Michelle Corbeil, directrice artistique ; Larissa Corriveau, actrice, cinéaste, réalisatrice ; Sophie Corriveau, interprète, chorégraphe ; René Richard Cyr, metteur en scène, acteur ; Philippe Cyr, metteur en scène ; Félix Dagenais, concepteur ; Jean Marc Dalpé, auteur, acteur ; Alison Darcy, artistic director ; Laurence Dauphinais, actrice, autrice, metteure en scène ; Louise de Beaumont, actrice ; Danièle de Fontenay, directrice artistique ; Evelyne de la Chenelière, autrice, actrice ; Mélanie Demers, chorégraphe, interprète ; Serge Denoncourt, metteur en scène ; Rebecca Déraspe, autrice ; Jean Derome, musicien ; Nicolas Descoteaux, concepteur d’éclairages ; Mireille Deyglun, actrice ; Sébastien Dionne, concepteur de costumes ; Sébastien Dodge, auteur, acteur, metteur en scène ; Jasmine Dubé, autrice, actrice ; Marcelle Dubois, autrice, metteure en scène ; Frédéric Dubois, metteur en scène ; Patrice Dubois, acteur, metteur en scène ; Olivier Ducas, acteur, auteur ; Francis Ducharme, acteur, danseur ; Philippe Ducros, auteur, metteur en scène ; Alix Dufresne, metteure en scène ; Mélanie Dumont, dramaturge ; Louise Dupré, autrice ; Ève Duranceau, actrice ; D.Kimm, directrice artistique ; Elen Ewing, conceptrice de costumes ; Michel F.Côté, musicien, compositeur ; Romain Fabre, scénographe, concepteur de costumes ; Marie-Hélène Falcon, directrice artistique, femme de théâtre ; Max-Otto Fauteux, scénographe ; Alexandre Fecteau, metteur en
scène ; Caroline Ferland, assistante à la mise en scène ; Dean Fleming, artistic director ; Monique Forest, writer ; Paul-André Fortier, chorégraphe ; MarieThérèse Fortin, actrice, metteure en scène ; Carole Fréchette, autrice ; Linda Gaboriau, traductrice ; Nathalie Gadouas, actrice ; Geoffrey Gaquère, acteur, metteur en scène ; Annette Garant, actrice ; Maxim Gaudette, acteur ; Jean Gaudreau, concepteur sonore ; Sébastien Gauthier, metteur en scène ; Marie-Hélène Gendreau, actrice, metteure en scène ; Nicolas Gendron, acteur, metteur en scène ; Marie Gignac, metteure en scène, actrice ; Bernard Gilbert, auteur, programmateur ; François Girard, cinéaste, metteur en scène ; Denis Gougeon, compositeur ; Antonin Gougeon, concepteur vidéo ; Michel Goulet, sculpteur, scénographe ; Marc Gourdeau, directeur artistique ; Rachel Graton, actrice, autrice ; Geneviève 6 Gratton, actrice ; Jean-François Guilbault, metteur en scène, acteur, auteur ; Johanne Haberlin, actrice ; Jeffrey Hall, danseur, chorégraphe ; Lorraine Hébert, recherchiste, rédactrice, animatrice en arts et en culture ; Eda Holmes, artistic director ; Xavier Huard, acteur, metteur en scène ; Marie-Eve Huot, metteure en scène ; James Hyndman, acteur ; Eric Jean, metteur en scène ; Dave Jenniss, auteur, metteur en scène, scénariste ; Carmen Jolin, directrice artistique ; Amanda Kellock, actor, director, writer ; Émanuelle Kirouac-Sanche, assistante à la mise en scène ; Angela Konrad, metteure en scène ; Anick La Bissonnière, scénographe ; Roger La Rue, acteur ; Sophie Labelle, directrice artistique ; Yves Labelle, concepteur vidéo ; Maureen Labonté, traductrice ; Martin Labrecque, concepteur d’éclairages ; Émilie Laforest, musicienne, actrice ; Catherine La Frenière, assistante à la mise en scène ; Benoît Lagrandeur, acteur ; Robert Lalonde, acteur, auteur ; Philippe Lambert, metteur en scène ; Marie-France Lambert, actrice ; Benoit Landry, metteur en scène, acteur ; Christian Lapointe, metteur en scène ; Louise Laprade, actrice, metteure en scène ; Justin Laramée, acteur, metteur en scène ; Louise Latraverse, actrice, metteure en scène ; Soleil Launière, artiste multidisciplinaire ; David Laurin, acteur ; Caroline LaurinBeaucage, chorégraphe ; Frédéric Lavallée, acteur ; Denis Lavalou, acteur, auteur ; Julie Le Breton, actrice ; Pierre Lebeau, acteur ; Louise Lecavalier, danseuse, chorégraphe ; Dominique Leclerc, actrice, autrice ; Annick Lefebvre, autrice ; Paul Lefebvre, dramaturge ; Michel-Maxime Legault, acteur, metteur en scène ; Karl Lemieux, cinéaste, concepteur vidéo ; Sylvie Léonard, actrice ; Robert Lepage, metteur en scène, scénographe, auteur, acteur ; Magalie Lépine-Blondeau, actrice ; Daniel Léveillé, chorégraphe ; Macha Limonchik, actrice ; PierreÉtienne Locas, scénographe ; Stéphane Longpré, scénographe ; Debbie LynchWhite, autrice, actrice ; Sara Marchand, autrice, metteure en scène ; Jean Marchand, acteur, musicien ; Audrey Marchand, interprète, metteure en scène, dramaturge ; Alexis Martin, acteur, auteur ; Dany Michaud, acteur, metteur en scène ; Monique Miller, actrice ; Marie-Ève Milot, actrice, metteure en scène, autrice ; Jérôme Minière, auteur, compositeur, interprète ; Emilie Monnet, artiste multidisciplinaire ; Pascale Montpetit, actrice ; Francis Monty, auteur, acteur ; Marie-Laurence Moreau, actrice ; Michel Nadeau, acteur, metteur en scène ; Gaétan Nadeau, acteur ; Michel Nadeau, auteur, acteur, metteur en scène ; Guy Nadon, acteur ; Jane Needles, administrator, professor ; Jérémie Niel, metteur en scène ; Robert Normandeau, compositeur ; Anne-Marie Olivier, actrice, autrice, metteure en scène ; Olivia Palacci, actrice, metteure en scène ; Édith Paquet, actrice ; Solène Paré, metteure en scène ; Marc Parent, concepteur d’éclairages ; Leni Parker, actrice ; Alice Pascual, actrice ; Christiane Pasquier, actrice ; Édith Patenaude, metteure en scène, actrice ; Isabelle Payant, créatrice ; Mike Payette, director ; Luce Pelletier, metteure en scène ; Mat Perron, artistic director ; Béatrice Picard, actrice ; Étienne Pilon, acteur ; Alexandre Pilon-Guay, concepteur d’éclairages ; Lorraine Pintal, metteure en scène ; Denis Plante, compositeur, auteur ; Émile Proulx-Cloutier, acteur, auteur-compositeur ; Dominique Quesnel, actrice ; Philippe Racine, acteur, metteur en scène ; Robert Reid, metteur en scène ; Gilles Renaud, acteur ; Sébastien Ricard, acteur, musicien ; Évelyne Rompré, actrice ; Caroline Ross, conceptrice d’éclairages ; Lisa Rubin, director ; Patricia Ruel, scénographe ; Karine Sauvé, autrice, metteure en scène ; Paul Savoie, acteur ; Emmanuel Schwartz, acteur ; Jeremy Segal, artistic director ; Marc
Senécal, concepteur de costumes, scénographe ; Guy Simard, concepteur d’éclairages ; Mani Soleymanlou, acteur, auteur, metteur en scène ; Sonoyo Nishikawa, conceptrice d’éclairages ; Annabel Soutar, autrice, dramaturge ; Monique Spaziani, actrice ; Guy Sprung, director, writer, actor ; Alexandra Sutto, assistante à la mise en scène ; Elkhana Talbi, artiste de spoken word, poétesse, actrice ; Ines Talbi, autrice, compositrice-interprète ; Audrey Talbot, actrice, autrice ; Julie Tamiko Manning, multidisciplinary artist ; Emma Tibaldo, director, playwright ; Nancy Tobin, conceptrice design sonore ; Michael Toppings, artistic director ; Jean-Simon Traversy, metteur en scène ; Michel Tremblay, auteur, romancier, scénariste ; Guylaine Tremblay, actrice ; Larry Tremblay, auteur, romancier ; Louis-Karl Tremblay, metteur en scène ; Érika Tremblay-Roy, autrice, metteure en scène ; Anne Trudel, actrice ; Louise Turcot, actrice ; Lise Vaillancourt, autrice ; Rahul Varma, director, playwright ; Benoît Vermeulen, metteur en scène, acteur ; 7 Christian Vézina, auteur, interprète ; Catherine Vidal, metteure en scène, actrice ; Sonia Vigneault, actrice ; Tatiana Zinga Botao, actrice
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COVID-19: le milieu des arts de la scène demande à Québec d'agir vite 'VVE:S BERGE:R.•,S Le Oroft
Un collectif de personnalités influentes du milieu artistique dénonce l'inaction de Québec en ce qui a trait à la diffusion des arfs de la scène, depuis le début des mesures de confinement. Il dit aussi regretter de ne pas être indus dans Le proces sus de déconfinement progressif amorcé. Ce coUectif a fait parvenir, ce mardi 26 mai, une lettre à la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Nathalie Roy, dans Laquelle ses signataires regrettent le mutisme dont fait selon lui preuve Le gouvernement pro vincial depuis «neuf semaines» et exigent «de toute ur gence» une rencontre avec Mme Roy, afin de pouvoir ccpar ticiper au processus décisionnel» activement.
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Un collectif de personnalités influentes du milieu artistique dénonce l'inaction de Québec en ce qui a trait à la diffusion des arfs de la scène, depuis le début des mesures de confinement. Il dit aussi regretter de ne pas être indus dans Le proces sus de déconfinement progressif amorcé. Ce coUectif a fait parvenir, ce mardi 26 mai, une lettre à la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Nathalie Roy, dans Laquelle ses signataires regrettent le mutisme dont fait selon lui preuve Le gouvernement pro vincial depuis «neuf semaines» et exigent «de toute ur gence» une rencontre avec Mme Roy, afin de pouvoir ccpar ticiper au processus décisionnel» activement.
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Un collectif de personnalités influentes du milieu artistique dénonce l'inaction de Québec en ce qui a trait à la diffusion des arfs de la scène, depuis le début des mesures de confinement. Il dit aussi regretter de ne pas être indus dans Le proces sus de déconfinement progressif amorcé. Ce coUectif a fait parvenir, ce mardi 26 mai, une lettre à la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Nathalie Roy, dans Laquelle ses signataires regrettent le mutisme dont fait selon lui preuve Le gouvernement pro vincial depuis «neuf semaines» et exigent «de toute ur gence» une rencontre avec Mme Roy, afin de pouvoir ccpar ticiper au processus décisionnel» activement.
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Un collectif de personnalités influentes du milieu artistique dénonce l'inaction de Québec en ce qui a trait à la diffusion des arfs de la scène, depuis le début des mesures de confinement. Il dit aussi regretter de ne pas être indus dans Le proces sus de déconfinement progressif amorcé. Ce coUectif a fait parvenir, ce mardi 26 mai, une lettre à la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Nathalie Roy, dans Laquelle ses signataires regrettent le mutisme dont fait selon lui preuve Le gouvernement pro vincial depuis «neuf semaines» et exigent «de toute ur gence» une rencontre avec Mme Roy, afin de pouvoir ccpar ticiper au processus décisionnel» activement.
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ARTS
Le plaidoyer de Robert Lepage pour l’art vivant et le Cirque du Soleil
Le metteur en scène Robert Lepage PHOTO : BERTRAND GUAY/AFP/GETTY IMAGES
Radio-Canada Publié le 26 mai 2020
Le metteur en scène Robert Lepage fait partie des artistes de la scène qui ont signé la lettre réclamant la mise en place d'un véritable plan de relance par le gouvernement. S’il souhaite que le milieu des arts de la scène soit davantage consulté, il met également en garde les gens quant à la capacité limitée de l’art vivant de se réinventer à l'aide du numérique. ! La communauté des arts vivants [...], on est un peu les
parents pauvres de ce qu’il se passe en ce moment ", a-t-il déclaré en entrevue avec Katerine Verebely, chroniqueuse culturelle de l’émission Le 15-18. Depuis la fermeture des salles de spectacle à la mi-mars en raison de la COVID-19, le milieu des arts de la scène est appelé à se réinventer pour s’adapter à la situation actuelle. ! Oui, on est bien d’accord qu’il faut, en partie, se réinventer, mais notre art étant une rencontre avec le public, il y a des choses qu'on peut essayer de changer en attendant, mais on ne peut pas complètement se réinventer ", affirme-t-il. Selon Robert Lepage, organiser des lectures théâtrales à la radio ou sur Zoom ne peut être qu’une réponse temporaire et limitée à l’interruption d’activités que subit le secteur des arts de la scène depuis plus de deux mois.
! Ce qui est un peu alarmant, c’est que [...] souvent, on nous sort la solution du numérique. [Or] ce n’est pas comme cela que fonctionnent les arts vivants malheureusement. " — Robert Lepage, metteur en scène
L’avenir du Cirque du Soleil Dimanche, sur le plateau Tout le monde en parle, Guy Laliberté a évoqué son souhait de racheter le Cirque du Soleil alors que l'entreprise est en situation financière critique en raison de la COVID-19. Le fondateur du Cirque du Soleil a cité le nom de Robert Lepage parmi les personnes soutenant cette reprise. ! [Le
Cirque du Soleil] est un objet unique, une chance unique de pouvoir faire des choses en dehors des sentiers battus ", explique celui qui veut voir ce fleuron culturel continuer à vivre. Mardi, le gouvernement québécois a annoncé être prêt à octroyer un soutien financier allant jusqu'à 200 millions de dollars américains au Cirque du Soleil. Est-ce le rôle de l’État québécois d’investir autant d’argent pour sauver le Cirque du Soleil? ! Oui, je pense que le gouvernement québécois devrait [le faire], mais [que] le gouvernement canadien aussi ", affirme-t-il. Artistiquement parlant, Robert Lepage souhaite voir le Cirque du Soleil revenir à ce qu’il était lorsque Guy Laliberté l’a quitté. ! C’était une machine bien huilée, qui a été mise dans les mains de gens plus préoccupés à [la] rentabiliser. [...] Je pense qu’il faut qu’il y ait une renaissance. " Avec les informations de Katerine Verebely
ARTS
Des artistes de la scène dénoncent les ! non-annonces " de la ministre de la Culture
Les salles de spectacles sont vides au Québec depuis le 14 mars dernier. PHOTO : RADIO-CANADA / ANNE MARIE LECOMTE
Radio-Canada Publié le 26 mai 2020
Alors que de plus en plus de secteurs d’activité se déconfinent au Québec, des centaines d’artistes de la scène s’impatientent et ont apposé leur nom au bas d’une lettre envoyée mardi à la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, pour réclamer une rencontre urgente afin de mettre en branle un plan de relance. Le milieu culturel attendait depuis longtemps l’annonce de la
ministre en conférence de presse, vendredi dernier, plus de deux mois après la fermeture décrétée des salles de spectacle. " Les artistes ont attendu neuf semaines, pendant lesquelles, du côté du gouvernement québécois, ce fut, pour rester poli, la grande discrétion, et pour être franc, le silence complet #, peut-on lire dans la lettre signée par l’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid, en concertation avec plusieurs autres artisans et artisanes du milieu du théâtre, dont la metteure en scène Brigitte Haentjens. Le milieu du théâtre est toutefois resté sur sa faim. Nathalie Roy y a annoncé la réouverture, selon certaines conditions, des musées, des bibliothèques, des ciné-parcs, et la reprise des activités des studios d’enregistrement et de la captation de spectacles en salle. Mais pour les spectacles devant public, aucune date n’a été avancée. " Le milieu des arts de la scène est unanime : cette conférence de presse a été vécue comme un affront #, affirme-t-on dans la lettre intitulée " Pour les arts vivants #. Les artistes disent ne pas se sentir " pris au sérieux # par le gouvernement de François Legault.
! Nous méritons plus que ces "nonannonces" [...]. Nous méritons plus qu’une possibilité de réaliser des captations dès le 1er juin avec cinq techniciens. [...] Sait-on que l’accueil du public n’est pas qu’une question de rentabilité? Que sans sa présence physique, son énergie, son retour immédiat et palpable, les arts de la
scène n’ont pas de sens? " — Extrait de la lettre " , Pour les arts vivants #
" La consultation des artistes en tant qu’experts de leur domaine, c’est primordial et c’est ce qui manque. On se sent pas consultés, On a besoin d’expliquer qu’il nous faut du temps pour réaliser des spectacles #, a ajouté Olivier Kemeid lors d'une entrevue avec la chroniqueuse culturelle de l'émission Le 15-18, Katerine Verebely. Un calendrier demandé Les artistes réclament que le gouvernement discute avec les gens du milieu pour mettre sur pied un calendrier évolutif d’ouverture des salles de répétition et des salles de spectacle – en respect des directives de la santé publique – et un plan de sauvetage arrimé à ce calendrier Ce calendrier évolutif devrait, idéalement, avertir les artistes de la réouverture des salles au moins trois mois d'avance, selon Olivier Kemeid.
! Si on me dit que dès le 1er juin je peux faire des captations, c’est rire de moi. C’est pas vrai qu’en deux semaines je peux faire quoi que ce soit. Répéter un spectacle prend minimalement trois mois. On n’a pas les mêmes spécificités que la télévision et le cinéma [...]. On a besoin de temps, et ça on sent que c’est complètement écarté. " — Olivier Kemeid, auteur et metteur en scène
Les signataires de la lettre demandent également l’" assurance qu’un filet social vienne sauver d’innombrables artistes #, et la création de mesures de soutien pour les jeunes compagnies qui n’ont pas droit à la subvention salariale. Entre autres personnalités qui ont signé la lettre envoyée mardi, on trouve le metteur en scène Robert Lepage, l'autrice et cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette, l'acteur Christian Bégin, la comédienne Sophie Cadieux et la directrice générale du Théâtre du Nouveau Monde, Lorraine Pintal. Vendredi dernier, après l’annonce de la ministre Roy, cette dernière avait souligné que ce que le milieu culturel attendait, c’était une date. " Je sais qu’elle [la ministre] est pieds et poings liés avec la Santé [...], et qu’elle attend comme tout le monde les règles de la Santé, mais il y aurait moyen d’être un peu plus à l’avant-garde et à l’écoute de ce qui se passe à l’étranger. Il faut avoir un signal clair pour l’automne #, avait-elle précisé en entrevue.
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