"Compostez !" d'Antonin Padovani - Extrait

compostez !

Au jardin, sur le balcon, dans la cuisine

Création graphique : Atelier Zemonsta – Audrey Abbal-Duteille

© Éditions du Rouergue, 2023

www.lerouergue.com

Antonin Padovani

compostez !

Au

jardin, sur le balcon, dans la cuisine

sommaire

Introduction

Une réponse modeste et naturelle aux enjeux globaux

Composter ou recycler le vivant

Le compostage dans tous ses états

Pourquoi composter ?

Au cœur du compost

Le compost, de la digestion à l’usage

Les bons gestes communs à connaître

Quels déchets pour mon compost ?

Les biodéchets

Autres matières organiques : des excréments au carton, des exceptions bienvenues

Composter au jardin ou en extérieur

Quel matériel pour un compost extérieur ?

Le compost en tas

Le compost en bac

Le compostage de surface

D’autres solutions pour une gestion des biodéchets en extérieur

Composter en intérieur et petites surfaces

Quel matériel pour un compost intérieur ?

Le lombricomposteur

Le bokashi

Les composts en pot

Conclusion

Pour aller plus loin

introduction

Étymologiquement, le compost est un dérivé de « compote », qui évoque une matière « mêlée », voire « composée ». Le compostage désigne donc l’ensemble des processus de conversion de matières organiques en compost, ultime matière enrichie en éléments issus de leur dégradation. On entend souvent les termes de décomposition, voire de putréfaction, mais c’est bien celui de conversion qui semble le plus juste pour désigner ce procédé. Car le compostage est avant tout l’histoire d’une transformation, celle de matières amassées, entassées, aérées, brassées, qui, selon les techniques, se transformeront avec du temps et de l’entretien en un substrat prêt à l’emploi. Le compost est une pratique tout aussi reconnue que méconnue. Reconnue, tant son utilité fait consensus dans les milieux agronomiques et écologistes, qu’ils soient institutionnels ou paysans, conventionnels ou militants. Derrière ce mot se cachent de nombreuses réalités qui, de la production d’engrais à grande échelle à l’amendement de potagers individuels, revêtent un caractère spécifique selon les usages, les climats et les terroirs. Car chaque compost est unique. On pourrait même dire : « À chaque cuisinier ou jardinier son compost. » Et si la méthode miracle pour faire de votre compost une usine à « engrais » n’existe pas, ce livre est là pour vous guider au mieux, et vous permettre de découvrir un univers fait de terre, d’épluchures et de vers !

Il s’agit d’envisager le compost comme une routine, un geste simple qui prendra forme selon votre mode de vie et l’espace et le temps que vous souhaiterez y consacrer. En compilant des matières organiques, quelles que soient les méthodes possibles que nous détaillerons dans ces pages, vous contribuerez à réduire votre volume de déchets. Cela même en créant un intrant naturel qui, utilisé avec modération, régénérera vos sols et contribuera à l’épanouissement de vos plantations. Encore faut-il avoir à disposition les techniques adaptées aux modes de vie contemporains. De nombreuses alternatives au compostage de jardin font leur apparition, aussi bien en milieu urbain qu’à la campagne. Ce livre est là pour vous aider à trouver la solution de compostage la plus adaptée à votre situation !

Une réponse modeste et naturelle aux enjeux globaux

Le cycle de transformation de résidus végétaux ou animaux en humus est une réalité qui a vite fait l’objet d’une domestication à mesure que les sociétés humaines ont commencé à cultiver la terre pour se nourrir. Il existe de nombreuses traces de ces pratiques chez les Romains, les Grecs, jusqu’à la littérature de la Renaissance, des plaines occidentales aux rizières chinoises. Nos ancêtres cultivateurs ont, tout au long de l’histoire de la sédentarisation des humains, appris à intégrer le bénéfice des déchets organiques dans leurs cultures, et ont peu à peu adapté cette pratique aux mœurs agricoles.

Avant la révolution verte qui, dans la seconde partie du XX e siècle, a vu l’avènement d’un système agricole productiviste basé sur l’utilisation de techniques « innovantes », la présence d’un compost dans les parcelles paysannes était la norme. Issues du fumier ou autre accumulation de déchets organiques d’élevage, de coupe ou de consommation alimentaire, les matières compostées servaient d’amendement naturel avant que la chimie ne se substitue à ces méthodes. Ce nouveau modèle agricole repose notamment sur le développement des intrants chimiques (engrais et produits phytosanitaires) qui ont progressivement mis de côté l’intérêt du compostage dans les exploitations.

Ce phénomène ne s’est pas cantonné à l’agriculture vivrière. Longtemps les grandes marques de fertilisants chimiques ont gagné le terrain des usages domestiques, en proposant des produits à bas coûts qui promettaient des parcelles sans « mauvaises herbes », sans « nuisibles », transcendant les contraintes du temps et du savoir. Ils étaient alors parfaitement adaptés aux modes de vie hérités des années 1960, l’avènement de la société de consommation, où le travailleur n’avait plus guère le temps d’entretenir son jardin.

À mesure que les effets néfastes des fertilisants industriels se dévoilent, les limites de ces modèles se font ressentir. Les conséquences sur l’environnement et la santé d’un emploi déraisonnable des engrais chimiques sont de mieux en mieux documentées et connues. L’agriculture intensive, au même titre que l’urbanisation, l’extractivisme ou les rejets industriels (entre autres), a contribué à l’appauvrissement des sols par un usage excessif des produits phytosanitaires. Érosion, contamination des nappes phréatiques, menace sur la biodiversité, sont autant d’enjeux qui poussent à remettre en cause ces pratiques et permettent d’envisager de nouvelles voies pour un avenir plus soutenable. Le compost en est une.

Composter ou recycler le vivant

Cette prise de conscience fait émerger des réponses concrètes aux conséquences des crises environnementales. Elles sont à trouver du côté de méthodes de culture plus respectueuses de l’environnement. Que ce soit les cultures associées – mélanges de plantes employées en permaculture ou dans l’agroécologie qui favorisent les interactions inter-espèces et protègent des maladies ou des insectes –, ou dans le compost.

Car le compost est une porte d’entrée idéale à quiconque veut concrétiser, dans son quotidien, les nécessaires changements que nous devons collectivement assumer pour sauvegarder notre environnement. Le renouveau de sa pratique en témoigne, et rend accessible l’art de la valorisation des déchets ménagers. Le compostage est généralement associé à un environnement rural, au jardin, mais il s’ouvre de nos jours à un public plus large, qui même en ville est avide de conserver un lien avec la terre par un processus naturel et simple qui a l’avantage de limiter le gaspillage de matières aisément valorisables.

Le compostage ne peut s’envisager comme une méthode préconçue qui donnerait des résultats en suivant un manuel prédéfini. Comme dans toute pratique incombant au vivant – un compost reste une oasis de biodiversité à entretenir et préserver –, votre rôle sera de trouver l’équilibre pour le faire vivre. Apprécier l’humidité, identifier l’acidité, remplir et aérer : autant de gestes à appréhender pour faire de votre compost un élément de votre paysage quotidien. À vous de jouer !

Le compostage dans tous ses etats

Qu’il soit dans un jardin, sur un balcon, au sein d’un espace public collectif ou dans une cuisine, chaque compost implique un ensemble de règles et de bonnes pratiques. Est-il trop humide ? Quelle est cette drôle de bête qui y grouille ? Pourquoi faut-il le brasser régulièrement ? Les collectivités doivent-elles contribuer à sa mise en place et m’aider à l’intégrer à ma vie quotidienne ?

Autant de questions communes à la pratique du compostage quel qu’il soit, auxquelles nous répondons dans les prochaines pages. De son fonctionnement aux dynamiques chimiques qui le composent, en passant par la biodiversité qu’il accueille et favorise, le compost est moins complexe qu’il n’en a l’air, et vous saurez à coup sûr l’appréhender pour mieux l’entretenir au quotidien. Comprendre les enjeux inhérents au compost dans sa mise en place et son impact sur la société, si sa pratique se généralisait, permet aussi de l’ancrer dans une réalité matérielle, sociétale et politique. Réalité qui devrait bientôt nous rattraper puisque la généralisation de la collecte des biodéchets aux collectivités locales arrive au 1er janvier 2024. Autant vous dire que le compost pour tous et partout, c’est bientôt, alors autant s’y mettre !