Allez, Churros ! Oui, d’accord, un cochon d’Inde c’est pas aussi glamour qu’un cheval ! Mais mon Churros, c’est le plus beau des cochons d’Inde. Vous allez voir.
boomerang, une collection de courts romans recto verso. Pile ou face ? Commencez par l’un ou par l’autre et laissez-vous surprendre…
© Éditions du Rouergue, 2021 www.lerouergue.com Illustration de couverture : Marta Orzel Graphisme de couverture : Olivier Douzou Ouvrage réalisé par Cédric Cailhol Infographiste. Reproduit et achevé d’imprimer en décembre 2020 par Corlet imprimeur (Condé-sur-Noireau). Dépôt légal : février 2021 N° d’impression : ISBN : 978-2-8126-2144-4 « loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse »
boomerang
RaphaĂŤle Frier
Allez, Churros ! illustrations de Marta Orzel
Au départ, ma passion, c’est pas les cochons d’Inde. C’est les chevaux, comme ma cousine Sybille. Toutes les deux, on a retapissé les murs de notre chambre avec des posters de Cavalière Magazine, et jusqu’au mois dernier, on se voyait pour parler équitation pendant des heures en lisant des revues de poneys. Ça, c’était avant qu’elle s’inscrive au centre équestre. Avant qu’elle monte une fois par semaine et qu’elle me raconte comment elle coiffe bien son
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poney, comment elle comprend bien son poney, comment son poney court vite et saute bien les obstacles... Moi, pendant ce temps, je coiffais du vent dans ma chambre. Mes parents ne voulaient pas entendre parler de cours d’équitation. – Tu sais combien ça coûte ? Y a pas écrit Crésus, là ! m'a dit mon père en désignant son front. – Et le premier centre équestre est à plus de trois quarts d’heure de route, a ajouté ma mère. Il y a des activités plus près de chez nous ! J’ai pas répondu. Elle avait rien compris, c’était pas une activité mais une passion. J’ai filé dans ma chambre en hurlant de désespoir. Mes parents avaient intérêt à se racheter, et sans
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traîner, car j’étais malheureuse. La jalousie m’a d’ailleurs rendue tellement grincheuse que j’ai fini par dire à Sybille que je n’avais plus envie de la voir et que je préférais passer du temps avec mes copines d’école. Il faut dire qu’au même moment, Valentine a eu la bonne idée de présenter Arsinoé à la classe. Arsinoé, c’est son cochon d’Inde adoré, l’élue de son cœur, question animaux. À cette occasion, j’ai compris que Myriam, une autre fille de ma classe, possède déjà un cochon d’Inde, ce qui a tout l’air de la rendre vraiment heureuse. D’un coup ça m’a pété à la figure : je venais de trouver une passion de remplacement plus
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accessible que l’équitation. L’option « petit animal de compagnie, catégorie rongeur domestique ». Je me suis donc rapprochée de Valentine et Myriam. Un cobaye, c’est pas un cheval, mais au moins c’est un animal, et on peut le coiffer, le dresser – si, si, j’ai vu des vidéos de dressage de cobayes sur YouTube – et puis, y a pas trois quarts d’heure de route pour atteindre son enclos, ta bébête, tu l’as sous la main, toute la journée. Sans compter qu’un cochon d’Inde, ça coûte pas grand-chose, tu peux t’en acheter un à l’animalerie même si tu t’appelles pas Crésus. Y a qu’à voir, le mien a couté 15 euros, c’est 150 fois moins cher qu’un cheval ! Non, franchement, c’est hyper
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économique d’avoir un cobaye chez soi ! Le seul inconvénient, c’est qu’on peut pas monter dessus et se faire balader. – Et puis c’est marrant, un lapin ! a dit mon père quand j’ai parlé à mes parents de mon nouveau projet. – Un lapin... N’importe quoi ! J’ai pas relevé, j’ai juste soufflé. Et il a ajouté : – Bon je file, moi. À ce soir ! Je me suis dit qu’il se fichait vraiment de mes histoires. Heureusement, ma mère me prenait plus au sérieux. D’ailleurs elle m’a emmenée à l’animalerie. – Regarde celui-là ! s’est-elle exclamée, émue devant un cobaye marron et blanc aux yeux noirs, endormi dans une cage.
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