MI NI STÈREDEL ’ ENSEI GNEMENTSUPÉRI EURETDELARECHERCHESCI ENTI FI QUE UNI VERSI TÉDECARTHAGE ÉCOLENATI ONALED’ ARCHI TECTUREETD’ URBANI SMEDETUNI S
MÉMOI RED’ ARCHI TECTURE
BI ENÊTREURBATECTURAL Ré f l e x i ons urunquar t i e rdebi e nê t r eauLac3
Ses s i on: Nov embr e2018
Pr é s e nt épar:
BOUAZI ZSal em
Di r e c t e urdemé moi r e:
Mr .SI DMohamed
REMERCIEMENT
C’est avec fierté que je réserve la première page de ce rapport pour remercier tous ceux qui ont contribué de prêt ou de loin à l’élaboration de ce dernier. Après 5 années d’étude à l’école d’architecture, je tiens à remercier tout d’abord tous mes enseignants pour les connaissances et les savoirs que j’ai appris grâce à eux. Je voudrais remercier mon encadrant Mr Mohamed Sid ainsi que monsieur Hédi Derbel pour tous les efforts et les conseils qu’ils m’ont apporté pour le bon développement de ce mémoire Je tiens à remercier mes parents, à qui je dédis totalement ce mémoire, pour les leçons de vie, les sacrifices, et tout l’amour qu’ils m’ont donné, merci. Je remercie mes deux sœurs pour leurs soutiens, leurs présence et tous ses moments passés ensemble, sans vous je ne serais pas ce que je suis. Je voudrais remercier aussi mes amis, pour les moments de joie et de bonheur. Pour finir, je tiens à remercier tous les lecteurs de ce rapport, pour l’intérêt qu’ils portent à mon travail. Merci !
1
INTRODUCTION L’Homme a depuis toujours su vivre en communauté, ce mode de vie a engendré une disposition spatiale particulière qui se manifeste aujourd’hui sous l’appellation de ville. Vu le développement des besoins et la constante croissance des agglomérations urbaines, il a été jugé nécessaire de penser, de programmer et de réglementer la vie et la conception de la ville, d’où la naissance de la notion d’urbanisme. Dans la conjoncture actuelle, certaines villes -à cause de leur développement accéléré-, ne semblent pas être étudiées pour répondre aux besoins des usagers. Pourtant, celles-ci sont un « lieu de vie » pour des millions de personnes. En effet, les réglementations, les normes et les standards mis en vigueur pour la planification urbaine sont devenus réducteurs et handicapants pour des villes, en plein essor, que ce soit en termes de morphologie qu’au niveau du vécu urbain. Ajoutons à cela un manque de volonté de changement, et nous nous trouvons réduits à vivre dans des villes où la voiture a le monopole et où l’usager devient simple passant. De nos jours, nous nous trouvons face à un tout nouveau rythme de vie, beaucoup plus effréné, où nos besoins sont de plus en plus diversifiés et complexes. De ce fait, nous sommes perpétuellement sujet à des facteurs qui ne font qu’augmenter notre stress et altérer notre sensation de bien être. Face à ce constant malaise auquel le citadin se trouve exposé à tout moment de sa journée, nous nous sommes retrouvés à réfléchir sur une dialectique entre la notion de bien-être et le vécu à l’échelle de la ville en général et à celle du quartier en particulier dans le but de réconcilier ces deux notions. Ceci est motivé par le fait qu’il s’agit d’une préoccupation qui concerne l’architecte dont la profession participe à l’élaboration d’un projet important : celui de construire une société sereine dans toutes ses multiplicités et sa complexité.
2
PROBLÉMATIQUE La vie humaine est depuis toujours le produit de son milieu, l’espace de part sa disposition et sa contextualisation, conditionne la culture et le vécu humain. L’Homme de par ses actions, ses choix, remodèle son environnement et participe à son évolution. Il existe ainsi un rapport de complexité entre l’Homme et son environnement illustré par l’impact mutuel de l’un envers l’autre. En effet, bien que la ville soit le produit et l’invention de l’Homme, elle nous façonne à son image. Aujourd’hui, beaucoup de villes sont devenues des entités non centrées sur l’Homme. Elles ne constituent plus un lieu de vie pour lui, mais plutôt axées sur ce que ce dernier possède. Les villes modernes se sont ainsi développées afin de devenir exclusivement des lieux de circulation, de production,... Dans une telle ville, l’Homme n’a plus sa place et son unité psychosensorielle. Il s’y trouve toujours écrasé face à la prépondérance de plus en plus grandissante de la culture de l’automobile. La comparaison entre la nouvelle conception de certaines villes (ou de parties de celles-ci) qualifiées d’inappropriées à la posture humaine et pour la sociabilité d’une part et au vécu au sein d’établissements humains d’antan à l’instar de la médina d’autre part, nous conduit à affirmer que celle-ci favorise l’intéraction et la cohésion d’une société particulière à une période donnée grâce à sa composition spatiale continue et conçue à l’échelle de l’Homme. Ce machinisme de la vie humaine a pour corollaire la nouvelle temporalité et le rythme acharné dans lequel nous vivons. Par conséquent, l’aspiration à la notion de bien-être est un dessein nouveau dans notre quotidien. C’est bien dans cet élan de préoccupations qu’ont germé nos premiers questionnements :
-Pouvons-nous réconcilier l’urbain avec le bien-être pour que la ville redevienne un lieu de vie ? -Comment réfléchir le quartier pour qu’il devienne porteur de bien-être?
3
À une échelle plus rapprochée, nous nous sommes interrogés sur le rapport qui pourrait exister entre l’urbain, l’architectural et le bien-être : -Comment pouvons-nous réfléchir le bien-être en tant que continuité urbatecturale ? -Pouvons-nous aboutir à une réflexion sur le bien-être spatial à travers le sensoriel, la forme et la disposition spatiale?
4
MÉTHODOLOGIE Notre sujet de mémoire consiste à réconcilier l’urbain -représenté par son entité fondamentale qui est le quartier- avec la notion de bien-être, dans le but de proposer une nouvelle manière de vivre la ville et de s’y sentir mieux. Pour se faire, nous avons effectué au sein de notre atelier une série de workshops consistant à soumettre notre sujet et notre méthodologie à la vision de nos collègues. Ce qui a été très productif et pertinent quant à la résolution de certains de nos questionnements, et c’est à travers ces concertations que nous avons choisi de répartir le développement de notre travail sur trois parties majeures. La première partie se divisant en deux chapitres s’articule autour des notions de bien-être et celles de l’urbain. Dans un premier temps, nous comptons nous approfondir sur les principes abordés dans chacune des parties dans l’optique d’éclaircir la démarche. Ensuite, nous essaierons de dégager le rapport qui existe entre le bien-être et l’urbain pour déboucher sur les principes du bien-être urbain synthétisés par une étude de cas existant. En deuxième partie et à une échelle plus spécifique, nous serons en droit d’étudier le rapport du bien-être avec l’espace afin de comprendre les concepts du bien-être spatial. En analogie au premier volet, nous essaierons, d’emblée, de clarifier certaines notions clés et puis de partir en quête vers des concepts du bien-être spatial tout en se basant sur la psychologie de l’espace et de nouvelles recherches scientifiques. Comme synthèse de la partie précédente, nous essaierons d’assimiler le bien-être à l’échelle urbatecturale en commençant par la définir. Par la suite, nous tenterons de réconcilier le bien-être urbain et spatial en vue de dégager les notions du bien-être urbatectural, prémices de notre conception à posteriori.
5
Dans le souci d’une insertion contextuelle optimale, nous poursuivrons par une analyse du contexte d’intervention choisi. La première étape sera de comprendre et d’analyser le contexte global de la ville de Tunis à travers des parcours commentés à partir de la médina, en passant par la ville coloniale pour finir par le quartier El Khalij ( Les berges du Lac 1). Une analyse du contexte intermédiaire (Le lac 3) aboutira à une analyse du contexte particulier (la zone B du lac 3). En déterminant les contraintes et potentialités réelles à travers ces analyses, nous serons en mesure d’esquisser l’ébauche de l’étude de notre projet défini par un essai d’intervention urbatectural : un quartier de bien-être au Lac 3.
Bien-être Quartier
Concepts du bienêtre spatial
Concepts du bienêtre urbain
- La marchabilité - La qualité visuelle - L’animation - La sûreté - La nature
Espace
- Le sensoriel - Les dispositions spatiales - La navigation - La sociabilité - Le design actif
Étude de cas à l’échelle urbaine
Étude de cas à l’échelle spatiale
L’écoquartier De Bonne
Frasers Head-quarter BVN
Le bien-être urbain
Le bien-être spatial
La ville de Tunis Le vécu dans la médina Le vécu dans la ville coloniale Le vécu dans le quartier El Khalij
Contextualisation
Le bien-être urbatectural Le projet
Une réflexion sur un quartier de bien-être au Lac 3
6
Bien-être urbain
Neuroarchitecture
Santé mentale
temporalité
Espace
Émotions
vécu
psychologie Espace perçu / vécu
sensoriel
Lumière
Vert
nature en ville
L’échelle de l’Homme Promenade urbatecturale citoyen Rythme
La ville jardin Échange
Covivance
Quartier
Bien-être Perception Végétation Harmonie Stress Sociabilité
Bien-être urbain ambiances urbaines
Urbain
Continuité
SOMMAIRE
Remerciement Introduction Problématique Méthodologie Mots clés
Partie 1 : Bien-être et urbain Chapitre 1 : Recherche d’un vocabulaire I.1-
Essai de définition sur la notion de bien-être
I.2-
L’urbain/l’urbanité
I.2-
Essai de définition sur la notion de quartier
11 11 14 15
Chapitre 2 : Le bien-être urbain II.1-
Introduction au bien-être urbain
18
II.3-
Vivre le quartier, c’est marcher ...
20
II.4-
Un beau quartier
24
II.5-
Un quartier animé
29
II.6-
Un quartier sûr
35
II.7-
Rapport ville / nature
37
Analyse de l’écoquartier de Bonne à grenoble
41
Synthèse
46
Partie 2 : Bien-être et espace Introduction Chapitre 1 : Recherche d’un vocabulaire
47 49 49
I.1-
Définition de la notion d’espace
I.2-
Définition de l’espace architectural
51
I.3-
Vivre l’espace / la perception spatiale
53
Chapitre 2 : Le bien-être spatial
55
II.1-
Introduction au bien-être spatial
55
II.2-
Un concept à saisir par le sensoriel
57
II.3-
Nature et morphologie de l’espace
64
Analyse du projet Frasers Head Office
70
Synthèse
73
8
SOMMAIRE Synthèse générale : le bien-être urbatectural
Partie 3 :
74
la ville de Tunis et son développement géographique 76
Introduction
77
1- La Médina
78
2- Le quartier colonial
83
3- Le quartier El Khalij
89
Partie 4 : Réflexion sur un quartier de bien-être au Lac 3
94
I- Analyse du contexte intermédiaire : Le Lac 3
95
II- Intervention
98
II.1 Intervention urbaine
98
II.2 Intervention architecturale
104
Conclusion générale
113
Bibliographie
114
Table de figures
116
9
PARTIE 1
BIEN-ÊTRE ET URBAIN Chapitre 1 : Recherche d’un vocabulaire I-1Essai de définition sur la notion de bien-être I-2L’urbain/L’urbanité L’urbain L’urbanité I.3 Essai de définition sur le concept de quartier - Définition - Le quartier projeté - Le quartier vécu - Le quartier : un lieu de vie Chapitre 2 : Le bien-être urbain II.1
Introduction au bien-être urbain
II.2
Vivre le quartier, c’est marcher ... II.2.1 La théorie de la marchabilité II.2.2 Marcher, c’est favoriser l’activité physique
II.3
Un beau quartier II.3.1 La qualité visuelle du lieu II.3.2 Un quartier porteur de cohérence II.3.3 Un quartier facile à vivre II.3.4 Un quartier à l’échelle humaine
II.4
Un quartier animé II.4.1 Qu’est ce qu’un quartier animé ? II.4.2 Les façades ouvertes II.4.3 La mixité programmatique II.4.4 Un quartier propice aux rencontres
II.5
Un quartier sûr II.5.1 La sécurité routière II.5.2 La prévention de la criminalité
II.6
Rapport quartier / nature II.6.1 Bien-être et nature : la biophilie II.6.2 Lien visuel avec la nature II.6.3 Présence de l’eau II.6.4 Exemples concrets
Analyse de l’écoquartier de Bonne à grenoble Synthèse 10
CHAPITRE 1. RECHERCHE D’UN VOCABULAIRE Nous commençons notre recherche sur la relation entre le bien-être et l’urbain par un approfondissement sur les principales notions que nous traiterons dans ce chapitre; le bien-être, l’urbain, l’urbanité ainsi que le quartier.
I.1. ESSAI DE DÉFINITION DE LA NOTION DE BIEN-ÊTRE
Figure 1. image représentatif du Bien-être, source :
Étymologiquement le mot « bien-être » est composé de deux mots : « Être » qui signifie l’existence d’une personne, d’une chose ou d’une idée, et « Bien » qui 1. D’après le dictionnaire Larousse.
dans ce cas est lié au bonheur, au bon1. D’après Aristote, l’Homme tend toujours vers le Bien par ses désirs, ses émotions et sa volonté. Selon le dictionnaire, le bien-être est un état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et de l’esprit. Il ne se manifeste que lorsque nos besoins sont satisfaits et que nous sommes bien dans notre corps et dans notre esprit. Le mal-être est présenté comme la notion définissant la situation opposée à celle-ci. Mais essayer de définir la notion de bien-être découle généralement sur une appréhension bien souvent subjective qui relève généralement du personnel, voire de l’enfoui. Nous confondons généralement le bien-être avec le confort et l’ergonomie, qui, dans ce cas, se limite au bienêtre physique. La notion de bien-être est bien plus générale et globale que cela, l’atelier belge « of the box » définit cette notion en affirmant que « le bien-être est un état lié à l’équilibre de différents facteurs qui, ensemble, permettent l’harmonie avec soi et les autres. Cet état lie aussi la satisfaction des besoins du corps et le
2. Ofthebox.be/le-conceptde-bien-etre
calme de l’esprit. Le bien-être peut donc signifier « être bien »2. Pour mieux comprendre ces différents facteurs générateurs de bien-être, nous nous sommes tournés vers une recherche canadienne en psychologie, ces chercheurs définissent le bien-être comme « la poursuite et la satisfaction 11
3. Recherche canadienne sur les composants du bien-être URL carmencitta. me/2017/2017/01/11/whatare-the-components-ofwellness/
des aspirations personnelles et l’acquisition et l’exercice de capacités humaines, dans un contexte de reconnaissance mutuelle, d’égalité et d’interdépendance »3. Avant de commencer à créer et à adopter des mesures du bien-être, il faut formuler et accepter une définition « à échelons multiples » de la notion. Cela nous a amené à nous tourner vers une autre approche, et c’est à travers plusieurs recherches scientifiques que nous avons pu déduire que le bien-être pourrait posséder essentiellement six dimensions qui sont :
Bien-être physique Cela implique la capacité de mener à bien nos activités quotidiennes. Le développement physique encourage l’activité physique. En d’autres termes, la santé physique comprend le fait de bien manger, de faire des exercices réguliers et d’être en forme. Figure 2. Dessin : bien-être physique
Bien-être social Il s’agit de la qualité des relations avec autrui et la communication avec eux. En fait, cette composante sociale signifie avoir la capacité d’interagir avec succès avec des personnes différentes et un environnement distinct. Figure 3. Dessin : bien-être social
Bien-être mental C’est être capable d’apprendre et d’utiliser efficacement l’information. En outre, il s’agit de la façon dont nous reconnaissons la réalité et faisons face aux exigences de notre vie quotidienne.
Bien-être émotionnel
Figure 4. Dessin : bien-être mental
C’est la capacité à contrôler le stress et à ne pas exagérer dans nos moments de colère. En outre, il s’agit d’arriver à exprimer nos émotions confortablement. Être émotionnellement en bonne santé signifie être optimiste dans la vie. 12
Bien-être spirituel Ça réside dans le fait d’arriver à développer un sens et un but à la vie. En d’autres termes, il s’agit de vivre en harmonie avec ce qui nous entoure et d’arriver à intégrer nos croyances et nos valeurs dans notre quotidien.
Bien-être environnemental C’est la dimension qui nous intéresse le plus dans notre mémoire pour sa relation avec l’environnement et avec tout ce qui nous entoure. Il s’agit de bien vivre dans et avec notre environnement, être en harmonie avec ce qui nous entoure. D’autres études effectuées par la commission européenne sur la notion de bien-être auprès de différentes classes et catégories sociales dans toute l’Europe confirment que l’un des
facteurs
fondamentaux
du
bien-
être est la situation / le contexte de vie /
Figure 5. Photographie de la Salk Institute par Louis Khan
l’environnement sur lesquels nous reviendrons ultérieurement dans notre développement.
Le bien-être une notion relative Nous concluons que ces définitions mettent en lumière le fait que le bien-être est mieux compris comme une notion à facettes multiples que nous pouvons à la fois définir de manière objective (grâce à une liste de divers domaines) et de manière subjective (à titre d’état actuel de bonheur). Ce dont nous pouvons être sûr, c’est que c’est un processus actif dont l’Homme doit prendre conscience et faire des choix en vue d’une existence meilleure Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que cette notion est en constante évolution. A titre d’exemple, le 11 juin en Turquie a été institué la « Journée mondiale du bien-être » à partir de 2012. Ceci révèle l’existence d’un besoin de plus en plus grandissant chez beaucoup de monde. En effet, de plus en plus de personnes se mettent en quête davantage de bien-être. Peut-être à cause de notre mode de vie; source de stress et d’angoisses diverses, à l’accélération du monde où tout va continuellement plus vite dans tous les domaines. 13
I.2 L’URBAIN / L’URBANITÉ: L’urbain : Utilisé traditionnellement comme adjectif, selon le dictionnaire, c’est ce qui se rapporte à la ville, à l’agglomération humaine concentrée dans la cité, par opposition à ce qui est rural, nous pouvons ainsi déduire l’urbain de ce qui ne 4. Choay Françoise (1994), « Penser la non-ville et la noncampagne », La France audelà du siècle
l’est pas. Selon Françoise Choay c’est « la civilisation qui se met en place à l’échelle planétaire, supprimant l’ancestrale différence entre rural et urbain »4 Nous pouvons définir l’urbain comme une agglomération d’une certaine importance, à l’intérieur de laquelle la plupart des habitants ont leur travail dans le commerce, l’industrie ou l’administration. Ainsi, nous pouvons dire que l’urbain correspond à la forme actuelle et prédominante des établissements humains.
L’urbanité : Dans le sens commun, l’urbanité représente un caractère de ce qui est urbain, dans le sens sociologique, l’urbanité est la manière d’être en ville Dorier-Aprill définit l’urbanité « comme mode d’être en ville , comme un 5. E.Dorier-APRILL , 2001, Vocabulaire de la ville , notions et références . Edition du temps , Nantes p114
système de représentation et comme construction collective qui rend possible la convivialité »5 L’urbanité apparaît ainsi comme un caractère propre de la ville dont l’espace est organisé pour faciliter au maximum toutes les formes d’interaction. Le degré d’urbanité d’une situation urbaine est lié à la configuration spatiale de celle-ci. C’est pourquoi la présence d’espaces publics contribue à l’élévation du degré d’urbanité d’une entité urbaine. L’urbanité est favorisée par une double mixité : une mixité sociale et une mixité fonctionnelle. Ainsi nous pouvons résumer que l’urbanité c’est une territorialisation, une sociabilité, une forme de culture, une manière de vivre le territoire urbain, c’est l’art de vivre en milieu urbain.
14
I.3 ESSAI DE DÉFINITION DU QUARTIER
Figure 6. Dessin représentant un quartier
D’après le Larousse et d’un point de vue réglementaire, un quartier est une division administrative d’une ville, c’est aussi une partie d’une ville ayant certaines caractéristiques ou une certaine unité. Subjectivement, le quartier peut représenter notre environnement immédiats, dans une ville, du lieu où on se trouve et plus particulièrement du lieu d’habitation. La notion de quartier a fait l’objet d’un traitement empirique regardant la ville comme un ensemble plus ou moins intégré d’unités géographiques spécifiques (les quartiers) , cette notion est toujours définie différemment selon les chercheurs. Depuis nos premières recherches, nous nous sommes retrouvé face à deux visions antagonistes quant à la définition du quartier. D’un côté, nous avons le quartier du géographe « le quartier projeté » fondé sur la division technique et sociale de l’espace. De l’autre, nous avons le quartier du sociologue « le quartier 6. Di Meo Guy. Epistémologie des approches géographiques et socioanthropologiques du quartier urbain. In: Annales de Géographie, t. 103, n°577, 1994. pp. 255;
vécu », un lieu d’enracinement qui permet à l’homme de « s’épanouir dans les fonctions de protections de reproduction et d’éducation »6.
Le quartier projeté Pour la géographie et pour bon nombre d’autres sciences humaines, il se définit au sens le plus étroit du terme comme une division administrative, parfois comme une forme engendrée par les accidents de la topographie ou
Figure 7. Schéma de la projection d’un quartier
15
de l’histoire. Le paysage, l’aspect architectural, les agencements spécifiques d’espaces illustrant des choix urbanistiques ainsi que le symbolisme que recèlent certains monuments créent aussi dans la ville de tels lieux singuliers. La localisation des fonctions, les distributions sociales donnent également naissance à des unités géographiques plus ou moins homogènes que nous baptisons souvent du nom générique de quartier. 7. Di Meo Guy. Epistémologie des approches géographiques et socioanthropologiques du quartier urbain. In: Annales de Géographie, t. 103, n°577, 1994. pp. 255-275; 8. Georges Charles Claude Chabot est un géographe français 9. Chabot Georges Charles (1948) «Les villes» Paris Édition. Colin
Selon Françoise Choay, le quartier est « une fraction du territoire d’une ville, dotée d’une physionomie propre et caractérisée par des traits distinctifs lui conférant une certaine unité et une individualité »7. De même Georges Chabot8 parle de « fraction d’espace urbain présentant des caractères communs »9. Ces réflexions définissent donc un quartier caractérisé par la constitution progressive d’un tissu basé sur une anatomie, afin d’en dégager l’unité.
Le quartier vécu Quant
aux
sociologues
et
aux
anthropologues, ils représentent la notion de quartier comme un lieu d’interaction sociale intense ou même comme un véritable
village dans la
Figure 8. Peinture : Fête du quartier 2014
ville qui serait capable de manifester une certaine autonomie sociale. 10. Tel que Kej Noschis, un analyste jungien et psychothérapeute à Lausanne. 11. Henry Lefebvre, 1967 «Le quartier et la ville» Cahiers de I.A.U.R.P. vol 7, Paris 12. Michel Maffesoli, né le 14 novembre 1944 à Graissessac, est un sociologue français.
D’autres chercheurs10 débouchent sur le fait que le quartier est un véritable objet socio-spatial complexe. Alors que certains le considèrent comme une représentation, un espace mental aux limites indécises, « une réalité conjoncturale plutôt que structurale »11 Pour ces derniers le quartier objectivé représente une vision réductrice et erronée. Pour Michel Maffesoli12, la notion de quartier se rattache directement à celle de sociabilité spontanée et superficielle, ce qu’il appelle la « socialité » Abraham Moles pense que le quartier forme « le lieu charismatique de la rencontre et du regard social, de la spontanéité et des automatismes dans les pratiques et les rencontres »
16
Image plus que réalité, il ménage et accompagne le cheminement décisif que l’individu parcourt chaque jour depuis son univers familier (l’habiter, le logis, la famille, et le foyer) jusqu’aux sphères insondables de l’altérité sociale. A ce titre, il revêt la fonction une territorialité et une logique spatiale articulant les rapports sociaux : des plus familiers aux plus anonymes. C’est donc un espace représenté : « une superstructure construite, produite et imaginée dans le champ psychologique de l’individu, mais néanmoins intelligible pour la collectivité en tant 13. Di Meo Guy. Epistémologie des approches géographiques et socioanthropologiques du quartier urbain. In: Annales de géographie, t. 103, n°577, 1994. pp. 255-275; 15. Pierre George, est un géographe français
14. George P. «Essai de classification des facteurs de différenciation des quartiers urbains», Annales de Géographie, Paris, 1957
que représentation imprégnée d’informations et d’apprentissages sociaux. »13
Le quartier : un lieu de vie Le géographe Pierre George15 a tenté de rapprocher ces deux approches contradictoires en essayant d’affirmer la composante morphologique indéniable des quartiers par leurs compositions, leur peuplement et leurs fonctions, mais aussi la composante sociologique : Le quartier est comme une entité vivante intérieure dans la ville14. Pierre Mayol affirme aussi que le quartier est « un espace spécifique situé entre un dedans et un dehors, dans lequel le rapport espace temps est le plus favorable à l’usager, un lieu où on se déplace à pied, un lieu d’engagement du corps dans l’espace public qui contribue à l’identité de
16. Di Meo Guy. Epistémologie des approches géographiques et socioanthropologiques du quartier urbain. In: Annales de Géographie, t. 103, n°577, 1994. pp. 255-275;
l’habitant et à son sentiment d’appartenance à l’espace »16 Ainsi, le quartier est un lieu d’habitat, un espace de référence pour ceux qui le fréquentent mais c’est certainement un objet qui peut être planifié et construit et dont la forme est saisie dans sa tridimensionnalité et sa matérialité plastique.
17
CHAPITRE 2 : LE BIEN-ÊTRE URBAIN II.1 INTRODUCTION AU BIEN-ÊTRE URBAIN
« Ce n’était pas seulement une ville où j’avais grandi,
17. Julien Gracq, «La Forme d’une ville», Paris, éd. José Corti, 1985
c’était une ville où, contre elle, selon elle, mais toujours avec elle, je m’étais formé. »17 Julien Gracq18
18. Écrivain français né en 1910 à Saint-Florent-le-Vieil et mort en 2007 à Angers
Figure 9. Collage rerésentant un espace public
Nous avons entamé nos recherches en ayant pour objectif de comprendre si nous pouvions, à travers la disposition urbaine, apporter du bien-être aux usagers. Plus nous nous avancions dans la quête vers ce lien, plus nous comprenions que les architectes et les urbanistes possèdent entre leurs mains un vrai pouvoir; le pouvoir de planifier une ville heureuse. Malheureusement, ces derniers ont souvent accordé peu d’attention aux effets cognitifs potentiels de leurs créations sur les citadins. Le réglementaire, la norme, le standard tendent à l’emporter sur la création qui pourrait façonner le psychique des usagers. C’est d’autant plus important de nos jours que nous savons qu’un certain nombre d’études ont montré que vivre dans une ville augmente de 40 % le risque de souffrir de dépression, de 20 % celui de contracter un trouble anxieux et double les chances de devenir schizophrène. Quand nous pensons à la santé mentale,
Figure 10. Oeuvre photographique Stephanie Jung
de
18
on pense généralement aux traitements psychologiques, aux antidépresseurs, 19. Le Design Council est un organisme de bienfaisance indépendant et conseiller du gouvernement anglais en matière de design.
aux hôpitaux psychiatriques, … Mais, selon l’organisme britannique «Design Council»19, nous pourrions commencer à y remédier à travers le design de nos quartier. Santé ? Bien-être ? Figure 11. Interaction entre l’Homme et son environnement
Les relations ville-santé font l’objet de travaux de recherche qui font suite à des pratiques opérationnelles en urbanisme, ces dernières sont restées dominées 20. Antoine Bailly est un géographe suisse.. Il est professeur honoraire de l’Université de Genève. Titulaire d’un doctorat en géographie de l’Université de Paris-Sorbonne 21. Bailly Antoine (2014), «Géographie du bien-être», Paris : Anthropos-Economica, 152 pages
depuis le 19e siècle par des notions d’hygiène ou de salubrité. Depuis 10 ans, une nouvelle notion a émergé dans le champ scientifique à travers les travaux d’Antoine Bailly20 : le bien-être. « Cette notion a contribué à ouvrir le domaine des questionnements sur les dimensions perceptives, sensorielles, vécues. »21 Ainsi et à travers des constatations scientifiques et des recherches empiriques que nous exposerons ultérieurement, nous pouvons aujourd’hui à travers la disposition spatiale, urbaine et architecturale affecter notre bien-être et notre
22. Cela car nous possédons des cellules dans la région de l’hippocampe qui sont en accord avec la géométrie et la disposition spatiale que nous habitons.
humeur22. Ainsi, la forme urbaine, comme substrat, nous permettrait de créer des dynamiques d’ambiances susceptibles de participer à l’état de bien-être. Pour conclure, nous devons prendre en considération tous les composants et les paramètres de l’urbain, les perceptions, les ambiances, la cohérence, la marchabilité, dans une vision holistique en mettant au centre l’usager, le citoyen et ses besoins dans le but de créer une expérience urbaine réjouissante.
19
II.2. UN QUARTIER OÙ IL FAIT BON MARCHER
Figure 12. Image de synthèse de la bibliothèque publique de Londres par visualizing-architecture
«La vie, c’est à pied que ça se passe»23
23. Jan Gehl, «Pour des villes à échelle humaine», p131
Jan Gehl
II.2.1. La théorie de la marchabilité L’une des premières théories sur lesquelles nous nous sommes penchés est 24. Jeff Speck est un urbaniste américain, écrivain et conférencier. Auteur et coauteur de plusieurs livres sur l’urbanisme, dont son livre de «Walkable City».
celle de la marchabilité (« walkability ») de Jeff Speck24. La marche se trouve être le meilleur moyen de vivre la ville, de vivre dans notre quartier. Elle est un outil pour générer le bien-être urbain dans des villes de plus en plus soumises au monopole de l’automobile. Afin d’inciter les gens à marcher et à profiter de leur citadinité, nous devons faire en sorte de créer une promenade urbaine qui soit plus intéressante que de parcourir l’espace urbain rapidement en voiture. Les chercheurs partent dans leur théorie du constat que, dans un quartier, certains itinéraires sont préférés à d’autres. Leur objectif
était
de
mesurer
quantitativement
certaines
qualités qu’ils ont identifiées pour
fournir
des
outils
aux
Figure 13. Dessin de Jeff Speck expliquant les organisations viaires pour assurer la marchabilité.
planificateurs urbains.
20
D’après Jeff Speck, pour assurer la marchabilité dans un quartier, il faut impérativement proposer quatre principes de planification qui sont : -
Avoir une bonne raison pour marcher
-
Se sentir en sécurité en marchant
-
La marche doit être confortable et agréable
-
Le trajet doit être intéressant
Ces principes, appliqués en même temps, assure une ville où il fait bon de marcher. Plusieurs fondements non-dits de la planification urbaine peuvent en découler. La place que possède le piéton dans la ville par rapport à la voiture est par exemple très importante, nous devons pour cela laisser assez d’espace à l’usager pour marcher sans devoir se faufiler entre les obstacles, ni se faire bousculer. La voiture représente dans la ville tout type de nuisances; sonore, olfactive, atmosphérique. C’est un élément
Figure 14. Obstacles sur les espaces dédiés aux piétons à Genève en Suisse.
agresseur. Ainsi nous devons mettre en avant le piéton dans un quartier qui favoriserait le bien-être. Dans ce contexte, J. Speck explique que nous devons projeter des rues dont les trottoirs seraient plus larges que la chaussée réservée aux véhicules et qu’il faut aussi protéger le piéton, le faire sentir en sécurité dans son quartier. La sécurité qui se trouve être parmi l’un des fondements de la théorie de la marchabilité, et dont nous parlerons par la suite. Il nous introduit aussi, à travers les expériences faites aux Etats-Unis, à l’impact que peut avoir le dimensionnement des éléments physiques - la largeur des trottoirs, l’intensité du trafic, la hauteur des bâtiments, les dimensions et le type d’îlot - sur le vécu urbain, en explicitant la répercussion négative sur l’îlot de grandes proportions sur les citadins.
21
25. Jan Gehl est un architecte et urbaniste danois. Il est professeur en design urbain à l’école d’architecture de l’Académie royale danoise de Copenhague
Jan Gehl25, dans son ouvrage «Pour des villes à échelle humaine», nous révèle aussi les attitudes des usagers d’une multitude d’endroits publics face aux escaliers. En effet, il nous fait remarquer à travers plusieurs constatations que si l’usager a le choix de ne pas emprunter l’escalier, ce
Figure 15. Les clients de ce centre commercial ont le choix entre une rampe, un escalier ou un escalier roulant (Pékin, Chine).
dernier l’évitera. Nous comprenons ainsi à travers des études empiriques que les déplacements verticaux représentent une barrière physique et psychologique chez l’usager de l’espace urbain. L’un des exemples que nous pouvons citer, en matière de villes où il fait bon de marcher, est celui de Vienne en Autriche.
Figure 16. Rue piétonne de la ville de Vienne reconnue comme la ville où il fait le mieux de vivre en 2018
22
II.2.2.
Marcher, c’est favoriser l’activité physique
L’activité physique est un déterminant essentiel de la santé et du bien-être des gens. Selon un rapport du European Heart network, la sédentarité liée au mode de vie moderne est un facteur de risque majeur du développement de maladies cardio-vasculaires. Les populations inactives ont deux fois plus de risques de présenter des problèmes cardio-vasculaires et cérébrovasculaires graves que les populations actives. L’aménagement d’espaces attractifs, de parcs et jardins de proximité, la construction de terrains et d’équipements sportifs, ainsi que les aménagements piétonniers et cyclables, sont cruciaux pour favoriser l’activité physique de la population. L’homme est devenu aujourd’hui « confort addict ». A titre d’exemple grossier et exagéré, marcher pendant plus d’une dizaine de minutes entre son lieu de travail et un commerce relève parfois de l’insurmontable, pour remédier à ces problèmes, nous pouvons proposer deux solutions : -
Mixer les usages dans un lieu et les compacter (plus de proximité).
-
Transformer ce parcours en une marche ressourçante en facilitant les
accès et faisant des lieux d’intérêts. L’organisation de parcs et places urbains, des aires de jeux, la présence de commerces, les espaces piétonniers et même les voies cyclables peuvent favoriser l’activité physique dans un quartier.
23
II.3. UN BEAU QUARTIER
Figure 17. Une promenade urbaine au bord du lac
« La rue magnifiée éveillera dans le peuple un sentiment délicat des concordances esthétiques que l’éducation contribuera à affermir. Et la ville 26. Levitte Agnés (2010). La perception des objets quotidiens dans l’espace urbain. Linguistique. Ecole des hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS),
où la beauté s’élèvera à la hauteur d’une institution deviendra l’esprit et le cœur du monde »26
II.3.1. La qualité visuelle du lieu Le deuxième concept sur lequel nous nous sommes concentrés concerne l’image que reflète le quartier à travers ses composants. Dans un quartier de bien-être, le passant qui s’achemine sur le trottoir doit percevoir fréquemment une beauté, un « plaisir des yeux » devant le paysage urbain. L’esthétique peut se travailler à travers la qualité des aménagements, les œuvres d’art existantes, la végétation, le type d’activités existantes, Les façades des bâtiments, … Réfléchir tous ces éléments avec cohérence et selon une vision anthropocentrique pourrait nous donner une ville esthétiquement agréable. D’après une recherche sur la psychologie urbaine menée aux Etats-Unis et
27. Colin ELLARD : Neuroscientifique, auteur et consultant en design urbain, professeur assistant à l’université de Waterloo.
présentée dans la conférence «Concious cities», Colin Ellard27 a conclu que les usagers de la ville sont fortement affectés par les façades des bâtiments et la nature de l’activité, il affirme, à partir de ses recherches, que si la façade est complexe et intéressante, elle renvoie un impact positif sur les passants, négativement si c’est simple et monotone. 24
Il nous donne l’exemple à Manhattan d’un groupe de passants, équipés de bracelets électroniques, qui ont vu leurs états d’humeur chuter en passant devant une longue façade monotone en verre fumé d’un magasin. Ils ont accéléré le rythme de marche comme pour sortir de cette zone. Les passants ont ralenti en atteignant une série de restaurants et de magasins, où ils ont dit à l’unanimité se sentir plus engagés et plus vifs. Ainsi, nous pouvons lier la complexité à la richesse visuelle du lieu.
Figure 18. Illustration d’Owen Davey
Mais, nous savons que le quartier est un élément complexe et ainsi l’esthétique de la ville serait le résultat d’un ensemble : nous pouvons citer l’architecture des bâtiments environnants, le design du mobilier urbain, les ambiances, la couleur et le motif au sol, la nature des activités qui s’y passent, la largeur des trottoirs, … Tous ces paramètres travaillés avec une esthétique réfléchie permettent une expérience urbaine agréable, diversifiée et plaisante.
25
II.3.2.
Un quartier porteur de cohérence
Les questions relatives à la qualité visuelle d’une ville sont plus générales. Dans une large mesure, elles touchent le design et les détails d’éléments en particulier, de même que les manières d’assurer leur cohésion. Elles concernent les modes d’expression purement visuels, l’esthétique, le design et l’architecture. Un espace urbain peut satisfaire toutes les exigences pratiques. Cependant, si ses composants, ses couleurs et ses matériaux sont arbitraires, il sera dépourvu de toute cohésion visuelle. Il importe d’unir l’ensemble des caractéristiques essentielles d’un espace urbain en un tout cohérent. En revanche, nous pouvons concevoir un lieu en privilégiant ses qualités esthétiques, mais en négligeant ses aspects fonctionnels. Se faisant, on crée certes un magnifique espace urbain aux détails finement élaborés, mais ne répondant pas aux exigences relatives à la sécurité, au climat et à la possibilité d’y pratiquer des activités.
Figure 19. Pioneer Courthouse Square, Portland, États-Unis
26
II.3.3. Un quartier facile à vivre En faisant nos recherches sur la qualité visuelle, nous avons compris qu’une ville heureuse est une ville ayant des espaces aisément reconnaissables et distincts. C’est une ville où l’usager sait identifier le lieu où il se trouve; un lieu de flânerie sans se soucier de se perdre et qui laissera une impression durable. Ainsi, nous parlons de la lisibilité de la ville, ce qui nous a amené à un autre paramètre très important dans la conception d’un quartier heureux : Les repères urbains. L’un des facteurs négatifs quant à la vie dans une grande ville, est le sentiment constant d’être écrasé et d’être constamment perdu et désorienté. A cet égard, nous avons considéré comme support d’étude une comparaison entre la ville de New York, qui avec sa trame régulière relativement simple était facile à vivre, et la ville de Londres avec ses quartiers tous orientés différemment. C’est vrai que cette analogie a été faite à partir d’une grande échelle, mais nous pouvons en dégager une application à l’échelle d’un quartier. À la conférence Conscious Cities, Kate Jeffery, un neuroscientifique comportemental à University College de Londres qui étudie la navigation, a fait remarquer que « pour se sentir connecté à un endroit, nous devons savoir comment 28. Lors de la conférence Conscious Cities à Barcelone. URL : www.youtube.com
les choses se rapportent les unes aux autres dans l’espace. En d’autres termes, nous avons besoin d’un sens de l’orientation »28
27
II.3.4.
Un quartier à l’échelle humaine
Les rapports spatiaux dans un quartier, de part ses espaces publics, ses places, ses bâtiments et tous ses recoins les plus infimes, ont un impact important sur le vécu urbain et détermine si cet espace est bon pour s’y arrêter ou le fuir. un quartier de bien-être se veut d’être à l’échelle de l’Homme. A travers les proportions et l’échelle générale des composants urbains, nous pouvons déterminer l’allure de la marche urbaine. Mis à part les proportions, nous pouvons exploiter d’autres outils pour ramener le quartier à l’échelle de l’Homme tels que les arbres, la végétation, le mobilier urbain et sa nature. Les proportions et les dimensions doivent être des facteurs de première importance dans la conception urbaine. En effet, si nous négligeons ces deux paramétres au profit du confort, de l’ambiance et de l’éclairage, tout cela sera vain. «La dimension d’un espace urbain est un facteur déterminant du bien-être de ses occupants et du rôle qu’il va jouer en tant que cadre pour les activités 29. Jan Gehl, «Pour des villes à échelle humaine»
humaines.»29 L’architecte urbaniste italien Camillo Sitte a souligné l’importance de projeter l’espace urbain en rapport avec ses usagers et des fonctions qui y existent, et de le fermer en l’entourant de façades pour limiter le champ visuel et permettre au citadin de le distinguer.
Exemple : La ville de Hydra
Figure 20. La ville d’Hydra en Grèce
La ville d’Hydra en Grèce, et plus précisement son quartier sur le port, est pensée à l’échelle de l’Homme, de part sa taille réduite et sa forme semi-circulaire bordée par une baie. Elle est dimensionnée en considérant les sens. Le port est riche en détails et offre une vue d’ensemble sur les espaces urbains et les fonctions. 28
II.4. UN QUARTIER ANIMÉ Pour une meilleure expérience urbaine, le quartier comme entité invitante et animée se doit d’être un but en soi, il s’agit d’y concevoir des espaces publics accueillant, favorisant l’intéraction sociale. Ce concept de quartier animé présenté
Figure 21. Quartier de Flushing, New York, États-unis
par Jan Gehl est un concept relatif. En effet, l’animation ne se résume pas à une question d’affluence ou de nombre de passants. C’est plutôt le caractère accueillant, la complexité et la diversité de la vie urbaine. Dans la conception d’un quartier animé, nous devons prendre en considération les activités sociales et récréatives qui doivent s’y développer. C’est ainsi un équilibre entre une dimension quantitative certes mais aussi, en première instance, qualitative. «La vitalité de l’espace urbain a un impact considérable sur la perception qu’on 30. JAN GEHL, «Pour des villes à échelle humaine»,p75
a de celui-ci. Une rue sans vie est comme un théâtre vide, où l’absence de public laisse entendre que quelque chose ne va pas.»30 Pour Jan Gehl, la vie dans un quartier est un processus qui s’autoalimente, car une ville s’anime car elle est animée, cela commence généralement par des enfants qui vont y jouer et qui vont attirer d’autres acteurs de la vie urbaine, en
31. D’après un vieux dicton scandinave
effet «les gens vont là où il y a du monde»31 car l’Homme est attiré spontanément par la présence d’autrui. Cependant, un quartier dense n’est pas automatiquement animé, des espaces publics démesurés ne signifie pas une vie urbaine active, nous devons concevoir des espaces de façon à rapprocher les gens, les attirer et les intéresser.
Figure 22. Place public démesurée
29
II.4.1.
Les façades ouvertes : un concept primordial pour un quartier
animé En nous promenant dans un quartier, notre champ visuel est délimité par les façades des constructions s’y trouvant. La nature de ces dernières a ainsi un impact sur la vitalité du quartier. Les façades sont l’interface limitrophe entre le quartier et ses constructions, nous pouvons bavarder
à
l’ombre,
s’arrêter
devant, les longer, entrer et sortir, ...
Figure 23. Illustration d’un quartier avec des immeubles sans façades
Ainsi, et dans la conception des façades d’un quartier de bien-être, nous devons prendre en considération le rythme et l’échelle des façades, leur transparence. De cette manière, la marche devient plus agréable si nous pouvons percevoir ce qui se tient à l’intérieur des constructions, la façade doit être interactive et faire appel aux sens. Pour une diversité d’expériences, celles-ci doivent assurer une mixité fonctionnelle et des façades à axes verticaux qui rendent le trajet des passants plus intéressant et les distances de marche plus courtes. «le nombre de personnes passant ou s’arrêtant devant les façades ouvertes était sept fois plus élevé que le niveau d’activité constaté devant les façades 32. Jan Gehl, «Pour des villes à échelles humaine», écosociété
fermées»32 selon une étude menée en 2003 sur les quartiers de Copenhagen nous affirme Jan Gehl.
30
II.4.2.
La mixité programmatique
Vers la fin du vingtième siècle, la planification
urbaine
s’est
développée
et nous sommes passés d’une réflexion tournant autour de la notion de réseau vers celle de fonction/zoning, cette stratégie du zoning urbain tel que sont faites toutes nos villes aujourd’hui est, d’après J. Speck, limitatrice envers le citadin. En effet, cette stratégie initiée dans les villes industrielles avec un centre-ville commercial avec des
Figure 25. Affiche illustrée à la main de la Carte de La Latina à Madrid, réalisée par Relaja Elcoco
quartiers résidentiels en périphérie, n’est pas la
solution optimale, marcher dans un quartier purement résidentiel ne représente aucun intérêt pour l’usager. C’est une expérience urbaine ennuyante nous incite à accélérer le rythme et à parcourir la zone plus rapidement. Afin d’assurer le bien-être au sein d’un quartier : Il devrait être mixte, présentant une promenade urbaine ponctués par des événements diversifiés soulignant un certain intérêt pour le passant. La mixité programmatique dans un quartier est ainsi un facteur important dans la conception de l’expérience urbaine.
Figure 24. Projet de requalification fonctionnelle du plateau de Saclay, Les yvelines
31
II.4.3.
Un quartier propice aux rencontres
« Les espaces publics qui se définissent comme des espaces de la rencontre des individus dans l’anonymat mettent en scène la société dans sa diversité et de ce fait 33. Ghorra-Gobin Cynthia (2001), «Les espaces publics, capital social», Géocarrefour, Vol.76, No.1 pp. 5-11
représentent la fonction symbolique du vivre-ensemble. »33
Figure 26. Illustration d’Owen Davey
Covivance, vivre ensemble, sociabilité, urbanité : ce sont des concepts primordiaux pour la réflexion sur un quartier de bien-être. Nous devons aménager l’espace pour favoriser la création de liens sociaux entre les usagers. De nos jours, nous avons ce que les chercheurs appellent « stress social»21 qui est dû au manque de liens sociaux et de cohésion dans les quartiers. 34. Le stress-social entraîne chez certaines personnes une diminution de la matière grise dans le cortex préfrontal dosolatéral droit et le cortex cingulaire antérieur perigénaire.
Andreas Meyer-Lindenberg de l’Université de Heidelberg a montré que la vie urbaine peut modifier la biologie cérébrale34 , ces changements sont associés à des expériences de vie stressantes. L’isolement, la solitude peuvent favoriser la dépression, l’addiction, et même des comportements sociaux pathologiques. Favoriser l’établissement de réseaux sociaux et de communication et créer une atmosphère urbaine conviviale sont très bénéfiques, car la santé mentale est partie intégrante de la santé publique. Une communauté active et responsable se doit de lutter contre l’isolement en contribuant à la convivialité des lieux publics afin que se rencontrent les différentes cultures et générations qui la composent. Cela 32
renforce le tissu associatif, ainsi que la sensation de sécurité et de bien-être des habitants. Ainsi, nous devons dans notre réflexion encourager les connexions sociales sans jamais l’imposer. Par exemple, Le sociologue William
Whyte
conseille
les
urbanistes d’aménager l’espace public avec des « objets » de
manière
à
rapprocher
physiquement les gens et à les
Figure 27. «La chaussure Nike» œuvre de Delphine Decamp, la dalle du Colombier, Rennes
rendre plus enclins à se parler, ce qu’il appelle « triangulation ». Comment faire cela ? Exemple : Quand nous voyons une sculpture sur pierre, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser, comment cela a-t-il été fait? Qu’est-ce qui a été fait par ciseau? Qu’est-ce qui a été fait avec du papier de verre? Ce faisant, nous nous imaginons également comme l’acteur de cette création, créant ainsi une pause et une relation plus profonde avec l’objet ou l’environnement, mais aussi avec les autres. Ainsi, la solution serait d’enrichir l’espace public de sorte à créer plusieurs convergences. Même si cette stratégie ne permettra pas de bannir la solitude des villes, cela pourrait aider les résidents à se sentir plus engagés et plus à l’aise avec leur environnement, ainsi, pour être propice aux rencontres, un quartier doit nous permettre de pratiquer trois actes humains de base : regarder / écouter / parler.
Les liens viseuls Mis à part les rencontres directes, nous devons aussi favoriser les relations indirectes, à travers la flânerie, le regard, l’exposition de l’espace, le fait de voir les autres. Ceci présente une autre manière d’échange. Il faut pour cela prendre en considération les points de vue. Le contact est, avant tout, le regard entre passants ou la contemplation de notre appartement vers l’espace public. De ce fait, il faut réfléchir les points de vue de sorte à ce que ces derniers soient dégagés et qu’ils soient riches et diversifiés. 33
Mobilier urbain et sociabilité : Le mobilier urbain est l’outil principal pour façonner et donner vie à l’urbain. Très diversifié, nous pouvons y assimiler les bancs publics, les luminaires, les abris, …. Ces éléments doivent être considérés comme faisant partie d’un tout et réfléchis en fonction de l’environnement et non comme quelque chose à plaquer ou à ajouter à la fin. Le mobilier urbain nous sert à générer l’urbanité, la covivance dans la ville et cela ponctue aussi le vécu urbain. En effet, c’est essentiellement le mobilier urbain qui crée les repères dont nous avons parlé précédemment, Le mobilier urbain ponctue ainsi le flux visuel. L’outil que possède l’architecte pour faire en sorte que les gens se rencontrent, est certes, d’une façon globale, la morphologie d’ensemble du quartier, mais c’est aussi les choix de ces mobiliers urbains. A travers ce moyen, le concepteur peut faire en sorte que les gens se voient, se parlent, ... ou restent seuls. Prenant l’exemple des longs bancs publics, ces derniers permettent aux usagers de garder une certaine distance entre eux et de protéger leur bulle personnelle, mais ils ne sont pas très propices à la conversation. Il existe, au contraire, d’autres dispositions,
Figure 28. Bancs public regroupés
à l’instar du regroupement de bancs en «espaces de rencontre», Né dans les parcs urbains de Paris, des espaces publics dotés de chaises mobiles constituent aussi une bonne réponse quant au fait de vouloir favoriser la sociabilité.
Figure 29. Chaises mobiles
Ainsi, au delà de l’harmonie et de l’esthétique
qui sont toutes aussi
déterminantes, les mobiliers urbains se doivent d’être propices à la rencontre.
34
II.5. UN QUARTIER SÛRE Pour que les usagers du quartier puissent se sentir bien dans leur milieu, il est primordial qu’ils y éprouvent une certaine sécurité. Pour se faire, nous allons aborder deux nécessités à savoir la sécurité routière et celle face à la criminalité en vue d’assurer un sentiment de sérénité constant.
II.5.1.
Sécurité routière Nous
devons
favoriser
la
marche à pied et mettre le passant en sécurité juste après le cycliste Voie véhiculaire
Voie piétonne
Piste cyclable
suivi par la voiture qui devient le moyen de transport le moins
Figure 30. Limite/protection entre l’espace dédié aux différents usagers voulu
en ville.
Il est indispensable de planifier un espace nécessaire pour les passants et d’user du mobilier urbain pour créer des limites physiques mais non psychologiques. Plus concrètement, le passant ne doit pas être toujours sur les nerfs, les enfants doivent pouvoir marcher sans que leurs parents ne soient constamment obliger de les surveiller.
II.5.2.
Prévention de la criminalité
Quand la nuit tombe, la lumière émanant des bâtiments participent grandement à la sécurité des passants. L’altérnance entre des fonctions diurne et nocturne participe aussi à c De prime abord, un quartier vivant est un quartier sûr et inversement. Il faut maintenir un quartier vivant et animé pour assurer la sécurité dans ce dernier. Dans cet élan d’idées, les façades vivantes peuvent rendre un quartier plus serein. De plus, faciliter l’orientation, grâce à une structure de quartier limpide, donne une impression de sécurité supplémentaire et par conséquent de bien être à l’usager de l’espace.
Figure 31. Éclairage et activité nocturne
35
« La perception de la rue inclut les espaces architecturaux. Les lieux comme les boutiques, les façades, les entrées d’immeubles et de parkings doivent absolument être pris en compte et intégrés dans le dessin des projets. Il s’agit ainsi de travailler sur le « génie » d’un lieu, sa cohérence, sa marchabilité, sa fluidité, sa richesse perceptuelle afin que l’individuel, le particulier et le social se côtoient en bonne intelligence. Confort, rencontre, échange, plaisir et même désir, mystère ou clarté 35. Ghorra-Gobin Cynthia (2001), «Les espaces publics, capital social», Géocarrefour, Vol.76, No.1 pp. 5-11
… autant de qualités qui peuvent appartenir à la ville à travers ses objets quotidiens sous l’enjeu du rapport entre fonctionnel et créatif. »35 36
II.6. QUARTIER / NATURE
« À chaque promenade dans la nature, on reçoit bien plus que ce que l’on est parti chercher. »36
36. John Muir, citation, 19 juillet 1877
II.6.1 Nature et bien-être : La biophilie Il existe une connexion entre l’être humain et la nature, c’est la biophilie. Cette notion nous permet d’expliquer pourquoi une vue sur la végétation peut stimuler notre créativité, pourquoi le bruit des vagues nous captive ou pourquoi uen promenade dans un parc a des vertus thérapeutique. En faisant nos recherches sur le rapport entre le bien-être des usagers et la ville, l’introduction de l’élément naturel en ville semblait être une évidence dans toutes les revues et articles scientifiques. Ceci nous a
Figure 32. C’est un arbre qui nous permet de respirer dans ce monde de plus en plus pollué
poussé à explorer les relations qui se tissent entre la nature et la santé dans la constitution du bien-être des citadins. Les bienfaits de la nature reviennent tous à la configuration et aux fondements même de l’urbanisme actuel. En effet, dès que nous parlons d’urbain, nous 37. Spécialisé en écologie, en sciences de l’environnement, c’est un journaliste pour l’Agence Science-Presse 38. h t t p : / / w w w . sciencepresse.qc.ca/
voyons l’impact négatif que porte la ville envers ses usagers. A cet égard, le communicateur scientifique Jérémy Bouchez37 dit que: « les villes sont bruyantes, polluées, les voitures y circulent rapidement : tout cela est extrêmement stressant. »38 Nous savons tous aujourd’hui que la ville est porteuse de risques liés à l’altération du milieu et aux nuisances (pollution de tous les milieux : air, eau, sol, toxicité des matériaux, …) qui peuvent engendrer des maladies et fragiliser les états de santé.
39. Organisation mondiale de la santé URL www.who.int
Selon l’OMS, « après le choléra au 19ème siècle, la tuberculose dans la première 37
partie du 20ème siècle, les risques sanitaires aujourd’hui sont les maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, cancers, allergies …) issues en partie de la dégradation du milieu »39 . En France, la pollution causerait 30 000 décès prématurés par an. Ces risques pour la santé appellent donc à des réflexions sur la santé environnementale. Par conséquent, il serait judicieux de faire appel à la nature pour réduire les pollutions ou encore diminuer le niveau de stress des citadins. Mis à part ces qualités réparatrices vis-à-vis de l’environnement en général, la 40. Professeur de géographie à l’Université Jean Moulin- Lyon 3 et chercheuse au sein de Laboratoire CRGA de l’UMR 5600 Environnement, Ville Société.
nature est d’après le chercheur Lise Bourdeau Lepage40 un élément essentiel du bien-être pour les citadins possèdant des vertus thérapeutiques par sa simple présence.
II.6.2. Le lien visuel avec la nature À travers un lien visuel avec la nature, nous pouvons parler de la notion 41. P r o f e s s e u r d’architecture au centre de recherche «Healthcare Building» à L’université de technologie Chalmers en Suède et à l’université Aalborg du Denmark
de «paysage thérapeutique». Dans ce contexte, le chercheur Roger Ulrich41 a démontré qu’après une intervention chirurgicale, le patient ayant une chambre donnant sur un paysage naturel est plus apte à se rétablir rapidement. Il a dors et déjà démontré que nous sommes capables de réduire la quantité de cortisol, dont la présence indique un niveau de stress élevé, en exposant une personne à la nature. Les zones vertes en milieu urbain ont non seulement des effets positifs sur l’environnement mais aussi sur la santé mentale et physique de ces occupants. Ces espaces diminuent l’anxiété, le stress, les dépressions. « D’une certaine façon, c’est une évidence, tout le monde sait instinctivement
42. Article de Jérémy Bouchez URL www. sciencepresse.qc.ca/
à quel point passer quelques heures dans un parc ou faire du jardinage fait du bien »42 Jérémy Bouchez. Plusieurs questionnements sur l’origine de cet impact de la ville sur son usager nous ont dès lors apparu. La réponse est que c’est la complexité visuelle des environnements naturels qui agit comme une sorte de baume mental.
II.6.3.
L’élément eau
L’eau est un élément naturelle très important quand nous parlons de nature en ville et de bien-être. Une recherche30 a été faite aux États-Unis a démontré que 38
nous pouvons améliorer le vécu d’un espace grâce à la présence de l’eau. Cette Comment apporter l’élément eau ? D’origine naturelle • Rivière, cours d’eau, océan, étang, tourbières
recherche a comme support les préférences visuelles et les retours émotionnels quand aux environnements contenants de l’eau. Nous pouvons citer comme résultats une réduction du stress, une amélioration du sentiment de quiétude ainsi qu’une baisse du rythme cardiaque. Ceci survient suite à une exposition à
• Accès visuel à la pluie qui tombe
des jeux d’eau. Pour ce qui est des performances mentales, cette exposition aux
• Oueds et crues saisonniers
stimuli visuels complexes au moyen de l’élément aquatique permet d’améliorer
Simulés ou Construits
la concentration et la restauration de la mémoire. Pour finir, on nous explique
• Mur d’eau • Cascade artificielle • Aquarium • Fontaine
que les réceptivités psychologique et physiologique sont augmentées suite à la stimulation sensorielle induite par la présence de l’eau.
• Courant d’eau artificiel • Reflets d’eau (réels ou simulés) sur une autre surface • Image avec des éléments d’eau dans la composition
Figure 33. 14 modèles de conception biophilique.
Figure 34. Illustration d’un plan d’eau
39
II.6.4.
Exemples concrets
Vancouver, reconnue comme l’une des meilleures villes au monde où il fait bon vivre, a eu une politique de construction de son centre qui vise à assurer aux citadins une vue décente sur les montagnes, la forêt et l’océan au nord et à l’ouest. Cette ville est considérée aujourd’hui comme réparatrice grâce à la nature qui semble améliorer la santé.
Figure 35. Photographie au bord du lac de la ville de Vancouver au Canada
Au Japon aussi le lien entre la santé et la ville est fortement exploité. Depuis les années 80, les psychologues y prescrivent des « Shinrin-Yoku », ou bains de forêt, aux patients souffrants de tension, de dépression, d’anxiété, de fatigue ou de confusion. Ils exhortent leurs citadins de passer une quarantaine de minutes par jour en forêt ou dans un parc sans téléphone cellulaire à baigner dans les couleurs, les sons et les odeurs de la nature.
Figure 36. Parc public dans la ville de Tokyo (Japon)
40
Analyse de l’écoquartier de Bonne à Grenoble Porteur du projet : Ville de Grenoble
Présentation du projet En
Paysagiste : J.Osty Architecte-urbaniste : Devillers & associés Architecte en chef :
plein
centre
ville
N de
Grenoble, la caserne de Bonne formait depuis 1994 (année de démilitarisation) jusqu’au début
AKTIS architecture
des années 2000 une enclave
VRD
Service
dans la ville. Se développant
de
sur un terrain de 15 hectares
:
Aménagement
l’espace public de la ville de Grenoble Date de réalisation : 2004 - 2014
ayant un intérêt majeur pour les décideurs grenoblois qui ont lancé un appel à projet avec
Figure 37. Localisation du quartier De Bonne
une volonté de créer le quartier du futur.
Le groupes d’AKTIS architecture et urbanisme durables portent dans tous leurs projets d’aménagement un interet particulier à la dimension humaine, sociale et culturelle, le développement durable et soutenable représente aussi un soucis majeur pour ces derniers. Ils ont remporté grâce au projet de l’éco-quartier De Bonne le premier prix national «Éco-quartier 2009» Le projet a évolué en un écoquartier soumis au respect d’un cahier de charges très strictes sur les questions énergétiques. Leurs principales actions avec la volonté de la maîtrise d’ouvrage visaient à: - Créer une mixité programmatique au sein du quartier - Faire de ce quartier une nouvelle d’attraction en complémentarité avec son environnement. - Générer une expérience urbaine diversifiée pour ces habitants et visiteurs - Travailler avec la nature comme éléments principal du quartier
41
«Le quartier de Bonne participe aujourd’hui pleinement à l’animation et à l’attractivité du centre-ville, qu’il prolonge jusqu’aux Grands Boulevards, en offrant à tous, habitants et usagers, un nouveau lieu de vie.»43
43. AKTIS Architecture URL aktis.archi.com
Figure 38. Vue aérienne du quartier
La mixité, un élément structurant 15 hectares de projet 1 cinéma
se
850 logements 15 000 m² commerces
de
6 000 m² de bureaux Hôtel 4 étoiles 2 Résidence étudiants
L’écoquartier
pour
Parc urbain de 5 hectares et de jardin en cœur d’îlot École de 15 classes
de
caractérise
N
Bonne par
une
mixité programmatique qui participe
à
une
certaine
complémentarité conjuguée à un vécu riche. En effet, un espace commercial de 15 000m², des logements, une
Figure 39. Distribution programmatique du quartier
école, une piscine municipale, un hôtel et un espace culturel se regroupent autour d’espaces verts. Une disposition urbaine contraire à ce que nous voyons fréquemment à travers la stratégie de zoning urbain.
Un quartier animé Les concepteurs ont voulu à travers la disposition du quartier, en faire une zone
Figure 40. Fontaine / Jets d’eau : espace de jeux pour enfants
animée, de par la forte présence d’aires de jeux pour enfants, des jets d’eaux, une mixité programmatique, en font un espace à forte affluence. les connexions établies avec les quartiers voisins participent aussi à cette animation. 42
Un quartier qui favorise l’activité physique Dans l’écoquartier de Bonne, les différentes entités sont connectées entre elles par des liaisons qui mettent au centre le marcheur. Seule une route véhiculaire traverse le quartier possédant des dimensions réduites et des trottoirs plus larges que la chaussée, et ceci pour limiter l’utilisation des voitures.
N
Figure 42. Voie véhiculaire
Figure 41. Une seule voie véhiculaire traverse le quartier
Huit parkings à vélo ont été disposés aux entrées du quartier proposant 200 places. Les cyclistes et les usagers
Figure 43. Promenade dans le quartier
dans ce quartier disposent de pistes et d’espaces réservés dans le but d’encourager la marche et l’utilisation de transports décarbonés et ainsi de favoriser l’activité physique. Deux grandes aires de jeux pour
Figure 44. Voie piétonne et cyclable
enfants sont aussi proposées.
Figure 45. Voie piétonne
43
La place de la nature dans le quartier Dans le quartier de Bonne, la nature prend une place fondamentale, 1/3 de la Figure 47. Jardin central
superficie du quartier est dédiée à des parcs et des jardins au cœur des îlots.
Figure 46. Série de bâtiments harmonieux donnant sur la place centrale
Ces grandes étendues favorisent en premier lieu la sociabilité et une vraie convergence pour la rencontre. Le grand parc central est dessiné comme une forêt urbaine qui propose une promenade entre espaces verts, plans d’eau avec franchissement et aires de jeux. Ces grands parcs et ces zones dégagées participe à ramener le quartier à l’échelle humaine.
Figure 48. Photographie sur le plan d’eau et les différentes constructions
44
Synthèse : Le rapport nature / quartier est mis en avant dans cet éco-quartier. La marchabilité : Un quartier où nous favorisons l’activité physique et la marche La planification de ce quartier en amont crée une harmonie et une homogénéité dans ce dernier À travers la mixité programmatique, les espaces de jeux, la présence de commerces, ... Ce quartier est animé
Figure 49. Axonométrie du quartier De Bonne
38
45
SYNTHÈSE DU LA PARTIE : BIEN-ÊTRE URBAIN Nous pouvons synthétiser les connaissances présentées dans ce chapitre en concepts ou en solutions pour le dessin d’un quartier de bien-être Possibilité de marcher, de se tenir debout
La marchabilité
Un espace réservé aux piétons Un quartier portant de l’intérêt Une expérience urbaine diversifiée et intéressante
Voie véhiculaire
Piste cyclable
Voie piétonne
La qualité visuelle
Un quartier visuellement intéressant et cohérent. Un quartier où nous savons où nous sommes. Un quartier à l’échelle de l’Homme. Avoir une expérience sensorielle positive Possibilité d’observer, de contempler Des façades environnantes animées et ouverte
L’animation
Un quartier mixte Un quartier qui favorise la rencontre et la covivance de la ville. Possibilité de jouer et de faire de l’exercice
La sûreté
L’usager doit être en sécurité par rapport aux voitures ( séparation ) Un quartier où nous essayons de prévenir la criminalité
La nature
Apporter la nature en ville Faire de la nature un élément fondamental du quartier
46
PARTIE 2
BIEN-ÊTRE ET ESPACE
Introduction Chapitre 1 : Recherche d’un vocabulaire I.1-
Définition de la notion d’espace
I.2-
Vivre l’espace / la perception spatiale
Chapitre 2 : Le bien-être spatial II.1-
Introduction au bien-être spatial
II.2-
Un concept à saisir par le sensoriel II.2.1-
Apporter la nature
II.2.2-
La matérialité
II.2.2-
La lumière naturelle comme matériau
II.2.3-
La stimulation sensorielle
II.2.4-
Synthèse : L’Alhambra
II.3- Dispositions spatiales morphologie de l’espace II.4-
Être maître de soi-même
II.5-
Un espace de sociabilité
II.6-
Le design actif
:
nature
et
Analyse du projet Frasers Head Office Synthèse 47
Les notions que nous avons exposé dans le premier chapitre, bien que globales, sont plus axées sur l’urbain / le quartier en tant qu’entité. Dans ce second volet, et à une échelle plus spécifique, nous exposerons d’autres notions de bien-être en termes d’espaces architecturaux, ces notions empiriques basées sur des recherches et des constations nous permettront de nous munir d’outils ou de contraintes globales sur lesquelles nous appuierons nos choix conceptuels.
48
CHAPITRE 1 : RECHERCHE D’UN VOCABULAIRE I.1. DÉFINITION DE LA NOTION D’ESPACE Selon l’encyclopédie universelle, le terme « espace » qui trouve son origine dans le mot latin spatïum, a plusieurs définitions : c’est l’étendue où se trouvent les astres / la durée séparant deux moments / Lieu ou volume occupé / une étendue indéfinie qui contient et entoure tous les objets / Surface et milieu affectés à une activité et à un usage particulier.
Figure 50. Espace / Homme
L’espace est une notion partagée par le sens commun. En effet, sa sémantique paraît clair à tout le monde, comme celui du mot “temps”. Le temps et l’espace constituent des termes d’évidences : le temps passe, des événements s’y déroulent, les choses se situent dans l’espace. Le mot “espace” n’était sans doute pas aussi courant que des mots comme “lieu”, “endroit”, “emplacement”, etc., qui répondent également à la question “où ?”, avant que des expressions issues du jargon urbanistique (“espaces verts”), législatif (“espace fumeurs”), scientifique et technique (“espace aérien”, “espace vital”), etc., ne prédominent sur le language quotidien. Pour Jacob Uexkull « L’espace a aussi le sens de l’environnement, qui veut dire : alentour, cadre, contexte, décor, entourage, milieu. L’espace se définit comme un 44. UEXKULL, Jacob (1956). «Monde des animaux et monde humain», Paris : Gonthier.
monde autour de nous et un entourage de nos conduites » 44 L’espace existe en référence à un sujet, il existe par ce qui le remplit, c’est une source de comportements. L’espace est aussi une métaphore du système social ainsi qu’un champ de valeurs. 49
Plusieurs définition ont été mis en avant par Farida Kellou-Djitli dans sa recherche «psychologie de l’espace», D’après ses écrits : Aristote définit l’espace comme «contenant de choses». Pour lui, « l’espace 46. Kellou-Djitli Farida (2013) , «psychologie de l’espace», Courrier du Savoir N°16, p38
47. Kellou-Djitli Farida (2013) , «psychologie de l’espace», Courrier du Savoir N°16, p38
est nécessairement un creux limité à l’extérieur et rempli à l’intérieur, Il n ’y a pas d’espace vide, tout a sa place, son lieu et son endroit »46. Par la suite, Newton, fait de l’espace « un être réel, une réalité absolue qui existe indépendamment de tout contenu. »47 Contrairement à Newton, Leibniz considère que « l’espace est un système de relation entre les corps. Car, s’il n’y avait pas de corps, la notion d’espace perdrait son sens. L’espace est une notion abstraite, il est partout et tout objet comme
48. Kellou-Djitli Farida (2013) , «psychologie de l’espace», Courrier du Savoir N°16, p38
l’homme a sa propre spatialité »48
Nous comprenons d’emblée que cette notion d’espace est très vaste et que nous pouvons la développer sous différentes approches, ce qui nous intéresse dans la définition de cette notion et autour duquel s’articulera une partie de ce mémoire est « l’espace architectural ». C’est pourquoi nous concentrerons nos recherches sur l’appréhension de ce sous-concept.
50
I.2. L’ESPACE ARCHITECTURAL
« Sera belle celle dont l’espace interne nous attire, nous élève, nous subjugue spirituellement; sera laide celle dont « l’espace interne » nous fatigue ou nous repousse. […] L’espace interne, cet espace qui nous entoure et nous « comprend », constitue le caractère principal pour le jugement d’un édifice et décide du « oui » ou du « non » de toute conclusion esthétique. Que l’espace, le vide, soit le protagoniste de l’architecture, n’est-ce pas, du reste, naturel ? L’architecture n’est pas seulement un art, pas seulement l’image des heures passées, vécues par nous et par les autres: c’est d’abord et surtout le cadre, la scène 49. Bruni Zevi, «Apprendre à voir l’architecture», Les Editions de Minuit, Paris, 1959, pp. 9-16.)
où se déroule notre vie. »49
51
50. Espace architectural - Concept et Sens http:// lesdefinitions.fr/espacearchitectural
D’après la revue « lesdéfinitions »50 : La notion d’espace architectural se réfère à l’espace dont la production est l’objet de l’architecture. On peut dire, par conséquent, que l’objectif principal du concepteur est la configuration d’espaces architecturaux appropriés. La délimitation de l’espace architectural se fait à travers «le volume architectural». Nous pouvons aisni définir l’espace architectural comme une relation entre des objets et des plans qui définiraient une limite, un contenant. D’après Von Meiss « L’activité de l’architecte est de créer le creux, pour contenir, il lui donnera une forme concrète pour offrir un lieu de séjour et une relative liberté
51. Pierre VON MEISS, «De la forme au lieu», presses polytechniques Remonds , Lausanne. 1986 52. Pierre VON MEISS(« de la forme au lieu », Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 1993, p. 113.)
de mouvement dont l’homme a besoin »51 . Il dit aussi que « l’espace ou l’intervalle entre sol, murs et plafond n’est pas le néant, bien au contraire: la raison même de son activité est de créer ce creux, pour contenir. […] L’architecture est l’art du creux; elle se définit à la fois de l’intérieur et de l’extérieur ».52 Pour Mesmin : « L’espace architectural n’est pas un milieu objectif, mais une
53. Georges MESMIN. «L’enfant, l’architecture et l’espace», Paris, 1973
réalité psychologique vivante. Il ne s’impose pas à nous comme une contrainte absolue, il peut et doit être modelé au gré de notre personnalité ».53 Enfin, pour Henri Van Lier, « l’espace architectural est un englobement total et immédiat. Poursuivant des systèmes de lignes, couleurs, matières, poids, volumes, chaleurs, humidités, odeurs, etc., l’architecture y établit des rapports qui en deviennent en quelque sorte infinis, où chaque portion de l’espace y résonne de toutes les autres et où l’habitant, tout en étant situé, s’éprouve en même temps
54. « l’espace architectural », Encyclopaedia Universalis http://www.spatialogie.net/ definitions/
partout »54 Nous pouvons conclure que l’espace architectural est le produit de l’architecture, son impact sur l’usager au centre de ce dernier est très importante. En effet, Nous comprenons qu’il existe une interrelation entre l’Homme et l’espace architectural.
52
I.3.
VIVRE L’ESPACE / LA PERCEPTION SPATIALE
Pour chacun d’entre nous, vivre un espace, c’est élaborer des images personnelles et des représentations mentales de celui-ci. Cela se fait à travers un ensemble de moyens et de facteurs : c’est le processus perceptif. Nous avons compris à travers nos recherches que cette perception de l’espace n’est pas la réalité géographique, mais que nous nous appuyons dessus pour en forger une interprétation et concevoir une image perçue. Ainsi, nous pouvons dire que la perception de l’espace est un filtrage personnel de la réalité qui conduit à passer d’une réalité objective à une image vécu subjective.
Espace perçu
Facteurs culturels
Facteurs psychologique Facteurs sociaux
Odorat
Toucher
Ouie
Vue
Facteurs économique
Espace réel
Figure 51. Schéma synthétisant la perception spatiale
Le schéma ci-dessus montre bien la relation entre l’espace géographique (objectif) et l’espace perçu (subjectif). Nous voyons que l’usager, à partir de l’image réelle, se construit une perception mentale de son environnement à travers plusieurs filtres: social / économique / culturel / psychologique. Ceci nous amène à dire qu’il existe une infinité de représentation d’un même espace étant donné que le bagage intellectuel, l’humeur, l’âge et le sexe avec tous les autres facteurs sont les données conditionnant la perception que chacun pourrait avoir de l’espace. A. Moles dit dans ce sens « l’espace n’existe qu’à travers les perceptions que 55. Abraham Moles, Rohmer E., 1972, «Psychologie de l’espace», Paris, Casterman, 162 p.
l’individu peut en avoir, qui conditionnent nécessairement toutes ses réactions ultérieures… » 55
53
Par conséquent, nous pouvons dire que les images mentales construisent un lien d’interaction entre l’individu et son milieu, et c’est ce lien qui favorise et dicte l’appropriation de l’espace par l’usager et son identification. « La nature des rapports ainsi établis met en lumière deux aspects : l’environnement agit sur l’être humain qui, à son tour, agit sur les facteurs spatiaux qui le déterminent ; c’est donc la nature de 56. G.-N. Fischer, «Psychologie sociale de l’environnement», Paris, Dunod, 2009, p. 204.
la relation en œuvre qui permet d’expliquer et la valeur de l’espace et l’orientation de la conduite »56
Gustave-Nicolas Fischer
54
CHAPITRE 2 : LE BIEN-ÊTRE SPATIAL II.1. INTRODUCTION AU BIEN-ÊTRE SPATIAL
« Nous façonnons nos bâtiments et, par la suite, nos immeubles nous façonnent»57 Winston
57. Winston Churchill en 1943, alors qu’il envisageait de réparer la Chambre des communes ravagée par les bombes.
Churchill en 1943
Le bien-être spatial en tant que concept passe essentiellement par la psychologie de l’architecture, celle-ci se synthétise en la recherche d’un lien entre la psychologie humaine et la disposition spatiale. Dans 58. Un historien de l’art, écrivain et professeur suisse
ce sens, Heinrich Wölfflin58 dit : « La psychologie de l’architecture a la mission de décrire et d’expliquer l’effet spirituel que l’art de bâtir est capable de susciter avec les moyens qui lui sont
59. Heinrich Wölfflin, « Prolégomènes à une psychologie de l’architecture » p. 25
Figure 52. Image de synthèse d’un espace de bien-être
propres. »59 C’est d’autant plus important de s’intéresser à l’impact que porte l’environnement bâti sur le bien-être de l’Homme en sachant que les citoyens des sociétés contemporaines passent 80% de leur temps à l’intérieur. Cette discipline de la psychologie a été établie depuis les années 1970, où des chercheurs et des psychologues ont commencé à se poser des questionnements concernant cette relation. Ils se sont inspirés des théories et connaissances en écho avec la perception, la mobilité, l’interaction afin d’essayer de créer des concordances avec notre rapport aux bâtiments. Les psychologues œuvrent de manière empirique en se basant sur des observations, des enquêtes ou des expérimentations.
55
Ces questionnements sont aujourd’hui de plus en plus posés et impliquent encore plus les architectes notamment à travers la création du Congrès international de psychologie de l’environnement. Le but est de quantifier l’influence de l’environnement bâti sur notre vécu et notre comportement pour pouvoir apporter aux architectes des outils pratique de conception heureuse ainsi L’« evidence-based design » ou la création de projet basée sur des références et sur des preuves s’impose de plus en plus ces dernières années. 60. Directrice des pratiques spatiales au Central St Martins école d’art.
En 2003, Gabriel Moser60 souligne l’impact de l’espace construit sur les comportements et les pratiques sociales : « De l’habitat à la planète, en passant par la ville, notre relation à l’environnement conditionne nos perceptions,
61. Gabriel Moser, Karine Weiss, Espaces de vie. Aspects de la relation homme-environnement, Paris, Armand Colin, 2003, p. 396.
nos évaluations et nos comportements, et, surtout, détermine notre bien-être quotidien» 61 Par ailleurs, un nouveau concept est apparu récemment aux Etats-Unis qui supporte l’existance d’une interaction entre l’Homme et l’espace: La neuroarchitecture. Melanie Dodd62 dit que : « L’impact de l’architecture sur l’humeur d’une
62. 21 Directrice des pratiques spatiales au Central St Martins école d’art.
personne est énorme. On peut dire que ce sont les fondements de l’architecture: Non pas à quoi cela ressemble, mais comment nous le ressentons, à travers la façon dont nous agissons, nous comportons, pensons et réfléchissons» 63
63. Article de Melanie Dodd URL :http://ameditions.net/ limpact-de-lespace-sur-lasante-morale/
Lors des journées « Concious Cities » tenu aux Etats-Unis en 2017, architectes, neuroscientifiques et psychologues se sont rassembler sous le slogan : « la conception réussie ne dépend pas tellement de la façon dont nos bâtiments peuvent nous façonner, comme le disait Churchill, mais de faire sentir aux gens qu’ils contrôlent leur environnement. ». Ainsi, comme pour le bien-être urbain, à l’échelle de l’espace, les architectes possèdent entre leurs mains un vrai pouvoir, le pouvoir d’améliorer le vécu des usagers et de favoriser le bien-être.
56
II.2. UN CONCEPT À SAISIR PAR LE SENSORIEL : LA CONCEPTION BIOPHILIQUE
Comme
nous
l’avons
évoqué
précédemment, vivre un espace passe par la perception de celui-ci. Cette perception passe essentiellement par nos sens. Solliciter les sens dans une optique de bien-être est devenu d’actualité de nos jours ; bains sensoriels, salle de 64. Le Snoezelen est une activité vécue dans un espace spécialement aménagé, éclairé d’une lumière tamisée, bercé d’une musique douce, un espace dont le but est de recréer une ambiance agréable et de stimuler tous les sens.
stimulation
sensorielle,
espace
Figure 53. Espace de stimulation sensorielle pour enfant (delicious dimension)
snoezelen64, ... Ces espaces invitent à vivre des moments stimulants et énergisants. C’est pourquoi les gens sont en quête de ces nouveaux concepts dans le but de plus de bien-être. De ce fait, dans le cas de ce mémoire, il nous est primordial de nous tourner vers ces approches. Réfléchir a des espaces de bien-être revient à réfléchir à des espaces où tous nos sens sont stimulés. Outre ces nouveaux concepts de salles de stimulation multi-sensorielle que nous trouvons dans les «centres de bien-être», les espaces de soins et autres établissement médicaux, nous voulions approfondir notre recherche sur la stimulation sensorielle d’une manière naturelle ou celle qui prendrait comme exemple la nature, la conception biophilique. La conception biophilique est une méthode de conception se basant sur des références dans la nature.
«Une bonne conception biophilique comprend des perspectives liées aux conditions de santé, normes socioculturelles et attentes, la perception de l’utilisateur et le traitement de l’expérience ainsi que la création d’espaces qui sont inspirants, sains, qui ressourcent et qui intègrent la fonctionnalité du lieu et de l’écosystème (urbain) dans lequel il se trouve. Avant tout, la conception 65. Browning, W.D., Ryan, C.O., Clancy, J.O. (2014). «14 Patterns of Biophilic Design [14 Modèles de conception biophilique]». New York: Terrapin Bright Green LLC. p.14
biophilique doit permettre l’appréciation du lieu»57
57
II.2.1. La relation intérieur/extérieur : lien avec la végétation
Au-delà de l’espace, la vue dont les Comment apporter la nature ? D’origine naturelle • Circulation naturelle d’eau • Végétation et plantes • Animaux, insectes
important sur le bien-être de ces derniers. Comme je l’ai évoqué lors du chapitre précédent, le fait d’avoir une vue sur de la végétation participe fortement à procurer le
• Fossiles • Terrain, sol, terre Simulé ou construit • Circulation d’eau
mécanique
• Bassin, aquarium • Mur végétalisé • Œuvres d’art représentant des paysages naturels • Vidéos naturels
usagers d’un espace disposent, joue un rôle
de
• Paysages aménagés
paysages
bien-être aux occupants de l’espace, d’après les psychologues Stephen et Rachel Kaplan, de l’université du Michigan, les tâches de la vie moderne impactent notre fatigue
Figure 55. Dessin représentant un espace ouvert sur la nature
mentale, que la nature repose l’esprit.
fortement
Figure 54. Joia Méridia
Le projet de la Joia Méridia à Nice en France se présente comme «un quartier qui cultive l’art du bien-être», dans ce quartier, plusieurs échelles d’ouverture sur l’extérieur ont été réfléchi, mis à part l’ouverture sur les places publics végétales, les architectes en chef ont réfléchi à une échelle d’ouverture au sein même des bâtiments, le patio, les architectes expliquent tous avoir voulu multiplier les espaces intérieurs-extérieurs afin de profiter au mieux des plaisirs de l’agréable climat méditerranéen, chaud en été et lumineux en hiver. En effet, une vue sur la nature, qui est généralement signe de rêverie participerait à améliorer la concertation, une équipe de chercheur de l’université 58
Cornell de New York ont démontré à travers une recherche en 2000, que des enfants ayant joué dans un parc urbain avant un examen étaient plus concentrés que ceux ayant joué dans un milieu urbain. Leur seconde recherche a montré que les
Figure 56. Le jardin de Bouleau de la tour New York Times
étudiants ayant une vue sur la végétation depuis leur chambre obtenaient des scores de concentration plus élevés que ceux qui ont une vue sur des bâtiments. L’objectif du lien visuel avec la nature est de fournir un environnement qui aide l’individu à détourner son attention afin de reposer ses muscles de l’œil et d’atténuer la fatigue cognitive, plus la vue est complexe et diversifiée, plus les bénéfices thérapeutiques augmentent. Figure 57. Plan RDC de la tour New York Times
Une excellente connexion visuelle avec la nature est omniprésente dans le jardin de bouleaux et de mousse dans l’immeuble du New York Times à New York – un espace taillé au milieu du bâtiment par lequel tout le monde passe en tant qu’entrée et sortie
Figure 58. Coupe sur le jardin de Bouleaux
du bâtiment. Jouxtant un restaurant et les principales salles de conférence, le jardin de bouleaux représente dans ce projet une échappatoire de calme. La création de liens visuels avec l’extérieur (notemment avec la nature) génère une l’expérience spatiale thérapeutique aux usagers, de par cette stimulation sensorielle continu, le bien-être des usagers est mis en avant.
59
II.2.2.
La lumière naturelle comme matériau
La lumière naturelle joue un rôle très important dans notre quotidien, cette dernière est le facteur principal de synchronisation de notre corps et ainsi de notre humeur. En effet, la lumière naturelle régule notre rythme circadien qui nous tient éveillé et en forme la journée. Pour
ce
qui
est
de
l’impact
psychologique de la lumière naturelle, nous savons que :
Figure 59. Image de la «porta Milano» par Studio Campo Baeza
« La lumière visible contribue à stimuler la production de la sérotonine, neurotransmetteur de l’organisme, ce qui peut réduire les symptômes de la 66. Alan Lewis Rixt Riemersma-Van der Lek (2008), « Effect of Bright Light and Melatonin on Cognitive and Noncognitive Function in Ederly Residents of Group Care Facilities. A Randomized Controlled Trial », American Medical Association, JAMA.
dépression.»66 Un cabinet de recherche américain a effectué à cet égard une étude sur plus de 21 000 élèves par laquelle ils ont essayé de corréler entre les apports lumineux dans les salles de classe avec les résultats des élèves. Ceci les a amenés à conclure que, sur une année d’étude, les élèves étudiant dans une salle de classes plus ensoleillée progressent plus vite en mathématiques et en lecture et expriment plus leurs bien-être. Une recherche similaire a été effectuée dans une maison de retraite au ÉtatsUnis à la suite de laquelle on a dégagé qu’un plus grand apport en lumière naturelle dans les salles permettrait de réduire de 19% les symptômes de dépression.
67. Browning, W.D., Ryan, C.O., Clancy, J.O. (2014). «14 Patterns of Biophilic Design [14 Modèles de conception biophilique]». New York: Terrapin Bright Green LLC. page 36
« la productivité est plus élevée dans les lieux de travail inondés par la lumière naturelle du jour. Les ventes sont plus élevées dans les magasins éclairés naturellement, et les enfants ont de meilleures notes dans les salles de classe éclairées naturellement et avec des vues sur l’extérieur »67
60
Néanmoins, les concepteurs de l’espace doivent contrôler ce matériau à l’intérieur de l’espace, car l’impact que pourrait avoir une forte lumière directe diffère de celui d’un apport en lumière tamisée. En effet, certaines études ont démontré
Figure 60. Teshima Art Museum conçue par l’artiste Rei Nato et l’architecte Ryūe Nishizawa
que cette dernière est source de relaxation contrairement à une lumière directe qui serait source de tonus. Pour conclure, et en vue de son impact important sur le vécu, la lumière naturelle doit être appréhender comme un matériau à part entière dans notre réflexion en vue d’aboutir à un projet porteur de bien-être à ses usagers.
61
II.2.3. Forme et matérialité de l’espace
Les formes conceptuelles dans un projet participent grandement à la 68. - Browning, W.D., Ryan, C.O., Clancy, J.O. (2014). «14 Patterns of Biophilic Design [14 Modèles de conception biophilique]». New York: Terrapin Bright Green LLC
stimulation sensorielle des usagers de celui-ci, un référencement dans la nature pour la conception induit à des formes «confortable, voire même captivant ; il se prête à la contemplation»68 En effet, plusieurs recherches ont été menées récemment pour lier la forme à la psychologie, Dans les recherches sur les préférences de vues de Yannick
Comment travailler des formes biomorphiques ? Forme biomorphique
• Arrangement du système structurel (p. ex., colonnes en forme d’arbres) • Forme du bâtiment • Panneaux acoustique (mur ou plafond) • Garde-corps, rampes d’escalier, clôtures, portails
Joye, nous comprenons qu’une conception avec des formes «biomorphiques» réduit le stress des usagers et participent à l’amélioration de la concentration grâce au détournement d’attention. Le travail avec ces formes biomorphiques peut se matérialiser en une intégration d’éléments esthétiques dans la disposition d’un lieu, ou alors en faisant en sorte que ces formes biomorphiques fassent partie intégrante de la structure ou de la forme générale du bâtiment.
• Forme du mobilier • Détails de la fenêtre : frit, lumière, étagères, palmes • Forme de voie et couloir • Pathway and hallway form
69. Tsunetsugu, Y., Y. Miyazaki, et H. Sato (2007). «Effets physiologiques chez les humains induits par la stimulation visuelle de salles intérieures avec différentes quantités de bois». Journal of Wood Science, 53 (1), 11-16.
À une échelle plus proche, la matérialité d’un lieu participe aussi à la stimulation sensorielle et donc à l’expérience de bien-être, plusieurs recherches ont été menées dans ce sens. L’une de celles-ci55 menée au Japon démontre l’impact de la présence des
Comment se traite la
matériaux naturels tel que le bois ou la pierre sur la psychologie des usagers.
matérialité ?
Les chercheurs ont observé qu’un espace partiellement revêtu de bois ou de
Matérialité
• Construction (bois, pierre)
murale
• Systèmes structurels (poutres massives en bois) • Matériaux de façade • Forme des meubles
pierre induit à une diminution de la pression artérielle diastolique et à une augmentation de la fréquence cardiaque, alors qu’un espace totalement revêtu pourrait diminuer l’activité cérébrale (relaxation), ce qui pourrait être très efficace dans les espaces de détente, de spa, ...
• Sentiers, ponts
62
II.2.4 Synthèse : L’Alhambra L’Alhambra à Grenade en Espagne peut synthétiser toutes ces parties de la stimulation sensorielle à travers une conception biophilique. Dans l’emprise de ces jardins, l’intégration de la nature, la ventilation naturelle avec l’architecture est au cœur de l’expérience sensorielle, soutenant un lien continu entre les espaces intérieurs et extérieurs, ainsi qu’entre le bâtiment et le paysage naturel environnant. «La chaleur solaire pénètre à des endroits distincts, la galerie des murmures résonne des sons de la nature extérieure, et des jardins de romarin, de myrtes et d’autres plantes parfumées entourent les locaux. L’utilisation intensive de fontaines d’eau crée un microclimat - l’espace et les sons sont plus frais – de même que le 70. - Browning, W.D., Ryan, C.O., Clancy, J.O. (2014). «14 Patterns of Biophilic Design [14 Modèles de conception biophilique]». New York: Terrapin Bright Green LLC.
carrelage et les mains courantes près des voies d’eau qui refroidissent les pieds et les mains grâce à la conductivité des matériaux choisis.»70 Ces jardins sont un lieu de bien-être, cette conception porte sur les usagers un impact thérapeutique fort, ils représentent jusqu’à aujourd’hui une référence en matière de disposition spatiale, d’intégration de la nature et de bioclimatisme.
Figure 61. Les jardins d’Elhambra à Grenade en Espagne
63
II.3.
NATURE ET MORPHOLOGIE DE L’ESPACE
II.3.1.
Morphologie de l’espace
En concevant une forme spatiale, nous influons directement sur la perception --> Le vécu --> le ressenti dans ce dernier. En effet, ces choix conceptuels ne doivent en aucun cas être purement formels ou arbitraires.
Figure 62. La forme circulaire sécurise en donnant le sentiment de contenance, mais gêne l’orientation.
Figure 63. La forme rectangulaire facilite l’orientation
Figure 65. Les grandes hauteurs favorisent la créativité
Figure 64. Les hauteurs moins importantes favorisent la concentration
Nous prenons ici comme exemple l’impact de la hauteur des plafonds sur l’individu. D’après le professeur de marketing Joan Meyers Levy, la hauteur des plafonds influe notre façon de penser. Les hauteurs importantes induisant à de grands volumes encouragent à une liberté de pensée, et ainsi à une abstraction dans les associations faites par le cerveau. Dans le cas contraire, des hauteurs réduites amenant à une sensation de confinement inspire à un attardement dans les détails. Le professeur Meyers-Levy nous donne dans ce sens un exemple : « dans un bloc opératoire, un plafond bas est préférable car le chirurgien doit se concentrer sur les détails. Inversement, les hauts plafonds sont utilisés pour un espace de 71. Meyers-Levy Joan, Rui Juliet Zhu, « The Influence of Ceiling Height: the Effect of Priming on the Type of Processing that People Use », Journal of consumer research, no 34, 2007 p. 174186.
créativité artistique ».71 Ce que nous devons savoir aussi en tant que concepteur, c’est que cette hauteur réelle n’est pas automatiquement la hauteur perçue. Ainsi, nous avons la possibilité de jouer sur cette perception en exploitant des matériaux adéquats, des miroirs, des couleurs différentes. 64
II.3.2.
Être maître de soi-même
« Les bonnes conceptions sont celles qui ne dictent pas à l’individu comment elles doivent percevoir, opérer ou ressentir dans le bâtiment, mais ont la possibilité de les explorer et de les 72. HOW ARCHITECTURE USES SPACE, LIGHT AND MATERIAL TO AFFECT YOUR MOOD URL : www. independent.co.u
vivre par elles-mêmes»
72
Figure 66. Centre de la culture visuelle contemporaine produite par le groupe Suarez Santas Architectos
Dès que nous parlons d’espace et de disposition spatiale, se pose la question de la navigation spatiale. C’est bien le concepteur de l’espace qui dicte le type de navigation dans l’espace : parcours linéaire, promenade libre, … Ce qu’il faut savoir en liant disposition spatiale et bien-être, c’est que l’individu en tant qu’usager de l’espace se doit d’être libre dans son choix de promenade et de trajectoire et avoir un sens facile de l’orientation. De ce fait, l’architecte doit
Figure 67. Bibliothèque public de Seattle, USA
prendre en considération cette liberté de choix dans sa conception en offrant transparence, ouverture et liberté. Pour appuyer cette notion, nous avons Figure 68. Escalator à sens unique de la bibliothèque
65
choisi l’exemple de la bibliothèque publique de Seattle aux États-Unis. Cette bibliothèque bien qu’ayant remporté des prix d’architecture, relève de plusieurs critiques de la part de ces usagers qui définissent le vécu de « déroutant ». Le problème spatial de cette bibliothèque réside dans l’existence d’un escalator à sens unique pour monter aux étages supérieurs sans moyens de descente visibles et évidents. « Malheureusement, quand il s’agit de la navigation, nos attentes sont là pour une bonne raison. Il y a très peu de situations dans le monde réel où l’on peut aller d’A à B via une route et on est obligé de prendre une route différente de B vers A. Cela crée de la confusion chez les gens. »
Figure 69. Favoriser les espaces claires, ouvert, en laissant le choix de navigation à l’usager
66
II.3.3. Favoriser la rencontre
Figure 70. Maquette faite par HGU Design Studio représentant un projet avec plusieurs platforme dont la forme pourrait favoriser l’interaction, ...
Comme nous l’avons évoqué dans la partie du bien-être urbain, favoriser la sociabilité se trouve être l’un des fondements principaux de la salutogenèse. Nous pouvons transposer ce concept à l’échelle du bâtiment et générer des dispositions spatiales propices à l’échange et à l’interaction sociale de façon à encourager les gens à discuter et à se rencontrer. Un seul espace central crée une convergence quelque soit la fonction qui s’y trouve comme le cas des bureaux où il y a une seule cafétéria avec de grandes tables. En créant par exemple de grands espaces de rassemblement, notamment à travers des aménagements qui incite à s’asseoir ensemble, nous devons rassembler les gens tout en créant des espaces où nous considérons les différents seuils d’intimité. Il faudrait suggérer la rencontre entre les différents usagers de l’espace sans jamais l’imposer.
67
II.3.4. Le design actif Le design actif est un concept qui a en vue la favorisation de l’activité physique à travers différents choix conceptuels. Tout comme nous l’avons évoqué dans la partie du bien-être urbain, l’incitation à l’activité physique et au bien-être physique, que ce choix pourrait avoir sur les usagers de l’espace, peut aussi être travaillé à l’intérieur de l’espace. Notamment à travers des stratégies de déplacement intramuros. Le centre de recherche pour le design actif de New York (Center for Active Design) nous apporte à travers son travail quatre lignes directrices qui nous permettent de réfléchir les détails d’un bâtiment qui favorise l’activité physique. Ces caractéristiques sont : - Être esthétique et donc attirant par le biais de la complexité - Être confortable et ergonomique - Offrir calme et sécurité - Être le lieu de moments agréables L’une des premières stratégies misent en avant par le centre de recherche pour le design actif de New York réside dans une réflexion sur les escaliers. A cet égard, ils répliquent : « L’utilisation des escaliers est l’un des moyens les plus accessibles pour intégrer l’activité physique dans la vie quotidienne » des usagers de l’espaces. « Morphosis Architect » choisit dans sa conception de l’école d’architecture Cooper Union à New York de faire de son escalier le composant principal dès l’entrée du bâtiment. C’est l’élément phare que nous voyons en premier alors qu’ils ont choisi de placer les ascenseurs en retrait en incitant ainsi les usagers à emprunter la solution qui semble la plus évidente : les escaliers. C’est
non
emplacement
seulement central
qui
son le
Figure 71. Escalier de l’école d’architecture Cooper Union de New York
68
rend
attractif,
mais
aussi
ses
dimensionnements et sa structure. Grâce à ces longs emmarchements, ce dernier devient un lieu de sociabilité où les étudiants peuvent s’asseoir et profiter de l’espace. Figure 72. Escalier de l’école d’architecture Cooper Union de New York
Figure 73. Coupe tranversal sur le bâtiment
Figure 74. Plan RDC de l’école d’architecture
Dans le cas du Musée d’art moderne de New York (MoMA), les concepteurs ont choisi de favoriser l’activité physique à travers les escaliers mais d’une autre manière, ne travaillant pas cette fois-ci sur la morphologie de l’escalier mais en attirant les visiteurs du musée à l’emprunter en exposant directement des œuvres d’arts dans la cage d’escalier. Ainsi cet élément devient un lieu de passage inévitable et attrayant. Figure 75. Oeuvre d’art qui incite à l’emprunt de l’escalier
Figure 76. Vue dans l’escalier
Figure 77. Axonométrie du MoMA
69
Analyse du projet Frasers Head Office par BVN Présentation du projet Maître d’ouvrage Frasers Propriété
:
Maître d’œuvre : BVN Architecture EMPLACEMENT Rodhes, Australie.
:
ACHÈVEMENT Septembre 2016 Supérficie: 3720m2
Le
bureau
d’architecture
australien
BVN en collaboration avec la division commerciale de Frasers Property ont mené l’aménagement de 3 720 mètres carrés répartis sur deux niveaux. L’aménagement de ces bureaux a été réfléchi pour cibler les certifications 6 étoiles Green Star Interiors
(Green Building Council) ainsi
que la certification WELL qui concernent aussi bien le critère énergétique et celui du confort, d’ergonomie et de vécu. Ces bureaux se présentent aujourd’hui
Figure 78. Les bureaux de Frasers en Australie /espace central en double hauteurs
comme un modèle à suivre quant au bien-être spatial et à l’optimisation du monde du travail.
Design Actif L’un des premiers concepts autour duquel s’est faite la réflexion de ce projet est le «Design actif», à travers l’aménagement d’un escalier gradin, lieu central de rassemblement, de discussion et d’activité physique. Grâce à ce dispositif, les usagers vont choisir de monter au niveau
Figure 79. L’escalier, point focal du projet
supérieur à pied au lieu de prendre les ascenseurs qui ont été dissimulés. Les concepteurs annonce même que «Les escaliers sont un point focal du 73. w w w . b v n . c o m . a u / projects/fraser-head-office/
projet»73
70
Favoriser l’échange Dans
le
but
de
maximiser
la
sociabilité et l’échange au sein du projet, les concepteurs ont opté pour plusieurs choix qui vont dans ce sens: Premièrement, la mise en place d’un seul point d’accès aux locaux pour
Figure 80. espace de travail en communs qui favorise l’échange
tout le personnel, ajoutons à cela la création d’une convergence à travers ces escaliers, la mise en place d’un seul grand espace de restauration / café. Dans ce même sens et à travers
Figure 81. Bureaux de travail
un système intéressant, tout l’endroit peut devenir ouvert en un seul grand espace.Nous parlons ainsi de la flexibilité de l’espace pour créer une culture de travail ensemble. Même à l’échelle du mobilier, le vivre ensemble jouit d’une importance particulière vu que le tiers des bureaux est collectif. Fluidité dans l’espace Dans le but de créer un espace continue et la possibilité d’avoir un seul espace contenant tout le projet, les architectes ont créé Figure 82. Espace de réunion modulable
des cloisons mobiles qui se rétractent vers le haut.
Une atmosphère chaleureuse La majorité des aménagements intérieurs sont faits avec le matériau bois certifié écologique. Celui-ci, ayant des vertus thérapeutiques, est aussi traité acoustiquement pour minimiser les perturbations dans les pièces et améliorer l’acoustique des lieux.
Figure 83. Espace de repos consommation
et
de
71
Apporter la nature Comme nous l’avons cité dans ce chapitre, la nature joue un rôle fondamental dans le bien-être. Dans ce projet, les concepteurs ont choisi d’apporter la végétation à l’intérieur. Ils ont disposé des arbres de plus de trois mètres dans l’espace central et des cloisons végétales ce qui participe à apporter le bien-être en créant une connexion avec la nature et à améliorer la
Figure 84. Favoriser l’apport naturelle
en
lumière
qualité de l’air. Les concepteurs se sont aussi focalisés sur la lumière naturelle en la manipulant comme un matériau de construction à part entière. De part de grandes ouvertures dans les espaces de travails, ils ont réussi à le faire beigner dans la lumière. Figure 85. Végétation comme cloison
Synthèse de l’analyse Mise en avant du design actif par l’importance des escaliers. Introduction de la nature à l’intérieur et optimisation de l’apport en lumière naturelle. Mise en oeuvre une atmosphère chaleureuse par l’utilisation de matériaux naturelle ( le bois ) Favoriser l’échange à travers la conception des tables de travail et du mobiliers Morphologie spatiale réfléchie pour apporter le bien-être, avec de grands espaces dans les zones communes.
72
Synthèse du la partie : Bien-être spatial Nous pouvons synthétiser ces connaissances présentées dans ce chapitre en concepts ou en solutions pour le dessin de notre projet
Le sensoriel
Présence de la nature pour une stimulation sensorielle à l’intérieur de l’espace. Utiliser les matériaux, les couleurs, les sons pour stimuler le sensoriel en ayant une approche biophilique.
La disposition spatiale
Un espace adéquat à l’activité qui va s’y passer. Maîtriser la forme conçu et essayer d’assimiler l’impact ambiental qu’elle va porter sur l’usager.
Le design actif
La sociabilité
La navigation
Laisser le choix à l’usager de s’orienter. Ne pas concevoir de parcours à sens unique. Travailler des repères dans l’espace Dans un lieu public, rassembler les gens, favoriser la rencontre et l’échange entre ces derniers à travers l’espace, ...
En concevant des escaliers intéressants et multifonctionnels dans l’espace, favoriser l’activité physique dans l’espace, par cela favoriser le bien-être.
73
SYNTHÈSE : UN QUARTIER DE BIEN-ÊTRE : UN PROJET URBATECTURAL En quête du bien-être urbain et spatial, nous pouvons conclure que l’urbanisme ou l’architecture ne peuvent pas présenter un remède miracle. Tous ces concepts présentés préalablement ne pourront pas nous rendre la forme, pas plus qu’un «bel» édifice ne nous rend heureux. En effet, vouloir créer l’espace parfait est une réflexion d’équilibre impossible car très subjective. Ceci est d’autant plus difficile, vu la difficulté de faire des prototypes à échelle humaine en dehors de nos modèles informatique et physique à échelle réduite. De ce fait, et bien qu’alimenté par la science, ces concepts de bien-être ne sont que des constatations. Nous pouvons néanmoins les utiliser comme guides ou outils nous aidant dans le processus de création dans une situation donnée. 74. Rachel Kaplan, Stephen Kaplan et Robert L. Ryan, (1998), «With People in Mind»
« Il y a rarement une solution universelle. La ‘bonne’ solution, de notre point de vue, et celle qui est appropriée à un contexte et qui répond à chaque situation»74 Ceci ne peut empêcher qu’une architecture bien réfléchie et cohérente, peut améliorer notre qualité de vie et notre bien-être. C’est pourquoi repenser nos bâtiments et nos quartiers avec ces concepts ne peut que nous être bénéfique. Une conception appropriée permettrait aux usagers de vivre et de travailler dans des espaces sains qui génèrent moins de stress et optimisent la santé et le bien-être général. En appréhendant la notion de bien-être au niveau urbain et architectural, nous admettons que l’expérience vécue par l’individu se présente comme un va-et-vient entre l’urbain (représenté par son entité fondamentale : le quartier) et l’architectural quelque soit la fonction qui s’y présente. D’ailleurs, nous remarquons que même au niveau des notions introduites, il existe un certain chevauchement entre plusieurs d’entre elles. De ce fait et dans le but d’assurer une expérience bénéfique, nous devons réfléchir le bien-être à toutes les échelles et à tous les niveaux et ainsi associer le bien-être urbain et spatial. Ceci nous amène à l’assimilation d’une nouvelle notion: le bien-être urbatectural.
74
L’urbatecture se présente dans ce cas comme une approche visant à lier ces deux échelles.
L’urbatecture L’urbatecture se définit comme une fusion entre l’architecture et l’urbanisme, . En nous approfondissant dans cette notion, nous constatons que cette liaison mène à une extension des frontières du projet architectural. nous pouvons dire ainsi dire que l’urbatecture consiste en un travail sur le vide et le plein. « L’urbanisme s’occupe de l’espace extérieur. L’architecture s’occupe de l’espace intérieur. La nouvelle architecture est fondée sur un nouveau rapport entre l’espace intérieur et l’espace extérieur. La forme contribuera à suivre la fonction si l’architecte et le client savent que la fonction de l’architecture et de l’urbanisme dans la société doit être rétablie comme l’expression tridimensionnelle 75. Bakema Jacob, « La recherche de l’identité à travers l’espace», L’architecture d’aujourd’hui
du comportement humain »75
Le bien-être L’urbain
Le spatial
Le quartier
Architecture
L’urbatecture Bien-être urbain
Bien-être spatial
Bien-être urbatectural
75
PARTIE 3
TUNIS L’EXPÉRIENCE URBAINE
Introduction Le contexte général : la ville de Tunis et son développement géographique 1- La médina de Tunis 1.1 Présentation 1.2 Un parcours dans la médina 1.3 conclusion 2- La ville coloniale 2.1 Présentation 2.2 Parcours dans le quartier colonial 2.3 Conclusion 3- Le quartier El Khalij 3.1 Présentation 3.2 Parcours dans le quartier El Khalij 3.3 Conclusion Synthèse 76
INTRODUCTION Après avoir été à la découverte des notions de bien-être urbatectural, j’aborde dans cette phase la contextualisation de mon projet. Pourquoi Tunis ? Pourquoi le Lac 3 ? Étant la capitale et la ville la plus peuplé de la Tunisie et la plus en expansion urbaine, La ville de Tunis représente un environnement hétéroclite propice à ce type d’expérimentation urbaine nouvelle. Le Lac 3, en tant que quartier, représente la nouvelle extension de la ville de Tunis, ce quartier se trouve être dans une continuité directe avec la ville étant limitrophe à la partie coloniale via le viaduque A1. De part cet emplacement stratégique, le nouveau quartier ne peut être dissocier de l’histoire de la ville, C’est pourquoi pour aborder cette partie, nous avons choisi d’analyser séquetiellement le vécu dans la médina pour commencer, par la suite essayer de comprendre l’expérience urbaine vécu à la ville coloniale, et puis repartir vers une extension plus récente, Les berges du Lac 1. L’objectif de cette analyse serait de comprendre la spécificité de la ville de Tunis et de son développement, mais aussi d’appuyer les notions apprises dans les précédents chapitres, par des expériences contextuelles particulières, dans le but d’en ressortir des outils conceptuels pratiques spécifique à ce contexte. Cette analyse se fera sous forme d’un parcours séquentiel commenté dans chacune des portions de la ville appuyé par des photos et des illustrations.
Les berges du Lac
La ville coloniale
La médina
N
Figure 86. La ville de Tunis et les différents secteurs étudié
77
LE CONTEXTE GÉNÉRAL : LA VILLE DE TUNIS ET SON DÉVELOPPEMENT GÉOGRAPHIQUE La ville de Tunis est la capitale de la Tunisie, un pays situé sur la mer méditerranée au nord de l’Afrique. Tunis se situe au nord du pays et c’est sa ville la plus peuplée. Elle est délimité par deux lacs, le lac de Tunis à l’est et sabkhet Sijoumi à l’ouest, Le noyau initial de la ville est bâti sur une pente descendant vers le lac de Tunis.
N
Figure 87. Carte de la Tunisie
Figure 88. La ville de Tunis
1. LA MÉDINA 1.1 Présentation La médina de Tunis située entre le lac de Tunis et sabkhet Sijoumi est caractérisée par son tissu organique. Placé en haut d’une colline avec comme centre la mosquée Zitouna, le centre sacré à partir duquel elle s’est développée. Au alentours de cette dernière se développent les souks et les différents ateliers d’artisans entourés à leurs tours par les zones résidentiels. La médina a été délimité par une enceinte dont quelques parties persistent jusqu’à aujourd’hui et possédant sept portes, par la suite de nouvelles extensions ont vu le jour au nord et au sud. Figure 89. Vue aérienne de la médina
78
N
Figure 92. Le parcours dans la médina
1.2 Un parcours dans la médina : Morphologiquement et historiquement, la médina a depuis toujours possédé un parcours caractéristique menant de la Kasbah à l’ouest (aujourd’hui lieu de pouvoir) à la porte de la mer à l’est (continuité vers la ville coloniale). J’ai choisi ce parcours pour découvrir la médina de par sa richesse morphologique, structurale mais aussi ambiantale. Nous entamerons ainsi notre parcours de découverte à partir de la place de la kasbah vers la porte de la mer, en passant par son centre historique, la mosqué Ezzitouna.
1- Place de la Kasbah Haut siège du pouvoir en Tunisie, la place de la Kasbah se présente comme une grande place. Elle est limitée par le Collège Sadiki au nord, la mosquée de la Kasbah et l’hôpital Aziza Othmana au sud,
Figure 90. Place de la Kasbah
le Palais du Gouvernement ou Dar El Bey (siège du chef du gouvernement tunisien) et le ministère des Finances à l’est et l’hôtel de ville de Tunis à l’ouest. Cette place s’approprie souvent par les
Figure 91. Manifestation des islamistes sur la place El Kasbah en 2012
citoyens comme lieu de rassemblement et de manifestations aussi bien artistiques que populaires. 79
Ces dimensions importantes en font une place démesuré par rapport à l’usage. Elle se transforme souvent en espace de jeux pour enfants.
2- Place du gouvernement: En parcourant la rue de la Kasbah vers La mosquée Zitouna, nous nous trouvons à longer la place du gouvernement, un jardin avec des bassins en gradins, nous écoutons les oiseaux qui trouvent refuge
Figure 93. Place du gouvernement
à l’ombre des ficus en ligne longeants la place. Aujourd’hui, celle-ci n’est plus exploitée par les usagers, après qu’on ait choisi de clôturer la place par un grillage, nous arrivons difficilement à percevoir l’intérieur et de profiter de l’ambiance calme qu’elle procure par la présence de l’élément minéral et végétal.
3- Rue de la Kasbah Une rue à l’échelle de l’Homme avec ces dimensions réduites, elle remplie la fonction de repère, en effet, de par sa position, la rue de la Kasbah joue le rôle de point de rencontre. Néanmoins,
Figure 94. La rue de la Kasbah : Lieu de passage / point de repère
l’absence d’activité sur cette portion (mis à part l’accès à la mosquée) et la présence au fond du minaret de la mosquée Hamouda Becha, font que notre regard est directement attiré par celle-ci, nous nous trouvons ainsi à parcourir cette portion rapidement. Nous pouvons qualifier cette rue de lieu de passage.
4- Rue Sidi Ben Arous De dimensions plus réduites que la rue de la Kasbah, en la parcourant, une multitude de présentoirs ornés d’objets souvenirs
interpellent
notre
vision,
l’étroitesse de celle-ci nous plonge à l’intérieur des magasins de souvenirs et
Figure 95. Rue Sidi Ben Arous
80
des ateliers d’artisans. Un point focal est -dans ce cas aussi- présent, matérialisé par le minaret de la mosquée Zitouna : imposante et complexe, celle-ci attire notre regard et invite à passer.
5- Escaliers mosquée Zitouna Des étales des marchands débordent sur cet espace. Il fait preuve de l’appropriation des passants qui viennent dans cette partie de la médina ombragé pour s’asseoir, se reposer, contempler, un lieu de repos et de flânerie, les escalier de la mosquée
Figure 96. Appropriation des escaliers de la mosquée Zitouna
deviennent à plusieurs moment de la journée un gradin pour se reposer
6- Rue Jemaa Zitouna La rue Jemaa Zitouna est la rue la plus animée de la médina, en effet cette dernière se trouve être la plus visitée par les touristes. De par ses proportions réduites, les commerces ouverts des deux cotés, la multitude de marchandises suspendues par dessus nos têtes, le bruit des passants et des différents vendeurs en font un
Figure 97. Rue Jemaa Zitouna : La rue commerçante
tourbillon pour nos sens. Tantôt couverte par les sabbat et autres dispositifs de parasol, tantôt à ciel ouvert, cela crée une multitudes de séquences où tout nos sens sont stimulés.
Figure 98. Rue Jemaa Zitouna : La rue commerçante
81
1.3 Conclusion: Une ville à l’échelle humaine La
médina,
développement
de
par
organique,
son est
une portion de ville pour le marcheur, en effet, comme nous l’avons évoqué pour la théorie de la marchabilité, la médina répond à tout les besoins du piéton, c’est une portion de la ville où nous marchons à un rythme lent, la non linéarité des ruelles et les différentes proportions et typologies forgent cette expérience, nous déambulons dans ces ruelles étroites et nous arrivons à percevoir l’espace tout en étant en sécurité. De part les proportions des constructions, la largeur des ruelles, les différentes textures qui nous entourent,les ambiances lumineuse et les différentes activités, nous nous retrouvons dans une expérience où tous nos sens sont stimulés. en effet, les couleurs, les odeurs, les textures en font un espace type de stimulation sensorielle. Quelque soit où nous sommes dans la médina, nous percevons une certaine homogénéité, une empreinte esthétique qui fait une spécificité de cette portion de la ville et qui en fait un quartier cohérent. L’étroitesse des ruelles favorisent le contact et l’échange avec les autres, marchants ou passants, il existe une covivance dans la médina. La mixité programmatique et la proximité des différentes fonctions, en font un quartier animé. Cependant, ce tissu organique et un manque de repère en fait un quartier où nous trouvons une difficulté d’orientation
82
2. LA VILLE COLONIALE 2.1 Présentation: Dans les trente années qui ont suivi la colonisation de la Tunisie par la France s’est constitué une ville nouvelle extramuros à l’est de la médina.
Figure 99. La ville coloniale
La promenade de la marine devient alors un axe principal délimité par la résidence de France au sud et la cathédrale Saint-Vincent de Paul au nord. Autours de cet axe s’est développée une nouvelle ville sur un plan en damier, la partie coloniale d’aujourd’hui.
2.2 Un parcours dans la ville coloniale
N
Pour
comprendre
le
vécu dans cette partie de la ville, nous avons tracé un parcours partant de la place Bab Bhar, jusqu’à l’avenue Mohamed V, en passant par la place Barcelone et l’avenue de Carthage au sud et l’avenue Figure 100. Parcours dans la ville coloniale
de Marseille et la rue du Caire au nord.
1- La place bab bhar Nous commençons notre promenade urbaine sur le port de France ou place Bab Bhar, cette place est la transition entre la ville coloniale et la médina, elle est caractérisée par la porte de la mer, l’un des élément emblématique de notre parcours. Celle-ci encadre la vue sur l’avenue de France, nous y trouvons au centre une installation de jets d’eau servant d’espace de jeux pour enfant et apportant de la fraicheur. Autours de cette placette, ombragée en après midi ,quelques immeubles sans entretien mettent
Figure 101. La porte historique : Bab Bhar
83
en péril la beauté de la ville. Celle-ci est devenu colonisée par les voitures qui s’y garent mais que les passants utilisent comme mobilier urbain pour s’asseoir.
Figure 102. Façades avoisinants la place Bab Bhar (le contrast)
2- Avenue de France
Trottoir
Voie véhicualire
Trottoir
Gallerie
Figure 103. Coupe schématique sur l’avenue de France
Traversée entre bab bhar et l’avenue Habib bourguiba, cette portion d’avenue caractérisée par le porte Bab Bhar d’un coté et la statue d’ibn Khaldoun de l’autre présente une promenade linéaire rythmée par une rangée d’arbres de part et d’autre et une galerie commerçante ombragée. Une animation se crée par les foules de passants à travers la présence de plusieurs commerces et autres marchants ambulants.
3- Rue Jamel Abdennaser La
rue
Jamel
Abdennaser
adjacente
à
l’ambassade de France, présente une promenade ombragée de par la présence de deux rangées d’arbres et d’un large trottoir dédié au piéton sans obstacles. Mis à part les quelques passants qui font vivre la rue, nous pouvons la qualifié Figure 104. Rue Jamel Abdennaser
n’inanimé, en effet, toutes les façades sont
fermés et il n’y a aucune activité : c’est une voie de passage. 84
4- Place Barcelone Place Barcelone a été édifiée en 1970 et présentait à l’époque une grande place ouverte avec de la végétation et un grand plan d’eau en forme de T. Avec le temps et une forte négligence au niveau de la maintenance, cette place a connu une dégradation. Aujourd’hui elle joue beaucoup
Figure 106. Photo historique de la place Barcelone
plus le rôle de transition entre la ville et la gare que son rôle initial d’espace de flânerie, de détente et de rencontre d’en-tant. Elle présente de petits accès et se résume en un parcours carré à l’intérieur, tout les jardins ont été clôturés. Nous notons aussi la présence de mobiliers urbains
Figure 105. État de la place Barcelone aujourd’hui
dispersés sur les passages dans un état médiocre.
5- Avenue de Carthage
Figure 108. Avenue de Carthage
Figure 107. Vue panoramique sur l’avenue de Carthage
L’avenue de Carthage est l’une des avenue les plus importantes de la ville coloniale. C’est une avenue avec un vécu dynamique, nous notons la présence de plusieurs commerces cote-à-cote avec des façades ouvertes et attractives sans oublier la présence du centre commercial «Palmarium». Avec la présence de cafétéria et de quelques marche en saillies, nous trouvons des personnes qui s’installent pour contempler la vie urbaine. Pour la voirie et l’espace dédié au piéton, nous trouvons une voie véhiculaire à sens unique avec une voie ferroviaire du métro, l’espace dédié au piéton est assez large mais pas protégé. Présence de végétation éparpillée.
85
6- Rue de Marseille La rue de Marseille, l’une des rares rues piétonne de la ville coloniale. Figure 109. M a n i f e s t a t i o n artistique sur la rue de Marseille
Les façades ici sont toutes ouvertes avec des commerces des restaurants, de plus petits commerces, des vendeurs ambulants. Parfois nous trouvons des artistes amateurs qui viennent faire des performances. C’est une rue animée, et malgré l’hauteur des bâtiments, on ne se ressent
Figure 110. Coupe schématique Rue de marseille
:
pas écraser, une rue faite pour le piéton. Scanned by CamScanner
7- Rue du Caire Passer par la rue du Caire ne présente aucun intérêt pour le piéton à part quelques commerces. Cette rue est étroite et présente un espace dédié au piéton de dimensions très réduites (90cm), ajoutons à cela la présence d’obstacles sur le «trottoirs» gênant le passage, Figure 112. Obstacles sur les «trotoirs» de la rue du Caire
en tant que piéton nous nous trouvons obligé
Figure 111. Rue du Caire
de prendre la voie véhiculaire pour transiter.
8- Avenue Habib bourguiba Sur l’avenue Habib Bourguiba, nous pouvons parler de vraie vie urbaine, dans cette large section, une véritable promenade piétonne se tient. L’espace réservé aux piétons ici est bien plus large que celui pour la voiture, nous nous trouvons sur une promenade animées par les cafés, les vitrines, les cinémas. Mais aussi par la présence de la végétation sur le terre-plein central qui procure de l’ombre au passant et garantit ainsi une marche urbaine satisfaisante.
Figure 113. Obstacles sur les «trotoirs» de la rue du Caire
86
9- Horloge de l’avenue L’horloge de l’avenue est l’un des monuments symboliques de l’avenue Habib Bourguiba, se présentant comme une haute structure Figure 115. Personnes assises au bord du plan d’eau
métallique en forme d’obélisque avec un plan d’eau à sa base, elle est devenue une place de flânerie importante. Les usagers de cet espace occupent le bord du plan d’eau pour s’asseoir, se reposer. Les jets d’eaux apportent de la fraicheur aux personnes assises.
Figure 114. Place de l’Horloge
10- Avenue Mohamed V
Figure 116. Coupe sur l’avenue Mohamed V
L’avenue Mohamed V est bordé par des immeubles de grande hauteurs de part et d’autres à majorité administratifs, ces immeubles sont en retraits et ne présentes pas de façades en vis-à-vis du piéton, c’est une avenue qui n’est pas à l’échelle de l’Homme, mais à l’échelle du véhicule qui trouve plus sa place sur cette voie «rapide», en effet, les piétons ne sont pas protégés des voitures. La présence de palmiers ne permet pas de protéger les passants du soleil en pleine journée.
Scanned by CamScanner
87
2.3 Conclusion : Un quartier animé conçu pour la voiture: Vivre la ville coloniale se passe essentiellement sur le trottoirs de ses larges avenues / rues ou ruelles. Les larges trottoirs dédiés aux piéton en font un quartier propice à la marche, mais la présence d’obstacles divers et une appropriation incontrolée dégrade l’expérience urbaine. Une certaine harmonie existe dans la partie coloniale, les immeubles de rapport caractéristique de cette créent une homogénéité Les perspectives linéaires et infinies sont dominées par les machines, en effet, voitures, bus, métro sont les maîtres dans la ville coloniale de Tunis, le piéton se retrouve obligé à esquiver les dangers, slalomer entre les voitures sur le trottoir. Le plan cartésien en damier facilite l’orientation et la navigation. Le fait que ce soit le centre ville de Tunis, fait la forte concentration de commerces, de bureaux, de logements, dans cette zone, cette mixité programmatique, et la forte affluence font un animation continue.
88
3. LES BERGES DU LAC : QUARTIER EL KHALIJ
Figure 117. Vue aérienne sur le quartier El Khalij
3.1 présentation Après la ville coloniale, nous partons vers les berges du Lac 1. Ce lotissement a été construit et planifié dans les années 1990. C’est une zone qui s’étend sur une superficie de 150 hectares située entre le lac et la voie express reliant Tunis à La Marsa (RN9) ; elle fait partie du périmètre municipal de Tunis. Elle totalise un nombre de 820 lots. Ce lotissement voit en quelques années se construire des immeubles de bureaux et de commerces.
3.2 Un parcours au berges du lac 1 de Tunis
N
Figure 118. Parcours aux Berges du Lac 1
Pour comprendre le vécu au Lac 1 de Tunis, nous avons choisi de le traverser en partant de la corniche du Lac à l’ouest, en traversant la rue du Lac Biwa pour finir sur l’avenue principale.
89
1- La corniche des berges du lac Cette
corniche
promenade présence
agréable de
présente à
une
travers
divertissements
la
(parc
aquatique / parc d’attraction / plusieurs cafés et restaurants / ... ) mais aussi à travers la présence de cette corniche donnant directement sur le lac
Figure 120. Corniche du quartier
ce
qui procure une promenade sécurisée, animée et rythmée par une rangée de palmiers. Les bancs publics tournés vers le lac suggèrent une contemplation de ce dernier C’est un espace réfléchi pour le piéton.
Figure 121. Vue en journée sur l’espace de consommation
En pleine journée, nous remarquons un manque d’espaces ombragés qui aurait pu être régler par la présence de végétations autre que les palmiers. En avançant nous trouvons des activités aquatiques à travers la présence d’un centre nautique proposant des activités sur le lac.
2 - Transition : rue du lac Biwa une portion du quartier réfléchi pour la voiture avec des trottoirs de dimensions réduites et dont la continuité se trouve souvent interrompue par un luminaire, des caisses, ou même des voitures. Le vécu urbain s’y trouve perturbé et le piéton est a mainte reprises bousculé et se doit de descendre sur la chaussé pour pouvoir passer et ainsi côtoyer les voitures.
Figure 119. Rue du Lac Biwa
Présence de commerces et d’espaces de consommations mais sur d’autres portions nous pouvons passer une centaine de mètres sur des façades fermées. 90
3 - Rue piétonne On note la présence de rues piétonnes avec des immeubles en r+3 des 2 cotés contenants des galeries ce qui procure des promenades ombragées même en pleine journée. Néanmoins, ses ruelles sont stériles de par l’absence ou la rareté d’activités s’y passants. Ainsi, en dehors de la fonction de passage, ces rues piétonnes ne présente pas d’intérêt, les activités et
Figure 122. Rue piétonne déserte
commerces se regroupent plus autours de rues véhiculaires. Nous notons aussi la présence de voitures garées sur les trottoirs qui influe négativement sur l’expérience urbaine.
4- L’avenue principale
trottoir
Figure 124. Terre plein central de l’avenue principale
voie véhicualire
Terre-plein
Voie véhicualire
trottoir
Figure 123. schéma de l’avenue principale
L’avenue principale présente un terre plein centrale .La deux série d’arbre existantes ne procure pas d’ombre et c’est rare où nous voyons quelqu’un utiliser les assises urbaine ici, ce dernier se transforme en parking le soir. Les fonctions sur cette avenue sont généralement des Banques /Scanned showroom by CamScanner / immeubles / pavillonnaire / ... ce qui favorise le recours à la voiture pour les déplacements. Le choix de placer un quartier pavillonaire sur l’avenue participe aussi à cette stérilité de la vie à pied.
91
3.3 Conclusion : Un quartier animé conçu pour la voiture: La corniche du quartier El Khalij constitue une première initiative d’ouverture sur le Lac, cette portion du quartier, réfléchie pour être une zone d’animation, de détente présente une très bonne initative quant à la conception urbaine pour l’Homme. L’alternance des activités diurnes et nocturnes, font de ce quartier un lieu sûre. Le plan cartésien en damier facilite l’orientation et la navigation. De par les dimensions globalement réduites des constructions, ainsi que les retraits, nous pouvons dire que Le quartier El Khalij est un quartier à l’échelle de l’Homme
92
SYNTHÈSE
-
+
La médina Les dimensions en font une portion de Absence d’espace public ( de rencontre) la ville à l’échelle humaine. Un quartier homogène de la typologie harmonieuse constructions.
Pas adéquate à notre nouveau rythme part de vie. des Orientation difficile - manque de repère
Quelques fois écrasante par la proximité Stimulation sensorielle continue d’autrui. surtout au niveau des souks.
La ville coloniale Un
quartier animé, d’événement s’y tiennent.
beaucoup Manque d’entretien des espace public, ces derniers sont aussi grillagé
Expérience urbaine diversifiée : Les Appropriation des espaces publics non façades ouvertes, rue piétonne, ... contrôlé. Une constante agression des machines ( Voiture, Métro, ... ) Manque d’espace de flânerie, contemplation, de rencontre.
de
Avenue Mohamed V, un voie pas réfléchi pour l’Homme.
Quartier El Khalij
Présence de promenade urbaine sur le Rue piétonne sans façades ouvertes, Lac (la corniche). sans activités Un quartier animée. Présence d’espace de vie public.
Obstacles sur les espaces dédié aux piétons ( poteau, affiche publicitaire, voiture, ...) Mobilier urbain usés ou inadéquat (détruit/ Mal placé/...) Quartier pavillonaire principale (manque d’activité)
sur l’avenue d’événement,
93
PARTIE 4
RÉFLEXION SUR UN QUARTIER DE BIEN-ÊTRE AU LAC 3
Chapitre 1 : Le contexte intermédiaire : Le Lac 3 I.1 Présentation de la zone I.2 Proposition de l’atelier Lion I.3 Critique de la proposition Chapitre 2 : L’intervention II.1 Intervention urbaine II.2 Intervention architecturale 94
ANALYSE DU CONTEXTE INTERMÉDIAIRE : LE LAC 3 Mon projet de quartier prendra forme au Lac en vue des potentialité d’avenir pour cette zone qui se présente comme une extension de la ville de Tunis, le nouveau quartier de Tunis. Pourquoi travailler au lac 3
N
I.1 Présentation de la zone : La zone du Lac 3 se trouve être l’extension
directe
de
la
partie
coloniale de Tunis, en effet de par son adjacence à cette zone : la zone est générée par l’extension de l’avenue Habib Bourguiba, l’avenue du Ghana et de Cyrus le Grand ainsi
Figure 125. La zone du Lac 3
que l’échangeur de Montplaisir. Aujourd’hui, c’est une zone encore déserte, quelques aménagement ont déja commencé tel que les 2 extensions des avenues cyrus le grand et ghana, dans la zone B, ainsi que les 2 franchissements, et la route centrale traversant tout le quartier.
I.2 Proposition de l’atelier LION
Figure 126. Perspective sur le quartier du lac 3 projeté par l’atelier LION
«Le projet urbain prolonge le centre ville jusqu’à l’eau en offrant aux Tunisois une véritable corniche autour du Lac. Ce nouveau quartier accueillant un business center, et des équipements majeurs, privilégie la mixité bureaux et habitats. Des 76.
http://atl-aup.com/
activités tournées vers le lac et sa mise en valeur ponctuent la grande promenade qui longe l’eau et font du lac le nouveau centre animé de la capitale.»76 Atelier lion associés 95
N
Objectif de la proposition:
Créer de multiples connexions avec la ville coloniale ainsi que le quartier El Khalij et ceci en prolongeant les axes principaux dans le but de valoriser ce nouveau quartier.
Mettre en valeur le Lac en créant une
Figure 127. Connexion avec le tissu existant
Figure 128. Prolongement des axes
promenade au bord de ce dernier tout au long du quartier -> esplanade du lac.
Figure 129. Coupe sur la frange avec le lac
Zoning en créant des quartiers d’affaires, habitats, commerces à travers un plan en damier cartésien.
Figure 130. Répartition fonctionnelle
96
Typologie des îlots : le concept de l’îlot ouvert: L’atelier LION a opté pour une typologie parcellaire s’appuyant sur le concept de l’îlot ouvert introduit par Christian de Portzamparc. Ce concept se base sur des les principes suivant : - Regrouper divers bâtiments autonomes. - Bâtiments d’hauteurs variables. - Garder des retraits/ouvertures entre les bâtiments (porosité)
Figure 131. Le concept de l’îlot ouvert
- Des façades alignées sur la rue pour faire l’unité de l’îlot. Ce concept nous permet d’éviter la mitoyenneté, créer une continuité à l’intérieur de l’îlot, qui devient une zone de vie, un espace semi public / semi privé.
I.3 Critique du projet
N
La desserte du quartier par le prolongmene des axes est une bonne initiative. Manque de détail et de réflexion par rapport aux franges avec les différents canaux (lieux d’urbanité)
Figure 132. Espaces publics
La proposition manque d’espace de rencontre / pas vraiment adéquate à notre culture / La proposition est très dense en construction / manques d’espaces public autre que la grande place centrale / quartier réfléchi à l’échelle de la voiture et non à l’échelle du piéton, rien ne prouve que nous n’aurions pas les même phénomènes qu’au lac 1, la proposition est réfléchi d’une façon traditionnel mis à part le concept de l’îlot ouvert qui pourra être une très bonne initiative pour une démarche urbatectural, où nous réfléchissons la ville à plusieurs échelles et à plusieurs seuils de privatisation et d’intimité. Manques la réflexion sur les activité et la polyfonctionnalité de la zone qui se trouve être très zoné (une zone bureautique / une zone d’habitation / ...) 97
II. INTERVENTION II.1 Intervention urbaine
Figure 133. Volumétrie de la partie ouest de la zone B
nous avons choisi de concentrer notre intervention sur la zone B du
N
Lac 3, celle-ci se trouve être la continuité de la ville coloniale en étant traversé par l’avenue du Ghana et l’avenue Cyrus le Grand. Dans la proposition de l’atelier LION, ils ont choisi de faire de cette zone une zone mixte a majorité bureautique
Figure 134. Limite de la zone B
Zone de l’intervention: En vue des carences que présente cette proposition et considérant les concepts que j’ai évoqué dans les chapitres
précédents,
j’ai
choisi
d’implanter mon intervention dans cette zone. Étant l’échelle importante du Lac 3, j’ai choisi de concentrer ma réflexion
Figure 135. Zone d’intervention
sur une partie de la zone B, qui est planifié pour être une zone à majorité bureautique avec quelques zones mixtes, cette zone présente pour moi un défi pour rendre une zone sensé véhiculaire et peu animé en un quartier de bien-être. L’intervention se fera sur 8 îlot à l’ouest de la zone B
98
99
Limites de la zone
N
Limite avec le canal Limite urbaine
Travailler une trame en damier régulière en continuité avec la grille du quartier coloniale de Tunis, ceci dans le but d’une meilleure intégration avec le tissu urbain existant
Figure 136. Limites du quartier
La démarche conceptuelle Tracé de la zone Travailler une trame en damier régulière en continuité avec la grille du quartier coloniale de Tunis, ceci dans le but d’une meilleure intégration avec le tissu urbain existant Garder le traçage viaire proposé par l’atelier Lion, Les prolongements des axes Cyrus le Grand et Avenue du Ghana en les renforçant à travers un élargissement Figure 137. Le tracé du quartier
Figure 138. Tracé
Figure 139. Plan parcellaire
100
L’aménagement des voiries N Voies à sens
Voies
unique
piétonne
Voie centrale Promenade sur le canal Autoroute A1
Figure 140. Traçage des véhiculaires
voies
Figure 141. Traçage des piétonnes
Garder
le
voies
prolongement
des
deux axes principaux comme voies véhiculaire à sens unique / Les voiries
Parking
restantes sont des voies piétonnes. Pour répondre aux problèmes de stationnement, prévoir 2 îlots pour des parking en sous-sol et en étage de façon à satisfaire le nombre de places
Figure 142. Traçage des véhiculaires
voies
totale pour tout le quartier
La répartition fonctionnelle Favoriser les parcelles à programmation mixte avec des RDC à majorité commercial et des activités de divertissements. 2 îlots centrals à l’est d’équipements 1 îlot central d’équipement de bien-être qui sera support de notre projet
Mixte ( bureaux et logement ) Équipements Figure 143. R é p a r t i t i o n fonctionnelle
101
102
103
Mobilier urbain Les assises urbaine en considérant différentes postures et différents seuils d’intimités
Figure 144. Différentes proposition d’assises urbaines
Des boxs ou stand pour dynamiser la vie urbaine, ces boxs pourront être : Des librairies de rue Des kiosque de vente Des distributeurs de jeux Figure 145. boxs
Des tables de jeux : favoriser la rencontre et l’interaction entre les gens. Des jeux de société
Figure 146. Table de jeux urbaine
Luminaires insipirés organiques.
des
formes
Poubelle de rue ...
Figure 147. Poubelle et luminaire
104
Aménagement des parcelles
1-
Travailler des percées dans les bâtiments permettant une porosité urbaine et une expérience urbaine améliorée
2
- Différences de hauteurs des bâtiments ce qui favorise l’apport en lumière naturelle, et génère des terrasses. Travailler en coeur d’îlot des espaces urbain de rencontre, des espaces verts. Aménager des terrasses végétalisées sur les immeubles qui sont support de jardins potagers Dans un souci d’échelle, sur les bâtiments dépassants les 5 étages, prévoir un retrait à partir du 4éme niveau Figure 148. Retrait des constructions
--> Ramener le quartier à l’échelle de l’Homme Travail avec le concept de la façade ouverte
Figure 149. Les façades ouvertes
II.2 Intervention architecturale
Dans le but de compléter notre quartier de bien-être , nous avons voulu créer au centre de ce dernier une zone d’urbanité. En vue d’une approche urbatecturale, nous avons posé une programmation à cette zone en considérant le contexte de la ville de Tunis et en visant à intéresser tous profils d’usagers de cet espace : un lieu de Figure 150. Parcelle de convergence, de covivance. l’intervention
105
Figure 151. Programme du projet
Programme Trois unités bâties abriteront chacun une fonction particulière et à caractère particulier mais complémentaires, nous distinguerons : Unité de divertissement culturel Salle polyvalente Espace d’exposition Espace de performance ( salle de spectacle / de cinema ) Unité de partage du savoir et de la société civile Ateliers du savoir Espace pour quartier
l’association
du
Espace de la société civil Espace du livre Unité de loisir, de rencontre et de consommation Café Restaurant Espace de détente et d’échange
106
N
Genèse du projet
Implantation en cœur du quartier dans un îlot de 90m * 100m dédié à un équipement de bien-être à caractère culturel,
Travailler une micro-topographie
1
2
urbaine (une forêt urbaine) , dans le but de travailler avec la notion de belvédère et de créer un lien urbain / nature / architecture
Créer un percement au centre de la plateforme, de façon à avoir une continuité entre la place et le dessous de la plateforme.
3
Ce percement nous permet d’appliquer les principes de l’îlot ouvert et d’avoir une porosité --> accessibilité. Ajouter des volumes pour les 3 unités des fonction : - L’unité de restauration
détente
et
4
de
- L’unité culturelle - L’unité des associations
Rabattre la plateforme au niveau de l’unité culturelle pour rendre cet espace extensible sur la place.
5
Créer un gradin urbain pour mettre en scène la vie urbaine. 107
AxonomĂŠtrie
108
109
110
111
CONCLUSION GÉNÉRALE
Ce mémoire nous a permis de porter une réflexion à l’échelle du quartier avec une volonté de mettre en avant le bien-être de ses usagers : concevoir un quartier de bien-être au Lac 3. En première partie, notre recherche sur l’urbain et notre quête vers le bien-être nous ont permis de synthétiser des concepts/outils avec lesquels réfléchir notre conception, et cela en nous basant sur des recherches scientifiques récentes. La deuxième partie et à une échelle plus proche, nous nous sommes intéressés à l’espace et la spatialité, ou comment concevoir un espace porteur de bien-être, ce qui nous a permis d’avoir des concepts de bien-être à l’échelle spatiale en travaillant sur le sensoriel, la morphologie, la sociabilité, ... L’appréhension de ces 2 parties indépendamment nous a permis de nous rendre compte de l’interrelation entre ces deux échelles. En effet, notre quotidien est un va et vient entre ces deux dimensions et nous ne pouvons pas les dissocier dans une conception de quartier de bien-être, d’où l’échelle urbatecturale. Dans un souci de contextualisation, le parcours séquentiel dans les quartiers de Tunis, nous a permis de mieux comprendre la ville, et ces spécificités, et de chercher l’application de ces concepts dans notre contexte particulier. Ces outils nous ont permis, par la suite, d’appréhender notre conception à une échelle urbatecturale et de porter des intentions sur un quartier au Lac 3 de Tunis, mais aussi dans le dessein d’un projet architectural qui servira comme support d’activités diverses : loisirs, culturelles, détente et récréation dans le but de dynamiser le lieu. Néanmoins, pour une conception optimale, la réflexion sur le quartier devrait se faire en concertation avec ses usagers potentiels pour mettre l’accent sur les besoins spécifiques. Mais, concrètement, le concepteur se retrouve aujourd’hui face à des politiques d’aménagement et de rentabilité, limitées par des cahiers de charges , des normes et des réglementations qui ne laissent pas de place à ces nouvelles approches.
112
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Video Conférence de Jeff Speck sur «La théorie de la marchabilité» intervention TED-X, URL Youtube.com Conférence de Colin Ellard lors des journée «conscious cities» , URL Youtube. com 115
TABLE DES FIGURES Figure 1. image représentatif du Bien-être, source : google.com 11 Figure 2. Dessin : bien-être physique, source : www.naomiwilkinson.tumblr.com 12 Figure 3. Dessin : bien-être social, source : www.i.pinimg.com 12 Figure 4. Dessin : bien-être mental, source : www.annuaire-therapeutes.com 12 Figure 5. Photographie de la Salk Institute par Louis Khan, source : http://aguysmind. tumblr.com 13 Figure 6. Dessin représentant un quartier, source : www.antipode-mjc.com/ 15 Figure 7. Schéma de la projection d’un quartier, source : advancebuildingscience.com 15 Figure 8. Peinture : Fête du quartier 2014, source : www.antipode-mjc.com 16 Figure 9. Collage rerésentant un espace public, source : http://www.creativemaxx.com 18 Figure 10. Oeuvre photographique de Stephanie Jung, source : www.booooooom.com 18 Figure 11. Interaction entre l’Homme et son environnement, source : personnelle 19 Figure 12. Image de synthèse de la bibliothèque publique de Londres par visualizingarchitecture, source : http://visualizingarchitecture.tumblr.com 20 Figure 13. Dessin de Jeff Speck expliquant les organisations viaires pour assurer la marchabilité., source : https://www.ted.com/ 20 Figure 14. Obstacles sur les espaces dédiés aux piétons à Genève en Suisse., source : ouvrage : «pour des villes à échelle humaine» de Jan Gehl 21 Figure 16. Rue piétonne de la ville de Vienne reconnue comme la ville où il fait le mieux de vivre en 2018, source : www.canacopegdl.com 22 Figure 15. Les clients de ce centre commercial ont le choix entre une rampe, un escalier ou un escalier roulant (Pékin, Chine), source : «pour des villes à échelle humaine» de Jan Gehl 22 Figure 17. Une promenade urbaine au bord du lac, source : architectsjournal.co.uk 24 Figure 18. Illustration d’Owen Davey, source : www.quartierdesgenerations.org 25 Figure 19. Pioneer Courthouse Square, Portland, États-Unis, source : «pour des villes à échelle humaine» de Jan Gehl 26 Figure 20. La ville d’Hydra en Grèce, source : www.abritel.fr/d/1508/hydra 28 Figure 21. Quartier de Flushing, New York, États-unis, source : «pour des villes à échelle humaine» de Jan Gehl 29 Figure 22. Place public démesurée, source : «pour des villes à échelle humaine» de Jan Gehl 29 Figure 23. Illustration d’un quartier avec des immeubles sans façades, source : http:// katusha-kolobusha.blogspot.com 30 Figure 24. Projet de requalification fonctionnelle du plateau de Saclay, Les yvelines, source : http://www.guillaumelelasseux.com 31 Figure 25. Affiche illustrée à la main de la Carte de La Latina à Madrid, réalisée par Relaja Elcoco, source : www.curiosite.es 31 Figure 26. Illustration d’Owen Davey, source : http://www.partfaliaz.com 32 Figure 27. «La chaussure Nike» œuvre de Delphine Decamp, la dalle du Colombier, Rennes, source : www.metropole.rennes.fr/ 33 Figure 28. Bancs public regroupés, source : «pour des villes à échelle humaine» de Jan Gehl 34 Figure 29. Chaises mobiles, source : «pour des villes à échelle humaine» de Jan Gehl 34 Figure 30. Limite/protection entre l’espace dédié aux différents usagers, source : personnelle 35 Figure 31. Éclairage et activité nocturne, source : personnelle 35 Figure 32. C’est un arbre qui nous permet de respirer dans ce monde de plus en plus pollué, source : www.i.pinimg.com 37 Figure 33. 14 modèles de conception biophilique, source : 39 Figure 34. Illustration d’un plan d’eau, source : pruned.blogspot.com 39 Figure 35. Photographie au bord du lac de la ville de Vancouver au Canada, source : http://origin-www.hellobc.com/ 40 Figure 36. Parc public dans la ville de Tokyo (Japon), source : https://trulytokyo.com 40 Figure 37. Localisation du quartier De Bonne , source : www.maps.google.com 41
116
Figure 38. Vue aérienne du quartier, source : www.lemoniteur.fr 42 Figure 39. Distribution programmatique du quartier, source : www.lemoniteur.fr 42 Figure 41. Voie véhiculaire, source : www.maps.google.com 43 Figure 44. Fontaine / Jets d’eau : espace de jeux pour enfants, source : 43 Figure 40. Une seule voie véhiculaire traverse le quartier, source : maps.google.com 43 Figure 42. Promenade dans le quartier, source : http://transitionpositive.org 43 Figure 43. Voie piétonne et cyclable, source : http://transitionpositive.org 43 Figure 48. Photographie sur le plan d’eau et les différentes constructions, source : 44 Figure 45. Série de bâtiments harmonieux ouverts sur la place centrale , source : http:// www.spot-web.fr 44 Figure 47. Voie piétonne , source : http://villavoice.fr 44 Figure 46. Jardin central, source : http://villavoice.fr 44 Figure 49. Axonométrie du quartier De Bonne, source : article de Jacotte Bobroff «La caserne de Bonne à Grenoble, projet emblématique d’un développement durable», février 2011, p 38 45 Figure 50. Espace / Homme, source www.interstices.info 49 Figure 51. Schéma synthétisant la perception spatiale, source : personnelle 53 Figure 52. Image de synthèse d’un espace de bien-être, source : www.i.pinimg.com 55 Figure 53. Espace de stimulation sensorielle pour enfant (delicious dimension), source : http://deliciousdimension.tumblr.com 57 Figure 54. Joia Méridia, source : http://www.nicecotedazur.org 58 Figure 55. Dessin représentant un espace ouvert sur la nature, source : weheartit.com 58 Figure 56. Le jardin de Bouleau de la tour New York Times, source : www.greenbiz.com 59 Figure 57. Plan RDC de la tour New York Times, source : www.archdaily.com 59 Figure 58. Coupe sur le jardin de Bouleaux, source : www.archdaily.com 59 Figure 59. «porta Milano» par Studio Campo Baeza, source : www.flickr.com 60 Figure 60. Teshima Art Museum conçue par l’artiste Rei Nato et l’architecte Ryūe Nishizawa, source : www.vincentleroux.com 61 Figure 61. Les jardins d’Elhambra à Grenade en Espagne, source : histoireislamique. wordpress.com 63 Figure 62. La forme circulaire sécurise en donnant le sentiment de contenance, mais gêne l’orientation, source : personnelle 64 Figure 65. Les grandes hauteurs favorisent la créativité, source : personnelle 64 Figure 63. La forme rectangulaire facilite l’orientation, source : personnelle 64 Figure 64. Les hauteurs moins importantes favorisent la concentration, source : personnelle 64 Figure 66. Centre de la culture visuelle contemporaine produite par le groupe Suarez Santas Architectos, source : www.onsomething.tumblr.com 65 Figure 67. Bibliothèque public de Seattle, USA, source : www.flickr.com 65 Figure 68. Escalator à sens unique de la bibliothèque, source : www.flickr.com 65 Figure 69. Favoriser les espaces claires, ouvert, en laissant le choix de navigation à l’usager, source : personnelle 66 Figure 70. Maquette faite par HGU Design Studio représentant un projet avec plusieurs platforme dont la forme pourrait favoriser l’interaction, ..., source : http:// hgudesignstudio.blog.fc2.com 67 Figure 71. Escalier de l’école d’architecture Cooper Union de New York, source : https:// fr.wikiarquitectura.com 68 Figure 73. Coupe tranversal sur le bâtiment, source : https://fr.wikiarquitectura.com 69 Figure 77. Axonométrie du MoMA, source : www.archdaily.com 69 Figure 74. Plan RDC de l’école d’architecture, source : https://fr.wikiarquitectura.com 69 Figure 72. Escalier de l’école d’architecture Cooper Union de New York, source : https:// fr.wikiarquitectura.com 69 Figure 75. Œuvre d’art qui incite à l’emprunt de l’escalier, source : www.archdaily.com 69 Figure 76. Vue dans l’escalier, source : www.archdaily.com 69
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Figure 79. L’escalier, point focal du projet, source : www.bvn.com.au 70 Figure 78. Les bureaux de Frasers en Australie /espace central en double hauteurs, source : www.bvn.com.au 70 Figure 82. Espace de réunion modulable , source : www.bvn.com.au 71 Figure 80. espace de travail en communs qui favorise l’échange, source : www.bvn. com.au 71 Figure 81. Bureaux de travail, source : www.bvn.com.au 71 Figure 83. Espace de repos et de consommation, source : www.bvn.com.au 71 Figure 84. Favoriser l’apport en lumière naturelle, source : www.bvn.com.au 72 Figure 85. Végétation comme cloison, source : www.bvn.com.au 72 Figure 86. La ville de Tunis et les différents secteurs étudié, source : www.maps.google. com 77 Figure 87. Carte de la Tunisie, source : www.tunisia.maps.arcgis.com 78 Figure 88. La ville de Tunis, source : www.tunisia.maps.arcgis.com 78 Figure 89. Vue aérienne de la médina, source :www.maps.google.com 78 Figure 92. Le parcours dans la médina, source :www.maps.google.com 79 Figure 90. Place de la Kasbah, source : www.webdo.tn 79 Figure 91. Manifestation des islamistes sur la place El Kasbah en 2012, source : www. jawharafm.net 79 Figure 93. Place du gouvernement, source : www.nachoua.com 80 Figure 94. La rue de la Kasbah : Lieu de passage / point de repère, source : fr.wikipedia. org 80 Figure 95. Rue Sidi Ben Arous, source : www.maps.google.com 80 Figure 96. Appropriation des escaliers de la mosquée Zitouna, source : personnelle 81 Figure 97. Rue Jemaa Zitouna : La rue commerçante, source : personnelle 81 Figure 98. Rue Jemaa Zitouna : La rue commerçante, source : personnelle 81 Figure 100. Parcours dans la ville coloniale, source : www.maps.google.com 83 Figure 99. La ville coloniale, source : www.tunisienumerique.com 83 Figure 101. La porte historique : Bab Bhar, source : personnelle 83 Figure 103. Coupe schématique sur l’avenue de France, source : personnelle 84 Figure 104. Rue Jamel Abdennaser, source : personnelle 84 Figure 102. Façades avoisinants la place Bab Bhar, source : personnelle 84 Figure 106. Photo historique de la place Barcelone, source : www.webdo.tn 85 Figure 108. Avenue de Carthage, source : personnelle 85 Figure 107. Vue panoramique sur l’avenue de Carthage, source : personnelle 85 Figure 105. État de la place Barcelone aujourd’hui, source : personnelle 85 Figure 109. Manifestation artistique sur la rue de Marseille, source : personnelle 86 Figure 112. Obstacles sur les «trotoirs» de la rue du Caire, source : personnelle 86 Figure 110. Coupe schématique : Rue de marseille, source : personnelle 86 Figure 111. Rue du Caire, source : personnelle 86 Figure 113. Obstacles sur les «trotoirs» de la rue du Caire, source : personnelle 86 Figure 115. Personnes assises au bord du plan d’eau, source : personnelle 87 Figure 116. Coupe sur l’avenue Mohamed V, source : personnelle 87 Figure 114. Place de l’Horloge , source : personnelle 87 Figure 117. Vue aérienne sur le quartier El Khalij, source : wikipedia.com 88 Figure 118. Parcours aux Berges du Lac 1, source : maps.google.com 88 Figure 121. Vue en journée sur l’espace de consommation, source : personnelle 89 Figure 120. Corniche du quartier, source : personnelle 89 Figure 119. Rue du Lac Biwa, source : personnelle 89 Figure 123. schéma de l’avenue principale, source : personnelle 90 Figure 122. Rue piétonne déserte , source : personnelle 90 Figure 124. Terre plein central de l’avenue principale, source : personnelle 90 Figure 126. Perspective sur le quartier du lac 3 projeté par l’atelier LION, source :www. atl-aup.com/ 93
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Figure 125. Figure 127. Figure 128. Figure 129. Figure 130. Figure 131. Figure 132. Figure 133. Figure 134. Figure 135. Figure 136. Figure 137. Figure 138. Figure 139. Figure 140. Figure 142. Figure 143. Figure 141. Figure 144. Figure 145. Figure 146. Figure 147. Figure 148. Figure 150. Figure 149. Figure 151. Figure 152. Figure 153.
La zone du Lac 3, source : www.google.maps.com 93 Connexion avec le tissu existant, source :www.atl-aup.com/ 94 Prolongement des axes, source :www.atl-aup.com/ 94 Coupe sur la frange avec le lac, source :www.atl-aup.com/ 94 Répartition fonctionnelle, source :www.atl-aup.com/ 94 Le concept de l’îlot ouvert, source :www.atl-aup.com/ 95 Espaces publics, source :www.atl-aup.com/ 95 Volumétrie de la partie ouest de la zone B, source :www.atl-aup.com/ 96 Limite de la zone B, source :www.atl-aup.com/ 96 Zone d’intervention, source :www.atl-aup.com/ 96 Limites du quartier, source : personnelle 97 Le tracé du quartier, source : personnelle 97 Tracé , source : personnelle 97 Plan parcellaire, source : personnelle 97 Traçage des voies véhiculaires, source : personnelle 98 Traçage des voies véhiculaires, source : personnelle 98 Répartition fonctionnelle, source : personnelle 98 Traçage des voies piétonnes, source : personnelle 98 Différentes proposition d’assises urbaines, source : personnelle 99 boxs, source : personnelle 99 Table de jeux urbaine, source : personnelle 99 Poubelle et luminaire, source : personnelle 99 Retrait des constructions, source : personnelle 101 Les façades ouvertes, source : personnelle 101 Les zones vertes, source : personnelle 101 Parcelle de l’intervention, source : personnelle 102 Perspective sur le projet, source : personnelle 103 Programme du projet, source : personnelle 104
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PouruneTuni s i eme i l l e ur e. . .
2018-2019