Esprit fragmenté, Esprit retrouvé

Page 1

1


2


À LA MÉMOIRE DE MES GRANDS-PARENTS ABD

EL

SALLEM

ET

ABD

EL

MAJID

3


REMERCIMENTS

Je remercie, en premier, ma professeure Hedia Ben Nila Khaznadar pour sa disponibilité, ses conseils, et son suivi minutieux qui a permis que ce travail voie le jour. Ma reconnaissance va également à ma famille, mes parents et mon frère, qui ont toujours été présents par leurs encouragements et leur soutien inconditionnel. Je n'oublierai pas également mes trois amiessœurs, Wafa, Sarah, et Malek dont la gentillesse et l'abnégation n'ont jamais fait défaut. Ce travail est avant tout le fruit d'un amour, et d'une amitié. Merci a tous. Reconnaissance et respect.

4


R É S U M É

« LA TÂCHE SANS FIN DE L’ARCHITECTURE EST DE CRÉER DES MÉTAPHORES EXISTENTIELLES INCARNÉES ET VÉCUES CONCRÉTISANT ET STRUCTURANT NOTRE ÊTRE DANS LE MONDE » JUHANI PALLASMAA

Le présent mémoire témoigne d’une interrogation sur la saisie de l’esprit du lieu à travers une expérience Im-matérielle. Une expérience dont l’essence porte sur la relation entretenue entre HOMME-ARCHITECTURE-LIEU. Ainsi, dans une tentative de concrétisation de cette réflexion, on a choisi le village berbère de Zriba el Olya comme cadre d’étude existant, un lieu dont son esprit est perdu. Dans la finalité d’éveiller l’esprit de Zriba el Olya, c’est par le concept "l’unité par la fragmentation", qu’on propose une réflexion conceptuelle qui se basera sur l’expérience im-matérielle.

5


S O M M A I R E INTRODUCTION GÉNÉRALE

6

P 8

PROBLÉMATIQUE

P 10

METHODOLOGIE

P 12

PARTIE 01 : REFLÈXION SUR L'ESPRIT DU LIEU

P 14

INTRODUCTION

P 15

CHAPITRE 1 : HOMME-LIEU-ARCHITECTURE

P 16

1.1 1.2 1.3 1.4

P P P P

INTRODUCTION L'EXISTENCE HUMAINE L'EXISTENCE DU LIEU CONCLUSION

16 17 22 27

CHAPITRE 2 : L'ESPRIT DU LIEU

P 28

2.1 2.2 2.3 2.4 2.5

P P P P P

INTRODUCTION DÉFINITION DE L'ESPRIT DU LIEU LA STRUCTURE DE L'ESPRIT DU LIEU CHAQUE LIEU A SON "GENIUS LOCI" CONCLUSION

28 29 30 36 39

CONCLUSION 01

P 40

PARTIE 02 : RETROUVER L'ESPRIT DU LIEU PAR L'EXPÉRIENCE

P 42

INTRODUCTION

P 43

CHAPITRE 3 : IM-MATÉRIALITÉ DE L'EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE

P 44

3.1 3.2 3.3 3.4

P P P P

INTRODUCTION ENTRE MATÉRIALITÉ ET IMMATÉRIALITÉ L'EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE CONCLUSION

44 45 52 60


CHAPITRE 4 : L'ESSENCE DE L'EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE AU REGARD DE PETER ZUMTHOR

P 62

4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9 4.10 4.11

P P P P P P P P P P P

INTRODUCTION LE CORPS DE L'ARCHITECTURE L'HARMONIE DES MATÉRIAUX LE SON DE L'ESPACE LA TEMPÉRATURE DE L'ESPACE LES OBJETS QUI M'ENTOURENT ENTRE SÉRÉNITÉ ET SÉDUCTION LA TENSION ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR LES PALIERS D'INTIMITÉ LA LUMIÉRE DES CHOSES CONCLUSION

62 63 66 68 70 70 72 72 74 74 76

CONCLUSION 02

P 77

PARTIE 03 : ETUDE DE L'ESPRIT DE ZRIBA EL OLYA

P 78

INTRODUCTION

P 79

CHAPITRE 5 : LES VILLAGES BERBÉRES, UN MODÈLE DE REFLÉXION

P 80

5.1 5.2 5.3 5.4

INTRODUCTION LES VILLAGES BERBÉRES EN TUNISIE LE VILLAGE DE ZRIBA EL OLYA CONCLUSION

P 80 P 81 P 83 P 103

CHAPITRE 5 : ZRIBA FRAGMENTÉE, ZRIBA RETROUVÉE

P 104

6.1 6.2 6.3 6.4 6.5

P P P P P

INTRODUCTION DÉMARCHE CONCEPTUELLE L'UNITÉ PAR LA FRAGMENTATION LE FRAGMENT CHEZ LES ARCHITECTES LE PROJET : VILLAGE DE L'ARTISTE

104 105 107 108 121

CONCLUSION GÉNÉRALE

P 130

BIBLIOGRAPHIE

P 132

TABLE DES FIGURES

P 135

TABLE DES MATIÉRES

P 144 7


ÂŤ Le monde est une demeure ou habitent les mortels Âť 1 Martin Heidegger 8


« CHAQUE ÊTRE INDÉPENDANT À SON GENIUS LOCI, SON ESPRIT GARDIEN, CET ESPRIT DONNE VIE À DES PEUPLES, À DES LIEUX » 2 CHRISTIAN NORBERG SCHULZ

INTRODUCTION GÉNÉRALE Notre existence est définie par des faits concrets matériels et d’autres de l’ordre de l’immatériels se concrétisant dans un ensemble de coutumes, de traditions et de pratiques qui nécessitent un lieu pour se produire. Existence humaine et lieu semblent être deux phénomènes distincts mais en vérité, sont complémentaires. En effet, l’homme pour rendre son existence significative et manifeste, il cherche à habiter l’architecture qui matérialise son milieu. Ce milieu habitable forme à son tour les propriétés du lieu tout en le rapprochant de l’homme. Ce rapport, cette dualité attribue au lieu une identité propre à lui, cette derniére est identifiée par Christian Norberg Schulz de « Genius loci ». Tout le monde s’accorde à dire que chaque lieu est doté d’un « Genius loci » propre à lui, qui se construit à partir d’une identification personnelle à un lieu donné et basé sur une compréhension complète des éléments composant ce dernier : l’histoire, le paysage, le cadre bâti et l’expérience personnelle. En effet chaque peuple a sa propre culture et son mode de vie Mais ce qui les unis est le fait qu'il cherche à s’enraciner et à s’approprié un lieu, un espace, qui leur permet de s’identifier et subsister à travers le temps. Schulz exprime dans son œuvre « Genius Loci » : « … Appartenir à un lieu signifie avoir un point d’appuis existentiel, dans un sens quotidien concret»3

HEIDEGGER Martin, BATIR HABITER PENSER, Conférence à Darmstadt, août 1951, P 175. Cité par SCHULZ Christian Norberg, Genius loci, p 10 1

SCHULZ Christian Norberg, Genius loci: paysage, ambiance, architecture, Paris, Éditions MARDAGA, 1981, P 18. 2

3

Ibid, P 23

Figure 1: Site archéologique d’Oudhna, photo personnelle

Or à travers le temps, un lieu subit des changements dus à certaines circonstances (politiques, économiques, sociales …), s’adapte et ainsi se transforme. En effet, d’après Schulz, chaque lieu a la capacité de d’acquérir plusieurs contenus et de divers changements car un lieu adapté à un seul but, il est alors considéré comme inutile et finira par se perdre. Ainsi pour que ce dernier puisse survivre, il doit être interprété de différentes façons, de manière que son sens soit concrétisé dans un nouveau contexte historique, à travers une perception différente afin que son « Genius loci » soit protégé et conservé.

9


P R O B L É M A T I Q U E Certainement, l’identité du lieu est considérée comme étant une vérité constituée à partir d’un ensemble de donnés qui font de ce dernier une entité particulière. Cette identité est le résultat de l’intervention humaine. En effet ce rapport que l’homme entretient avec son environnement confirme que lieu et architecture sont intimement liés. Cette interrelation, nous la retrouvons chez un grand nombre de concepteurs tel que Alberto campo baeza, Alvaro siza, Luis Barragan ... Prenons l’exemple de l’architecte suisse Peter Zumthor qui à travers ses conceptions accorde une très grande importance à l’impact de son intervention sur le contexte, « L’œuvre d’architecture devient alors l’expression de la spécificité du lieu à bâtir» 1. Malheureusement, à travers le temps, la notion du paysage architectural et urbain s’est développée menant à une mondialisation galopante ( apparitions de nouvelles méthodes et formes de construction, de nouveaux matériaux, de divers types d’équipements …) . C’est ainsi qu’on assiste à un changement radical dans l’histoire de l’architecture illustrant un déni d’intégration de ce qui existe déjà : une architecture qui n’a aucune connaissance du lieu. Cependant cette standardisation globale a fait rupture avec le passé menant à une destruction totale des lieux: Le cadre bâti s'est dégradé, les traditions sont perdues et il n’y a plus d’identités culturelles fortes. Ainsi la notion de l’esprit du lieu fut délaissée.

1

10

CACHE Bernard, Terre meuble, xyz orléans 1997, P 18


Une réelle problématique s’impose à nous, celle de la connaissance et la saisie d’un esprit du lieu : Comment pouvons-nous l’appréhender et l’atteindre à la fois dans sa matérialité physique et son immatérialité symbolique et spirituelle ? Arriver à connaitre cette dernière, nous permettrait alors de mieux comprendre le processus d’intervention sur un cadre existant et retrouver son authenticité à travers l’architecture sans pour autant tomber dans le mimétisme. A travers ce mémoire, nous essayerons de répondre à ces questions par le biais d’une étude que nous porterons sur l’un des villages berbères du nord de la Tunisie: « Zriba el olya » qui fut parmi les héritages délaissés par l’état. Dans la perspective de revaloriser cet héritage, nous essayerons de mettre en exergue son identité perdue en proposons une nouvelle lecture du lieu qui mettra à jour son « Genius Loci ». Comment arrive-t-on à cerner l’esprit de zriba el olya ?, En quoi consistent les éléments matériels et immatériels qui le composent ? Et Comment les appréhender architecturalement dans un nouveau contexte afin de retrouver cet esprit perdu ? MOTS CLÉS GENIUS LOCI IMMATÉRIEL MATÉRIEL ZRIBA EL OLYA

LIEU ESPRIT IDENENTITÉ

11


METHODOLOGIE

01 En se posant sur des réflexions de plusieurs penseurs, principalement celles de l’architecte norvégien Christian Norberg Schulz on tente dans une première partie de décortiquer le rapport « Homme – Lieu – Architecture » dans une perspective d'arriver à saisir la notion de « l’esprit d’un lieu » qui les relie. Cette partie se porte sur deux chapitres : Dans le premier chapitre, on vise de comprendre la notion de l’existence humaine ainsi que celle du lieu, en englobant chacune de ces notions à travers une lecture synthétique qui nous mènera à assimiler la complexité du rapport « Homme – Lieu – Architecture » Dans le deuxième chapitre on convoite de définir la notion de l’esprit du lieu à travers sa double manifestation matérielle et immatérielle. Ensuite de saisir les éléments composant sa structuration.

12


02

03

En se référant à plusieurs théoriciens et architectes principalement Peter Zumthor, on tente dans la deuxième partie de concrétiser l’esprit du lieu à travers une expérience architecturale.

La troisième partie consiste en une application de la réflexion menée précédemment. Ainsi on a choisi le village berbère de zriba el olya comme support de réflexion à étudier.

Cette partie se structure en deux chapitres:

Cette partie se porte sur deux chapitres :

Dans le troisième chapitre on vise à définir les deux notions de matérialité et d’immatérialité liées à l’expérience architecturale et par extension au lieu. En passant d'une lecture générale, vers une lecture ciblée à l'architecture. Et à travers une réflexion sur l'expérience architecturale, les différentes parties intervenantes ainsi que le mécanisme de déroulement, on tente d'appréhender cette dernière dans son Im-matérialité afin d'en saisir l'esprit du lieu.

Dans le cinquième chapitre, on tente de porter une étude analytique sur le site de zriba el olya basée sur l’approche de Schulz, en vue de distinguer élements determinants im-materiels.

Dans le quatrième chapitre, on cherche à mieux aborder l'expérience architecturale au regard de Zumthor. Ce dernier la développe en neuf point que nous allons illustrer par des exemples, ainsi qu'une mise en relation avec ce qui précède.

Dans le sixième et dernier chapitre, on ambitionne dans une première phase de cerner la démarche conceptuelle à suivre ainsi que l’analyse de quelques projets de référence dégageant les intentions à adopter pour l’intervention. Et dans une deuxième phase, de concrétiser les différents concepts dégagés, en vue d'entamer la conceptualisation de l’intervention sur le village de zriba comme cas d'étude.

13


14


« … la conscience de l’écoulement du temps, la sensation de la vie humaine qui s’accomplit dans des lieux et dans des espaces qu’elle charge à sa manière » 1

PARTIE

Peter Zumthor

01 INTRODUCTION

Tout le monde s'accorde à dire que " Homme, Lieu et Architecture " sont intimement liés, l’un complète l’autre formant un tout cohérant. Mais comment ? En effet, dans le besoin d’affirmer son existence, l’homme cherche à faire de la terre son monde intérieur. Ainsi il fait appel à toutes ses connaissances pour construire un lieu auquel il attribue une identité qui le reflète. D’où la place importante qu'occupe l'architecture, cette dernière joue le rôle de médium entre l’être humain et le lieu. L’objectif de cette partie est de décortiquer le rapport « Homme – Lieu – Architecture » dans une perspective d'arriver à saisir la notion de " l’esprit d’un lieu " qui les relie. En se posant sur des réflexions de plusieurs penseurs, principalement celles de l’architecte norvégien Christian Norberg Schulz, on tente dans un premier chapitre de comprendre l’existence humaine ainsi que celle du lieu et dans un deuxième chapitre de définir la notion de l’esprit du lieu et les éléments composant sa structure.

ZUMTHOR Peter, penser l'architecture, Birkhauser Libri novembre, 2010, P 24 1

Figure 2: Takrouna photo personnelle

15


CHAPITRE

01

HOMME - LIEU - ARCHITECTURE 1.1 INTRODUCTION Existence humaine et existence du lieu sont deux notions qui entretiennent une relation d’interdépendance à travers l'architecture. L’homme ne peut s’affirmer en tant qu’être qu’en habitant le lieu par l'architecture et ce dernier ne peut exister que s'il est habité par l’homme. A travers ce chapitre on vise d'englober chacune de ces notions à travers une lecture synthétique qui nous mènera à assimiler la complexité du rapport « Homme – Lieu – Architecture »

EXISTENCE HUMAINE ARCHITECTURE

EXISTENCE DU LIEU Figure 3: La relation Homme - Lieu - Architecture, schéma personnel

16


1.2 EXISTENCE HUMAINE « L’humain justifie l’énigme de son existence par la valorisation d’une ou de plusieurs de ses caractéristiques propres: sa liberté, son éthique, sa rationalité et ses sentiments »1 En nous tournant vers la théorie des besoins d’Abraham Maslow, on trouve que l’homme cherche la satisfaction de ses besoins d’une manière hiérarchique. Le développement de ces nécessitées l’a poussé à évoluer et à faire preuve d’une prise de conscience de ce qui l’entoure. Le menant à construire sa propre identité ainsi que la concrétisation de son existence.

Faim Dormir

Figure 4: La pyramide de Maslow, source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins

Soif Sécurité

La grotte

Appartenir

Estime de soi S’accomplir

La cabane

EXISTER

La maison

Figure 5 : Evolution de l’existence humaine, schéma personnel

HUYBENS Nicole, La forêt boréale, l’éco-conseil et la pensée complexe. Comprendre les humains et leurs natures pour agir dans la complexité. Paris, Editions universitaires européennes, 2011, p. 84 1

17


1.2.1 LA GROTTE D’abord, l’Homme animal avec sa faible capacité de rationalité avait des besoins primitifs, son seul souci était de se protéger et d’avoir un abri pour ses besoins physiologiques : dormir, se nourrir et se reproduire. Cependant faisant face à la sauvagerie de la nature, il prend refuge dans les montagnes, dans les cavités rocheuses. La grotte se propose à lui comme une chambre secrète offerte par la nature. Ainsi fut la première tentation de prise de possession du monde.

Delà l’homme se sent à l’abri dans la cavité de la grotte, il commence donc à s’approprier le lieu par son imagination. En projetant ses idées du monde environnant sur les murs de sa cavité sous forme de symboles et d’images peints et sculptés. En représentant les forces de la nature, le renouvellement des saisons, la vie des plantes, la vie des animaux …, des scènes expliquant les activités de l’univers selon sa propre perception.

Ruskin écrit « Une subordination de la nature aux besoins de l’homme permet au Grec de prendre un certain plaisir à la vue des rochers, lorsque ceux-ci forment une grotte, mais seulement dans ce cas. Sous tout autre aspect, surtout s’ils sont vides et hérissés de pointes, ils l’épouvantent, mais s’ils sont polis, « sculptés » comme le flanc d’un navire, s’ils forment une grotte où il puisse s’abriter, leur présence devient supportable » 1

Figure 1:

Figure 6: Les peintures de la grotte de lascaux, source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_de_Lascaux

1

18

RUSKIN Jhon, les peintures modernes, P 47. Cité par BACHELARD Gaston, la terre et les rêveries du repos, 1948, P 162


1.2.2 LA CABANE De l’homme primitif, l’homme évolue en tant qu’être rationnel, sa curiosité et sa soif d’appartenir à quelque chose le poussent à découvrir le monde extérieur et l’incitent à se détacher de la cavité rocheuse. D’abord il commence à observer la nature , à comprendre ses lois et ses activités : l’oiseau construisait son nid et l’abeille son alvéole dans la ruche. Pourquoi pas lui ? L’orientant à explorer les ressources fournies par cette dernière. Il teste et essaye de comprendre les matériaux et leur fonctionnalité, les lois de gravité, la tectonique …

Figure 7: Exemple de la hutte primitive , source : https:// journals.openedition.org/civilisations/733?lang=en

Cependant, en quête de liberté, l’homme choisit l’endroit qui lui est le plus approprié construisant la cabane, « son premier abri » ainsi fut la première production architecturale. «Quelques branches abattues dans la foret sont les matériaux propres à son dessein. Il en choisit quatre des plus fortes, qu’il élève perpendiculairement et qu’il dispose en carré. Au dessus il en met quatre autres en travers et sur celles-ci, il en élève qui s’inclinent et qui se réunissent en pointe des deux cotés. Cet espèce de toit est couvert de feuilles assez serrées, pour que ni le soleil, ni la pluie puissent y pénétrer : et voila l’homme logé. » 1 Enfin par sa capacité d’imagination et de création qui dans la grotte s’est manifestée à travers la peinture, l’homme des cavernes fait preuve de son existence par l’architecture la plus primitive. « la cabane est l’archétype de la composition architecturale, la hutte primitive, l’habitat originaire.»2

Figure 8 : Exemple de la hutte primitive , source : https:// act.art.queensu.ca/segment.php?t=18&p=4&i=4

LAUGIER Marc Antoine, Essai sur l'architecture, Editions Duchesne, paris 1755, P 9. Cité par, SEMENESCU Dan, Apparition des Formes Urbaines, Paris, P 254 2 DOUANGMANIVANH Alain, La cabane primitive ou les origines de l'architecture, P 3, cité par, SEMENESCU Dan, op.cit, P 253 1

19


1.2.3 LA MAISON À travers la grotte et la cabane, l’être humain a fait preuve d’une prise de conscience qui l’a différencié de toute autre espèce, il est passé de «l’homme animal» à «l’homme rationnel», qui pense avant d'agir. En effet, plus l'homme évolue dans son milieu, plus l'espace qui l'abrite évolue selon ses besoins à travers une refléxion sur les proportions, le vide, la lumiére ... . Ainsi fut la maison, la manifestation de «l’Architecture humaine», celle issue d’une culture mettant en valeur la pensée de l’Homme. «…Se protéger et se défendre sont devenus habiter »1, en effet l’homme dépassant le stade des besoins primaires cherche à satisfaire ceux de l’estime et de l’accomplissement de soi : il veut « être ». En fait pour lui habiter ne veut plus dire « être logé », ce n’est plus une fonction ou une activité parmi d’autres, c’est une condition humaine, une manière «d’être au monde». Comme l’explique Heidegger à travers ses écrits en partant d’une exploration étymologique des termes être et habiter « « je suis », « tu es » veulent dire : « j’habite », « tu habites ». La façon dont tu es et dont je suis, la manière dont nous autres hommes sommes sur terre est le « buan », l’habitation »2. Pour Heidegger le fait que les termes être et habiter sont utilisés indifféremment dans la vieille langue allemande ça veut dire que l’habitation coexiste avec l’essence de l’être humain, son existence.

Figure 9 : La maison comme espace intermédiaire, schéma personnel, inspiré du Quadriparti heideggerien BAEZA Alberto Campo, l'idée construite, L'Espérou 2014, p 117 1

HEIDEGGER Martin, op.cit, P 173-174, cité par SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 23 2

KOROSEC-SERFATY Perla, Expérience et pratiques de la maison, Paris, Editions Irwin Altman, P 8-9. 3

20

Par ailleurs, l’existence humaine se construit à travers le processus d’élaboration de l’identité : de la naissance jusqu’à l’accomplissement de soi, l’habitation y joue un rôle primordiale puisque elle constitue l’espace où se déroule ce processus. Selon « le Quadriparti Heideggerien »3, l’habitation est le lieu central où l’être humain intègre les dimensions de l’univers , de la vie sociale , des hommes et du sacré; évoquant ainsi une pluridimensionnalité de l’habitation c’est-àdire une pluridimensionnalité de l’être : le besoin de prouver son existence s’accomplit à travers l’ouverture au monde extérieur et l’entretien d’une relation avec ce dernier . En peu de mots l’homme concrétise son existence en habitant le lieu. La maison, l'espace habité devient alors l'espace intermédiaire entre l'homme et le lieu, entre le monde intérieur le monde extérieur.


1.2.4 SYNTHÉSE

“ L’identité n’est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l’existence ” 1 L’homme en tant qu’être vivant au cours de sa quête existentielle est passé par plusieurs phases : d’abord il prit la grotte comme refuge, ensuite il commença à développer une relation avec ce qui l’entoure en construisant la cabane. Et au fur et à mesure il développa ses connaissances du lieu jusqu’à ce qu’il arrivât enfin à dominer l’espace et faire de la terre son monde intérieur en construisant la maison. Ce qu'on retient est que l'existence humaine semble être toujours enracinée dans un lieu.

L’HOMME ANIMAL

L’HOMME RATIONNEL

L’HOMME CRÉTAEUR

Figure 10 : Les différentes phases de la quête existentielle de l'être humain. schéma personnel

1

MAALOUF Amin, Les identitées meurtrières, Editions Grasset et Fasquelle, Paris, 1998, P 31

21


1.3 L’EXISTENCE DU LIEU Un lieu est considéré comme "Portion déterminée de l'espace [...] Notion, relation par laquelle un objet (ou le déroulement d'un procès) est situé dans l'espace" 1. Ainsi ce dernier reflète toujours une double réalité à la fois physique et métaphysique. En effet un lieu est définit sous deux conceptions contradictoires mais qui se complètent. Selon le Littré, d’une part, c’est « un espace quelconque considéré sans aucun rapport avec les corps qui peuvent le remplir »2. Il est donc indépendant de toute chose qui l’occupe tel que le définit Augustin Berque dans une dimension topologique mesurable «… le lieu des coordonnées cartésiennes du cartographe, dont l’ordonnée (la longitude), l’abscisse (la latitude) et la cote (l’altitude) s’établissent dans l’espace absolu des principa mathemathica de Newton. »3 . Cette realité nous renvois à l’espace physique, mesurable, materiel et tangible. D’autre part, c’est « un espace qu’un corps occupe »4, il est perçu et ressenti par le corps humain. Dans sa dimension sensible, le lieu est définit à travers sa relation avec les choses qui l’occupent à la fois visibles et invisibles qui le composent «… le lieu y dépend des choses, les choses en dépendent »5. Cependant , on ne peut évoquer la notion de l’existence du lieu qu’en l’appréhendant dans ses deux dimensions physique et sensible.

Figure 11 : Le lieu, une double réalité, schéma personnel

1.3.1 LE LIEU EN TANT QUE PHÉNOMÈNE Plusieurs théoriciens et philosophes, représentant un large éventail de disciplines, ont développé des réflexions par rapport à la notion de l’existence du lieu. À partir d’une perspective phénoménologique, ils ont étudier le lieu en tant qu’un phénomène concret loin de toute interprétation abstraite suivant « le retour aux choses » d’Edmund Husserl .

1

Définition 1er, extrait du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL)

2

définition 2éme, extrait du Dictionnaire le littré

3

définition 3éme, extrait du dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Augustin Berque

définition 4éme, extrait du Dictionnaire le littré

4

BERQUE Augustin, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés. Cité par Guené Franck, De l'idée architecturale aux lieux de l'architecture, Thése de l'université de strasbourg, P 34 5

22


Avant tout, notre vie quotidienne est constituée d’une part de phénomènes concrets tel que les objets, les êtres vivants et les rapports générés entre eux. D'autre part des phénomènes plus sensibles et immatériels tel que les émotions, l’imagination, la culture... Les deux sont les données et le contenu sur lesquels est basée notre existence. Or cette quête existentiel que nous menons nécessite un lieu pour se produire. Ce dernier fait donc partie de notre existence, car il compte plus qu’une simple localisation géographique où les faits quotidiens se déroulent. C'est ainsi que, dans son ensemble d’éléments naturels et artificiels, il dégage un caractère d’ambiance ou une atmosphère qui le définit en tant qu’espace ayant sa propre identité formée à travers les traditions culturelles des hommes qui l’habitent . Cette définition a fait l’objet de plusieurs réflexions philosophiques tel que Maurice Merleau Ponty1, selon lui le lieu est considéré comme une chose visible, vécue et qui ne peut être analysée que dans un contexte particulier. Il est donc l’objet d’une perception culturelle et personnelle nécessitant une compréhension complète des phénomènes concrets et sensibles pour que son existence soit saisie. Merleau Ponty construit sa réflexion suivant une perception phénoménologique de la notion du lieu. Figure 12 : L'espace existentiel de Heidegger, schéma personnel inspirée du Texte "BATIR HABITER PENSER" de MARTIN HEIDEGGER

Quant à Martin Heidegger, il se pose sur une distinction entre les concepts « Ciel » et « Terre » et la définition de « L’habiter » : « …la manière dont nous autres hommes sommes sur terre est le « buan », l’habitation » or « sur terre veut déjà dire sous le ciel »2, Heidegger considère donc le lieu : ce qui se trouve entre terre et ciel , le monde , l’intérieur ou l’homme habite. C’est donc ce qu’appelle Heidegger « l’espace existentiel ».

1 2

MERLEAU-PONTY Maurice, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, P 531 HEIDEGGER Martin, op.cit, P 175. Cité par SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 10

23


1.3.2 LE LIEU EN TANT QUE STRUCTURE Précédemment l’interprétation phénoménologique du lieu nous a mené vers la notion de « l’espace existentiel » : l’homme cherchant à concrétiser son existence effectue des implantations à différentes échelles allant de l’échelle d’un batiment, s'étalant à un village puis en une ville, transformant le lieu en un paysage culturel qui englobe un ensemble d’espaces liés entre eux, ayant un caractère particulier. Afin d’arriver à décomposer la structure du lieu, nous nous orientons vers la philosophie de Schulz. Selon lui le lieu ne peut être décrit qu’en termes d’implantation et de paysage suivant une analyse des deux notions : « espace » et « caractère ». 1- L'ESPACE : Le terme « espace » est définit auparavant comme une organisation tridimensionnelle des éléments composants le lieu et un champ de perception pour l’homme. Mais cette définition reste abstraite dans la mesure où elle ne prend pas en considération l’expérience quotidienne humaine, ainsi on peut utiliser un seul concept, celui de « l’espace concret ». Selon Schulz le paysage est considéré comme un ensemble extensible et continu ou discontinu d’où se manifeste « la relation intérieur-extérieur ». Il est ainsi constitué par des implantations sous forme de plusieurs entités fermées liées entre eux. Ce qui implique l’existence des « limites » et de la centralité, car chaque entité fermée peut faire l’objet d’un centre à partir duquel l’espace s’étend vers plusieurs directions avec une continuité variable (le rythme). «… l’implantation et le paysage entretiennent un rapport figure-fond, n’importe quelle fermeture se manifeste comme « figure » par rapport au territoire étendu du paysage »1

Ce dernier est déterminé à travers plusieurs propriétés tel que les concepts primordiaux de l’orientation de Kevin Lynch : « nœud », « parcours », « limite » et « district », qu’on va décortiquer plus tard. A ces propriétés s’ajoutent ceux de « la relation intérieur-extérieur », de « la limite », de « la centralité » et de « la direction et du rythme » permettant l’organisation logique des éléments composants l’espace faisant de lui une entité concrète.

1

24

SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 13

Figure 13 : Le rapport Figure-Fond, schéma personnel inspiré du texte " Genius Loci " de Schulz


Nous représentons ceci à travers l'exemple du district de Puente de Vallecas à Madrid en espagne qui illustre bien le rapport de “FigureFond” interprété par Schulz dans la manière où il représente une organisation logique des propriétés de l’espace faisant de l’ensemble une entité concrète.

Le paysage : un fond ciel, horizon, territoire ... Il s'agit d'une extention ouverte et continue : pas de limite physique L'implantation : une figure ouverture, fermeture, mur, pavage ... Il s'agit d'une entité fermée et variée : limite physique

11/07/2019

Madrid, Communauté de Madrid - Google Maps

Madrid, Communauté de Madrid

Date de l'image : mai 2018

© 2019 Google

Figure 14 : Le rapport "Figure - Fond" de Puente de Vallecas, interpretation personnelle, source des photos : Google street Google

Street View – mai 2018

https://www.google.fr/maps/@40.3797529,-3.6550384,3a,63.5y,237.74h,88.08t/data=!3m7!1e1!3m5!1svh2k1SXTM5RjdC7Cacs7OA!2e0!6s%2F%2Fgeo3.ggpht.com%2Fcbk%3Fpanoid%3Dvh2k1SXTM5RjdC7Cacs…

1/2

25


2- LE CARACTÈRE

En fait, cette atmosphère général n'est dégagée qu'à travers l’intervention humaine ( l'architecture ) qui rassemble la culture, les coutumes, le savoir faire... avec les données naturelles d’un site (terre, ciel, végétation, eau, air…).

En effet d'aprés Schulz, chaque lieu possède un caractère différent de l’autre définit par la constitution matérielle et formelle de chaque lieu et qui dépend de comment les choses sont faites. Ainsi « il faudra donc se demander comment est le terrain sur lequel nous marchons, comment est le ciel sur notre tête, comment sont les frontières qui délimitent le lieu … comment le bâtiment est ancré au sol, et comment il s’élève vers le ciel » 2.

C’est à travers l’interaction entre ce qui est naturel et ce qui est artificiel que nait ce caractère particulier.

Afin de pouvoir donner au lieu ce caractère singulier l’homme doit donc répondre à tous ces questionnements lors de son intervention.

« Le concept de « caractère » est plus générique et plus concret que celui « d’espace ». Il dénote aussi bien une atmosphère générale qui comprend tout, que la forme concrète et la substance des éléments qui définissent l’espace» 1.

Comme pour le cas du Fort de Loyasse dans la ville de Lyon, où le caractère militaire de ce bâtiment est exprimé à travers l’aspect colossal de ses volumes extérieurs ainsi que les jeux de teintes et de textures des matériaux utilisés (pierre de villebois, pierre d’ocre, ferronneries …). On se sent face à une limite infranchissable, un caractère invincible.

Pierre de villebois

Pierre ocre des monts d’or

Aspect exterieur

Figure 15 : La notion du "caractère" illustrée par le Fort de loyasse, schéma personnel

1 2

26

SCHULZ Christian Norberg, opcit, P 14 Ibid

Ferroneries


1.4 CONCLUSION « l’être humain se trouve sous certaines circonstances, obligé d’occuper un espace : il construit donc son monde à partir de cet espace initial, l’habite et ainsi le transforme en un lieu » 1. Après avoir étudié les notions «Existence humaine» et «Existence du lieu» on peut déduire que la relation d'interdépendance entre eux est entretenue par l'architecture. En effet, cette dernière joue le rôle de médiateur entre l'homme et le lieu. En fait, dans le but d'occuper un lieu, l'être humain s'engage dans une expérience de significations: il visualise, complète, symbolise ses connaissances de la nature puis rassemble le tout et le traduit en une architecture, c’est ainsi qu’il crée son «microcosme ». L’essence de son monde, son «chez-soi» et à cet instant un lieu a commencé à exister.

Figure 16 : Homme - Lieu - Architecture, schéma personnel

Dans ce contexte l’image du pont illustré par Heidegger dans son texte « Bâtir, Habiter, Penser » semble nous éclairé d’avantage sur le rôle de l'architecture : « le pont est à vrai dire une chose d’une espèce particulière, car il rassemble le Quadriparti de telle façon qu’il lui accorde une place. Le lieu n’existe pas avant le pont. Sans doute, avant que le pont soit là, y va-t-il le long du fleuve beaucoup d’endroits qui peuvent être occupés par une chose ou une autre. Finalement l’un d’entre eux devient un lieu et cela grâce au pont. » 2. En effet, la présence de cet édifice fait du lieu un ensemble concret, elle lui donne un sens. Car non seulement le pont uni les deux rives mais encore il uni deux régions,une terre voire un pays. Or cette symbolique en l’absence du Figure 17 : L'image du pont de Heidegger, interprétation pont était cachée et sa personnelle construction l’a révélée. Enfin de compte on peut dire qu’un esprit du lieu s’est manifesté. Mais en quoi consiste ce dernier et comment peut-on l’atteindre ? GUENÉ Franck, op.cit, p 43 HEIDEGGER Martin, Essais et conférences 1951 traduit de l'allemand par André préau, Gallimard paris 2003, p 182-183. Cité par GUENÉ Franck, op.cit, p 44-45

1 2

27


CHAPITRE

L’ESPRIT

02

DU

LIEU

2.1 INTRODUCTION : « … un lieu n’est donc un lieu dans l’espace que par la méditation de l’esprit humain » 1 Précédemment, au cours du premier chapitre on est arrivé à assimiler la relation que l’homme entretient avec son environnement par le biais de l’architecture. En effet, nous rappelons que l’objectif de notre travail est d'arriver à cerner l’esprit qu’un lieu peut acquérir grâce à l’intervention de l’homme. Pour y parvenir, nous visons donc à travers ce 2éme chapitre, d'abord de définir la notion de l’esprit du lieu à travers sa double manifestation matérielle et immatérielle. Ensuite de saisir les éléments composant sa structuration.

28


2.2 DÉFINITION DE L’ESPRIT DU LIEU « Quand le paysage habité est proche de l’homme, espace, homme et figure coopèrent, conditionnant ainsi une intensité du lieu qui, de tout temps fut appelée « Genius loci » » 2. En se référant à la reflexion du colloque « L’Esprit du lieu : entre le matériel et l’immatériel»3 mené par le professeur d’histoire et d’ethnologie canadien LAURIER TURGEON à l'université de Laval, nous essayons dans ce qui suit de définir l’esprit du lieu et son origine. L’expression « Genius loci » est d’origine latine traduite en français par « esprit du lieu », d’une part l’« esprit » fait référence à la pensée, aux humains et aux éléments immatériels et d'autre part le « lieu » évoque la localisation géographique, le monde physique et les éléments matériels. En effet les deux termes sont la base d’une dynamique relationnelle entre ce qui est matériel (sites, édifices, objets…) et ce qui est immatériel (mémoire, rituels, tradition, culture…). Or comme toute conception , la notion de l’esprit du lieu est instable et en constante transformation faisant le sujet de plusieurs peuples et cultures .

GUENÉ Franck, op.cit, P 44 SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 84 3 TURGEON Laurier, L’Esprit du lieu : entre le matériel et l’immatériel, colloque à l'université de Laval,Québec, canada, 2008, P 1-2-3

Au début dans la tradition occidentale, les « Genii » de la mythologie romaine sont des êtres spirituels qui habitent non seulement les lieux mais aussi les individus ayant la fonction de veiller sur le lieu et de maintenir son existence et son sens sacré. Ensuite on trouve cette notion dans les sociétés africaines. En fait les esprits représentent les êtres surnaturels puissants marquant les lieux en habitant les grottes, les sommets des montagnes et les rivières, leur rôle est de vitaliser les lieux et les personnes qui l’habitent en chassant les mauvais esprits. Enfin, faisant références à plusieurs mythologies surnaturelles, a partir du XIXe siècle la notion d’esprit du lieu, s’est développée vers une conception plus humaine et plus concrète laissant place aux créateurs du paysage (les artistes, les architectes, les urbanistes…). Cependant, « esprit du lieu » devient une expression qui dénote le « caractère » que les hommes attribuent au lieu créant ainsi une relation de complémentarité entre l’esprit, le lieu et l’être humain.

1 2

Figure 18 : L'esprit du lieu : entre matérialité et immatérialité, schéma personnel

29


2.3 LA STRUCTURE DE L’ESPRIT DU LIEU Comme nous venons de le voir, la manifestation de l'esprit du lieu nécessite l'existence d'une complémentarité entre Homme, Lieu et Architecture. Cependant afin d’arriver à cerner cet esprit du lieu, une compréhension complète des éléments qui le structurent semble nécessaire. D'aprés Schulz, cette compréhension est basée sur trois aspects : Orientation, identification et mémoire.

Figure 19 : Parcours Lynch Kevin, op.cit, P54

Dans cette partie nous comptons les préciser et les définir.

2.3.1 L’ORIENTATION En quête d’acquérir un point d’appui existentiel, l’être humain a besoin de se diriger et de se situer dans un milieu quelconque, il doit donc être

Figure 20 : Nœuds Lynch Kevin, op.cit, P55

capable de s’orienter. «le milieu doit donc posséder une organisation spatiale compréhensible»1 En effet, cette organisation spatiale fait référence à la notion de l’espace concret de Kevin Lynch, distinguée par les concepts du « Parcours », « Noeuds », « Limite », « Points repères » et « District ». Ces derniers relient les points repères existants du milieu créant ainsi des itinéraires qui restent enracinés dans la mémoire. La relation crée entre ces objets d’orientation et les éléments existants donne naissance à « une image du milieu »3 aidant l’homme à se situer et le protège de l’égarement. En effet cette image est importante pour qu’il se sent en sécurité et en familiarité avec son milieu « une bonne image du milieu donne à son détendeur un sens de profonde sécurité émotive »2.

Figure 21 : Limite Lynch Kevin, op.cit, P54

Comme nous pouvons le constater suite à la lecture des différents concepts de Lynch :

Figure 22 : Point repére Lynch Kevin, op.cit, P56

SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 48 LYNCH Kevin, L'image de la cité, Paris 1969, Dunod. Cité par SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 19-20 3 LYNCH Kevin, op.cit, P 92 4 Ibid, P 55

Figure 23 : District Lynch Kevin, op.cit, P54-55

1 2

30


LE PARCOURS : Le Réseau de voies permettant d’appréhender l’espace et d’en relier ses éléments. Sa direction, continuité et la largeur du champ visuel permettent une meilleure orientation pour l’homme. Figure 24 : Le parcours du musée de Yad vashem source: Archdaily + intervention personnelle

LES NŒUDS : Les points de rencontre des voies du parcours où l’usager doit choisir le chemin qu’il va prendre.

Figure 25 : Les noeuds dans Village d’enfants SOS de Tadjourah source : Archdaily + intervention personnelle

LA LIMITE : Les éléments linéaires du paysage, formant une rupture dans l’espace et qui peuvent être naturels ou artificiels (mer, végétation, mur…). En réunissant les différentes composantes du paysage, la limite permet une lecture continue de ce Figure 26 : Représentation de la limite par le traitement du sol dernier. source : Archdaily + intervention personnelle

LES POINTS DE REPÈRE : « point déterminé qui permet de s’orienter »4. Ayant une nature variée (bâtiment, végétation…) ils servent d’éléments signalétiques qui rythment le parcours aidant l’homme à se situer. Figure 27 : L'arc de Triomphe, un repére remarquable source: https://reserva.parisinfo.com/il4-oferta_i528-arcodel-triunfo-visita-libre.aspx

LE DISTRICT : Des unités thématiques, clairement identifiées à l’intérieur de l’implantation (ville, village…) par leurs particularités typiques (le bâti, les ambiances, la fonction…) et qui permettent à l’usager d’avoir la sensation d’entrer et de sortir d’un espace à un autre.

Figure 28 : Central park à New York source : https://mymodernmet.com/sergey-semenov-aerial3d-central-park/

31


2.3.2 L’IDENTIFICATION L’orientation n’est pas le seul aspect dont l’homme a besoin pour conquérir sa quête existentiel. Il a aussi besoin de s’identifier à des choses concrètes, selon Schulz « identification signifie devenir amis d’un milieu donné »1.

1. L’ARRIVÉE : Il s’agit de la première rencontre du visiteur avec le lieu, cette dernière peut l’inciter à aller à sa découverte. Elle n’a pas de sens que si le lieu a une identité propre.

En effet pour saisir « le comment de l’avoir lieu »2, l’homme établit une lecture d’ensemble du lieu en interprétant chacune de ses composantes; telles que l’histoire, le paysage, la cadre existant, le vécu et la culture propre à ce lieu. Ensuite il matérialise le tout à l’échelle d’une intervention architecturale traduisant une signification poétique qui nait à la rencontre du lieu.

2. LE SEUIL : La transition entre deux espaces différents, matérialisant la relation extérieurintérieur ou intérieur-intérieur. C’est une notion qui illustre un paradoxe, car à la fois elle peut amener à une séparation/interruption et à une liaison/continuité. Définissant ainsi une portion de l’identité du lieu à franchir «… les seuils sont plus encore des annonciateurs de la nature des lieux auxquels ils donnent accès ou qu’ils tendent à représenter »4

Cependant, une appropriation et une identification du milieu se manifeste, Schulz l’illustre à travers son œuvre « l’art du lieu »3 sous forme d’une expérience personnelle qu’il appelle « l’expérience de la visite », une expérience s’étalant sur quatre étapes :

3. LA RENCONTRE : Le lieu en tant qu’ensemble de plusieurs éléments, matériels et immatériels, interagissant les uns avec les autres concrétise la notion d’unité spatiale cohérente. Ainsi cette dernière définit un caractère d’ambiance qui fait référence à l’essence du lieu : « l’atmosphère » « chacun sait qu’un lieu exceptionnel se caractérise par une atmosphère ineffable qui émane de chacun de ses éléments et lui confère

1. L’arrivée 2. Le seuil 3. La rencontre 4. Le séjour et La réunion

une personnalité propre, une âme »5. 4. LE SÉJOUR ET LA RÉUNION : La contemplation et la méditation sur les éléments unifiés du lieu menant à un accord entre homme et espace et c’est ainsi que l’identité du lieu est vécue et saisie.

SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 21 SCHULZ Christian Norberg, L'art du lieu, Editions du Moniteur 1997. Cité par ALLARD Marie Eve, Vers la requalification de l'identité d'un lieu, Thése de l'université de Laval, 2008, P 17 3 Ibid 4 MEISS Pierre Von, De la forme au lieu, Editions presses Polytechniques Romandes, 2012, P 215 5 SCHULZ Christian Norberg, L'art du lieu, op.cit, P 43 6 Ibid, P 23 1 2

32


« IL FAUT CONNAÎTRE LE COMMENT D’UN LIEU POUR EN SAISIR L’IDENTITÉ. LORSQU’UN PAYSAGE EST DOTÉ D’UNE QUALITÉ NATURELLE QUE L’ON DÉCOUVRE DURANT LE TRAJET ET À LAQUELLE CORRESPOND LE LIEU FAIT PAR L’HOMME, ARRIVÉE ET SÉJOUR DEVIENNENT RÉALITÉ »1

Figure 29: L'arrivée, schéma personnel

Extérieur-Interieur

Clot-Ouvert

Intermédiaire

Christian Norberg Schulz S’IDENTIFIER

Figure 30 : Le seuil, schéma personnel

LE SÉJOUR/LA RÉUNION LUMIÉRE OMBRE

VOLUME FORME MATIÉRE

ATMOSPHÉRE: L’ESSENCE SON DU LIEU

TEXTURE COULEUR

LA RENCONTRE ODEUR

TEMPÉRATURE

Figure 31 : La rencontre, schéma personnel

LE SEUIL

L’ARRIVÉE

COMPRENDRE “LE COMMENT DE L’AVOIR LIEU” 1er Temps : Contemplation

2éme Temps : Communication

3éme Temps : Accord

Figure 33 : L'expérience de la visite de Schulz schéma personnel

Figure 32 : séjour et réunion, schéma personnel

33


2.3.3 LA MÉMOIRE En addition aux deux concepts de L’ORIENTATION et de L’IDENTIFICATION, un troisième s’ajoute, celui de LA MÉMOIRE. Ce dernier peut être signifié par des éléments touchant l’individus tel qu’une accumulation d’évènements marquants, un mode de vie particulier, une culture donnée, une rencontre. La mémoire ne se définit donc pas qu’a travers l’ancrage au sol mais aussi par ces phénomènes immatériels constituant la mémoire d’un lieu qui éveillent chez l’ être humain un ressenti. Ainsi matérialité et immatérialité viennent composer une totalité unitaire laissant dans la mémoire de l’homme une image unique.

LA PETITE VILLE MALA STRANA

Prenons l’exemple de la ville de Prague illustré par Schulz : Le paysage constituant la liaison des deux villes la vieille ville (Staré Mesto) et la petite ville (Mala Stran) par le pont de Charles et qui est dominé par le château, illustrant « la vue de Prague » : En effet, il s’agit du noyau central où les gens se rassemblent et se croisent. Il est donc considéré comme un point de repère grâce à l’ensemble d’évènements historiques qui ont eu lieu et qui ont participer à la formation du vécu des habitants de Prague. Constituant ainsi une mémoire collective qui fut gravée dans l’esprit des habitants.

LE PONT DE CHARLES

Figure 34 : L'exemple de la ville de Prague d'aprés Schulz schéma personnel (source des photos : Google street)

34

LA VIEILLE VILLE STARÉ MESTO


2.3.4 SYNTHÉSE

ORIENTATION, IDENTIFICATION et MÉMOIRE sont les trois concepts donnant accès à l'esprit du lieu. En effet, l’homme en habitant le lieu commence par relever ses caractéristiques identitaires ( éléments matériels et immatériels ) participants à la formation d’une identité spécifique qui le différencie des autres lieux. Une fois interprétées sous la dimension des trois aspects ( orientation, identification et mémoire ), une interface d’échange se créée entre ces caractéristiques menant à une concrétisation de l’esprit de ce lieu.

Figure 35 : La structure de l'esprit du lieu, schéma personnel

35


2.4 CHAQUE LIEU A SON « GENIUS LOCI »

2.4.1 LA CAPPADOCE EN TURQUIE « L’IDENTITÉ DE L’HOMME PRÉSUPPOSE L’IDENTITÉ DU LIEU »1 Christian Norberg Schulz

Située en Turquie, au centre de l’Anatolie la cappadoce fut un héritage culturel et historique très riche dans le monde. En fait, il s’agit d’un village taillé dans le tuf volcanique existant depuis la préhistoire et qui a été habité par plusieurs civilisations.

À la recherche de son essence, l’homme essaye de concrétiser son milieu en l’habitant. Il commence par l’analyser, puis il engage un travail de distinction de toutes ses propriétés. Une fois ces derniéres sont saisies, il les projette dans ses interventions architecturales. Tout ceci, est tirées d’une compréhension profonde de la vocation du lieu. D’ailleurs c’est de cette manière qu’il protège son univers et devient une partie d’une totalité appréhendable. C’est dans cette totalité même que réside l’esprit du lieu. Nous pouvons évoquer cette réflexion d’appréhension de l’essence d’un lieu à travers certains exemples tels que les deux villages : la Cappadoce en Turquie et Craco en Italie. Ces lieux illustrent l’importance du rapport homme – lieu – architecture dans le développement d’un esprit du lieu.

1

36

SCHULZ Christian Norberg, Genius Loci, op.cit, P 22

Figure 36 : La cappadoce, source : Archdaily

2.4.2 LE VILLAGE DE CRACO

Figure 39 : le village de Craco source:https://voyagerloin.com/post/craco-villagemedieval-italien-totalement-abandonne-deserte

Situé au sud de l’Italie et fondé au 8éme siècle, Craco est un village médiéval perché sur un grand rocher. L’histoire de Craco est celle d’un village maudit par la nature, en effet au début des années 70, due à certaines circonstances naturelles (éboulements et séisme), les habitants ont quitté le village et ce dernier fut déserté.


AUJOURD'HUI

Figure 38 : conversion des cheminées de fées en hotels, source : Archdaily Figure 37 : L'appropriation des cheminées de fées, source : Archdaily

Il s’agit d’un système de grottes artificielles créé à travers les cheminées de fées, qui sont devenues des maisons, des églises et des écuries. Ici l’intervention humaine semble s'enraciner avec les propriété du lieu, témoignant ainsi d'une apprehension du lieu en tant qu’entité par les habitants.

Les vestiges du village sont convertis en des hôtels, des musée et des maisons Un nouveau regard sur ce qui existe déjà, sans pour autant effacer son identité originelle : « Genius Loci » conservé .

AUJOURD'HUI D’après les témoignages, en parcourant les ruelles abandonnées, on peut sentir la joie de vie dans les maisons, les rassemblements dans les placettes. On peut encore voir des vestiges de la vie quotidienne des habitants comme s'ils étaient partis hier. Un héritage matériel et immatériel qui se dégrade sur le long des années vus l'absence de l'intervention humaine. Figure 41 : Les vestiges de Craco abondonnés, source : https://voyagerloin.com/post/craco-villagemedieval-italien-totalement-abandonne-deserte

Absence de l’intervention humaine : le village n’est plus fonctionnel. Il est en cours de dégradation.

Figure 40 : les rue de craco, source: https://voyagerloin.com/post/ craco-village-medieval-italien-totalement-abandonne-deserte

la structure du village de Craco est en phase de destruction : « Genius Loci » non conservé.

37


2.4.3 SYNTHÉSE

RUPTURE

Figure 42 : L'importance du rapport Homme-Lieu-Architecture dans la concrétisation de l'esprit du lieu, schéma personnel

Suite à l’étude des deux exemples précédents et en se référant aux réflexions de Schulz, on peut en déduire l’importance du rapport « homme – lieu – architecture » dans la concrétisation de l’esprit du lieu. La structure d’un lieu n’est pas éternelle, elle se transforme et peut même disparaitre suite à plusieurs circonstances ( naturelles, économiques, sociales…). Cependant, afin de la maintenir cette dernière doit être toujours interprétée différemment pour que son « Genius Loci » ne soit pas perdu.

38


2.5 CONCLUSION

Figure 43 : synthése de la compréhension de l'esprit du lieu, schéma personnel

On peut conclure qu'afin de cerner l'esprit d'un lieu, il faut d'abord arriver à relever ses caractères identitaires ( éléments matériels et immatériels) et ensuite les interpréter sous la dimension des trois concepts : Mémoire, Identification et Orientation.

1

« protéger et conserver le Genius loci c’est concrétiser son sens dans un contexte historique nouveau »1 Christian Norberg Schulz

SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 18

39


CONCLUSION

01 « Le génie du lieu, c’est la capacité de passage ou de transit d’une identité à l’autre » 2 De nos jours, cette valeur tende à se perdre à cause de la modernisation et de l'evolution technologique qui fait abstraction du lieu auquel elle s'enracine. « dans les années vingt, c’était une opinion commune que de penser que l’architecture moderne ne devrait avoir ni de caractère local, ni de caractère régional, mais qu’elle devait se soumettre partout aux même principes. »3. D’ailleurs, le lieu ne constitue plus une totalité : les structures spatiales sont perturbées, l’atmosphère a disparu et le paysage a perdu son sens. En opposition à cette pensée, architectes et chercheurs développent des réflexions sur la notion de « l’esprit du lieu » donnant naissance à un nouveau mouvement architectural « Le régionalisme critique ».Ce mouvement consiste à réfléchir à une architecture qui puise dans la force du contexte, se basant sur une appréhension à la fois matérielle et immatérielle de l’esprit du lieu.

COMMENT PEUT-ON SAISIR «L'ESPRIT DU LIEU» DANS SA DOUBLE APPRÉHENSION MATÉRIELLE ET IMMATÉRIELLE ? ET COMMENT PEUT-ON L'EXPLOITER POUR REDONNER À UN LIEU SON IDENTITÉ PERDUE ?

1 2

40

CACHE Bernard, Terre meuble, Editions xyz, orléans, 1997, P 18. SCHULZ Christian Norberg, op.cit, P 194.


Figure 44 : Vers la saisie de l'esprit du lieu entre le matĂŠriel et l'immatĂŠriel, schĂŠma personnel

41


42


PARTIE 02

“... je me rappelle le temps où je faisais l’expérience de l’architecture sans y réflechir. je crois sentir encore dans ma main une poignée de porte, une piéce de metal arrondie comme le dos d’une cuillére .” 1 Peter Zumthor

INTRODUCTION L’esprit d’un lieu se construit selon un contexte, un passé, une histoire, et une culture. L’ensemble de ces éléments fait de lui un tout cohérant. Or, comme nous l’avons vu au préalable, à travers le temps un lieu change et son esprit tend à se perdre s’il n’est pas interprète dans son évolution. En effet, par le moyen d’une architecture pensante du lieu, l’homme peut arriver à l’appréhension de ce dernier, à la fois dans sa matérialité et dans son immatérialité. Une architecture qui mettra les composantes du lieu en parfaite corrélation avec son corps. Ainsi, l’objectif de cette partie est de saisir l’esprit du lieu à travers une expérience architecturale. En se référant à plusieurs théoriciens et architectes principalement Peter Zumthor. On tente dans un premier chapitre de définir les deux notions de matérialité et d’immatérialité liées à l’expérience architecturale et par extension au lieu. Et par la suite de la scruter en tant que moyen d’appréhension du lieu et de son esprit. Dans un deuxième chapitre, on ciblera notre lecture et compréhension de l'expérience architecturale au regard de Peter Zumthor. ZUMTHOR Peter, penser l'architecture, Birkhauser Libri novembre 2010, P 7. 1

Figure 45 : Site archéologique d’Oudhna, photo personnelle

43


CHAPITRE

03

IM-MATÉRIALITÉ DE L'EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE 3.1 INTRODUCTION « Rappelons que l’esprit du lieu peut être défini comme l’ensemble des éléments matériels (sites, paysages, bâtiments, objet...) et immatériels (mémoires, récits, rituels, valeurs...), physiques et spirituels, qui donne du sens, de la valeur, de l’émotion et du mystère au lieu »1 En effet, « Matérialité » et « Immatérialité » sont deux notions interdépendantes fondant la base de l’esprit du lieu. Ainsi ce dernier ne peut exister que par la combinaison de ces deux notions, l’une complète l’autre : il s’agit d’un va-et-vient perpétuel entre tout ce qui est tangible et intangible. Ce rapport permet donc à l’utilisateur de l’espace de s’y immerger dans le lieu et de l’appréhender d’une manière sensible. À travers ce chapitre on vise de définir ces deux notions à la fois à travers une lecture générale, mais principalement liée à l'architecture. En vue de saisir cette derniére comme expérience de l'im-matérielle.

Déclaration du Québec sur la sauvgarde de l'esprit du lieu, Canada, cité par Juliette Guidetti, Comment révéler l'esprit du lieu à travers la lumiére dans l'architecture, Thése de l'université catholique de louvain, Bruxelle 2017. 1

44


3.2 ENTRE MATÉRIALITÉ ET IMMATÉRIALITÉ 3.2.1 LA MATÉRIALITÉ 1. EN GÉNÉRALE Selon le petit Robert, Le terme « matérialité » constitue deux définitions : en premier lieu c’estce qui « caractérise tout ce qui est matériel, concret » 1 de même « qui est de la nature de la matière, constituée par de la matière...qui s’exprime, se manifeste dans la matière ou par la matière »2.​ En effet, la matérialité comprend la forme, la matière, le tangible... . Tout ce qu’on peut voir et toucher, c’est une notion qui fait donc appel aux sens primaires de l’homme : la vue et le toucher .​ La seconde définition de la matérialité, pour l'homme, elle fait référence à l’enveloppe corporelle et non à celle de l’âme. Or c’est à travers le corps que l’âme se manifeste, d’où sans cette enveloppe l'homme ne peut exister «l’esprit est l’âme, et le cerveau est l’instrument d’où nous vient notre singularité et où nous formons notre esprit critique» 3. 2. EN ARCHITECTURE Confrontée à l’architecture la notion de matérialité s’attache à la construction : ce qui est de l'ordre de la matiére telle que le béton, le bois, le verre, la pierre … . Cependant elle ne renvoie pas uniquement aux matériaux, mais aussi au lieu dans lequel on se trouve et les objets qui le constituent tel qu’un toit, une porte, un meuble... . Elle est alors constituée par les éléments composants une architecture qui permettent de vivre et de faire d’un lieu un espace vécu. Elle devient une enveloppe architecturale habitable. En se basant sur une étude menée par un groupe d'étudiants à l'ENSA Marne-la-Vallée4, on retient que la matérialité joue le rôle du médium entre l’architecture et ce qu’elle veut représenter, du fait qu'elle tend à concrétiser une réalité abstraite pour la rendre plus intelligible suivant l'analyse et l'interprétation du caractère d’un lieu, de son programme et de sa culture. Ensuite elle rapproche ces correspondances culturelles à la matière. Cette dernière sera abordée de deux manières : d’une part selon ses propriétés physiques et constructives et d’autre part selon ses possibilités conceptuelles, c’est-à-dire en manipulant les matériaux : leur morphologie, leur agencement, leur mise en œuvre, leur mise en scène …​

Définition 1er, extrait du petit Robert 2006 paris Définition 2éme, Ibid 3 KAHN Louis, Lumiére blanche, ombre noire, Editions parenthèse, P 28. Cité par Guidetti Juliette, Comment révéler l'esprit du lieu à travers la lumiére dans l'architecture, Thése de l'université catholique de louvain, Bruxelle, 2017, P 48 4 MIMRAM Marc, Réflexions sur la matérialité, Recueil de travaux d'étudiants de l'ENSA Marne-la-Vallée, 2015-2016 1 2

45


Prenons l’exemple du pavillon du Portugal réalisé par Alvaro Siza, en effet le point central de ce projet se compose par une grande place publique ombragée par un auvent suspendu en béton qui à une échelle monumentale cadre la vue du fleuve en arrière.​C'est la matérialité de cet auvent qui marque l'espace. En effet, la mise en œuvre et le traitement lisse du béton lui donne une apparence fine et légère attribuant au bâtiment un caractère sculpturale de grande dimension incitant le visiteur à se déplacer et à prendre des points de vues distants pour l’observer.​

Figure 46 : La matérialité du pavillon du Portugal, interpretation personnelle (source de la photo : Archdaily)

L’architecture du pavillon dégage alors une impression d‘honnêteté structurelle due à la notion de la matérialité. D'aprés Alvaro Siza, cette dernière est une poétisation de la matière évoquant une représentation symbolique de l’image d’un projet qui invite le visiteur à découvrir, à avoir des réflexions et enfin à appréhender ce qui l’entoure d’une manière sensuelle.

Figure 47 : La matérialité, schéma personnelle

46


3.2.2 L'IMMATÉRIALITÉ 1. EN GÉNÉRALE Le terme « Immatérialité » renvoie à la notion d’abstraction, à l’intangible et à l’imaginaire d’une part c’est ce « qui n’est pas formé de matière, incorporel, spirituel »1 et d’une autre part c’est ce « qui est étranger à la matière, ne concerne pas la chair, les sens »2. En effet, l’immatériel fait appel aux autres sens : l’ouïe et l’odorat. C’est ce qu’on entend, ce qu’on imagine, ce qu’on sent. C’est une notion impalpable qui nécessite donc la réflexion de l’homme par rapport à ce qui l’entoure. 2. EN ARCHITECTURE En rapport avec l’architecture et le lieu, l’immatérialité constitue un ressenti, quelque chose qu’on peut ni voire et ni toucher, contrairement à la matérialité, elle renvoie plutôt à une lumière, à un souvenir, à une ambiance… L'étude des étudiants de l'ENSA Marne-la-Vallée affirme que l’art de l’immatériel se concrétise dans la dissimilation et la disparition de l’objet. Cette notion fait donc référence à un paradoxe du fait qu’en pensant l’immatérialité, l’architecture d’un coté cherche à se dématérialiser et tend vers le monde métaphysique et d’un autre coté, elle embrasse tout les phénomènes physiques afin d’atteindre cette dernière. Prenons l’exemple de l’installation artistique de James Turell « Dhatu ». Il s’agit en fait d’un espace vide et silencieux baigné de lumière artificielle colorée et orné d’une forme rectangulaire luminaire détachée. L’artiste voulait exprimer une mise en valeur de la notion de l’infinité de l’univers provoquant chez le visiteur un sentiment d’ivresse et d’émerveillement et qui le pousse ainsi à avoir une réflexion sur soimême le détachant de toute réalité physique.

Figure 48 : " Dhatu " de James Turell, source:https://histoiredelartai2.wordpress.com/2017/11/26/dhatu-une-lumiere-insaisissable/

« Je ne suis pas un artiste de la lumière. Je suis plutôt quelqu’un qui utilise la lumière comme matériau afin de travailler le médium de la perception. » 3

Définition 1er, extrait du petit Robert 2006 paris Définition 2éme, Ibid 3 ROUX Amaury, Dhatu : une lumière insaisissable, extrait de https://histoiredelartai2.wordpress.com/2017/11/26/dhatu-unelumiere-insaisissable/ 1 2

47


3.2.3 IM-MATÉRIALITÉ ARCHITECTURALE 1. PAVILLON « PIBAMARMI SISYPHUS » - ALBERTO CAMPO BAEZA

« Plutôt que de précéder la forme, l’idée se construit en même temps qu’elle, dans un va et vient perpétuel entre l’abstraction de la pensée et la matérialité du lieu ou de l’objet. L’une nourrit l’autre et se fait donc constitutive de l’autre »1 En effet, matérialité et immatérialité sont deux termes indissociables : l’immatériel tend à créer le matériel qui est à son tour

Figure 49 : Aspect extérieur du pavillon, source : site officiel de l'architecte

une expression de ce dernier. Ainsi l’idée de « l’esprit du lieu » ne peut se concrétiser qu’à travers la combinaison de ces deux notion. Du fait que d’une part « l’esprit » évoque l’intangible ( la mémoire, les souvenirs, le ressenti…) et d’une autre part « le lieu » relève de la réalité physique.

L’œuvre de Baeza consiste en une pièce semicubique intemporel, inspirée du mythe grec de Sisyphe. Il s’agit d’une énorme plaque de pierre suspendue au-dessus de la tête des visiteurs qui se reflète sur le sol en miroir et entourée de murs de soie blanche

« l’esprit construit le lieu et en même temps le lieu investit et structure l’esprit »2. Ainsi est générée une atmosphère qui est la base de cet esprit. Une atmosphère qui doit être saisie dans son im-matérialité architecturale. À travers l’étude de quelques exemples d’espaces conçus par des architectes dont la création d’une atmosphère fut une priorité lors de leurs conceptions, on tient à mieux exprimer l’intensité de la relation entre les deux notions de matérialité et d’immatérialité.

1 2

48

TURGEON Laurier, Op.cit, P 4 Ibid, P 3

Figure 52 : L'atmosphère dégagée dans l'espace, site officiel de l'architecte


L’immatérialité réside d’une part dans une mise en valeur de la force de la gravité et d’autre part dans une réflexion sur le pouvoir de la lumière. L’idée était de suspendre une pierre massive au-dessus du passage du visiteur. Le système de suspension caché donne à la pierre un aspect flottant, on a l’impression qu’elle est maintenue par la lumière. Figure 50 : La force de la gravité, photo-synthése personnelle

Cette mise en valeur de la pierre par la lumière matérialise la force de la gravité ainsi que celle de la lumière par rapport à l’échelle humaine. L’atmosphère générée suite à cette matérialisation de la gravité et de la lumière, permet de vivre l'espace dans son im-matérialité : en passant sous une pierre aussi massive et basse, en premier temps le visiteur sent physiquement une tension due à la compression produite par le poids de la pierre. Ensuite une illusion d’une force impalpable celle due à l’effet de la lumière et la réflexion de la masse flottante sur le sol à ses pieds. ( voir figure 44 )

Figure 51 : La force de la lumière, photo-synthése personnelle

49


2. CASA GILARDI – LUIS BARAGAN

Proche de ses racines mexicaines, Baragan tente d’évoquer sa culture à travers son œuvre par l’utilisation des couleurs vifs saturées, mono chromiques sous l’effet de la lumière, jouant sur les saturations et les reflets . Ainsi l’immatérialité de son travail réside dans l’expression d’une temporalité de l’espace . Figure 53 : Casa Gilardi, source : Archdaily

La temporalité de l’espace est matérialisée par l’utilisation de la couleur comme matériau sous l’effet de la lumière révélant la couleur à travers son spectre lumineux . Or, cette dernière n’est pas stable, par ailleurs la perception des couleurs utilisées se transforme tout au long de la journée modifiant la conception et le vécu de l’espace. Figure 54 : Mise en scéne de la temporalité de l'espace dans le corridor, source : Archdaily

50


3.2.4 SYNTHÉSE

À travers une approche phénoménologique, les architectes tels que Zumthor, Baragan, Baeza…, se basent sur la création d’atmosphères comme réflexion lors de leurs conceptions im-materielles . En effet, en se concentrant sur la relation entre l’espace et l’usager, ils font vivre ce dernier tout une expérience architecturale lui garantissant une meilleure appréhension de ce qui l’entoure.

En quoi consiste donc l’expérience architecturale de l’espace ?

Figure 55 : L'effet d'optique généré par l'utilisation de la couleur et de la lumière, photo-synthése personnelle

Comment permet-t-elle à l’homme d’appréhender l’esprit du lieu ?

Le corridor de la casa Gilardi illustre un effet d’optique qui modifie la perception visuelle de l’espace. À un moment de la journée, la lumière infiltrée par les lamelles translucides se projette sur le mur jaune en face. Une graduation de la couleur jaune se crée passant du sombre au clair ce qui permet d’accentuer l’effet d’optique, d’où la manifestation d’une ambiance intime dans l’espace.

Figure 56 : IM-Materialité architecturale, génératrice d'atmosphères, schéma personnel

51


3.3 L'EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE

« On n’apprécie pas une œuvre architecturale comme une série d’images rétiniennes, isolées, mais dans son essence matérielle, corporelle et spirituelle totalement incarnée » 1. En effet, dans la conception architecturale, l’homme est considéré comme acteur principal. Ce dernier en réponse à ses besoins se met en corrélation avec ce qui l’entoure à travers l’architecture, qui à son tour est considérée comme l’espace transitoire entre l’intériorité de l’être et le monde extérieur. En conséquence de cette relation s’engendre un échange, permettant à l’homme de saisir l’essence du lieu dont est le but de l’expérience architecturale. À travers une reflexion sur l'expérience architecturale, les différentes parties intervenantes ainsi que le mécanisme de déroulement. on vise à appréhender cette derniére dans son Im-matérialité afin d'en saisir l'esprit du lieu.

Figure 57 : Intérrogation sur la saisie de l'essence du lieu à travers l'expérience architecturale, schéma personnel

JUHANI Pallasma, Le regard des sens, Editions du Linteau, paris 2010, P 12. Cité par Lisa Busmey, Saisir - De l'espace à la poignée de porte, une approche tactile de l'architecture, Thése de l'université de strasbourg 2018, P 32 1

52


3.3.1 DÉFINITION DE L’EXPERIENCE ARCHITECTURALE « En philosophie, l’expérience désigne l’acquisition de connaissances à partir du vécu des choses et de l’environnement, à l’aide des facultés sensorielles ou de la conscience »1 Saisir l’essence du lieu, signifie faire l’expérience de l’espace à travers l’architecture. En effet, l’expérience architecturale est le moyen d’appréhender le lieu et son esprit, cette dernière met en œuvre les éléments matériels et immatériels composants le lieu en y générant des atmosphères. Par ailleurs ces paramètres entrent en résonance avec le corps humain par le biais de ses organes sensoriels et de son expérience personnelle ( vécu, mémoire, culture ).

C’est Ainsi qu’à travers sa capacité d’assimiler les choses, que l’homme analyse et interprète les phénomènes lors de cette expérience de l’espace ce qui le permet d’appréhender le lieu et d’en saisir l’essence . Il s’agit donc de tout un mécanisme basé sur un échange entre un objet perçu et un sujet percevant.

OBJET PERÇU

SUJET PERCEVANT

Figure 58 : La perception schéma personnel

3.3.2 LES ACTEURS DE L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE Lors de l’expérience architecturale plusieurs facteurs entrent en jeu : il s’agit d’une relation de stimulation entre le corps humain ( sujet percevant ) et l’espace ( objet perçu ) qui se fait à l’intermédiaire de ses sens. Ainsi Il existe deux types de sens chez l’être humain : des sens extérieurs et des sens intérieurs, que nous allons décortiquer par la suite en se basant sur une étude faite sur la perception en architecture2

Figure 59 : Stimulation/Perception, schéma personnel 1 2

Définition 1er, extrait du Dictionnaire la Toupie BOUHADDIOUI Assala, La perception sensorielle en architecture, Thése de l'université ENSAN, 2016

53


1.LES SENS : SUJET STIMULÉ

a. LES SENS EXTÈRIEURS Il s’agit des cinq sens représentant la base des connaissances humaines.

La vue

1

La perception visuelle prédomine l’expérience sensorielle de l’espace. En effet, la première impression que l’homme porte sur un espace est liée aux informations observées visuellement. Ces derniers dépendent des dimensions de l’espace, des matériaux de construction utilisés et des ambiances lumineuses. Par ailleurs l’organisation de ces paramètres permet une meilleure assimilation de l’espace. Ainsi, à travers la vision l’homme tente de créer une image figée du moment et de l’idée de l’espace.

L’ouïe

3

L’odorat

4 c’est « le mode sensoriel qui intègre notre expérience du monde dans celle de nous-mêmes »1 , en effet

le toucher ce sens renvoie l’être à sa présence spatiale en le mettant en contact 2 direct avec ce qui l’entoure. Ainsi l’homme se rend compte de la résistance, de la forme et de la texture des matériaux de construction et des objets présents dans l’espace.

BUSMEY Lisa, Saisir - De l'espace à la poignée de porte, une approche tactile de l'architecture, Thése de l'université de strasbourg 2018, P 41 1

54

Il s’agit de la représentation d’une perception discontinue et fragmentaire. En architecture c’est le symbole de communication entre l’homme et l’espace puisqu’il l’informe par les ondes sonores de la position d’un corps sonore. Par ailleurs, différentes sensations se présentent telles que l’harmonie (confort sonore), le malaise (bruit) et le silence. Lors de la conception ces dernières jouent le rôle d’un signifiant, d’un comportement et même d’un code culturel.

C’est un sens puissant et difficile à représenter, il attribue une ambiance spécifique à chaque espace aidant l’homme à reconnaitre ce qui l’entoure à travers les propriétés odorantes des matériaux de construction utilisés.

Diffèrent des autres sens, il n’est pas associé à un organe spécifique. Au contraire, contrôlé Le par la pensée, il représente l’exmouvement périence première de l’existence humaine du fait qu’il indique son 5 déplacement et le changement de sa position. Ce dernier intervient dans la perception des dimensions de l’espace et de son organisation.


b. LES SENS INTERIEURS

Il s’agit des sens personnels ( subjective ) qui dépendent du vécu et des expériences antérieurs de chaque individus. Ils sont source de toutes ses impressions et ses états d’âme.

C’est un ensemble de connaissances, de croyances et de pratiques acquises par l’individu au La culture sein de la société. C’est une notion propre à l’être et qui se re1 flète à travers sa façon d’agir et de penser. D’ailleurs chacun a sa propre compréhension de l’espace qui est rattachée à sa culture. C'est une perception créée par l’esprit humain qui puise dans les expériences vécues L’imagination afin de construire une nouvelle représentation semblable aux 3 expériences antérieurs. En d’autres termes l’imagination mobilise les souvenirs du sujet et convertit ce qui est acquis en visible, ce dernier interprète puis retranscrit ce qu’il expérimente en passant d’un ressenti émotionnel à une interprétation influencée par la pensée. Ainsi, l’expérience architecturale fut rationnalisée passant d’une sensation (élément intangible) à une signification (élément tangible).

C’est un sens interne formée par les impressions retenues à partir des expériences sensorielles que l’homme La subit quotidiennement. Elle est mémoire composée d’un ensemble d’idée et de souvenirs ayant marqué ce dernier. Il 2 s’agit donc d’une interface de référence entre les expériences personnelles, les émotions et la personnalité de l’individus. D’ailleurs, ce dernier face à un nouveau espace essaye toujours d’identifier une nouvelle sensation en la rapprochant à une sensation passée suivant un processus d’analyse dans sa mémoire et un autre de comparaison. En effet l’homme face à une sensation étrange, il l’analyse cherchant un rapport antérieur qui lie cette sensation à l’organisme humain (les autres sens). Par exemple, en écoutant un son, cela peut nous renvoyer à une image ou une odeur présente dans notre bagage personnel et c’est ainsi que mémoire et sens sont directement sollicités dans l’expérience sensorielle de l’espace.

55


2.LES AGENTS DE STIMULATION : OBJET STIMULANT

L’expérience architecturale met en œuvre un ensemble de paramètres physiques formant une matérialité, cette dernière représente la source évocatrice des sensations et du ressenti de l’être humain par le fait qu’elle stimule ses sens. En effet, ces paramètres se proposent en différents dispositifs architecturaux dont chacun a ses propriétés et ses aspects :

La lumière Un paramètre impalpable mais manipulable, qui provoque une modification dans la perception de l’espace. Il agit toujours avec d’autres paramètres tels que les matériaux et les Phénomènes colorés Figure 60 : Casa Galvez/Baragan, volumes. source : Archdaily

Le volume Un paramètre physique agissant sur la perception à travers une manipulation selon l’échelle, les dimensions, le rapport plein/vide …

Dimension/Echelle

Rapport Plein/Vide

Figure 64 : Musée Yad vashem/Safadi architects source : Archdaily

Figure 65 : Plan des Thermes de vals/Zumthor source : Archdaily

Les matériaux Un paramètre physique qui génère différents modes de perception selon sa mise en scène (agencement, texture, mise en œuvre …)

Texture

Figure 67 : Matériaux du musée Kolumba/Zumthor source : pinterest

56


Type d’ouverture

Figure 61 : Il cielo in terra/Baeza, source : site officiel de l'architecte

Lumière naturelle

Lumière artificielle

Figure 62 : Optical Glass House/Nakamura-Nap, Figure 63 : Thermes de vals/Zumthor, source : Archdaily source : Archdaily

Rapport Intérieur/Exterieur Figure 66 : jardin intérieur source : pinterest

L’agencement Figure 68 : Façade du musée Kolumba/Zumthor source : pinterest

Lors de l’expérience architecturale, toutes les différentes qualités spatiales sont mises en scène afin de former un tout abouti. En effet il ne s’agit pas d’une addition ou d’une superposition d’images (visuelles/ tactiles/olfactives), mais de tout un mécanisme permettant d’aboutir à une image d’ensemble qui sera vécue, interprétée par l’homme lors de son expérience im-matérielle de l’espace.

La mise en oeuvre Figure 69 : Chantier du musée Kolumba/Zumthor source : Archdaily

57


Comment ces paramétres agissent ensemble ? Par exemple, pour atteindre les qualités de base d’un matériau, on a besoin de la lumière comme moyen de perception parce que sans lumière on ne peut pas capter l’image des surfaces et sans surfaces la lumière n’a pas de sens. Ainsi lumière et matériau se complètent dans le sens où ils créent la matérialité d’une ambiance spécifique. Prenons l’exemple des Thermes de vals de Peter Zumthor. En effet l’architecte tiens à révéler la pierre de gneiss sous tout ses aspects en la mettant en corrélation avec la lumière. Cette ligne de lumière attribue à la matière un aspect léger et souple, elle la dématérialise par sa force directrice créant ainsi des effets de contre jours. Enfin lumière et matière se complètent : la lumière révèle l’essence de la matière et en même temps cette dernière matérialise son aspect immatériel.

Figure 70 : Lumiére zenithales des Thermes de vals/Zumthor schéma personnel ( source du plan : Archdaily)

À travers sa conception zumthor adopta une surface de lignes droites en pierre de Gneiss (matériau local). L’alliance de la pierre et de la lumière était mise en place par des interstices engendrant une lumière zénithale qui se fond sur les murs éveillant l’aspect «mat-mouillé» de la matière.

Figure 71 : Complémentarité de la lumière avec la pierre, source des photos : Archdaily, (interpretation personnelle)

3. SYNTHÉSE Pour conclure, les interventions (objet stimulant) se complètent les uns les autres, formant toute une matérialité qui à son tour fera appel à tout les sens au même temps. Engendrant ainsi chez l’individus des sensations cohérentes, cependant son expérience sensorielle de l’espace s’achève d’où une appréhension de l’esprit du lieu est atteinte.

58

Figure 72 : Stimulants/Stimulis, schéma personnel


3.3.3 LE MÉCANISME DE L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE

Comme on l’avait évoqué, faire l’expérience de l’espace nécessite deux acteurs, un objet stimulant et un sujet stimulé. Les deux mis en résonance suivent un processus de réflexion sensorielle afin que l’expérience soit atteinte. Selon le philosophe mentaliste Robert Hershberger 1, ce mécanisme est composé de deux étapes :

LA SENSATION : Il s’agit de l’ensemble d’informations transmit par les sens de l’être

LA PERCEPTION : C’est l’ensemble d’informations issu de l’interprétation des sensations

humain à la base des stimulations par les dispositifs architecturaux présents dans l’espace. C’est donc le résultat d’un processus instinctif et inconscient, car elle illustre une réponse physique primaire de l’ordre du reflexe. La sensation marque le début de l’expérience architecturale par ailleurs c’est un processus qui n’est ni interprété, ni organisé.

premières. Il s’agit donc d’une action de réflexion qui permet d’analyser et d’organiser les différentes données sensorielles. Ainsi la perception est influencée par plusieurs facteurs tel que la mémoire du sujet, sa culture et son imagination. Or ces derniers sont différent d’un individu à un autre, ce qui fait donc de la perception, un processus subjectif doté d’un caractère unique.

STIMULATION

SENSATION

PERCEPTION

Impressions Concepts Percepts Idées

Interpretations Evaluations Selection Effets

OBJECTIVE

SUBJECTIVE

RÉACTION EMOTION

Figure 73 : Le mecanisme de l'expérience architecturale, interpretation personnel 1

HERSHBERGER Robert, Architecture and meaning, journal of aesthetic education, october 1970, p 37 - 55

59


3.4 CONCLUSION « On n’expérimente pas une œuvre d’architecture comme on voit une collection de tableaux isolés, mais dans la totalité de sa présence matérielle et spirituelle ».1 En effet, l’expérience architecturale engage un grand éventail de paramètres matériels et immatériels. Le jeu de dimensions et d’échelles, les profondeurs, le rapport plein/vide et intérieur/extérieur, l’ombre et la lumière, le jeu de textures et d’agencements des matériaux de construction … sont tous des éléments présents dans l’espace architectural qui rentrent en dialogue avec le corps humain. Ce dernier les appréhende par le biais de ses sens et arrive à construire une image d’ensemble du lieu, lui permettant ainsi d’en saisir l’esprit. Enfin, pour redonner à un lieu son esprit perdu, on peut conclure qu’en tant qu’architecte, notre rôle est de mettre en scène l’Im-matérialité de ce lieu au sein d’une expérience architecturale qui engagerait le visiteur dans une immersion totale de l’espace. Afin d’entamer notre réflexion sur l’expérience architecturale, nous vison dans le chapitre suivant d’appréhender cette dernière à travers l'expérience de l’architecte Peter Zumthor.

JUHANI Pallasma, Le regard des sens, Editions du Linteau, paris 2010, P50. cité par THIMONIER Clémence et François-xavier del valle, Concevoir une architecture, phénoménologie de la perception spatiale, Thése EPFL, 2019, P 55 1

60


Figure 74 : L'expérience architecturale dans son im-matérialité, schéma personnel

61


CHAPITRE

04

L'ESSENCE DE L'EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE AU REGARD DE ZUMTHOR 4.1 INTRODUCTION « lorsque je travaille sur un projet, je me laisse guider par les images et les atmosphères qui me reviennent en mémoire et que je peux associer à l’architecture que je recherche » 1. Peter Zumthor est parmi les architectes qui accordent une grande importance à l’impact de son intervention sur le contexte en étudiant le rapport entre l’homme et son lieu . En effet, à travers ses conceptions l’architecte cherche toujours à établir une atmosphère et à étudier l’influence de cette dernière sur l’utilisateur de l’espace. Ainsi dans chacune de ses constructions, il élabore toute une expérience architecturale pour le visiteur qui vise à fixer la perception de ce dernier en mettant à sa disposition toute une matérialité de l’espace à concevoir . Cette dernière est constituée d’un ensemble de dispositifs architecturaux ( lumière, matériaux, volume … ) destiné à provoquer des sensations qui touchent le visiteur .

1

62

ZUMTHOR Peter, op.cit, p 26

C'est dans ce sens qu' à travers ce chapitrenous cherchons à mieux appréhender l'expérience architecturale au regard de Zumthor. Ce dernier la développe en neuf point que nous allons illustrer par des exemples, ainsi qu'une mise en relation avec ce qui précéde.


4.2 LE CORPS DE L’ARCHITECTURE « … Corporellement, comme une masse, une membrane, une matière, une enveloppe […] Le corps, pas l’idée du corps, le corps luimême ! Qui peut me toucher » 2 Le corps de l’architecture se réfère à la masse du bâtiment qui à son tour englobe ses différentes composantes telle que son enveloppe extérieure, son échelle, sa position dans l’environnement où il se trouve et son organisation spatiale. BENETTON DAYCARE CENTER - BAEZA

Figure 77 : le noyau du batiment source : site officiel de l'architecte

Il s’agit d’un monolithe circulaire blanc situé au milieu d’un champ vert. L’enveloppe extérieure attribue au bâtiment l’aspect d’une masse pleine assez marquante qui domine tout ce qui l’entoure.

Figure 76 : organisation spatiale source : site officiel de l'architecte

Figure 78: les cours à ciel ouvert source : site officiel de l'architecte 1

Figure 75 : Aspect extérieur source : site officiel de l'architecte

ZUMTHOR Peter, Atmosphères, Editions Birkhauser Libri 2008, p 22

Au sein de cette boite blanche s’inscrit un carré en double hauteur représentant le noyau du projet. Autour de ce dernier s’organisent quatre rectangles renfermant les espaces fonctionnels. Cette organisation spatiale permet de créer quatre cours à ciel ouvert donnant à l’ensemble du bâtiment un aspect léger et accueillant.

63


100 WALL CHURCH - CAZA L’enveloppe extérieure est constituée de 100 murs monolithiques alignés dans la même direction.

Figure 79: organisation spatiale source : Archdaily

Figure 80: le coté transparent du batiment source : Archdaily

Cette structure permet de percevoir le bâtiment selon des angles de vue différents : d’un côté il est opaque et d’un autre il est transparent. Ce jeu de parois donne au bâtiment un aspect mystérieux qui éveille la curiosité du visiteur et l’incite à le découvrir. Figure 81: le coté opaque du batiment source : Archdaily

64


Tout autour du hall principal de l’église, s’organise une série de passages et d’entrées qui est créé suite au jeu de parois d’hauteurs et de largeurs différentes. Ainsi, de multiples itinéraires se créent accentuant une expérience d’anticipation chez le visiteur en l’invitant à flâner dans les jardins et les Figure 82: les différents passage créés par le jeu de parois source : Archdaily

petits coins du lieu jusqu’à ce qu’il arrive à trouver la pièce principale.

A travers ce corps, les concepteurs cherchent à renforcer l’expérience de la recherche et à créer une nouvelle version du sacré architectural, celle qui résiste à l’iconographie.

“ Une multitude de portes et de passages nous rappellent qu’il y a autant de chemins que de vies et qu’un espace sacré doit aujourd’hui tirer un sens de son insondabilité”1

1

Figure 83: la piéce principale du batiment source : Archdaily

Archdaily, 100 walls church/ Caza, https://www.archdaily.com/480464/100-walls-church-caza

65


4.3 L’HARMONIE DES MATÉRIAUX « Chaque point de contact chaque point d’assemblage, chaque joint est là pour servir l’idée de l’ensemble et renforcer la présence tranquille de l’œuvre »1 Dans ce contexte le bâtiment est perçu comme un objet concret nait selon une harmonie des matériaux qui le composent. En effet chaque matériau constitue une présence particulière qui dépend des différents paramètres de ce dernier tel que le traitement de sa texture, sa mise en œuvre, son agencement et la relation qu’il entretient avec la lumière. Ainsi, la manipulation de ces paramètres permet de créer différents modes de perception du matériau qui renvoient à l’atmosphère recherchée par l’architecte. KOLUMBA MUSEUM - PETER ZUMTHOR

Figure 84 : L'agencement des différents types de briques sur la façade du batiment, source : Archdaily

Le choix d’utiliser la brique comme matériau principal revient à la symbolique que cette dernière reflète : la culture constructive de la région ainsi plusieurs paramètres entrent en jeu : le type d’agencement, le traitement, la mise en œuvre . Agencement plein : Il s’agit d’une maçonnerie opaque et pleine donnant au bâtiment un aspect monolithique rappelant la tradition ancienne du site Figure 85 : Détail d'agencement plein, source : Archdaily

66


Figure 86: Détail d'agencement filtre, source : Archdaily

Agencement filtre : Il s’agit d’une maçonnerie en double épaisseur constitué par des espacements entre les briques. Cet agencement permet l’infiltration de la lumière et une ventilation naturelle à l’intérieur du musée lui donnant un aspect léger et sensuel.

Figure 87: L'effet de l'agencement de la brique sur l'intérieur du musée, source : Archdaily

Le soin porté à la manipulation de la brique dégage une dualité entre la vérité sensorielle et constructive d’où la matérialisation de la tectonique (concept clé de la construction). « …il ne voulait pas construire qu’une fois en brique mais exploiter au maximum tous les potentiels du matériau »2 Figure 88: L'agencement avec l'existant, source : Archdaily

1 2

ZUMTHOR Peter, penser l'architecture, op.cit, p 15 Kaltenbach, 2009. Cité par BERTIN Alice, Peter Zumthor, du lieu à la réalité matérielle, Thése de l'ENSA Nantes 2015, p 54

67


4.4 LE SON DE L’ESPACE « Chaque espace fonctionne comme un grand instrument, il rassemble les sons, les amplifie, les retransmet. Ce processus dépend de la forme et de la surface des matériaux et de la manière dont ils sont fixés »1 Dans ce contexte, le bâtiment est considéré comme un corps sonore qui produit différents types de sons selon plusieurs paramètres tel que la nature des matériaux et leur agencement, les différents mouvements des utilisateurs de l’espace, les objets qui l’aménagent.

Figure 90: L'aspect pérmeable des façades, source : Archdaily

PAVILLON SWISS SOUND - ZUMTHOR Le pavillon fait référence à une caisse de résonnance. En effet il s’agit d’une série de murs en bois qui suit une logique de labyrinthe perméable et ouvert sur tous les côtés. Cette boite en bois poreuse diffuse plusieurs sons dans tous les sens d’où une multitude d’ambiances dans chaque coin du bâtiment. Espace de Performance Espace de gastronomie circulation Figure 89: Organisation spatiale, source : Archdaily

68


Le type d’agencement et les propriétés acoustiques du bois permettent au bâtiment de générer sa propre musique à travers des modulations qui font vibrer tout le corps sonore.

Figure 92: Acoustique des parois, source : Archdaily

Figure 91: Agencement du bois, source : Archdaily

Figure 93: Espace de performence, source : Archdaily

Figure 94: Espace gastronomique, source : Archdaily

Figure 95: la circulation, source : Archdaily

Chaque évènement dégage un son particulier tels que le craquement du bois, le sifflement du vent, les voix des visiteurs et leur mouvements, le son de la gastronomie (tintement des verres, des pièces de monnaie, des assiettes…). L’ensemble s’associe aux compositions des musiciens engendrant une modulation continue du son tout au long de la journée.

1

ZUMTHOR Peter, Atmosphères, op.cit, p28

69


4.5 LA TEMPÉRATURE DE L’ESPACE « … Cela veut dire que cette température est physique et probablement psychique. Ce que je vois, ce que je sens, ce que je touche, ce avec quoi mes pieds entrent en contact » 1 Il s’agit de tempérer l’espace afin d’atteindre le confort thermique cherché. Ceci est obtenu par le choix des matériaux ayant les propriétés thermiques les plus adéquates au fonctionnement de l’espace ainsi bien que le type d’assemblage choisit.

LES THERMES DE VALS - ZUMTHOR

Figure 96: manipulation de la température selon la fonction de l'espace, source : Archdaily

Zumthor contrôle la température de chaque espace selon sa fonction (bain turque, bain feu, bain extérieur …) et l’ambiance qu’il cherche à projeter.

4.6 LES OBJETS QUI M’ENTOURENT «Cette idée que des objets auxquels je pense prendront place dans un bâtiment me permet d’entrevoir l’avenir de mes bâtiments qui aura lieu sans moi»2 Les objets sont les témoins de l’existence de l’homme, constituant son vécu. Ainsi en analysant la relation que l’utilisateur de l’espace entretient avec les objets qui l’entourent, l’architecte pourra prévoir comment le bâtiment sera vécu. YAD VASHEM - MOSHE SAFDIE

Ici les objets sont considérés en tant que paramètres déterminants du parcours chorégraphié à travers les différents espaces du musée.

Figure 99 : Parcours du visiteur, source : Archdaily 1 2

70

Ibid p 34 Ibid p 38


Figure 97: Les bains extérieurs, source : Archdaily

Figure 98: Les bains intérieurs, source : Archdaily

La manipulation de la température touche à la fois le physique et le psychique du visiteur. Par exemple la température des bains extérieurs agit avec l’aspect mat de la pierre grise provoquant une sensation de fraicheur chez le visiteur.

Figure 101: Exposition dirigeante, source : Archdaily

Les tranchées creusée dans le sol ne sont pas juste des expositions mais des éléments qui dirigent les visiteurs Figure 100: Exposition/limite, source : Archdaily

d’une galerie à une autre. L'architecte dicte les mouvements du visiteur à travers ces objets

71


4.7 ENTRE SÉRÉNITÉ ET SÉDUCTION Dans ce contexte, un bâtiment se définit comme « un espace temporel », une mise en scène des notions de l’espace et du temps par l’architecture. En effet, il s’agit d’organiser le déplacement du visiteur à travers l’élaboration d’une succession de séquences qui le séduisent et éveillent sa curiosité afin de lui faire découvrir l’œuvre telle qu’elle était conçue par l’architecte. Figure 102: La casbah sous un nouvel aspect, source : Archdaily

LA MURALLA ROJA - RICARDO BOFILL

La muralla Roja fait référence à l’architecture arabe méditerranéenne. À travers une scénographie le visiteur est face à une immersion complète dans la tradition méditerranéenne de la casbah.

4.8 LA TENSION ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR

«… seuils, passages, petite ouverture pour se faufiler, transition imperceptible entre intérieur et extérieur, une incroyable sensation du lieu, de la concentration »2 Dans ce contexte, le bâtiment illustre la relation existante entre son intérieur et ce qui l’entoure (l’environnement extérieur). En fait, il s’agit d’une sorte de limite entre intérieure et extérieure qui peut être représentée selon différents aspects tels qu’un seuil, un passage ou une ouverture. C’est la transition entre deux mondes différents. PAVILLON DE BARCELONE MIES VAN DER ROHE

1 2

72

Ibid p 42 Ibid p 44

Figure 104 : la limite horizontale, source : Archdaily


En parcourant le bâtiment, chaque espace représente un moment de réflexion précis. En fait, il s’agit d’une mise en scène orchestrée de plusieurs dispositifs architectoniques tels que les couleurs, les escaliers, les volumes des terrasses, les percements, l’eau, les matériaux … Ces derniers sont rythmés par l’ombre et la lumière. Ainsi l’ensemble produit une sorte de « flânerie libre» qui dirige le visiteur et le séduit à la fois. « Je suis là, mais déjà plus loin, à l’angle, quelque chose m’attire déjà, une lumière qui tombe, et alors je poursuis ma flânerie. » 1 Figure 103: les différentes séquences du parcours, source : Archdaily

Figure 105 : la limite verticale, source : Archdaily

Dans le pavillon, la tension intérieure/extérieure est illustrée par différents dispositifs architectoniques tels que le débordement de la toiture et du plancher, les parois verticales transparentes et translucides, les plans d’eau … . L’ensemble de ces dispositifs permettent une lecture continue et fluide de l’espace ainsi bien qu’une distinction entre l’extérieur et l’intérieur.

73


4.9 LES PALIERS D’INTIMITÉ «… Cela touche différents aspects, la taille, la dimension, l’échelle, la masse de la construction par rapport à moi » 1 En concevant un bâtiment, l’architecte concrétise la relation de ce dernier avec l’homme en comparant la construction au corps humain. En fait le concepteur se questionne sur plusieurs paramètres la taille, l’échelle, la dimension, l’épaisseur, la proximité, la distance, les proportions… . Tous ces paramètres déterminent le rapport que l’homme entretient avec l’espace.

MAISON-ATELIER - LUIS BARRAGÁN

Figure 106 : l'intimité dans la bibliothéque, source : Archdaily

4.10 LA LUMIÉRE DES CHOSES « … La lumière sur les choses me touche parfois tellement que je crois y sentir quelque chose de spirituel »2 Dans ce contexte, le bâtiment est considéré comme une masse d’ombre que l’architecte sculpte et évide au fur et à mesure pour y pénétrer la lumière naturelle tout en tenant compte du choix des matériaux, de leur agencement, de la nature des espaces … afin de créer l’atmosphère cherchée. Figure 108 : Representer le sacré par la lumiére, source : Archdaily

BRUDER KLAUS FIELD CHAPEL - ZUMTHOR

1 2

74

Ibid p 48 Ibid p 60

Une mise en œuvre de l’intériorité de l’espace par une lumière zénithale, ce qui crée un effet de ruissellement des rayons lumineux sur les parois de la chapelle.


Barragan considère l’intériorité et l’intimité comme essence de la vie domestique. Ainsi il proportionne ses espaces selon leurs fonctions En effet, en réduisant les à travers une réflexion sur la proportions de l’escalier et de taille, les valeurs, les couleurs, les la porte menant le visiteur de la différentes hauteurs. bibliothèque vers le coin lecture l’architecte souligne la présence d’une forte intimité de cet espace dédié à la lecture et à la méditation.

² L’ouverture zénithale accentue le regard du visiteur vers le ciel. En effet cette mise en scène de la lumière permet de concrétiser le rapport que ce dernier entretient avec Dieu. Ainsi il se fond dans la méditation et perd tout contact avec l’extérieur.

Figure 107 : introspection transmise par les parois, source : Archdaily

Le jeu de hauteur et d’épaisseurs employé dans les murs extérieurs avec des variations de couleurs permet une introspection du visiteur.

Par sa capacité de réagir avec les matériaux, la lumière met en valeur le savoir-faire constructif du bâtiment en faisant apparaitre le relief du béton sur lequel est imprimé le bois de coffrage.

75


4.11 CONCLUSION

Figure 109 : Fragmentation de l'expérience architecturale, schéma personnel

On peut conclure que l’Im-matérialité de l’expérience architecturale fait partie intégrante du mode de construction de Peter Zumthor. En effet, l’architecte cherche toujours à faire vivre ses bâtiments à travers le regard du visiteur par une mise en scène d’UN ENSEMBLE DE FRAGMENTS QUI S’UNISSENT DANS LA CONCRÉTISATION D’UNE ATMOSPHÈRE GÉNÉRALE DE L’ESPACE permettant de mettre le visiteur en parfaite corrélation avec le lieu. Ainsi une vague de sensations fait surface saisissant l’esprit du lieu. « Les bâtiments qui s’épanouissent par une présence particulière du lieu où ils sont, me font souvent l’impression d’être soumis à une tension interne qui nous renvoie au-delà de ce lieu, ils fondent leur lieu concret en donnant témoignage du monde. »1 Peter Zumthor 1

76

ZUMTHOR Peter, penser l'architecture, op.cit, p 27


CONCLUSION

02

Figure 110 : Appréhender l'esprit du lieu au moyen de l'expérience architecturale, schéma personnel

A travers les chapitres précédents on est arrivé à formuler comment on peut saisir l’esprit du lieu à la fois dans sa matérialité physique et son immatérialité symbolique et spirituelle. On a d’abord besoin de relever les éléments matériels et immatériels qui la composent, les interpréter sous la dimension des trois concepts de mémoire, orientation et identification. Ensuite de saisir l’ensemble au sein d’une expérience architecturale, ou le sujet et l’objet, l’homme et le lieu sont en parfaite cohésion. C’est dans ce sens qu’on va prendre un cas d’étude des villages berbères comme cadre existant en cherchant d’abord à saisir l’esprit du lieu perdu, puis proposer une réflexion conceptuelle qui se basera sur l’expérience im-matérielle.

77


Figure 111: Zriba el olya, photo, Beya Dhouib

78


PARTIE

03

«… parce que ce lieu était lié à une perte d’identité. Pour moi, ce lieu contenait le germe d’un projet » 1 . Aldo Rossi

INTRODUCTION Comme nous l’avons vu dans les deux parties précédentes, retrouver l’esprit d’un lieu c’est l’appréhender dans ses dimensions matérielles et immatérielles par le biais d’une expérience architecturale dans une perspective de mettre l’homme en parfaite corrélation avec ce qui l’entoure. Il s’agit d’une architecture révélatrice qui prend l’essence d’un lieu du passé pour en recréer un nouveau lieu rattaché aux temps présents. En effet l’héritage berbère compte parmi ces lieux du passé ayant perdu leur esprit suite aux circonstances des temps modernes. C’est ainsi que dans un contexte local, les villages berbères en Tunisie présentent le modèle parfait pour notre réflexion sur l’esprit du lieu. En vue d’une perspective d’application, on a choisi le village berbère de zriba el olya comme support de réflexion à étudier. On tente alors dans un premier chapitre de porter une étude analytique sur le site de zriba el olya basée sur l’approche de Schulz et dans un deuxième chapitre de proposer une nouvelle lecture qui mettra à jour son esprit du lieu.

ROSSI Aldo, Autobiographie scientifique, Éditions parenthéses, paris, 2010, cité par LAURE HUMBERT, La mémoire des architectes, Thése de l’université de Nancy, 2017, P 50 1

79


CHAPITRE

05

LES VILLAGES BERBÈRES, UN MODÈLE DE RÉFLEXION 5.1 INTRODUCTION Notre réflexion d’étude porte sur la manière avec laquelle l’homme s’adapte et cohabite avec son espace. Puisque c’est sur la base de ce rapport qu’entretient l’homme avec son environnement physique qu’en découle la logique de la conception des maisons des cultures berbères. Et c’est à travers cette relation primitive de l’homme avec son espace que nous entamerons ce chapitre. L’architecture berbère représente un cadre d’étude riche, car elle interprète un geste sincère et fidèle aux besoins authentiques de l’homme. C’est dans ce cadre-là qu’on chemine la logique analytique établie tout au long de ce mémoire. Car en effet cette culture a fortement marqué l’histoire du grand Maghreb et de la Tunisie. Et représente un cas d’étude et une référence à plusieurs concepteurs grâce à sa connotation primaire. En effet cette dernière relate la manière dont son peuple vit et malgré la diversité dont elle fait preuve, dépendamment de l’endroit qui l’abrite, elle révèle à chaque fois une identité. Celle d’une conception de la vie primaire et prioritaire. Il s’agit de l’utilité primordiale qualifiée différemment par les peuples berbères.

80


5.2 LES VILLAGES BERBÈRES EN TUNISIE 5.2.1 GÉNÉRALITÉS À l’ère de l’antiquité est apparue la culture berbère identitaire de l’Afrique du nord et qui est composée de peuple autochtone. À raison de survie, ce peuple a cherché un refuge. C’est ce qui justifie en général le choix du site, qui doit être à caractère défensif et à l’abri du danger. Toujours en hauteur, visant un accès difficile, et se camoufler pour éviter les massacres de l’époque. Et c’est ainsi que d’un instinct primaire, celui de survie est née toute une culture.

Figure 112: l’instinct de survie, schéma personnel

Le choix des sites des berbères se divise en deux types. Une partie a choisi de s’installer au sud, dans le désert du pays, d’autre ont choisi de s’implanter en élévation, sur les crêtes des montagnes.

Figure 113 : Choix d’implantation, schéma personnel

Suite à une multitude de facteurs naturels (nature du sol, relief, climat…), historiques et sociologiques, différents modes d’appropriation du lieu ont été observés marquant l’identité de plusieurs peuples berbères à travers le temps, comme ces exemples peuvent en témoigner.

Maison des oasis du Djérid : Un aménagement approprié aux activités de tous les jours (séchage des dattes).

Matmata : Des grottes souterraines taillées dans le relief.

Les jardins du sahel : un aspect infranchissable.

Kessra : un refuge dans les montagnes. Figure 114 : Quelques mode d’appropriation du lieu chez les berbéres source : Photos, Claude et Jean Perron, Maison tunisiennes, habitat rural + intervention personnelle

81


5.2.2 REPÉRAGE DES VILLAGES BERBÉRES EN TUNISIE

ZRIBA EL OLYA TAKROUNA

CHAOUACH

JRADOU KESRA

SENED

TIJMA

TOUJANE

TAMEZRET

CHENINI MATMATA

DOUIRET GUERMASSA Figure 115: Repérage des villages berbères en Tunisie, schéma personnel

82


5.3 LE VILLAGE DE ZRIBA EL OLYA 5.3.1 HISTOIRE ET ORIGINE Formée depuis les conquêtes Romaines et Hilalienne au XIe siècle, zriba el olya compte parmi les villages témoins d’un héritage berbère remarquable jusqu’à nos jours. Cependant, l’origine de sa formation reste toujours un mystère. Plusieurs hypothèses étaient posées : La première est portée par William Marçais dans son ouvrage « Takrouna » où il mentionna que « 3 frères Guigua seraient arrivés du Maroc il y a très longtemps. Chacun s’établit sur un piton malaisément accessible et y fonda un village, Takrouna, Djéradou et Zriba. De leurs repères, les trois frères descendaient dans la plaine pour piller les habitants et couper la route aux voyageurs. Ayant mené longtemps cette existence blâmable mais nullement inglorieuse ils amassèrent du bien et firent souche d’honnêtes gens »1. Une autre hypothèse menée par Jean Depois dans son ouvrage « Sahel et basse steppe » raconte que suite aux invasions Hilalienne et Soleimites du XIe siècle un groupe de sédentaire ont trouvé refuge dans les montagnes d’où l’origine du fondement du village.

ZRIBA EL OLYA

JRADOU

TAKROUNA Figure 116: Le triangle des 3 villages, source : Mémoire de Ayadi nouri T84-14/4 + intervention personnelle

Toutes ces légendes racontent le besoin de se réfugier et de se protéger du danger des étrangers en développant tout un système interne favorisant la vie en communauté. Depuis les années 60 suite à plusieurs circonstances politiques et économiques le village commence à se déserter petit à petit jusqu’à ce qu’il fut abandonné par ses habitants.

POURQUOI ZRIBA EL OLYA ? Le choix du village comme modèle de réflexion est basé sur le fait que c’est un lieu chargé de sens et de mémoire touchante par son caractère modeste et intime qui s’est estompé par l’usure du temps. Ainsi Zriba el olya présente un lieu ayant perdu son esprit où il n’en reste de lui que des traces matérielles et immatérielles d’un passé inconnu. C'est à travers une analyse approfondie de zriba el olya basée sur la conception du « Genius Loci » de Schulz qu'on tente de relever les éléments matériels et immatériels composant le village. Afin de cerner son esprit perdu.

1

GROSSIN Jean, Étude d’economie villageoise, le village de Zriba-Tunisien, P 60

83


5.3.2 STRUCTURE PAYSAGÈRE DU VILLAGE 1. SITUATION GÉOGRAPHIQUE Situé au Nord-Est de la Tunisie, le village de zriba el olya est rattaché au gouvernorat de Zaghouan et se trouve à 3 km au sud de Hammem zriba et à 72 km de Tunis. Figure 117 : Situation géographique du village, schéma personnel

2. ACCESSIBILITÉ Figure 119: Traces existantes de la mine ,photo personnelle

En traversant le pont, on se trouve face à des grands talus blancs sur les côtes du chemin. Il s’agit de l’ancienne mine de fluorine abandonnée. Il n’en reste d’elle que des squelettes d’installations métalliques corrodées ainsi que des terres calcifiées à travers le temps.

Figure 118: Le pont de « oued el hammam », Photo personnelle

Pour accéder au village un passage par Hammem zriba est obligatoire, la direction est annoncée par un petit pont traversant le fleuve « Oued el Hammam » qui nous mène de la route principale au chemin vers le village. Ainsi ce passage marque la transition entre deux milieux différents mais unis.

84


Enfin très proche de notre destination, des traces d’anciennes constructions en pierre commencent à apparaitre marquant la finalité du chemin et le début d’un autre assez attendu. Cachée entre les rochers zriba el olya se dévoile à nous. On se retrouve face à un ensemble de fragments déserté, une galerie de ruines. Soudain, un sentiment à la fois serein et mélancolique s’empare de nous. Figure 120: Les paysages environnants, Photo personnelle

Sur le chemin, on est envahi par le caractère pittoresque du paysage : Des plaines agricoles fertiles d’oliviers et de pin d’Alep, des sources d’eau (Ain babouche) ainsi que quelques constructions récentes, présentant un aspect modeste, le tout éparpillé tout au long de la route. L’ensemble est surplombé par le sommet du Djebel Zaghouan. Figure 121: Le village de zriba el olya dévoilé, Photo personnelle

Figure 122: Le chemin menant au village, schéma personnel (source photo : Google earth)

ECH 1/800

85


3. IMPLANTATION

DJEBEL EL GALAA

DJEBEL EL FERSI LE VILLAGE

330m 326m

312m

Figure 123: Implantation du village, Schéma personnel (source du plan : mémoire de Ayadi Nouri t84-14/4)

86


Le village est implanté entre les deux pitons des montagnes El Galaa et El fersi, épousant le creux entre eux à une altitude de 312m. Les constructions suivent horizontalement le mouvement des courbes de niveau. Ce choix d’implantation revient suite à plusieurs raisons : naturelle, politique et économique. En effet le creux présente un microclimat favorable à l’habitation, puisqu’il assure la protection contre les vents dominants du Nord-Ouest avec une orientation Sud-Est ainsi qu’une brise de la mer de Hammamet Sud qui est à 30 km du site. En outre, surplombé par les deux montagnes et les plaines fertiles, le village est non seulement protégé des invasions de l’ennemi mais aussi profite d’une source économique importante (les terres agricoles, les sources d’eau…).

La manière dont le village de zriba épouse parfaitement le paysage naturel du site d’implantation illustre le rapport de «Figure-Fond» de Schulz étudié auparavant : Le paysage en ruine composé par des petites entités fermées liées entre eux présente la figure. Quant au paysage des montagnes et des plaines présente le fond. le paysage : un fond horizon,territoire, plaines, montagnes ... => extension ouverte et continue : pas de limite physique.

ECH 1/100

le village : une figure ouverture, fermeture, mur, pavage... => Des petites entitées fermées et variées : présence d’une limite physique.

Figure 124: Zriba, un rapport de Figure/Fond, schéma personnel

87


5.3.3 ESPRIT DU VILLAGE DE ZRIBA 1. LA MÉMOIRE DE ZRIBA En nous référant au Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4)1, nous avons retenu que les habitants de zriba el olya représentaient une sorte d’entité ethnique individualisée par sa propre culture et ses traditions. En effet suite au choix d’implantation et aux appartenances culturelles les habitants se sont totalement isolés formant une communauté fermée sur elle-même. Ainsi ils développaient un mode de vie particulier basé sur la cohésion et le partage. Le mode de vie zribien consiste en trois activités principales : se loger, interagir et produire. À travers un savoir faire constructif local émergeant des matériaux du site (pierre, chaux...).

Figure 125: Mode de vie des villageois schéma personnel

À travers une vie communautaire basée sur le rassemblement et le partage (cérémonies, chant, prière...).

L’artisanat était une activité ancestrale chez les zribiens, transmise du père au fils au fil du temps. Il s’agit de la transformation des matières premières récoltées du site en des biens de consommation (tissage de laine et poterie) et des biens de production (matériel agricole). L’ARTISANAT L’agriculture était pratiquée dans les plaines fertiles environnantes. Jardinage, oléiculture et récoltes céréalière étaient les principales activités agricoles que les villageois pratiquaient à travers les saisons, familles et voisins y participaient ensemble dans un cadre festif. L’AGRICULTURE

L’élevage des moutons et des bovins assurait l’apport alimentaire des familles en matière de viande et de lait. Ainsi que leur utilisation dans d’autres activités tel que la fabrication des vêtements et des couvertures (tissage de laine). L’ÉLEVAGE 1

88

AYADI Nouri, Potentialités locales et développement régional : Habitat et mode de vie à Zriba village, ITAAUT, 1984


2. L’ORIENTATION : ORGANISATION SPATIALE DE ZRIBA a- PARCOURS : LES VOIES ET LES DESSERTES

La circulation dans le village est dictée par la nature de la topographie du site où on remarque d’une part la présence de voiries horizontales parallèles aux courbes de niveau et d’autre part celles qui y sont perpendiculaires. Ainsi il existe deux types de circulations : Principale : il s’agit du large axe traversant le village et consisté généralement en des grandes rampes. Ceci est dû à sa nature publique puisqu’elle abritait tous les commerces et équipements du village. Secondaires : il s’agit des petites ruelles assurant la circulation à l’intérieur du village du côté des habitations privés, ce qui explique leur aspect étroit et escarpé offrant des percées et des cadrages sur le paysage naturel environnant.

VOIE PRINCIPALE

VOIES SECONDAIRES

Figure 126: Les différentes voies, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 128: personnel

Voie

secondaire,

schéma

Figure 127: Voie principale,schéma personnel

89


b- NŒUDS : LES PLACETTES La placette joue un rôle très important dans l’articulation des différents espaces du village, Puisque c’est l’endroit de croisement de toutes les voies de circulation. Par ailleurs, elle représente le lieu de rassemblement et de rencontre des villageois où on pratiquait des activités interactives telles que les réunions, les festivités, les spectacles … En nous référant à l'étude de Ayadi nouri (T84-14/4), nous constatons que les principales placettes sont El Rahba, la place du mausolée et El Fegga.

Figure 130 : Place El Fegga, Photo personnelle

EL FEGGA : où se passait les manifestations collectives (mariage).

Figure 129: Les placettes du village source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention pesonnelle

LA PLACE DU MAUSOLÉE : lieu de concentration de tous les équipements du village, elle constitue un espace de détente pour les habitants.

Figure 131: Place El Rahba, Photo personnelle

EL RAHBA : Lieu où on organisait les débats politiques et juridiques de la tribu ainsi que les fêtes de mariage. Figure 132 : Place du mausolée, Photo personnelle

90


c. POINTS REPÈRE : LES ÉQUIPEMENTS Le tissu urbain du village renferme plusieurs équipements servant de repère pour se déplacer. À travers ces espaces, on parvient à projeter la routine quotidienne des villageois : entre activités commerciales, éducatives, religieuse, festives, ou tout simplement de rencontre entre HommeHomme et Homme-Lieu. Ainsi, on est face à un grand témoignage d’un vécu chargé de culture et de sens. La mosquée, le mausolée de sidi Abdelkader et l’école primaire sont considérés parmi les points repères les plus représentatifs du village, car ils jouent un rôle très important dans la vie des villageois. Non seulement ils aident les habitants à s’orienter et à se déplacer, mais aussi, ils ont un apport sentimental important puisqu’ils marquent les différentes étapes de développement du village.

Figure 133: Les points repére du village, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

LA MOSQUÉE

LE MAUSOLÉE SIDI ABELKADER

L’ECOLE FRANÇAISE

COMMERCES

CAFÉS

DEMEURE EL GALAA

91


1- entrée 2-cour 3-5-6- salle de priére 4-salle d’abultion 7-minaret

LA MOSQUÉE

Figure 134: Plan et croquis de la mosquée, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

Marquée par son architecture modeste, la mosquée se distingue comme seul lieu de culte existant au village. Elle représente un repère à la fois matériel et immatériel, puisque c’était un espace sacré où les villageois se rassemblaient pour pratiquer leur rites et culture religieuses.

1- salle de priére 2-koutteb

Figure 135 : Plan et croquis du mausolée, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

LE MAUSOLÉE DE SIDI ABDELKADER

Construit au XVIIe siècle au cœur du village, le mausolée de sidi Abdelkader était un lieu spirituel et sacré où les enfants apprenait le coran et les hommes se rassemblaient pour pratiquer leurs rites soufis. Cette construction était marquée par son dôme blanc et vert symbole de la paix et de la bénédiction chez les villageois. 1- habitat 2-salle de classe 3-gallerie 4-toilette 5-cour 6-dépot

L’ECOLE PRIMAIRE FRANÇAISE

92

Figure 136 : Plan et coupe/façade de l’ecole, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4)+ intervention personnelle

Le dernier repère est l’école primaire qui est une construction récente par rapport aux autres, construite au pied du village par les français au début de la colonisation. Il s’agit d’un alignement de pièces identiques ouvrant sur une galerie d’arcades qui donne sur une grande cour où les élèves jouaient.


d- LIMITE ET DISTRICT : EVOLUTION DU TISSU URBAIN DU VILLAGE

Place El Rahba la mosquée

Figure 137: Plan du noyau ancien, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

Au début les villageois se sont implantés dans la zone la plus accidentée du site d’où la naissance du noyau ancien comme centre du village. 3 éléments étaient la base de cette densification urbaine :

•La demeure El Galaa au sommet de Demeure la montagne (el Galaa) surplombant El Galaa l’ensemble du noyau. Noyau ancien •La mosquée. •La place El Rahba étant un lieu de l’accée au village convergence de tous les habitants.

Suite à la construction du mausolée, le tissu du village s’est développé vers l’Est sur un terrain moins accidenté à la place et le moyenne pente d’où la naissance de la mausolée de sidi 1ére extension. abdelkader 1ére extension On remarque le prolongement de l’axe principal d’où le changement du centre Axe principal du village d’El Rahba vers la place du crée mausolée. Figure 138 : Plan de la 1ére extension, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

Place El Fegga

Après la construction de l’école primaire, on remarque l’apparition de plusieurs parcelles éparpillées au pied du village sur le côté ouest. Il s’agit donc de la 2éme extension du tissu.

Le choix de s’implanter en dehors du village est dû au développement des 2éme extension relations commerciales à l’extérieur suite à la colonisation et à la construction Route agricole de la mine de fluorine.

l’ecole primaire

Figure 139 : Plan de la 2éme extension, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

93


3. IDENTIFICATION : LA MAISON ZRIBIENNE UN ÉLÉMENT IDENTITAIRE DU VILLAGE a- L’ARRIVÉE :

La maison zribienne se propose suivant, plusieurs typologies, mais ayant toutes le même principe d’organisation spatiale consistant à : Commencer par construire la 1ére pièce suivant la meilleure orientation, vers le sud, ensuite toutes les autres pièces s’agencent autour de la cour d’où la création d’une entité qui est fermée de l’extérieur mais ouverte sur l’intérieur. Ainsi cette cour constitue le centre de distribution de la maison accueillant les activités de tous les membres de la famille. Ce que nous retenons, est que cette organisation permet de préserver le caractère intime de la maison.

Selon leur mode de vie rural, la maison d’un villageois à zriba est divisée en deux compartiments : • Un espace habitable formé par les chambres des membres de la famille et qui est généralement accessible par une chicane. • Un espace non habitable donnant sur la rue est réservé pour le bétail et le matériel agricole. Ainsi nous avons soulevé que l’agencement de ces espaces est déterminé selon le type d’implantation sur le site .

Implantation sur un terrain plat

Figure 141: Intégraration à un terrain plat, Photo personnelle

Implantation sur un terrain à faible pente

Figure 142: Intégraration à faible pente, Photo personnelle

Implantation sur un terrain accidenté

Figure 143: Intégraration accidentée, Photo personnelle

94


ETAPE 1

SUD

COUR

ETAPE 2

COUR

COUR

COUR

Figure 140 : organisation spatiale de l’entité zribienne, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

• Dans le cas d’une implantation sur un terrain plat : une juxtaposition des espaces habitables et non habitables, séparés uniquement séparation par la cour par la cour et ayant chacun son juxtaposition des deux types propre accès depuis la rue. d’espace. • Dans le cas d’une implantation sur un terrain à faible pente : une juxtaposition de deux cours, une 1ére pour les chambres et une 2éme pour l’étable et qui communiquent avec une séparation par une différence différence de niveau entre les de niveau entre les deux cours deux .Ainsi deux accès sont créés, un par la rue et l’autre par la cour de l’étable.

Figure 144 : Plan et coupe schématique illustrant la juxtaposition des 2 espaces source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

Figure 145 : Plan et coupe schématique illustrant la juxtaposition des deux cours , source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

• Dans le cas d’une implantation sur un terrain accidenté (logements du noyau ancien) les habitants font recours à une superposition des espaces habitables et non séparation par superposition habitables et l’accès se fait par la des deux types espaces. rue. ESPACES HABITABLES Figure 146 : Plan et coupe schématique illustrant la superposition source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4)+ intervention personnelle

COUR

ESPACES NON HABITABLES

95


b.LE SEUIL :

3. LES MARCHES Enfin étant l’espace le plus intime de la maison, la chambre est marquée par une différence de niveau de quelques marches. Ayant un traitement diffèrent de celui du patio afin de signaler la limite entre le semi-privé et le privé.

2. LE PATIO Après la chicane, le patio est le 2éme seuil qu’on dépasse. Il s’agit de l’espace central de la maison autour duquel sont regroupées les différentes pièces. Ainsi cet espace semi-privé joue le rôle d’un lieu de rencontre et de rassemblement intime.

SEMI PRIVÉ

PUBLIQUE

PRIVÉ

LA CHICANE LA CHAMBRE LA RUE

LE PATIO

LES MARCHES

Figure 149 : Les marches comme derniére limite, schéma personnel

un traitement au sol différents de celui des autres pièces marquant la limite de l’espace.

Accés depuis la chicane

Figure 148 : Le patio comme espace de transition entre le publique et le privé, schéma pesonnel

1. LA CHICANE Le 1er seuil est la chicane, il s’agit d’un espace de transition entre l’extérieur de la maison et son intérieur, servant de limite visuelle pour préserver l’intimité des propriétaires. Ainsi ce dispositif d’entrée représente un filtre de flux abritant l’espace de réception des invités et parfois l’accès à l’étable pour éviter que les animaux rentrent au patio.

On distingue plusieurs typologies de chicane selon les contraintes de construction et d’implantation (le site) mais qui ont toutes en commun la même logique de fonctionnement. EXT

EXT EXT INT

INT EXT

INT

EXT

INT

EXT INT INT

Figure 147 : Schématisation en plan des différentes typologie de la chicane, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention pesonnelle

96


c. LA RENCONTRE:

La maison zribienne est considérée comme témoin de la relation que l’homme entretient avec son lieu. En effet, on peut observer une parfaite intégration de la construction dans son environnement rocheux basé sur une exploitation des ressources naturelles du site. Ainsi matérialité locale et techniques de construction se manifestent pour créer la demeure zribienne, un reflet de l’identité des villageois de zriba. Pierre, bois, chaux, gypse … sont tous des matériaux extraits du site par les villageois et manipulés soigneusement dans la construction du village. . LES MURS : La pierre extraite des montagnes rocheuses était utilisée dans la construction des murs à travers un système d’appareillage solide permettant d’éviter les coups de sabre. Il s’agit d’intercaler des lits de pierres plates entre deux rangers de pierres brutes, l’ensemble est consolidé par des liants de chaux et de gypse issus des pierres ramassées de oued hammam.

LIANT PIERRE PLATE PIERRE

TOITURE EN VOUTE SIMPLE

TRONC DE BOIS Figure 150: Exemple d’un appareillage de murs, schéma pesonnel

. LES TOITURES : La manipulation de la pierre a engendré plusieurs types de construction de la toiture. Principalement en trouve la toiture en vôute simple composée de pierres de ramassage et de briques creuses ainsi que la toiture plate constituant une dalle de pierre supportée par un système de poutrelles de troncs d’arbre.

ENDUIT BLEU «NILA» LIANT ET PIERRE DE RAMASSAGE BRIQUE CREUSE

TOITURE PLATE Figure 151: Types de toiture, schéma pesonnel

97


LES OUVERTURES : À travers la manipulation de l’agencement des pierres et suivant la variation de leurs tailles, nous distinguons les deux types d’ouverture : en arcs et en linteau

TRONC DE BOIS

Figure 152 : Exemple d’appareillage des ouvertures, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

Figure 153 : Exemple des différents traitements des ouvertures, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

LE TRAITEMENT : Le traitement des ouvertures constitue un cadrage en pierre taillée et des motifs gravés sur le linteau marquant la symbolique de la porte, un passage vers une atmosphère différente. Figure 154: Traitement par motifs décoratifs, Photo personnelle

98


d. SÉJOUR ET RÉUNION : LA PIÈCE DE LA MAISON

La chambre se présente sous une forme rectangulaire composée de 3 espaces : • Une partie centrale marquée par la croisée des deux voutes et par une niche de rangement en face de l’entrée, il s’agit d’un espace polyvalent où on les membres de la famille peuvent se détendre. • Une 2éme partie sur le côté constituant la dokena et la sedda, est dédiée au repos.

ESPACE DORTOIR

•D’un autre côté, on retrouve l’espace d’approvisionnement sous forme de grenier souterrain.

ESPACE POLYVALENT

GRENIER SOUTERRAIN

ESPACE POLYVALENT

ESPACE DORTOIR

GRENIER SOUTERRAIN

NICHE DE L’ESPACE POLYVALENT

SEDDA

Des petites ouvertures sont placées en haut dans les murs permettent l’aération de la pièce. Figure 155: Spatialités de la chambre zribienne, source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

99


5.3.4 ZRIBA EL OLYA AUJOURD’HUI: UN ESPRIT FRAGMENTÉ

1

2

3 4

MOYENNEMENT DÉGRADÉE

FORTEMENT DÉGRADÉE (INEXISTANTE)

RESTAURÉE

OCCUPÉE PAR DES BERGERS

Figure 156: Etat des lieux , source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention personnelle

Apres la désertion du village par ses habitants ce dernier commença à se dégrader : • La partie du noyau ancien est fortement dégradée et presque inexistante à cause des glissements du terrain, il n’en reste que des bouts de mur, des traces illisibles. • Quelques constructions telles que la mosquée et le mausolée étaient restaurés par « l’association de sauvegarde et de restauration de zriba oliya » ainsi qu’une ancienne maison reconvertie en café «Dar Zriba». Cependant le mode d’intervention reste «médiocre» et ne répond pas à la problématique du village. • Les constructions au pied du village étaient modifiées et réoccupées par des bergers. • Le reste du bâti est moyennement dégradé, on peut encore apercevoir la structure des constructions, des traces matérielles.

100


Pour le mausolée, un choix des matériaux pour la restauration inadéquat avec ce qui existe (fer forgé, faïence, béton …).

« Dar Zriba » : ajout d’aménagement extérieur, d’un traitement au sol, d’éléments architectoniques (l’arc à l’entrée), de menuiserie en fer forgé ... qui ne sont pas en osmose avec l’existant

Appropriation de l’école par des bergers en adaptant le bâtiment à leurs besoins.

Disparition de la maison « El Galaa », il n’en reste d’elle que quelques fragments de mur au sommet de la montagne.

101


4

1

En parcourant le village, les fragments de ruines exitants nous dévoilent au fur et à mesure des séquences du paysage environnant.

La montagne el Galaa surrplombe l'ensemble des fragments existants du village.

3

La vallée du Nord-Est du village nous dévoile le paysage pittoresque environnant. Figure 157: Paysage et ruines , Photo-collage personnel

2

102


5.4 CONCLUSION Lors d’une quête existentielle, un groupe de berbères a pris refuge entre les montagnes d’El Galaa et El Fersi. Par ailleurs, suite à « une expérience de significations » ils se sont implantés au creux de ces deux montagnes faisant d’elles leur « espace existentiel », « le village de zriba el olya ». Le village est donc le résultat d’une visualisation et d’une symbolisation des éléments composant le site. C’est la transformation du creux en un lieu concret. C’est ainsi qu’on peut observer la concrétisation de la relation « Homme – Lieu – Architecture » d’où la manifestation d’« un esprit du lieu ». En effet, après une lecture analytique du village de zriba el olya dans un contexte de réflexion, on a pu relever ses caractéristiques identitaires (éléments matériels et immatériels) et les interpréter sous la dimension des trois aspects étudiés par Schulz Mémoire, Orientation et Identification dans le but d’arriver à saisir l’esprit caché de zriba el olya. À la fin de cette lecture, on a pu appréhender le village dans sa double dimension : dimension matérielle à travers ses parcours, placettes, repères, limite physique tangible, fragment de ruine et dimension immatérielle à travers ses traditions, sa culture et son savoir-faire. On se retrouve alors à méditer sur une réflexion projectuelle, dans ce village chargé de sens, en vue D’ÉVEILLER SON ESPRIT FRAGMENTÉ PAR L’USURE DU TEMPS. CIEL

MATERIEL

PARCOURS PLACETTES REPÉRES

ZRIBA EL OLYA = ESPACE EXISTENTIEL = GENIUS LOCI

IMMATERIEL

TRADITION CULTURE MODE DE VIE

LIMITE

RENCONTRE

FRAGMENT

HERITAGE

RUINE ...

IDENTITÉ ...

TERRE Figure 158 : Appréhension de l’esprit du lieu de zriba el olya, schéma personnel

103


CHAPITRE

06

À LA RECHERCHE DE L’ESPRIT DE ZRIBA EL OLYA 6.1 INTRODUCTION « … Ce qui m’intéresse est de voir comment un bâtiment construit dans un site particulier rayonne et modifie le lieu, comment il amène ce qui a toujours existé à une nouvelle apparence ».1 À travers le chapitre précèdent, on est arrivé à découvrir le village de zriba et à relever les éléments matériels et immatériels participants à la reconstruction de son esprit perdu. En effet, c’est à l'occasion de ce dernier chapitre qu’on tente de redonner vie à zriba el olya à travers l’élaboration d’une expérience architecturale qui prendra l’essence de ce lieu du passé afin d’en créer un nouveau rattaché au présent.

"Questioning images", Entretien avec Peter Zumthor, Daidalos, N0 68, 1998. Cité par Le centre culturel suisse, Matière d'art : architecture contemporaine en Suisse, Editions Paris : Centre culturel suisse ; Basel ; Boston : Birkhäuser 2001, P 40 1

104

Ce dernier chapitre se portera, dans une première phase, sur la démarche conceptuelle à suivre ainsi que l’analyse de quelques projets de référence dégageant les intentions à adopter pour l’intervention. Et dans une deuxième phase, sur la concrétisation des différents concepts dégagés, en vue d'entamer la conceptualisation de notre intervention sur le village de zriba comme cas d'étude


6.2 DÉMARCHE CONCEPTUELLE Comme on l’a déjà abordé dans le chapitre précédent la genèse du village de zriba s'est structurée en trois étapes du 1er noyau à la 1ére extension jusqu’ à la 2éme extension. Chaque étape de la formation du village et chaque logique de construction ont donné au village l'identité d'un ensemble fragmenté mais qui semble être en union. En effet, le village était construit fragment par fragment liés entre eux par plusieurs éléments tel que la vie en communauté, la culture berbère, les points repères (mosquée, marabout …), les voiries, les placettes … . HIER UNION

RUPTURE AUJOURD’HUI

Tous ces éléments, à la fois matériels et immatériels ont participé dans le rassemblement de ces fragments dans un ensemble unifié : la partie qui fait le tout et le tout qui fait la partie. Aujourd’hui, suite à la désertion de zriba el olya par ses habitants, le village s’est progressivement dégradé. Les éléments regroupant les différents fragments se sont estompés avec l’usure du temps. Par cet dégradation spatio-temporelle, il ne reste du village de zriba que des fragments dispersés, des traces d’un passé inconnu. L’essence du village de zriba el olya se résume dans « L’UNITÉ PAR LA FRAGMENTATION » Notre but est donc de retrouver l’esprit fragmenté de zriba à travers le rassemblement des traces immatérielles témoins du passage du temps .

Figure 159 : La dégradation spatio-temporelle du village, schéma personnel

105


SURVENANT

L'I N STA N T PRÉSENT L’UNITÉ PAR LA FRAGMENTATION

MATERIEL Ruines paysage fragmenté traces de l’existant ...

IMMATERIEL Le passage du temps : témoin de l’existence d’une culture,d’un peuple et d’un esprit ...

ANTÉCÉDANT Figure 160 : L'unité par la fragmentation, schéma personnel

Notre quête de l’esprit du lieu nous a mené

Retrouver l’esprit du village de zriba

à appréhender à la fois le village de zriba dans sa matérialité et son immatérialité. Nous cherchons donc à travailler sur le passage du temps par le biais d’une expérience

architecturale

«

l’unité

par

la fragmentation » qui évoquera chez le visiteur une multitude de sentiments dans

dimensions Fragments Zriba spatiales el olya

Fragments temporels

passé inconnu, du présent ainsi que de lui

L’ELABORATION D’UNE EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE DE ZRIBA EL OLYA À TRAVERS LE CONCEPT GÉNÉRAL :

permettre d'imaginer un futur lointain.

« L’UNITÉ PAR LA FRAGMENTATION ».

le but d’éveiller chez lui la conscience du

106

Appréhender le village dans ses deux


6.3 L’UNITÉ PAR LA FRAGMENTATION 6.3.1 NOTION DU FRAGMENT 1.DÉFINITION D’après Larousse, un fragment est « un morceau d’une chose brisée ou dégradée, un débris »1. Il s’agit bien d’un élément dont l’essentiel était perdu, une partie composant un tout. Dominique Berthet signale que « le caractère éclaté, brisé, détaché, isolé du fragment […] renvoie à une blessure, une fracture, une rupture, une perte. La séparation du fragment entraine la destruction de la totalité »2. 2.FRAGMENTATION SPATIO-TEMPORELLE En architecture le fragment témoigne à la fois d’une présence et d’une absence. Il s’agit bien d’une sorte d’intersection entre ce qui est visible et ce qui est invisible. En d’autres termes, l’être humain face à un objet fragmenté tente de reconstruire dans son esprit ce qu’était ce dernier : un bout de mur, un bâtiment, une partie d’un ensemble concret... Un espace vécu à un moment donné, permettant la matérialisation d'un instant dans l'espace. Cette fragmentation spatio-temporelle éveille l’imagination du visiteur, provoquant chez lui l’illusion et l’incertitude d’une vie passée ainsi que son devenir. Tel que le confirme David Luglio dans son ouvrage « entre trace(s) et signe(s)» : « … cette trace réfère au passage. A l’ensemble invisible d’un moment […] et la confusion qu’elle produit tient de l’impossibilité pour l’espèce humaine de restituer le temps du passé au présent »3 3.SYNTHÉSE

ILLUSION

INSTANT VISIBLE PRÉSENCE

PASSAGE

I N S TA N T INVISIBLE ABSENCE

REALITÉ

Figure 161 : Fragmentation spatio-Temporelle, schéma personnel

Définition 1er, extrait du petit Robert 2006 paris BERTHET Dominique, Recherche en esthétique, No14, " Le fragment", CEREAP, 2008, éditorial. Cité par HAJJAR Anouar, Fragment urbain : Cabines de bain de Monastir, Mémoire de fin d'etude ENAU, 2019, P 18 3 MORSET Guillaume, La fragilité : une esthétique fragmentée, Thése de l'université de Laval au Canada, P 23 1 2

107


6.4 LE FRAGMENT CHEZ LES ARCHITECTES 6.4.1 FRAGMENTATION PAR LE PROGRAMME

PROJET : Concours d’idées pour la reconversion de la forteresse de SANTA CATERINA LIEU : Ile de Favignana, italie DATE : 2018 CONCEPTEURS : Bruno Melis, Elisabetta Carboni L’idée de ce concours est de transformer une ancienne prison abandonnée en un centre d’art contemporain. En effet l’objectif de l’intervention est de faire du lieu un refuge pour les artistes, un espace sacré où l’art fait partie du quotidien.

Figure 162 : La forteresse entre l'ancien et le nouveau,

source : (https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella) avec intervention personnelle

Le complexe est conçu comme une Résidence / Atelier / Musée et qui est ouvert à un large public (artistes, étudiants …).

EXPOSITION ATELIER

Volumes existants

Figure 163 : Etat existant,

source : (https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella) avec intervention personnelle

Ce que nous retenons c'est que malgré qu'il soit fragmenté en plusieurs activités principalement la production artistique, l’exposition des œuvres et la méditation. L'ensemble est uni par l’échange et l’interaction.

EXPOSER ESPACE

La structure existante de la forteresse a subi plusieurs changements au fil du temps. Aujourd’hui elle abrite l’espace d’exposition et les ateliers des artistes.

D'ECHANGE PRODUIRE

Figure 164 : Union des différentes activités, schéma personnel

108

DORMIR


DANS CE PROJET, LE CONCEPT DE "L'UNION PAR LA FRAGMENTATION" EST ILLUSTRÉ PAR UN PROGRAMME FONCTIONNEL RASSEMBLANT PLUSIEURS ACTIVITÉS DIFFÉRENTE MAIS QUI SONT UNIES PAR DES ESPACES D'ECHANGE ET DE RECONTRE.

Logement Box d’histoire Bar Exposition Ateliers

Parcours panoramique + Exposition en plein air Figure 165 : Volumes ajoutés,

Les vestiges de l’ancien mur d’enceinte ont été essentiels aux développements du projet. Quatre volumes ont été ajoutés à la structure existante : - Un volume abritant les différents types d’hébergements (simples, doubles, quadruples) avec un espace de détente - Trois autres volumes placés au-dessus de la forteresse abritant un bar, une cuisine et un box historique contenant des informations sur le lieu.

source: (https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella) avec intervention personnelle

Tous les espaces sont liés par des terrasses de caractère différent incitant la rencontre et l’échange culturel entre les utilisateurs et leur permettant de s’inspirer de la nature et de la vue.

source : (https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella)

Figure 166 : Photo synthése d'un logement type

Terrasses panoramiques :espaces de rencontre

Figure 167 : Les espaces d'echange

source: (https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella) avec intervention personnelle

Analyse basée sur https://divisare.com/projects/385188-elisa- 109 betta-carboni-bruno-melis-art-cittadella


6.4.2 FRAGMENTATION PAR LE PARCOURS

PROJET : Cimetière de l’armée rouge du village de Zhongguan / Parc commémoratif de Long March

Le sentier de la longue marche

La sortie du parc

LIEU :Village de Zhongguan, Chine DATE : 2016 CONCEPTEURS : Studio Fuyingbin

L’idée est de concevoir un paysage commémoratif dédié à l’âme de l’armée rouge. Une conception différente que celle d’un martyr traditionnel. L’objectif est de faire vivre au visiteur les faits historiques passés d’une manière spirituelle.

Figure 168 : le cheminement fragmentée source: Archdaily+ interpretation personnelle

Les concepteurs ont réfléchis cette expérience architecturale et émotionnelle en proposant un long cheminement evidé reliant différents séquences du paysage. Les plus importantes sont le pavillon et le sentier de la longue marche. LE SENTIER

Figure 169 : Symbolique du sentier source : Archdaily + interpretation personnelle

Il s’agit du sentier qui mène le visiteur du pavillon jusqu’à la sortie du parc : Un long chemin étroit faisant 2,5 km de longueur et 0,6 m de largeur qui symbolise la torture et les difficultés subit par les soldats de l’armée rouge lors de la longue marche. Tout au long du sentier sont placés 18 panneaux d’acier rouillé comprenant des informations historiques et agissant comme des icônes visuelles qui servent de signalisation et de direction pour le visiteur.

110


DANS CE PROJET, LE CONCEPT DE "L'UNION PAR LA FRAGMENTATION" EST ILLUSTRÉ PAR UN PARCOURS RASSEMBLANT DIFFÉRENTES SÉQUENCES SPATIALES MAIS QUI SONT UNIES PAR L'ASPECT COMMÉMORATIF. Le pavillon

L’entrée du parc

LE PAVILLON Le pavillon est conçu comme une extension horizontale en acier et qui s’étend à flanc de colline. Il se compose de 3 parties : PARTIE 3

PARTIE 1

Figure 170 : Médiation sur l'ensemble source : Archdaily + interpretation personnelle

La 2éme partie consiste en un bloc carré composé par une grille d’acier. Cet espace de contemplation ne peut etre occupé que par une ou deux personnes pour mieux méditer sur l’histoire du paysage environnant.

PARTIE 2

Figure 171 : symbolique d'une jeune vie torturé source : Archdaily + interpretation personnelle

Dans la 1ére partie, un mur de pierre est lentement soulevé du sol traversant tout le pavillon et revenant au sol progressivement. L’aspect détaché du mur symbolise une jeune vie torturée mais disparue en silence. En dessus, des barres d’acier rouillé représentent les nombreux soldats de l’armée rouge.

La dernière partie consiste en un cimetière mémorial. L’état des tombes était conservé en y ajoutant en devant une barrière en acier rouillé cachant la pierre tombale ainsi le visiteur ne peut pas la voire mais sentir les âmes dedans.

Figure 172 : Mémoire des soldats source : Archdaily + interpretation personnelle

Analyse basée sur https://www.archdaily.com/914686/red-army-cemetery-of-zhongguan-village-long-march-memorial-parkfuyingbin-studio

111


6.4.3 FRAGMENTATION PAR LA STRATIFICATION

PROJET : STUDIO RUIN LIEU : DUMFRIES, ROYAUME UNI DATE : 2016 CONCEPTEURS : STUDIO LILY JENCKS, ARCHITECTURE DE NATHANAEL DORENT

Le projet est une maison construite dans les ruines de pierre existantes d’une ancienne ferme. Les traces existantes sont le résultat de plusieurs transformations. Selon les architectes l’ensemble des fragments révèle un palimpseste d’occupation sur le site.

L’idée du projet est de mettre en évidence la stratification historique de l’existant : le passage du temps. La conception consiste en un ajout de matériaux et de géométrie contrepoint à travers la superposition de trois couches qui reflètent différentes expressions architecturales :

La dernière couche est l’enveloppe extérieure minimaliste. Revêtue Enveloppe en caoutchouc noir elle vient COUCHE 3 épouser le vide de l’existant.

Tube COUCHE 2

La 2éme est une couche intérieure qui se consiste en un système de parois « tube » curviligne reflétant une surface blanche à double courbure et de forme libre.

La 1ére couche est celle de l’existant, des fragments de murs en pierre COUCHE 1 montrant l’érosion naturelle. Ruine

Figure 173 : Stratification des couches source : Archdaily

112


DANS CE PROJET, LE CONCEPT DE "L'UNION PAR LA FRAGMENTATION" EST ILLUSTRÉ PAR LA STRATIFICATION DE DIFFÉRENTS FRAGMENTS RÈVÉLANT LE PASSAGE DU TEMPS.

1

2

3 4

A l’intérieur les 3 couches sont interdépendantes : elles se séparent, se rejoignent et s’entrelacent, créant une série d’ambiances qui révèle la temporalité de l’espace. Ruine Enveloppe Tube Figure 174 : Relation entre les couches source : Archdaily + interpretation personnelle

Le tube attaché à l’enveloppe est destiné aux programmes publics (cuisine, salon, salle à manger). Aux deux extrémités de la maison, il se détache de«l’enveloppe» créant des pièces destinées aux fonctions privées (chambres, salles de

1

3 2

4

Figure 175 : Immersion sensorielle source : Archdaily + interpretation personnelle

bain).

En accédant aux espaces privés, la surface incurvée du tube s’accélère, produisant une expérience d’immersion sensorielle.

Figure 176 : Contraste témoin du passage du temps source : Archdaily + interpretation personnelle

“Nous avons conservé les murs en ruine et reconstitué le toit en pente qui aurait été là à l’origine, apportant une cohérence externe […] accentuant cette nature d’occupation palimpseste sur le site et les plaisirs de la vie dans des couches de l’histoire.” 1 LILY JENCKS, Lily Jencks studio, https://www.lilyjencksstudio.com/ljs-ruins-studio 1

Analyse basée sur https://www.archdaily.com/881994/ ruin-studio-lily-jencks-studio-plus-nathanael-dorent-architecture

113


6.4.4 FRAGMENTATION PAR LE RENOUVELLEMENT

PROJET : PALAIS SZATMÁRY LIEU : PÉCS, HONGRIE DATE : 2011 CONCEPTEURS : MARP

Le projet est axé sur le renouvellement de l’espace publique. Il s’agit donc d’une reconversion des vestiges du palais en un théâtre en plein air. L’idée est de mettre en scène les parties significatives du palais dans un nouveau contexte afin de retrouver leur caractère d’origine sans pour autant les reproduire.

L’intervention sur l’existant s’est repartie sur deux étapes : 1.Une restauration de l’ensemble qui consiste dans la réparation du sol et l’ajout des murs de soutènement tout au long du côté sud afin de stabiliser les vestiges et les protéger contre l’érosion. 2.Une reconstruction spatiale comprenant le traçage du plan d’origine : •Le patio intérieur est devenu une zone en pelouse verte •Les différentes pièces intérieures ont reçu un revêtement en granulat, des sièges urbains et une scène de théâtre ayant tous un revêtement en acier corten. •Un volume d’acier corten rouillé en forme de L vient remplacer le coin manquant du côté sud qui avant été une tour de guet. “Les anciennes structures restantes étaient si incomplètes depuis des siècles que nous ne voulions pas les reconstruire, nous avons préféré montrer leur absence.” 1

114

Figure 177 : Renouvellement de l'existant, source : Archdaily


DANS CE PROJET, LE CONCEPT DE "L'UNION PAR LA FRAGMENTATION" EST ILLUSTRÉ PAR LA MATÉRIALISATION DE L'ABSENCE PHYSIQUE DE L'ENSEMBLE EXISTANT.

Cette structure étroite d’acier perforé comprend un escalier caché menant à une passerelle qui offre au visiteur un point de vue sur tout le site ainsi qu’un cadrage sur la cour intérieure. Une fonction semblable à celle de la tour de guet. L’aspect perforé de l’acier laisse pénétrer la lumière filtrant l’intérieur. Figure 181 : Nouvelle lecture des fragments source : Archdaily + interpretation personnelle

Etape 2 : Reconstruction spatiale

Figure 178 : Plan de renouvellement de l'existant source : Archdaily + interpretation personnelle

Etape 1 : stabilisation des vestiges par l'ajout des murs de soutenement Traces des murs Fragments de murs Pelouse Mobilier urbain Scéne de théatre Volume ajouté Murs de soutenement

Figure 179 : La scène de théatre en acier coten source : Archdaily + interpretation personnelle

Figure 180 : Les murs de soutènement source : Archdaily + interpretation personnelle

ARCHDAILY, Palais Szatmáry/MARP, https://www.archdaily.com/272346/szatmary-palace-marp 1

Analyse basée sur https://www.archdaily.com/272346/ szatmary-palace-marp

115


6.4.5 FRAGMENTATION PAR L'OPTIMISATION DES RESSOURCES PROJET : ADAPTATION DES RUINES ROMAINES DE CAN TACÓ LIEU : MONTORNÈS DEL VALLÈS, BARCELONE, ESPAGNE DATE : 2012 CONCEPTEURS : TONI GIRONÈS

Le projet est une intervention sur un site archéologique abandonné. L’objectif est de revaloriser les vestiges du site en les mettant en contact avec un nouveau matériau dans un ensemble uni.

La conception consiste dans la construction de plusieurs terrasses successives faisant du site un point de vue naturel remarquable sur les comtés de Vallès, tout en Co-évoluant avec l’environnement dans le but d’optimiser les ressources. En effet l’intervention est axée sur l’amélioration du contenu (l’espace entre les vestiges) et le soulignement du contenant (les vestiges excavés). Elle est donc repartie sur deux phases :

Figure 182 : Repérage des vestiges, source : Archdaily + interprétation personnelle

PHASE 1 : • La 1ére partie consiste dans le remblayage des traces romaines par la terre provenant des fouilles archéologiques. => Contenu amélioré

PHASE 2 : • La 2éme consiste dans la sélection et le rangement des terres, pierres et rochers excavés dans un système de maillage en acier. => Soulignement du contenant Terres excavées maillage acier Vestiges Figure 183 : Les différentes phases de l'intervention schéma personnel

116


DANS CE PROJET, LE CONCEPT DE "L'UNION PAR LA FRAGMENTATION" EST ILLUSTRÉ PAR L'UTILISATION DE L'EXISTANT COMME MATÉRIAU DU PROJET EN RASSEMBLANT LES DIFFÉRENTS FRAGMENTS DES VESTIGES EXCAVÉS DANS UN ENSEMBLE UNI.

Figure 185 : le 1er maillage, source : Archdaily + interprétation personnelle

Figure 184 : Amélioration et soulignement du contenu source : Archdaily + interprétation personnelle

Contenu amélioré Contenant souligné

Un 1er maillage en acier contenant l’ensemble de pierre et de terre excavé qui reproduit les plans horizontaux successifs où les Romains ont transité. Un 2éme maillage en acier plus dense et plus fin est disposé comme un rideau sur une séquence des vestiges, une toile de fond où sont projetées les diverses traces archéologiques. Ainsi l’accumulation des matériaux du site et l’acier permet l’interprétation de l’existant et sa mise en valeur dans un nouveau contexte .

Figure 186 : le 2éme maillage, source : Archdaily + interprétation personnelle

Analyse basée sur https://www.archdaily.com/373090/ adaptation-of-the-roman-ruins-of-can-taco-toni-girones

117


6.4.6 FRAGMENTATION PAR L'INTRODUCTION D'UN NOUVEAU CORPS PROJET : MUR MAURE À ALTO ALBAICÍN LIEU : GRENADE, ESPAGNE DATE : 2006 CONCEPTEURS: ANTONIO JIMÉNEZ TORRECILLA L’intervention a pour but de préserver cette transition d’un espace à un autre dans le cadre d’une restauration de la frontière, qui se repartie en 2 étapes :

Le site d’intervention est le mur maure, une ancienne frontière qui joue le rôle d’un joint entre deux territoires différents : Un espace résiduel sauvage et de l’autre côté un espace urbain organisé Il s’agit d’un passage entre deux paysages différents.

LA VILLE PAYSAGE ORGANISÉ

LE MUR MAURE UNE TRANSITION LA VALLÉ UN PAYSAGE SAUVAGE ÉTAPE 1 : Figure 186 : Deux paysages réunis par une transition source : Archdaily + interprétation personnelle Un nettoyage conceptuel et physique de l’environnement à travers la plantation de végétation et la restauration du revêtement existant ainsi que l’ajout d’un autre en pisé de Revêtement existant restauré Agaves et Cactus terre battue sur les zones non pavées.

Pisé de terre battue Figure 187 : Etape 1, source : Archdaily + interprétation personnelle

118


DANS CE PROJET, LE CONCEPT DE "L'UNION PAR LA FRAGMENTATION" EST ILLUSTRÉ PAR L'INTRODUCTION D'UN NOUVEAU CORPS RELIANT L'EXISTANT ET L'INTERPRETANT DANS SON ASPECT FRAGMENTÉ ÉTAPE 2 : Une reconstruction d’un fragment mural disparu assurant la continuité visuelle de la frontière dans le but de redéfinir la limite historique perdue et protéger les vestiges existants.

Le mur ajouté Le passage

La nouvelle partie vient combler le vide laissé par le fragment du mur de maure détruit. Etant différente du mur d’origine, son intérieur devient un espace vide : un passage permettant de pénétrer à l’intérieur des murs A travers une porte mystérieuse reliant les deux territoires différents.

Mur de fondation

Figure 189 : Au coeur du fragment source : Archdaily + interprétation personnelle

Figure 188: Unir l'existant par le nouveau, source : Archdaily + interprétation personnelle

Porte menant au passage

Le nouveau mur consiste en un simple empilement de dalles de pierre disposées les unes sur les autres laissant une série de petits vides aléatoires permettant de voir la ville sous un aspect fragmenté. Figure 190 : Spatialité fragmentée source : Archdaily + interprétation personnelle

Analyse basée sur https://www.archdaily.com/601542/ moorish-wall-in-alto-albaicin-antonio-jimenez-torrecillas

119


6.4.7 SYNTHÉSE

LA

FRAGMENTATION

Cette lecture des différents projets, nous a permis d'enrichir notre concept général " L'UNITÉ PAR LA FRAGMENTATION " par des concepts

Reconstruire sans reproduire : introduire un nouveau corps différent par sa volumétrie, son expréssion architecturale, ses matériaux ... => jouer sur le contraste entre le nouveau et l’ancien

Introduire un nouveau programme fonctionnel différent de l’ancien favorisant la génération des espaces de rencontre et d’interaction.

Figure 191 : Entre ancien et nouveau , schéma personnel

EXPOSER INTERAGIR

DORMIR

PRODUIRE

L’UNITÉ

PAR

Figure 192 : Programme fonctionnel, schéma personnel

Utiliser l’existant comme materiau du projet : optimiser les resources.

Figure 193 : Concevoir avec l'existant , schéma personnel

Créer un cheminement à travers un ensemble de séquences révelant le lieu sous plusieurs aspects ( fragmenté + uni ).

Figure 194 : Fragmenter la lecture du paysage , schéma personnel

120


6.5 LE PROJET : VILLAGE DE L'ART NUMÉRIQUE « … Réussir à doter le nouveau des propriétés telles qu’elles permettent d’entrer dans un rapport de tension signifiant avec l’existant. Car pour pouvoir faire sa place l’objet nouveau doit d’abord nous inciter à porter un regard nouveau sur ce qui est déjà là »1 Après avoir dégagé les intentions à adopter au cours de l’intervention et dans une perceptive de recréation, on vise de proposer un programme fonctionnel différent de celui du passé et qui sera basé sur LES ARTS NUMÉRIQUES dans le cadre de théâtraliser le village en ruine. Ce dernier sera destiné à un publique artistique (artistes Tunisiens, étrangers, étudiants, professeurs …) et pourra abriter des workshops à la nationale et à l’internationale tel que le festival « interférences » et le festival « Nuit blanche : les voutes célestes » de Miguel chevalier.

Figure 195 : Nuit blanche : les voutes célestes, source : http://www.journal-du-design.fr/content/thumbnails/uploads/2016/10/Miguel-Chevalier-2tt-width-620-height-413-lazyload-0-crop-1-bgcolor-000000-except_gif-1.jpg

Figure 196 : Exemple d'oeuvre numérique au Festival interférences , schéma personnel, source: http://www.webdo.tn/wp-content/ uploads/2018/09/art.jpg

Ainsi on fera du village un univers interactif où on a la possibilité de créer des œuvres artistiques numériques qui entrent en résonance avec l’existant et le nouveau, soulignant les fragments du passé et projetant ceux du futur. Amateurs et professionnels seront invités à vivre une expérience spirituelle et contemplative sollicitant leur sens afin de leur octroyer une nouvelle perception du fragment en tant qu'ensemble au sein de Zriba el olya, où ils feront du village leur refuge et leur source d’inspiration. Dans le but de révéler l’esprit du village de Zriba el olya, on a pu dégager trois grands axes sur lesquels s’appuierait l’intervention : 1. Favoriser l'art numérique comme moyen de recréation du village. 2. Se concentrer sur l’échange culturel et l’interaction entre artiste et visiteur. 3. Adapter les nouvelles activités au paysage existant sous la dimension du concept général « l’unité par la fragmentation » 1

ZUMTHOR Peter, penser l'architecture, op.cit, p 17

Figure 197 : schéma synthétisant les grandes lignes de l'intervention, schéma personnel

121


6.5.1 PROGRAMME PROJETÉ Le programme projeté se base sur l’interprétation des éléments retenus lors de l’analyse du village sous la dimension des concepts : Orientation, Identification et Mémoire.

Figure 198: Organisation spatiale du village schéma personnel (source du plan : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4))

La mosquée et le mausolée vont être restaurés et reconvertis en des box d’histoire servant de points d’informations sur l’histoire du village.

122

l’axe principal du village sera maintenu ainsi que le rôle qu’il joue dans la distribution des différents itinéraires.


Pour l’accessibilité une aire de stationnement sera installée au pied du village séparant la zone piétonne de la zone véhiculaire. La placette el Fegga et les deux constructions sous-jacentes abriteront l’unité d’accueil et d’administration du village servant de gestion et d'informations générales pour les visiteurs ( Reservation, location, services ...)

Les placettes existantes seront retracées avec l’ajout d’autres, jouant le rôle de point de rencontre et d’interaction.

Les ruines existantes seront réparties en trois grands districts rassemblant les différentes unités fonctionnelles : un district de production, un district d'échange et d’interaction et un district d’hébergement.

Dans la suite, on vise à décortiquer les 3 districts en général tout en se concentrant sur celui de la production à travers la projection d’un programme fonctionnel détaillé qui nous mènera à concrétiser notre proposition architecturale.

PRODUIRE

INTÉRAGIR

DORMIR

123


1ER DISTRICT : UNITÉ DE PRODUCTION

Le district auquel nous nous intéressons sera implanté dans la partie de l’ancien noyau du village. Vu son état dégradé, ce dernier sera limité par des murs de soutènement sur la périphérie, le sol sera consolidé et les ruines seront retracées afin d’abriter les unités de production qui seront réparties comme suit : La mosquée sera reconvertie en un box d’histoire.

Figure 199: Organisation spatialedu 1er district : unité de production schéma personnel (source du plan : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4))

La placette d’el rahba présentera le nœud du district et sera réaménagée en un espace de rencontre et d’interaction entre les ateliers et les expositions. Cet espace sera considéré comme une unité d’interaction à l’échelle de l’unité de production.

124

Une unité d'accueil sera placée à l'entrée sur la périphérie du district pour annoncer l'unité de production. Elle servira de point d'information pour les visiteurs sur les ateliers et les expositions disponibles.


Les ruines sélectionnées seront retracées à travers la greffe de nouveaux volumes. L'ensemble abritera des ateliers de formation et de production où les visiteurs peuvent assister et participer avec les artistes dans la création des œuvres artistiques numériques qui seront exposées par la suite.

Ainsi on mettra à la disposition des utilisateurs les différentes entités fonctionnelles participants à la genèse de l’œuvre. Ces derniers en tant que fragments fonctionnels travailleront d’une manière synergique dans le but de produire l’œuvre en tant qu’unité. On trouvera 4 grands fragments fonctionnels : UN ATELIER D'IMAGE Nous proposons une immersion dans le monde de l’artiste-photographe, ou le visiteur expérimentera les différentes notions liée à l’image telle que la lumière, la composition, le collage, le cadrage, la retouche …

Espace de travail commun

UN ATELIER DE 3D Dans cet espace le visiteur expérimentera le monde virtuel à travers la modélisation de 3D, de maquette, de sculptures …

Espace de modélisation de maquettes

UN ATELIER DE VIDÉO Cet atelier propose une expérience scénographique à travers l’écriture, le dessin, le montage, la projection …

Espace de tournage

UN ATELIER DE SON On propose au visiteur l’expérience sonore à travers différentes activités telles que l’enregistrement, le montage, le traitement sonore …

Espace d'enregistrement

Figure 200 : exemple des sous espaces montrant les différentes activités pratiquée dans les ateliers 125


L'OEUVRE ARTISTIQUE NUMÉRIQUE = UNE UNITÉ

FRAGMENT DE FRAGMENT DE FRAGMENT DE FRAGMENT DU L'IMAGE LA 3D LA VIDÉO SON Figure 201 : Genése de l'oeuvre artistique numérique, schéma personnel

Des grilles en acier retraceront les ruines existantes autour de la placette et qui seront remplies au fur et à mesure par les débris du site. Cet espace abritera les expositions permanentes et éphémères. L’objectif est de fragmenter la perception du visiteur, ce dernier passe d’un objet uni (les ateliers), à un autre fragmenté (l’exposition) jusqu’à ce qu’il se trouve dans un vide (la placette). Ainsi sa perception s’unit à nouveau.

VERS LA PLACETTE

Figure 202 : l'unité par la fragmentation à travers la spatialité, schéma personnel

126

DE L'ATELIER

DANS L'EXPOSITION


2ÉME DISTRICT : UNITÉ D'ECHANGE ET D'INTERACTION Le 2éme district s’articulera autour du mausolée et présentera l’unité d'échange et d’intéraction du projet grâce à son emplacement, au milieu où se croisent toutes les dessertes. Ainsi cette unité abritera plusieurs activités d’ordre public et social :

• Le mausolée sera reconverti en un 2éme box d’histoire

Le bâtiment derrière le mausolée abritera un théâtre en plein air

Grâce à son emplacement stratégique, la place du mausolée sera réaménagée et fera l’objet de l’esFigure 203: Organisation du 2éme district : unité d'echange et d'interaction, schéma personnel (source du plan : source : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4))

pace d’échange principal de tout le projet

Le bâtiment qui se trouve à côté du mausolée sera reconverti en un restaurant/café avec une terrasse

127


3ÉME DISTRICT : UNITÉ D'HÉBERGEMENT Le 3éme district sera implanté sur l'extention Est du village et abritera l’unité d’hébergement des artistes. Les constructions moyennement dégradées seront reconverties en des chambres d’hôtes pour les visiteurs et les artistes articulées autour d'un espace de rencontre.

Des chambres d'hôtes pour les visiteurs réparties selon la durée du séjour : Individuelle pour une courte durée En groupe pour une longue durée (workshop)

Pour les artistes, des studio indépendants (avec kitchenette, séjour et chambre)

Figure 204: Organisation spatiale du 3éme district : unité d'Hébergement, schéma personnel (source du plan : Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4))

Les ruines de cette construction seront retracées formant l'espace de rencontre et d'interaction à l'échelle de l'unité d'hébergement. Cet espace abritera une petite bibliothèque et un coin de détente, favorisant l'echange culturel entre professionnels et amateurs.

128


6.5.2

SYNTHÉSE

FRAGMENT FONCTIONNEL Acceuil

DISTRICT 1 UNITÉ DE PRODUCTION Acceuil, Ateliers, Expositions, Espace polyvalent, Placette, Box d'histoire...

DISTRICT 2 UNITÉ D'INTERACTION Théâtre en plein air, Restaurant,Box d'histoire, Placette ...

DISTRICT 3 UNITÉ D'HÉBERGEMENT Studio d'artiste, Chambre d'hôtes individuelles et en groupe, Placette, Bibliothéque/Coin de détente....

SOUS-FRAGMENTS FONCTIONNELS

SURFACE TOTALE

Espace de gestion et d'informa- 200 m² tion sur les différentes activités du district ( workshop, expositions, artistes disponibles) Espace d'interaction Espace de stockage sanitaires

ATELIERS ( foramtion et production) 150 m² Image Espace de travail polyvalent Espace de shooting Espace de développement des images Espace d'interaction (extérieur) Espace de stockage sanitaires 250 m² 3D Espace de travail polyvalent Espace de modélisation de maquette ( machines de découpage, laser, rangement des matériaux...) Cyber espace ( ordinateurs, tablettes...) Espace d'interaction (extérieur) Espace de stockage sanitaires Vidéo 200 m² Espace de travail polyvalent Espace de tournage Cyber espace ( montage, traitement, post production) Espace de projection Espace d'interaction (extérieur) Espace de stockage sanitaires Son 150 m² Espace de travail polyvalent Espace d'enregistrement Cyber espace ( montage, traitement) Espace d'interaction (extérieur) Espace de stockage sanitaires EXPOSITION

Exposition permanente Exposition temporaire

UNITÉ POLYVALENTE

Espace de débat et de conférence Espace de projection Espace d'interaction ( extérieur) Espace de stockage Sanitaires

PLACETTE

600 m²

280 m²

100 m² 2700 m²

129


CONCLUSION GÉNÉRALE

Notre réflexion nous a amené à saisir l’essence du lieu par l’appréhension de son esprit dans le cadre d’une expérience de l’Im-matériel. À travers un essai de concrétisation de cette réflexion, on s’est engagé dans une expérience de sens et de significations au sein du village de zriba el olya. Ainsi on a pu visualiser, appréhender et symboliser les connaissances retenues lors de notre réflexion et de l’étude portée sur le village Tout ceci, dans le but de tout traduire en une intervention architecturale basée sur une nouvelle perception de zriba el olya « l’unité par la fragmentation », une perception révélatrice d’un esprit perdu. Le village de zriba el olya n’est qu’un modèle de réflexion parmi d’autres, qu’on tente de proposer comme ouverture à une recherche approfondie ultérieure.

130


Figure 205 : Zriba el olya un esprit fragmentĂŠ, photo personnelle

131


BIBLIOGRAPHIE ET RÉFÉRENCES OUVRAGES

BACHELARD Gaston, La terre et les rêveries du repos, 1948, 376 pages. BAEZA Alberto campo, L’idée construite, L’Espérou 2014, 184 pages. CACHE Bernard, Terre meuble, xyz orléans 1997, 154 pages. HEIDEGGER Martin, Essais et conférences 1951 traduit de l’allemand par Préau André, Gallimard Paris, 2003, 378 pages. MAALOUF Amin, Les identitées meurtrières, Editions Grasset et Fasquelle, Paris, 1998, 189 pages. MEISS Pierre Von, De la forme au lieu, Editions presses Polytechniques Romandes, Lausanne, 2012, 335 pages. MERLEAU-PONTY Maurice, Phénoménologie de la perception, paris, Gallimard, 466 pages. PERRON Claude et jean, Maison tunisiennes : Habitat rural, Editions, UNESCO, 1980, 82 pages. SCHULZ Christian Norberg, Genius loci: paysage, ambiance, architecture, Paris, Éditions MARDAGA, 1981, 216 pages. SCHULZ Christian Norberg, L’art du lieu, Editions du Moniteur, Paris, 1997, 314 pages. ZUMTHOR Peter, Atmosphères, Editions Birkhauser Libri 2008, 75 pages. ZUMTHOR Peter, Penser l’architecture, Birkhauser Libri novembre, 2010, 95 pages.

MÉMOIRES ET THÈSES

ALLARD Marie Eve, Vers la requalification de l’identité d’un lieu, Thèse de l’université de Laval, 2008, 63 pages. AYADI nouri, Potentialités locales et développement régional : Habitat et mode de vie à Zriba village, ITAAUT, 1984, 211 pages. BERTIN Alice, Peter Zumthor, du lieu à la réalité matérielle, Thèse de Master de l’ENSA Nantes, 2015, 72 pages.

132


BOUHADDIOUI Assala, La perception sensorielle en architecture, Thèse de l’université ENSAN, 2016, 68 pages. BOUGUERRA Mahmoud, Régénération d’un village bebère au Nord-Est de la Tunisie « Zriba Olia », Mémoire de fin d’ étude, Enau, 2017, 89 pages. BUSMEY Lisa, Saisir - De l’espace à la poignée de porte, une approche tactile de l’architecture, Mémoire de fin d’études de l’université de Strasbourg, 2018, 175 pages. GUENE Franck, De l’idée architecturale aux lieux de l’architecture, Thèse de l’université de Strasbourg, 363 pages. GUIDETTI Juliette, Comment révéler l’esprit du lieu à travers la lumière dans l’architecture, Thèse de Master à l’université catholique de Louvain, Bruxelles 2017, 104 pages. HAJJAR Anouar, Fragment urbain : Cabines de bain de Monastir, Mémoire de fin d’étude ENAU, 2019, 133 pages. KHEMIRI Myriam, Résurrection d’un village berbère, un musée-mémorial à zriba el olya, Mémoire de fin d’étude, ENAU 2017, 111 pages. LAURE HUMBERT, La mémoire des architectes, Mémoire de fin d’études de l’université de Nancy, 2017, 78 pages. MIMRAM Marc, Réflexions sur la matérialité, Recueil de travaux d’étudiants de l’ENSA Marne-la-Vallée, 2015-2016, 113 pages. MORSET Guillaume, La fragilité : une esthétique fragmentée, Thèse de l’université de Laval au Canada 2007, 51 pages. THIMONNIER Clémence et DEL VALLE François-Xavier, Concevoir une architecture, phénoménologie de la perception spatiale, Thèse EPFL, 2019, 145 pages. SEMENESCU Dan, Apparition des formes urbaines : institutions symboliques et structures matérielles au Sud-est de l’Europe, Thèse de doctorat en Sociologie, université Paris I, 2007, 520 pages.

ARTICLES ET SITES WEB

GROSSIN Jean, Étude d’économie villageoise, le village de Zriba-Tunisien Korosec-Serfaty Perla, Expérience et pratiques de la maison, Paris, Editions Irwin Altman

133


Le centre culturel suisse, Matière d’art : architecture contemporaine en Suisse, Editions Paris : Centre culturel suisse ; Basel ; Boston : Birkhäuser 2001. Turgeon Laurier, L’Esprit du lieu : entre le matériel et l’immatériel, colloque à l’université de Laval,Québec, canada, 2008. ROUX amaury, Dhatu : une lumière insaisissable, extrait de https:// histoiredelartai2.wordpress.com/2017/11/26/dhatu-une-lumiereinsaisissable/ http://eco-psychologie.com/recherche/la-relationhommenature/#basdepage www.Archdaily.com www.cnrtl.fr

134


TABLE

DES

FIGURES

N° DE LA FIGURE

TITRE

SOURCE

Figure 1

Site archéologique d’Oudhna

photo personnelle

Figure 2

photo personnelle

Figure 3

Takrouna La relation Homme - Lieu Architecture

Figure 4

La pyramide de Maslow

schéma personnel https://fr.wikipedia.org / wiki/Pyramide_des_besoins

Figure 5

Evolution de l’existence humaine

schéma personnel

Figure 6

Les peintures de la grotte de lascaux

https://fr.wikipedia.org / wiki/Grotte_de_Lascaux

Figure 7

Exemple de la hutte primitive

Figure 8

Exemple de la hutte primitive La maison comme espace intermédiaire

Figure 9 Figure 10 Figure 11 Figure 12

Les différentes phases de la quête existentielle de l'être humain. Le lieu, une double réalité L'espace existentiel Heidegger

https://journals.openedition. org/civilisations/733?lang=en https://act.art.queensu.ca/ segment.php?t=18&p=4&i=4 schéma personnel, inspiré du Quadriparti heideggerien schéma personnel schéma personnel

de

schéma personnel inspirée du Texte de Heidegger « Batir, Penser, Habiter»

Figure 14

Le rapport Figure-Fond Le rapport "Figure - Fond" de Puente de Vallecas

schéma personnel inspiré du texte " Genius Loci " de Schulz interpretation personnelle, photos : Google street

Figure 15

La notion du "caractère" illustrée par le Fort de loyasse

schéma personnel

Figure 16

Homme - Lieu - Architecture

schéma personnel

Figure 17

L'image du pont de Heidegger

interprétation personnelle

Figure 18

L'esprit du lieu : entre matérialité et immatérialité

schéma personnel

Figure 19

Parcours

Lynch Kevin, op.cit, P54

Figure 20

Nœuds

Lynch Kevin, op.cit, P55

Figure 13

135


136


137


138


139


N° DE LA FIGURE

140

TITRE

SOURCE

Figure 113

Choix d’implantation

Figure 114

Quelques mode d’appropriation du lieu chez les berbéres

Photos :Claude et Jean Perron, Maison tunisiennes, habitat rural + intervention personnelle

Figure 115

Repérage des villages berbères en Tunisie

schéma personnel

Figure 116

Le triangle des 3 villages

Mémoire de Ayadi nouri T8414/4 + intervention personnelle

Figure 117

Situation géographique du village

schéma personnel

Figure 118

Le pont de « oued el hammam »

Photo personnelle

Figure 119

Traces existantes de la mine

Photo personnelle

Figure 120

Les paysages environnants

Photo personnelle

Figure 121

Le village de zriba el olya dévoilé

Photo personnelle

Figure 122

Le chemin menant au village

Figure 123

Implantation du village

schéma personnel, photo : Google earth Schéma personnel, plan : mémoire de Ayadi Nouri t84-14/4

Figure 124

Zriba, un rapport de Figure/Fond

schéma personnel

Figure 125

Mode de vie des villageois

Figure 126 Figure 127

Les différentes voies Photo personnelle Voie principale

schéma personnel Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention pesonnelle

Figure 128

Voie secondaire

Figure 129

Les placettes du village

schéma personnel Mémoire de Ayadi Nouri (T84-14/4) + intervention pesonnelle

Figure 130

Place El Fegga

Photo personnelle

Figure 131

Place El Rahba

Photo personnelle

Figure 132

Place du mausolée

Photo personnelle

Figure 133

Les points repére du village

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 134

Plan et croquis de la mosquée

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 135

Plan et croquis du mausolée

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

schéma personnel

schéma personnel


N° DE LA FIGURE

TITRE

SOURCE

Figure 136

Plan et coupe/façade de l’ecole

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 137

Plan du noyau ancien

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 138

Plan de la 1ére extension

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 139

Plan de la 2éme extension

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 140

organisation spatiale de l’entité zribienne

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 141

Intégraration à un terrain plat

Photo personnelle

Figure 142

Intégraration à faible pente

Photo personnelle

Figure 143

Intégraration accidentée

Photo personnelle

Figure 144

Plan et coupe schématique illustrant la juxtaposition des 2 espaces

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 145

Plan et coupe schématique illustrant la juxtaposition des deux cours

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 146

Plan et coupe schématique illustrant la superposition

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 147

Schématisation en plan des différentes typologie de la chicane

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 148

Le patio comme espace de transition entre le publique et le privé

schéma personnel

Figure 149

Les marches comme derniére limite

schéma personnel

Figure 150

Exemple d’un appareillage de murs

schéma personnel

Figure 151

Types de toiture

schéma personnel

Figure 152

Exemple d’appareillage des ouvertures

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 153

Exemple des différents traitements des ouvertures

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 154

Traitement par motifs décoratifs

Photo personnelle

Figure 155

Spatialités de la chambre zribienne

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 156

Etat des lieux

Mémoire de Ayadi Nouri (T8414/4) + intervention pesonnelle

Figure 157

Paysage et ruines

Photo-collage personnel

Figure 158

Appréhension de l’esprit du lieu de zriba el olya

schéma personnel

141


N° DE LA FIGURE

142

TITRE

SOURCE

Figure 159

La dégradation spatio-temporelle du village

schéma personnel

Figure 160

L'unité par la fragmentation

schéma personnel

Figure 161

Fragmentation spatio-Temporelle

schéma personnel

Figure 162

La forteresse entre l'ancien et le nouveau

Figure 163

Etat existant

Figure 164

Union des différentes activités

Figure 165

Volumes ajoutés

Figure 166

Photo synthése d'un logement type

Figure 167

Les espaces d'echange

Figure 168

le cheminement fragmentée

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 169

Symbolique du sentier

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 170

Médiation sur l'ensemble

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 171

symbolique d'une jeune vie torturé

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 172

Mémoire des soldats

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 173

Renouvellement de l'existant

Archdaily

Figure 174

Plan de renouvellement de l'existant

Archdaily

Figure 175

La scène de théatre en acier coten

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 176

Les murs de soutènement

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 177

Nouvelle lecture des fragments

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 178

Repérage des vestiges

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 179

Les différentes phases de l'intervention

schéma personnel

Figure 180

Amélioration et soulignement du contenu

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 181

le 1er maillage

Archdaily + interpretation personnelle

https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella avec intervention personnelle https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella avec intervention personnelle

schéma personnel https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella avec intervention personnelle https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella https://divisare.com/projects/385188-elisabetta-carboni-bruno-melis-art-cittadella avec intervention personnelle


N° DE LA FIGURE

TITRE

SOURCE

Figure 182

le 2éme maillage

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 183

Deux paysages réunis par une transition

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 184

Etape 1

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 185

Unir l'existant par le nouveau

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 186

Au coeur du fragment

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 187

Spatialité fragmentée

Archdaily + interpretation personnelle

Figure 188

Entre ancien et nouveau

schéma personnel

Figure 189

Programme fonctionnel

schéma personnel

Figure 190

Concevoir avec l'existant

schéma personnel

Fragmenter la lecture du paysage

schéma personnel

Figure 191 Figure 192

Nuit blanche : les voutes célestes

http://www.journal-du-design.fr/content/thumbnails/uploads/2016/10/ Miguel-Chevalier-2-tt-width-620height-413-lazyload-0-crop-1-bgcolor000000-except_gif-1.jpg

Figure 193

Exemple d'oeuvre numérique au Festival interférences

http://www.webdo.tn/wp-content/ uploads/2018/09/art.jpg

Figure 194

schéma synthétisant les grandes lignes de l'intervention

Figure 195

Organisation spatiale du village

Figure 196

Organisation spatialedu 1er district : unité de production

schéma personnel Schéma personnel, mémoire de Ayadi t84-14/4 Schéma personnel, mémoire de Ayadi t84-14/4

Figure 197

Exemple des sous espaces montrant les différentes activités pratiquée dans les ateliers

Figure 198

Genése de l'oeuvre artistique numérique

schéma personnel

Figure 199

Genése de l'oeuvre artistique numérique

schéma personnel

Figure 200

l'unité par la fragmentation à travers la spatialité

Figure 201

Organisation du 2éme district : unité d'echange et d'interaction

Figure 202

Organisation spatiale du 3éme district : unité d'Hébergement

schéma personnel Schéma personnel, mémoire de Ayadi t84-14/4 Schéma personnel, mémoire de Ayadi t84-14/4

Figure 203

Zriba el olya un esprit fragmenté

Photo personnelle

plan : Nouri plan : Nouri

Google image

plan : Nouri plan : Nouri

143


TABLE

DES

MATIÈRES

REMERCIMENTS

P 4

RESUMÉ

P 5

INTRODUCTION GÉNÉRALE

P 8

PROBLÉMATIQUE

P 10

METHODOLOGIE

P 12

PARTIE 01 : REFLÈXION SUR L'ESPRIT DU LIEU

P 14

INTRODUCTION

P 15

CHAPITRE 1 : HOMME-LIEU-ARCHITECTURE

P 16

1.1 INTRODUCTION 1.2 L'EXISTENCE HUMAINE 1.2.1 LA GROTTE 1.2.2 LA CABANE 1.2.3 LA MAISON 1.2.4 SYNTHÈSE 1.3 L'EXISTENCE DU LIEU 1.3.1 LE LIEU EN TANT QUE PHÉNOMÈNE 1.3.2 LE LIEU EN TANT QUE STRUCTURE 1. ESPACE 2. CARACTÈRE 1.4 CONCLUSION

P P P P P P P P P P P P

CHAPITRE 2 : L’ESPRIT DU LIEU

P 28

2.1 INTRODUCTION 2.2 DÉFINITION DE L’ESPRIT DU LIEU 2.3 LA STRUCTURE DE L’ESPRIT DU LIEU

1.5 CONCLUSION

P P P P P P P P P P P P

CONCLUSION 01

P 40

2.3.1 2.3.2 2.3.3 2.3.4

L’ORIENTATION L’IDENTIFICATION LA MÉMOIRE SYNTHÈSE

2.4 CHAQUE LIEU À SON « GENIUS LOCI » 2.4.1 LA CAPPADOCE EN TURQUIE 2.4.2 LE VILLAGE DE CRACO EN ITALIE 2.4.3 SYNTHÈSE

144

16 17 18 19 20 21 22 22 24 24 26 27 28 29 30 30 32 34 35 36 36 36 38 39


PARTIE 02 : RETROUVER L’ESPRIT DU LIEU PAR L’EXPÉRIENCE

P 43

INTRODUCTION

P 43

CHAPITRE 3 : IM-MATÉRIALITÉ DE L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE

P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P

3.1 INTRODUCTION 3.2 ENTRE MATÉRIALITÉ ET IMMATÉRIALITÉ 3.2.1 LA MATÉRIALITÉ 1. EN GÉNÉRAL 2. EN ARCHITECTURE 3.2.2 L’IMMATÉRIALITÉ 1. EN GÉNÉRAL 2. EN ARCHITECTURE 3.2.3 IMM-MATÉRIALITÉ ARCHITECTURALE 1. PAVILLON « PIBAMARMI SISYPHUS » - ALBERTO CAMPO BAEZA 2. CASA GILARDI – LUIS BARAGAN 3.2.4 SYNTHÈSE 3.3 L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE 3.3.1 DÉFINITION DE L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE 3.3.2 LES ACTEURS DE L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE 1. LES SENS : SUJET STIMULÉ a. LES SENS EXTÉRIEURS b. LES SENS INTÉRIEURS 2. LES AGENTS DE STIMULATION : OBJET STIMULANT 3. SYNTHÈSE 3.3.3 LES MÉCANISMES DE L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE 3.4 CONCLUSION

44 44 45 45 45 45 47 47 47 48 48 50 51 52 53 53 54 54 55 56 58 59 60

CHAPITRE 4 : L’ESSENCE DE L’EXPÉRIENCE ARCHITECTURALE AU REGARD DE PETER ZUMTHOR

P 62

4.1 INTRODUCTION 4.2 LE CORPS DE L’ARCHITECTURE 4.3 L’HARMONIE DES MATÉRIAUX 4.4 LE SON DE L’ESPACE 4.5 LA TEMPÉRATURE DE L’ESPACE 4.6 LES OBJETS QUI M’ENTOURENT 4.7 ENTRE SÉRÉNITÉ ET SÉDUCTION 4.8 LA TENSION ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR 4.9 LES PALIERS D’INTIMITÉ 4.10 LA LUMIÈRE DES CHOSES 4.11 CONCLUSION

P P P P P P P P P P P

CONCLUSION 02

P 77

PARTIE 03 : ÉTUDE DE L’ESPRIT DE ZRIBA EL OLYA

P 79

INTRODUCTION

P 79

62 63 66 68 70 70 72 72 74 74 76

145


CHAPITRE 5 : LES VILLAGES BERBÈRES, UN MODÈLE DE RÉFLEXION

P 80

5.1 INTRODUCTION P 80 5.2 LES VILLAGES BERBÈRES EN TUNISIE P 81 P 81 5.2.1 GÉNÉRALITÉS P 82 5.2.2 REPÉRAGE DES VILLAGES EN TUNISIE P 83 5.3 LE VILLAGE DE ZRIBA EL OLYA P 83 5.3.1 HISTOIRE ET ORIGINE P 84 5.3.2 STRUCTURE PAYSAGÈRE DU VILLAGE P 84 1. SITUATION GÉOGRAPHIQUE P 84 2. ACCESSIBILITÉ P 86 3. IMPLANTATION P 88 5.3.3 ESPRIT DU VILLAGE DE ZRIBA P 88 1. LA MÉMOIRE DE ZRIBA P 89 2. L’ORIENTATION : ORGANISATION SPATIALE DU VILLAGE P 89 a. PARCOURS : LES VOIES ET LES DESSERTES P 90 b. NŒUDS : LES PLACETTES P 91 c. POINTS REPÈRE : LES ÉQUIPEMENTS P 93 d. LIMITE ET DISTRICT : ÉVOLUTION DU TISSU DU VILLAGE 3. IDENTIFICATION : LA MAISON ZRIBIENNE UN ÉLÉMENT IDENTITAIRE DU VILLAGE P 94 P 94 a. ARRIVÉE P 96 b. SEUIL P 97 c. RENCONTRE P 99 d. SÉJOUR ET RÉUNION : LA PIÈCE DE LA MAISON P 100 5.3.4 ZRIBA OLYA AUJOURD’HUI : UN ESPRIT FRAGMENTÉ P 103 5.4 CONCLUSION CHAPITRE 06 : À LA RECHERCHE DE L’ESPRIT DE ZRIBA EL OLYA 6.1 INTRODUCTION 6.2 DÉMARCHE CONCEPTUELLE 6.3 L’UNITÉ PAR LA FRAGMENTATION 6.3.1 LA NOTION DU FRAGMENT 1. DÉFINITION 2. FRAGMENTATION SPATIO-TEMPORELLE 3. SYNTHÈSE 6.4 LE FRAGMENT CHEZ LES ARCHITECTES 6.4.1 FRAGMENTATION PAR LE PROGRAMME 6.4.2 FRAGMENTATION PAR LE PARCOURS 6.4.3 FRAGMENTATION PAR LA STRATIFICATION 6.4.4 FRAGMENTATION PAR LE RENOUVELLEMENT 6.4.5 FRAGMENTATION PAR L’OPTIMISATION DES RESSOURCES 6.4.6 FRAGMENTATION PAR L’INTRODUCTION D’UN NOUVEAU CORPS 6.4.7 SYNTHÈSE 6.5 LE PROJET : VILLAGE DE L’ARTISTE 6.5.1 PROGRAMME PROJETÉ 1ER DISTRICT : UNITÉ DE PRODUCTION 2ÉME DISTRICT : UNITÉ D’ÉCHANGE ET D’INTERACTION 3ÉME DISTRICT : UNITÉ D’HÉBERGEMENT 6.5.2 SYNTHÈSE

146

P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P

104 104 105 107 107 107 107 107 108 108 110 112 114 116 118 120 121 122 124 127 128 129


CONCLUSION GÉNÉRALE

P 130

BIBLIOGRAPHIE

P 132

TABLE DES FIGURE

P 135

TABLE DES MATIÈRES

P 144

147


148


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.