Création graphique : Hélène Burel © Éditions du Rouergue, 2024 www.lerouergue.com
84 surdouées du jardin : belles, résistantes et amies des insectes.
Elke Schwarzer
Traduction de l'allemand par Isabelle Enderlein
Création graphique : Hélène Burel © Éditions du Rouergue, 2024 www.lerouergue.com
84 surdouées du jardin : belles, résistantes et amies des insectes.
Traduction de l'allemand par Isabelle Enderlein
Un nouveau sédentaire : le Vulcain (Vanessa atalanta) était autrefois un papillon migrateur qui venait chaque année depuis le sud de l’Europe. Désormais, il passe l’hiver sous nos latitudes.
Le jardin qui s’étend derrière ma maison mitoyenne ne dépasse pas les 100 mètres carrés. Souvent, je rêve de dénicher une porte secrète dans un recoin ; et de pénétrer dans une partie cachée qui n’appartiendrait qu'à moi. Pourtant, les étés étant de plus en plus secs, et l’arrosage fastidieux, j’avoue que cela m’arrange de ne pas encore l’avoir trouvée.
L’hortensia, hérité du précédent propriétaire, a dû céder sa place depuis longtemps ; les phlox dont j’ai reçu des boutures, et auxquels je tiens, doivent évidemment être arrosés. C’est là que j’apprécie les roses, qui se satisfont de peu d’eau. Seul le rosier cannelle, plus sensible, supporte mal les périodes de sécheresse. Même les limaces font moins les difficiles ; au printemps, surtout après un hiver doux, une dose homéopathique de rosée matinale leur suffit amplement pour s’attaquer aux feuilles des colchiques et des gesses printanières. Heureusement qu’il existe de nombreuses plantes qui ne se laissent pas grignoter aussi rapidement.
Si vous aussi, vous êtes las des assauts des limaces, des pyrales et des effets néfastes de la sécheresse, vous trouverez dans ce livre un éventail de super-plantes, robustes et résistantes, ainsi que de nombreux conseils pour permettre à votre jardin de s’adapter au changement climatique, et pour y créer un environnement agréablement frais.
Et si, finalement, je trouvais cette fameuse porte secrète ? J’aurais plus de place pour planter ces super-héroïnes !
10
Climat et jardins en mutation
13
Fertiliser, c’est moitié arroser
16
* ZOOM — Des gagnants et des perdants
18
Couvrir ! Le paillis fait la différence
20
Premier secours : améliorer le microclimat
24
Chaud et sec
42
* ZOOM — Heureux sans pyrales : adieu le buis ?
44
Humidité permanente
60
Parasols végétaux
68
Protection solaire grimpante
72
Abondance tropicale
80
Les haies brise-vent
84 RIEN N’ARRÊTE LES PLANTES ROBUSTES !
86
Héros résistants aux limaces
96
* ZOOM — En voie d’extinction ? Les escargots et le changement climatique
98
Aplatisseurs de mauvaises herbes
104
* ZOOM — Les plantes auto-ensemencées à la fête
110
Aimants à insectes
118
Héroïnes locales
126
Encore plus de sauveurs en cas d'urgence
130
Carnet d'adresses
132 Index
Les fléaux des temps modernes sont de plus en plus nombreux : sécheresse, fortes pluies parfois accompagnées d’ouragans, nouveaux parasites…
On continue de jardiner, mais différemment, et en anticipant l’avenir. Avec les bonnes techniques, on peut transformer le sol en tirelire à CO2 , réduire notre empreinte carbone, et ainsi atténuer les effets du changement climatique.
Quand la météo promet soleil et chaleur de plomb, l’ustensile de jardin le plus important redevient le bon vieil arrosoir.
Ces derniers temps, la météo n’est pas favorable aux jardiniers. Les pluies d’antan sur la campagne, douces et régulières, ont laissé place à de longs épisodes de canicule, suivis de pluies torrentielles où toute l’eau tombe d’un coup, provoquant des inondations. Une fois sec, le sol ne parvient plus à absorber le surplus d’eau, et la précieuse humidité s’écoule en surface sans atteindre les racines des plantes.
Pour la terre aride, le crépitement de la pluie drue, c’est comme des coups de marteau : une fois les particules du sol compactées, l’eau ne pénètre plus à l’intérieur. Le paillis freine cependant l’impact, comme le ferait une couverture de laine, laissant le sol ouvert pour qu’il fasse
son travail. Un sol densément boisé peut lui aussi canaliser les coups : les gouttes d’eau s’écoulent doucement le long des feuilles et peuvent être absorbées sans peine par le substrat.
On est certes bien obligés de prendre les gouttes d’eau comme elles tombent, mais pour que le jardin et sa nappe phréatique profitent au maximum des rares précipitations, il est essentiel que la surface des chemins et des terrasses soit aussi perméable que possible. Les chemins en paillis, en gazon ou en gravier absorbent davantage la pluie que l’asphalte ou les surfaces densément pavées. Là où un revêtement résistant est nécessaire, on peut opter pour des pavés écologiques perméables ou des pavés de pelouse. Une grosse averse présente cependant des avantages : elle remplit en un rien de temps citernes et tonneaux.
Par ailleurs, les haies sont bien mieux armées pour résister aux ouragans que les pare-vue en bois. De manière générale, des plantes bien enracinées ménagent à long terme nos nerfs… et notre porte-monnaie.
Il y a pire encore que les pluies diluviennes : la grêle, qui massacre le jardin. En cas de forte grêle, les arbres à feuilles caduques sont défoliés en un rien de temps, et les plantes vivaces écrasées comme si elles étaient passées au mixeur. Plus le phénomène a lieu tôt dans l’année, mieux les plantes peuvent réparer les dégâts. Dans les régions où la grêle est fréquente, miser sur des plantes à feuilles fines plutôt que sur des vivaces à grandes feuilles, comme les hostas ou la rhubarbe, peut éviter bien des frustrations. Notons que les plantes qui supportent bien la sécheresse sont également les plus résistantes à la grêle. Les feuilles cireuses étroites, petites
Les petits bulbes de printemps résilients sont parfaitement adaptés aux périodes sèches. En revanche, ils supportent mal les fortes gelées tardives.
ou épaisses, permettent non seulement que moins d’eau s’évapore, mais absorbent aussi mieux les chocs. Les graminées, les plantes vivaces herbacées ou à port étroit ainsi que les conifères offrent également peu de surface d’attaque.
Le plus problématique, c’est sans conteste le manque d’eau. Les phlox et les hortensias sont les grands perdants de cette situation. Quant au gazon, très apprécié dans les jardins, il est le premier à souffrir de la sécheresse. Certes, il reverdit dès qu’il pleut, même sans arrosage ; mais la terre clairsemée
Hedera helix
‘Arborescens’ — feuillage arbustif.
Hedera helix ‘Erecta’ — forme naine, moins de 1m de hauteur.
Hedera colchica
‘Sulphur Heart’ — grandes feuilles avec un cœur à centre jaune.
Peut dépasser les 20 m de haut, selon ses possibilités de grimpe.
Inflorescences sphériques jaunâtres peu visibles. Septembre → novembre. Baies noires et toxiques en hiver.
Soleil, mi-ombre ou ombre. Aime les sols humifères, supporte la sécheresse. Feuillage persistant.
Grimpe avec des racines adhérentes.
Le lierre peut devenir une plaie quand il rampe sur le sol et étouffe les vivaces sur son passage. Mais c’est aussi une super-plante là où rien ne veut pousser, par exemple sous les bouleaux. En tant que feuillage arbustif, il peut accompagner un massif supportant la sécheresse où, renonçant à foisonner, il offre un cadre apaisant pour l’œil. L’automne est en revanche moins paisible lorsque ses fleurs sont butinées par les abeilles, les syrphes, les Colletes du lierre et les Vulcains. Les guêpes sont aussi de la partie, à leur tour chassées par les mésanges charbonnières. La plante peut alors se débarrasser de son image de cimetière et marquer des points comme sauveuse d’insectes. Les oiseaux mangent ses fruits.
Les variétés à grandes feuilles sont particulièrement luxuriantes. Porté sur un treillis, le lierre forme un parasol à feuilles persistantes.
« Malgré son air robuste, le bon vieux lierre peut littéralement se transformer en mousse. À partir des feuilles broyées, qui contiennent des saponines, on peut produire une décoction de savon biodégradable et sans emballage. »
Le chèvrefeuille des jardins est un grand classique pour fleurir et parfumer les tonnelles. Il se distingue du chèvrefeuille des bois par ses feuilles aux rameaux floraux qui, soudées autour de la branche, forment un magnifique plateau de présentation pour les fleurs, puis pour les baies rouges très appréciées des oiseaux. Le soir, ses fleurs multicolores embaument et rafraîchissent l’air, attirant surtout les papillons de nuit guidés par la couleur claire des pétales. Sur la plante grimpante, on trouve les chenilles de certains petits papillons, comme l’Alucitidae.
« Issu des forêts de feuillus, le chèvrefeuille des jardins apprécie le paillis. S’il se rabougrit par le bas, on peut le tailler fortement, il repoussera volontiers. Il est possible d’en faire des boutures au printemps, ce qui permet de valoriser le produit de la taille. »
Anna Fletcher — fleurs jaunes.
Major — fleurs très odorantes jaune-rouge.
Hauteur 3-6 m.
Largeur 1-3 m.
Fleurs multicolores (jaunes, roses, blanches). Mai → juillet. Fruits rouges.
Soleil et mi-ombre.
Aime les sols riches, humifères et calcaires, frais à humide.
Plante indigène.