LE LIVRE D'ESDRAS
INTRODUCTION
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!• Relations du livre d'Esdras avec celui de Néhémie. Les anciens écrivains juifs, entre autres les auteurs du Talmud* et Josèphe^, puis, à leur suite, les écrivains ecclésiastiques des premiers siècles ^, envisageaient ces deux écrits comme formant ensemble un seul et même ouvrage. De là les titres qu'ils por"EoSpaç Ttpwxoç, ou tent encore dans les éditions des Septante et de la Vultiate :
Liber jprimus Esdrse, et "EcrSpaç SeÛTepoç, ou Liber
Nehemiœ, qui
et
Esdras se-
cundus dicitur. En réalité, « ils se relient intimement l'un à l'autre » ^ par le sujet traité. Néanmoins on les regarde communément aujourd'hui comme deux livres bien distincts; et à bon droit, car leur style, malgré certaines analogies frappantes, accuse deux auteurs différents, et les premières lignes du second (Neh. I, 1) attestent plus clairement encore cette diversité d'origine, sans parler de la tradition, dont nous allons citer le jugement. 2° L'auteur et la date de composition du livre d'Esdras. Ce nom même l'exprime, d'après le témoignage unanime de l'antiquité juive et chrétienne, l'auteur n'est autre qu'Esdras ^, ce prêtre si saint, ce savant docteur de la loi. Esdras scripsit librum suum, dirons-nous avec le Talmud® et tous ceux des Pères qui se sont occupés de cette question Tout en adoptant ce sentiment pour une portion très considérable du livre, plusieurs critiques modernes ont objecté l'emploi alternatif des pronoms de la première et de la troisième personne dans la seconde partie de ce petit volume'', concluant de là que les derniers chapitres ne pouvaient être d'Esdras, comme les précédents. Objection futile, car d'autres exemples démontrent que ce passage d'une personne à l'autre avait lieu non seulement dans les narrations bibliques (témoins Isaïe, vu, 3, et viii, 1 Jérémie, xx, 1-6 et 7 xxviii, 1, 2 et 5; Daniel, i-vii, 1, et vu, 2-ix, 27; x, et x, 2 et ss., etc.), mais aussi chez les historiens classiques (témoin Thucydide). D'ailleurs, alors même que les pronoms changent, le style demeure constamment le même dans les pages dont on attaque ainsi à tort l'authenticité. Esdras écrivit probablement son livre peu de temps après la grave affaire des mariages mixtes, par lacjuelle il le termine si brusquement; c'est-à-dire, comme l'indiquera plus explicitement le commentaire, en 459 avant J.-C. Il paraît certain, du moins, que la composition est antérieure à l'arrivée de Néhémie à
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;
;
,
1
'
Baba bathra,
t.
' C. Apion. 1,8. 3 Cf. Méliton,ap.
salnt *
Jérôme, Prol.
ilan.
14,2.
1
^
En hébreu, 'Ezra. Baba bathra, 1. c.
I
Euseb., Hist.
eccl.,
iv, 26;
galeat., 27.
bibl., t. II, n. âl3,
' rn, 1-11, Vauteur parle à la première personne; vii, 27-ix, 15, à la troisième il empioie encore la troisième au chap. x. ;
I