PH OTO GRAPH IES D E DAVID WILSO N
Les strates d’Uig LesLes strates d’Uig différentes strates et Lescouleurs différentes stratessont et ici de roches couleurs de roches sont clairement visibles suriciles clairement visiblesrocheux sur lesd’Uig, affleurements affleurements rocheux d’Uig, au sud-ouest de Lewis. au sud-ouest de Lewis.
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UNE HISTOIRE GÉOLOGIQUE DES HÉBRIDES EXTÉRIEURES
Rochers à Dalbeg La plage de Dalbeg, sur la côte ouest de Lewis, est jonchée de galets géants, témoins des millions d’années écoulées.
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U N E H I S T O I R E D E L A P O P U L AT I O N DES HÉBRIDES EXTÉRIEURES
page de gauche Moulin scandinave à Shawbost Situé à Shawbost, sur la partie ouest de Lewis, ce moulin illustre l’influence de l’occupation viking sur l’architecture des îles. La construction est très proche de celle des blackhouses qui devinrent le type d’habitat le plus répandu. Chaque village possédait un moulin et un four pour transformer les récoltes de céréales.
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ur les îles, la plus ancienne trace d’habitat humain remonte à environ 8 000 ans. Il semble que la majeure partie de la forêt qui couvrait alors les îles ait été brûlée pour créer des prairies pour les cerfs. Les plus anciens vestiges datent d’environ 5 000 ans, une époque où les hommes commencèrent à s’installer dans des maisons bâties en pierre et se mirent à cultiver
la terre au lieu de suivre leurs troupeaux. Jusqu’à environ 1 500 avant J.-C., le climat était plus chaud et plus sec mais, lorsqu’il évolua et devint plus humide et froid, les habitants se déplacèrent vers les franges littorales où le machair offrait les seules terres fertiles. Pendant l’âge du Fer, vers 500 avant J.-C., les insulaires marquèrent le paysage de façon plus permanente
Habitat restauré de l’âge du Fer, Bosta Cette habitation à Bosta, sur Great Bernera, littoral ouest de Lewis, a été mise au jour en 1993. Datant de l’âge du Fer, elle a été restaurée dans son état supposé des viie ou viiie siècles avant J.-C. droite
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miroitaient même par les jours les plus sombres ; et l’abmiroitaient même par les jours les plus sombres ; et l’absence totale d’arbres. Nous longeâmes Stornoway avant sence totale d’arbres. Nous longeâmes Stornoway avant de partir à travers la lande de Barvas en direction de la de partir à travers la lande de Barvas en direction de la côte ouest, une étendue de tourbe sans fin qui, lors de côte ouest, une étendue de tourbe sans fin qui, lors de cette première traversée, nous sembla à la fois désolée et cette premièreCe traversée, nouslong sembla à la foisendésolée et redoutable. n’est qu’au des années, emprunredoutable. n’est longdedes en empruntant cetteCe route desqu’au centaines fois,années, par toutes les saisons, tantpar cette route des centaines de fois, par toutes les tous les temps et sous toutes les lumières, quesaisons, j’appris paràtous les temps et sous toutes les lumières, que j’appris apprécier sa beauté austère et sans cesse changeante. à apprécier beauté austère et sans cesse changeante. Mêmesalors de ce premier voyage, il était évident Même lors de ce premier voyage, il était évident que la côte ouest présentait une beauté sauvage. La quehoule la côte ouest présentait une beauté sauvage. La capricieuse, portée par près de 5 000 kilomètres houle capricieuse, portée par près de 5 000 kilomètres
d’océan Atlantique, venait frapper ses hautes falaises d’océan Atlantique, venait frapper ses hautes falaises têtues de gneiss. Les baies secrètes et les criques sablontêtues de gneiss. Les baies secrètes et les criques sablonneuses n’étaient pas immédiatement visibles, mais neuses n’étaient pas immédiatement visibles, mais nous les découvririons plus tard. Nos premiers pas nous les découvririons plus tard. Nos premiers pas révélaient des paysages totalement différents de tout ce révélaient des paysages totalement tout ce que nous avions vu auparavant. Undifférents ruban dedebitume que nous avions auparavant. Un ruban de bitume qui semblait infinivu suivait les contours de la côte ouest, qui semblait infini suivait les contours de la côte ouest, ponctué de temps à autre par des habitations blotties ponctué à autre par des habitations blotties au bord de de temps la route. Des maisons au crépi rose ou au bord de la route. Des maisons au crépi rose blanc, exposées à la furie des éléments par l’absenceou blanc, exposées la furie des éléments l’absence d’arbres. Le vent àétait tout simplement troppar puissant et d’arbres. Le vent était tout simplement trop puissant constant pour que rien ne dépasse une cinquantaineet constant pour que rien ne dépasse une cinquantaine 42
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Depuis Balallan Depuis Vue, depuis Balallan le village Vue, depuis village lui-même, sur lele loch Erisort lui-même, sur le lochUn Erisort et les collines de Park. bel et les collines de Park. Unlabel exemple de la manière dont exemple de changements la manière dont lumière et les de la lumière et les changements temps modifient le paysage. de temps modifient le paysage.
MON HISTOIRE AVEC LES HÉBRIDES EXTÉRIEURES
Coucher de soleil à Bragar Près du village de Bragar sur la côte ouest, au coucher du soleil, sur la route du nord en direction de Ness. On aperçoit la silhouette d’un broch, une petite habitation fortifiée, sur une minuscule île artificielle du loch que l’on rejoint par une chaussée primitive. Il doit y avoir une douzaine de constructions de ce genre sur les petits lochs le long de la côte ouest de l’île.
Bragar à nouveau Le même broch, vu presque du même endroit à un autre moment de la journée. Un autre exemple de l’aspect radicalement différent que peuvent prendre les îles sous la lumière changeante.
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L’église de Cross L’église de Cross L’église de Cross donne au L’église Cross donne au village unedesilhouette village une silhouette caractéristique. L’observance caractéristique. L’observance religieuse qui domine la vie religieuse qui domine la vieest culturelle sur l’île de Lewis culturelle sur l’île de Lewis ici illustrée par la présence est ici illustrée par la présence physique de l’église à l’horizon. physique de l’église l’horizon. Celle-ci appartient à àl’Église Celle-ci appartient à l’Église presbytérienne libre d’Écosse, presbytérienne libre d’Écosse, également connue sous le nom également connue sous le nom de Wee Frees. C’est une religion de Wee Frees. C’est une religion simple, sans ornement, qui simple, sans ornement, qui rejette les symboles religieux, rejette les symboles religieux, leslesvitraux vitrauxetetlalamusique. musique.Même Même leslescloches sont mal cloches sont malvues vuescomme comme enentémoigne témoigneleleclocher, clocher,vide. vide. Les Lespsaumes psaumessont sontchantés chantéssans sans accompagnement, en gaélique, accompagnement, en gaélique, menés menéspar pardes deschantres. chantres.Cela Cela ressemble à une ressemble à unesorte sortededechant chant tribal, tribal,extraordinairement extraordinairement émouvant, émouvant,reflétant reflétantlelepaysage paysage dedel’île l’îleetetleslesvies viesdes desfidèles fidèles quiy yhabitent. habitent. qui
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de nues et et isolées, de centimètres. centimètres.Les Lesmaisons maisonsparaissaient paraissaient nues isolées, comme des briques de Lego alignées sur l’horizon. La comme des briques de Lego alignées sur l’horizon. La seule chose qui semblait pousser en abondance était les seule chose qui semblait pousser en abondance était les églises – représentant toutes les confessions presbytééglises – représentant toutes les confessions presbytériennes. Chaque village en avait une, voire davantage. riennes. Chaque village en avait une, voire davantage. Les vestiges des vies passées gisaient dans les jardins Les vestiges des vies passées gisaient dans les jardins et les fermes – vieux tracteurs, pneus, camions et et les fermes – vieux tracteurs, pneus, camions et voitures mangés par la rouille, comme des carcasses voitures mangés par la rouille, comme des carcasses d’animaux morts depuis longtemps. L’habitude qui d’animaux morts depuis longtemps. L’habitude qui consiste à laisser le passé pourrir un peu partout n’est consiste à laisser leàpassé pourrir un peuici,partout n’est pas exceptionnelle la campagne. Mais l’absence pas exceptionnelle à la campagne. ici, l’absence d’arbres et de buissons rendait cesMais épaves encore d’arbres et de buissons rendait ces épaves encore
à Dellà Dell plus visibles, en en faisant un un traittrait caractéristique des desFerme Ferme plus visibles, faisant caractéristique Une whitehouse abandonnée paysages. Une whitehouse abandonnée paysages. et une blackhouse en ruines une blackhouse en ruines Une autre particularité que nous remarquâmes lors au boutet d’une parcelle de terre Une autre particularité que nous remarquâmes lors au bout d’une de terre de ce premier voyage fut la quantité de maisons aban- à Dell, sur la route deparcelle Ness. de ce premier voyage fut la quantité de maisons aban- à Dell, sur la route de Ness. données et délabrées, et les murs de pierre effondrés La texture de la pierre, les texturedispersés de la pierre, données et délabrées, et les murs de pierre effondrés La blancs dans les qui les accompagnaient. Nous apprîmes plus tard que moutons moutons blancs dispersés qui les accompagnaient. Nous apprîmes plus tard queles hautes herbes, la division dans ces maisons étaient les whitehouses qui avaient remplacé géométrique les hautes herbes, la division du terrain, ces maisons étaient les whitehouses qui avaient remplacé géométrique du terrain, les demeures en pierre traditionnelles où avaient vécu avec la lumière du soleil les demeures en pierre traditionnelles où avaient vécuau premier avec la lumière du noir soleil plan et le ciel les habitants de Lewis pendant des siècles – les au premier plan et le ciel noir les habitants de Lewis pendant des siècles – les en arrière-plan : une scène blackhouses, où hommes et bêtes logeaient ensemble. : une scène typiqueendearrière-plan l’île de Lewis. où yhommes et bêtes logeaienttoute ensemble. Unblackhouses, feu de tourbe brûlait quotidiennement, la typique de l’île de Lewis. Un feutoute de tourbe brûlait quotidiennement, journée, l’année,y et la fumée s’échappait partoute le la journée, toute l’année, et la fumée s’échappait par le 51
L’ Î L E D E S C H A S S E U R S D ’ O I S E A U X
Port endommagé, Port of Ness On voit ici les dégâts causés par la mer à la digue du port de Port of Ness avant qu’elle ne soit réparée. Hélas, ce port autrefois très actif est peu utilisé de nos jours.
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ess est la zone la plus densément peuplée des Hébrides en dehors de Stornoway. C’est également la partie la plus morne de Lewis, dénudée et balayée par les vents, exposée aux assauts des éléments à l’ouest, au nord et à l’est. Elle présente la côte la plus spectaculaire, faite de falaises robustes et, juste au large, d’une abondance de rochers acérés déchiquetant l’océan poussé par les vents qui fouettent en permanence ce coin des îles. Elle renferme aussi des plages
inattendues, à l’abri des regards, et a forgé une communauté de gens rustiques mais ouverts et accueillants appelés niseachs en gaélique. C’est le décor que j’ai retenu pour L’Île des chasseurs d’oiseaux. Je ne voulais offenser personne en choisissant un village plutôt qu’un autre pour y situer le foyer de Fin Macleod, le personnage principal du livre. J’en créai donc un, imaginaire, que je baptisai Crobost – un nom que nous avions déjà utilisé dans Machair.
Phare sur le Butt Le phare sur le Butt de Lewis, à l’extrémité septentrionale de Ness, est un signal protecteur pour tous les navires de passage. Il avertit le monde : « Hébrides en vue ! »
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L’ H O M M E D E L E W I S
page de gauche Castlebay, Barra Il est aisé de deviner d’où Castlebay tient son nom. Ce château dans la baie que domine la ville est le siège du clan MacNeil.
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e deuxième livre de la trilogie a embarqué Fin et moi-même pour un voyage d’un bout à l’autre des Hébrides, de Ness à l’extrême nord, à Eriskay au sud. La seule île importante des Hébrides absente de L’Homme de Lewis, et de l’ensemble des livres, est Barra. Ce ne fut pas un oubli délibéré, mais le récit en décida ainsi – et comme certains des événements qui fondent l’histoire relèvent de faits historiques, le choix des îles ne dépendait pas de moi. J’ai, cependant, un lien très intime avec l’île de Barra. Je m’y suis rendu pour la première fois dans les années 1970, comme reporter pour The Scotsman. J’étais envoyé pour couvrir l’ouverture du nouveau terminal aéroportuaire
de l’île. Ce que j’ignorais avant de m’y rendre, c’est que le « terminal » se résumait à une cabane et que le petit appareil qui effectuait la liaison – un Trislander 18 places à l’époque – atterrissait en fait sur la plage. Imaginez ma surprise quand nous avons entamé notre descente alors que je ne voyais que de l’eau autour de nous. J’ai réellement cru que nous allions finir à la mer. Et, soudain, les roues de l’appareil ont touché le sol – tout au moins les coquillages durs et agglomérés laissés par la marée descendante. Mon autre séjour sur l’île, plus récent, se déroula avec mon épouse, pour essayer de retracer les origines de son arrière-grand-mère, une MacNeil, qui est le nom du clan
« Aéroport » de Barra Les horaires d’atterrissage sur la plage de Barra sont dictés par les marées. Ici, l’appareil De Havilland Canada DHC-6 Twin Otter 19 places exploité par FlyBe pour Loganair vient juste de se poser.
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Maison de Johnny, Eriskay Cette ferme délabrée sur la pointe nord d’Eriskay pourrait très bien être celle où Johnny et Peter passèrent leur adolescence. On y a une vue magnifique sur le Sound d’Eriskay vers South Uist.
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Maison de Ceit, Eriskay Maison de Ceit, Eriskay Il s’agit de l’ancien bureau de Il s’agit de l’ancien poste qui donne sur le bureau port de de postesurqui donne sur Haun Eriskay. Celale port de Haun sur Eriskay. pourrait être la maisonCela où pourrait être lapassa maison Catherine/Ceit sonoù Catherine/Ceit passa son adolescence. adolescence.
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LE BRACONNIER DU LAC PERDU
page de gauche Berserk et autres pièces d’échecs Quatre pièces de la collection. Un roi, une reine, un chevalier et le berserk au premier plan. On pense que certaines pièces étaient colorées en rouge.
Roi géant Cette reproduction géante d’un roi a été installée à Uig, près du site où les pièces d’échecs furent découvertes, même si personne n’en connaît exactement l’emplacement.
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e dernier volume de ce qui est devenu la trilogie de Lewis se déroule exclusivement sur l’île de Lewis, là où furent découvertes les fameuses pièces d’échecs (The Lewis Chessmen) qui ont donné leur nom à la version anglaise de l’ouvrage. Il est important de comprendre la relation entre ces statuettes uniques, taillées dans de l’ivoire de morse, et l’île à laquelle elles empruntent leur nom. Les figurines furent découvertes en 1831 dans une anse sablonneuse de la baie d’Uig par Malcolm Macleod, un homme de la région. Le fermier, effrayé, les prit d’abord pour des lutins ou des fées. Il y avait en tout quatre-vingt-treize objets. Soixante-dixhuit étaient des pièces d’échecs, le reste était constitué de simples pions et d’une boucle de ceinture en ivoire. Mais ce furent les pièces d’échecs qui frappèrent les imaginations. On pense que ces sculptures d’un extraordinaire niveau de détail furent réalisées dans les ateliers vikings de Trondheim en Norvège au xiie siècle. À cette période, les Hébrides étaient encore sous occupation scandinave. Il est probable qu’il s’agisse des seules pièces de cette époque ayant survécu, ce qui les rend uniques. Les pions mesurent de 3,5 à 5,8 centimètres et les pièces maîtresses jusqu’à 10,2 centimètres. Ces dernières représentent des humains, surtout des soldats en tenue de combat. Parmi celles-ci, les plus étonnantes sont les tours, qui ont la forme de berserks – des guerriers vikings qui se fouettaient pour se mettre en transe avant la bataille. Ils sont représentés mordant le sommet de leurs boucliers. 1 87
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LE BRACONNIER DU LAC PERDU
C’était l’un de ces rares et délicieux premiers jours d’été quand le vent du sud-ouest était doux et le ciel parsemé de hauts nuages blancs qui masquaient de temps à autre le soleil. Sur la lande, les fleurs printanières éclataient de jaune, de mauve et de blanc, et les moucherons étaient maintenus à distance par la brise. Bien sûr, il y a toujours quelque chose pour venir gâcher un jour parfait et, dans le cas présent, il s’agissait des cleggs. Ces petits bâtards affamés pullulaient parmi les herbes hautes. Les Anglais appelaient ça des taons, et ils vous mordaient salement, même à travers les vêtements s’ils étaient trop près du corps. Nous étions tous rassemblés sur le pont. Une douzaine d’entre nous, à boire de la bière, graver notre nom dans le béton ou simplement allongés à prendre le soleil, indifférents au gouffre des gorges en dessous. Le soleil inondait la plage dorée de Garry et le Minch audelà. Je me souviens m’être dit que tout cela avait quelque chose d’idyllique. Les examens étaient loin, un futur neuf et excitant s’offrait à nous. S’échapper de l’île, la première chance qui nous était donnée d’étendre nos ailes et de nous envoler. À cet instant, tout semblait possible.
Le Pont Vers Nulle Part Le Pont Vers Nulle Part, un monument en béton couvert de graffitis, à la mémoire des rêves déçus de lord Leverhulme. On voit, sur la colline à l’arrièreplan, le dessin des tranchées des tourbières sur les fougères d’automne. 219
SO M M AIRE Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Une histoire géologique des Hébrides extérieures . . . . . . . . . . 8 Une histoire de la population des Hébrides extérieures . . . . 24 Mon histoire avec les Hébrides extérieures . . . . . . . . . . . . . . . 34
L’Île des chasseurs d’oiseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 L’Homme de Lewis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152 Le Braconnier du lac perdu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186 Derrière l’objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232