Jean-Marie Lespinasse, spécialiste des arbres fruitiers, a œuvré à l’INRA à la création variétale du pommier, à l’étude des types de fructification et à la mise en place de modes de conduite pour cette espèce. Il est le coauteur des livres De la taille à la conduite des arbres fruitiers (2005), Les Fruits retrouvés, patrimoine de demain (2008). Il est aussi l’auteur du Potager à hauteur d’enfant (2018) et de Cultiver son potager naturel avec Jean-Marie Lespinasse (2016), premier ouvrage écrit en collaboration avec Danielle Depierre-Martin, cofondatrice de la librairie La Machine à Lire à Bordeaux.
22 €
ISBN : 978-2-8126-1950-2
III-20
Danielle Depierre-MARTIN Jean-Marie Lespinasse
Des arbres fruitiers dans mon jardin
Faire pousser des arbres fruitiers et déguster des fruits fraîchement ramassés, sains et délicieux, est une chance à ne pas laisser passer. Et ce n’est pas très compliqué à condition de respecter certaines étapes incontournables : choisir avec soin les espèces, connaître et préparer le sol, suivre quelques règles de base pour implanter l’arbre, respecter le développement naturel de la variété choisie… Dans ce livre richement illustré, Jean-Marie Lespinasse et Danielle Depierre-Martin nous accompagnent pas à pas dans la plantation et la conduite de quatorze espèces, de l’abricotier à la vigne. Avec eux, on comprend que faire pousser ses propres arbres fruitiers c’est apprendre la patience, s’exercer à l’observation de la nature, mais c’est aussi manger local et de saison, sans pesticides ni insecticides !
JEAN-MARIE LESPINASSE ET DANIELLE DEPIERRE-MARTIN
Des arbres fruitiers dans mon jardin
www.lerouergue.com
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Image de couverture : © Gabriela Tulian/GettyImages Graphisme : Cédric Cailhol © Éditions du Rouergue, 2020 www.lerouergue.com – info@lerouergue.com
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Sommaire
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Introduction
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Fleurs et pollinisation Porte-greffe et surgreffage Plantation, choix des plants et réalisation Mode de fructification et conduite de l’arbre
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Quatorze fruitiers
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L’abricotier (Prunus
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L’amandier
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Le cerisier
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armeniaca)
(Prunus amygdalus)
(Prunus avium et Prunus cerasus)
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Le châtaigner
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Le figuier
(Castanea sativa)
(Ficus carica L.)
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Le kiwi
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Le noisetier
84
Le noyer
(Juglans regia L.)
96
L’olivier
(Olea europaea L.)
(Actinidia deliciosa)
(Corylus avellana)
106
Le pĂŞcher
(Prunus persica L.)
118
Le poirier
(Pyrus communis L.)
128
Le pommier
138
Le prunier
(Malus domestica Borkh)
(Prunus insititia et Prunus domestica)
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Le raisin de table
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Glossaire Bibliographie
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Des arbres fruitiers dans mon jardin
introduction
Comment imaginer un jardin nourricier uniquement composé d’un potager, sans la présence de fruitiers ?
Manger des fruits sains, goûteux, savoureux même, est une chance à ne pas laisser passer si on cultive son jardin et que l’on dispose d’une surface suffisante. Le jus d’une pêche, dégoulinant à la commissure des lèvres, est d’un régal incomparable, si le fruit a été ramassé à maturité sur l’arbre du jardin, à la fraîche en plein été, au terme d’une attente souvent fébrile. Car faire venir soi-même ses propres fruits relève plus de l’histoire d’amour que du simple jardinage : une passion tranquille qui s’inscrit au fil des saisons. Le jardinier attentif se promène souvent au verger, il repère au cours de l’hiver les bourgeons, qui démarrent de façon insensible, puis gonflent délicatement sur les branches. Bourgeons qui s’épanouiront au début du printemps, quand les jours rallongent et que l’air devient plus léger… C’est un apprentissage de la patience. On surveillera l’arrivée des fleurs avec émotion : sont-elles nombreuses ? Les nuits ne sont-elles pas trop fraîches ? Du gel est-il prévu ? Va-t-il y avoir du vent ? Ces ravissantes petites fleurs qui semblent si fragiles vont-elles tenir le coup ? Le bulletin météo devient le meilleur ami du jardinier ! L’apparition des premiers pollinisateurs l’enthousiasme, l’excitation
augmente au moment de la nouaison, quand le fruit se forme… Les menaces de grêle peuvent même occasionner des insomnies… Et puis les fruits grossissent ; une observation et une surveillance attentives permettent de remédier aux soucis nombreux, insectes ravageurs, maladies… Quand arrive la maturité et que vient le temps des récoltes, les paniers remplis, les compotes, les tartes, les confitures, le plaisir est à son comble ! Grimper dans le cerisier pour ramasser toute une aprèsmidi des fruits gorgés de soleil est un bonheur que partagent enfants et adultes… Le jardinier qui plante ses fruitiers consomme évidemment « local » et « de saison » ; il mange des fruits mûris sur l’arbre, exempts d’insecticides ou de pesticides, souvent d’un goût inimitable, pour certains absolument succulents ! Au plaisir gustatif s’ajoute la satisfaction d’avoir œuvré pour la préservation de l’environnement, sans compter les économies réalisées ! Et c’est prouvé, les fruits du jardin conservent toutes leurs richesses nutritionnelles. À l’heure où, avec le changement climatique, la végétalisation des espaces minéralisés dans les villes devient un impératif évident, il serait tout à fait judicieux de planter des arbres fruitiers partout, dans la cour des écoles, sur les places publiques, au pied des immeubles, sur les trottoirs : le citoyen se réapproprierait la ville, chacun pourrait, en toute convivialité et en « libre-service », déguster à la belle saison des fruits délicieux. Utopique ? Non, le message commence à
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introduction
passer et certaines communes du territoire sont dans cette démarche volontariste et valorisante, qui ne peut que tisser sinon renforcer le lien social… Pour faire de jolies récoltes de fruits au jardin assez rapidement, au bout de deux à trois ans, il faut bien soigner l’étape plantation de l’arbre fruitier : • Préparer le sol avec soin et suivre quelques règles de base pour implanter l’arbre. • Respecter le développement naturel de la variété* choisie en évitant de l’enfermer dans une forme qui ne correspond pas à son mode de croissance et de fructification : ce n’est pas une question esthétique ou de commodité qu’il faut privilégier, en taillant tant et plus ; la subtilité est d’accompagner, de conforter le comportement spontané de l’arbre, pour obtenir une mise à fruit rapide et de bonne qualité. Les variétés de chaque espèce* sont toutes différentes, chacune possède une façon de ramifier puis de fructifier particulière. Ce développement sans contrainte est à la fois le plus harmonieux et le plus efficace pour édifier l’arbre et induire une fructification précoce et pérenne. Cette démarche nous permet de découvrir le végétal dans sa grande diversité en l’accompagnant comme des éducateurs. Le jardinier doit se libérer de certains concepts anciens qui consistaient à domestiquer l’arbre fruitier, le maintenir sous contrôle, sans aucun respect pour le
comportement propre de la variété cultivée. L’utilisation excessive du sécateur, instrument de domination de l’homme sur le végétal, en était souvent la cause. Aujourd’hui, il est largement démontré que les formes et les tailles contraignantes réduisaient à la fois la quantité de fruits produite ainsi que leur qualité. Ces pratiques ne sont d’ailleurs plus utilisées dans les milieux professionnels, depuis plus de quarante ans. Contrairement au travail conséquent que suppose la pratique potagère au quotidien, obtenir des fruits intéressants est relativement facile si le jardinier prend les choses avec décontraction et suit les résultats d’expériences remarquables réalisées par des professionnels dans bon nombre de zones de production. À la manière des chercheurs qui ont découvert, avec patience et ténacité, l’intérêt de particularités et caractéristiques jusque-là considérées comme insignifiantes, le jardinier, en changeant son rapport au monde végétal, en observant l’arbre avec humilité et respect, en se débarrassant de vieux réflexes interventionnistes, sera à même de comprendre comment cet arbre fruitier-là, de cette variété-là, est capable, avec des gestes humains prodigués a minima, de contrôler lui-même sa production : il est indéniable que la qualité première pour réussir, c’est la délicatesse ! Un sécateur, c’est comme un fusil, moins on s’en sert mieux on se porte… 7
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Fleurs et pollinisation
Au commencement était la fleur… Pour toutes les espèces* d’arbres fruitiers, pas de fruits sans fleurs, fleurs qui doivent, de plus, être fécondées… Les fleurs naissent à partir de bourgeons mais tous les bourgeons ne donnent pas des fleurs. En effet, certains bourgeons minces et pointus, dits « à bois », ont une destination végétative*, c’est-à-dire qu’ils participent à l’élaboration de la structure de l’arbre. La seconde sorte de bourgeons est dite « à fleur ». Ils donnent progressivement naissance à des ébauches florales l’été précédant la floraison. Ces fleurs, constituées définitivement dans le courant de l’hiver à l’intérieur du bourgeon seront à l’origine du fruit et de sa graine. Ces fleurs seront fécondées puis transformées, et donneront une ou plusieurs graines. Pour certaines espèces, le fruit qui en résulte est comestible, sa chair est bonne à manger. Elle peut être sèche (la noisette) ou charnue (l’abricot). Comment les plantes se « marient-elles » ?
Carl von Linné, l’inventeur de la botanique, parlait de « mariage des plantes » pour décrire le processus naturel de la recherche de la descendance, de la poursuite du cycle de la vie. Les végétaux à fleurs, dans la majorité des cas, survivent et perdurent grâce à leurs graines obtenues par reproduction sexuée, les fleurs étant les organes sexuels des plantes. Une multitude d’appariements (femelle et mâle) existe selon les espèces et entre les variétés* d’une même espèce. Apprendre à les connaître permet de comprendre comment s’occuper des fruitiers du jardin : il est bon de savoir par exemple qu’un cerisier d’une variété ancienne, isolé tout seul dans un jardin, sans congénère alentour, produira certes 9
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Des arbres fruitiers dans mon jardin
Fruits simples secs
Noisette, amande, châtaigne
Akènes
Pêche, abricot, prune, cerise, olive, noix
Drupes
Kiwi, raisin
Baies
Fruits multiples
Mûre, framboise
Polydrupes
Fruits complexes
Pomme, poire
Le fruit se développe à partir de la base de la fleur contenant les ovaires
Fruits charnus
Sur un prunier, en janvier, avant le débourrement on ne distingue pas facilement le bourgeon à bois (ici celui qui est en haut du dessin, le terminal) des bourgeons à fleur.
Proche de la floraison, il devient très facile de les distinguer : les fleurs s’épanouissent tandis que les deux futures pousses végétatives restent « fermées ».
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FLEUR DE PÊCHER HERMAPHRODITE Stigmate Style Anthère
Filet de l’étamine Zone nectarifère Ovaire
Ovules
Sépale
L’étamine = l’anthère + le filet de l’étamine Le pistil = le stigmate + le style
La fleur de pêcher est hermaphrodite, elle porte à la fois des organes mâles, les étamines constituées des anthères qui sont de petits sacs contenant le pollen portés par des tiges (le filet), et des organes femelles, l’ovaire contenant les ovules, situé au cœur charnu de la fleur et surmonté du pistil composé du style et de son stigmate qui accueillera et fera germer le grain de pollen.
des fleurs, mais peu de fruits. En effet, il est nécessaire d’avoir deux cerisiers proches dans l’espace, pour que les insectes pollinisateurs transportent de l’un à l’autre le pollen de l’autre arbre. La reproduction sexuée chez les végétaux est complexe. Voyons les associations particulières observées chez les arbres fruitiers de nos jardins. Les espèces hermaphrodites : leurs fleurs sont munies à la fois d’un sexe femelle et d’un sexe mâle. C’est le cas des pommiers, poiriers, cerisiers, pêchers… Les espèces monoïques : sur le même arbre, ce sont des fleurs distinctes qui portent les unes les organes reproducteurs mâles et les autres les organes reproducteurs femelles. C’est le cas par exemple du noyer et du noisetier. Les espèces dioïques : leurs organes reproducteurs mâles et leurs organes reproducteurs femelles sont portés par des arbres différents, c’est le cas par exemple du kiwi et du figuier. 11
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FLEURS HERMAPHRODITES Les organes mâles (étamines) et femelles (pistil) sont dans la même fleur.
Les autocompatibles s’autofécondent. Exemple pêcher…
ESPÈCES MONOÏQUES
Les auto-incompatibles ont besoin du pollen d’une autre variété. Exemple pommier, poirier…
ESPÈCES DIOÏQUES
Dans le même arbre les fleurs sont soit mâles, soit femelles. Exemple noyer, noisetier…
Toutes les fleurs d’un même arbre sont soit mâles, soit femelles. Exemple kiwi, figuier…
LES DIFFÉRENTES ORGANISATIONS FLORALES
La pollinisation
Depuis l’Antiquité, l’homme a compris qu’il fallait que le pollen soit transporté des fleurs mâles vers les fleurs femelles pour que les plantes fournissent des fruits. L’explication de la « fécondation » date, elle, de la fin du xixe siècle. Comme les fleurs ne peuvent pas se déplacer, le pollen est « transporté » par les insectes ou par le vent pour parvenir jusqu’au stigmate du ou des pistils de la fleur. Les arbres fruitiers ont été classés en deux catégories selon le mode de pollinisation : • Les entomophiles (du grec entomo = insecte, philos = qui aime) sont pollinisés par des insectes, en particulier bourdons et 12
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Les fleurs du pommier, portées par une inflorescence, ne peuvent être fécondées que par un pollen en provenance d’une autre variété et transporté par un insecte.
Avec le pêcher, les fleurs peuvent s’autoféconder. Le pollen est sur place dans les étamines et il suffira que l’insecte butineur touche le stigmate qui se situe au même niveau.
POLLINISATION SUR L’ARBRE PAR UN BOURDON OU UNE ABEILLE
Fécondation Développement des graines dans le fruit
L’abeille, ou le bourdon, apporte le grain de pollen qui fécondera l’ovule.
abeilles (c’est le cas des pêchers, pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers…). Les fleurs développent des odeurs attirantes, les couleurs sont vives, les corolles très ouvertes, leur nectar très sucré. Les insectes passent de fleur en fleur, chaque fois qu’ils se posent sur une fleur, des grains de pollen se fixent alors sur leurs pattes et leur corps. Ainsi, lors de la visite d’autres fleurs, quelques grains tombent sur le stigmate et la fécondation peut s’accomplir ! 13
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