Titre original : Gemüse ernten ohne gießen © 2021, Eugen Ulmer KG, Stuttgart, Allemagne www.ulmer.de © Éditions du Rouergue pour la traduction française, 2024 www.lerouergue.com Création graphique pour la version française : Atelier Zemonsta – Audrey Abbal-Duteille
Christine Weidenweber
cultivez des legumes sans eau Adaptez votre potager au changement climatique Traduit de l’allemand par Sylvie Girard-Lagorce
sommaire
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Saisir l’occasion
Des récoltes toute l’année Plus tôt et plus longtemps Bien couvert l’exotisme a la cote Des légumes qui aiment la chaleur Les gagnants Cultiver son jardin au bénéfice du climat Quelques idées Pourquoi aller chercher ailleurs ?
Météo, climat, changement climatique
Ce qu’il faut savoir Les causes du changement climatique Le temps qu’il fait Le changement climatique et ses effets sur la faune et la flore Le climat dans le jardin Les pronostics : comment en tenir compte et ce que l’on peut faire Des fluctuations imprévisibles Les adventices Abandonner ? N’y pensez pas ! Les tops du potager Les flops du potager Ravages de toutes sortes Venus du champ voisin Les taupins Les pucerons Stratégies de lutte Utiliser le calendrier phénologique Vivre avec la nature Les travaux du jardin
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Notre bien le plus précieux : le sol Le sol, c’est la base La peau de la terre Le meilleur en premier : l’humus L’incidence du sol sur le climat L’incidence du climat sur le sol Apprendre à connaître le sol Ce que l’on peut faire Produire de l’humus Le compost dans le jardin Engrais organiques Travailler le sol La rotation des cultures Protéger le sol Pailler, c’est gagner Toiles et bâches Comment faire ? Gros plan La Terra preta
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Légumes sobres en eau
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Un emploi pertinent de l’eau
L’état des lieux dans le jardin L’emplacement et le soleil Le sol Légumes et changement climatique Problèmes et solutions Des expériences à tenter Le calendrier du potager Les indispensables C’est ainsi que ça peut marcher Les perpétuels Des plantes frugales Oser la nouveauté Le Sud entre en scène Gros plan Des légumes sauvages pour le jardin Le jardinage durable Une eau utile La quantité d’eau présente dans le sol
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Systèmes d’arrosage Le bon vieil arrosoir L’arrosage automatique Des diffuseurs d’eau sommaires Ollas Gros plan Le jardin en creux
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Un jardin proche de la nature
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Annexes
Le sauvage au jardin Réciprocité et solidarité Aider les animaux utiles Comment ça marche De l’eau pour les animaux Des recoins sauvages De la couleur dans les plates-bandes La culture mixte De quoi s’agit-il ? La protection écologique des plantes 169 À quoi faut-il faire attention ? 1169 Renforcer les plantes 171 Maladies et ravageurs fréquents 175 La permaculture 175 La philosophie 175 Projets de permaculture 178 La butte en permaculture 180 Gros plan Le jardin en trou de serrure
Récapitulatif des légumes perpétuels Légumes d’automne et d’hiver Calendrier phénologique
Saisir l’occasion
saisir l’occasion
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Des récoltes toute l’année Le changement climatique met sens dessus dessous nos plans de jardinage ; il nous plonge régulièrement dans le désespoir, et nous offre en même temps toute une série de nouvelles perspectives. La plus réjouissante ? On peut effectuer des récoltes pratiquement toute l’année.
Plus tôt et plus longtemps Il faut regarder la vérité en face : nous, qui sommes jardiniers, devons affronter le changement climatique, mais il ne faut pas que les pronostics les plus inquiétants nous paralysent. Au contraire, nous devons saisir l’occasion qui se présente pour expérimenter de nouvelles pratiques et permettre à nos jardins de résister aux variations de température et aux conditions qui évoluent. Au-delà des nouvelles espèces et des nouvelles variétés que nous devons absolument essayer, il y a surtout la perspective d’une saison de récolte plus longue, ce qui, à vrai dire, est assez séduisant. Depuis les années 1960, on constate un net allongement du cycle végétatif. Voilà déjà quelques années que le changement est vraiment perceptible. Les hivers sont plus doux et plus courts, le printemps arrive plus tôt. C’est pourquoi j’adapte peu à peu mon jardin (et moi-même) à ces nouvelles données. Ce n’est pas de gaieté de cœur, je l’avoue, car nous deux, mon jardin et moi, devons nous battre contre les fortes chaleurs et contre un ensoleillement excessif. Au cours des derniers étés, seuls les véritables guerriers résistent, mais à la fin de l’automne, tout au long de l’hiver et au début du printemps, j’enregistre de bonnes récoltes. C’est ce que permet le changement climatique, et c’est ce qui me réconcilie un peu avec ces nouvelles conditions. Au printemps, quand il s’agit de semer et de planter, les températures élevées et les périodes de sécheresse prolongées peuvent compliquer les travaux du jardin. Les petits radis et les salades se développent mal ou montent en graines inhabituellement tôt, tandis que les choux-raves ne sortent pas de terre. Si je les cultive à la fin de l’été ou à la toute fin de l’hiver, j’ai davantage de succès. Les betteraves de couleur plantées à la mi-août fournissent des racines charnues jusqu’à fin novembre ; on peut semer les radis plusieurs fois en petites quantités de septembre à mi-octobre et les récolter jusqu’à Noël ; tandis que les salades asiatiques et les choux passent l’hiver dans le jardin.
Bien couvert C’est un réel plaisir que de profiter de son jardin de l’automne jusqu’au printemps, mais même si le climat change, nous ne sommes pas entièrement à l’abri d’un froid glacial avec des températures très basses. C’est pourquoi le choix des variétés de légumes est si important. Plusieurs variétés de choux, les panais et le poireau d’hiver, entre autres, sont connus pour être des légumes d’hiver, et résistent plus
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Cultivez des légumes sans eau
ou moins bien aux gelées. Mais il y a aussi les échalotes d’hiver, l’ail d’hiver et les salades asiatiques qui s’adaptent très bien à la saison froide, parfois mieux qu’on ne le pense. Néanmoins, si les températures chutent en dessous de -5 °C, il est préférable de couvrir les cultures, et de leur procurer ainsi un peu d’abri. La solution la plus simple consiste à utiliser des branches d’épicéa ou de sapin, que vous pouvez récupérer d’ailleurs sur votre arbre de Noël une fois la fête passée. Une couche de feuilles mortes et de compost étalée autour des plantes est également appropriée. Mais il existe aussi des tunnels de culture, des voiles d’hivernage, des cloches en verre ou en plastique, tous réutilisables. On peut même construire soi-même très facilement un tunnel d’hivernage avec des arceaux en acier galvanisé, du voile non tissé, de la ficelle et des piquets. Ces dispositifs protègent contre le gel, exercent un effet de compensation sur les températures, et créent un climat idéal pour l’hivernage des plantes. Par ailleurs, il se produit sous le verre, le plastique ou le non tissé, une sorte d’effet de serre. Lorsque le soleil brille, le sol se réchauffe plus vite, et la croissance des plantes se trouve stimulée. En outre, il y a moins d’humidité ambiante et le risque de maladie fongique se trouve diminué. Il est impératif d’aérer à intervalles réguliers, quel que soit le type de protection choisi.
Couvertures pour périodes froides Matériau / mode de couverture
Utilisation
Propriétés et caractéristiques
Voile non tissé léger (20 g/m3)
Protège jusqu’à une température extérieure de -5 °C
Matériau synthétique tissé comme une toile d’araignée
Cloches
Pour des plantes isolées, fait gagner env. 5 °C
En verre (réchauffe plus vite) ou en plastique, aspect décoratif
Tunnel en voile ou en plastique
Film perforé
Pratique pour les cultures en hauteur, fait gagner 3-5 °C
Pour protéger des gelées tardives, fait gagner 3-5 °C
Avec un plastique solide, une bonne alternative à la serre fixe
Film plastique avec des trous de 1 cm
Bien protégées sous un tunnel d’hivernage, les salades asiatiques résistent à des températures très basses.
Un jardin proche de la nature
Un jardin proche de la nature
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Le sauvage au jardin Travailler en collaboration étroite avec la nature, telle est la clé pour avoir un magnifique potager, des plantes saines, de belles récoltes et, ce qui n’est pas négligeable, faire le bonheur du jardinier. Lorsque la nature a ses entrées dans le jardin, c’est le paradis.
Réciprocité et solidarité Quand on se promène en forêt ou en pleine campagne, on rencontre les plantes les plus variées ; du printemps à l’automne, on entend les insectes et d’autres animaux grouiller et vibrionner, les oiseaux gazouillent à l’envi, on sent le parfum de la vie. La même scène peut se dérouler dans votre jardin. Il suffit d’observer la nature en détail, de s’en inspirer et d’avoir de la patience. Voir le jardin comme un tout, le comprendre comme un organisme vivant, c’est ce que le jardinier doit apprendre à faire pour que la nature revienne dans le jardin. Le point de départ, c’est le sol, avec les innombrables êtres vivants qui y habitent : la base pour toutes les plantes qui peuvent alors croître et prospérer (voir page 75). En ce qui concerne le matériel végétal, le choix est vaste, et nous pouvons cultiver des variétés venues de pays lointains. Alors que de grands changements climatiques sont en marche, c’est le moment de sélectionner les plantes les mieux adaptées à nos latitudes en cours de transformation. Mais les variétés régionales ne doivent pas être oubliées, leur adaptation n’est plus à prouver. Au fil des siècles, ces plantes se sont adaptées aux conditions locales, elles sont robustes et faciles à entretenir. Ces caractéristiques sont très importantes dans un potager. Les variétés de légumes régionales ne sont pas attaquées aussi rapidement que les autres par les maladies et les ravageurs, et elles n’ont pas besoin de traitement spécifique pour prospérer. Il existe de nombreuses bourses d’échanges où l’on trouve toutes sortes d’espèces et de variétés de légumes anciens ; on peut aussi échanger des graines avec son voisin par-dessus la haie, ou se renseigner auprès d’un magasin spécialisé et bien approvisionné. Cultiver dans son potager de nombreux légumes, des fleurs et des aromates différents est une contribution majeure à la préservation de la diversité des espèces, plus importante que jamais.