
Création graphique :Stvdio Colette © Éditions du Rouergue, 2023 www.lerouergue.com
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Les mesures n’ajouteront rien. Elles ne parleront jamais. L’univers seul exprime l’univers.
— Jean Giono Traversée sensuelle de l’astronomie10 —
12 —
Les 10 commandements de la cuisine au pif
30 — La cuisine des cinq sens Goûter Sentir Toucher Entendre Voir
14 —
PARTIE I POUR COMMENCER
36 — Trucs de la cuisine au pif
16 —
Garde-manger
Les familles de goût
Les herbes aromatiques
Les graines
Les fruits secs
Les agrumes
Les épices
26 —
Batterie de cuisine
Les ustensiles indispensables
Les symboles du four
38 —
PARTIE II RECETTES
40 — Anti-notice
42 — Sauces et vinaigrettes
164 — INDEX
44 — Menu I
Carpaccio de radis et noisettes
Soupe de cresson et lard fumé Moelleux au chocolat
68 — Menu IV
Soupe de carottes à la bière Poulet-Dauphinois
Glace minute aux fruits rouges
76 — Menu V
Salade carottes, feta, crackers
Saint-Jacques et épinards
Fraises basilic
52 — Menu II
Salade de Mémé Croc-croc crémeux Oranges choco-pistaches
60 — Menu III
Poireaux vinaigrette aux marrons
Kartoffelsalat
Pommes et poires rôties à la vanille
84 — Menu VI
Courgettes et parmesan Œuf cocotte, stracciatella et ‘nduja
Pudding de pain aux fruits rouges
92 — Menu VII
Concombre et olives noires
Spaghetti sauce puttanesca
Pavlova express
100 — Menu VIII
Asperges vertes grillées Bœuf bourguignon Colonel
108 — Menu IX
Chips de betteraves
Sandwichs triangle
Pop-corn caramel beurre salé
132 — Menu XII
Tahdig Poulet-au-pot
Granité de pamplemousse rose
140 — Menu XIII
Bouillon aux herbes
Sandwich de restes de poulet
Pastèque et bonbons à la menthe
116 — Menu X
Tartare de cabillaud et cédrat
Daurade royale au court-bouillon
Pêche écrasée au vin rouge
148 — Menu XIV
Muesli de Puzzatch Chakchouka
Pain perdu à la vanille
124 — Menu XI
Pommes de terre à la suédoise
Tartare de bœuf au couteau
Petits macarons aux amandes
156 — Menu XV
Salade de shiitakés
Kedgeree
Prunes au sirop de verveine
Je déteste les recettes. J’abhorre les suivre, j’exècre les écrire.
Grammages et mesures n’ont pas de place dans ma relation à la nourriture. N’ayant ni les outils, ni le talent, ni même les compétences pour transformer des aliments en créations culinaires, je préfère cuisiner pour le plaisir des sens.
Prenons le cèpe bronzé par exemple, Boletus aereus, mon préféré. Je le cherche en forêt. Je sais reconnaître au nez sa fraîcheur. À l’œil, je vérifie qu’il n’est pas véreux. À l’oreille, j’entends qu’il saisit sur la poêle et plus tard qu’il est temps d’ajouter une noix de beurre (lui aussi chante). Au toucher, je détermine la qualité de sa cuisson. Une fois dans l’assiette, l’odeur revient et prépare mon palais à la bouchée avant que le goût ne s’impose à nouveau, toujours en majesté.
Que peut-il arriver quand on ne suit pas de recette et que l’on aime cuisiner simplement ? Trop cuire ? Pas assez ? Si on y réfléchit, il est plus difficile de pleinement rater un plat que de vraiment le réussir. Si on reprend l’exemple de mon cèpe, j’aime ce champignon à tous les stades de cuisson. Je le mange cru,
je l’aime mi-cuit quand il est légèrement visqueux et trop cuit quand, une fois caramélisé, il croque sous la dent. Si on suit une recette en bon petit soldat, on se prive de savoir quelle est la cuisson que l’on préfère. Cuisiner au pif, au contraire, c’est la réappropriation des sens.
Pour le dire autrement, suivre une recette revient à voyager en avion : on part de nulle part et seule la destination importe. Cuisiner au pif, c’est enfourcher sa bicyclette pour éprouver le paysage. Le résultat est le même, on finit toujours par arriver quelque part. L’expérience, elle, est diamétralement opposée. Si je file la métaphore du vélo et de l’avion, dans l’avion on ne possède que très peu de marge de manœuvre. On peut éventuellement se lever pour aller pisser. À vélo, on peut s’arrêter avant la fin du voyage, changer de direction, s’arrêter en route ou aller plus loin.
Cuisiner au pif, c’est cuisiner en liberté. C’est se faire confiance, c’est accepter l’échec, c’est apprendre en faisant. Cuisiner au pif, c’est être présent à ce que l’on prépare, c’est se dire qu’on est ce que l’on mange, c’est religieux, c’est formidable.
Préchauffez votre four à 160 °C.
Déposez vos pommes de terre entières pelées sur une planche. Disposez le long de chaque côté, dans le sens de la longueur, deux baguettes de bois. Entaillez dans leur largeur sans les traverser (les baguettes servent à retenir la lame de votre couteau et à éviter cet écueil), les entailles doivent être les plus rapprochées possible.
Disposez des feuilles de sauge et de fins pétales d’une gousse d’ail découpée à la mandoline (attention à vos doigts) à intervalles réguliers dans les entailles.
Placez vos pommes de terre dans un plat généreusement beurré et coiffez chacun de vos tubercules d’une bonne noix de beurre, de quelques brins de thym et de romarin. Salez et poivrez.
Enfournez jusqu’à ce que les pommes de terre soient bien dorées sur le dessus.
Râpez un fromage bien sec et en quantité généreuse (ici un picodon) sur vos pommes de terre chaudes, enfournez à nouveau pendant quelques minutes.
Demandez à votre boucher de préparer votre tartare de viande de bœuf au couteau pour le nombre de personnes prévu.
Coupez des cornichons en petits dés. Égouttez une bonne cuillerée à soupe de câpres au vinaigre. Ciselez quelques échalotes et faites-les revenir rapidement dans une noix de beurre pour les rendre plus digestes.
Mélangez votre viande avec de la moutarde, du ketchup, câpres et cornichons puis, à votre convenance, un filet de sauce Worcestershire et quelques gouttes de sauce piquante.
Répartissez la viande dans les assiettes. Parsemez de persil haché et ajoutez un jaune d’œuf par assiette. Assaisonnez d’un filet d’huile d’olive. Salez et poivrez.
Préchauffez le four à 120 °C. Dans un saladier, mélangez l’équivalent d’un bol de poudre d’amande et 3 cuillères à soupe de cassonade. Ajoutez-y deux blancs d’œufs, quelques gouttes d’extrait d’amande amère et mélangez. La préparation ne doit pas être liquide, si nécessaire rajoutez un peu de poudre d’amande. Laissez reposer une demijournée au frais.
Formez des petites boules de pâte, déposez-les sur une plaque recouverte de papier sulfurisé beurré, aplatissez-les légèrement avec le plat de la main, puis déposez une amande émondée sur chaque macaron.
Faites cuire jusqu’à ce que les petits macarons blondissent, environ une demi-heure, puis laissez-les refroidir avant de les décoller du papier.
Ces macarons peuvent être conservés plusieurs jours dans une boîte hermétique.