"Bokashi" d'Antonin Padovani et Camille Debard (ill.) - extrait

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Création graphique et illustrations    : Camille Debard © Éditions du Rouergue, 2021 www.lerouergue.com


Bokashi Manuel du compost urbain à la japonaise Antonin Padovani



Bokashi : le début de votre aventure zéro déchet ! La science au service de l’écologie et du quotidien Une pratique écologique adaptée aux contraintes de la ville

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Les mots pour bien comprendre le Bokashi

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Bien s’équiper pour lancer sa démarche Bokashi L’équipement indispensable Où trouver le matériel pour faire son Bokashi ? Do It Yourself : construisez votre propre Bokashi !

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Mon Bokashi au quotidien Au cœur du Bokashi Où le disposer ? Comment le remplir ? Entretien quotidien Surplus et digestat : valoriser son Bokashi

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Bilan : les bienfaits de ma démarche Bokashi Une pratique individuelle, un enjeu collectif Réduire et valoriser ses déchets grâce au Bokashi

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Au-delà du Bokashi : adopter une démarche écoresponsable Vivre zéro déchet Créer en « Do It Yourself » Agir sur nos modes de vie L’essor des communs

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Les mots suivis d’un ⯌ sont définis dans le glossaire des pages 12 à 17.


Bokashi : le début de votre aventure zéro déchet !


BO-KA-SHI : trois syllabes qui, en japonais, signifient « matière organique fermentée ».

Mais Bokashi désigne aussi une méthode de compostage en plein essor, plébiscitée en milieu urbain pour ses vertus et sa praticité. Venu du Japon donc, et longtemps cantonné au monde de la permaculture, le Bokashi se fait accessible à mesure qu’une écologie du quotidien émerge dans notre société.

À travers ces pages, vous apprendrez comment vous procurer ou construire un Bokashi, mais aussi les astuces pour en faire un usage optimal, et ainsi réduire vos déchets avec un minimum de contraintes ! Prêt.e.s ? 7


La science au service de l’écologie et du quotidien ↘ Né au Japon dans les années 1970-1980, le Bokashi est

avant tout le fait d’un scientifique. Le docteur Teruo Higa étudie alors les micro-organismes⯌, terme qui, en biologie, désigne toutes sortes de bactéries, champignons, levures et autres organismes vivants unicellulaires, tous invisibles à l’œil nu mais qui jouent un rôle fondamental dans l’équilibre de nos écosystèmes. Ses recherches et le hasard (voir encadré page 11) l’amènent à l’élaboration d’un cocktail de micro-organismes qu’il nomme «micro-organismes efficaces » (souvent siglés « EM », » pour l’anglais effective microorganism). Ce mélange d’environ 80 micro-organismes fait des miracles dans la décomposition des matières organiques. Teruo Higa met d’abord sa découverte à disposition du milieu agricole. Partout dans le monde, l’agriculture intensive appauvrit les sols et les micro-organismes efficaces sont une réponse parmi d’autres - grâce à leurs vertus régénératives - à leur nécessaire sauvegarde. Mais rapidement, leur usage s’étend, se démocratise, et leur efficacité avec les biodéchets⯌ donne naissance au Bokashi. Ce bac à compost hermétique, de la taille d’une petite poubelle, permet une fermentation⯌ dite « anaérobie »⯌, sans air, qui améliore la décomposition des matières

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organiques par l’ajout régulier, sous forme de poudre, de micro-organismes efficaces. Ce procédé permet à la fois de réduire sa masse de déchets, tout en produisant un digestat⯌, surplus liquide prélevé régulièrement pouvant servir à l’élaboration d’un engrais puissant. 1 Page 25 du rapport « Déchets : chiffres clés », édition 2016. (https://www.ademe. fr/sites/default/files/ assets/documents/ dechets_chiffrescles2016_8813.pdf)

En France, les déchets organiques représentent un tiers des ordures générées par les ménages, selon l’Ademe   1 . Outre le compostage⯌ traditionnel, accessible aux personnes disposant d’un espace extérieur, les solutions à l’usage des urbains se développent : bacs à compost partagés en copropriété, ramassage des déchets organiques par les collectivités, ou encore lombricomposteurs. Le Bokashi est à la fois un complément et une alternative à toutes ces pratiques vertueuses. Accessible à toutes et tous, son aspect pratique en fait un allié indéniable des urbains qui voudraient se lancer dans une démarche de réduction des biodéchets quotidiens.

Une pratique écologique adaptée aux contraintes de la ville ↘ L e Bokashi semble aujourd’hui être la solution de

compost la plus évidente pour les urbains parce qu’il synthétise à la fois l’efficacité et la discrétion qui permettent à un public « contraint » de basculer dans une écologie du quotidien. Que ce soit le manque d’espace - intérieur comme extérieur -, les odeurs, l’encombrement   ;

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les citadins n’ont pas toujours le choix pour concrétiser leur démarche écoresponsable. Bien utilisé, un Bokashi peut répondre à ces attentes. Autre avantage du Bokashi vis-à-vis des techniques de compostage⯌ traditionnelles    : tous les déchets organiques peuvent y être incorporés. Là où un compost normal accepte mal les agrumes - trop acides - ou encore la viande - qui génère des odeurs pestilentielles et peut attirer les nuisibles si le bac est en extérieur -, le Bokashi avalera toutes vos épluchures, restes et autres carcasses. Mais pour que le Bokashi tienne toutes ses promesses, encore faut-il en respecter les règles. Comme souvent, tout y est une question d’équilibre, et la manière dont vous incorporerez vos déchets en son sein importera autant que la patience qu’il vous faudra pour arriver au terme de votre première fermentation⯌  ! Ce livre est là pour vous guider étape après étape.


Un Bokashi, fruit du hasard

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Tel Isaac Newton qui, voyant en son temps tomber la pomme d’un arbre, comprit tout à coup le sens de la gravité terrestre, Teruo Higa doit sa découverte des micro-organismes⯌ efficaces à une observation fortuite ! L’anecdote est célèbre dans les cercles d’amateurs de Bokashi et de fanatiques des recherches du docteur Teruo Higa. À l’aube de ses recherches sur les cocktails de micro-organismes, le biologiste étudie un à un les effets des bactéries et autres levures. Un jour, lassé de gaspiller les souches de ses expériences qu’il jette habituellement dans un même seau, il décide de vider celui-ci sur un parterre de gazon au lieu de le jeter dans les égouts. Une semaine plus tard, Teruo Higa est stupéfait : le parterre en question est luxuriant, et le mélange de microorganismes qu’il a dispersé là par hasard semble avoir boosté la croissance des plantes! Selon la légende, cette observation lui permit alors de comprendre les bénéfices des micro-organismes mis en commun, et constitue la première pierre à l’édifice qui amènera à la confection des microorganismes efficaces et du Bokashi.


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Les mots pour bien comprendre le Bokashi


Avant de passer aux choses sérieuses, il est important d’appréhender un certain vocabulaire qui vous accompagnera tout au long de ce livre. Le Bokashi se situe à la fois dans le monde du jardinage et dans celui de l’écologie pratique. Deux univers aux lexiques particuliers qui, une fois connus, vous permettront de bien comprendre l’usage du Bokashi.

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ANAÉROBIE En opposition à aérobie - «qui a besoin d’air pour vivre» -, une activité biologique anaérobie requiert très peu ou pas d’oxygène pour son développement. Contrairement au compostage ordinaire, qui s’épanouit en plein air, le Bokashi doit évoluer dans un milieu anaérobie favorisant la fermentation lactique qui le caractérise. ACTIVATEUR Se dit d’un produit dont le rôle est d’accroître l’activité d’un environnement visé. En l’occurrence, le terme d’activateur désigne le mélange de micro-organismes efficaces que l’on ajoute dans le Bokashi, pour qu’il se nourrisse des déchets organiques qui y sont compilés. BIODÉCHETS Ou déchets organiques, c’est l’ensemble des déchets alimentaires ou naturels biodégradables. En France, la loi sur l’économie circulaire adoptée en 2020 prévoit que chaque particulier dispose d’une solution de tri ou de gestion «à la source» de ses biodéchets. Vous avez dit Bokashi   ? COMPOSTAGE Le compostage désigne la pratique de traitement des déchets organiques, couramment effectué en aérobie. Le compost désigne le mélange de matières organiques fermentées issu de cette pratique. Par extension, et comme vous le percevrez tout au long de ce livre, le Bokashi est souvent considéré comme une technique de compostage, avec ses spécificités et ses avantages particuliers.

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DIGESTAT Vocabulaire très spécifique à la fermentation de matières organiques en milieu anaérobie, le digestat est le nom donné à la ou les matières résiduelles qui subsistent après ce processus. Souvent produit dans le cadre des expériences de biogaz, comme la méthanisation (production de biogaz par la dégradation de matières organiques), le digestat peut prendre une forme liquide ou solide. Dans le Bokashi, il persiste un digestat liquide - un engrais aussi appelé « jus de Bokashi » - et un solide - la masse de déchets ultimes qui pourra être valorisée dans un compost ordinaire ou sur une parcelle cultivable. DO IT YOURSELF (DIY) Littéralement « fais-le toi-même », » cette locution désigne la tendance actuelle du « fait maison ». » En terme écologique, il s’agit de l’ensemble des pratiques qui visent à autonomiser les individus dans leur accès à des produits habituellement manufacturés (par exemple les savons, le liquide vaisselle ou la lessive, ou même l’ameublement via le réemploi de matériaux usagés). FERMENTATION C’est le processus de transformation des molécules de matière organique par l’action de micro-organismes spécifiques. Il y a différents types de fermentation, avec ou sans oxygène. Dans le Bokashi, la fermentation est dite « lactique », » phénomène particulier où les bactéries s’activent sans oxygène.

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