Elliot champion de surf et de plein d’autres trucs super cool
De la même autrice au Rouergue
Petit meurtre et menthe à l’eau – 2011, roman dacodac.
Poil au nez – 2012, roman doado.
Ça déménage – 2012, roman zig zag (ill. Charlotte des Ligneris).
Joyeux ornithorynque ! (nouvelle édition) – 2017, roman dacodac.
Brouzouf tour – 2018, roman doado.
Elliot, super-héros (nouvelle édition) – 2019, roman dacodac.
Elliot vient de Mars – 2019, roman dacodac.
C’est où qu’on va ? – 2022, roman dacodac. (ill. Juliette Barbanègre).
Illustration de couverture : Zoé Thouron Graphisme de couverture : Olivier Douzou © Éditions du Rouergue, 2023 www.lerouergue.com
Cécile Chartre
Elliot champion de surf et de plein d’autres trucs super cool
Illustrations de Zoé Thouron
chapitre 1
– Bravo Elliot, c’est le plus beau but du monde entier !
– C’est toi la plus belle du monde, Lisa.
La première phrase, c’est la fille que j’aime qui l’avait dite. Son nom est Lisa-La plus belle. La deuxième, c’était moi. Mon nom est Elliot-Le plus fort.
Bon d’accord, je n’étais toujours pas très grand ni très costaud. Sauf au niveau du cœur. Parce que mon cœur, il aimait tellement Lisa qu’il débordait de tous les côtés.
Et pour de vrai, je n’avais pas dit à Lisa qu’elle est la plus belle du monde. Je ne lui avais jamais dit non plus à quel point je la trouvais extraordinaire. Enfin oui, je l’ai crié par-dessus les toits. Depuis qu’elle est arrivée dans ma classe en septembre dernier, j’ai hurlé à la lune tout l’amour que j’avais pour elle. Mais dans ma tête seulement. Et dans mon ventre. En silence. Ça faisait beaucoup de bruit les cris silencieux. Mais à l’intérieur uniquement. Dans ma poitrine, on ne s’entendait plus respirer. Et dans mon crâne, on ne s’entendait plus penser. Mais dehors, rien, pas un bruit. C’est pour cela que Lisa n’a jamais rien entendu.
Toute l’année j’ai essayé d’attirer son attention en faisant des trucs plus débiles les uns que les autres. Et on ne pouvait pas dire que ça ait super bien marché. Mais ce jour-là, le dernier jour d’école, juste avant les grandes vacances, j’ai marqué un but au foot. Le tout premier but de ma vie. Et c’est vrai qu’il était beau. Je n’avais pas du tout fait exprès, mais des fois, il y a des choses qui vous tombent du ciel comme ça, alors qu’on ne s’y attend pas du tout. Ma grande sœur Louna appellerait ça le karma. Elle dirait que dans une autre vie, j’ai certainement été un footballeur exceptionnel avec un jeu de jambes de malade et une musculature au niveau des mollets absolument incroyable. Maintenant, dans cette vie-là, je mesurais un mètre trente et j’avais les mollets d’un poulet. Mais n’empêche que mon karma et moi, on a marqué le plus beau but du monde entier. Donc. Moi je n’y comprenais rien, aux histoires de ma sœur. Et à choisir, j’aurais préféré un
karma qui m’aiderait à devenir l’amoureux officiel de Lisa et plus vite que ça. Mais on a le karma qu’on peut, et on ne choisit pas.
Sur ce coup-là, c’est Gaspard qui a tiré en premier. Il a voulu faire la passe à Lisa qui aurait dû envoyer le ballon dans ma direction, histoire de me faire participer un peu. Mais ce malpoli de Robin a intercepté le ballon. Parce que Robin adorait voler les petites affaires des autres. Surtout les miennes. La seule fille de tout l’univers que j’aimais d’amour, il lui courait derrière tout le temps. Pareil pour le ballon. Et même si j’aimais beaucoup moins le ballon que Lisa, ce n’était pas une raison pour vouloir me le prendre aussi.
Sauf que cette fois-ci, il a tout raté à cause du vent qui a soufflé trop fort sur sa mèche de beau gosse. Ses cheveux s’étaient plaqués sur ses yeux. Et il avait tiré n’importe comment dans le ballon qui a volé dans les airs, en se dirigeant droit vers moi.
Bon. Je le voulais ce ballon, c’est vrai. Mais quand je l’ai vu arriver dans ma direction, j’ai paniqué. Mon premier réflexe avait été de courir très vite dans le sens inverse. Il faut dire que la dernière fois que j’ai eu ce genre de projectile entre les pattes, ça s’était mal terminé pour moi. Et pour la fenêtre de la classe du directeur surtout. Alors merci bien mais je n’avais pas du tout eu envie d’être puni juste avant les grandes vacances.
Le souci, c’est que je ne courais pas vite du tout. Alors que le ballon, lui, il était toujours à fond. Il a foncé vers moi et je n’ai rien pu faire contre ça. Je m’étais retourné d’un coup sec pour faire celui qui n’avait rien vu venir. C’est à ce moment-là qu’il avait rebondi sur moi, et bim, j’ai shooté dedans.
Enfin, je n’étais pas certain que l’on puisse employer le mot shooter, dans cette situation. Disons que j’ai donné un grand coup de fesses dans le ballon. Et qu’il a atterri juste au
milieu des cages de l’équipe adverse. Et toute mon équipe à moi a crié : Buuuuuuuuut !
– N’importe quoi ! a vociféré Robin en courant vers moi. On ne peut pas marquer un but avec les fesses d’abord !
– La preuve que oui, a répondu Lisa. Calmement, mais sûrement. C’est comme ça qu’elle parle Lisa. Et quand Lisa dit quelque chose, tout le monde l’écoute. Même les conducteurs des voitures qui passaient dans la rue ne criaient plus : « Tu vas la bouger ta bagnole ! » Non, Lisa donnait son avis et nous on se taisait. Et tout le monde était d’accord avec elle. C’est ce qui s’appelait avoir la classe internationale. Ni plus, ni moins que ça.
Lisa a dit que mon but, c’était le plus beau du monde entier. Et moi, je venais de lui répondre que c’était elle, la plus belle du monde. Dans ma tête. Donc.
